Dumbledore faisait les cent pas dans son bureau. Il n'avait pas l'habitude de jurer, c'était trop grossier. Mais aujourd'hui, inquiet et impuissant, il s'était autorisé à lâcher quelques joyaux de vulgarité:
-Saperlotte, mais qu'est-ce qu'il fait?
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L'homme en question, celui dont on ne savait rien des activités, était précisément accoudé à un bar de Pré-Au-Lard, un air renfrogné accroché sur son visage, pourtant ravagé par une trentaine de Bierraubeurre et une demi-douzaine de verres de Whisky. Il pestait contre les élèves de Poudlard. Tous, sauf les Serpentards.
Oui, Cet homme, si injustement partial dans ses acidités, était bien Severus Rogue.
Ce soir, il était venu parce qu'il n'en pouvait vraiment plus.
Cette histoire est en haut du podium dans le palmarès effrayant des conneries de ces petits salopards arrogants.
Et il replongea dans ses souvenirs, se rapellant avec douleur la dernière prouesse de ses satanés bulots cuits qu'on lui envoyait chaque année. Le problème était que précimément, ce n'était pas un sempiternel bulot cuit qui lui avait joué un tour, mais plutôt l'un des cerveaux les plus évolués des catégories pré-pubère et pubère confondues. Et cela rendait ce coup bas encore plus intolérable.
Crime prémédité. Petite sadique.
Hermione Granger n'avait jamais pété les plombs, n'était jamais sortie de ses gonds, n'avait jamais rien éxécuté d'extraordinairement insolent. Elle était le modèle parfait de la petite écolière de rêve. Et elle le valait bien.
Mais ce jour-là, il l'avait poussé à se rebeller, une fois pour toutes.
Tout se passa lundi 23 mars, à 14h34 précisément. Les Serpentards avaient cours commun de Potions avec les Gryffondors. Pendant deux heures. Tous ces hormones enfermés dans des cachots moisis, un après-midi ensoleillé.
Evidemment, l'improbable se produisit.
Rogue, fatigué de devoir surveiller ces esprits embués par leurs préoccupations libidineuses et sentimentales, ne put s'empêcher de passer ses nerfs sur elle. Normal. Il en avait été ainsi pendant six ans, et presque sept mois. Mais il l'attaqua sur son talon d'Achille:
-Miss Granger, je suppose que si vous voulez encore faire étalage de votre incommensurable, mais néanmoins insupportable science dansle domaine des Potions, c'est parce que vous ne partagez pas les intérêts pathétiques de vos camarades dans le domaine des relations sexuelles!!!
Il avait hurlé beaucoup plus fort qu'il ne l'aurait dû, et il en avait dit beaucoup plus qu'il ne l'aurait voulu. Mais trop tard. Il sentait une tempête venir, dans le calme démesurémment grandissant de l'atmosphère. Le calme de la tension, avant le raz-de-marrée.
Mais, contre toute attente, et particulièrement contre celle de notre maître des Potions bien-aimé, la jeune fille ne réagit pas. Et se contenta d'un sourire dangereux.
A 16h06, alors que le cours venait de se terminer, et que la plupart des élèves avaient évacués la moiteur pestilentielle qui regnait dans les cachots, marque indubitable de leurs efforts fournis à l'occasion de deux heures enfermés avec un misanthrope notoire, Hermione resta.
Rogue sut que ce n'était pas bon. Elle s'approcha doucement de lui, et avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, fasciné qu'il était avec ce roulement de hanches hors du commun, et cette démarche de tigresse, elle lui posa légèremment la main sur ses adorables parties génitales.
Et le très probable se produisit. Il eut en moins de 10 secondes une érection. Il bondit en arrière, honteux et furieux. Mais avant qu'il ne put dire un mot, Hermione avait décampé, en laissant flotter ses mots dans la salle:
-Je suis bonne en tout.
Par Merlin. C'est du viol!
Ces mots furent tout ce qu'il put rassembler d'intelligible en lui ce soir-là, encore sous le coup du choc. Et de l'effet.
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Petite peste. Salope.
Il n'eut pas le temps d'avaler encore un verre de Whisky, car une personne venait d'entrer dans le bar, le faisant tourner la tête, soumis qu'il était à une curiosité des plus communes. Et ce qu'il vit lui fit cracher le whisky dans son verre, menaçant de s'étrangler.
Granger. A 23h, alors qu'il n'y a pas 7 heures, elle lui tripotait les bijoux de famille.
Logique.
Elle sembla chercher quelqu'un du regard, nerveuse et excitée à la fois. Et visiblement, elle trouva. Car ses pas la menèrent tout droit vers notre alcoolique préféré.
Elle eut un léger sourire sarcastique qui lui déplût au plus haut point.
Double Peste. Double gourgandine. Double Marie-Madeleine. Double salope!
Ils ne se dirent rien, puis, lentement, elle s'approcha de lui, lui laissant entrevoir sa peau si blanche, et si fraîche, marquée par le vent de la nuit, ses cheveux, qu'elle avait réussi par miracle à dompter un peu, son cou, si petit et si frêle, ses yeux noisettes, à croquer.
Mais c'est pas vrai. Encore une ére...
-Miss Granger, que me vaut la visite absolument inconvenante et la vue absolument déplaisante?
-Je suis venue m'excuser...
Ces mots lui firent l'effet d'une bombe. Sa petite voix si douce, ses lèvres qui remuaient lentement et de manière si sensuelle...
Bon Sang, elle le fait exprès!
-Retournez à votre dortoir! TOUT DE SUITE!! Il s'était redressé, usant de tout son pouvoir effrayant, accentuant à l'extrême les effets qui faisaient hurler de terreur les cinquième années. Parce qu'il sentait son erection revenir.
Mais Hermione n'était plus en cinquième année. Et elle voulait s'excuser. Alors, en tremblant un peu de frayeur a l'idée de la prochaine réaction de son professeur, elle colla ses lèvres voluptueusement sur les siennes et retint son souffle. Mais il ne semblait pas vouloir la frapper, l'éjecter, ni même attendre patiemment qu'elle ait fini pour qu'elle se rende compte de l'énormité de ses gestes. Non, il semblait pris de cours, puis se pressa un peu plus contre elle, ce qui la fit, enfin, respirer. Sans mots, tous deux comprenant parfaitement la lueur de désir dans les yeux de l'autre, ils se dirigèrent discrètement vers les toilettes, prenant soin de jeter un charme d'illusion, et de mutisme.
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Hagrid rentra dans le bureau de Dumbledore, et fit sursauter ce dernier, qui eut un petit rire aigrelet, avant de demander avec inquiètude:
-Merlin, je n'ai aucune idée d'où est passé Severus. Les Serpentards ne l'ont pas vus depuis la fin de leur cours avec lui, et il n'était pas là au repas...
-Sûrement en train de disséquer un Poufsouffle dans ses cachots...
-Rubéus, voyons...
-Il ne doit pas être bien loin, Monsieur...
Alors, ce cher directeur, comme au début de ce oneshot, reprit son interminable chemin de croix et refit inlassablement les cent pas, laissant Hagrid s'asseoir dans un des fauteuils en attendant. Enfin, il dirigea ses yeux bleus vifs vers le géant et trépigna:
-Saperlotte, mais qu'est-ce qu'il fait?
-Oh... Rien de bien méchant...
FIN
Ps: Ne venez pas me dire que c'est tordu, l'acception de cette notion est DEJA dans mes attributions...
