"Bonjour, bonsoir et bienvenue sur une nouvelle résurrection improbable du personnage de Portgas D. Ace (vous fatiguez pas, je ne cache pas que c'est mon fond de commerce). Aujourd'hui, on se lance dans cette mission avec un manga... auquel on ne penserait pas forcément. Pourtant, quand on voit la citation présente en résumé... on se dit "Pourquoi pas ?". Donc, ici, on s'attaque à Détective Conan, manga qui a bercé plus d'une enfance (la mienne y compris). On aura bien entendu quelques guests, après tout, comment ne pas parler de Conan sans songer à Kaitou Kid qui à son propre manga. Je parle aussi d'autres personnages de One Piece, voire la présence ou des allusions à des OC plus ou moins signatures.
Maintenant que vous savez ce qu'il en est, on peut enchaîner sur le Disclamer.
Meitantei Conan ainsi que Magic Kaito sont la propriété de Gôshô Aoyama, et One Piece est celle de Eiichirô Oda. Je ne tire aucun bénéfice financier de ces écris (la bêta non plus, lol). Je le fais pour mon plaisir et surtout, pour le votre. Bonne lecture d'avance !"
Il faisait froid, très froid, et le kairoseki à son cou ne l'aidait pas, et pourtant il mourait de chaud, en plus de transpirait et frissonnait.
Il savait ce que ça voulait dire, et sa toux le lui confirmer : il était sacrément malade.
La tête basse, ses cheveux lui masquant son visage, il utilisait son Haki pour se fondre dans la masse avec plus ou moins de succès.
Il n'avait strictement aucune idée d'où il était.
Ni depuis combien de temps il était en fuite ou de la dernière fois qu'il avait mangé.
L'Organisation lui avait pris ses yeux, dans l'espoir de le rendre plus facile à contrôler et lui apprendre le respect, puisqu'il avait refusé la coopération.
Pas que ça soit très utile, puisqu'il avait réussi à s'échapper. Sherry devrait revoir son poison, parce que très franchement, le produit soi-disant mortel n'avait fait que le rajeunir.
Il colla sa petite carrure famélique contre le mur qu'il longeait, se concentrant toujours plus pour disparaître dans le paysage en dépit de ses vêtements trop grand et certainement très sale s'il en croyait l'odeur qui lui montait au nez.
Il avait mal à la tête et à la poitrine.
Les odeurs et les sons des environs lui étaient totalement inconnus. Il avait beau savoir qu'il n'était plus dans la Grand Line, ça ne changeait pas les choses. Il était aveugle et sans moyen de défense dans un monde inconnu. Tout ce qu'il voulait, c'était se reposer et revoir les siens.
Ses yeux de cendres roulèrent dans ses orbites et il s'effondra face contre terre contre une poubelle, victime de ses efforts.
Dire qu'il y a quelques mois, il disait à Ran qu'il voulait devenir le plus grand détective du siècle. Dire aussi que ce fameux rendez-vous au Tropical Land avec la demoiselle était un évènement qu'il avait attendu avec impatience et qui finalement, l'avait mis dans cette situation.
Pourtant, dès la première rencontre avec Gin, il avait noté son regard glacial d'assassin au milieu de son visage anguleux.
Il aurait dû ignorer l'étrange comportement de Vodka.
Appuyant son visage dans sa petite main, Conan tourna son stylo dans l'autre, écoutant la leçon de cours élémentaire d'une oreille distraite.
Même s'il avait eu le temps depuis longtemps de s'y faire à son rajeunissement, ça restait chiant. Toutes ses années à grandir et vieillir, pour les voir s'envoler ainsi. Surtout tout ce qu'il avait perdu.
Fermant les yeux, il se rappela de ce soir où Ran lui avait dit, sans savoir qui il était, qu'elle l'aimait. S'il avait eu assez de cran, il lui aurait dit depuis longtemps qu'il était amoureux d'elle lui aussi.
Il ne pouvait pas se dévoiler, cela mettrait tout ses proches en danger. Et il avait eu plus d'une fois des sueurs froides. Après tout, il vivait chez Ran et son père, et il était un ami d'enfance de la demoiselle. Ils se connaissaient depuis la maternelle. Elle finirait par le reconnaître.
Après, on pouvait dire que ça avait mené à des expériences inédites, comme la chevauché de chien de garde en guise de monture ; la possibilité d'assommer en toute impunité un adulte ; faire du skate sur des murs et un bus ; et prendre des bains avec Ran (bien que ce fut gênant) sans se faire gronder… et bien d'autres situations.
Tout ça, un lycéen ne pouvait pas le faire, mais de retour en enfance, Shinichi, sous sa peau de Conan Edogawa en état capable.
Il sursauta quand quelque chose lui piqua les côtes sur sa gauche.
Conan se tourna vers la gamine innocente qui lui souriait narquoisement et discrètement, son crayon toujours en main.
- Tu t'endormais… chuchota-t-elle en conservant son sourire narquois.
- Tu es vicieuse, Haibara… grommela Conan.
- C'est un plaisir réciproque, Edogawa-kun. Je te rappelle que tu es un sujet d'étude très intéressant… le dernier que j'ai eu qui m'intéresser autant, je doute qu'il soit toujours vivant, tête de mule comme il était. Ils se sont peut-être dit que le sortir de sa tombe en premier lieu était une erreur.
Et la demoiselle retourna à son travail en passant une mèche châtain rouge derrière son oreille.
Conan la regarda.
Certes, il ne devait pas être surpris venant d'une organisation criminelle qu'ils fassent des tests sur des cobayes humains en plus des souris, cependant Haibara n'avait jamais dit ce qu'il en était de ses propres tests des poisons et autres produits de son temps en tant que Sherry.
Il devrait lui demander plus tard, quand Kobayashi-sensei ou les autres gamins ne seraient pas là pour les entendre.
Haibara ne s'attarda pas sur la route. Elle avait du travail à faire sans compter que le lendemain le gang partait en voyage grâce à Agasa. Elle salua la bande des jeunes détectives, évitant le regard inquisiteur de Conan et prit sa route vers l'adresse où vivait le bon inventeur.
L'homme était sous le vent, il y avait donc une forte chance qu'il couve quelque chose et ne puisse pas partir en voyage à Okinawa avec Mouri et la bande. Haibara savait d'avance qu'elle resterait avec le vieux professeur. Il acceptait de la laisser chez lui et de la cacher, elle, Miyano Shiho, alias Sherry, ex-scientifique de l'Organisation.
Elle lui devait bien ça.
- Waaaah !
Miyano termina les quatre fers en l'air, trébuchant sur quelque chose qu'elle n'avait pas vu qui dépassait d'entre les poubelles dans une ruelle à proximité de son école. Elle se redressa en position assise pour voir qu'elle s'était prise les pieds dans… un pied justement.
Nu et boueux à la peau d'une blancheur maladive, parsemé d'écorchures.
Un pied d'enfant d'une dizaine d'année d'après la taille. Elle remonta le pied du regard jusqu'à la cheville à moitié masqué par un pantalon de kimono plus adapté pour un adulte que pour un enfant. Le vêtement avait été retroussé à la va-vite pour ne pas gêner dans la marche. Le blanc de la tenue, même si crasseux, ainsi que sa matière, l'apparentait plus à la tenue d'un malade hospitalisé qu'à une tenue traditionnelle ou même un pratiquant d'un art martiaux quelconque. Les yeux de Haibara remontèrent le long de la jambe pour trouver la seconde presque cachée par la première, menant à un tas d'ordure. Avec prudence, elle se releva et après avoir regardé autour d'elle, alla écarter les sacs poubelles qui masquaient le reste de l'enfant à terre. Une tignasse de cheveux noirs et crasseux apparut. Le gosse était sur le ventre et au vu du sang, avait dû se blesser dans une chute. Doucement, Haibara prit son pouls. Il était vigoureux.
Une quinte de toux l'alerta et elle regarda sa trouvaille essayait tant bien que mal de se relever, ses mains cherchant à l'aveuglette un support, avant qu'il ne glisse et ne retombe en jurant. Le ton de voix, indéniablement masculin, même si enfantin, rappela quelque chose à la femme-enfant. Elle vint à l'aide du gamin pour l'aider à s'asseoir.
- D-dare… haleta le gamin.
Il fut pris d'une nouvelle quinte de toux très grasse.
Maintenant que le garçon en kimono trop grand était face à elle, assis par terre, Haibara était sans voix.
Le gamin avait un visage crasseux en amande, tellement sale qu'on voyait tout juste les tâches de rousseurs qui parsemées ses joues. Mais ce qui attirait le regard, ce n'était pas ça. Ni le nez qui avait saigné dans la chute.
C'était les yeux.
Deux yeux cendrés aveugles, traversés par une affreuse cicatrice à l'horizontale, passant même sur le nez, reliant une tempe à l'autre, se perdant dans une vieille brûlure que le gamin avait en croissant de lune autour de l'œil gauche, et continuant dans la chevelure des deux côtés.
Haibara porta une main à sa bouche pour retenir une exclamation de surprise.
Elle ne connaissait qu'une personne avec un visage pareille. Et les vêtements trop grands lui disaient que son poison avait encore frappé.
Pourtant, en écartant sa main, elle souriait.
Elle était rassurée.
- Qui est là ?! Parlez ! aboya le garçon avant de recommencer à tousser.
- Une amie. Une amie qui est contente de te voir dehors… souffla Haibara en prenant la main du garçon.
L'air méfiant et inquiet du garnement passa au soulagement.
- Mi…Miyano-akase…
- Je suis heureuse de voir que tu as réussi à t'échapper malgré ton handicap.
Un maigre sourire étira le visage sale du noiraud.
- J'ai fait une promesse. Je ne pouvais pas rester là-bas.
Il recommença à tousser, pourtant, sa silhouette était plus relâchée et moins sur ses gardes.
Haibara lui prit sa main et l'aida à se mettre sur pieds, avant de retirer son blouson, contente d'avoir prise celui à capuche. Elle l'aida à l'enfiler avant de lui mettre la capuche sur la tête.
- Viens avec moi, on va te remettre en état de marche plus ou moins correcte, Hiken no Ace.
Agasa ouvrit sa porte et laissa passer Conan quand le garçon entra dans le hall.
- Vous avez bien profité du voyage ? demanda le professeur bien portant.
- Ouais, ça va. Ran s'est rappelé dans son sommeil d'une vieille affaire et à cet instant, j'étais bien content d'être redevenue enfant, parce que son père m'aurait tué sur place… grommela le garçon en retirant ses lunettes de vues. Où est Haibara ?
- A l'étage, à jouer les infirmières, avec un patient récalcitrant.
Un grand bruit provint du salon et Conan se précipita dans la pièce à vivre du professeur, à temps pour voir un enfant finir sa chute dans l'escalier et finir face contre terre sur le sol.
- Arrgh… mon crâne… grommela le gosse en se redressant.
Agasa se contenta de soupirer en secouant la tête en voyant ça, l'air absolument blasé.
Conan n'en revenait pas.
Après une chute pareille, un enfant n'aurait pas pu s'en sortir aussi bien !
Mais l'air d'Haibara quand elle descendit des escaliers était effrayant. Elle avait l'air totalement et absolument furieuse. Elle attrapa le garçon par l'oreille et le força à se remettre debout.
- Je commence à croire que t'avoir retiré ce collier de kairoseki était une mauvaise idée ! Reste au lit ! Tu vas faire sauter tes points !
- Mais je vais bien ! rouspéta le gamin inconnu visiblement aveugle si on en croyait l'atroce cicatrice sur ses yeux.
- Tu n'es pas médecin, Portgas ! Ce n'est pas à toi de le décider ! Si tu continues je vais t'attacher au lit !
- Maaa, je savais pas que tu avais ce genre de fantasme, Miyano-akase ! Si tu préfères te la jouer dominatrix, on peut s'arranger ! répondit le dénommé Portgas du tact au tac avec un sourire espiègle.
Le sous-entendu fit rougir Conan et Haibara jusqu'aux oreilles.
- Si je ne savais pas que tu étais un adulte à la base, j'aurai trouvé ce commentaire tout bonnement déplacé dans la bouche d'un enfant de dix ans, pointa Agasa avec un soupir blasé alors qu'Haibara se faisait une mission de décorer le crâne du garçon à terre avec tout un tas de bosses.
C'est là que la demoiselle fut stoppée.
La précision n'était pas top, mais le réflexe était intéressant pour Conan. Le gamin devant lui (un faux gamin autant que lui s'il en croyait le commentaire d'Agasa et la façon de parler du noiraud) était certes aveugle, mais il avait de bon réflexe. Assez pour interrompre le poing d'Haibara.
Avec souplesse, il se leva et renifla visiblement l'air dans la direction de Conan, permettant au détective de voir que le gamin portait des signes évidents de maltraitance généralement associer à la captivité.
- C'est qui la demi-portion qui sent la mort ? demanda le gamin inconnu.
Un sourire forcé étira les lèvres de Conan.
Lui ? Demi-portion ?! Il lui aurait bien demandé s'il s'était vu mais de toute évidence, ce n'était pas possible.
- Je pense que t'es pas le mieux placé pour parler, vu que t'es presque aussi proche du sol que moi, après, je peux pas t'en vouloir, ta tête dit tout ce qu'il faut savoir sur l'état de ton cerveau, rétorqua Conan avec un sourire narquois.
- C'est tout ce qu'il me fallait… deux coqs en pleine parade… soupira Haibara.
Elle saisit le dénommé Portgas par l'oreille et l'attira avec elle dans l'escalier.
- C'est qui ce gars pour appeler Haibara par son vrai nom et titre ? demanda Shinichi avec un air sérieux en regardant le noiraud typé européen se faire tirer par Haibara vers l'étage.
- Apparemment, c'est un de ses anciens cobayes. Le seul à qui elle ait laissé une de ses pilules du sérum 4869 avant sa révolte, répondit Agasa. Je sais pas trop le genre de relation qu'ils avaient, mais Ace-kun n'a pas l'air de quelqu'un en face à face avec un de ses bourreaux quand il lui parle, donc il doit l'apprécier un minimum ou avoir un syndrome de Stockholm.
Conan hocha la tête et alla rejoindre sa camarade d'infortune à l'étage qui servait de chambre. On avait ajouté récemment un autre lit, lit sur lequel Haibara poussait le dénommé Ace, le tout en grommelant.
- Si tu as rouvert tes sutures, je ne réponds plus de mes actes, averti la demoiselle.
- Je suis un logia, ça va guérir seul maintenant que la fièvre est tombée et que j'ai plus ce fichu kairoseki sur moi… arrête de te faire du mouron, grommela Portgas.
Conan frissonna devant le regard noir adresser au patient récalcitrant. Il regarda Haibara soulever d'un geste brutale le tee-shirt trop grand que portait le garçon et examiner une plaie fermée sur son abdomen. Par curiosité, Conan se rapprocha. En dehors de la blessure qu'Haibara regardait, il avait une autre cicatrice, largement plus imposante et mystérieuse, semblable à une brûlure. Si elle mangeait prêt de la moitié de la poitrine d'un enfant, elle devait prendre une belle circonférence autour du cœur chez un adulte.
- Haibara, tu fais les présentations ? demanda Conan.
- Je suis aveugle, pas muet, rouspéta le malade.
- Plus pour très longtemps, si tu continues à être aussi casse-pied, lui dit la femme enfant d'une voix lasse. Kudo-kun, je te présente mon sujet d'étude et cobaye principal dans l'organisation, Portgas D. Ace, il a vingt et un ans aux dernières nouvelles. Portgas, à ta gauche, tu as Kudo Shinichi, détective lycéen qui avait seize, presque dix-sept ans avant que Gin et Vodka ne passent par là avec mon poison.
- Détective, hun ? répété le plus vieux.
Et sans raison apparente, Ace se mit à rire, se tordant à moitié sur le lit, tirant un soupir à celle qui essayait de le remettre sur pied.
- Etant donné la situation, tu seras l'un des rares criminelles que je n'essaierai pas de livrer à la police, mais je te garde à l'œil quand même, lui dit Conan.
Ace se tût et tourna la tête vers la direction approximative d'où il percevait la voix du mini-enquêteur.
- Qu'est-ce qui te fait dire que je suis un criminel ? demanda Ace avec une voix bien trop sérieuse.
- Tes mains disent que tu as l'habitude de manier des armes, que ce soit des armes à feux que des armes blanches. Quant à tes cicatrices, c'est franchement pas courant ce genre de blessure, on en aurait entendu parler si des médecins avaient réussi à soigner un gars qui a l'air de s'être fait littéralement empaler par un pilier de feu. De plus, malgré le fait que tu n'es plus tes yeux, tu as été capable de survivre sans l'Organisation, je dirais l'équivalent de trois mois au vu de ta maigreur, pourtant, tu t'en portes pas plus mal. Dernier point, tu as dit que je sentais la mort, ce qui est assez spécifique comme commentaire et que je n'ai rencontré que chez certains criminels. Tout ça me laisse à croire que t'es quelqu'un qui agit en marge de la société, habituer à la survie et qui n'hésite pas à utiliser tous les moyens pour arriver à ses objectifs.
Ace eu un rire narquois et coinça ses mains sous sa nuque en se laissant aller dans les coussins.
- Si j'avais la même précision qu'avant que Vermouth ne me prenne mes yeux, devant mon refus de coopération, je t'aurais applaudi pour ton analyse. En ce qui concerne les autorités, je suis un parfait inconnu pour elles. Je t'en dirais plus si jamais tu me prouves que je peux te faire confiance.
- Ça me va, assura Conan avec un sourire un peu plus amical.
- Vous avez réussi à être ami ? s'étonna presque Agasa en voyant le dialogue.
- Nan, juste officialisé une situation neutre, ricana Ace.
- Portgas, tu tires sur tes sutures, s'il te plaît, arrête de rire, soupira Haibara.
- Nous sommes dans le même camp temporairement, approuva Shinichi. Tant qu'Haibara n'aura pas fait l'antidote, on devra se supporter. Tu es bon comédien, j'espère, Portgas.
- C'est en passant la barre des dix-huit ans que j'ai apprit ce que s'était d'être un gosse, t'en fait pas pour moi.
- Je commence à regretter de t'avoir pris avec moi, Portgas, pointa Haibara en remettant le tee-shirt en place.
La bougne de chien battu d'Ace arracha un ricanement à Conan.
- J'ai cependant une très bonne idée, pointa Haibara avec un sourire machiavélique. Vu que tu n'as pas eu de rééducation correcte suite à la perte de ta vue, va falloir que tu apprennes sérieusement à vivre sans… et rien de mieux qu'une école primaire pour ça.
Ace pâlit drastiquement.
- Vous voulez parier avec moi le temps qu'il lui faudra pour arriver à sortir seul de cette maison et apprendre le braille ? demanda Haibara.
- Il lui faudra bien deux ans pour le braille, un et demi s'il accepte de l'aide, pronostiqua Agasa.
- HEY ! s'indigna Ace en s'asseyant sur le lit.
- Oui, il n'a jamais été très brillant, annonça Haibara avec délectation.
- Mais je te merde ! J'ai pas besoin d'autant de temps !
Conan eu un sourire en comprenant la manœuvre.
- Soit. S'il dit qu'il en lui faut pas autant de temps… je dirais un an, pronostiqua Conan.
- Il me faudra même pas un mois si je m'y mets maintenant ! réfuta Ace. Si je mets un an, c'est ma fierté qui va morfler.
- Mets moins de six mois, et on considère que tu es le gagnant du pari, défia Conan.
Ace se mit à quatre pattes sur le lit, avançant avec prudence jusqu'au pied en direction de Conan. Là, sa main rencontra le vide et il s'assit au bord du lit pour se lever et se mettre nez à nez avec le mini-enquêteur, forçant Conan à lever légèrement la tête pour le regarder.
- Qu'est-ce que j'aurais ? Un pari n'a aucun intérêt s'il n'y a pas de récompense à la clef, sourit férocement Ace.
- Le professeur Agasa a réussi à mettre au point des moyens pour neutraliser des criminelles, tout à fait discrets. Il peut très bien te faire quelque chose d'aussi discret pour que tu puisses te défendre, expliqua Conan.
- Pourquoi c'est moi qui doit faire le travail ? grommela Agasa en fronçant ses épais sourcils.
- Parce que c'est vous qui aimez inventer des trucs bizarres, lui pointa Haibara.
- Cependant, fit Conan en revenant à l'attaque, si tu perds… je veux tes secrets.
Ace eu un sourire féroce et brandit une main que le détective serra.
- Je prends l'pari. Prépares-toi à perde, Tantei*-san !
- Je prendrais un bloc note pour noter le moindre de tes petits torts, ricana machiavéliquement Shinichi.
- J'ai déjà le livre idéal pour l'apprentissage du braille ! nota Agasa en frappant dans ses mains. Je l'avais demandé à ton père il y a quelques temps pour un de mes cousins mal voyant ! Une des aventures de son fameux Baron de la Nuit !
Conan roula des yeux dans ses orbites mais ne fit commentaire.
- L'île au Trésor aurait été bien mieux pour Portgas, sourit narquoisement Haibara en repoussant Ace dans le lit. Ou alors Moby Dick.
- Je sais pas comment je dois le prendre, soupira le concerné.
- Mon père, Kudo Yûsaku, est un auteur de polar à la renommée international, explicita Conan. Il est parti à l'étranger avec ma mère voilà trois ans.
- Haaan…
- Pas grand-chose d'impressionnant par rapport à toi, je présume.
Ace leva un sourcil.
- Ta peau est brûlé par le sel et le soleil. Et vu ta volonté à bouger, je doute que tu sois un sédentaire. T'as dû voyager beaucoup. Sans compter que ces calles dans tes mains, y'a que des cordes pour les faires, ou alors une barre de navire.
Une veine palpita sur le front d'Ace.
- Ecoute, le gnome, mes histoires, tu ne les connaitras pas avant d'avoir soit gagné ton pari, soit ma confiance, alors arrête avec tes analyses !
- C'était une mauvaise idée de les présenter l'un à l'autre, pointa Agasa avec inquiétude en voyant les rictus féroces qu'affichaient les deux garçons.
- Non non, c'est une très bonne idée, au contraire, rassura d'un air machiavélique Haibara.
C'était justement pas du tout rassurant.
- Alors, la fille Suzuki a encore changé de proie, s'enquit Haibara en déposant son sac sur le bureau voisin de Conan.
- Ouais. Makoto à l'étranger, elle regarde ailleurs. Elle a toujours été comme ça, grommela Conan en terminant de sortir ses affaires.
La conversation n'alla pas plus loin que Ayumi vint les voir, tout sourire.
- On va avoir un nouvel élève ! C'est si excitant ! annonça joyeusement la demoiselle.
- Encore un autre ? s'étonna Genta en les rejoignant.
- Le proverbe dit jamais deux sans trois, pointa Mitsuhiko en passant à proximité d'eux pour aller à sa place.
- J'espère que ça sera une fille, soupira le costaud qui suivait.
Haibara eu un petit rire, les yeux cachés par ses cheveux.
Conan ouvrit grand les yeux en réalisant ce que ça signifiait, mais déjà, la sonnerie leur disait d'aller tous à leur place.
- Mais ça fait tout juste deux mois et demi ! souffla Conan. On ne peut pas apprendre le braille en si peu de temps !
- Pendant que certain vont à Izu prendre du bon temps à la plage, d'autres bossent d'arraches pieds. Agasa-akase lui a déjà fourni sa récompense, sourit narquoisement Haibara.
La porte s'ouvrit sur Kobayashi-sensei souriante et un petit garçon en pantalon cargo noir, sweat-shirt blanc sous un tee-shirt marron. Ses cheveux noirs étaient coupés assez court, frôlant tout juste la nuque, mais laissant deux mèches tombantes sur ses lunettes de soleil noirs à la monture épaisse. Entre ses mains, une canne d'aveugle reposait.
- Bonjour les enfants, je vous prierais d'accueillir chaleureusement notre nouvel élève, sourit Kobayashi à sa classe. Présentes-toi à la classe, mon garçon.
Et avec des joues très rouges d'embarras, le garçon s'inclina avec raideur.
- Ore wa Dawn D. Red. Ravi de faire votre connaissance.
- Où va-t-on te mettre ?
Contrairement à l'arrivée d'Haibara ou d'Edogawa, celle-ci ne provoqua aucun bruit. Même si c'était des choses qui arrivaient, voir un enfant handicapé dans une classe normal était assez… dérangeant pour des enfants.
D'où le silence perplexe des enfants.
Une chaise racla et Conan se retourna pour voir à peine plus loin qu'Ayumi s'était levée de sa place.
- Ayumi a une place de libre à côté d'elle, annonça la demoiselle en rougissant légèrement.
- Parfait, on va te mettre à côté d'Ayumi-chan ! approuva la maîtresse.
- En dépit de ma narcolepsie et de ma cécité, j'essaierai de ne pas te déranger. Merci beaucoup, sourit Red avec douceur mettant ainsi en valeur ses tâches de rousseurs et ses belles dents blanches.
Kobayashi allait l'escorter jusqu'à la place mais le garçon était déjà en marche. Sa canne cherchait de possible obstacle entre lui et Ayumi avec efficacité, lui permettant de remonter l'allée jusqu'à la demoiselle à une vitesse assez bonne.
- Tu m'épates, Portgas, souffla Conan quand le nouveau passa à son niveau.
- Je suis obstiné, Kudo, là est ma force et ma faiblesse, répondit Dawn tout aussi bas.
Et quelques instants plus tard, il était devant la table d'Ayumi.
- Ayumi va te faire de la place, lui dit la demoiselle en commençant à arranger ses affaires pour se décaler sur le bureau de gauche.
Ace se contenta de faire glisser son sac sur le bureau de libre avec sa canne et suivi la table du bout des doigts avant de s'asseoir. Il tira un ordinateur portable de son sac avec un clavier braille et se prépara pour la leçon.
La fin de la classe sonna et tout le monde rangea ses affaires.
- Tu parles super bien japonais pour un étranger, fit Mitsuhiko en rejoignant la table d'Ayumi avec le reste de la bande.
- Etranger ? Tu dis ça à cause de mon nom ? s'enquit Red avec perplexité.
- T'es un natif ? s'étonna Genta. T'as pas l'air japonais pourtant.
Red se contenta de fermer son ordinateur portable en haussant des épaules.
- Je sais rien de mes origines, alors que je le sois ou pas ne pose aucun problème. Paraît que Agasa-akase est un ami de mes parents mais j'en sais strictement rien. Le vieux barge qui m'a élevé n'a jamais été loquace sur mes parents, outre pour cracher sur le dos de mon vieux.
Il mit son ordinateur dans son sac sous le regard horrifié des vrais gamins.
- Comment peut-on avoir aussi peu de chance ? gémit Ayumi en retenant ses larmes. Tu es aveugle et orphelin ! C'est si triste !
Red se redressa de là où il ramassait sa canne, un air franchement perplexe sur le visage.
- Mes yeux, c'est parce que j'ai joué au con, je le conçois, mais je me considère pas comme malchanceux.
Le sourire de Red devint lumineux et physiquement impossible.
- C'est vrai qu'il y a beaucoup de chose qu'on prend pour acquise qui me manque, mais je suis vivant et libre. Et ça, ça n'a aucun prix.
Il se frotta inconsciemment la poitrine là où il avait son énorme cicatrice et passa son sac dans son dos.
- C'est au dernier moment qu'on réalise souvent que la vie en soit est un cadeau inestimable, poursuivit Red.
- On dirait un vieillard, tu parles comme Conan… grommela Genta.
- Peut-être. En tout cas, j'ai pas besoin de pitié ou quoique ce soit. On m'a mis au défi, c'est comme ça que je le vois. Et les défis, je les remporte. Sinon, vous vous présentez quand vous voulez. Je connais ma voisine de table, mais pas vous autres.
Les vrais enfants eurent un air embarrassé et se présentèrent, suivi des deux autres :
- Edogawa Conan, se présenta Conan d'un air absent, le cerveau tournant à cent à l'heure.
- Haibara Aï, compléta Conan avec un sourire de coin.
Elle connaissait l'expression sur le visage de Shinichi. Cela voulait dire qu'il essayait de placer les nouveaux éléments dans le puzzle qu'était Ace.
- Tu es un sacré bon comédien, je te l'accorde, dit Conan à la sortie de l'école alors que le trio Genta, Ayumi et Mitsuhiko venaient de leur dire au revoir.
- Tu sais ce qu'on dit d'un bon mensonge ? Qu'il doit toujours avoir une base de réalité. Le tout est de savoir laquelle, fit Red avec un sourire sardonique.
- Voilà l'expert qui parle, grommela Haibara.
- Tout les moyens sont bons quand il s'agit de survivre.
Ils passèrent un couple de jeune lycéen et à peine dépassé que Conan arrêta l'autre garçon avec un sourire de coin.
- Donne-moi ça, Dawn.
- Donner quoi ? s'enquit innocemment Red.
- Ce que tu as dans ta poche gauche. Ne me force pas à devoir le prendre.
- Zut, j'ai perdu la main si je me suis fait chopper aussi vite.
Et sans remord, il tira de sa poche un portefeuille que Shinichi prit. Il courut rattraper le couple de tout à l'heure pour leur rendre l'objet en disant qu'ils l'avaient fait tomber, avant de revenir avec un regard bien noir sur le criminel en herbe.
- Evite de faire ça devant moi, veux-tu ?
- C'est marrant ! Et ça me force à m'améliorer ! sourit avec espièglerie Red.
- Vous l'avez déniché où ce cas ? s'enquit Conan à Haibara.
- Si tu savais… revenons au sujet principal. Ton histoire, donc, qui n'est pas totalement fausse, esquiva Haibara.
Durant le temps qu'ils avaient passé ensemble, Ace n'avait parlait de lui qu'en surface, rien de plus, rien de moins.
- J'ai pas connu mes parents et j'ai été élevé par une connaissance de la famille. Un vieux barge qui voulait que j'intègre l'armée. Les services sociaux ont fini par intervenir, mais trop tard parce que j'avais déjà perdu mes yeux. On a trouvé Agasa, un ancien professeur de ma mère et voilà ! C'est l'histoire que je servirais si on me pose des questions. Et vu ce que le vieux barge qui se prétendait mon grand-père m'a fait subir, il peut bien me servir ainsi.
Très loin de là, Genkotsu no Garp éternua dans le thé de Sengoku.
- Et la vérité dans tout ça ? s'enquit Conan.
- Puisque tu es le détective, à toi de la trouver. On rentre, Haibara ?
Hibara secoua la tête en soupira et salua Conan, prenant par le bras son ex-cobaye pour le guider dans les rues.
Les jours et mois à venir ne seraient pas de tout repos
A/N : pour ceux qui ne le savent pas, si on utilise Sensei pour dire "professeur d'école/maître(sse) d'école" mais aussi pour dire "médecin/docteur", le terme utilisé pour le "professeur" dans le registre scientifique, c'est Akase. Donc, il est courant de voir Agasa se faire appelait "akase" tout court. Quant à Tantei, c'est le termes utilisé pour désigner détective tout simplement.
