Ecrit pour la septième nuit du Fof (un thème, une heure, un OS) et le thème « rouge »
Kaléidoscope
Anakin Skywalker, désormais plus connu sous le nom de Dark Vador – après tout Anakin était un Jedi et tous les Jedis étaient des traîtres et avaient été exécutés pour le bien commun depuis des années – ne supportait plus le rouge.
Il y avait le rouge quotidien, celui qui teintait son univers, la faute à un masque infrarouge, seul moyen de préserver le peu de vision naturelle qui lui restait. Ce rouge-là, il n'en était débarrassé que dans sa chambre hyperbarique, le seul lieu où il pouvait enlever une partie du robot qu'il était pour retrouver une partie de l'homme qu'il avait été. Mais la lumière était en ce lieu, violemment réverbérée sur les parois d'un blanc étincelant et il lui fallait fermer les yeux et trouver de nouveau un rouge, celui presque ocre de l'intérieur de ses paupières, celui qui lui rappelait bien trop le soleil écrasant de Tatooine pour être jamais confortable.
Il y avait le rouge de son sabre-laser, la preuve de son allégeance aux Siths et au Côté Obscur. Celui-là était plus aisé à supporter. Après tout, ces derniers temps, Vador ne le voyait plus beaucoup, les occasions de se battre en duel avec un des rescapés de l'Ordre 66 s'amenuisant avec les années.
Il y avait aussi l'écarlate du sang. Celui-là était devenu presque commun pour le Sith. Après tout, il présidait souvent à des interrogatoires et à des missions punitives à l'encontre de ceux qui osaient se dresser contre l'Empire. Et le temps où ce rouge lui rappelait le sang versé dans la salle du Conseil Jedi lors de l'exécution de l'Ordre 66 était désormais révolu. Voir le sang couler était pour lui un fait comme un autre, aussi peu remarquable que le fait d'assister à une réunion de l'Etat-major impérial : ennuyeux, fastidieux et cela vous laissait une impression de salissure en sortant de la pièce.
Enfin il y avait le rouge de sa servitude, celui qu'il voyait dans les yeux de l'Empereur et qui faisait douloureusement écho au rougeoiement brûlant de Mustafar, à la lave qui avait définitivement consumé sa vie d'antan.
Mais parfois Vador ressentait le désir d'autres couleurs. Le bleu intense du ciel de Tatooine, celui, lumineux, du sabre d'Obi-Wan, celui qui signifiait la sécurité d'une vie ordonnée, que ce soit celle, honnie, d'esclave ou celle à la fois choyée et haïe de Padawan. Le marron, sombre mais rassurant des yeux de sa mère, celui des robes Jedis qui lui donnait l'impression d'être perdu dans la masse mais en même temps lui offrait un sentiment d'appartenance quasi-inégalé dans sa vie.
Mais surtout Dark Vador regrettait le vert. Celui à la fois rassurant et terrifiant de l'arme de Qui-Gon, celui qui lui promettait protection et espoir d'une vie meilleure, celui qu'il s'efforce aujourd'hui encore d'oublier comme le précurseur de pertes. Celle de sa mère, celle de Qui-Gon lui-même. Le vert des plaines de Naboo, dans toute sa palette éclatante, qui était pourtant éclipsé par la lumière radieuse qu'était Padmé Naberrie. Le vert qui lui parlait d'espoir, de vie et d'amour. Le vert qui n'existait plus que dans ses rêves et qui fuyait devant le rouge dévastateur qui avait envahi sa vie.
Voilà, première incursion dans le fandom de Star Wars en tant qu'auteur. Votre avis ?
