En ce réveillant ce matin-là, tout semblait tellement ordinaire qu'un instant il crut s'être trompé de jour. Avec un soupir, il se leva, s'étira et se rendit sous la douche.
L'esprit encore embrumé de sommeil, il laissa l'eau chaude détendre ses muscles et le réveiller complètement.
En silence, il s'habilla, enfila sa robe aux couleurs de sa maison et vérifia son apparence dans le miroir.
Satisfait, il rejoignit la salle commune de sa maison. Il répondit brièvement aux saluts de ses camarades et tout le monde partit pour le petit déjeuner.
C'était toujours comme ça.
Invariablement.
Chaque matin, dès qu'il était prêt et qu'il descendait, leur groupe se mettait en marche. Il était le meneur.
En silence, tous prirent place autour de la grande table.
Leur table était toujours la plus calme. La plus distinguée.
Ils avaient un rang à tenir.
Il regarda autour de lui en mangeant tranquillement. Il aurait pu se croire chez lui, pendant un dîner mondain. Leurs parents leur avaient inculqué les règles du savoir vivre depuis leur plus jeune âge.
Quand le courrier arriva, il eut une grimace agacée en voyant les autres tables se jeter sur les hiboux dans un désordre joyeux, comme les enfants qu'ils étaient.
Lui, il attendit que le hibou dépose la gazette devant lui et reparte avant de prendre le journal pour le lire comme à son habitude.
Comme il avait vu son père le faire des centaines de fois.
Il jeta un œil à la date. 5 juin. Sa première impression était donc la bonne, c'était aujourd'hui.
Sans surprise, ses parents ne lui avaient pas envoyé de hibou.
Il réprima un soupir et ferma un bref instant les yeux.
Autour de lui, ses amis mangeaient en silence. Personne ne faisait attention à lui.
Il était leur meneur, mais il était seul, comme l'avait voulu son père. Son père qui ne croyait pas à l'amitié. Pour lui, une relation n'était bonne que quand elle apportait quelque chose.
Une fois terminé, il finit en une gorgée sa tasse de thé, tapota ses lèvres avec sa serviette, et regarda autour de lui calmement.
Il se leva tranquillement, et le reste des Serpentard l'imita comme un seul homme. Après tout, il était le meneur. Celui qu'on écoutait et à qui on obéissait aveuglément. Tout comme son propre père dirigeait leurs pères...
Un fracas retentit dans la Grande Salle derrière lui et il ne fit pas attention, par habitude.
Bien entendu, les Griffondors avaient fini eux aussi de manger. Et eux aussi s'étaient levés.
Contrairement aux Verts et Argent, les Rouges et Or évoluaient en désordre, chahutant amicalement, parlant fort. Les rires et les plaisanteries fusaient.
Comme souvent, la rencontre des deux maisons ennemies dégénéra en bataille plus ou moins discrète, sous le regard blasé des professeurs.
Alors que la plupart se bousculaient en échangeant des noms d'oiseaux, il attendait que tout passe. Il avait ses gorilles pour se battre à sa place. Il était au dessus de ça.
Ce jour là pourtant, quelqu'un entra en collision avec lui. Il tomba face à une touffe de cheveux bruns ébouriffée et deux yeux émeraudes. Loin d'être agressif, le brun face à lui souriait amicalement.
Avant qu'il n'ai pu se montrer désagréable, il fut coupé dans son élan
- Joyeux anniversaire Malefoy.
Draco Malefoy resta figé, bouche ouverte.
De tous, c'était son ennemi le seul qui avait pensé à lui en ce jour particulier...
