Cela faisait une semaine que la pseudo bataille contre les Volturi s'était soldée par le départ de ces derniers. Une semaine que les Cullen, ou plutôt Edward et Bella célébraient leur "victoire" comme il se devait tandis que Jacob se chargeait de garder son imprégnée. Une semaine que Leah patrouillait sans répit autour du territoire de leurs anciens ennemis car son Alpha redoutait le retour des Italiens. Elle était exténuée et passablement énervée de devoir encore courir sous sa forme animale alors que son chef et la Meute de Sam se la coulaient douce.
Elle ignorait que Jacob l'avait assignée aux patrouilles en espérant que ça la fatigue et par la même occasion que ça la calme un peu. Cela faisait quelque temps déjà qu'elle était encore plus insupportable que d'habitude, plus à fleur de peau et qu'elle recommençait à s'en prendre à tout le monde.
Au moins quand elle rentrait de patrouille elle était tellement épuisée qu'elle fichait la paix à Jacob ainsi qu'à son pauvre frère qui faisait le plus souvent les frais de ses humeurs.
Une fois n'était pas coutume, l'Alpha avait décidé que ce serait lui qui la relèverait de ses fonctions et qu'il prendrait la suite de sa patrouille. Bien mal lui en prit car Leah lui tomba dessus comme la foudre aussitôt qu'il se fut transformé. Elle avait ordonné à ses compagnons d'infortune de rentrer se reposer et attendait que Jacob se transforme pour lui dire sa façon de penser.
– Enfin tu daignes nous faire l'honneur de nous rejoindre en patrouille ! ironisa-t-elle. J'espère pour toi que tu n'es pas fatigué, parce que je prends 5 jours de vacances, et Seth et Embry aussi ! Ah, et j'allais oublier, tu n'as pas ton mot à dire !
– 5 jours de vacances, rien que ça ! s'exclama-t-il, s'attendant à tout sauf à ça. En même temps pourquoi pas, ça m'en fera aussi à moi, des vacances. Même si je fais toutes les patrouilles, au moins je serais au calme je ne vous aurais plus sur le dos toi et tes nerfs !
– Ton bon sens ne te dit pas que si tu m'as autant sur le dos, c'est qu'il y a une raison ? répliqua-t-elle, vexée. Je suis fatiguée de faire des rondes pour tes amis les buveurs de sang pendant que tu t'amuses à la dînette avec ta petite fiancée ! Ils ne peuvent pas vérifier eux-mêmes qu'ils n'y a plus de danger ? J'ai faim, j'ai mal aux pattes et j'ai désespérément besoin d'un bain !
– Et le tien ne t'a pas mis la puce à l'oreille que si je te donne toutes ces patrouilles c'est justement pour te fatiguer et que tu n'éclates pas à la moindre occasion ?
Il fallait qu'il lui dise ce qu'il pensait.
– Tiens, autant qu'un bain et qu'un bon repas, une bonne partie de jambe en l'air te ferait du bien aussi, ça au moins ça te calmerait peut-être. Trouve toi un mec ma vieille.
Il ne voulait pas être dur avec elle, mais il fallait que quelqu'un lui ouvre les yeux à un moment ou un autre, parce qu'à force de la laisser dans son monde, elle deviendrait trop aigrie pour se trouver quelqu'un. Leah était une bonne personne au fond d'elle, blessée, mais qui malgré tout faisait souvent passer les autres avant elle. Et si quelqu'un avait bien droit au bonheur c'était elle, même si ce bonheur passait par un coup d'un soir pour lui changer les idées.
Malheureusement, elle ne vit pas le conseil de son Alpha comme un avis bienveillant. Une vague de colère l'envahit et elle ne put s'empêcher de montrer les crocs à Jacob tant ses paroles avaient heurté son ego. Elle savait qu'elle n'était pas facile à vivre, mais elle pensait sincèrement que Jacob avait compris que ce n'était pas de sa faute. Elle souffrait encore de sa séparation avec Sam et jamais aucun homme n'avait réussi à la satisfaire comme son ex-fiancé auparavant, encore moins depuis qu'elle s'était transformée. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé, même si elle avait enfoui ce genre de détail au plus profond d'elle de peur de marquer à vie son petit frère. Toutes ses déception et sa frustration revinrent de plein fouet et elle fut incapable de cacher davantage ses pensées.
Jacob reçut le flot de pensée de Leah en pleine poire. Il savait qu'elle souffrait mais il était loin d'avoir perçu l'étendue des dégâts qu'avait causé l'imprégnation de Sam.
Mal à l'aise, il ne sut comment répondre et comme souvent il choisit l'humour.
– Tu sais, si j'avais su ça avant, je t'aurais proposé mes services et tu aurais pu constater qu'il y a d'autres hommes doué dans la matière. Maintenant je suis coincé donc pas d'une grande aide.
Il marqua une pause pour jauger sa réaction, qui ne se fit pas attendre.
– Arrête, Black ! Tout le monde sait que tu es puceau et que tu le resteras jusqu'à la majorité de Princesse la Tique ! pouffa cyniquement Leah. Et puis, je ne couche pas avec les mecs à qui j'ai torché les fesses !
– Encore une qui a des soucis avec l'âge! J'en reviens pas, qu'est-ce que vous avez toutes avec ça ?
Il était passé au-dessus de la pique de Leah concernant son imprégnée, il en avait pris l'habitude.
– Tu sais, concernant mon expérience, OK je suis puceau techniquement, mais vivre dans la tête de mes frères de meutes, ça en apprend plus d'une, entre autre sur ce que leurs petites amies sont capable de faire ou de recevoir.
Il aimait la taquiner et lui laissait entendre par là qu'il savait tout de ses ébats avec Sam.
Un frisson d'effroi parcourut l'échine de Leah, rapidement consumé par une nouvelle vague de colère.
– L'enfoiré ! Il... Il n'a pas... Il n'avait pas le droit de faire ça ! s'emporta-t-elle en se précipitant vers la Push, folle de rage.
Jacob la regarda partir, riant un peu sous cape et étant on ne peut plus content de ne pas être à la place de Sam en ce moment.
Il laissa Leah partir se défouler sur son ex et entreprit sa patrouille.
La colère de Leah ne faisait qu'augmenter à mesure où elle s'approchait du territoire Quileute. Elle n'avait qu'une idée en tête, torturer son ex à petit feu jusqu'à ce que mort s'en suive. Elle n'eut cependant pas à attendre d'arriver chez Sam pour le rencontrer, car ce dernier patrouillait de son côté de la frontière. Elle fut soulagée de ne pas avoir à l'émasculer devant les membres de l'autre meute, bien que l'idée de lui faire du mal devant Emily semblait particulièrement réjouissante. Elle suivit l'odeur de son ancien Alpha, qui ne semblait pas vraiment concentré sur sa tâche, et le surprit en fonçant sur lui à pleine vitesse, la force de l'impact les envoyant valser à des dizaines de mètres de leur point initial. Elle ne perdit pas de temps et l'attaqua de nouveau, l'assaillant d'injures qu'il ne pouvait malheureusement pas entendre. Il esquivait ses mâchoires et semblait ne pas vouloir se défendre, ce qui enrageait d'autant plus la louve.
Finalement, après une dizaine de minutes à jouer au chat et à la souris, la fatigue pris le dessus sur la colère de Leah et cette dernière se retrouva malgré elle sous sa forme humaine, entièrement nue devant Sam.
Sam fut plus que surpris de se ramasser une Leah totalement hors d'elle sur le dos. Il avait fait de son mieux pour éviter ses attaques tout en ne répondant pas, car évidemment il ne voulait pas la blesser. Ne partageant plus ses pensées, il ne savait pas ce qu'elle lui reprochait. Il tint donc bon jusqu'à ce qu'elle s'épuise. Ce à quoi il ne s'attendait pas non plus c'est qu'elle se transforme et qu'elle reste là, devant lui, nue, épuisée et essoufflée Il avait beau être imprégné d'Emily depuis longtemps, ces moment avec Leah, leurs ébats, lui revinrent en mémoire. Elle ressemblait, là tout de suite, à la Leah d'après l'une de leur nuit de plaisir. Et il n'avouerait jamais, à qui que ce soit, que ça ne le laissait pas indifférent.
Leah se releva péniblement et ancra son regard empreint de furie à celui de Sam.
– Comment as-tu pu me faire ça ? souffla-t-elle, la gorge nouée. Partager notre intimité avec les autres comme si ça ne représentait rien... Comme si je n'étais qu'un vulgaire bout de viande et pas la fille avec qui tu avais prévu de te marier ? C'est ce que je suis pour toi, c'est ça ?
– Leelee ! gémit Sam, comprenant enfin ce qui avait mis la jeune femme dans cet état. Jacob m'a surpris une fois alors que je repensais à ça. Je n'ai pas parlé de ça avec lui, il est juste arrivé au mauvais moment !
– Tu n'as pas le droit de m'appeler Leelee ! Et tu n'as pas le droit d'y repenser non plus ! C'est fini ! Tu as Emily, enfoiré, et ce qui s'est passé entre nous n'est pas à balancer au détour d'une patrouille comme si tu te repassais un bon vieux porno !
– Ces souvenirs sont à moi aussi, Leah, et j'y repense si j'en ai envie, ou besoin! Emily est peut-être mon imprégnée, mais ce n'est pas pour ça que ça en fait une meilleure amante que toi!
Leah le dévisagea avec incrédulité. Elle ne s'attendait pas à un tel aveu de sa part. Une partie d'elle était fière de pouvoir clamer qu'elle était mieux sur ce plan-là que celle qui lui avait brisé son couple, mais la partie rationnelle de son être lui rappela qu'au final, c'était Emily et non elle qu'il retournait cajoler tous les soirs après sa patrouille.
– C'est peut-être toi le problème. Peut-être que tu as oublié comment on faisait pour contenter une femme quand ton cerveau s'est liquéfié ! cracha-t-elle.
– Si je n'étais pas certain de m'en vouloir pour le reste de mes jours, je te montrerais que je n'ai rien perdu de ce que j'étais quand nous étions ensemble.
Rien qu'à cette idée il dut prendre une autre position pour cacher de Leah son érection naissante. Ce détail n'échappa pas à la jeune femme, qui sentit aussi l'odeur de l'Alpha s'accentuer. Désireuse de le pousser à bout et de blesser son amour-propre, elle le croisa les bras et arbora un sourire narquois.
– Au contraire, tu as tout perdu. Tout ce qui faisait de toi un homme a disparu. Tu n'es plus qu'un zombie. Un zombie impuissant, apparemment. Je me demande comment Emily peut accepter d'être avec un mec qui ne la fasse pas grimper aux rideaux. A moins qu'elle soit frigide, dans ce cas-là, je comprends pourquoi vous étiez destinés l'un à l'autre... Au moins ça m'a évité de simuler jusqu'à la fin de mes jours !
– Donc tu simulais !
Sam n'en croyait pas un mot, il sentait l'odeur de la rage de Leah et savait que dans ces moment-là elle disait n'importe quoi.
– Si c'est le cas, tu sais de quoi tu parles en parlant de frigidité, c'est toi la frigide dans l'histoire, Emily au moins elle ne fait pas semblant, elle reste elle-même et fait de son mieux.
– Apparemment, ça te convenait mieux quand je faisais semblant ! railla Leah, qui tentait d'ignorer la douleur qu'elle éprouvait à les imaginer ensemble.
– Et bien tu vois, tout compte fait, tu viens de m'enlever un poids énorme. Je n'ai finalement plus rien à regretter de ma vie avec toi.
Sur ces mots, Sam se détourna de Leah et pris le chemin de chez lui.
La jeune femme le regarda s'éloigner, le cœur serré. Elle avait envie de rappeler Sam, de lui dire qu'elle avait menti et qu'elle mourrait d'envie de revivre ces moments intenses qu'ils avaient partagé. Qu'elle était même prête à se taire et à ne rien dire à Emily et qu'il n'y perdrait pas au change, mais elle n'en fit rien. Malgré l'envie de posséder une part de Sam que sa cousine ne pourrait jamais contenter, elle ne se voyait pas s'abaisser à faire cela, même si cela signifiait qu'elle pourrait l'avoir encore dans sa vie. Elle ne voulait pas d'une relation malsaine avec Sam. Elle voulait simplement oublier la douleur qui lui tenaillait le cœur, l'oublier lui et tout ce qu'ils avaient vécu tous les deux.
Elle serra les poings et se mordit les lèvres pour se retenir de hurler sa douleur.
A l'abri des feuillages de la lisière de la forêt toute proche, Nahuel n'avait rien raté du combat de loup. Voir l'un d'entre eux, celui qui avait le dessus, se transformer en une magnifique jeune femme, le cloua sur place. Elle était nue, magnifique. Elle rayonnait de féminité mais surtout de force. Lui qui depuis un siècle cherchait une partenaire, pour calmer ses impulsions, pensait avoir enfin trouvé une candidate. Toutes les autres auxquelles il avait pensé étaient soit humaines, trop faible, soit vampires, trop froides, soit hybride et intouchables puisque de la même famille que lui.
– Qui que vous soyez, sortez de votre cachette. Je sais que vous me surveillez. Grogna Leah en tournant sa tête en direction de la cachette de l'hybride. Ça vous amuse de me voir à poil, espèce de pervers ?
Nahuel n'était en soi pas surpris que Leah lui adresse la parole, il se doutait qu'étant une louve elle devait avoir les sens plus aiguisés que le commun des mortels.
– Je suis désolée, jeune demoiselle, mon intention n'étais en aucun cas de vous surveiller ou de profiter de façon malveillante de votre nudité qui soit dit en passant est loin d'être désagréable.
Nahuel essayait d'amadouer la belle, ne sachant vraiment pas comment s'y prendre ni sur le ton ni sur la forme.
– Je passais par là quand j'ai entendu les bruits d'une bataille et j'ai voulu voir si quelqu'un n'avait pas besoin d'aide.
Leah le dévisagea avec méfiance, mais ne tenta pas de cacher son corps nu. Elle n'avait pas honte de ce qu'elle était et si ce n'était pas pour préserver son petit frère, elle ne prendrait pas la peine d'apporter des vêtements avec elle. Après tout, elle était une louve, et elle aimait communier avec la nature dans le plus simple appareil.
– Menteur. Vous m'avez suivi depuis chez les Cullen. Vous êtes la demi-sangsue, celui qui tourne autour de la maîtresse de Jacob, c'est bien ça ?
Il s'avança lentement, sortant du couvert de la forêt. Le voir pourrait certainement aider cette magnifique créature à moins se méfier.
– Je suis Nahuel, pour vous servir. Demi-sangsue? Il rit doucement à cette appellation. C'est comme ça que vous nous appelez?
Le regard de la jeune femme s'étrécit et elle jaugea le moindre geste de l'hybride, sa posture altière devenant défensive à chacun des pas de son ennemi.
– Pourquoi m'avez-vous suivi ? grogna-t-elle, ignorant de ce fait la question de Nahuel.
– Vous m'intriguez. Ou plutôt votre espèce m'intrigue. clarifia-t-il. Mais je dois dire que depuis peu, très peu même, VOUS m'intriguez en tant qu'individu.
Il se déplaçait, lentement, tournant autour de Leah tout en appréciant la vue de la jeune femme, fière, qu'il avait devant lui.
Qu'elle n'essaie en aucun cas de cacher sa nudité l'impressionnait quelque peu et lui faisait deviner que c'était une personne entière, qui ne jouait pas et qu'il fallait accepter telle quel.
Elle lui plaisait et l'attitude qu'il avait pris au départ pour ne pas l'effrayer s'était un peu modifiée et prenait doucement la direction de celle du charmeur.
Il savait qu'il ne laissait pas indifférente la gente féminine, même la masculine parfois à son grand désarroi, et il se demandait si la louve pourrait se révélé attirée par lui.
Leah sentait le regard appréciateur de Nahuel sur elle et ne put s'empêcher de sourire et de se détendre légèrement. Elle aussi avait conscience du pouvoir de séduction qui émanait d'elle. Il n'y avait qu'au sein de sa meute qu'elle se sentait moins femme qu'elle ne l'était, car ces derniers n'arrêtaient pas de lui rappeler qu'elle était la seule de son espèce à être une fille et que quelque chose clochait forcément chez elle. Plus d'une fois elle avait essayé de se prouver le contraire en séduisant les hommes dans les bars qu'elle fréquentait quand elle ne patrouillait pas, mais à chaque fois qu'ils finissaient la bagatelle et qu'elle demeurait insatisfaite, la certitude qu'elle n'était pas normale se faisait de plus en plus ressentir.
– En quoi je vous intrigue ? Vous n'avez jamais vu un monstre de votre vie ?
– Tst tst tst. Fit-il en secouant légèrement la tête et en regardant au sol avant de lever à nouveau les yeux vers elle. Je ne vois pas de monstre mais au contraire. Il s'arrêta un moment pour la détailler de la tête au pied – une très belle jeune femme. Et votre espèce m'intrigue car je n'ai jamais rencontré de Métamorphe jusque-là.
– Eh bien, si vous cherchez un Métamorphe à qui faire la conversation, je suis sûre que mon frère s'en chargera avec plaisir. Ou Jacob. Et vous vous rendrez compte qu'on peut être aussi barbant que n'importe quel hybride pervers et voyeur dans votre genre... En tout cas, ne comptez pas sur moi pour vous divertir plus longtemps.
A ces mots, elle se dirigea vers la Réserve Quileute, non sans s'être arrêtée et lui avoir lancé en le regardant une dernière fois :
– Oh, et je ne m'éterniserais pas si j'étais vous. Jacob n'apprécie que très peu le fait que vous marchiez sur ses plates-bandes. Ce serait dommage qu'un si joli visage se retrouve amoché parce qu'il aurait traîné trop près d'une certaine imprégnée ! Enfin... C'est vous qui voyez ! Je ne serais pas contre une petite bataille, j'ai besoin de me détendre...
Nahuel ne se laissa pas démonter et rit à gorge déployée de la tirade de Leah. Il la regarda s'éloigner et lança à son tour, avant qu'elle ne soit hors de portée de voix.
– Si vous avez besoin de vous détendre, je vous propose mes services, ça nous aidera tous les deux, vous à vous calmer, et moi à me tenir éloigné des plates-bandes des autres.
Il entendit le bruit de ses pas s'arrêter pendant une dizaine de secondes au moins avant de s'éloigner bien plus vivement qu'avant, et il sut que sa proposition avait ébranlé la louve. Il ne lui restait plus qu'à savoir si cela avait été en sa faveur ou non.
