A Second Chance

By Sally Reeve

Auteur : Sally Reeve

Traducteur : Aybarra

Rating : PG

Catégorie : S/J (UST et RST), Action/Aventure, Angst, guimauve… je crois que j'ai couvert à peu près tout !

Résumé : Jack a une femme dans sa vie, et ce n'est pas Sam…

Spoilers : rien d'important, vagues références à la saison 4

DISCLAIMER: All publicly recognizable characters and places are the property of MGM, World Gekko Corp and Double Secret Productions. This piece of fan fiction was created for entertainment not monetary purposes and no infringement on copyrights or trademarks was intended. Previously unrecognized characters and places, and this story, are copyrighted to the author. Any similarity to real persons, living or dead, is coincidental and not intended by the author.

Note de l'auteur : Merci comme toujours à Erika et à Lynn pour leur patience et leurs commentaires.

Note du traducteur : C'est une fic de Sally les amis, donc c'est forcément excellent !^^ (et très ship et… angst, bien sûr).

Un grand merci à Sam star et à Bibiche pour leur aide.

Je n'ai pas réussi à contacter Sally malgré de nombreux emails. Je me permets donc de publier cette traduction sans son autorisation

Bonne lecture !

ooOoo

Prologue

Jack O'Neill était étendu sur le dos, les yeux fermés, respirant bruyamment. « Oh mon Dieu, » murmura-t-il enfin, « Oh Dieu. »

Elle sourit, se redressant sur un coude. « Je t'avais dit que ce serait drôle, » murmura-t-elle, glissant un doigt à travers sa poitrine humide de sueur et souriant lorsqu'elle le sentit frissonner à son contact.

Jack ouvrit les yeux et caressa son visage. « Tu es incroyable, » souffla-t-il.

« Je parie que c'est ce que tu dis à toutes les filles, » taquina-t-elle.

Un grand sourire passa sur son visage, illuminant ses yeux sombres comme des étoiles et faisant battre son cœur violemment. « Tu es la première, » dit-il sérieusement, « la première depuis très, très longtemps. »

Elle lui dédia un nouveau sourire, laissant ses doigts descendre lentement le long de sa poitrine jusqu'à son ventre. Jack battit des yeux et un petit gémissement d'anticipation s'échappa de ses lèvres alors que ses doigts poursuivaient leur chemin plus bas…

Son portable se mit alors à sonner, le son étouffé sous la pile de vêtements enchevêtrés et abandonnés tout près. « Quoi encore ? » soupira-t-elle. Se penchant par-dessus Jack, elle fouilla dans ses vêtements jusqu'à ce que ses doigts se ferment sur le téléphone. Mais la sensation de son corps sous le sien, encore chaud et glissant de sueur, suffit à tout chasser de son esprit sauf le désir; elle dut faire un effort pour garder sa voix calme quand elle répondit, « Bonjour, Natacha Greene. »

« Désolé d'interrompre vos vacances, Professeur, » dit la voix familière de son assistant, Bill Tuck. « Mais le Docteur Jameson veut que je vous envoie immédiatement un nouveau brouillon de son article et j'ai besoin d'une adresse email. »

Elle jeta un œil à Jack. « Je n'ai pas d'adresse email ici, » dit-elle et il hocha tête, amusé.

« Un fax alors ? »

« Bill, » dit-elle doucement, « je suis dans un chalet, près d'un lac. J'ai un téléphone. C'est tout. »

Il y eut une longue pause. Et puis, « Que dois-je dire au Docteur Jameson ? »

Elle fut tentée de dire, 'Dites-lui d'avoir une vie' mais elle résista. « Dites-lui que je l'appellerai demain matin et nous en discuterons, » dit-elle. « Et, Bill ? Il est tard. Rentrez chez vous. »

« Je m'en allais, » lui assura-t-il, bien qu'elle en doutât. L'homme travaillait fichtrement trop. « A la semaine prochaine. »

« Bonne nuit Bill, » dit-elle, éteignant le téléphone et le jetant sur la pile de vêtements.

« Des problèmes ? » demanda Jack.

Elle secoua sa tête, l'étudiant soigneusement. « Juste un conférencier trop anxieux, » dit-elle.

« Ah, » acquiesça-t-il, faisant semblant de comprendre, « Je les déteste. »

Tasha sourit et se pencha pour l'embrasser. « J'ai déjà oublié, » le rassura-t-elle, et ce n'était pas loin de la vérité. « Cet endroit est trop magique pour s'inquiéter de la réalité. »

Jack sourit et l'enveloppa dans ses bras, l'attirant dans une chaude étreinte. « Pas toujours, » lui dit-il, « mais cette fois, c'est le cas. Grâce à toi. »

Elle sourit contre sa poitrine, passant ses doigts sur sa peau chaude. « Je suis contente d'avoir accepté de venir, » dit-elle. « Ca a été super. »

« Oui, » acquiesça-t-il. « Ca l'a été. Ca faisait trop longtemps depuis que j'ai eu de la compagnie ici. »

Il y avait une sorte d'étrange mélancolie dans sa voix qui attira son attention, et elle se redressa à nouveau sur un coude pour étudier son visage. Il y avait de la tristesse et des regrets. « Avais-tu l'habitude de venir ici avec ta femme et ton fils ? » demanda-t-elle doucement.

Jack hocha la tête. « Oui, » soupira-t-il, baissant les paupières légèrement en détournant ses yeux. « C'était il y a longtemps. »

« Pas si longtemps que ça, » dit-elle, caressant tendrement le côté de son visage. Et puis, pour changer légèrement de sujet elle dit, « Et à propos de tes amis ? Es-tu déjà venu ici avec eux ? »

« Pas vraiment, » répondit-il, son expression devenant encore plus songeuse. « Ils ont des avis partagés sur ce qui est… amusant, » expliqua-t-il avec un sourire triste. « C'est donc généralement seulement moi. » Puis, après un moment il ajouta, « J'ai cependant réussi à traîner Teal'c ici l'année dernière. »

Tasha sourit à cela. « Je ne savais pas que les Jaffa pêchaient, » dit-elle.

« Ils ne le font pas, » lui assura-t-il, souriant plus chaleureusement au souvenir. « Ils se plaignent des insectes par contre. »

Elle éclata de rire et se baissa pour retrouver l'étreinte de ses bras, posant sa tête confortablement contre son épaule. « Alors, » dit-elle, « quand rencontrerai-je Teal'c ? Et le Major Carter aussi. » Elle le sentit remuer légèrement à ses mots, comme si sa requête le rendait mal à l'aise. « Je ne veux pas m'imposer, » ajouta-t-elle vivement, « c'est juste que tu parles tellement d'eux. Mais si tu n'es pas à l'aise que je les rencontre... ?

« Non, » dit-il doucement, ses bras se resserrant autour d'elle. « Ce n'est pas ça. C'est juste que… c'est difficile de trouver le bon moment. Tu es occupée, ils sont occupés… »

« Bien, » répondit-elle, pas entièrement convaincue. Mais depuis le peu de semaines qu'elle connaissait Jack O'Neill, elle avait rapidement appris à ne pas le presser à moins qu'elle ne veuille qu'il se ferme complètement. « Eh bien, j'aimerai les rencontrer un de ces jours, » dit-elle doucement. « Quand tu seras prêt. »

« Tu les rencontreras, » lui assura-t-il, cette expression curieusement mélancolique de nouveau dans sa voix. « Tu les rencontreras. »

ooo

Chapitre Un

Cela avait été une mission longue et difficile, la dernière d'une série de missions longues et difficiles, et Sam se sentait épuisée, à la fois mentalement et physiquement. Mais néanmoins, en dépit du fait qu'elle avait l'impression qu'elle aurait pu dormir pendant une semaine, elle se retrouva en train de marcher consciencieusement vers le mess pour un des petits rituels de SG-1. C'était toujours ainsi dans l'armée, chaque unité développait ses propres habitudes et rites qui devaient être observés. Non pas qu'ils fussent superstitieux, mais quand vous mettiez votre vie en jeu jour après jour, vous faisiez de votre mieux pour satisfaire les dieux capricieux de la chance, où qu'ils soient.

Et donc SG-1 avait une règle, chaque fois qu'ils revenaient d'une mission sains et saufs, ils se rassemblaient tous ensemble pour manger un morceau et célébrer leur retour à la maison. Parfois, ce n'était pas plus qu'un café et des beignets dans son labo, parfois, une bière en ville, occasionnellement un repas complet au restaurant. Aujourd'hui, étant donné qu'ils étaient rentrés à une heure raisonnable, c'était un dîner à la base. Ce qu'ils mangeaient et où n'avaient pas vraiment d'importance, c'était juste un de ces rituels du genre « toucher du bois » qui devait être observé.

Puisque que les gars s'étaient douchés en premier, Sam fut la dernière à arriver. Mais quelqu'un – elle soupçonna O'Neill – lui avait déjà apporté un plat de lasagne. « Salut, » dit-elle, avec un sourire en se glissant dans le siège restait à côté de Daniel et en face du Colonel. « Merci, » ajouta-t-elle, faisant un signe vers l'assiette. « Je meurs de faim. »

O'Neill leva les yeux et lui fit la faveur d'un de ses rares sourires non sarcastiques. « C'était ça ou un truc que je ne n'arrivais pas du tout à identifier. »

Elle hocha la tête, ressentant une petite bouffée de chaleur lorsque leurs regards s'accrochèrent pendant une fraction de seconde – un de ces fragments d'intimité qui émaillaient leur relation professionnelle et lui donnaient une telle saveur. « Vous me connaissez, » lui dit-elle, baissant son regard et prenant sa fourchette, « Je tuerais pour de la cuisine italienne. »

« Hum, » grogna O'Neill piochant dans sa propre assiette, « pas sûr que ceci puisse vraiment être qualifié de cuisine italienne. »

« Indubitablement ça n'en est pas, » observa Teal'c. « Le repas a probablement été préparé ici, dans le Colorado. »

Jack sourit et dédia à Sam un autre regard amusé. « Merci pour cette clarification, Teal'c. »

« Okay, okay, » dit Daniel en suivant le mouvement, se fatigant de la plaisanterie, il leva sa cannette de Coke dans l'air. « Pour le retour en vie, » dit-il, prononçant leur toast coutumier.

« Retour en vie, » dirent-ils tous en écho, trinquant les verres et canettes de soda avant de retourner vers leur repas.

Après un long silence confortable, ponctué seulement par le bruit des couverts résonnant sur les assiettes, Daniel reprit la parole. « Alors, » dit-il lentement, « quelqu'un a des projets pour ce week-end ? »

Il y avait une innocence feinte dans sa voix qui détourna l'attention de Sam de son assiette et elle leva la tête. « Pourquoi ? » demanda-t-elle, souriant quand il haussa les sourcils.

Daniel rencontra son regard et lui retourna son sourire. « Eh bien, » dit-il, « au cas où vous ne vous rappelleriez pas, c'est mon anniversaire Dimanche et… »

« Nous n'avions pas oublié, » se précipita Jack, d'une manière trop rapide pour être crédible. Sam lui lança un coup d'œil irrité et il haussa les épaules, sur la défensive. « Je disais simplement…, » marmonna-t-il, avant de se taire.

« Vous allez le fêter ? » demanda-t-elle, se retournant vers Daniel.

Il parut un peu timide lorsqu'il répondit, « Hum, en fait, oui. Je pensais inviter quelques personnes pour dîner. Je sais que c'est une annonce tardive, mais je n'y pensais pas vraiment jusqu'au moment où… j'étais sous la douche… mais c'est si vous êtes libres… ? »

« Ca semble génial, » répondit Sam avec un grand, tendant la main pour toucher son bras. Comme s'ils n'allaient pas venir ! « Est-ce que ce sera le soir ? »

« Je pense, » acquiesça-t-il. « Sept heures ? »

Toujours avec le sourire, Sam se tourna vers Teal'c. « Vous êtes libre ? »

« Je le suis, » répondit-il. « Je serai honoré d'y assister, Daniel Jackson. »

Daniel grimaça alors qu'il prenait une autre gorgée de Coke. « S'il vous plait ne vous sentez pas honoré, » lui dit-il.

Teal'c ne répondit pas, mais Sam se surprit à sourire encore à sa réponse silencieuse. C'était toujours comme cela, pensa-t-elle gaiement. Après la tension de la mission, elle se surprenait toujours à sourire à ces petites réunions entre amis – c'était une sorte de relâchement émotionnel pour eux tous. Se tournant vers O'Neill, elle fut surprise de le voir fixer distraitement son assiette presque vide, en train de pousser le reste de son repas de-ci de-là avec sa fourchette. Ses sourcils étaient soudés de la même manière qu'ils étaient toujours quand il était perdu dans ses pensées. « Alors et vous, Colonel ? » demanda-t-elle avec curiosité, écartant son attention de la nourriture. « Avez-vous des projets ? »

« Euh… non. Pas vraiment, » dit-il, semblant aussi évasif qu'un Tok'ra acculé au mur.

« Pas vraiment ? » répéta Daniel avec amusement. « Qu'est-ce que cela veut dire ? »

O'Neill remua sur son siège, commençant à avoir l'air franchement mal à l'aise. Il jeta à nouveau un regard à Sam, mais pour quelque raison il ne semblait pas capable de la regarder dans les yeux. Sa fourchette tapait nerveusement sur le côté de son assiette et Sam pouvait pratiquement le voir essayer de former ses mots. « Je, hum, » marmonna-t-il, regardant à nouveau Daniel, puis son assiette, « Je me demandais juste si je pouvais venir avec quelqu'un ? »

Il y eut un long silence. Sam sentit son sourire se figer sur ses lèvres, pas tout à fait sûre de l'avoir compris, mais ressentant froid glacial dans sa colonne vertébrale. Venir avec quelqu'un ? Venir avec qui ?

« Avec une femme ? » demanda Daniel, brisant le silence assourdissant avec une incrédulité amusée.

Le froncement d'O'Neill s'approfondit. « Non, avec un chien, » lâcha-t-il. « Bien sûr avec une femme ! »

Le dernier morceau de lasagne s'accrocha dans la gorge de Sam et elle se retrouva incapable de l'avaler. Sa bouche était sèche, son cœur battait sourdement et la tête lui tournait. Une femme. Une petite amie. Oh Dieu, non. Il ne pouvait pas. Pouvait-il… ?

Daniel fut à nouveau la voix de Sam quand il dit, « Je ne savais pas que vous voyiez quelqu'un. » Il semblait légèrement offensé, ou peut-être qu'il était simplement surpris.

Mais Sam n'osa pas regarder son visage pour voir, elle n'osa rien faire sinon regarder fixement son assiette et faire semblant de manger. Dieu seul savait ce que montrait son visage et elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre le découvre. Jack voyait quelqu'un d'autre ? Oh, non…

« Ouais, eh bien, » marmonna O'Neill en réponse à la question de Daniel, « c'est probablement parce que je ne vous l'ai pas dit. »

« Non, » acquiesça Daniel, repoussant son assiette et, se penchant, il posa ses coudes sur la table. Il était aussi curieux qu'une commère. « Alors depuis combien de temps cela dure-t-il ? Est-ce quelqu'un que je connais ? »

Sam leva ses yeux juste assez pour pouvoir voir le visage sérieux de Jack, mais elle les baissa avant qu'il ne les voie. « Quelques mois, » dit-il doucement. « C'est allé assez doucement pour commencer, vous voyez ? »

Des mois ? Sam avait l'impression que tous les précieux sentiments dans son cœur avaient été arrachés et foulés au pied. Il voyait quelqu'un d'autre depuis des mois et elle ne le savait pas – il n'avait pas trouvé nécessaire de le lui dire ? Et pendant tout ce temps elle pensait… elle avait cru qu'il tenait à elle de la même façon qu'elle tenait à lui. Mais ce n'était pas le cas. Comment l'aurait-il pu, s'il voyait quelqu'un d'autre ? La colère palpita au plus profond d'elle, au cœur de la douleur qu'elle ressentait ne lui devait-il pas la vérité au moins ? N'avait-elle pas mérité d'entendre cela en privé et non devant toute l'équipe ? Faisait-il si peu cas des sentiments qui s'étaient épanouis silencieusement entre eux ? Faisait-il si peu cas d'elle ?

« Oui, » continua calmement le Colonel, « c'est quelqu'un que vous connaissez. »

De pire en pire – c'était quelqu'un de la base ? Quelqu'un avec qui elle aurait à travailler ? Sam leva son verre d'eau et prit une gorgée, fière du fait que sa main ne tremblât pas et que son visage restât impassible. Merde, elle réussit même à faire un sourire passable. Mais à l'intérieur… Brusquement tout ce qu'elle voulait faire était de partir. Sortir de là et de crier sa colère. Comment avait-il pu lui faire cela ? Comment avait-il pu être à ce point sans cœur ?

« Qui » demanda Daniel, inconscient du trouble dans lequel se trouvait Sam.

Le Colonel haussa les épaules. « Vous rappelez-vous cette mission, il y a deux mois, sur P8G-827 ? »

Sam fronça les sourcils comme elle essayait de s'en rappeler, mais son esprit était trop agité pour lui être vraiment utile et avant qu'elle ait le temps de faire le tri dans ses souvenirs, Daniel dit, « Celle où vous râliez tout le temps d'avoir à dorloter une bande de scientifiques pendant que Sam et Teal'c étaient partis s'amuser sur J5R-689 ? »

Okay, cela expliquait cela, elle n'avait pas été là. Alors que diable avait-elle raté ?

« Ouais, » répondit Jack, avec un sourire penaud. « C'est celle-là ».

Mais Daniel était visiblement perplexe. « Alors qui… ? » demanda-t-il.

« Tasha, » répondit Jack.

Tasha. Mince, elle détestait déjà ce prénom.

Pendant un instant, Daniel fut encore confus, puis ses yeux s'agrandirent d'étonnement. « Pas Natasha Greene ? »

« Si. »

« Le Docteur Natasha Greene – professeur émérite d'anthropologie à l'Université du Colorado ? »

O'Neill haussa à nouveau les épaules. « Tout à fait. »

Daniel éclata de rire. « Oh, elle est bonne celle-là, Jack, » dit-il, « là, vous m'avez vraiment eu. »

Pendant un instant, l'espoir bondit dans la poitrine de Sam, mais un regard sur le visage sombre et légèrement blessé d'O'Neill l'étouffa. Il était sérieux, absolument sérieux. « Je ne plaisante pas, » dit soudain Jack, repoussant son siège comme s'il était sur le point de partir, bien qu'il ne se leva pas. « Je ne sais pas pourquoi vous trouvez ça drôle. »

Le crissement aigu du siège sur le sol fit brusquement lever les yeux de Sam et, pendant un instant, ils se dévisagèrent. Mais elle détourna tout de suite le regard, gênée et terrifiée à l'idée de voir de la pitié ou une excuse sur son visage. La seule manière dont elle pouvait protéger le peu de dignité qui lui restait était de cacher combien cela ressemblait à une trahison et combien cette trahison faisait mal. C'était une douleur physique au centre de son être, mais elle jura sur le champ que jamais il ne le saurait. Il ne saurait jamais combien il l'avait blessée ou combien cela l'avait affectée. Jamais.

« Je vous demande pardon, » dit immédiatement Daniel, réalisant que Jack disait la vérité. « C'est juste que… elle ne semblait pas être votre type. Je veux dire… c'est une scientifique. »

« J'aime les scientifiques, » marmonna-t-il et il regarda peut-être dans sa direction, mais Sam se concentrait de toutes ses forces sur la poivrière au centre de la table et donc elle ne put l'affirmer. Après une autre longue pause, le Colonel parla à nouveau d'une voix basse, « Alors ça ne vous dérange pas que je vienne avec elle ? »

« Non ! » dit immédiatement Daniel, son enthousiasme sincère. « Je vous en prie, amenez-la ! C'est une femme fascinante – eh bien, bien sûr vous savez cela – mais j'ai lu quelques unes de ses récentes publications et j'adorerais avoir l'occasion de lui parler. »

« Bien, » murmura O'Neill et il se leva. Il semblait presque aussi pressé de partir que Sam et, quelque part au fond de son esprit, elle trouva cela étrange. « Eh bien, je pense que je vous verrai Dimanche soir. »

« Ouais, super, » répondit Daniel. « Vers sept heures. »

Jack hocha juste la tête, et puis Sam sentit son attention se déplacer vers elle. « Hum, passez un bon week-end Carter, » dit-il.

Avec une extraordinaire volonté, Sam s'efforça de mettre de côté sa douleur et sa colère, et s'obligea à lever les yeux sur son visage. Mais elle se rendit à peine compte de ce qu'elle vit là, tellement elle était concentrée à garder ses propres traits dépourvus d'émotion traîtresse. « Merci, monsieur, » dit-elle. « Vous aussi. »

Il s'arrêta, la regardant avec hésitation pendant un instant, avant d'hocher la tête et de se détourner, la laissant anéantie.

« Hum, » marmonna Daniel à ses côtés, « c'est typique de Jack O'Neill. 'Au fait, je vois quelqu'un depuis deux mois – et il se trouve juste qu'elle est l'experte mondiale sur…' Sam ? »

Sortant de ses réflexions, elle se tourna vers Daniel avec un sourire qu'elle savait être pâle. « Hein ? »

Il fronça les sourcils et le soupçon brilla dans ses yeux. « Est-ce que vous allez bien ? »

« Oui, » soupira-t-elle, se levant à son tour. « Fatiguée. Je pense que je vais prendre la route. Ca a été une rude semaine et je veux juste rentrer chez moi. »

Daniel hocha lentement la tête. « D'accord, » dit-il. « Eh bien, bonne nuit alors. Et on se voit Dimanche ? »

Se forçant à ne pas grimacer, elle hocha la tête. « Oui, » dit-elle, « j'attends ça avec impatience ». Ouais, c'est ça, j'attends ça avec autant d'impatience qu'une carie. Dieu, il devait y avoir un moyen d'échapper à cela.

Avec un autre sourire forcé elle partit, se demandant comment diable il était possible … de tomber hors de son monde en moins de dix petites minutes.

ooo

Jack tira la porte de son bureau qui se referma lentement et tourna la clé dans la serrure. Il était impatient d'être chez lui. Cela avait été une longue, très longue semaine et, parfois, il pensait sincèrement qu'il était trop vieux pour toute cette merde qu'il devait supporter. Ses reins étaient douloureux et ses genoux… Merde, il ne pouvait pas se rappeler un temps où ils ne protestaient pas. Avec un bâillement, il haussa les épaules et se mit en route vers l'ascenseur, ses pensées distraites.

Il leur avait dit. Après trois mois d'indécision et de tergiversation il avait crevé l'abcès et leur avait parlé de Tasha. Non pas qu'il y avait quelque raison que ce soit de ne pas le faire, autre que sa propre préférence pour l'intimité. Cela faisait si longtemps depuis qu'il était sorti avec quelqu'un que la dernière chose qu'il voulait, alors qu'il avançait à tâtons à travers les premières étapes, c'était les questions curieuses et des sourires de son équipe. Mais maintenant ils savaient, tous. Y compris Carter.

Il soupira comme il tournait le coin, regardant ses bottes polies alors qu'elles parcouraient le sol morne et gris. Il ne savait pas ce qu'il avait attendu de Carter – soulagement, indifférence ou déception. Et, même maintenant, il n'était pas tout à fait sûr de la façon dont elle avait pris ces nouvelles. Elle avait été calme, n'avait rien dit en fait, mais elle n'avait pas semblé bouleversée. Ce qui était une bonne chose, se rappela-t-il à lui-même. La blesser était la dernière chose qu'il aurait voulu faire, et s'il avait pensé, ne serait-ce qu'un instant, qu'elle ressentait pour lui ce qu'il ressentait pour elle… Il soupira et secoua la tête, refusant de s'engager à nouveau dans ce vieux débat intérieur. Tout espoir concernant ce sujet était terminé et faisait partie du passé maintenant, elle avait rendu cela parfaitement clair chaque jour depuis tout le fiasco du test zay'tarc – laisse ça dans la salle, Jack. Laisse ça dans cette foutue salle.

Alors qu'il approchait des ascenseurs, il leva ses yeux pensifs de ses pieds et ils vinrent se poser directement sur… Carter. Typique.

Elle se tenait devant l'ascenseur, vêtue de ses vêtements civils avec sa veste noire en cuir jetée sur une épaule, passant une main sur à travers ses cheveux légèrement décoiffés. Il ralentit brusquement, soudain sur ses gardes, mais à cet instant elle regarda dans sa direction et leurs yeux se rencontrèrent. Merde.

Il se força à sourire et combla la distance entre eux. « Salut, » dit-il avec un signe de tête, ne la regardant pas tout à fait, « vous rentrez chez vous ? »

« Oui, mon Colonel. » Sa voix était faible et sèche, attirant son attention sur son visage. Elle semblait pâle.

« Vous allez bien ? » demanda-t-il.

Un sourire bref, sombre apparut sur ses lèvres avant qu'elle dise, assez froidement, « Bien sûr. Pourquoi n'irais-je pas bien ? »

« Je ne sais pas, » marmonna-t-il d'un air gêné, surpris par la fraîcheur de sa voix.

Après un moment elle ajouta, « Ce fut une rude mission. Je suis fatiguée. »

« Oui, » acquiesça-t-il, la regardant par-dessous ses sourcils.

Un silence tendu s'installa entre eux. Elle ne le regarda pas, ne parla pas, et lui non plus. Mais il l'observa, notant la ligne dure de sa mâchoire et la ride entre ses yeux alors qu'elle fixait les portes de l'ascenseur comme si elle voulait les ouvrir de par sa volonté. Il traîna nerveusement ses bottes sur le sol, se demandant s'il devait dire quelque chose à propos de Tasha. Bien que ce qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il aurait pu dire. Ce n'était pas comme s'il lui devait une explication – Carter lui avait clairement signifié sa position à maintes reprises. Quoi qu'elle ait pu ressentir pour lui, son professionnalisme ne lui permettrait jamais de franchir la ligne au-delà de l'amitié. Et, bien que cela avait été dur à accepter pour lui au début, il l'avait fait et il respectait son choix. Bon sang, il savait que qu'il ne valait pas la peine qu'elle mette en péril sa carrière. Il avait cru qu'elle serait contente qu'il vît quelqu'un, que cela aurait atténué la gêne qui s'installait parfois entre eux – elle n'aurait plus à refuser poliment ses timides suggestions à aller boire un verre ensemble après le travail, à décliner ses invitations à son chalet.

Ceci était ce qu'elle voulait.

Et pourtant, la regardant maintenant, il s'interrogeait. Elle semblait… en colère. C'était le seul mot pour cela. La question était si oui ou non cela avait un rapport quelconque avec le fait qu'il voie Tasha. Mais il s'était ridiculisé suffisamment devant Carter pour ne pas vouloir risquer de sauter sur cette supposition, et il n'allait certainement pas lui poser cette question pour qu'elle lui fasse son sourire poli et légèrement contrit et qu'elle lui dise qu'elle était furax parce que son réacteur à naquada venait d'exploser. Non, il y avait probablement une autre raison, une qui n'avait aucun rapport avec lui ou…

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Carter lui jeta un regard de biais et y entra, toujours silencieuse. Ils étaient seuls. Ensemble. Jack pouvait sentir la tension monter alors que les portes se refermaient, jusqu'à ce que, au dernier moment, Sam assène un coup violent sur le bouton et qu'elles s'ouvrent à nouveau en sifflant. « Désolée, » marmonna-t-elle, « J'ai laissé quelque chose dans mon labo. » Et sur ce elle redescendit précipitamment le couloir, sans un regard en arrière.

Les portes se refermèrent à nouveau avant qu'elle ait tourné le coin, coupant sa vue d'elle alors que l'ascenseur s'éleva en bourdonnant doucement. Avec un soupir, Jack appuya sa tête contre le mur.

Il avait fait la bonne chose, se rappela-t-il. Ceci est ce qu'elle voulait, ce qui était pour le mieux pour tous les deux.

Oui. Le mieux pour tous les deux.

ooo