Genre: Romance :| Drame :| Hurt/comfort :| Angst :| Amitié
Rating: M, pour mention de relations sexuelles et de violences notamment psychologiques/domestiques (enfin je crois?)
ATTENTION : mention de tentative de rapport non-consentant (mais promis, ça ne va pas plus loin)
Spécificité: Plus ou moins canonverse, multipairing avec Russie, character Study.
Note de l'auteur:
Ce récit est… Un putain de RGNI (récit de genre non-identifié). Je sais vraiment pas comment le qualifier autrement (.-.)
Mais si je devais le résumer de manière propre, ça serait: Russie qui réfléchit à ses relations sexuelles/amicales, et de manière générale, au sexe, avec plus ou moins des références historiques.
Voilà.
Je pense pas que ce sera un texte qui plaira à tout le monde, mais bon, je l'ai écrit, autant le faire partager.
Bonne lecture!
Russie n'avait jamais vraiment vu l'intérêt du sexe.
Bien sûr, au début de sa puberté, il avait été intrigué. Des quelques hommes qu'il avait rencontré, certains lui avaient vanté le mérite ou simplement le plaisir qui découlait de cette activité. Et certaines nations en rajoutaient une couche, sans vouloir les citer.
Alors, quand il eut l'occasion d'aller un peu plus loin avec les quelques femmes et poignée d'hommes qu'il avait sincèrement aimé (on lui avait précisé que c'était toujours mieux lorsqu'on le fait avec quelqu'un qui nous tient à cœur), il le fit pour voir ce que ça faisait.
Il n'y avait pas à dire: il avait été extrêmement déçu. Oui, c'était agréable, mais de là à qualifier ça d'extraordinaire? Sans façon. C'était court, sans garanti et trop souvent sans réciprocité.
Dès lors, il se consacra exclusivement à se chercher des amis, plutôt que des amants ou des coups d'un soir.
Mais il avait récidivé, en quelques occasions, et il avait quelques fois... Éprouvé du désir envers des personnes qu'il n'aurait pas dû. Il parle d'amis, en somme.
La première fois, cela devait être avec France.
Il était alors encore jeune - environs dix-sept ans en âge humain. France était un peu plus âgé que lui (dans la vingtaine humaine, peut-être) et était dans ce que l'on pourrait plus ou moins appelé une période "dorée". Son aîné l'avait ainsi invité à Versailles pour nouée "des relations diplomatiques", d'après la version officielle.
Il se souvient encore de son arrivée timide et son ébahissement face à tant de splendeur. Il s'était promis de faire mieux que son hôte dès l'instant où ses pieds foulèrent la cour du palais.
Sa sœur aînée l'avait prévenu qu'on tenterait de l'éblouir, de lui tourner la tête jusqu'à le faire se pâmer. Ça n'avait pas raté. Et France savait quoi dire pour la séduire davantage - et ce, dans tout les sens du terme.
Lorsque ce dernier lui proposa, plus ou moins de manière déguisée, de passer la nuit ensemble, le Russe avait d'abord refusé. Cela pourrait paraitre étrange pour certains, mais il était incroyablement intimidé. Il n'était peut être plus vierge, mais l'idée de le faire avec une nation (masculine de surcroît) le mettait mal à l'aise. Que faire s'il n'était pas à la hauteur? Que ça s'ébruitait et qu'il avait à s'expliquer devant ses sœurs? Devant le tsar lui-même?
Le Français l'avait de suite rassuré.
- Cela restera entre nous, avait-il susurré d'un air entendu.
- Je te guiderai, avait-il affirmé.
- Mais si tu ne souhaites que d'une relation platonique, termina-t-il enfin, alors il en sera ainsi. Néanmoins, si tu changes d'avis, fais-moi signe.
Le Français avait passé sa main sur son épaule, qui coula le long de son bras en partant. Il ferma délicatement la porte de la chambre de son hôte, qui émit un doux cliquetis.
Lorsqu'il fut seul, le jeune homme releva une de ses manches.
Il avait la chair de poule.
Il s'assit sur le lit. La jeune nation s'humecta les lèvres, troublé. Il ne voulait pas s'avouer qu'il était tombé aussi facilement dans ce qu'il lui paraissait être un piège. Un piège que le français nommait « amour ».
L'Eurasien devait rester une semaine, et cet incident s'était déroulé dès le premier jour. Dans ceux qui suivirent, France lui fit des allusions innocentes sur sa proposition - non, elles n'étaient définitivement pas innocentes. Mais il les avait crues innocentes, sur le moment. Il revoit son sourire en coin. Ce genre de rictus que l'on arbore quand l'on sait que l'on a déjà gagné la bataille. Mais il était trop jeune, il n'avait pas assez d'expérience pour comprendre cela. Il le pensait simplement heureux de l'avoir en sa compagnie.
L'avant-dernier jour, le Russe céda. Il le voulait. Ardemment. Mais il gardait une once de raison. Il restait anxieux, l'inconnu le rebutait. Le questionnait. Pouvait-on avoir des relations entre nations ? N'était-ce pas dangereux politiquement ou autre ?
- Ce ne sera que pour ce soir, répondit-il en l'embrassant avant de murmurer, à moins que tu en souhaites davantage…?
Alors c'était ça. Ce n'était pas quelque chose de sérieux. Il n'était qu'une aventure et, demain, quand son désir sera assouvi, France ira voir ailleurs.
Son cœur se pinça. Qu'il avait été naïf et bête. Et ce n'était pas faute de recommandations - il peut presque encore entendre Ukraine le lui rappeler dans un coin de sa tête.
- Non. Ça ira, répliqua froidement Russie.
- Comme tu le souhaites, gloussa l'autre.
Le Russe avait presque souhaité partir. Cela aurait été une belle humiliation et une vengeance ô combien douce. Mais il était déjà nu, et les marques d'affections de son partenaire étaient si appuyées que ses intentions fondirent comme neige au soleil. Il joua le jeu. Au moins, il l'avait aimé pour une nuit.
France savait ce qu'il faisait. Le Slave mentirait s'il disait que cela n'avait pas été une bonne expérience. C'est vrai qu'après il s'était senti… Pleinement satisfait. Il avait bien dormi ce soir-là en tout cas.
Mais par la suite, une fois reparti, ce souvenir prit une teinte amère. France n'était pas régulier dans son courrier - déjà que ça mettait une temps fou à arriver, s'il ne faisait pas d'effort, c'était bien vain!- et cela lui donna l'impression que le Français n'avait jamais été vraiment amoureux de lui.
Et il se rendit bien vite que ses soupçons étaient confirmés. France prétendait aimé tout le monde, mais c'était faux. Il aimait simplement posséder une personne le temps de faire son affaire et, ensuite, il allait chercher l'herbe plus verte ailleurs. Il se satisfaisait de la conquête, le reste importait peu à ses yeux.
Pour Russie, ce n'était pas ça, aimer. Quand on aime vraiment quelqu'un, on l'aime pour toujours. On lui appartient pour toujours. Et il nous appartient pour toujours.
Il considérait cette idée véritablement fondée en amour comme en amitié.
Suivant cette logique, Russie collectionnait ses amis, qu'il ramenait dans sa maison et qu'il clamait comme « sien ». Ses patrons avaient été très clairs là-dessus: c'était la manière commune et quelque peu tabou de créer des amitiés. Il fallait les rosser un petit peu, mais c'était pour leur bien!
Russie savait que c'était incorrect mais parmi ses amis, il avait un favori: c'était Lituanie.
Il s'était rencontré très jeunes, vers ses sept années en âge humain. Lituanie devait être plus ou moins vieux. Tout de suite, le Russe avait souhaité en faire son ami. Il voulait se faire aimer de lui et lui rendre cette affection. Et son cœur fit des bonds dans sa poitrine lorsque le Balte lui tendit la main, lui offrant cette amitié tant désirée.
Mais l'enfant blond avait refusé. Un ami devait être capable de secourir, en cas de besoin, ceux qu'il aimait. Or, il peinait déjà tant à se défendre seul que le Russe jugea cela impossible sur le moment.
Son souhait d'enfant était de pouvoir protéger ses amis, rire avec eux. Peut-être même souffrir avec eux. Et surtout, rester avec eux pour toujours.
Mais, bizarrement, avec Lituanie, il voulait plus. Il le souhaitait toujours à côté de lui à table (ça rendait Biélorussie complètement folle), il lui donnait toujours les tâches qu'il jugeait plus faciles pour lui. Il aimait l'avoir dans sa chambre en train de faire le ménage. Il adorait quand il s'endormait dans celle-ci au lieu de sa pièce attitrée, sûrement trop épuisé pour s'en rendre compte. C'était rare, ceci-dit, mais c'était aussi une partie du charme de cet événement.
Alors, doucement, il le prenait dans ses bras et le ramenait dans son lit à lui.
Une fois, le blond avait dormi avec lui. Juste pour voir. Le lendemain, il fut réveillé par des tremblements. Lituanie claquait presque des dents. Le Russe plaisanta sur le fait qu'il ne devrait pourtant pas avoir froid avec lui dans son petit lit.
- Ahah, oui, je n'ai pas froid, c'est nerveux, grinça le lituanien.
- Ça t'arrives souvent? Demanda-t-il alors sincèrement.
- Trop souvent même, continua le brun sur le même ton.
Il eut un silence.
- Tu devrais peut-être consulter un médecin, crut bon de conseiller Russie, je t'en ferai venir un dès que je pourrais.
- Hum… Merci?
On entendait Lettonie qui se levait dans la pièce d'à côté.
- Je… Je souhaiterai m'habiller, hésita le Balte.
- Oh. D'accord! Je devrais aussi y aller. Nous avons encore beaucoup à faire.
- … Oui…
A ce moment-là, Russie ne voulait pas vraiment admettre qu'il était plus ou moins attiré par celui qu'il considérait comme son ami d'enfance. Les amis normaux ne faisaient ce genre de chose entre eux, pas vrai? Ils ne souhaitaient pas faire des choses à caractère sexuel ensemble, n'est-ce pas?
Pourtant il y pensait de plus en plus souvent, fantasmait sur des situations dont il avait honte par la suite. Cela le rendait malheureux. Il se faisait violence pour étouffer ces sentiments naissants, parce qu'il ne souhaitait pas d'une telle relation avec lui.
« Ça serait trop compliqué. »
« Je ne sais même pas s'il est attiré par les hommes. »
« Il va me trouver bizarre. »
« Ça ne sera jamais plus comme avant. »
« Mes sœurs ne l'accepteront jamais. »
Etaient les arguments qui lui revenait le plus souvent en tête.
Par rapport à ses sœurs, ce n'étaient pas tant qu'elles rejetteraient une relation homosexuelle (elles savaient déjà qu'il était sorti avec quelques hommes « mortels ») mais plus pour l'aspect politique de la chose. Maintenant qu'il était, d'une certaine manière, le chef de famille, il ne pouvait pas jouer les Don Juan. Une fois que l'on éprouve des sentiments, cela implique toujours une influence plus ou moins grande sur la politique. Il le voyait bien au sein de sa propre famille.
Quoique, sa petite sœur aurait pu sortir d'autres arguments, plus sur le plan sentimental qu'international cette fois-ci. Cela le désolait, mais elle semblait vraisemblablement haïr le Lituanien pour une raison qui lui échappait.
Les choses s'accélèrent durant le XX° siècle.
Tout allait mal. Russie avait beau tenter de ramener la situation, obéissait scrupuleusement au tsar, rien n'y faisait. Le peuple avait faim. Le peuple était en colère. Le peuple le haïssait. Le peuple le voulait mort.
Il se souvient parfaitement de ce qu'il avait dit à Lituanie à l'apogée de cette rancœur injuste.
- S'ils ne m'aiment pas, alors ils ne sont pas vraiment Russes.
Il se rappelait avoir pris un fusil, être sorti et…
Plus rien.
Un trou noir, obscure. Un moment sous-vide.
Pourtant, le grand homme blond ne se sentait pas bien.
Il aurait dû, pourtant, se sentir mieux. Il avait balayé le problème. Il avait fait ce qu'il fallait faire.
Mais qu'avait-il fait exactement?
Cela le taraudait. Et ce ne serait pas la dernière fois qu'il aurait des lacunes de mémoire.
Il n'en prit cependant que pleinement conscience lorsque, un matin, il se réveilla et croisa son ami d'enfance dans la salle de bain.
Il s'arrêta net.
Le dos du Lituanien était en sang. C'était très grave. Les blessures se guérissaient normalement toutes seules pour eux, sauf en cas de guerre.
Mais ils n'étaient pas en guerre. Il n'aurait pas dû être dans cet état.
Le brun couina un peu quand Estonie passa un gant pour tenter de nettoyer sa (ses?) plaie.
Russie sentit la colère s'emparer de lui.
- Qui t'as fait ça? L'interrogea-t-il le plus calmement qu'il put.
L'Estonien émit un glapissement et son patient sursauta. Il vit l'effroi s'installer sur leurs faciès, bien qu'ils tentaient de le masquer.
- Qui? Reprit-il alors un peu plus agressif.
La nation brune paraissait être désespérée. Il balbutia des mots incompréhensibles, tandis que son compagnon évitait le regard du Russe.
- C'est vous, monsieur Russie, finit par avouer une voix fluette.
À son nom, ce dernier se retourna. C'était Lettonie qui avait pris la parole.
Il ne voulut pas y croire. Ce n'était pas vrai. Il n'aurait jamais fait cela à son ami le plus proche.
- Tu mens, siffla-t-il alors en s'érigeant face à l'adolescent.
- Non. C'est la vérité.
Il fut déconcerté de voir la sincérité dans son regard. Presque provocateur. Et malgré cela, ses jambes tremblotaient un peu.
Le blond se retourna vers le Lituanien. Il avait adopté l'attitude évasive du blond à lunettes.
- Est-ce que c'est vrai?
- Je… C'est que…
- EST-CE QUE C'EST VRAI? S'emporta-t-il alors en s'approchant brusquement de lui.
- Oui, souffla-t-il alors.
Russie tomba des nues.
Ce n'était pas possible. Ce n'était pas vrai. Hier il -
Qu'est-ce qu'il avait fait hier?
Il tenta de se souvenir de quelque chose, n'importe quoi. Le temps qu'il avait fait, ce qu'il avait fait, s'il avait arrosé ses tournesols, s'il avait taquiner le Letton comme il avait l'habitude de le faire, s'il avait écrit à ses sœurs ou à son dirigeant.
Rien. Absolument rien ne lui revenait.
Qu'est-ce qu'il lui avait fait?
Il regarda avec horreur le dos meurtri de son ami.
Il se sentit dégoûté. Dégoûté de lui-même. Il se haït, haït tellement...
Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris?
Puis, brusquement, il s'enfuit dans sa chambre et s'y enferma pour le reste de la journée.
Le pire était qu'il avait toujours cette envie lancinante de le posséder le Lituanien; ne serait-ce que pour une nuit. Juste, sentir son corps contre le sien. Le rendre un peu heureux. Juste un tout petit peu.
Il fit tout ce qu'il put pour se rattraper. Sauf une chose. Une chose qu'il n'avait jamais songé à faire avant aujourd'hui.
S'excuser.
Mais, même s'il l'aurait voulu, il n'en n'eut pas le temps. Il eut la Première, puis la Seconde Guerre Mondiale.
Il en était sorti affaibli, mais ô combien victorieux, surtout dans la Deuxième. Et il crut que cela effaçait tous ses pêchés; ces guerres avaient été pour lui comme une sorte de purgatoire dont il avait triomphé.
Il ne s'en rendit pas compte, mais, peut-être que la combinaison de ça à ce qu'il endurait quotidiennement par la rigidité de son nouveau régime, il était devenu extrêmement irritable et impulsif. Il lui fallut plusieurs années de recul pour véritablement en prendre… Plus ou moins conscience.
Un jour, sur un coup de tête, il acheta une tenue de soubrette pour Lituanie et le força à la porter. La promesse de recevoir des coups de bâtons s'il ne le faisait pas marchait presque à tout les coups. Sans jeu de mot. C'était cruel, maintenant qu'il y repense, de l'avoir menacer de la sorte. Mais il est trop tard pour les regrets...
A contrecœur, le Lituanien céda à sa demande.
- Ça te vas bien, lui dit-il alors très satisfait, tu devrais porter ça de temps en temps!
- Je-je préférerai porter quelque chose de… Plus confortable, tenta l'autre. Ça me donne froid aux jambes…
Russie le contempla. Ça lui allait vraiment, vraiment bien.
Son désir refit alors surface. Il tenta de l'ignorer et puis, subitement pris d'un élan de confiance, il lui avoua:
- J'aimerai faire l'amour avec toi alors que tu porterais cette tenue.
Il s'était attendu à tout. Vraiment. Il s'était imaginé à ce qu'il lui dise oui et qu'ils succombent à leur passion de suite. À ce qu'il le repousse violemment, le traitant d'ignoble pervers. À un ébahissement choqué avant que Lituanie ne prenne ses jambes à son cou.
Mais l'homme brun éclata en sanglots, se précipita dans le coin opposé de la pièce et se recroquevilla du mieux qu'il put.
- Non! Non, pitié, tout mais pas ça! Tout sauf ça… Pleura-t-il de détresse, je ferai tout ce que vous voudrez mais je vous en supplie, ne me faites pas ça! Ne me violez pas…!
Cette dernière sentence le foudroya sur place. Il tenta de nier, de le rassurer, mais il était tellement pris au dépourvu que rien d'intelligible ne sortit de sa gorge. Et l'autre était tellement prit de panique qu'il était incapable de se calmer, se braquant davantage dès que le plus grand essayait de s'approcher de lui.
Alors, tristement, il sortit de la pièce et alla demander à sa grande sœur de lui venir en aide. Elle savait toujours comment régler ce genre de litige. Il fallut tout de même attendre un moment avant que le brun ne ressorte accompagné de la femme blonde.
On jeta le déguisement et cette affaire fut comme oubliée.
Mais ce ne fut plus jamais pareil. Ils ne pouvaient plus rester très longtemps ensemble avant qu'un malaise tangible ne s'installe entre eux. Russie ne pouvait pas encore se remettre entièrement de la vision que Lituanie avait de lui - et peut-être que l'intéressé le craignait encore plus maintenant qu'il avait connaissance de cette image. Le pire, c'est qu'il ne pouvait même pas lui en vouloir. Les réminiscences de son ami meurtri le saisir.
Cette fois, il voulut s'excuser. Il voulait éclaircir la situation, s'expliquer. Il souhaitait se faire pardonner. Il le reconnaissait, il avait été trop loin cette fois.
Mais il ne savait comment s'y prendre. Et le brun faisait tout pour l'éviter - et ils avaient tous les deux tellement à faire qu'il n'en n'eut jamais l'occasion pendant la période soviétique.
Surtout qu'il avait quelqu'un d'autre qui occupait ses pensés. Pas en amour cette fois, mais en mépris, en dégoût, en haine.
Amérique.
Enfin, pour être exacte, Etats-Unis. Il n'avait rien à reprocher de particulier à ses voisins.
Quel petit cancrelat celui-là. Qu'est-ce qu'il avait pu rêver de pouvoir l'écraser, le dominer, ou tout bonnement lui marcher sur les pieds au sens propre et figuré!
Et parfois, cela prenait une bizarre tension sexuelle.
Russie ne comprenait pas cela. Comment était-ce possible? Comment pouvait-il exécrer quelqu'un à ce point et en même temps fantasmer sur lui? Ça n'avait aucun sens! C'était parfaitement illogique!
Pourtant les faits étaient-là. Désir et répulsion se mélangeaient dans sa tête, au risque de le faire vomir à chaque fois qu'il y pensait.
Ça ne pouvait pas continuer comme ça.
Il aurait voulu en parler à quelqu'un mais il n'avait alors plus personne pour lui prêter une oreille attentive, et surtout qui ne le jugerait pas. Sa relation avec Lituanie était devenue trop instable. Quand à ses sœurs, n'en parlons pas. Elles seraient aussi abasourdies que lui et cela ne feraient que les ennuyer. Ils avaient tous suffisamment de problèmes comme ça.
Il se souvient alors que France possédait une ligne de radio où il donnait des « conseils » dessus. Russie ne se risqua pas à lui en parler directement - l'Européen serait parfaitement capable de le crier sur tout les toits pour le simple plaisir. Mais il lui envoya une lettre (enfin, plusieurs, afin d'être certain qu'il serait pris) qui parvint heureusement jusqu'à l'intéressé:
- Alors, Petitournesoldesneiges dit « est-il possible de vouloir faire l'amour avec quelqu'un que l'on déteste (détester au point de vouloir l'expédier tout droit vers le Soleil et exploser sa maison à coup de missiles nucléaires)? ».
Il eut un silence. Russie eut peur que l'animateur décide que sa question était trop bizarre et de la passer. Mais il reprit:
- C'est une excellente question cher anonyme! Il est vrai que l'on associe désir et amour plutôt que désir et haine, mais sachez mes petites colombes que ce n'est pas toujours le cas. Il arrive que quelqu'un que l'on n'apprécie pas, mais que l'on reconnait comme un alter-ego, peut attiser la libido. Croyez-moi, je sais de quoi je parle! En somme, oui, c'est possible, mais je vous conseille tout de même d'apprendre à vous apprécier un minimum avant d'engager tout rapport. Dans une position aussi vulnérable, il vaut mieux que cela se passe avec une personne consentante et qui ne tentera de profiter de vous… Mais sachez que c'est l'inverse chez les bonobos! J'ai lu dans un article très intéressant l'autre jour que…
Russie éteignit la radio. Il avait sa réponse.
Il eut peur de répéter plus ou moins les mêmes erreurs qu'avec son « ex » meilleur ami. Qu'à un moment, il finisse par céder à ses pulsions et que la vérité éclate. Ça serait une véritable catastrophe, il deviendrait la risée de tous, c'était certain.
Heureusement, ce sentiment (ou cet amalgame de sentiments?) finit par s'apaiser de lui-même.
Cela aurait pu s'arrêter-là. Le blond commençait à s'épuiser, à force de désirer, étouffer, s'étouffer et être rejeter. Ce n'était pas ça qu'il souhaitait.
Mais il y avait Chine...
