Rated M, warning -18 prévu


La lune jouissait d'une couleur verte cette nuit, mais seulement dans le reflet d'un verre à pied posé sur la table de la salle de séjour. Le liquide vert d'une boisson incontournable avait été versé dans un verre spécifique par la propriétaire qui l'avait servi pour passer un nouveau chagrin. Les gouttes d'eau sucrées glacées glissaient sur les reports de la cuillère posée en travers du verre. Petit à petit, le reflet vert de la lune disparaissait et se diluait dans le liquide trouble.

Après quelques minutes d'attentes, le morceau de sucre à moitié entamé et le niveau de liquide verdâtre augmenté jusqu'à plus de la moitié du verre, la liqueur était prête à être dégustée. La maîtresse des lieux, Angelina Durless, se tenait sur le divan de son salon, lorgnant son verre dans sa chemise de nuit, sa robe de chambre sur les épaules, seule. Ses yeux rouges et fatigués trahissaient un chagrin survenu antérieurement dans l'heure. Cette nuit encore, elle se retrouva seule chez elle, sans famille ni compagnon ni amant pour la soirée. Elle avait dû se changer seule, sa fortune ne suffisant plus à payer le moindre employé.

La cause de ses pleurs ? Anne était sortie à une soirée organisée par un jeune homme vigoureux de la noblesse anglaise, le Vicomte de Druit. Son but personnel était de prendre du bon temps en dehors de son travail médical. À peine était-elle dans la soirée qu'elle entendit de la bouche d'un homme le mot « traînée » puis d'un autre mot « putain » que ces mots lui étaient dédiés ou non, cela provoqua une réaction psychologique en elle. Elle pensa à toutes ces « putains » et à toutes ces « traînées » qui tapinent le sol de Londres dans le quartier de WhiteChapel. Ces femmes qui lui demandent sans concession de leur ôter l'un des organes le plus important chez une femme, leur utérus.

Un organe qu'Angelina ne possédait plus depuis quelques temps déjà, une perte qui avait été accompagnée par celui de son mari et de l'enfant qu'elle portait à l'époque. Chaque rejet de ces femmes augmentait son envie et sa rage envers elles. Pourquoi ses larmes alors ? Dans la suite de la soirée, ses pensées rageuses furent perturbées par d'anciens souvenirs…. En se remémorant son problème intérieur, elle se rappela d'une autre perte d'on elle avait été témoin, il y a presque un mois ça : la mort de sa sœur, de son mari et de leur enfant. La douleur de leur disparition fit taire son envie de fête et changea son humeur joyeuse. Cela lui fit aussi perdre la motivation des hommes de la soirée qui voulait la conquérir ne serait-ce qu'une nuit.

Sans souffrir plus longtemps, Angelina quitta la soirée et pleura tout au long du chemin du retour. Dès qu'elle fût rentrée, elle déversa son chagrin sur les draps de son lit sous le triste regard de la lune. Il était tard quand elle consentit à se déshabiller pour la nuit, c'est lorsqu'elle ouvrit son placard qu'elle y vue une bouteille à la lueur plus verte que les émeraudes. La « fée verte » pensa-t-elle, un patient lui avait offert cette bouteille d'origine française pour une raison dont elle ne se rappelait plus, mais qui ne l'avait pas attiré en premier lieu. Pourtant ce soir, l'envie d'en consommer lui vint soudainement, qu'importe ce que les rumeurs françaises avait colporté sur la boisson, elle avait besoin de faire passer sa douleur intérieur.

Ainsi, tard dans la nuit, Madame Red se tenait devant son verre d'absinthe, verte et fraiche. Son verre en main, elle fit un mouvement circulaire avec ses mains ce qui créa un léger tourbillon dans le liquide vert : « Une tornade de folie ! » ria-t-elle. Bien que motivé lors de la découverte de la bouteille, Anne eut une hésitation à boire ce qu'elle s'était servie. Peut-être valait-elle mieux que ce verre ? Peut-être que la meilleure chose à faire ce soir-là était d'aller se coucher ?

Elle posa le verre, son regard se tourna sur le napperon rouge posé sur la table du salon et sur le cadre photo avec elle, sa sœur et le mari de celle-ci…

Bon dieu ! Angelina bu le verre d'un coup sec avant même que sa prochaine larme ne traverse son visage ! L'absinthe descendit dans son corps a une vitesse telle qu'il n'eut même pas le temps d'être savourer. La tristesse monta, Madame Red n'attendit pas la réaction d'accoutumance de son corps à l'alcool et se servit un autre verre, qu'elle but cul sec encore une fois. La patience de laisser le sucre se déverser dans l'absinthe n'existe plus. Elle voulait boire, boire encore, boire pour oublier chagrin, souffrance et haine. Elle but telle que la moitié de la nuit n'était pas encore passé que la bouteille d'absinthe fut vide.

Boire de l'alcool était une chose mais sans modération et avec une telle vitesse, qui sait ce qui pourrait arriver. Angelina se sentait aussi mal qu'avant mentalement physiquement, son corps enchaîna les premiers symptômes de l'alcool. Elle essaya de soulever du canapé mais ses jambes furent incapables de la porter. Elle tenta alors de se rasseoir mais la distance entre le canapé et elle était plus loin qu'elle ne l'eut cru au premier abord.

Elle s'effondra à terre et perdit conscience.