L'absence du soldat
Et voilà, je me lance dans ma première fic Sherlock après en avoir lu et aimé des centaines. J'espère qu'elle va vous plaire.
Sherlock se frotta les mains nerveusement avant d'ouvrir l'ordinateur portable de John, le bonheur de la photographie qui servait de fond d'écran lui rendit nostalgique l'espace d'un instant. John avait toujours été le plus sentimental d'eux deux. Repoussant ses idées sombres, le génie se contenta d'activer la connexion satellite dont son frère lui avait passé les codes la veille. Il était nerveux, il allait pouvoir voir John, il l'avait bien eu au téléphone une fois toutes les deux semaines mais il allait enfin pouvoir revoir son visage. Il était nerveux. Le décompte s'affichait à l'écran. Plus que quelques secondes. 3.2.1. L'image de John apparut enfin à l'écran. Sherlock avait du mal à se contenir. Il ne voulait pas paraitre nerveux. Sherlock observa l'espace d'un instant, John était en treillis militaire sous une tente en toile. Le soleil était déjà levé, alors qu'il faisait encore nuit à Londres.
— Bonjour Sherlock.
— John…
— Bon Dieu. C'est vraiment bon te voir.
Sherlock resta silencieux quelques instants, John se savait observer, et il ne pouvait rien y faire. L'homme qu'il avait épousé tout juste deux ans auparavant était comme ça. Il avait prit son partie de n'avoir aucun secret pour lui à la minute où il avait emménagé à Baker Street.
— Et bien, c'est bien la première fois que mon mari est aussi silencieux. Tu n'as pas eu d'enquête depuis quand ?
— J'ai refusé les dernières, aucune ne valait plus de 5.
— Sherlock, il faut que tu sortes… Tu ne dois pas rester seul.
— Je ne suis pas seul ! Mrs Hudson passe toute la journée et Mycroft et Lestrade passent sous l'excuse que Lenore a besoin de prendre l'air.
— Lenore a besoin de prendre l'air.
— Tu t'es battu, John.
— Je suis sur le front, Sherlock.
Nerveusement, John se passa une main sur le visage avant de se pincer l'arrête du nez. Même à l'autre bout du monde, il ne pouvait décidément rien lui cacher.
— Oui, je me suis battu mais ça va.
— Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ? demanda John avec agacement.
— Tu t'es battu à cause de moi… déduisit le génie.
Même à travers l'écran, John pouvait voir que Sherlock était affecté par ça. Mais son temps de communication était compté, Mycroft n'avait pu leur obtenir qu'une demi heure et c'était déjà énorme. Et il ne voulait pas perdre de temps à lui dire qu'il avait défendu son honneur quand les gars avaient malmené Sherlock, traitant le seul détective au monde de petite femme au foyer après lui avoir volé la photo de Sherlock et Lenore. Sa relation avec Sherlock lui avait prit tellement de temps, accepter qu'il aimait un homme, accepter qu'il aimait Sherlock, même leur première relation physique avait été difficile. Tous avaient pensé que les choses avaient été difficiles pour Sherlock mais en fait c'était pour lui, abandonner l'idée de normalité qu'il avait de la vie de couple, abandonner l'idée de fonder une famille, tant de sacrifices, et pourtant, il avait su qu'il ne pourrait pas se passer de Sherlock et de tous ce qui lui apportait.
— John ?
— Ça va Sherlock, je te le promets. J'ai juste hâte de rentrer à la maison.
John fit tourner son alliance avec son pouce, puis passa sa main dans ses cheveux coupés courts.
— Sherlock, c'est difficile d'être considéré comme gay dans l'armée, mais j'ai le respect de mes hommes, ça va aller pour moi. Comment va Lenore ?
— Elle n'a pas subit de dommages corporels.
— Sherlock…
— Elle ne m'aime pas.
— C'est ta fille, elle ne peut que t'aimer.
— Qu'est ce que tu en sais, génétiquement c'est une Holmes !
— Et les Holmes sont capable d'amour, ou alors je ne sais pas qui j'ai épousé… Sherlock où est Lenore ?
— Elle est avec Lestrade, il voulait me laisser le temps de parler avec toi.
— Qu'est ce que tu as à me dire, Sherlock ?
— Je… Il faut que tu rentres, John. C'est trop compliqué. Tu es celui qui à toujours su t'occuper de Lenore et moi. Je ne sais pas…
John était malheureux face à la détresse de son mari, ça faisait quatre mois maintenant qu'il avait été remobilisé sur le front, quatre mois que Sherlock négociait avec Mycroft pour le faire rapatrier. Mais les deux hommes devaient encore attendre deux mois avant de pouvoir rentrer, deux mois au lieu de cinq, c'est tout ce que Mycroft avait pu faire. Et chaque fois qu'ils arrivaient à avoir une liaison en vidéo conférence, John voyait la détresse grandissante de Sherlock. Bon sang, la situation était difficile. Lenore était si petite, elle avait six mois aujourd'hui, elle devait avoir bien grandit, son petit bébé chéri aux boucles brunes et aux yeux bleus. Il avait à peine eu le temps d'apprendre à Sherlock les rudiments de la paternité qu'il avait été envoyé au loin.
— Relax Sherlock, tu le fais à merveille depuis quatre mois. Tu vas réussir, je te le promets et puis tu as Mrs Hudson. Ecoutes, il nous reste à peine une minute, prends soin de toi et de Lenore, je compte sur toi.
— Reviens en vie, John. Je…
— Je t'aime aussi et bon anniversaire de mariage…
Un dernier sourire et le visage de Sherlock disparu à l'écran. John en profita pour laisser tomber le voile. Il ne supportait plus du tout cet éloignement. C'était trop difficile. Il se leva douloureusement, parfois sa jambe le lançait de nouveau, pourtant prenant sur lui, il rejoignit son baraquement. La plupart de ses compagnons étaient sur le terrain alors que lui avait obtenu quelques heures de permission. S'asseyant sur son lit, il peinait à retenir les sanglots qui le prenaient violement à la gorge, mais il ne voulait pas pleurer, il ne pouvait pas le faire.
— Hé vieux ! Ça va ?
Il releva la tête pour découvrir le jeune soldat Tommy Abbott.
— Non ça n'a pas l'air, je croyais pourtant que tu devais parler à ton mari… Oh tu l'as fait… Comment va ton bébé ?
— Elle grandit. Et Sherlock va plutôt mal. J'ai tellement peur qu'il fasse une bêtise.
— Mais il a la petite…
— Tommy, Sherlock n'est pas comme toi et moi. Il a accepté d'avoir Lenore pour moi. Et je pense qu'il la tient en vie pour moi. Je suis partie de la maison au plus mauvais moment… mais je ne devrais pas t'embêter avec mes problèmes.
— Je ne vais pas mourir de prendre le temps d'écouter un ami, John. Je peux voir la photo ?
John releva la tête croisant le regard du jeune homme avant de se tourner vers le montant du lit superposé ou la photo était scotchée. La décollant prudemment, il la donna à Tommy qui prit le temps de l'observer. Sur le cliché on pouvait voir un homme debout, dans une cuisine, mais derrière lui se trouvait des éprouvettes et un microscope, l'homme aux cheveux bruns tenait au bout de ses bras tendus un jeune bébé, le regardant avec curiosité en faisant la moue.
— Ton mari a l'air d'être quelqu'un de spécial…
— Ne m'en parle pas… Il est unique en son genre !
— Il est plutôt bel homme, je comprends qu'il est fait craquer un hétéro comme toi.
John releva brutalement la tête pour croiser le regard amusé du jeune soldat.
— Comme tous les hommes de la base, je t'ai vu reluquer le lieutenant Cadman…
— Mea culpa, j'ai beau être marié et fidèle, il faut avouer qu'elle est très belle.
— Je confirme ! Les femmes ne te manquent pas ?... Pardon je n'aurai pas dut poser la question…
— Parfois, mais la vie avec Sherlock est tellement plus excitante.
— Comment en êtes vous arrivé à vous marier ?
— Il m'a demandé… on ne sortait même pas ensemble, on était colocataire. J'avais prit une balle, tout près du cœur…
— John est à moi ! ragea Sherlock en faisant les cent pas dans le salon du 221B Baker Street.
Installé dans le canapé, Mycroft Holmes le regarda faire, attendant que la colère de son jeune frère cesse un peu. Pour le moment Sherlock était loin d'être capable d'entendre ce qu'il avait à lui dire. Il y a moins d'une heure, on lui avait refusé des nouvelles de John Watson sous prétexte qu'il n'était pas un membre de la famille. Leur enquête avait mal tournée, et pour la première fois c'est John qui en avait subit les frais. La balle était passée très —trop— proche du cœur, et le soldat était encore en chirurgie alors qu'on avait chassé Sherlock de Saint Bart, alors qu'il avait commencé un scandale. Contacté par Lestrade, Mycroft avait rejoindre son frère pour lui tenir compagnie et surtout pour l'empêcher de replonger dans ses vieux démons.
— Le docteur Watson est ton colocataire, Sherlock, juste ton colocataire. Peu importe la particularité de la relation que vous entretenez tous les deux.
Le cadet fusilla son ainé du regard.
— Et tu ne peux rien faire ?
— Non. Si tu veux des nouvelles de John, tu vas devoir prendre contact avec Harry Watson.
Sherlock claqua sa langue sur son palais, irrité par l'explication bien trop vraie de son frère.
— Je suis impressionné qu'un homme comme John Watson puisse te faire découvrir avec autant de force les sentiments, je vais peut-être tacher de le mettre un peu plus en sécurité. En tout cas, tu devrais peut-être penser à te saisir de lui avant qu'une femme ne lui ravisse le cœur.
— John n'est pas gay.
— Peut être. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne t'aime pas.
— Ne dit pas d'idioties !
— Il vient de prendre une balle pour toi…
TBC
Une petite review pour cette première fic Sherlock est la bienvenue :-)
