Bonjour à tous !

Alors pour ceux qui débarqueraient ici par hasard, je commencerai par vous recommander d'aller lire Au nom du père (vous la trouverez sur mon profil). Techniquement vous n'en avez pas particulièrement besoin pour suivre cette histoire, mais les deux se suivent et je reprend ici certains éléments de l'autre.

Pour tout le monde (mais surtout pour ceux qui savent pourquoi ils sont là) : bienvenue ! Je suis très heureuse et excitée à l'idée de tous vous retrouver pour ce tome II (chose promise, chose due). J'espère que cette fic vous plaira autant sinon plus qu'Au nom du père…

Trois points importants, ensuite je vous laisse à votre lecture :

- J'ai pas fini de rédiger cette fic et je ne pourrai pas m'y remettre avant, au plus tôt, le 1er octobre (et c'est vraiment au plus tôt). Donc il y aura très possiblement un retardement des publications en arrivant sur la dernière partie –mais vous avez le temps, on en est qu'au prologue ^^

- J'ai classé cette fic en T parce qu'il n'y a pas assez de chapitres réservés à un public averti pour la classer M. Mais je dois le préciser : certains chapitres seront classés M. Je vous les signalerai à l'avance mais j'aime mieux prévenir.

- Publication hebdomadaire à raison d'un chapitre tous les mercredis. Comme d'habitude, si personne ne review, j'arrête de poster. Et si je n'ai qu'un ou deux revieweurs je peux leur envoyer la suite par mail. Oui, c'est du chantage, mais taper une review est facile et prend trente secondes à tout casser (je le sais, je le fais toujours quand une fic me plaît, c'est un principe). Écrire une fic c'est compliqué et ça prend plusieurs heures/jours/semaines/mois (en fonction de sa taille). Le calcul est vite fait.

Sur ce je vous souhaite à tous une excellente lecture et je vous donne rendez-vous mercredi prochain pour le chapitre 1 !

Une seconde chance

« Souviens-toi : la vie n'offre jamais de seconde chance. Jamais. Je ne sais pas ce que tu as de particulier… Je ne sais pas si Dieu t'aime, si le destin a pitié de toi, si c'est juste ton karma, ou si quelque chose de plus grand essaie de rattraper toutes les choses horribles qui te sont arrivées depuis que tu as cinq ans… Mais il semblerait que la vie ait décidé de faire une exception. Une seule. Ne la manque pas G Callen. Ne la manque surtout pas. »

Prologue

Ce matin-là, c'était le souk. Le téléphone de Callen avait sonné à trois heures pour une alerte à la bombe. Il avait laissé un mot sur le frigo pour Alex qui dormait comme un bienheureux sur le canapé, et il avait filé.

Il était rentré un peu avant huit heures pour constater que le môme ne s'était pas levé.

- Réveille-toi, kiddo, tu vas être en retard…

En voyant l'heure, Alex avait bondi du canapé comme s'il était monté sur ressort et s'était mis à courir dans tous les sens pour se préparer avant l'arrivée du bus. Callen, ayant pris une douche et s'étant changé, finissait une tasse de thé quand le petit avait filé, au troisième coup de klaxon du chauffeur. L'agent senior lui avait couru après dans la rue pour lui lancer son gant de base-ball –il avait entraînement ce jour-là.

- Merci, P'pa !

Les portes du bus s'étaient refermées avant qu'il ait eu le temps de se reprendre. Callen était resté un moment debout sur le pas de sa porte, à regarder l'engin s'éloigner jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin de la rue. Ça n'était pas la première fois qu'Alex faisait ce lapsus… Il ne savait pas quoi en penser. Ça le perturbait. À peu près autant que ça devait perturber le gamin, vu sa grimace quand ça lui échappait.

On était en octobre. Callen et Alex n'avaient jamais passé autant de temps ensembles que cet été-là, et ça avait renforcé les liens qui les unissaient. Après trois semaines de road trip qui leur avaient fait traverser les Rocheuses, visiter le Montana et longer une partie du Grand Canyon, il avait fallu rentrer à LA, le congé que Callen avait posé tirant à sa fin. Alex était parti en summer camp pendant presque tout le mois d'août, son tuteur ne souhaitant pas le voir végéter à la maison. Ces vacances avaient permis au petit de retomber complètement sur ses pieds après la mort de son père. À présent il se concentrait sur son entraînement de base-ball, la saison devant commencer incessamment sous peu.

Il semblait à Callen qu'ils avaient enfin trouvé un semblant d'équilibre, et il espérait que ça dure. Mais il n'était pas idiot. Il savait qu'il y aurait encore bien des hauts et des bas, et que les ennuis reviendraient. Il était simplement plus confiant dans leur capacité à les surmonter. Ce qu'il ignorait, c'était qu'en terme d'ennuis, il regardait dans la mauvaise direction…

Arrivé à l'OPS, l'agent senior avait pu profiter de cinq minutes de calme avant qu'Hetty ne fasse sursauter tout le monde en sautant de son fauteuil juste après avoir décroché le téléphone.

- Oui… Tout de suite.

Ayant raccroché, la vieille femme lança tout en se dirigeant vers eux :

- Monsieur Callen, le directeur sur votre écran. Maintenant.

La seconde d'après, le visage du directeur Vance apparaissait en gros plan sur l'ordinateur de Callen.

- Monsieur ?

- Si je vous dis opération Chien Noir, que me répondez-vous agent Callen ?

L'intéressé fronça les sourcils un bref instant. Ça remontait, cette histoire… À l'époque il bossait en Europe pour la CIA.

- Ça dépend… Qu'est-ce que vous voulez entendre ?

- Le nom de Kilian O'Donnell vous est-il familier ?

Callen s'empressa de regarder ailleurs en se passant une main sur la nuque, clairement embêté. Merde, pourquoi ça ressortait maintenant, ça… ?

- Agent Callen ?

- Euh… Possible. Pourquoi ?

- Parce que Monsieur O'Donnell a fait sonner plusieurs alarmes à la CIA, en tapant votre nom et des mots clés liés à des détails classés secret défense de l'opération Chien Noir, dans un moteur de recherche.

- Pour ce que j'en sais ils ont pas la wifi, dans son coin…

- Depuis un cyber café de Reno, dans le Nevada.

Callen se figea sur place. Tout son corps était tétanisé.

- Quoi ? Quand ?

Sam, Hetty, Kensi et Deeks virent son visage changer de couleur en direct lorsque le directeur Vance répondit à sa question :

- Hier. On est en train de vous le transférer, vous pourrez lui poser toutes les questions que vous voulez vous-même.

- G ? demanda Sam en faisant un pas vers lui d'un air inquiet.

- Agent Callen, reprit Vance. Si Kilian O'Donnell constitue un éventuel danger pour la sécurité nationale, je dois le savoir maintenant.

- Non ! répondit aussitôt Callen.

- Vous en êtes absolument sûr ? Toutes les personnes ayant eu connaissance des détails de Chien Noir sont censées être mortes, en prison, ou bien font partis des agents ayant travaillé sur l'affaire…

- Écoutez, Kilian est quelqu'un de réglo. Il a fait quelques conneries par solidarité, à l'époque de Chien Noir, mais il m'a aussi sauvé la vie et je le connais bien. Connaissais, rectifia-t-il rapidement. Ce n'est pas un terroriste. La dernière fois que je l'ai vu il tenait un pub paumé au fin fond du Connemara, dans un village de 400 habitants à tout casser, et il n'en bougeait pratiquement jamais. Et puis il n'est pas complètement stupide, s'il était là pour un truc illégal il aurait évité de se faire remarquer en tapant n'importe quoi dans un moteur de recherche !

- Justement, parlons-en, agent Callen. Comment connaît-il votre nom et les détails dont il est question ?

Callen soupira profondément, s'évertuant au calme alors que tout ce dont il rêvait c'était de filer à la planque, où l'on allait probablement leur déposer Kilian, et lui faire dire ce qu'il venait foutre ici, nom de Dieu !

- Parce que Kilian a été mêlé à l'opération Chien Noir. Il m'a sauvé la vie, j'ai sauvé la sienne, partant de là on est plus ou moins devenu amis. C'est pour ça qu'il connaît mon vrai nom. Mais ça fait presque douze ans que je n'ai pas eu de nouvelles de lui…

Ça n'était pas l'exacte vérité. Pour tout dire, ça faisait presque douze ans que Callen n'avait donné aucune nouvelle à Kilian. Il plissa les yeux, refoulant la vague de souvenirs qui menaçait de le submerger au fin fond de sa mémoire. Dans un sursaut désespéré, il crut voir l'ombre d'une plume danser derrière ses paupières closes. Mais c'était son imagination qui lui jouait un tour, n'est-ce pas ?

À l'instant où Vance coupa la communication, Callen voulut filer. Hetty parvint à le retenir en lançant dans son dos :

- L'équipe de transfert ne sera pas à la planque avant deux heures, Monsieur Callen. Ce qui vous laisse le temps de partager avec nous ce que nous ne savons pas.

L'agent senior pivota sur ses talons, sans chercher à cacher sa frustration.

- Y a une chance que vous me croyez si je vous jure que ça n'a aucune importance ?

- Nope.

- Uh uh.

- Pas la moindre.

Sam, Kensi et Deeks avaient pratiquement répondu en même temps. Le regard d'Hetty était équivoque. Exaspéré, mais impuissant, Callen se rassit.

- Chien Noir était une opération montée par la CIA, en collaboration avec le MI5, en 93 je crois… On traquait une cellule terroriste irlandaise, des membres de l'IRA. Je les avais infiltré. Kilian O'Donnell n'était pas un membre actif de la cellule, il était déjà un peu vieux pour ça. Il était juste le propriétaire du pub où on se repliait après une opération. C'était un trou perdu au fin fond du Connemara, impossible de nous trouver. Impossible de les trouver. C'était ça que j'étais censé faire. Trouver l'endroit où ils se réfugiaient entre deux attentats et communiquer les coordonnées à mes contacts pour qu'ils fassent une descente.

- Mais quelque chose a mal tourné, devina Sam.

- Ma couverture a sauté, il y a eu une fuite, confirma Callen avec un léger hochement de tête. Je vous passe les détails de la course poursuite dans les Highlands. J'ai passé deux jours à essayer de leur échapper, dont la moitié avec un trou dans le bide. À la fin, ils étaient pratiquement sur mes talons, et je ne sais plus trop comment je me suis retrouvé dans la cuisine du pub de Kilian, à deux doigts de tomber dans les vapes à cause de tout le sang que j'avais perdu. Et c'est là que Kilian s'est pointé…

L'homme et ce qui n'était à l'époque qu'un jeune garçon se regardèrent un long moment en chiens de faïence. Callen vacillait sur ses jambes, il n'avait plus de munitions et de toute façon il avait perdu son revolver la nuit passée, sur la lande. Bref, il n'avait pas la moindre chance. Mais il avait toujours sa fierté, alors il se força à rester debout, les yeux ouverts, droits dans ceux de l'Irlandais.

Kilian avait saisi un gros couteau de cuisine en découvrant l'espion, que toute la bande cherchait partout, occupé à se vider de son sang sur le carrelage de sa cuisine. À présent il était évident qu'il n'en aurait pas besoin, le pauvre gosse était épuisé, blanc comme un linge, et visiblement au bord de l'évanouissement. Parce que Callen, qui s'était présenté en affirmant qu'il avait vingt-huit ans, devait à peine en avoir vingt-cinq. Avec son air juvénile et ses yeux bleus, Kilian lui aurait donné douze ans et demi. C'est probablement cela qui le fit se jeter en avant pour le rattraper avant qu'il ne s'effondre dans son propre sang, incapable de tenir debout plus longtemps.

- Doucement, gamin…

Obéissant à son instinct plutôt qu'à son cerveau, le vieil irlandais avait traîné le 'gamin' jusque dans le cellier, où il l'avait aidé à s'affaler dans un tas de sacs en toile de jute.

- Reste là, ne fais pas de bruit et tiens toi tranquille. Je vais te trouver un toubib et envoyer ces imbéciles te chercher ailleurs.

- Pourquoi ? souffla l'enfant, d'une voix faible.

Kilian ne prit pas la peine de lui répondre. Être vieux et un peu buté ne dispensait pas d'avoir des principes. Ceux-ci lui interdisaient de laisser ce pauvre gosse aux beaux yeux bleus mourir sous son nez. Ça impliquait de ne pas le livrer aux terroristes.

En remontant, des bruits dans les autres pièces lui apprirent qu'il n'aurait pas le temps d'éponger le sang sur le carrelage. Alors l'Irlandais se dépêcha de décapiter une poule qui faisait l'erreur de passer par là. Il y en avait déjà trois autres sur le plan de travail, ça justifierait la quantité d'hémoglobine. Les jeunes hommes à qui il offrait le lit et le couvert entrèrent au moment où il soulevait l'animal par les pattes.

- Kilian, rugit Gavin, le plus grand du lot. Matthew nous a trahi !

- Deux jours qu'il nous fait courir, l'enfoiré, ragea un autre.

- Tu l'as vu, Kilian ? Tu sais où il est ?

- Non, je l'ai pas vu depuis qu'il est parti avec vous. Mais vous êtes sûrs qu'il nous a trahi ?

- Richard a intercepté un message avec ton adresse, qu'il envoyait vers l'Est.

- Le salaud ! s'exclama Kilian, qui ne jouait la comédie qu'à moitié, ignorant que Callen était parti pour le vendre aussi.

De rage, il abattit la petite hache qui avait décapité la poule sur la planche à découper, dans laquelle elle se planta profondément.

- Il a intérêt à prier que vous le trouviez avant moi, parce que si c'est moi qui le trouve il va douiller ! aboyait le vieil homme.

- Doucement, Kilian, tempéra Gavin en lui mettant les mains sur les épaules. Il faut qu'on le prenne vivant, on doit savoir si quiconque d'autre sait qu'on est ici. On attendant, on ne reviendra plus, des fois que les services secrets fassent une descente…

- Une descente ? Dans mon pub ? Mais qu'ils viennent donc ! Je les attend de pied ferme !

- Non, non… Écoute, ne fais rien de stupide, d'accord ? Ça confirmerait leurs soupçons… Contente toi de prétendre que tu ne sais rien s'ils se pointent, ok ?

- Je suppose que je peux faire ça, grommela le vieil homme en commençant à plumer sa poule avec de grands gestes secs. Tirez-vous de là, les petits gars, je voudrais pas que vous ayez des ennuis à cause de moi. Mais tenez-moi au jus, d'accord ?

- Compte sur nous !

Sur ce, les jeunes gens s'en retournèrent sur la lande, fusil à l'épaule, révolver à la ceinture. Kilian attendit que le bruit de leurs voix et de leurs pas se soit évanoui pour sortir du pub par une autre porte et attraper par la manche un gamin qui passait sur son vélo.

- Toi, tu descends en ville à toute vitesse, tu ne parles à personne, et tu dis à mon idiot de frère que j'ai un client pour lui qu'est en train de perdre tout son sang dans mon cellier. Et grouille-toi, la vie d'un homme en dépend !

Kilian était connu dans le village, tout le monde le respectait et l'aimait. Le môme ne se fit pas répéter ses instructions deux fois et détala aussitôt en pédalant comme un dératé.

- Kilian m'a planqué chez lui pendant une semaine.

- Pourquoi ? insista Deeks, qui ne comprenait toujours pas.

Entre temps ils avaient pris le chemin de la planque, et Callen poursuivait son récit par oreillette interposée.

- Je le lui ai redemandé plus tard. Ses réponses étaient toujours un peu floues, mais pour ce que j'en ai compris il me trouvait trop jeune pour mourir. Son frère était toubib, c'est lui qui m'a soigné. Je serai mort sans eux, alors comme il n'était que peu impliqué j'ai dis à Kilian que j'essaierai de ne pas le charger dans le rapport. En disant qu'il n'était pas au courant qu'il recevait des représentants de l'IRA dans son pub, par exemple…

- C'est pour ça que c'est la seule personne qui connaisse des détails de l'opération qui ne soit pas en prison, comprit Kensi.

- Yep.

- Et tu lui as sauvé la vie ?

- Ouais, mais plus tard, quand les gars de l'IRA sont revenus et ont compris qu'il me cachait. J'en ai descendu un qui s'apprêtait à lui tirer dessus.

- Et t'as une idée de pourquoi il a tapé ton nom et des mots clefs compromettant dans un moteur de recherche ? s'enquit Sam. Douze ans après que vous vous soyez perdus de vue ?

- J'en suis pas sûr, répondit précautionneusement Callen. Mais pour ce que je savais de lui et ce qu'il savait de moi… Ça pourrait bien être pour attirer mon attention.

- C'est réussi.

Ça l'était. Ça avait même réussi à réveiller des souvenirs profondément enfouis, des souvenirs qu'il avait barricadés à double tour au fond de lui, bien des années plus tôt. Parce que s'il ne l'avait pas fait, il aurait fini par se faire bouffer par ses regrets. Callen, qui conduisait, accéléra légèrement. Il n'y avait pas cinquante raisons pour que Kilian quitte son petit bout de Connemara pour venir jusqu'en Amérique et prenne le risque de se faire enfermer à vie dans une prison de haute sécurité, rien que pour lui parler. Et parmi ces raisons, il y en avait une en particulier, un prénom qui tournait en boucle dans la tête de l'agent senior. Et il avait beau résister de toutes ses forces, à présent que le coffre fort blindé qui l'isolait de ses pensées était tombé en poussière… Il ne parvenait pas à s'en débarrasser.

À suivre…

(On oublie pas les reviews, seules rémunération de l'auteur.)