À l'aube du monde, alors que tout n'était que crépuscule, noirceur et toile vierge, la plus puissante des entités engendra des êtres. Ils étaient le miroir de ses pensées, sachant ses desseins, ses projets et ses rêves. De toutes ses nombreuses créations, quinze devinrent des exceptions, les plus grands et plus puissants que le Dieu eut créés. L'amour, ces êtres le connaissait déjà, ils en étaient remplis. Alors le Dieu leur apprit une mélodie, la plus grande Musique que ce monde eut entendue, porter par les échos d'un âge ancien, et ancré dans la mémoire du monde. Elle fut l'écho de la vison de ce Dieu et le monde fut créé, plat, dans l'esprit de chacun. Un croquis à la base de tout, le commencement de quelque chose de grand.
Le Dieu parla alors à ses créations et leur donna un dernier don, celui de la vision. Il expliqua sa nature, les abreuvant ainsi de ses dernières connaissances. Ce fut seulement à cet instant, qu'il rendit le monde réel et leur laissa le champ libre. Certaines des créations prirent forme mortelle et décidèrent de s'y installer, préparant ainsi au mieux le monde à la venue des futures enfants du Dieu. Les Premiers Nés et les Cadets, ceux qui seraient liés à jamais à ce monde, jusqu'à sa fin, et sur lesquels les êtres devaient veiller.
Mais d'abord, ils façonnèrent cette terre comme de l'argile, la rendant vivable, agréable et magnifique. Tels des peintres, ils créèrent des œuvres sublimes, d'une beauté inégalée. Un d'eux, le traître, se détourna du rêve et de la vision du Dieu, voulant façonner le monde selon sa convenance et n'écoutant que son arrogance. Pour la première fois, le monde connut la discorde et le mal. Mais bientôt, après avoir tari les ténèbres, ceux qui étaient restés du côté du bien terminèrent leur mission. Le monde fut prêt à accueillir les Enfants, qui y vivraient heureux et libres, n'obéissant qu'à leur propre loi. Avec des règles qu'ils créeront au fur et à mesure qu'ils prendront en sagesse et en connaissance.
Une seule cependant, invisible et immuable, régissait ce monde et ne pouvait être brisée ou modifiée par ces Enfants. Ni même ceux qui avaient tant de pouvoirs et qui étaient les élèves du Dieu. Quand bien même le Créateur n'avait pas prévu le Mal dans sa création, il avait cependant prévu des solutions. Quelque chose qui ne pouvait être contrôlé ou deviné par quiconque, même par les protecteurs des Enfants.
C'était la justice.
L'harmonie et le pur équilibre entre le bien et le mal, la lumière et l'ombre.
Parfois, le mal arrivait à prendre le dessus, malgré tous les efforts des protecteurs. Malgré tout leur pouvoir et leur mise en garde, il arrivait que les Enfants commettent de terribles fautes. Et qui provoquaient d'épouvantable ravage sur la terre, la marquant à tout jamais. Des ravages qui blessaient l'âme des Aînés et affaiblissaient le courage des protecteurs. Jusqu'à ce que la roue tourne, et que les protecteurs trouvent enfin des solutions.
Et parmi toutes ces entités puissantes qui avaient érigés le monde dans toute sa splendeur, vivaient leurs frères et sœurs, de pouvoirs et de possibilités moindres. Personne ne connaissait leur histoire mais ces êtres à leur manière, essayer de réduire le mal. De faire pencher la balance de l'harmonie vers le bien, en délicatesse, jusqu'à ce que le mal disparaisse. Leur rôle n'était pas des plus impressionnants et jamais ils ne faisaient autant de fracas et de démonstration de force que leurs propres aînés. Mais ils étaient là, ces protecteurs, et eux aussi avaient décidés de prendre place en ce monde de pure beauté, de manière plus subtile.
Ils étaient l'eau, le feu et la poussière. Ils nageaient auprès des créatures de la mer, et glissaient aux côtés de ceux qui voltigeaient dans les airs. Ils étaient dans l'atmosphère et au cœur de la terre. Bien loin des préoccupations et de l'intérêt des élèves du Dieu. Invisibles aux yeux des Cadets, comme des Aînés. Mais ils étaient là, à veiller sur la création de leur père avec autant d'amour que les plus grands, si ce n'était plus. Des petites choses, qui faisaient des actes bienveillants et invisibles dans la vie de chacun des mortels, mais qui étaient remplies de tendresse et de bonté.
Des petites choses, avec une grande volonté.
