Une semaine. Une longue, trop longue semaine. C'est le temps depuis que Jo et sa mère ont désertées le monde des vivants. Je faisais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas y penser mais mon inconscient passe son temps à me rappeler l'absence de la jeune blonde et de ses yeux bruns pétillants. Je mens à tous le monde, à Sam, à moi-même. Je n'arrive plus à me concentrer sur les affaires, je n'arrive plus à flirter avec aucune jolie fille que je croise au bar, je n'arrive même plus à apprécier un bon porno de temps en temps. Et quand Sam me demande si je vais bien, je l'envoie balader en lui demandant d'arrêter de poser cette question.

Toutes les nuits, je revois sa mort se jouer sous mes paupières. Tout avait été de ma faute. Elles n'auraient jamais dû nous accompagner. Et si Castiel ne s'était pas volatilisé …

Je chassai ces pensées de mon esprit. Je relevai la tête et vis qu'il faisait nuit noire dehors. Il fallait que je dorme. Je retardais l'heure du coucher pour ne pas revivre son décès encore et encore. J'ai l'impression de retourner en enfer toutes les nuits tellement cela m'est douloureux. Je rejoignais mon lit et fermai les yeux, une boule en plein dans l'estomac.

Mais quand je m'endormis, ce ne fut pas sa mort que je vis. En fait, je la vis souriante et belle et bien vivante, devant moi. Elle cuisinait en chantant Ramble On de Led Zeppelin. Je regardais tout autour de moi. J'étais dans la maison de mon enfance, à Lawrence. Tout était parfaitement comme dans mon souvenir, bien avant que la maison de disparaisse dans les flammes.

-Tu as pensé à acheter un pack de bière?

Jo s'était tourné vers moi, le regard inquisiteur. Je lui souriais en hochant les épaules.

-Je m'en doutais, soupira-t-elle en se tournant vers la plaque chauffante.

Elle était magnifique. Exactement comme j'avais toujours imaginé qu'elle serait un jour. A la fois douce et ferme. Je m'approchai d'elle et posai mes mains sur ses hanches. Je posai mes lèvres dans son cou dégagé et elle commença à frisonner.

-Pas tout de suite, Dean. Dit-elle, souriant, et en me repoussant.

Je ris. Elle était toujours comme ça. Dés le début, elle m'avait attiré mais ça avait souvent été « mauvais endroit, mauvais moment. » Trop souvent. Alors, là, maintenant que j'étais dans mon rêve, je ne devais laisser passer aucune occasion de tout lui avouer et de tout lui faire. J'avais une nuit, une seule pour imaginer ce que serait notre vie à deux. Mais au moment où je m'approchai d'elle, elle se retourna et le lieu s'assombrit. Son teint si lumineux se pâlit, ses yeux si pétillants perdirent leur éclat, son tee-shirt blanc commençait à être tâché de rouge. A être tâché de son sang. Je déglutis, pris d'un immense mal de ventre causé par mon stresse, et la prit dans mes bras pour ne pas qu'elle tombe.

-Non, non, murmurai-je, ne meurt pas encore. Je t'en supplies, Jo ...

-Dean, dit-elle dans une voix vaporeuse.

-Je t'aime !

Elle sourit, toussa et cracha un petit caillot de sang, et me regarda, les yeux prêt à se fermer.

-Je sais.

Plus je la regardai, plus je pleurai, plus elle disparaissait de mes bras. Le décor s'évanouissait lui aussi peu à peu, et je me réveillai en sueur, tremblant de tout mon corps, mon cœur battant à toute vitesse. J'ai encore rêvé d'elle.