Bonjour encore,

Voici la nouvelle histoire que je veux partager avec vous. Pour le moment, j'ai 20 chapitres d'écrit et je vais pouvoir continuer la publication deux fois par semaine.

Cette histoire sera différente de la précédente, plus sombre et plus dure.

J'espère qu'elle vous plaira. Attention, elle contiendra du sexe, des scènes de torture et Alastair ... je suppose que ça veut tout dire non ?

Je vous souhaite une bonne lecture à tous et espère que vous serez nombreux à la lire et à la commenter !

Sydney8201

Musique du chapitre :

Wake me up de Avicii

Chapitre 1 : L'autostoppeur

« L'étranger est peut-être un ami que vous ne connaissez pas encore »

Anonyme

Castiel roulait depuis des heures déjà et il commençait à être sérieusement fatigué. Il n'avait pas pour autant l'intention de s'arrêter d'ici peu. Il comptait bien mettre un maximum de distance entre lui et la ville qu'il venait de quitter. De la distance entre lui et sa famille.

Il aimait sincèrement ses parents. Il adorait chacun de ses frères et sœurs. Il avait toutes les raisons d'être heureux. Mais il avait de plus en plus de difficultés à les supporter. Il avait besoin de prendre un peu de temps pour lui et de faire le point sur ce qu'il voulait faire de vie.

A vingt deux ans, Castiel était toujours totalement perdu sur ce dernier point. Il avait un diplôme en poche, pouvait continuer dans cette voie et devenir médecin comme son père. Mais c'était ce que ses parents attendaient de lui. Et ce n'était certainement pas ce que lui voulait faire. Il aimait l'idée de venir en aide aux gens. Mais il détestait l'idée d'être médecin uniquement pour satisfaire les ambitions de ses proches. Tous ses frères avaient des métiers prestigieux. Luke était avocat. Michael était chirurgien et Uriel dirigeait sa propre maison d'édition. Anna avait opté pour la musique, au grand damne de ses parents, mais elle était rapidement devenue l'une des plus grandes pianistes de sa génération et leur père était fier d'elle. Gabriel avait été le seul à refuser de suivre le chemin qui était tracé pour lui. Il n'avait jamais été du genre à obéir aux ordres de leurs parents. Et il avait rapidement été exclu de leur vie et de leur héritage. Aux dernières nouvelles, il était chef pâtissier dans un restaurant de Chicago. Il n'appelait plus aucun des membres de leur famille depuis son départ trois ans plus tôt et Castiel n'avait que quelques nouvelles de lui par mail quand son frère était d'humeur à lui en donner. Il savait que Gabriel avait raison d'être parti. C'était évident aujourd'hui pour Castiel que son grand frère était celui qui avait eu le plus de courage. A l'époque pourtant, il lui avait dit le contraire. Il l'avait accusé de trahir leur famille, de trahir leurs parents et d'être lâche. Ils s'étaient disputés mais étaient restés en contact. Après tout, ils avaient toujours été extrêmement proches.

Et à présent que Castiel était déterminé à prendre les choses en mains, il comptait sur l'aide de Gabriel pour trouver sa voie. Il n'avait pas encore prévenu son frère de son arrivée imminente mais il espérait sincèrement que ce dernier accepterait de l'héberger quelques temps. Histoire qu'il retombe sur ses pieds et trouve enfin quelque chose qu'il aurait envie de faire.

Le père de Castiel lui avait hurlé dessus quand il avait appris son envie de partir loin de la maison familiale où il vivait toujours à vingt deux ans. Il ne lui avait pas demandé son avis avant de renoncer à se réinscrire pour terminer son cursus. Il avait obtenu son diplôme quatre ans après sa sortie du lycée, obtenu des notes exceptionnelles au MCAT et gagné le droit d'entrer dans une des plus prestigieuses école de médecin du pays. Mais au moment de compléter son inscription, il avait réalisé qu'il s'embarquait pour quatre années universitaires de plus et au moins deux années supplémentaires avant de pouvoir exercer. Il ne se voyait pas passer tout ce temps à étudier pour obtenir le droit de faire un métier qu'il n'aimait pas. Il avait besoin de se poser les bonnes questions et de décider de ce qu'il voulait réellement faire de sa vie. Peu importait que cela lui coûte l'affection de ses parents et la sécurité financière de la famille Novak. Il voulait vivre sa vie comme bon lui semblait et il savait d'ors et déjà qu'il pouvait compter sur Gabriel pour lui apprendre ce que cela signifiait vraiment.

Mais pour le moment, Castiel voulait surtout rouler. Il avait une année entière pour décider de son avenir, un peu d'argent de côté et une voiture en parfait état de marche. Un petit voyage à travers les Etats Unis lui semblait la meilleure solution. Visiter quelques endroits connus avant de prendre la route de Chicago. C'était son unique plan pour les mois à venir et c'était exactement ce dont il avait besoin.

Castiel savait qu'il était probablement une énorme déception pour ses parents à cet instant précis. Il n'avait jamais voulu en arriver là même s'il avait toujours su que c'était ainsi que cela finirait. Il n'avait jamais été réellement honnête avec eux et il savait que s'il l'avait été dès le début, il aurait été mis à la porte plus tôt. Pas parce qu'il ne voulait pas devenir médecin. Pas uniquement pour ça. Mais aussi et surtout parce qu'il avait toujours su, sans nul doute depuis le début de sa puberté, qu'il était gay.

Il savait exactement ce que ses parents pensaient des homosexuels. Il les avait entendu en parler à table parfois. Ils pensaient qu'il s'agissait là d'une déviance, d'un péché et d'une maladie qu'il était urgent de soigner. Ils associaient homosexualité et perversion et Castiel ne ferait pas exception. C'était ce qui l'avait conduit à nier pendant longtemps ses préférences. Ce qui l'avait conduit à n'avoir que quelques rares expériences avec des hommes de passage dont il ne parlait à personne. Ce qui l'avait conduit à mentir à ses parents et à se cacher pour être lui même. Mais à présent qu'il était seul et déterminé à vivre sa vie comme bon lui semblait, il n'avait plus l'intention de se cacher. Il allait tout dire à Gabriel. Il allait rencontrer un homme et être heureux. Peu importait ce que ses parents penseraient de lui à terme. Il les aimait mais ils allaient devoir l'accepter tel qu'il était ou le perdre. La balle était dans leur camp.

Castiel étouffa un bâillement puis changea de station de radio jusqu'à obtenir de la musique. Il roulait sans trop savoir la direction qu'il avait prise. Il n'avait pas de but précis et il adorait cette incertitude qui le faisait se sentir réellement libre pour la première fois de sa vie. Il savait qu'il roulait vers le Nord mais il n'avait pas fait attention aux panneaux. Il s'arrêterait quand il serait incapable de conduire plus longtemps sans être dangereux. Il roulerait jusqu'à manquer de s'endormir au volant. Il pouvait le faire. Il n'avait personne pour lui ordonner de faire demi tour. Personne pour lui répéter encore et encore qu'il était sur le point de gâcher sa vie.

Castiel commença à chanter par dessus la musique en tapant le rythme du bout des doigts sur le volant. Il n'y avait personne d'autre que lui sur la route et il roulait un peu au dessus de la vitesse autorisée. Il avait la fenêtre ouverte, l'air chaud de la fin de l'été lui fouettant le visage. C'était comme vivre un rêve éveillé. C'était excitant et effrayant en même temps. C'était sa vie à présent.
Le jeune homme sentit un sourire étirer ses lèvres alors que la chanson changeait à la radio. Il ne connaissait pas la suivante mais il continua tout de même de suivre le rythme du bout des doigts. Il cligna plusieurs fois des yeux quand le soleil commença à descendre dans son champ de vision. Il relâcha le volant pour attraper ses lunettes de soleil et les mit sur son nez en gardant le regard fixé sur la route devant lui. Il avait emmené avec lui le strict nécessaire. Quelques vêtements et sa trousse de toilette. Il n'avait pas besoin de plus pour ce nouveau départ. Et il n'avait pas voulu rester trop longtemps chez lui sous le regard désapprobateur de ses parents.

Castiel jeta un coup d'oeil à sa montre. C'était la fin de l'après midi et il commençait à avoir faim. Il n'avait aucune idée de la ville la plus proche ou du nombre de kilomètres qui le séparait du prochain restaurant. Il soupira puis observa le paysage autour de lui. Il était sur une route de campagne, droite et large, entourée d'arbres et de champs. C'était un paysage magnifique et sauvage. Un paysage qui collait totalement à l'état d'esprit du jeune homme. Il sourit de plus belle en accélérant sensiblement. Il pouvait s'arrêter à la prochaine ville et manger un morceau avant de reprendre la route. Il pouvait s'arrêter dans un motel pour la nuit. Il pouvait faire exactement ce qu'il voulait. Personne ne le jugerait.

Castiel changea à nouveau de station de radio quand des grésillements commencèrent à entrecouper les chansons sur celle qu'il avait choisi quelques minutes plus tôt. Il eut quelques difficultés à en trouver une qui diffusait autre chose que de la country. Quand il y parvint enfin, il recommença à chanter à tue tête. Tout était parfait.

Le jeune homme était totalement absorbé par la musique et la route qui semblait se prolonger à l'infini devant lui et il fut surpris quand il aperçut une silhouette sur le bas côté à une centaine de mètres de lui. Castiel ralentit aussitôt. Il se souvenait que trop bien des accidents dont on parlait régulièrement à la télévision. Des personnes renversées par des conducteurs qui ne jugeaient pas bon de ralentir en les voyant et qui finissaient par faire un écart sur la route leur coutant la vie. Il appuya donc sur le frein avec violence alors qu'il approchait de la silhouette devant lui.

Quand il fut suffisamment prêt pour voir la personne qui marchait, il devina qu'il s'agissait d'un homme. Il avançait d'un pas rapide et avait son bras tendu à sa gauche, le pouce levé. Il faisait du stop. Castiel se demanda comment il avait pu arriver là à pied alors que la dernière ville que le jeune homme avait traversé était déjà à des dizaines de kilomètres derrière lui. Peut être son précédent chauffeur l'avait-il laissé en plan ici. Ou peut-être venait il d'une autre route que Castiel n'aurait pas vu. Le jeune homme fronça les sourcils et sans réellement s'en rendre compte s'arrêta à côté de l'autostoppeur. Il savait que ce n'était pas prudent. Il était seul au milieu de nul part et cet homme pouvait tout à fait être un tueur en quête de sa prochaine victime. Mais Castiel se sentait optimiste et d'humeur à venir en aide à quiconque en avait besoin. Il refusait de laisser cette personne marcher pendant des heures sous ce soleil de plomb. Il finirait par se déshydrater et par mourir sur cette route où de toute évidence personne ne passait jamais.

Castiel enclencha le frein à mains et baissa sa vitre. L'autostoppeur se tourna alors vers lui mais resta à une bonne distance. Le jeune homme ne pouvait pas voir son visage mais il devinait qu'il devait être jeune. Probablement de son âge. Il avait un vieux sac sur le dos, portait un jean usé aux genoux et une sweat-shirt dont la capuche était relevée sur sa tête sans doute pour se protéger du soleil.

- Je peux vous emmener quelque part ? Demanda Castiel en se penchant pour voir l'inconnu par la vitre passager.

Ce dernier sembla hésiter à s'approcher mais vint finalement s'accouder au rebord de la fenêtre. Il ne retira pas sa capuche et son visage restait obscurci par l'ombre du tissu. Castiel garda toutefois les yeux rivés sur lui en attendant sa réponse. Il aurait probablement du avoir peur de l'attitude de cet homme mais il se sentait bizarrement en confiance en sa présence. Il n'avait aucune idée du pourquoi de cette sensation.

- Vous allez où ? Demanda l'inconnu dont les mains étaient à présent jointes à l'intérieur de la voiture, ses coudes toujours fermement appuyés sur le rebord de la fenêtre.

C'était une bonne question, une à laquelle Castiel n'avait aucune réponse. Il roulait sans but depuis qu'il était partit de chez lui. Il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait. Il était incapable de donner une destination précise.

- Aucune idée, admit il alors avec sincérité.

L'inconnu ne sembla pas déstabilisé par la réponse. Il hocha lentement la tête.

- OK, ça marche pour moi. Peu importe où vous me déposerez, ce sera toujours mieux qu'ici, déclara t-il.

Il se redressa alors pour retirer son sac de son dos et ouvrit la portière. Il se glissa ensuite à l'intérieur de la voiture et posa son sac sur le sol entre ses pieds. Castiel le regarda pendant une seconde de plus, incapable de voir son visage avec cette fichue capuche, avant de retirer le frein à mains et de se remettre en route.

- Je m'appelle Castiel, lança t-il finalement en guise de présentation.

Quitte à rouler avec un passager pendant un temps indéfini, il préférait connaître son prénom. A côté de lui, l'inconnu avait le visage tourné vers la fenêtre et semblait fasciné par le paysage qui défilait sous ses yeux. Ce qui était évidemment surprenant puisque c'était le même que celui qu'il avait eu tout le loisir d'observer en marchant le long de cette route.

- Dean, finit il par lancer sans regarder Castiel.

Le jeune homme baissa sensiblement le volume de la radio pour pouvoir discuter librement avec son passager. Il transpirait abondamment avec la chaleur et malgré les fenêtre ouvertes, il se doutait que Dean devait être mal à l'aise avec un sweat-shirt et une capuche. Le fait qu'il ne l'ait toujours retiré mettait de surcroît Castiel mal à l'aise. Il avait la sensation que son passager avait quelque chose à cacher. Se pouvait-il qu'il soit défiguré ou couverts de cicatrices ? Castiel frissonna.

- Qu'est-ce que vous faisiez au bord de la route ? Demanda le jeune homme en serrant le volant entre ses mains.

Dean grogna une seconde avant de soupirer.

- Je marchais, répondit il simplement.

Il ne semblait définitivement pas disposé à discuter. Son ton n'était pas désagréable mais sa réponse laissait à supposer qu'il n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet. Castiel savait que ce n'était définitivement pas bon signe mais il préférait penser qu'il s'agissait de prudence de la part de son passager. Après tout, ils ne se connaissaient pas et Dean n'était pas dans l'obligation de répondre à ses questions. Même si Castiel aurait vraiment préféré qu'il le fasse.

- Oh … et depuis longtemps ? Demanda ensuite le jeune homme car il n'avait jamais su faire taire sa curiosité maladive.

Cela avait fait de lui un excellent élève et un étudiant brillant. Mais cela avait souvent compliqué ses interactions avec les gens. Personne n'aimait être interrogé de la sorte. Et Dean ne faisait probablement pas exception.

- Depuis quelques heures … trois ou quatre je suppose … j'ai perdu ma montre. La personne qui m'avait pris avant a du en avoir assez de la compagnie. Il m'a laissé sur le bord de la route. J'ai juste continué à avancer.

Castiel ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait poussé le précédent conducteur à abandonner Dean dans un endroit désert comme celui-ci. Il espérait sincèrement que cette personne n'était pas actuellement morte dans un fossé, tuée de la main de son passager. Il espérait ne pas avoir commis une erreur en le prenant en stop. Il se mordilla la lèvre inférieure une seconde et fut surpris quand Dean reprit finalement la parole.

- Et vous ? Toi ? On peut se tutoyer peut-être, suggéra t-il.

Castiel hocha aussitôt la tête. Il jeta un coup d'oeil à Dean et vit qu'il regardait toujours par la fenêtre les arbres qui défilaient sous ses yeux. Castiel avait envie de lui arracher sa capuche et mettre enfin un visage sur cette voix grave et sensuelle. Il voulait voir les traits de l'homme qu'il avait accepté de faire monter dans sa voiture. Mais il refusait de le lui demander. Il se doutait que cela risquait de sembler malpoli.

- Comment cela se fait il que tu roules sans savoir dans quelle direction ? Tu as juste pris ta voiture et décider de rouler sans prendre la peine de choisir une destination ?

C'était exactement ce que Castiel avait fait. Il savait que cela pouvait paraître bizarre pour quiconque ne le connaissait pas et ne savait pas quel genre de parents il avait. Mais il se fichait de ce qu'on pouvait penser de lui. Il était heureux sur la route. Heureux d'être loin de chez lui et loin de sa famille. Il n'avait pas besoin de quoi que ce soit de plus.

- Plus ou moins oui … j'avais juste besoin de prendre le large pour me changer les idées. Et toi ? Tu as une destination précise que tu dois atteindre ?

Dean ne répondit pas immédiatement et Castiel tenta un nouveau coup d'oeil dans sa direction. Son passager regardait à présent droit devant lui mais le jeune homme ne pouvait toujours pas voir son visage. Ses bras étaient croisés sur son torse, ses mains à moitié enfouies sous les manches de son sweat-shirt. Il avait des doigts longs et fins. Élégants. Castiel s'arracha à sa contemplation pour se reconcentrer sur la route.

- Pas vraiment … j'aime juste voyager … voir du pays et profiter de tout ce que les Etats Unis ont à m'offrir en terme de paysages. J'avais juste oublié que ce genre de choses était plus simple quand on a une voiture.

Castiel acquiesça. Il était surpris de constater que son passager avait plus ou moins le même objectif que lui. Cela signifiait qu'ils pouvaient parfaitement faire la route ensemble pendant un moment. Sauf si Dean lui avait menti et qu'il avait l'intention de le découper en morceaux d'ici un moment. Après tout, il pouvait parfaitement être un meurtrier multirécidiviste en fuite. Le jeune homme tenta de se rappeler s'il avait croisé une prison sur la route mais il n'avait pas suffisamment fait attention à ce qui l'entourait pour le savoir avec certitude. Cela risquait de lui coûter la vie à présent. Il jeta un coup d'oeil rapide au sac de Dean et se demanda s'il contenait des couteaux et des armes à feu. Ou même d'autres outils de torture qu'on voyait dans les films. Il déglutit avec peine.

- J'ai pensé un temps à me rendre à Los Angeles. On m'a souvent dit que je pourrais me faire de l'argent en posant pour des photos de mode … mais je ne veux pas finir acteur dans un film porno comme toutes ses filles désespérées qu'on voit dans les reportages sur Hollywood.

Castiel fronça les sourcils. Si Dean était effectivement aussi sûr de pouvoir devenir mannequin, il n'avait définitivement aucune raison de cacher son visage sous sa capuche. Et cela tendait à prouver qu'il n'était définitivement pas défiguré.

- Mais tu sais, je ne veux pas te mettre la pression et tout ça … tu peux me déposer à la prochaine ville ou même ici si tu veux. Je suis juste content d'avoir pu reposer mes jambes quelques minutes, expliqua Dean après quelques secondes.

Castiel secoua aussitôt la tête. La compagnie ne le gênait pas. A vrai dire, il aimait assez l'idée de faire une partie du voyage avec quelqu'un à ses côtés. Il aimait discuter. Il aimait poser des question et il préférait de loin le faire avec quelqu'un plutôt que seul. Mais il ne pouvait s'empêcher de se dire que Dean cachait quelque chose.

- Ca ne me dérange pas de t'emmener avec moi, expliqua t-il en serrant un peu plus fortement le volant entre ses mains. A vrai dire, je suis assez content d'avoir quelqu'un avec qui parler. On peut faire un bout de chemin ensemble et voir où ça nous mène. Je ne suis pas pressé et de toute évidence toi non plus.

- Dans ce cas là merci Cas.

Le surnom surprit sensiblement le jeune homme mais il le garda pour lui. Dans sa famille, on n'avait pas pour habitude de raccourcir son prénom. Il n'y avait que Gabriel qui refusait de l'utiliser en entier. Il avait pris l'habitude de l'appeler Cassie. Ce que le jeune homme détestait au plus haut point. Mais à sa grande surprise, il aimait assez « Cas ». C'était court et simple. Il savait que « Castiel » n'était pas un prénom commun et on s'était souvent moqué de lui à ce sujet à l'école. Il avait fini par s'y habituer.

- Tu n'as pas chaud avec ton pull ? Demanda t-il quand le silence devint pesant et que sa curiosité l'étouffait littéralement.

Dean approcha une main de son visage et la passa sous la capuche sans doute pour s'essuyer le visage. Castiel le regarda faire une seconde avant de reporter son attention sur la route.

- Si un peu, concéda finalement Dean.

Il ressortit sa main de sous sa capuche puis se pencha en avant. Pendant une seconde, Castiel eut la sensation qu'il allait ouvrir son sac et il ne put s'empêcher de s'écarter sensiblement de lui jusqu'à ce que son bras soit pressé contre la portière. Si le jeune homme sortait un couteau, il n'avait aucune chance de sortir de cette voiture vivant. Il ne s'imaginait pas sauter du véhicule en marche et d'en réchapper comme tous ces types le faisaient dans les films d'action que Gabriel adorait. Il finirait poignarder ou écraser sur la route. Il n'avait aucune idée de ce qu'il préférait. Il fut cependant soulagé quand il vit que son passager n'ouvrait pas son sac et se contentait d'attraper le rebord de son pull pour le retirer. Castiel ne put s'empêcher d'observer la peau du ventre de Dean, visible légèrement là où son tee-shirt s'était soulevé en même temps que son pull. Le jeune homme détourna aussitôt le regard et se força à observer le goudron devant la voiture.

- Je déteste la chaleur … je déteste le soleil … j'avais peur de prendre une insolation ou un coup de soleil en restant trop exposé au soleil, lança ensuite Dean.

Castiel ralentit sensiblement pour se caler à nouveau sur la limite de vitesse puis jeta un coup d'oeil rapide à son passager. Dean avait retiré son pull et l'avait roulé en boule sur ses genoux. Et il n'était pas défiguré. Loin de là. A vrai dire, il ne se trompait pas en pensant qu'il pouvait gagner de l'argent en posant pour des photographes. Car il était littéralement à tomber par terre. Son visage était fin et ses traits comme dessinés de la main d'un artiste. Il avait le nez droit, les mâchoires carrées et recouvertes d'une fine barbe de quelques jours. Ses cheveux étaient châtains et pointaient dans toutes les directions sur le sommet de son crâne. Il avait les yeux verts et une myriade de tâches de rousseur sur ses joues et son nez. Mais ce qui captiva Castiel furent ses lèvres. Elles étaient charnues et féminines. D'un rose pâle, elles auraient probablement fait pâlir d'envie beaucoup de femmes. Castiel était fasciné par ses lèvres. Et il eut les pires difficultés du monde à se détacher de sa contemplation et à se concentrer à nouveau sur le route devant lui. Il ne tenait pas à avoir un accident parce qu'il n'avait pas suffisamment de maîtrise sur lui même pour ne pas baver sur un bel homme. Il doutait que son assurance accepte cette excuse et le rembourse s'il percutait un arbre.

- Alors Cas, de toute évidence tu ne sais pas où tu vas mais je suppose que tu sais d'où tu viens non ? Demanda Dean en se tournant complètement vers son compagnon.

Le jeune homme pouvait sentir la sueur couler le long de son cou et dans son dos, collant son tee-shirt inconfortablement contre sa peau. Il avait envie d'une douche. Froide de préférence. Et cela n'avait bien sûr rien à voir avec l'homme magnifique qui se trouvait à sa droite. Du moins, c'était ce qu'il allait continuer à se dire.

- Palm Springs en Floride. Toi ?

Dean haussa les épaules en serrant son pull entre ses mains. Castiel eut envie de retirer sa question aussitôt. Il pouvait sentir que son compagnon n'avait pas envie de parler de lui. Mais il estimait tout de même avoir le droit d'en savoir un minimum. Il avait accepté de conduire le jeune homme sur un bout de chemin et il avait besoin d'avoir quelques informations sur lui. Il ne chercherait pas à connaître des détails trop personnels. Juste l'essentiel. Suffisamment pour cesser de penser qu'il pouvait être un tueur en cavale.

- D'ici et de là … à vrai dire, je n'ai jamais eu d'attaches. Mais je suis né au Kansas … à Lawrence pour être plus précis. J'y ai vécu quatre ans et c'est l'endroit où je suis resté le plus longtemps.

Castiel avait envie de lui demander pourquoi. Il avait envie de savoir ce qui pouvait avoir conduit le jeune homme à voyager autant. Mais il se retint. Il pourrait peut être poser plus de questions quand ils se connaitraient un peu mieux. Il se contenta donc d'hocher la tête et de regarder la route droit devant lui.

- Ok, prochaine question … lança Dean d'un ton enjoué. Qu'est-ce que tu fuis Cas ?

Castiel sentit un frisson lui parcourir la colonne vertébrale en entendant la question du jeune homme. Il savait que le fait qu'il roule sans but était étrange mais il n'avait pas pensé que son compagnon aurait pu lire aussi rapidement dans son jeu. Et surtout, il n'avait pas imaginé qu'il poserait la question alors qu'ils se connaissaient à peine.

- Qui te dit que je fuis quelque chose ? Rétorqua t-il.

Dean jeta son sweat-shirt par dessus son épaule sur le siège arrière puis étendit ses jambes devant lui du mieux qu'il le pouvait dans l'espace confiné de la voiture. Il passa son bras par la fenêtre et le garda tendu, l'air s'écrasant sur sa main. Il semblait insouciant à cet instant, calme et heureux. Castiel trouvait l'expression de son visage fascinante et il maudit le fait d'avoir à conduire et à regarder devant lui. Il aurait aimé pouvoir l'observer pendant de longues minutes pour tenter de percer le mystère qu'il représentait. Car il savait qu'il y avait des choses à savoir sur son passager. Des choses qu'il aurait vraiment aimé pouvoir découvrir mais qu'il doutait de connaître un jour. Ils n'étaient pas amis. Ne le seraient jamais et ils finiraient par se séparer tôt ou tard.

- Tous les gens qui conduisent sans but comme toi fuient quelque chose … ou quelqu'un, expliqua finalement Dean en observant sa main et en la tournant pour changer l'angle avec lequel le vent la fouettait.

Castiel soupira longuement. Il n'avait pas forcément envie de parler de sa famille et d'entrer dans les détails de son histoire avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Mais il n'était pas opposé à l'idée d'en dire un peu plus. Il n'avait rien à cacher.

- Je fuis les plans que ma famille a fait pour moi. Et toi, qu'est-ce que tu fuis ?

Dean grogna à nouveau une seconde puis rentra sa main à l'intérieur de la voiture pour l'observer avec attention. Castiel lui laissa le temps de répondre.

- Je fuis les responsabilités … je fuis la stabilité. Je fuis la vie normale dont tout le monde rêve, expliqua finalement son passager.

Castiel hocha la tête. Ils se ressemblaient un peu sur ce point. Il pouvait comprendre combien il était facile d'avoir la sensation d'étouffer quand on se conformait à ce que le monde, les proches et la société attendaient de nous. Il était parfois plus facile de suivre les règles mais c'était nettement plus agréable de leur tourner le dos et de se lancer dans l'inconnu. De vivre sa vie. De profiter.

- C'est une bonne chose qu'on soit tombés l'un sur l'autre alors, commenta Castiel en souriant à nouveau. On pourrait fuir ensemble.

Il se rendit compte du double sens de ses paroles au moment même où elles franchirent le seuil de ses lèvres. Il perdit son sourire aussitôt et recommença à se mordre la lèvre inférieure. Il n'avait aucune idée de la manière dont Dean allait réagir à ses propos et aux sous entendus qu'il n'avait pas cherché à faire volontairement. Même si l'idée de passer du temps avec le jeune homme ne lui déplaisait pas.

- Ok mais si et seulement si tu me laisses conduire de temps en temps, répliqua Dean après de longues secondes de silence.

Castiel sentit aussi le soulagement l'envahir et son sourire revenir avec force. Il avait la sensation qu'il venait de s'engager sur le long terme avec son passager et le fait qu'il s'agisse là de la première fois où il serait avec quelqu'un d'autre qu'un membre de sa famille pour aussi longtemps le rendait fou de joie. Il ne connaissait pas Dean. Il ne savait rien de lui. Il pouvait parfaitement être quelqu'un de dangereux et de décidé à lui faire du mal. Mais il était très beau, visiblement drôle et insouciant. Et il était tout ce dont Castiel avait besoin pour s'amuser durant ce petit voyage. Le jeune homme n'avait jamais eu aucune relation amoureuse ou même amicale avec quelqu'un. Il n'avait jamais réussi à s'intégrer dans les écoles qu'il avait fréquenté. Il était trop bizarre, trop curieux et trop bavard. Il faisait toujours parti des meilleurs élèves et il était celui dont on se moquait le plus souvent. Il avait couché avec quelques hommes mais n'en avait jamais fréquenté aucun. Et il refusait de sortir avec une femme. Il avait été seul la majeure partie du temps. Ce qui pouvait sembler paradoxal pour quelqu'un qui avait été élevé dans une famille de six enfants. Dean ressemblait à tous ces garçons pour lesquels il avait eu des faibles à l'époque de l'école. Tous ces joueurs de football, populaires et adulés, qui le prenaient régulièrement en grippe et se faisaient une plaisir de le chahuter pour faire rire les autres. Il était exactement comme ces hommes que Castiel admirait du coin de l'oeil en rêvant de pouvoir les aborder mais sans jamais en avoir le courage. Il était inaccessible aux yeux de Castiel. Mais il était là. Il était assis dans la voiture du jeune homme et il semblait déterminé à faire un bout de chemin avec lui. C'était comme un rêve. Une revanche sur la vie.

- C'est envisageable … mais uniquement si tu peux me prouver que tu as le permis. Je refuse de laisser ma voiture entre les mains de n'importe qui … je n'ai même pas ton nom complet, lança Castiel en jetant un coup d'oeil à Dean.

Son passager hocha la tête puis fouilla dans la poche en arrière de son jean une seconde avant d'en sortir son permis et de l'agiter devant lui fièrement.

- Dean Winchester, vingt ans et titulaire du permis de conduire depuis quatre ans, annonça t-il en bombant sensiblement le torse.

Castiel ne put s'empêcher de rire une seconde. Il trouvait son passager amusant. Et il pouvait facilement s'imaginer faire de longs kilomètres en sa compagnie sans jamais s'ennuyer. Il n'avait jamais rien fait qui sortait de l'ordinaire. Il n'avait rien fait d'extravagant. Il avait vécu dans une environnement protégé et sécurisé. Il n'avait jamais été ivre, n'avait jamais touché à de la drogue et n'était jamais sorti jusqu'aux premières heures du matin. Il comptait rattraper le temps perdu maintenant qu'il était libre. Et il espérait que Dean était prêt à lui montrer certaines de ces choses. Il sourit quand il vit le jeune homme sortir un paquet de cigarettes de sa poche de jean.

- Ca te dérange si je fume ? Demanda t-il en enclenchant l'allume cigare entre Castiel et lui.

Le jeune homme secoua la tête puis observa du coin de l'oeil Dean emprisonner une cigarette entre ses lèvres et l'allumer avec l'allume cigare. Il fut fasciné durant quelques secondes par la façon dont la bouche du jeune homme était refermée autour du filtre. Il secoua légèrement la tête pour s'arracher à sa contemplation et réalisa alors qu'il n'avait toujours pas donné son nom complet à son passager.

- Au fait, moi c'est Castiel Novak, vingt deux ans et de toute évidence titulaire aussi du permis de conduire.

Dean rit à son tour avant de chasser la cendre de sa cigarette par la fenêtre ouverte. Il tira ensuite une nouvelle bouffée qu'il expira par le nez. Il semblait plus détendu à présent. Castiel réalisa alors qu'il avait du avoir les mêmes craintes que lui en acceptant de monter dans cette voiture. Il ne savait rien de l'homme qui conduisait, rien de ses motivations ou des choses qu'il avait en tête en le prenant en stop. Après tout, Castiel aurait pu vouloir lui faire du mal.

- Tu veux que je te dise ? Tu es une bénédiction ! Sans déconner Cas … sans toi, j'aurais probablement du marcher des heures entières sous ce fichu soleil de plomb. Je serais devenu complètement dingue ! Raconta Dean en chassant à nouveau la cendre de sa cigarette par la fenêtre.

Castiel n'avait croisé aucune autre voiture depuis qu'il avait pris cette route et il pouvait facilement imaginer Dean attendant des heures et des heures sans que personne ne s'arrête. Il était vraiment content de s'être arrêté. Il était content d'avoir pris cette route sans s'en apercevoir.

- La personne qui t'a laissé là est franchement irresponsable et cruelle. Elle aurait du savoir qu'elle te faisait courir un risque important, répliqua Castiel.

Dean termina sa cigarette en silence avant de jeter le mégot à l'extérieur. Il laissa ensuite sa main face au vent à nouveau et agita ses doigts, visiblement amusé ou fasciné par la sensation que cela lui procurait. Castiel avait plutôt la sensation qu'il voulait éviter de répondre à sa question. Il n'aimait pas ça.

- Dean ?! Lança t-il pour attirer l'attention de son passager.

Ce dernier rentra son bras à l'intérieur et se tourna vers Castiel. Il croisa ses bras sur son torse et soupira longuement.

- A vrai dire, c'est moi qui ait demandé à sortir si tu veux tout savoir, expliqua t-il calmement.

- Oh et … je peux te demander pourquoi ?

Dean se passa une main dans les cheveux puis observa son sac qui se trouvait toujours à ses pieds. Pendant une seconde, Castiel se demanda vraiment ce qui avait pu conduire son compagnon à quitter la sécurité d'un véhicule pour tenter sa chance à pieds. Mais il ne pousserait pas le jeune homme à lui répondre si toutefois il refusait de le faire. Il n'avait pas le droit de le forcer à parler.

- Il s'est trompé sur moi … il a pensé que je … que je me prostituais sur le bord de la route. Et quand il m'a demandé combien je lui prendrais pour lui faire une fellation pendant qu'il conduisait, j'ai préféré descendre et marcher. C'est des choses qui arrivent quand on fait du stop comme moi. C'est pas la première fois qu'on me fait ce genre de proposition. Il suffit de savoir comment réagir pour éviter que ça ne dégénère, expliqua Dean en levant les yeux de son sac pour regarder Castiel.

Ce dernier ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait tirer des conclusions aussi hâtives simplement parce que Dean se tenait au bord de la route. Il ne pouvait pas imaginer faire une telle proposition à son passager. Bien sûr, il pouvait comprendre qu'un homme soit attiré par Dean. Il l'était lui même et il avait des yeux. Il savait parfaitement ce que les gens pouvaient penser en le voyant. Mais cela ne donnait pas le droit à cet homme de faire de telles propositions au jeune homme. Et certainement pas de sous entendre que ce dernier était prêt à tout pour qu'on l'emmène à la ville suivante. Il était parfois surpris et choqué par l'attitude des gens.

- Et bien, si ça peut te rassurer, ce n'est pas ce que j'ai pensé en te voyant, assura Castiel en souriant.

Dean haussa les épaules avant d'hocher la tête.

- Ca me rassure.

Castiel monta alors à nouveau le son de la radio et Dean s'installa plus confortablement sur le siège passager. Il remonta sa vitre puis appuya sa tête contre. Castiel lui jeta un nouveau coup d'oeil et réalisa que le jeune homme avait d'imposantes cernes sous ses yeux. Il devait probablement être épuisé après toutes ces heures passées à marcher en plein soleil. Il avait bien mérité de se reposer.

- Tu devrais dormir un peu … je te réveillerais quand on sera arrivés à la prochaine ville, avança Castiel.

Dean hocha la tête puis attrapa son pull, le roula en boule et le glissa entre sa tête et la vitre. Il remua ensuite quelques secondes sur le siège, sans doute pour trouver une position plus confortable, et ferma enfin les yeux.

- Merci pour tout Cas, souffla Dean.

Castiel ne voyait aucune raison pour le jeune homme de le remercier. Il était content d'avoir un passager pour quelques jours. Il aimait sa compagnie et il était ravi d'avoir quelqu'un avec qui partager cette expérience. Peut être avait il tort de faire confiance à un homme dont il ne savait quasiment rien. Mais il s'en fichait. Il se sentait bien en compagnie de Dean et il avait envie de croire qu'il avait fait le bon choix. Il était sur le point de vivre une belle aventure et il était content de ne pas la vivre seul. Et le fait que Dean soit incroyablement attirant était un plus indéniable … même si Castiel refusait d'y penser pour le moment.

Le jeune homme tenta de se concentrer sur la route et sur la musique que la radio diffusait par les hauts parleurs. Mais il avait du mal à ne pas regarder Dean à intervalles réguliers. Il savait, à la façon que le jeune homme avait de respirer profondément et lentement, qu'il était endormi. Il avait le visage à moitié enfoui dans son pull et une main collée contre sa bouche sensuelle. Il paraissait particulièrement innocent dans cette position, enfantin et vulnérable. Castiel relâcha la pédale de l'accélérateur et laissa son regard s'aventurer dans le cou du jeune homme. Le col de son tee-shirt était baissé au niveau de son épaule. Castiel entraperçut le début d'un tatouage sur sa clavicule. Il se mordit la lèvre. Il aurait aimé savoir ce qu'il représentait. Il avait envie de voir la taille qu'il faisait. Et bien sûr si cela imposait que Dean retire son tee-shirt, Castiel ne risquait pas de s'en plaindre. Il sourit malgré lui puis reporta son attention sur le route. Il avait l'habitude de ressentir des choses extrêmement fortes pour des hommes avec lesquels il n'avait aucune chance. Il avait toujours pensé que c'était par peur de s'engager avec eux. Il était plus simple d'être attiré par des hommes qui ne se retourneraient jamais sur son passage. Cela lui évitait d'avoir à faire le premier pas. Il restait bien en sécurité dans son coin et n'avait jamais à envisager la possibilité d'une relation amoureuse. C'était inévitable pour lui de se sentir attiré par Dean. Il était beau garçon, incroyablement beau garçon. Il était mystérieux et semblait gentil et drôle. Il avait tout pour plaire à Castiel. Ce qui signifiait qu'il était très probablement hétérosexuel. Ce qui rassurait définitivement le jeune homme. Car il ne voulait pas d'une relation amoureuse avec quelqu'un. Il voulait vivre une véritable aventure. Peut être rencontrer des hommes et passer de bons moments avec eux. Mais il ne cherchait rien de plus. Et il espérait pouvoir devenir ami avec Dean. Ce serait une première pour lui.

Castiel accéléra sensiblement en regardant droit devant lui. A côté de lui, Dean avait commencé à ronfler doucement. Sa présence réconfortait Castiel sans trop qu'il sache pourquoi. Il n'avait jamais été seul dans sa vie tout en étant terriblement solitaire depuis qu'il était enfant. Il avait été entouré par ses parents et ses frères et sœur. Mais il avait toujours été seul à l'école. Il avait pensé qu'il ferait ce voyage seul également. Il avait pensé qu'il en serait heureux. Mais à peine quelques heures après son départ, il était déjà accompagné. Et il en était soulagé. Il savait qu'à terme, Dean finirait par partir. Ils ne garderaient probablement aucun contact l'un avec l'autre. Ils allaient toutefois faire un bout de chemin ensemble et c'était une nouveauté pour Castiel. Il sourit en pensant à tout ce qu'il ne connaissait pas encore et qu'il allait probablement découvrir en compagnie de Dean. Il avait la tête qui tournait rien qu'en imaginant toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Il avait vécu comme un reclus une bonne partie de sa vie et il avait la sensation d'avoir manqué des centaines de choses que d'autres avaient connues. Il repensa au tatouage dans le cou de Dean. Il n'avait jamais songé à se marquer de la sorte. Mais l'idée était attirante maintenant qu'il voyait les fins traits noirs déborder du col du tee shirt du jeune homme. Il jeta un nouveau coup d'oeil à son passager. Dean était à présent entièrement tourné vers la fenêtre et Castiel ne pouvait plus voir son visage. Il observa son dos à la place. Il n'avait pas réalisé à quel point le jeune homme semblait plus musclé que lui. Sa carrure était masquée par le pull trop grand qu'il avait porté jusque là. Mais son tee shirt collait à sa peau avec la transpiration, ne laissant que peu de choses à l'imagination. Dean était musclé et avait les épaules larges. Une bande de peau était visible juste au dessus de la ceinture de son jean, là où son tee shirt était sensiblement levé. Castiel l'observa une seconde. Il y avait les traces d'un autre tatouage en bas de son dos, visiblement des lettres le long de sa colonne vertébrale. Castiel était intrigué. Il se demandait combien de tatouages le jeune homme pouvait avoir sur son corps. Il pouvait lui poser la question quand Dean serait réveillé. Il supposait que ça n'avait rien de trop indiscret. Il hocha la tête et reporta une énième fois son attention sur la route. Dean était un mystère qu'il comptait bien percer. Il allait en faire l'objectif de son voyage. Après tout, il n'avait rien de mieux à faire que d'apprendre à connaître l'homme qu'il avait invité dans sa voiture. Il espérait juste que ce qu'il apprendrait ne lui ferait pas regretter d'avoir accepter de le faire monter.