Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : K+.
Salut à tous ! JOYEUX NOËL 2013 !
Et oui, avec un peu de retard, voici mon "petit" OS de Noël, que je me suis acharnée à écrire pendant un mois... Bon, avouons-le, c'est un OS des plus modestes écrit pour le plaisir de Noël, que j'ai en plus commencé quand j'étais malade, donc ça montre le niveau... En plus le site buguait hier donc j'ai même pas pu poster la première partie comme prévue...
Mais c'est pas graaaaaaave de toute façon hier personne n'était sur le site, n'est-ce pas ? 8D
Je vous souhaite donc une très bonne lecture, de très bonnes fêtes de fin d'année, et j'espère que la suite arrivera le plus vite possible ! (Merci encore Challi :D)
J'embrasse par la même occasion toute l'équipe des SMA que j'adore, les coupines hors fanzine qui me soutiennent, ma bêta... et puis tous mes lecteurs bien sûr ! :D
Jingle bells
.
Dashing through the snow
In a one-horse open sleigh
OoO
Le parc était recouvert d'un épais manteau de neige. Vue d'en haut, cette immensité de blanc qui s'étendait à perte de vue avait quelque chose de magique, surtout pour un citadin comme lui qui n'avait connu qu'un duvet éphémère déposé sur les voitures et la gadoue sous ses pieds.
Mais vue d'en bas, c'était juste une tannée à traverser, surtout quand on était pressé…
Le cours de Soins aux Créatures Magiques avait été abominable, pour la bonne et simple raison qu'il faisait un froid de chien et que les bestiaux qu'ils avaient étudiés étaient aussi intéressants que son dernier cours sur l'histoire de la législation sur les êtres et créatures magiques. En somme, Harry s'était ennuyé comme un rat mort, les pieds dans la neige, le vent soufflant dans ses vêtements pour le frigorifier jusqu'aux os. Il avait beau adorer très sincèrement Hagrid, il n'avait pu s'empêcher de le maudire durant tout le cours, tout en comptant chaque minute.
Le clap de la fin n'avait pas forcément été accueilli avec chaleur, car franchement, traverser les parcs de Poudlard avec de la neige quasiment aux genoux pour ensuite traverser les couloirs avec la cape et la robe trempée, autant le dire, ça ne vendait pas du rêve. D'autant plus que Harry n'avait pas cette espèce de fougue que Ron possédait à chaque fin de cours et qui le poussait à déguerpir des lieux le plus rapidement possible, quelle que soit la température ambiante ou ce qui recouvrait le sol.
Gelé, Harry tenta de se frayer un chemin dans cet immense tapis de neige un peu trop épais à son goût, suivant les pas de son meilleur ami tout en essayant de faire abstraction de ce que Hermione lui racontait. Elle n'avait pas besoin de lui pour entretenir toute seule la conversation, et vu qu'elle n'était pas assez futée pour comprendre que là, tout de suite, il se fichait éperdument de ce qu'elle pouvait bien lui dire, Harry la laissa parler en hochant de temps en temps la tête.
Il mit un temps fou à atteindre le château dont il fallut pousser les lourdes portes de bois massif. Ron, lui, était déjà rentré, piétinant sur place d'impatience.
« Allez, dépêchez-vous, on se les pèle ! Hermione, t'as pas l'impression que Harry n'en a rien à faire de ce que tu lui racontes ?
- Contrairement à toi, il m'écoute quand je parle, lui !
- Et comment tu peux le savoir ?! On voit que ses yeux ! »
Il faisait tellement froid que Harry, qui pourtant n'était pas du genre frileux, avait mit un bonnet sur sa tête et balancé sa grosse écharpe autour de son cou et surtout de son visage, sans chercher à la poser avec élégance sur ses épaules. Son air de profonde lassitude était donc bien caché derrière les replis de laine rouge et jaune. Du moins jusqu'à ce que Ron le trahisse.
« Arrête de raconter des bêtises, Harry m'écoute toujours. Bon, allons-y, il fait froid ici. »
Plutôt que de protester, parce que dans le fond le rouquin n'était absolument pas dupe, Ron s'empressa de traverser le hall d'entrée afin de monter l'escalier majestueux menant aux étages du château. Un peu agacée par l'attitude de Ron, Hermione le suivit dare-dare. Ils se tournaient autour depuis des mois et Harry n'aurait su dire s'ils allaient vraiment sortir ensemble un jour. Ils s'attiraient tous les deux mais étaient visiblement incapable d'envisager une relation amoureuse ensemble.
Ils avaient essayé, pourtant. Une fête costumée avait été organisée à l'occasion d'Halloween afin de remonter un peu le moral des élèves en cette bien triste période, surtout pour ceux qui avaient perdu des proches durant la guerre. Après un travail long et fastidieux, Harry avait réussi à le convaincre d'inviter leur amie. Bien sûr, Hermione avait accepté, et ils avaient passé une excellente soirée ensemble. Cependant, les choses n'avaient pas vraiment évolué depuis. Ils ne s'étaient même pas embrassés. À moins qu'ils l'aient fait et que le résultat n'ait pas été concluant.
Las de leurs chamailleries de vieux couple, Harry les suivit d'un pas traînant. Il avait froid et, surtout, il se sentait très fatigué. Après un match de Quidditch très éprouvant le mois dernier, Harry avait attrapé un sale virus qui l'avait cloué au lit plusieurs jours avec un de ses poursuiveurs et deux joueurs de Serpentard. Il avait eu du mal à se remettre de son mal et la fatigue qu'il avait accumulée jusque là peinait à disparaître. En même temps, il avait du mal à dormir et se couchait toujours très tard.
Heureusement, la journée était terminée. Enfin, il devait encore faire ses devoirs et étudier pour les examens qui tomberaient dans les semaines à venir, juste avant les fêtes de Noël. Avec les ASPIC et le conflit qui venait de se terminer, ruinant une bonne partie de sa sixième année, les professeurs étaient très attentifs aux progrès de leurs élèves de septième année et ne les lâchait plus. Harry n'avait jamais autant travaillé et allait encore passer son après-midi penché sur ses bouquins. Rien de très joyeux, en somme.
Oh et puis il avait entraînement de Quidditch, en plus. Harry ronchonna dans son écharpe en repensant à toute cette neige, au froid et au vent qui commençait à se lever en fin d'après-midi, à ses articulations qui se feraient douloureuses et à son corps transi de froid qu'il peinerait à détendre sous les jets d'eau chaude. Lui qui adorait ce sport et qui s'était fait aux entraînements difficiles, il n'avait ce soir pas du tout envie d'aller s'entraîner. Peut-être parce qu'il était capitaine et qu'il aurait aimé retourner à ces années où il se laissait guider. Le poids de la victoire qui reposait alors sur ses épaules serait moins lourd.
Lui qui pensait pouvoir se reposer un peu après sa victoire contre Serpentard, il avait été très vite rappelé à l'ordre par ses coéquipiers qui refusaient de se reposer sur leurs lauriers. Au contraire, ils étaient fermement décidés à remporter la coupe cette année, surtout Ron qui voulait terminer son année en beauté.
« Eh bien, eh bien, le Golden Trio est de sorti ? »
Harry poussa un soupir à fendre l'âme. Bien évidemment, ils ne pouvaient pas rentrer tranquillement dans leur dortoir pour légumer devant la cheminée sans rencontrer des emmerdeurs. Et, franchement, là, tout de suite, il n'était vraiment pas motivé pour supporter les railleries de pimbêches de Serpentards, dont la seule raison de vivre dernièrement était de leur pourrir l'existence. Et jusqu'ici, elles ne se débrouillaient pas trop mal.
« Regarde-moi ça, ils sont tout trempés !
- Bah alors Potty, on se cache derrière son écharpe ? Ta gueule te fait tellement honte que t'as besoin de ça pour marcher dans le château ?
- Il a enfin réalisé à quel point il était moche !
- Vos gueules, bande de cons ! »
Si Harry avait été seul, il n'aurait même pas régi. Il avait passé l'âge de répondre à de tes telles gamineries, et il se fichait bien de passer pour un vieux avec de telles pensées. Mais cette espèce de rivalité entre Gryffondors et Serpentards le fatiguait, surtout depuis que son équipe de Quidditch les avait battus quelques temps plus tôt. Visiblement, personne ne semblait se rendre compte qu'ils seraient bientôt tous majeurs et balancés dans un monde extérieur bien moins cadré et fermé, et qu'il était temps de mûrir.
D'un autre côté, ces pestes avaient raison de se défouler sur eux tant qu'elles en avaient la possibilité. Bientôt, Poudlard leur fermerait ses portes et ils rentreraient dans la vie active, perdant toute cette insouciance qui avait fait des ces années du pur bonheur. C'était en partie pour cela que Harry ne se prenait pas la tête à supporter les jérémiades de Parkinson, Greengrass, Bullstrode ou encore Davis. Se pourrir la santé pour un match que les Serpentard n'étaient pas foutu de gagner convenablement, pas pour lui. Il en avait suffisamment bavé comme ça !
« Weasley, l'insulte est la réponse des faibles, tout le monde sait ça ! »
Ron vira à l'écarlate. C'était la réplique que Hermione lui avait sortie, un jour, et qu'il avait crachée au visage de Parkinson, cette dernière ayant la mauvaise habitude de parler comme un charretier. Et visiblement, il appréciait peu d'être pris en défaut, surtout par cette petite peste et ses copines aussi vipères les unes que les autres. Le Survivant leva les yeux au ciel en se demandant combien de temps encore il allait devoir subir ça.
« Je croyais que tu avais plus de répondant que ça !
- Tu nous déçois, Weasmoche ! »
Et c'était parti, ça allait encore prendre des heures… S'armant de patience, Harry regarda son meilleur ami se battre contre le petit groupe de vipères, comme il les appelait, plus ou moins secondé par Hermione qui tentait de mettre fin à la dispute. Mais Parkinson, Greengrass et Bullstrode n'étaient visiblement pas décidées à lâcher l'affaire. C'étaient des hyènes, elles n'agissaient qu'en groupe, et autant l'avouer, Ron était adorable mais il n'avait pas inventé l'eau chaude.
« Bon, ça suffit ! Viens Ron, on y va ! »
Cette fois-ci, Hermione réussit à l'extirper de l'embrouille en le tirant par le bras. Ron lui faisait penser à une cocotte-minute à deux doigts d'exploser, il pouvait presque voir la fumée s'échapper de ses oreilles. C'était amusant à voir.
« Franchement, Ron, grandis un peu ! Arrête de t'emporter pour rien !
- Mais elles…
- Pansy et ses copines sont insupportables, on le sait tous, mais par pitié arrête de t'emporter pour un rien ! Est-ce que Harry s'énerve, lui ?
- Mais Harry s'en fout, il est…
- Tiens, tiens, le Golden Trio. »
Tout le corps de Ron se tendit alors qu'il virait au rouge pivoine, la fureur brouillant ses traits. Harry, lui, leva les yeux au ciel.
Derrière eux se tenait Draco Malfoy, le seul, l'unique. Qu'est-ce qu'il avait pu grandir en un an, se dit Harry en le regardant. Bon, il n'avait pas pris vingt centimètres en quelques mois, mais avant leur rentrée, il ne s'était pas vraiment rendu compte qu'il était si grand. En fait, il faisait la même taille que Ron, alors que Harry n'avait pas tellement poussé. Il resterait toujours petit. Comme sa mère, disait Remus avec un sourire amusé.
Les bras croisés sur son torse, ses cheveux blonds ramenés en arrière et le sourire suffisant, Malfoy les regardait d'un air moqueur. Un peu comme Pansy, en fait, sauf qu'il n'avait pas cet air perfide des petites garces qui cherchent la moindre faille où se faufiler. Il était juste mauvais, arrogant, hautain, comme à son habitude. Malfoy, quoi.
« Par le caleçon de Merlin, mais vous avez quoi aujourd'hui, les Serpentards ?! Ça vous suffit pas d'exister, il faut en plus que vous nous fassiez chier à longueur de journée ?!
- Si j'avais mauvais goût, je serais heureux d'être le centre de ton univers. Or, j'ai des visées un peu plus hautes que les tiennes.
- La ferme Malfoy ! Hors de ma vue !
- Tu dis ça, mais avoue, tu rêverais d'un corps comme le mien… Trop le regarder doit te faire mal aux yeux, pas vrai ? »
Caché derrière sa grosse écharpe, Harry ne put retenir un sourire en voyant la colère qui commençait à hérisser les cheveux frisés de sa meilleure amie. Autant elle pouvait gérer les chamailleries de Ron avec les Serpentardes, autant il lui était impossible de lutter contre Malfoy.
Draco Malfoy. Insupportable Draco. Qui avait tellement grandi, forci et embelli, contrairement à Ron qui restait un Poil de carotte gauche et peu sûr de lui. Et ce vicieux serpent semblait avoir compris que le rouquin complexait sur son physique, sans doute à travers ses regards et ses mots, car il en jouait énormément devant lui. Un jour, il était même allé jusqu'à draguer devant lui une fille pour laquelle il craquait depuis quelques semaines.
Depuis, il vouait une véritable haine envers Malfoy, qui était tout de suite plus personnelle. Pas parce qu'il avait essayé de lui piquer son coup de cœur du moment, mais qu'il avait indéniablement aucun mal à avoir qui il voulait, quand il voulait et où il voulait. Même Hermione reconnaissait qu'il était beau garçon. Ce qui était encore pire…
« Dégage, bordel !
- Vous sortez d'où, comme ça ? Potter, tu me fais penser à un œuf de Pâques, avec ton écharpe.
- Laisse Harry tranquille !
- Depuis quand Potter a-t-il besoin d'un chien de garde ?
- Fais gaffe, tu vas t'en prendre une, Malfoy…
- J'aimerais bien voir ça. »
Il avait vraiment la gueule du sale type bien décidé à leur pourrir leur fin d'après-midi. Comme la quasi-totalité de sa maison, Malfoy n'avait toujours pas digéré sa défaite, d'autant plus qu'il avait été nommé capitaine de son équipe en début d'année et qu'il s'était entraîné comme un fou pour essayer de battre les Gryffondors. En vain. Ça s'était joué à très peu de choses, les deux capitaines en avaient parfaitement conscience, ce qui mettait encore plus le blond en rogne, et donc son équipe et le reste de sa maison. Cette hargne mêlée à son mépris naturel pour les Weasley et les Gryffondors en général ne pouvait que composer un cocktail explosif.
« Les garçons, par pitié, arrêtez de vous chamaillez…
- Elle a raison, Weasley, sois un gentil garçon et arrête de te chamailler.
- Ne l'imite pas ! Tu veux quoi Malfoy, hein ?!
- Parler à ton pote. »
D'un coup, Harry se réveilla et revint sur Terre. Il croisa les yeux bleu gris de son pire ennemi, qui ne souriait plus vraiment. Il avait l'air sérieux. De quoi faire fulminer encore davantage son meilleur ami.
« Et pour quoi faire, hein ? Me dis pas que vous allez encore bosser ensemble, je vous croirai pas ! C'est seulement…
- Depuis quand j'ai des comptes à te rendre, Weasmoche ?
- Viens, Ron, on va les laisser tranquille…
- Mais putain on devait bosser ensemble sur le devoir d'enchantements !
- Mais ils vont travailler…
- Mais bien sûr que non Hermione ! Mais qu… Harry ! »
Agacé, Harry attrapa la manche du blond et le tira dans le couloir avant de tourner dans le premier qu'il trouva. C'était ça ou attendre des heures que Ron disparaisse de sa vue, et franchement, il avait autre chose à faire que de l'écouter se plaindre. Qu'est-ce qu'il pouvait être pénible quand il s'y mettait, celui-là…
« Il est casse-burnes, ton pote. Faudrait que tu penses à en changer, Potty.
- Tu m'emmerdes.
- Eh bien voilà ! Pour une fois que je ne t'insulte pas, ça m'apprendra ! Qu'est-ce que tu peux être lunatique, t'as tes règles ou…
- Bon, qu'est-ce que tu veux ? »
Ils venaient d'arriver dans un cul-de-sac qui débouchait sur une vielle fenêtre qui n'avait pas été ouverte depuis longtemps et qui offrait une vue sur le parc. De là où ils étaient, ils pourraient voir venir n'importe quel élève et personne ne pourrait surprendre le moindre mot de leur conversation.
Peu motivé à chercher une salle de classe vide et poussiéreuse pour discuter, Harry s'appuya contre la fenêtre, défit son écharpe, retira son bonnet, puis croisa les bras sur son torse, toisant Malfoy d'un air agacé. Ce denier esquissa un léger sourire, les mains enfoncées dans les poches de sa robe.
« Je viens te chercher, ce soir ?
- Pour quoi faire.
- Je sais pas… Comme ça. T'as pas entraînement, ce soir ?
- Si.
- Tu n'as pas envie que je vienne ?
- Combien de temps va durer ce petit jeu ? »
Le sourire légèrement moqueur du blond disparut. Il prit un air plus sérieux, les sourcils froncés. Qu'il ne cherche pas à jouer à l'ignorant, il savait très bien de quoi Harry parlait.
« Quel petit jeu ?
- Celui où je bosse mes cours de potions avec toi, où on joue au bon copain parce qu'on a lutté dans le même camp… Ne m'interromps pas, Draco. Ça me saoule. Ça me gave. Tu joues avec moi et j'aime pas ça.
- Je ne joue pas avec toi. Je ne l'ai jamais fait.
- Je ne suis pas un jouet.
- Je sais. »
Harry secoua la tête, refusant de céder face à l'expression de Draco, qui paraissait un peu vexé, un peu blessé. Il baissa les yeux quelques instants, cherchant ses mots.
« Ecoute, Harry, je sais que c'est pas simple, mais on s'était mis d'accord, il me semble. Tu veux qu'on fasse quoi ? Qu'on s'affiche, qu'on…
- C'est pas ce que je te demande.
- Qu'est-ce que tu veux alors, bordel ?!
- J'en ai marre de ton attitude envers moi dans les couloirs. J'en ai marre des mensonges, de devoir filer en douce pour aller te voir. Je ne te demande pas de t'afficher, simplement qu'on devienne autre chose aux yeux des autres.
- On est déjà autre chose. Tout Poudlard a vu le changement. Harry, s'il te plaît… »
Draco venait de s'avancer vers lui, mais Harry s'échappa, quittant la fenêtre pour aller sur le côté. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas que cette espèce de complicité qui avait pu se créer entre eux durant la guerre et dont il restait quelques traces ne lui suffisait plus, cette image du héros côtoyant son pire ennemi pour relever son maigre niveau en potion ne serait jamais assez.
Il lui fallait autre chose. Quelque chose que Draco n'était visiblement pas prêt à lui donner, parce qu'il était trop orgueilleux, satisfait de son image, presque masochiste pour se priver de cette relation de rivalité qui existait entre eux depuis des années.
Une relation stable. Amicale, aux yeux des autres.
Tout ce qu'ils n'auraient visiblement jamais.
Alors Harry préféra lâcher l'affaire. De toute manière, il n'avait rien de mieux à faire, il était têtu mais Draco bien plus que lui. Et de toute manière, il n'avait jamais eu et n'aurait jamais le dessus sur lui. C'était un garçon bien trop beau, sûr de lui et intelligent, pour un nain de jardin comme lui qui ne méritait même pas qu'une telle personne la regarde.
« Viens me chercher ce soir. Je t'attendrai. »
Il allait se retourner quand le blond lui attrapa le bras, le forçant à croiser son regard. Il avait le visage sérieux, mais un peu hésitant. Comme s'il n'était pas certain de ce qu'il allait lui dire, de la manière dont il allait lui en parler.
« Ça fait pas assez longtemps qu'on…
- Ça fait un mois. C'est peut-être pas grand-chose pour toi, mais pour moi c'est énorme. En plus, tout le monde connaît tes penchants, tu ne t'en caches même pas !
- J'ai besoin de temps pour ça. Harry, je sais que c'est pas assez pour toi ! Tu vis dans l'urgence, tu veux tout, tout de suite, comme si tu avais peur de ne jamais rien pouvoir obtenir. Je sais que c'est pas simple pour toi, mais je te demande du temps. Je tiens à toi et…
- Je sais…
- Si tu le sais, ne dis pas de bêtises aussi grosses que toi. Si tu n'étais qu'un jouet, on aurait déjà couché ensemble ou je t'aurais déjà largué. C'est pas le cas. »
Leur histoire n'était pas banale, ils le savaient tous les deux. Parce que Draco était son tout premier copain et que Harry ne savait pas y faire. Et parce que le blond ne s'était jamais engagé aussi longtemps avec un homme, enchaînant les conquêtes sans vraiment se fixer avec aucune.
Harry se sentit tout petit face à son regard. Il savait qu'il avait raison, qu'il n'était pas patient avec lui, qu'il avait tellement peur de l'avenir, encore, qu'il s'angoissait pour rien et se laissait très vite aller à des idées noires. Draco ne pouvait pas comprendre cette peur tapie dans ses entrailles, qu'il se traînait depuis la guerre et qu'il ne parvenait pas encore à effacer. Mais au moins, il savait qu'elle était là.
Il savait qu'il avait peur. Constamment.
Et pour une raison que Harry avait encore du mal à comprendre, Draco n'en profitait pas.
« Tu peux me faire un sourire, maintenant ? »
Timidement, Harry grimaça un petit sourire. Aussitôt, le blond éclata de rire en voyant sa tronche de bébé et le tira vers lui. Ses joues rosirent quand il posa ses mains sur son torse alors que les bras solides du Serpentard se refermaient sur sa taille. Leurs regards se croisèrent. Les yeux bleu gris de Draco étaient si intenses qu'ils hérissaient ses cheveux à la base de sa nuque et envoyèrent dans son corps plein de petits frissons.
« Et tu connais pas la dernière ?! »
Des voix surgirent soudain du couloir à quelques mètres d'eux. Aussitôt, ils s'éloignèrent l'un de l'autre et baissèrent les yeux d'un air gêné. Harry avait les lèvres brûlantes et il sentit en lui poindre l'agacement d'avoir ainsi échappé au baiser qu'il attendait depuis le matin même, mais qu'il n'avait pu obtenir faute de temps. Il allait devoir attendre encore un peu.
« Il paraît que Ginny Weasley va au réveillon de Noël avec Potter ! »
Le brun écarquilla les yeux d'étonnement, et quand il leva le nez vers son petit ami, ce dernier semblait lutter contre la rage qui crispait ses mains et sa bouche. La dignité Malfoy l'empêchait très certainement de lui faire une fabuleuse crise de jalousie comme il en avait le secret.
Les étudiants passèrent devant leur couloir, traversant la croisée des deux allées, puis disparurent sans les remarquer, poursuivant leurs ragots.
Draco, lui, ne le quitta pas des yeux, qui reflétaient une grande colère. Harry déglutit alors qu'il entrouvrait les lèvres, s'apprêtant à prononcer quelques mots en les articulant avec grand soin.
« Je peux savoir ce que cela signifie ?
- Ce n'est pas ce que tu crois.
- Tu vas au repas de Noël avec cette cruche ?
- Non. Mais elle aimerait beaucoup. Elle s'est mise dans la tête que si je ne trouve personne pour m'y accompagner, on ira ensemble.
- Et depuis quand tu as besoin de quelqu'un pour aller au réveillon de Noël ?
- Depuis que je suis allé au bal d'Halloween sans partenaire ?
- Si, tu étais avec moi.
- Mais personne ne savait que c'était toi. Et je suis entré seul dans la Grande salle.
- Et qu'est-ce que tu vas faire ?
- L'ignorer, comme d'habitude. Je te promets qu'on ne rentrera pas ensemble dans la Grande salle, si ça peut te rassurer…
- Il n'est pas question de me rassurer, Potter. Tu as tout intérêt à ne pas entrer avec elle, sinon ça va barder. »
Harry eut un léger rire amusé. Puis, il se rapprocha de lui, se hissa sur la pointe des pieds et déposa un léger baiser sur sa bouche.
« Ne t'en fais pas. À tout à l'heure. »
Enfin, il quitta le couloir, le cœur un peu plus léger, plantant là le blond qui ne put le rattraper, des élèves se faisant entendre non loin.
OoO
Over the fields we go
Laughing all the way (ha-ha-ha)
OoO
Il s'était mis à neiger en plein milieu de leur séance d'entraînement. Harry avait été tenté de laisser tomber. Il faisait vraiment très froid à cause du vent qui s'était levé sur le stade et qui s'infiltrait sous leurs vêtements, et malgré ses protège-mains, Harry avait même du mal à tenir son balai. De plus, la moitié de ses coéquipiers seulement parvenait à s'entraîner correctement, les autres se cramponnant à leur balai, le corps crispé de froid. Enfin, ils étaient de moins en moins visibles à cause du rideau de neige qui s'était glissé entre eux.
Cependant, Harry était rapidement revenu sur sa décision en voyant la hargne de Ron, Ginny et de Jimmy qui refusaient de redescendre, s'acharnant dans leur entraînement. Un entraînement improductif qui les laissa épuisés et à moitié malades pour certains mais qui aurait créé des tensions chez certains s'il ne s'était pas poursuivi. Dans ces moments-là, Harry détestait son rôle de capitaine, qu'il n'avait de toute façon pas choisi mais que McGonagall lui avait imposé, parce qu'à ses yeux, il était le mieux placé pour se charger de l'équipe. C'était aussi un moyen comme un autre de le recadrer et de le forcer à s'investir dans la vie du château, ce qui n'avait alors rien d'évident, quand la guerre était passée sur lui en le laissant meurtri, empli d'idées noires et de nuits angoissées.
Quand enfin il fut temps de laisser le stade aux Poufsouffles, Harry fut le premier à piquer vers le sol pour tout ranger tandis que ses coéquipiers s'empressaient de rejoindre les vestiaires. Le jeune homme traînailla un peu, comme d'habitude, prenant soin de bien ranger leur matériel dans sa caisse avant d'aller à la remise pour l'y déposer, chaque maison ayant ses propres balles. Et ses propres cognards, bien sûr, qu'il fallut récupérer. Un simple sortilège permettait de les priver de toute énergie et de les faire tomber sur le sol. Mais bien évidemment, il fallut qu'il leur vole après et puis qu'il les récupère dans la neige, sa vue désorientée par les flocons qui ne cessaient de tomber du ciel.
Les garçons avaient quasiment terminé de se doucher quand Harry arriva. Ils avaient l'habitude de le voir prendre tout son temps pour ranger les affaires de Quidditch, et en même temps, personne n'était prêt à l'accompagner dans le froid. C'était le rôle du capitaine de se charger de tout ça. Et puis ils pensaient que c'était un moyen pour lui d'être un peu seul, de se recentrer sur lui-même. Et d'éviter de se mettre à poils devant les autres, accessoirement.
Ron venait de quitter la douche pour se sécher tout en discutant avec Jimmy quand Harry entra avec une serviette autour des hanches. Son meilleur ami lui proposa de l'attendre mais Harry déclina son offre avec un sourire : il allait se noyer sous la douche une bonne heure et il n'était pas sûr que Hermione l'attende aussi longtemps pour l'aider avec son devoir en potions. Grimaçant, Ron hocha la tête en se plaignant de leur amie et de son obsession du travail. Jimmy rigola en disant que Harry n'était pas mieux loti avec son professeur particulier.
À ces mots, Ron ricana pour la forme mais Harry savait ce qu'il en pensait. Draco avait commencé à l'aider dans ses devoirs un mois plus tôt quand McGonagall avait instauré des binômes pour essayer de remonter le niveau assez bas des Septième année. Une sorte d'échange de compétences. Comme Draco avait beaucoup de mal en enchantements, où Harry se débrouillait plutôt bien, et que le niveau du brun était abominable en potions, ils avaient fini par travailler ensemble. Cela s'était bidouillé lors d'un travail en commun imposé peu après la soirée d'Halloween où ils avaient compris qu'ils pouvaient, au final, travailler ensemble.
Très rapidement, Harry se retrouva donc seul dans les douches des Gryffondors. La seule chose à laquelle il ne s'était jamais habitué, malgré les années, c'étaient les douches communes. Plus jeune, il parvenait à se forcer à rejoindre ses coéquipiers mais il traînait souvent les pieds et attendait parfois que la majeure partie de l'équipe soit douchée avant de passer sous l'eau. En grandissant, il s'était fait moins discret dans sa réticence à partager ce moment avec les autres.
L'année dernière, il avait enfin compris que son problème n'était pas dû à sa pudeur ou son manque d'activités physiques collectives, qui induisaient une intimité particulière avec les autres garçons. C'était plutôt le fait qu'il s'était retrouvé à onze ans nu à côté d'hommes de dix-sept ans, et durant plusieurs années, il avait complexé de sa petite taille, ses muscles secs ou bien, disons-le franchement, la taille de son engin qui ne pouvait guère rivaliser avec de jeunes adultes. Ses complexes, qui n'avaient à vrai dire plus lieu d'être, demeuraient encore en lui.
Mais depuis quelques semaines, cette manie de se doucher systématiquement après les autres n'était absolument plus une question de pudeur, mais ça, Harry n'allait certainement pas le dire à ses coéquipiers. Ni même à son meilleur ami, qui serait capable de faire le pied de grue à l'entrée des vestiaires pour éviter ce qui se produisait lors de la plupart de leurs entraînements. Et dans le doute, Harry mettait toujours du temps à se laver, se laissant aller sur le jet d'eau chaude qui le lavait de toute sa fatigue, le froid qui l'avait pénétré jusqu'aux os et de ses angoisses de la journée.
Des angoisses qui n'auraient sans doute pas existé si Ron avait été plus ouvert et si Hermione cessait de s'immiscer dans ses histoires, et surtout si Draco Malfoy n'avait pas été un garçon.
Et en même temps, s'il n'en avait pas été un, leur histoire n'aurait jamais existé.
Après s'être longuement savonné et rincé, Harry quitta les douches pour se sécher et se rhabiller. Il était seul, comme d'habitude, et trouva cela apaisant. Une fois prêt, il attrapa son sac avec ses affaires ainsi que son balai et sortit des vestiaires.
Appuyé contre le mur du couloir, les mains croisées derrière son dos, Draco l'attendait. Le voir avait presque quelque chose d'incongru. Harry ne se ferait définitivement pas à cette vision du jeune homme positionné contre un mur, sa longue robe noire parfaitement coupée lui tombant correctement sur les épaules et soulignant les lignes avantageuses de son corps, ses cheveux ramenés en arrière et sa peau blanche tranchant avec la semi-obscurité du couloir.
Harry le trouva beau.
Grand, solide, et beau.
C'était l'un des plus beaux garçons de Poudlard. Celui que les filles et les garçons s'arrachaient, malgré son passé de fils de mangemort, ses airs de mauvais garçon, son caractère de merde et tout ce qui allait avec. Mais il fallait croire que ses torts étaient précisément ce qui émoustillait une partie de Poudlard.
Quand il sortit des vestiaires des Gryffondors, Draco sortit de ses pensées et tourna la tête vers lui. Il eut un sourire en coin et Harry ne put s'empêcher de rougir comme une adolescente.
« T'en as mis du temps, Potter.
- Il fait froid dehors, j'avais besoin de me réchauffer.
- T'aurais dû me le demander, je l'aurais fait avec plaisir.
- Cochon. »
Draco eut un rire amusé alors que Harry s'avançait vers lui. Quand il fut à quelques pas de lui, le blond saisit son visage dans ses mains et caressa ses cheveux sombres, plongeant ses yeux incroyables dans les siens. Quand il parla, sa voix était basse, sensuelle.
« Tu oses sortir avec les cheveux mouillés ? »
Et alors il y eut sa bouche contre la sienne. Sa bouche tendre et chaude, qui savait si bien se poser sur la sienne et l'embrasser. Ses joues s'embrasèrent alors que ses mains posées sur son visage les caressaient, tandis que sa bouche se faisait plus pressante. Timidement, Harry posa ses mains sur ses hanches, ne sachant où les placer, et alors celles de Draco quittèrent son visage pour enlacer son cou et le plaquer contre lui. Ses lèvres se firent plus avides, plus gourmandes, attrapant les siennes pour les sucer, l'une après l'autre.
Son cœur si sensible s'emballa quand il sentit sa langue taquiner la commissure de ses lèvres avant de se glisser entre elles, s'emparant fougueusement de sa bouche. Et alors, ce fut magique. Car ses baisers étaient bien plus que de simples bisous d'adolescent, comme il avait pu en échanger avec Cho ou Ginny. Draco savait embrasser, il savait comment jouer avec sa langue, taquiner la sienne, éveiller ses sens et le rendre pantelant. Durant quelques minutes, Harry oubliait le monde qui l'entourait et laissait le blond déguster sa bouche, tandis que ses mains blanches et délicates caressaient ses cheveux, sa joue, sa nuque.
Il avait une langue divine. Une bouche délicieuse. Et des soupirs qui effleuraient ses joues et caressaient ses oreilles avec délicatesse…
En manque d'air, ils se séparèrent un court instant pour reprendre leur respiration, et à peine un souffle récupéré que Harry l'embrassait à nouveau chastement. Draco se laissa faire, sans approfondir le baiser. Même s'il peinait à l'avouer, Draco aimait ce genre de baiser, très simple et doux. Ou peut-être était-ce les siens qu'il appréciait tout particulièrement. Mais Harry refusait de se bercer d'illusions.
Celle que Draco lui offrait déjà trop belle pour être vraie.
« Tu t'améliores. Faut dire, avec un maître comme moi, tu ne peux que progresser.
- Qu'est-ce que tu peux être vantard… Et pardon de ne pas avoir eu autant de copains que toi.
- Ne t'imagine rien : j'adore le fait d'être ton premier mec. »
Harry eut un sourire, puis il l'embrassa sur la joue et enfin se baissa pour récupérer ses affaires. Le blond mit la main sur son balai avec la ferme intention de le porter.
« Alors, cet entraînement ?
- Je déteste m'entraîner quand il neige.
- Heureusement que tu ne veux pas te lancer dans une carrière de sportif. Weasley est toujours aussi nul ?
- Ron ? Je te signale qu'il a bloqué la plupart des tirs de ton équipe…
- Ça reste un gros nul.
- Tu ne l'aimes pas, c'est différent.
- Mais t'as de la merde dans les yeux ou quoi ? Reconnais qu'il sait à peine tenir sur un balai plutôt que me contredire ! Surtout qu'il veut se lancer là-dedans, pas vrai ? Il va pas tenir plus d'un mois, toi t'as les qualités pour être un bon joueur professionnel, mais lui… Ne lève pas les yeux au ciel, tu m'agaces.
- C'est mon ami, Draco. Toi et moi, on n'a pas tout à fait la même notion de l'amitié, visiblement.
- Je ne suis peut-être pas toujours honnête avec mes amis, mais s'ils se plantaient comme lui le fait, je leur dirais.
- Ça partirait en vrille si j'essayais de l'en dissuader.
- Parce que tu es un joueur hors pair, que tu gâches ton talent en voulant faire autre chose, et en plus tu te permets de donner des leçons aux autres ?
- Par exemple. »
Harry baissa les yeux avec un peu de tristesse. Il savait que Ron se berçait d'illusions, mais qui était-il pour les détruire ? Il ne voulait pas lui retirer ses espoirs, préférant qu'il essaie, qu'il se plante ou qu'il progresse, et qu'il fasse son chemin seul. D'un geste familier, Draco lui ébouriffa les cheveux.
« Hey, prends pas cet air triste ! T'es vraiment pas joyeux, comme garçon.
- Tu le savais déjà en me choisissant.
- Ouais. Mais je connais des mecs plus déprimants que toi. Au fait, tu vas à Pré-au-lard, samedi ?
- Oui, pourquoi ?
- On s'y retrouve ? »
Harry ne répondit pas tout de suite. Ils avaient beau se fréquenter de plus en plus, Draco ne lui avait encore jamais proposé de sortir quelque part aux yeux de tous, que ce soit une sortie au village ou bien dans le parc, les serres, ou autres. Le brun ne lui avait pas non plus fait de proposition, persuadé que le blond refuserait. Cela ne faisait qu'un mois qu'ils sortaient ensemble, après tout. Et de toute manière, Draco avait refusé jusque là d'être autre chose aux yeux des étudiants que son ancien pire ennemi, celui qui avait changé de camp et qui acceptait de faire la paix avec lui en l'aidant dans ses cours.
Le fait qu'ils s'affichent ensemble à un moment pareil ferait sans doute jaser leurs camarades et induirait un changement dans le regard que les autres posaient sur eux.
Une sorte de miracle de Noël pour les uns.
De révélation, pour les autres.
« Ouais, pourquoi pas.
- T'as pas l'air motivé.
- Si, bien sûr. Ça m'étonne juste de toi. Mais ça me ferait vraiment plaisir.
- Y'a que les cons qui changent jamais d'avis.
- J'aime quand tu fais attention à ce que je te dis.
- Si je ne le fais pas, tu vas finir par me larguer. Et ce serait vraiment la honte, quoi… »
Bien malgré lui, Harry éclata de rire, ce qui arracha un léger sourire amusé au blond.
Ils ne tardèrent pas à arriver dans le couloir menant à sa salle commune. Draco ne put l'accompagner jusqu'au bout, à cause de la Grosse Dame qui était une vraie commère, sans compter les élèves qui allaient et venaient encore dans les alentours. Ils se quittèrent donc sur un léger baiser des plus discrets et la promesse de se retrouver le week-end suivant à Pré-au-lard.
Harry avait hâte d'y être.
OoO
Bells on bob-tail ring
Making spirits bright
OoO
La guerre avait réduit à néant une partie du château. Pas Poudlard, car l'école restait l'école, et demeurerait toujours une institution inébranlable. Mais ce château dans lequel Harry avait passé ses plus belles années avait subi les méfaits de la guerre : des murs étaient tombés, le parc avait été ravagé, et son cœur depuis des dizaines d'années avait disparu comme d'un rien.
Harry avait beau se sentir chez lui dans cette vaste demeure dont il n'avait fait qu'effleurer les secrets, il sentait que plus rien n'était vraiment pareil. McGonagall était une formidable directrice, qui avait su les remotiver et les relancer sur la bonne voie, quels qu'ils soient, mais elle ne pouvait guère compenser l'absence de cette âme bienveillante et protectrice qu'était Albus Dumbledore. Et même si ce vieux fou avait été maintes fois critiqué par ses élèves, son décès créait un vide abyssal qu'il était bien difficile de combler.
Mais comme pour beaucoup de choses, le jeune homme était passé à autre chose. Le deuil n'était pas encore fait, il le savait, c'était trop compliqué et douloureux à gérer, mais la vie continuait, et lui, il était toujours là. Avec les mains sales et la tête remplie d'images d'horreur, mais en vie, malgré tout. Il devait donc faire avec et essayer de rebondir, en continuant à avancer, car de toute manière rester à la même place et attendre que la vie s'écoule n'était pas une meilleure solution.
Dès la rentrée scolaire en septembre, les élèves de Poudlard avaient senti la différence. McGonagall souhaitait une plus grande solidarité parmi les élèves, qui avaient combattu ensemble contre le mal et qui devaient s'unir face aux difficultés rencontrées par les uns ou par les autres. Cette démarche avait étonnement plutôt bien fonctionné et ses tentatives de moderniser un peu la vie du château avaient été autant critiquées par les uns qu'appréciées par les autres.
L'évènement le plus marquant avait sans doute été ce fameux bal d'Halloween, dont le but était de rendre cette journée plus facile à vivre pour ceux qui avaient beaucoup perdu. Et pour rendre le tout plus convivial, tous les élèves devaient venir déguisés et surtout masqués, de façon à ce que personne ne les reconnaisse. Et bien évidemment, ce fut la course pour trouver un partenaire, de préférence le plus beau possible.
À ce moment-là, Harry était tout sauf disposé à participer à un bal masqué fêtant les morts. Il avait juste envie de se cacher dans un coin et se morfondre tranquillement, sans personne pour venir le déranger. D'autant plus qu'il n'avait plus à subir la présence des journalistes et divers admirateurs qui faisaient alors de sa vie un enfer. Bien évidemment, ses camarades de classe ne le lâchaient plus, mais c'était toujours plus facile à vivre et à gérer que l'afflux d'inconnus qui lui posaient mille et une questions sur des sujets qu'il n'était pas prêt à évoquer.
Qu'on le laisse tranquille.
Il n'en demandait pas plus.
Pourtant, quand l'école avait commencé à entrer dans une douce effervescence qu'induisait ce genre d'évènements, Harry avait commencé à s'y intéresser. Bien évidemment, on lui faisait beaucoup de proposition et Ginny, qu'il avait quittée bien avant le conflit, ne le lâchait plus. Visiblement, elle semblait peu disposée à le laisser aller au bal avec quelqu'un d'autre qu'elle, sans se douter un seul instant qu'il n'était franchement pas motivé à inviter une fille.
Il l'avait vraiment réalisé à ce moment-là, en fait. Qu'il ne voulait pas y aller avec une fille. Il y avait eu des doutes, des interrogations, mais Harry n'avait jamais poussé la réflexion très loin. Il avait toujours été un garçon différent des autres, derrière ses airs banals de petit orphelin mal nourri et peu aimé. Se distinguer des autres par sa sexualité n'était absolument pas envisageable.
Pourtant, en regardant la Grande salle et en laissant ses yeux dériver sur la ligne solide du corps de Draco Malfoy, qui avait tant changé en si peu de temps, Harry s'était dit que fermer les yeux ne ferait que rendre les choses plus compliquées et douloureuses encore. Alors il s'était rapidement fait à l'idée que ce type était le plus beau garçon de Poudlard et qu'il aurait aimé qu'il l'invite au bal.
Le Survivant savait pourtant qu'il se berçait d'illusions. Malfoy était un jeune homme imbu de lui-même, orgueilleux comme pas deux, séduisant au possible et bien peu sérieux dans ses relations. Il n'avait jamais proclamé son homosexualité haut et fort mais elle avait fini par se savoir, l'année passée, et quand il avait été temps de démentir, Malfoy ne l'avait jamais fait. Il semblait clairement assumer son amour pour les garçons et sa manière toute personnelle d'envisager ses relations avec eux. À savoir les plus courtes, intenses et sexuelles possible.
Il était donc évident que jamais Malfoy ne lui proposerait quoi que ce soit, à moins que l'envie de se taper le héros national ne soit trop forte, mais Harry n'accepterait jamais ce genre de proposition. De plus, il n'était pas le seul dans l'école à rêver de ses mains longues et blanches, de son sourire en coin absolument craquant ou encore de sa voix lente et plutôt grave. Sans parler de son corps qu'il entraînait avec soin. De plus, Harry n'avait absolument rien d'agréable à regarder : il était plus petit que la plupart des adolescents de son âge, le corps malingre et nerveux, sans parler de ses yeux dix fois trop grands à demi cachés derrière ses immondes lunettes rondes.
Non, franchement, ils n'allaient pas ensemble. D'autant plus que Malfoy ne l'appréciait pas plus que ça et qu'il ne devait représenter qu'un bien maigre intérêt pour lui, à présent que son père ne faisait plus pression sur lui et qu'il n'existait plus réellement de prétexte à le provoquer sans cesse. Harry se berçait d'illusions, comme toujours. Il s'était même résolu à terminer sa scolarité sans avoir connu les joies des amours adolescentes, un peu secrètes, un peu magiques.
Jusqu'à ce qu'un après-midi, alors que Harry étudiait seul à la bibliothèque, Draco ne vienne le voir pour lui demander de l'accompagner au bal.
Tout en se préparant pour aller à Pré-au-lard, Harry repensa à sa stupeur quand le blond lui avait fait sa proposition avec le plus grand sérieux, son regard planté dans le sien et son visage tendu comme jamais. Sur le coup, Harry n'avait pas su répondre, et quand son ancien pire ennemi avait reformulé sa demande, comme si la première n'était pas déjà suffisamment claire, le brun était resté statufié. Et face à cette absence totale de réaction, Malfoy avait froncé les sourcils avant de partir, vexé au possible. Et quand Harry avait essayé de le rattraper, il était trop tard : le blond avait disparu entre les rayonnages.
Ne sachant quoi penser de sa proposition, Harry avait décidé de faire comme s'il n'avait rien entendu. C'était douloureux et même carrément stupide, mais il ne savait pas si Malfoy était sérieux, s'il répondait à un pari, ou s'il cherchait à connaître sa véritable orientation sexuelle afin d'en faire profiter tout Poudlard. Le jeune homme préféra donc ignorer ses regards insistants et le plus souvent noirs, ses remarques de plus en plus acerbes et sa manière de le bousculer brutalement dans le couloir, créant des conflits avec Ron ou les Gryffondors aux alentours.
En l'espace de quelques jours, Malfoy devint cet espèce de sale gamin qui tirait les couettes de la fille qui lui plaisait qu'ils avaient tous plus ou moins connu dans leur enfance.
Une dizaine de jours avant cette fameuse soirée, un élève de son âge de Serdaigle le prit à part pour lui demander de l'accompagner au bal. C'était un garçon plutôt séduisant que Harry avait déjà remarqué, notamment le jour où il l'avait croisé à moitié nu, un jour que leur équipe de Quidditch empruntait leurs vestiaires car les leurs souffraient de problèmes de canalisations. Le jeune homme avait paru apprécier la rougeur de ses joues et le regard qu'il lui avait lancé, mais ne lui avait fait aucune avance jusque là.
Si Malfoy n'était pas passé par là et ne l'avait pas intercepté, Harry aurait surement accepté. Par curiosité. Parce qu'ils seraient tous masqués et que le garçon de Serdaigle lui avait promis que personne ne saurait qu'il était un homme. Et parce que, il en était persuadé, le Serpentard s'était moqué de lui. Un jeune homme aussi beau ne pouvait pas s'intéresser à quelqu'un comme lui. Tout ça n'était qu'un mauvais jeu.
Mais Malfoy les avait découverts, par pur hasard, s'était emporté et s'était royalement foutu de la gueule du Serdaigle et de Harry. Ce dernier, embarrassé au possible, avait donc refusé l'offre, ce qui avait mis l'autre jeune homme en colère, et une formidable dispute avait débuté entre ses deux prétendants. Malfoy avait bien entendu remporté la partie, sa langue de vipère assassine malmenant avec un plaisir certain son camarade de classe.
Puis, ils ne furent plus que deux, en plein milieu d'un couloir désert. Harry, qui n'avait rien dit jusque là, demanda des explications au blond. Il ne comprenait pas vraiment son attitude violente vis-à-vis du Serdaigle. Dans un état de nerfs assez avancé, Malfoy l'avait regardé, le clouant sur place, puis lui répondit en articulant bien chaque syllabe.
« Si moi je ne peux pas t'avoir, personne ne t'aura. »
Encore une fois, Harry était resté silencieux et n'avait pas cherché à le retenir, ce qui avait en réalité blessé l'orgueil du blond, qui s'était imaginé qu'il aurait au moins une petite réaction. Mais le brun avait eu besoin de réfléchir. À l'attitude de Draco envers lui, à ses propres désirs…
Quelques jours plus tard, il allait le voir pour lui demander si sa proposition tenait toujours. Il avait le cœur battant à la chamade, les mains moites et la voix tremblante. Malfoy fit semblant de ne rien remarquer. Puis, il lui demanda comment il serait déguisé. Hésitant, Harry lui répondit que ce n'était pas vraiment son truc, avant de lui avouer qu'il serait un vampire, un peu comme s'il n'avait pas eu le choix. Alors, enfin, le blond lui avait fait un sourire en lui répondant que ça ferait l'affaire, et que personne ne saurait qu'il était un homme, si ça pouvait le rassurer. Harry n'avait pu qu'hocher la tête en rougissant. Encore.
Visiblement, Harry n'était bon qu'à ça : rougir. C'était la petite remarque que Draco lui avait lancé avant de le quitter, un sourire au coin des lèvres.
« Harry, tu te dépêches ? On va être en retard !
- J'ai presque terminé. Mais pourquoi on serait en retard ? Hermione nous attend ?
- Heu nan mais dépêche-toi quand même ! »
Une dispute entre ses deux amis la veille avait remis en cause ses espoirs de les voir ensemble un jour. Ils auraient dû aller à Pré-au-lard tous ensemble, comme d'habitude, et Harry n'avait même pas eu le temps de leur dire que Draco allait sans doute le rejoindre sur place que Ron et Hermione se disputaient à cause de l'une qui traînait un peu trop avec un Poufsouffle de septième année et l'autre qui regardait de façon un peu trop insistante le popotin d'une sixième année de leur maison. Le brun avait donc gardé la nouvelle pour lui.
Et quelle nouvelle, se dit-il encore en passant sa main dans ses cheveux tout en se regardant dans le miroir de la salle d'eau de sa chambre. Personne ne savait qu'ils se fréquentaient depuis plusieurs semaines, et pourtant, leurs débuts avaient été aussi hésitants que maladroits.
Ils s'étaient très peu parlés avant ce fameux bal d'Halloween. Il avait été convenu qu'ils se retrouvent devant une statue du deuxième étage afin de se rendre ensemble à cette soirée. Harry avait eu bien du mal à se déguiser à cause de ses cheveux intraitables et de sa réserve naturelle qui l'empêchait d'adopter la moindre extravagance, mis à part un loup cachant la moitié de son visage. Il avait donc enfilé un pantalon noir, une chemise blanche ainsi qu'une cape noire. Il s'était habillé et maquillé dans les toilettes des filles pour éviter de se faire repérer plus tard dans la foule par ses amis. La seule vraie modification physique qu'il avait réussie, c'était de rendre ses cheveux un peu plus lisses, au prix d'efforts incroyables.
Cependant, Malfoy avait remarquablement joué le jeu. En réalité, son costume était des plus simples : il portait un costume typiquement français composé de plusieurs pièces, comme un pantalon, des bas de soie, une chemise en dentelles… Le genre de vêtements dans lesquels il n'aurait jamais pensé le voir. Ses cheveux courts s'étaient allongés jusqu'à ses hanches, ses oreilles s'étaient vues ornées de boucles d'oreilles pendantes, ses doigts sertis de bagues, et avec son loup bleu foncé, Harry n'aurait vraiment su dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
Ils étaient entrés ensemble dans la Grande salle et Harry avait constaté qu'effectivement il avait été l'un des plus sages, et même Malfoy n'avait pas fait preuve d'une très grande originalité. Mais c'était amplement suffisant pour se perdre dans la foule.
Ce fut un moment magique. Harry ne vit aucun de ses amis et passa tout son temps avec Malfoy, qui devint Draco en fin de soirée.
Tranquillement, Harry sortit de la salle de bain. Ron était assis sur son lit et était déjà prêt à partir. Sans doute souhaitait-il attraper Hermione au vol et lui demander de les accompagner, sans s'excuser pour la brouille de la veille bien entendu. Rapidement, Harry enfila ses bottes en peau de dragon afin d'affronter le froid et attrapa son écharpe ainsi que sa cape d'hiver et son bonnet. Puis, ils quittèrent le dortoir ensemble sans attendre les autres, qui se préparaient encore.
Dans la salle commune, Hermione attendait patiemment ses copines assises dans un fauteuil près de la cheminée. Harry prit le chemin de la sortie afin de laisser son ami s'expliquer avec la jeune fille. Il traversa donc la pièce et poussa d'un geste mécanique le tableau de la Grosse Dame. Il attendit un peu dans le couloir et vit non sans plaisir ses deux meilleurs amis sortirent ensemble de la salle commune des Gryffondors avec quelques autres de leurs camarades de chambrée.
Ils se mirent en marche d'un bon pas en direction du hall d'entrée afin de quitter l'école. Les couloirs et les escaliers défilèrent, Harry les vit à peine passer tant il avait hâte de sortir, pour une fois. Draco lui avait promis qu'ils se retrouveraient à l'entrée du village et qu'ils feraient un petit tour ensemble. Harry ne savait pas vraiment comment il allait se débrouiller pour l'arracher à son groupe d'amis sans attirer le moindre soupçon, mais il avait hâte de voir ça.
Mais alors qu'ils allaient pénétrer dans le couloir principal menant au majestueux escalier du hall d'entrée, les choses ne se passèrent pas exactement comme il l'avait prévu. Car soudain surgit à ses côtés Draco.
« Salut Potter ! »
Harry fit un bon de dix mètres, s'attirant l'hilarité du blond et ses acolytes qui le suivaient, alors que les Gryffondors, surpris, ne cachèrent pas leur énervement.
« Bah alors, je t'ai fait peur ?
- On a le cœur fragile, Potty ?
- Dégagez, putain !
- Oh Weasley, pourquoi tant de haine ?
- Mais allez voir ailleurs, bordel !
- Dean, Ron, calmez-vous… »
Nott et Zabini, qui escortaient Draco, semblaient clairement s'amuser de la situation. Il fallait dire que Ron et Dean étaient facilement irritables. Il n'y avait guère que Seamus ou Neville qui restaient calmes chez les garçons, mais l'Irlandais ne les accompagnait pas et ne pouvait donc pas calmer son meilleur ami, et l'autre jeune homme n'avait pas suffisamment de caractère pour se faire entendre des deux autres. Quant aux filles… c'était bien plus délicat. Beaucoup plus délicat, même.
« Vous allez à Pré-au-lard ?
- Ce genre de questions connes, Lavande, je crois que tu peux te les garder.
- Hey !
- Ce n'est pas une manière de parler aux filles, Thomas. »
Zabini jeta un regard goguenard à Dean avant de faire un sourire des plus charmeurs à Lavande qui se dandinait sur elle-même, toute rosie de plaisir.
« On pourrait peut-être faire le chemin ensemble ?
- Ah je crois pas !
- Et pourquoi donc ?
- On traîne pas avec des Serpentard.
- Ton pote est tellement nul en potions qu'il a pactisé avec l'ennemi pour remonter sa moyenne. L'argument ne tient pas. »
Entendant les paroles de Nott, Harry jeta un regard incertain à son meilleur ami qui fulminait, tout autant que Dean qui semblait clairement se retenir d'étrangler Zabini. Ce dernier s'était rapproché de Lavande, ce qui semblait clairement amuser Parvati et Hermione. Elle craquait pour lui depuis pas mal de temps mais n'était jamais parvenue jusque là à attirer son attention. Et Harry se demandait vraiment si le jeune homme était sincère, ou si c'était juste un moyen comme un autre de s'immiscer dans le groupe.
Malgré les conflits, les deux groupes partirent ensemble en direction de Pré-au-lard. Très vite, Draco s'imposa à droite de Harry afin de s'éloigner le plus possible des Gryffondors et en même temps de pouvoir discuter avec lui en toute tranquillité. Zabini et Nott s'occupaient de mettre de l'animation en charriant les deux impulsifs du groupe, tout en draguant un peu. Lavande fondait complètement face aux petites attentions de Zabini, ignorant superbement Dean qui, pourtant, lui courait après depuis l'année passée. Au bout d'un moment, Harry demanda discrètement au blond si son ami était honnête. Le léger sourire qu'il lui fit lui indiqua que non.
Et la suite des évènements également.
OoO
Oh, what fun it is to ride and sing
A sleighing song tonight
OoO
Le chemin menant à Pré-au-lard n'était pas bien long, mais avec la neige qui en tapissait le chemin, ils mirent bien plus de temps que prévu. Enfin, Harry n'allait pas se plaindre : la route avait été balayée et n'était pas trop glissante, ils pouvaient donc marcher sans devoir regarder leurs pieds pour éviter le moindre accident. D'autant plus que la présence des Serpentards avait quelque chose de rafraîchissant. Et de surréaliste.
Pré-au-lard avait cette année encore été décoré pour les fêtes. Toutes les maisons et boutiques du village arboraient de magnifiques et traditionnelles décorations de Noël. Des guirlandes lumineuses éclairaient les rues tapissées de neige et encombrées çà et là de sapins aux branches alourdies par les boules et autres sujets suspendus. En marchant, Harry s'émerveillait encore en regardant les façades décorées de couronnes ou les branches de sapins où s'enroulaient des rubans rouges et dorés.
Il y avait même des sculptures de glace à l'entrée des maisons, il resta quelques minutes à regarder un renne translucide. Il avait été taillé avec une grande finesse, les membres harmonieux faisant quelques pas dans la neige et sa tête tournée vers le ciel.
Dire qu'elle lui faisait penser à son père, à travers son patronus, serait un peu exagéré. Mais cette sculpture avait ce petit quelque chose qui éveilla quelque chose en lui. Et Harry se sentait bien, là, à admirer ses courbes gracieuses comme un enfant et à savourer cet instant de pure magie.
« Bon, Harry, t'as fini de regarder ta sculpture ?
- Ouais, il fait froid et il va y avoir plein de monde au marché de Noël !
- Franchement, Ron, Dean, vous êtes soûlants…
- Mais quoi ?! Toi aussi t'es gelée Hermione, et puis franchement…
- Partez devant, on vous rejoint. »
La proposition de Draco fit comme sursauter les deux Gryffondors, qui sur le coup, ne surent comment répondre. Hermione ne cacha pas sa surprise, pas plus que les autres d'ailleurs. Mais il fallait croire que les Serpentards étaient bien rodés, car aussitôt, ils réagirent. Blaise fut le premier à prendre la parole.
« Ça me va, on se retrouve plus tard !
- Nan mais ça va pas ?! On part pas sans Harry !
- Depuis tout à l'heure, ton pote nous ralentit à force de s'arrêter devant les sculptures. Franchement, c'est casse-pied ! »
Avec un certain savoir-faire, Zabini et Nott parvinrent sans trop de mal à les mener sur leur chemin en faisant passer Harry pour un emmerdeur de première. Ce dernier se contenta de lever les yeux au ciel d'un air profondément agacé.
« Et pourquoi Malfoy resterait avec lui ?
- Peut-être que j'ai suffisamment de thune pour ne pas avoir besoin de ce genre de marché pour me payer de bons produits ?
- Oh toi ta gueule ! »
Mais sa remarque fit son bout de chemin. Depuis leur départ de Poudlard, Draco parlait très peu du marché de Noël qui s'était établi depuis le début du mois dans le village et ne montrait pas beaucoup d'intérêt quant à cette balade, sans doute parce qu'elle était redondante pour lui et que le plaisir de boire du chocolat chaud par un tel froid n'éveillait aucun plaisir particulier. Faire croire aux autres qu'il se fichait éperdument du marché et que c'était plus amusant de regarder Harry décortiquer des yeux des bouts de glace ne fut donc pas si difficile à faire.
Au bout d'un moment, Ron accepta enfin de laisser son meilleur ami derrière lui, quand il comprit que Harry trouvait plus de plaisir à regarder les sculptures qui s'alignaient un peu plus loin dans une allée que de jouer au pique-assiette en grignotant tout ce qui lui passait sous la main. Ainsi, après un regard soupçonné lancé au blond, il partit avec ses amis, et les Serpentards, bien sûr.
Et quand Harry les vit au loin, il se dit qu'il était vraiment en train de rêver.
« Enfin débarrassés de ces gêneurs ! Je commençais à manquer de patience.
- Vous êtes terribles…
- Pourquoi ? Parce qu'ils s'y sont mis à trois pour qu'on puisse être rien que tous les deux ?
- Ils sont au courant ?
- Bien sûr que oui. Tu me vois leur imposer une sortie pareille sans leur expliquer le pourquoi du comment je veux être seul avec toi ?
- Et comment ils ont réagi ?
- Ils se sont foutus de ma gueule. »
Harry éclata d'un rire sincère, arrachant à son petit ami son premier vrai sourire de la journée. Le blond lui donna un léger coup d'épaule, à défaut de pouvoir lui ébouriffer les cheveux, car cachés sous son bonnet. Et alors le jeune homme se sentit bien. Vraiment bien.
Car ils n'étaient que tous les deux, et que cette seconde sortie à Pré-au-lard à l'occasion du marché de Noël, il l'avait rêvée avec lui à ses côtés.
« Ça ne te dérange vraiment pas si on va voir les sculptures ?
- Absolument pas. Comme ça, ils auront tout le temps de faire leur tour et d'aller aux Trois Balais pour ne pas t'attendre dans le froid.
- Tu es machiavélique…
- Ce n'est pas parce que je sors avec toi que je dois supporter tes amis.
- Au final, ça ne répond pas vraiment à ma question.
- Je m'en fous, Harry. Fais ce qu'il te plaît. »
Il avait les traits doux, comme lorsqu'ils n'étaient que tous les deux et qu'il se détendait enfin, laissant de côté quelques instants son masque d'orgueil et de faux-semblants. Alors, tranquillement, ils se dirigèrent vers les différentes sculptures de glace qui s'alignaient le long des allées, décorant les entrées des maisons ou bien des boutiques. Harry n'était pas le seul à s'arrêter devant ces œuvres d'art éphémères, les dévorant des yeux avec un plaisir non feint. Près de lui, Draco le regardait d'un air taquin, parfois moqueur, devant son comportement enfantin.
Mais il ne se plaignit pas un seul instant. Même quand Harry sut qu'il abusait et qu'il serait vraiment temps de rejoindre le marché. Draco se montra étonnement patient et l'entraîna même dans diverses ruelles pour lui montrer ses découvertes du week-end passé. En fait, Théodore n'aimait pas vraiment Noël, donc le marché ne l'intéressait pas beaucoup. Il préférait encore se balader dans Pré-au-lard et regarder les décorations ouvragées suspendues aux branches des sapins ou bien les sculptures de glace magique, comme Harry. Ce dernier rougit et lui dit que son ami ne devait pas être content de se retrouver pile dans une sortie qu'il détestait. Draco lui répondit avec son petit sourire en coin qu'il lui avait donné de quoi s'occuper.
Après cette balade, ils se rendirent enfin au marché de Noël, véritable évènement dans le village qui attirait aussi bien les sorciers du coin que les étudiants qui y dépensaient une bonne partie de leurs petites économies. Un véritable village de chalets en bois avait trouvé leur place non loin de l'allée principale, s'organisant en plusieurs allées lumineuses et pleines d'animation. Sa taille était plutôt modeste mais Harry, qui n'en avait jamais fréquenté, le trouvait grand et magnifique.
Leur balade dura des heures et des heures. Les étudiants de Poudlard encombraient les allées et s'agglutinaient devant certains stands, surtout ceux d'où s'échappaient de délicates odeurs de chocolat, de sucre ou encore de biscuits, délaissant ceux qui ne proposaient que des objets dont ils n'auraient guère l'utilité au château.
En compagnie de Draco, ignorant certains regards inquisiteurs, Harry visita le marché en s'arrêtant à chaque stand, s'amusant des décorations de Noël faites mains et vendues par les commerçants, et qui parfois avaient des formes vraiment particulières. Il joua délicatement avec une boule de Noël en forme de chaudron en argent d'où s'échappaient des vapeurs multicolores formant des formes diverses, comme des cœurs, des étoiles ou des flocons de neige, selon ce qui lui passait par la tête.
Draco, lui, ne s'émerveillait pas de grand-chose, restant dans sa réserve toute aristocratique, haussant à peine les sourcils face aux décorations de mauvais goût, comme des gobelins déguisés en Père Noël ou jouant du violoncelle. Comme si j'allais suspendre ça à mon sapin, avait-il dit d'un air morne. Au bout d'un moment, le Survivant se dit même que le blond devait s'ennuyer avec lui. Et alors qu'il s'émerveillait sur le petit chaudron d'argent, imaginant dans sa tête le sapin qu'il pourrait décorer dans son chez lui quand il quitterait Poudlard, l'année suivante, Harry se dit qu'il était définitivement un des garçons les plus ennuyants de Poudlard, et qu'à part son statut de héros national, il n'avait définitivement rien d'intéressant.
« Tu comptes le tripoter encore longtemps, ce chaudron ?
- Pardon ?
- Le chaudron. Tu vas jouer avec encore longtemps avec ?
- Heu… »
Harry redescendit de son petit nuage et réalisa que le vendeur était planté devant lui avec un léger sourire, lui tendant la main pour qu'il le lui donne. Le brun hésita un court instant puis le lui tendit.
« Je vous le prends.
- Le jeune homme a déjà payé. »
Stupéfait, Harry jeta un regard interrogateur au Serpentard qui lui fit un sourire taquin avant de faire quelques pas vers le stand suivant. Le vendeur emballa la décoration d'un tour de main et à peine eut-il le temps de le lui rendre que Harry se précipitait vers Draco qui fixait avec un intérêt tout relatif un sapin se dandinant en jouant avec les clochettes pendues à ses branches. La mélodie était fort peu harmonieuse mais l'arbuste avait le mérite de faire sourire. Ou rire, dans le cas de Harry, qui posa sa main sur son avant-bras en luttant pour ne pas se hisser sur la pointe de ses pieds et déposer un baiser sur sa joue.
« Merci, Draco.
- C'est pas grand-chose.
- Merci quand même.
- Ce qui est bien avec toi, c'est que t'es pas compliqué à contenter.
- Je ne sais pas comment je dois le prendre…
- T'es pas superficiel. Et c'est une de tes plus grandes qualités. »
À cet instant, Harry n'aurait souhaité qu'une chose : que tous les élèves disparaissent et qu'il ne reste plus qu'eux deux, et qu'enfin, il puisse glisser sa main dans la sienne. Leurs gants auraient empêché tout contact, mais enfin Harry aurait vraiment pu le toucher. Et alors leurs rôles auraient changé : ils n'auraient plus été deux anciens ennemis plus ou moins rabibochés mais deux personnes qui se fréquentaient. Deux garçons qui avaient des sentiments.
Du moins, Harry en avait.
« À quoi tu penses ? »
Harry leva les yeux vers lui, réalisant à nouveau à quel point Draco pouvait être grand par rapport à lui.
« À rien.
- Ne dis pas ça, c'est pas vrai. Tu avais l'air triste.
- Tu ne t'ennuies pas, avec moi ? »
Le blond haussa un sourcil perplexe, attendant la suite, qui tarda un peu à venir.
« Noël, c'est pas vraiment ton truc.
- Oui, et ?
- Et peut-être que tu t'ennuies.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Tu n'as par l'air de t'amuser, et puis…
- Je ne suis pas venu à Pré-au-lard pour le marché de Noël. Je suis venu pour passer du temps avec toi. Et la seule chose qui m'ennuie vraiment, c'est de ne pas pouvoir te toucher. »
Harry sentit une douce chaleur monter en lui en entendant ces mots. D'autant plus que Draco venait de détourner son visage, une légère rougeur étant apparue sur ses joues. Rassuré, Harry lui fit un sourire et rangea son cadeau dans la poche intérieure de sa cape d'hiver.
« On finit l'allée puis on va manger quelque chose ?
- Monsieur Malfoy a faim ?
- Il en a marre des sapins qui se dandinent alors que derrière lui, il y a un stand de chocolat chaud. »
Après un sourire amusé, Harry l'attira sur le côté pour poursuivre leur chemin, et enfin, ils parcoururent les allées à la recherche d'un chalet vendant de bonnes friandises chaudes. Ce fut Draco qui l'attira vers un stand typiquement français où s'agglutinaient les élèves de Poudlard, salivant devant la marmite de chocolat chaud qui se touillait toute seule d'un mouvement lent et paisible, mais aussi les poilons où cuisaient à la chaine des crêpes et des gaufres. Des pots de confiture, de chocolat, miel et autres douceurs s'alignaient sur l'étalage, séparant les pâtisseries des diverses sucreries de rigueur en ces temps de fêtes.
Alors que Draco entrait dans une profonde méditation sur ce qu'il allait commander, Harry s'émerveilla une fois encore sur les friandises savamment disposées derrière la vitrine de l'étal. Les sucres d'orge aux multiples couleurs et arômes lui faisaient bien envie, tout comme les pommes d'amour aux couleurs improbables. Mais il savait qu'il avait un petit appétit et que ses yeux étaient bien plus gourmands que son ventre.
« Bon, qu'est-ce que tu prends, Potter ?
- Heu, je ne sais pas…
- Dépêche-toi, c'est bientôt notre tour !
- Qu'est-ce que tu as choisi ?
- Une crêpe avec de la crème pâtissière, des fraises, des framboises, de la chantilly, et…
- Rien que ça ?! Oui oui, je sais, tu es un Malfoy, et un Malfoy ne peut pas se contenter d'une seule garniture comme le commun des mortels…
- J'adore quand tu lis dans mes pensées, Potter. »
Les noms de famille étaient de rigueur, vu la population qui les entourait. Jusque là, ils n'avaient rencontré aucun de leurs amis mais de nombreux élèves de leur année. Forcément, les regards étonnés ou suspicieux allaient bon train, mais il n'y avait rien d'étonnant à cela, vu qu'ils ne traînaient jamais vraiment ensemble, sauf à la bibliothèque et parfois dans les couloirs. Mais pour le moment, il n'y avait rien de vraiment suspect entre eux : Draco était très éloigné de lui dans son attitude, son regard et ses mots, et Harry était toujours aussi réservé.
Malgré l'éloignement de Draco, Harry passait un très bon moment. Même s'il savait qu'il lui manquait quelque chose.
Car Draco n'était pas toujours ce jeune home réservé, narcissique et orgueilleux qui avait ce besoin presque obsessionnel de se différencier de la masse. Dire qu'il était tendre, amoureux et aux petits soins serait un gros mensonge. Cependant, le fait était qu'il savait se montrer attentif et gentil. Il n'était pas un monstre de tendresse mais il avait des gestes, des regards, et même des mots qui ne trompaient pas. Du moins, pour Harry, ils avaient une signification.
Draco tenait à lui. Jaloux, possessif et un peu trop envahissant, Draco lui montrait de mille et une manières qu'il le voulait dans sa vie.
Si Harry en avait parlé à ses amis, nul doute qu'ils lui auraient dit que le blond lui mentait et se servait de lui. Qu'il ne pouvait pas être sincère, qu'il n'était que l'objet d'un pari ou d'une lubie du jeune homme, qui voulait se taper le Survivant.
Mais s'il y avait bien une chose qu'on ne pouvait pas lui faire, à Harry, c'était de lui mentir.
Il en avait trop bouffé, des mensonges. Il savait les lire sur les visages, dans les yeux, dans la voix de ceux qui les proféraient. C'était comme une sorte d'instinct. Harry n'était pas devin, on parvenait encore à le berner, mais pour de petits mensonges sans importances. Cela dit, pour ceux en qui il n'avait pas confiance, il décortiquait chaque mot, chaque regard, chaque geste, et y détectait le moindre faux pas.
Draco n'avait pas échappé son analyse, et le moins qu'on puisse dire, c'était qu'il mentait avec un savoir-faire impressionnant. Du moins dans les premiers temps de leur relation, quand ils ne sortaient pas encore ensemble et que, après le bal d'Halloween, le jeune homme s'était mis à le draguer de façon bien plus soutenue, poursuivant son œuvre débutée lors de cette fameuse soirée. Le jeune homme était suffisamment intelligent pour comprendre que Harry n'était pas facile à berner et qu'il était testé en permanence, et surtout, qu'un baiser, aussi magique soit-il, ne ferait pas disparaître sa suspicion naturelle.
Alors, le blond avait changé. Parce que sa démarche, dans le fond, était sincère, et qu'il le regardait de loin depuis trop longtemps pour tout gâcher avec son éducation de petit prince hypocrite et menteur. Pour ne pas tout gâcher, Draco se montra plus honnête avec lui, dévoilant un tout autre visage. Bien évidemment, il demeurait le même dans le fond et c'était ce que Harry aimait, de toute manière, mais son attitude demeurait plus honnête. Plus claire.
C'était comme si le vrai Draco, celui qui n'était pas si sûr de lui, qui éprouvait des doutes face à l'avenir, qui avait peur de l'engagement et de tout ce qui allait avec, se révélait à lui en d'intimes moments de pure complicité.
Alors, même si son contact lui manquait, à lui qui n'était jamais vraiment sorti avec personne et qui ne connaissait pas encore se plaisir de se balader main dans la main avec celui qu'on aime, Harry passa un excellent moment. Sans compter qu'il ne s'attendait pas à passer autant de temps seul avec Draco. Alors, ce n'était que du bonheur.
« Bon, tu te décides ?! On va pas y passer la journée ! »
À peine prononça-t-il ces mots que les personnes juste devant eux quittèrent la file, crêpes et gaufres en main. Aussitôt, Draco passa sa commande d'une voix impérieuse, malmenant l'employé qui tenta tant bien que mal de répondre à chacune de ses exigences, et Merlin savait à quel point il en avait. Pendant ce temps, un autre employé se libéra et servit Harry, non sans lui décrocher un très beau sourire, sans doute en le reconnaissant.
C'était toujours un peu embarrassant. Durant des mois, Harry avait vu son visage placardé partout et apparaître sans cesse en première page des journaux. Depuis, quand des étrangers le reconnaissaient, Harry était encore plus gêné et ne savait plus trop comment se comporter. Surtout quand c'étaient des hommes, qu'ils étaient mignons et qu'ils lui faisaient une petite ristourne, parce qu'il était Harry Potter et qu'ils lui devaient bien ça.
Draco capta le petit manège qui se jouait à côté de lui, mais il ne pouvait guère intervenir, sous peine d'attirer l'attention, et il ne pouvait guère se le permettre. Alors il rongea son frein et se contenta de jeter de sales regards à l'employé jusqu'à ce qu'ils aient leurs commandes en main et qu'ils puissent s'éloigner.
Perplexe, Harry regarda la crêpe bien garnie que le blond tenait dans une de ses mains, l'autre étant occupée avec son gobelet de chocolat chaud. Il se demanda comment il allait réussir à la manger sans en mettre partout. Mais après tout, c'était un Malfoy, et un Malfoy savait manger correctement n'importe quel aliment, et avec classe, en plus. Le brun ne pourrait sans doute pas en dire autant avec son chocolat recouvert de chantilly et sa pomme d'amour d'un bleu éclatant, qui ne manquerait pas de lui colorer les lèvres et la langue.
Plutôt que d'aller aux Trois Balais rejoindre les autres, ils poursuivirent leur balade. Il restait encore quelques chalets qu'ils avaient sautés pour aller se chercher un petit quelque chose à manger, mais surtout, c'était un prétexte comme un autre de rester encore un peu ensemble. Harry ne sentait même plus le froid, savourant sa boisson chaude et le bruit de ses pas dans la neige qui commençait à retomber en petits flocons sur le village.
« On ne va pas tarder à aller aux Trois Balais, ils vont finir par se demander ce qu'on est devenu.
- Tu as raison. Mais, tu as déjà fini ta crêpe ?!
- Bien sûr, j'avais faim.
- Tu ne vois pas une poubelle ?
- Pardon ?
- Une poubelle. J'ai plus faim. »
Draco qui, jusque là, ne le regardait pas, baissa les yeux vers lui et alors Harry lui montra le bâton de sa pomme d'amour à moitié mangée. Comme d'habitude, il avait eu les yeux plus gros que le ventre et ne parvenait pas à terminer sa friandise.
Durant quelques secondes, Draco le regarda fixement, le faisant rougir, puis son petit ami se reprit et lui montra une poubelle située à côté d'un chalet. Harry se pressa vers elle pour y jeter sa pomme, s'étant déjà débarrassé de son gobelet, et quand il voulut retourner vers Draco qu'il pensait avoir laissé derrière lui, il sursauta en le découvrant juste derrière lui. Et il n'avait pas franchement l'air particulièrement avenant. Et même carrément énervé.
« Draco ? »
D'un coup, le Serpentard lui saisit le bras et le tira dans une allée du village. Sans comprendre, Harry le suivit, complètement perdu. Ils s'enfoncèrent dans les rues un peu éloignées du village, loin de l'animation, et rapidement le brun perdit tous ses repères, ne s'étant jamais aventuré dans ce coin-là.
« Draco, tu peux m'expliquer ce qui te… »
Et alors, soudain, le blond se retourna vers lui. Il le plaqua contre le mur glacé d'une maison et s'empara de ses lèvres, en un baiser ardent, passionné et dominateur. Complètement largué, Harry sentit pourtant ses joues virer à l'écarlate quand la bouche de son petit ami se fit pressante, suçant ses lèvres pour les entrouvrir, alors que ses bras l'enlaçaient, sa main gantée de cuir lui tenant la tête et la nuque. Sans résister, le brun rendit les armes et entrouvrit les lèvres, avant de comprendre que c'étaient ses lèvres qu'il mangeait, s'intéressant, là, tout de suite, très peu à sa langue.
Le sucre.
Il avait la bouche sucrée.
Harry se demanda sérieusement si le caramel bleu de la pomme d'amour qui avait recouvert sa bouche était vraiment ce qui avait fait disjoncter le Serpentard…
Car là, tout de suite, il fondait complètement face au baiser gourmand de son petit ami, subissant ses assauts, sans vraiment pouvoir lui rendre la pareille, emporté qu'il était par ce tourbillon de passion et de sensualité. Il reprit un peu pied quand il sentit la langue de Draco pénétrer sa bouche et s'en emparer d'une toute autre manière, glissant contre la sienne pour la caresser de façon plus tendre, amoureuse, presque. Un peu comme si ce baiser n'était plus quelque chose d'égoïste, un besoin de le posséder et de le dévorer, mais quelque chose qu'il lui offrait.
Parce qu'il avait envie.
Parce que dans la rue, au milieu de la neige, de tout ce monde, des chalets, il l'avait désiré.
Il avait eu envie de le tenir par la main, de lui attraper le bras, de le regarder comme il en mourrait d'envie, et puis de l'embrasser, comme ça, sans réfléchir.
Mais ils ne pouvaient pas le faire.
Parce que Draco n'était pas prêt à renoncer à cette relation de rivalité qui existait encore entre eux pour afficher aux yeux de tous leurs sentiments. Et que tant qu'il ne se serait pas décidé à accepter l'idée qu'il avait un copain, et non pas un simple amant, Harry ne parlerait pas de son homosexualité à ses amis. Il savait qu'ils accepteraient, vu qu'ils avaient bien réagi quand Seamus leur en avait parlé. Mais si Harry suivait le même chemin, ils le surveilleraient, chercheraient à savoir qui l'avait fait basculer de l'autre côté de la barrière et ça finirait mal.
Leurs lèvres se décollèrent dans un mouvement de buée blanche qui voleta autour de leurs bouches. Harry rouvrit les yeux et rencontra son regard illuminé de désir. Draco baissa les yeux vers sa bouche, sans doute rougie et luisante, puis le remonta vers lui. Il parla tout contre ses lèvres, comme s'il craignait qu'on l'entende. Sa voix basse fit parcourir de délicieux frissons le long de son dos.
« J'en ai envie depuis qu'on a quitté Poudlard.
- Tant que ça ?
- Ouais. On te regarde trop, c'est insupportable. Faut vraiment qu'on fasse quelque chose.
- Quoi ? En parler ? T'assumes pas, Draco.
- Toi non plus.
- Je suis prêt à assumer si toi tu le fais aussi.
- Tes amis ne savent même pas que t'es gay…
- Parce que si je leur dis, ils chercheront à savoir avec qui je sors, on va s'engueuler, toi et moi, et ça va mal finir.
- En gros, t'attends que moi je change de comportement pour tout leur dire d'un coup ?
- C'est ça.
- Tu connais pas la subtilité ?
- Moi, si, mais pas Ron. Et ne lève pas les yeux au ciel, Seamus a mis un mois à lui faire comprendre qu'il aimait les hommes, et encore, il a dû le prendre entre quatre yeux et lui dire très clairement les choses, alors qu'il fricotait depuis la rentrée avec un garçon de Serdaigle.
- L'espèce de con qui t'a proposé d'aller au bal d'Halloween avec lui ?
- Qu'est-ce que tu peux être vulgaire quand tu veux…
- Je ne suis pas vulgaire, mais réaliste.
- Et très jaloux, aussi. »
Le blond lui jeta un regard de travers qui le fit sourire. Sa main posée sur sa cape au niveau de ses hanches se déplaça et passa dessous pour se poser sur le creux de son dos. Son cœur s'emballa dans sa poitrine alors que le Serpentard le clouait de son regard contre le mur, sa main descendant lentement sur ses fesses.
« Tu es à moi. Personne n'a le droit de te draguer ou de te faire des propositions malhonnêtes.
- Tout de suite les grands mots… Et on a le droit de me regarder ?
- Je ne peux pas crever les yeux de tous les hommes d'Angleterre, je finirais à Azkaban. Ce qui n'arrangerait pas mes affaires.
- Hey, retire ta main, si quelqu'un… »
Draco le fit taire en l'embrassant, alors que sa main posée sur son postérieur se faisait plus insistante. Et c'était bien son plus gros défaut, il n'y avait pas à dire : Draco était un vrai obsédé. Ou alors Harry était trop prude, mais il estimait que son petit ami était tout de même bien porté sur la chose, vu les sous-entendus qu'il lui faisait régulièrement et les gestes qui allaient avec. Et manifestement, il faisait un blocage sur son arrière-train.
« Draco, il va vraiment falloir y aller.
- Je sais. Mais j'ai pas envie de revoir tes boulets d'amis.
- Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. »
Pour clore la conversation, et surtout ce petit moment d'intimité, Harry se pencha pour planter un léger baiser sur sa bouche. Draco comprit le message et se recula. Puis, tranquillement, ils rejoignirent les Trois Balais, où Blaise et Dean étaient à deux doigts de s'écharper, tandis que Ron boudait dans son coin sous le regard goguenard de Nott, les autres essayant tant bien que mal d'éviter l'incident diplomatique qui les ferait tous jeter dehors par la plantureuse Madame Rosmerta.
OoO
Oh ! Jingle bells, jingle bells, jingle all the way !
Oh, what fun it is to ride, in a one-horse open sleigh-ay !
OoO
(A suivre)
