Seule, je suis terriblement seule.

Le monde me méprise, me juge, pour eux, je ne suis qu'une sale mangemort de père en fille, une ennemie de l'ordre, un danger pour les autres. Je ne peux m'attendre à être entourée, aidée, aimée.

Je n'ai personne dans ma vie. Puis je l'ai rencontré. Sa famille et la mienne ne se côtoient que dans les diners mondains. Il me fascine, sa stature, ses manières, son être tout entier transpire la bienveillance. Lorsqu'il m'a adressé la parole pour la première fois, je venais juste de faire ma rentrée à Poudlard, tout comme lui. J'ai progressivement trouvé en lui, un frère, un ami puis un amant. Il s'appelle Blaise Zabini et je suis tombée amoureuse de lui.

Mes sentiments ? Il ne les a connus que très tard, à un moment décisif de ma vie. J'étais en 6ème année et je venais de recevoir ma marque. Et dans ma grande naïveté, j'ai cru qu'il allait lui aussi la recevoir prochainement. Mon père m'a convoqué un jour pour m'annoncer mes prochaines fiançailles. Au fond de moi, j'ai prié pour que mon futur mari soit Blaise. La nouvelle que mon père m'a ensuite annoncé m'a donné la nausée. Les Zabini avait rejoint le camp des « traitres », Blaise était depuis sa 5ème année, un espion pour l'ordre. A la suite de cette discussion, mon père m'a ordonné de ne jamais reparler à Blaise, à Poudlard.

Pendant des mois j'ai évité la seule personne qui m'accordait une attention que je n'ai jamais reçu. De loin, le voyait flirter avec des godiches de toutes les maisons, et cela me tuait à petit feu. Je l'ai détesté car il me faisais me sentir encore plus seule que jamais.

Un jour, je l'ai croisé au détour d'un couloir, il voulait comprendre. Pourquoi ?

Je l'ai regardé dans les yeux et j'ai voulu partir, mais il a resserré son emprise sur mon bras, à tel point que sa bague inscrivait sa marque dans mon bras. Je m'en fichais de ce détail, car la seule chose qui m'importait, c'était le contact de ses lèvres sur les miennes, elles étaient douces, salvatrices. Pour la première fois, je me sentais aimée.

La salle sur demande est devenue notre refuge. C'est dans cet endroit que j'ai tout su de lui, de son engagement. Et l'envie de le rejoindre, de quitter la demeure austère des Parkinson, je la ressentais dans tout mon être. Je voulais être avec lui. Les jours, les semaines et les mois passaient, le monde s'effondrait tous les jours un peu plus, mais je n'en avais que faire, puisqu'il était à mes côtés.

Un jour, il m'annonça qu'il devait partir en mission pour l'Ordre, quelque chose de secret, et qui devait prendre plusieurs jours. La simple idée d'être séparée de lui me faisait l'effet d'un poids lourd sur la poitrine. La mission sera-t-elle dangereuse ? Pourrais-je le revoir aussitôt à la fin de sa mission ? Tant de questions fusaient dans ma tête et je me rendis compte qu'à mon réveil, il était déjà parti.

Mes pires peurs se réalisèrent. Lors d'une patrouille de routine non loin du village de prés-Aux-Lards, j'assista à une embuscade tendue à des membres de l'ordre. Blaise était parmi eux et j'étais impuissante, mon instinct me disait de courir vers eux et de libérer Blaise. Mais j'ai préféré fuir. J'ai fui ma dernière opportunité de bonheur.

Ils furent emprisonnés dans le sous-sol du manoir Malfoy, et le maitre nous avait tous convoqué pour assister à un petit spectacle. Nous savions tous ce que ce cela voulait dire et ce soir-là, j'ai pleuré. Beaucoup. Et je m'en suis voulue d'avoir été si lâche. En pleine nuit, une violente nausée m'a forcé à passer un long moment aux toilettes. Mon corps est tant dégouté de mon comportement ?

Le lendemain, je me suis dirigée vers le manoir avec ma famille. Mon père cachait à peine son excitation à l'approche de l'exécution, et je le détestais tellement à ce moment précis.

Ce n'était pas la seule personne que j'abhorrais en ce moment car, depuis l'évasion de Potter et ses deux toutous, l'ensemble des sorts ont été renforcé au manoir, ne laissant aucune échappatoire possible à Blaise, et juste pour ça, je hais Harry Potter.

Arrivée dans la salle, je le vois. Le visage tuméfié, les bras, les jambes en sang, la vision est telle que je manque de vaciller en arrivant près de lui. Cependant la présence du maitre m'empêche de m'abandonner à mon désespoir ou à mes prières car je le sais déjà, il est trop tard. J'écoute à peine le discours du maitre qui porte sur sa victoire prochaine et la faiblesse de l'ordre, car j'ai planté mon regard dans celui de Blaise, et même s'il ne peut pas me faire de signe, je sens son amour et sa bienveillance m'envelopper. Je ne veux pas qu'il parte, mais il semblerait qu'il y soit déjà préparé. J'ai une nausée que je ravale difficilement. Au même instant, la baguette de Voldemort se dirige vers Blaise, le dernier debout. Je le vois inspirer et quand le sort est jeté, ses lèvres ont formulé ces mots que je n'entendrai plus jamais de mon existence. Son corps tombe lourdement au sol, comme libéré de ce fardeau, qu'on appelle la vie.

Les semaines suivant son exécution, j'appris que je portais son enfant. Cette simple vérité m'a anéanti car je sais qu'il ne pourra vivre dans un monde comme celui-ci. Pour la première fois depuis qu'il est partie, je pleure tout mon soul, sans aucun espoir de réconfort. A nouveau, je me retrouve seule.

Puis les évènements se sont enchainés, et la victoire de l'Ordre fut proclamé en cet été 1997. Je suis enceinte de 4 mois, mais cela ne semble pas visible. Un jour, j'entendis qu'on essaya de forcer ma porte, les cris de mon père résonnèrent dans le couloir, les sorts fusaient entre les aurors et lui, puis il finit par tomber au sol. Il me sera dévoilé plus tard qu'il a mis fin à ses jours.

Je n'oppose pas de résistance et on me présente à mon procès. Les procédures sont accélérées pour les mangemorts car tout le monde veut tourner la page. Ainsi, je me retrouve condamner au baiser du détracteur.

La présidente du magenmagot me demande si j'ai quelque chose à ajouter. Au début, je suis tentée de répliquer quelque chose de méchant cependant je renonce car je n'en ai pas la force. Néanmoins, au moment de lever la séance, je demande si Blaise aura une sépulture. La question interloque nombre de gens dans le publique, comme Drago ainsi que sa femme, Granger, et ses deux amis, Weasley et Potter mais je m'en moque, je veux connaitre la réponse. Ce n'est pas la présidente mais son meilleur ami qui me répond par la positive. Entendre cela m'apaise beaucoup.

Mon exécution est prévue pour le lendemain et je suis renvoyée dans une cellule à Azkaban en attendant le baiser. Machinalement, ma main se pose sur mon ventre, que va-t-il arriver à ce petit ange ? Sont-ils au courant ? En ont-ils quelque chose à faire de son sort ?

Ces angoisses et ces réflexions sur le sort de mon enfant n'ont fait qu'accélérer le destin tragique auquel il était déjà voué. Cela a d'abord commencé par une violente crampe dans le bas du ventre qui n'a fait que s'intensifier au point de devenir monstrueusement douloureuse. J'ai crié, appelé un garde, mais personne ne me répondit. Etais-je entrain de donner la vie dans cette cellule froide et isolée du monde, dans une prison perdue dans la Manche ? Au bout de 40min, je su que je venais de perdre la dernière partie du seul être que j'aima dans ma vie.

Je veux en finir avant la fin de la nuit, je veux en finir maintenant. Le sang continua de couler le long de mon entrejambe et mes forces me quittaient peu à peu. Est-ce à ça que ressemble la mort ? Est-ce que Blaise s'est senti partir de la même manière ? Je ferme les yeux, je me sens plus légère, plus apaisé. Je n'ai plus froid et je sens de moins en moins le sol de la prison. Je m'élève, pour retrouver les seuls êtres que j'ai aimé dans ma vie. Je ne serai plus seule. Pour l'éternité.

Le lendemain, le jour de son exécution, un garde est chargé d'amener Pansy Parkinson dans la salle des détraqueurs, afin qu'elle y reçoive sa sentence. Ce qu'il vit dans la cellule l'horrifia. Elle était au sol, les jambes écartés sur lesquels se trouvait du sang séché. Au milieu d'un mélange d'hémoglobine et de liquide amniotique, se trouvait une petite chose brunâtre. Une sorte de mini être humain, avec autour un cou, un cordon, celui qui le nourrissait, l'hydratait et qui le délivra d'une existence sinistre.