Le Week-end de 1000 ans
Voici une nouvelle fiction que je vous propose, mettant encore en scène mon couple favoris: France et Angleterre. Je vous laisse profiter, chers lecteurs et lectrices. Merci de votre attention *s'incline à genoux*
Bonne lecture~
Chapitre I :
« Mais les jeux vidéo abrutissent les gamins ! On ne doit pas lancer autant de productions de consoles et de jeux ! Si le monde finit par être gouverné par des malades mentaux qui n'ont plus la notion de mort à force d'abattre de l'intelligence artificielle, ça sera l'apocalypse ! argumenta Allemagne après avoir manqué l'arrêt cardiaque lorsqu'il avait vu le nombre as-tro-no-mi-que de jeux mis en vente dans les magasins du monde.
_ Ve~ ! Mais Mario Kart, c'est bien ! contra Italie. Et on ne tue personne, même quand on pousse quelqu'un dans la lave ou qu'on se fait manger par une fleur !
_ Sérieux, c'est quoi ce jeu ? demanda Romano avec un air désabusé. Rien dedans n'a de sens !
_ Made in Japan, rigola Chine, s'attirant un regard courroucé dudit japonais.
_ Mais les jeux gores comme « Assassins Creed » ou « Resident Evil », ça, faut arrêter !
_ Même pas tu touches à Léon (1) ou Chris (1) ! s'écria Amérique avec un regard de fou dangereux, prêt à égorger toute personne touchant à son bien.
_ Vous voyez les effets ! désigna Allemagne en pointant l'américain du doigt. Il pourrait tous nous égorger pendant notre sommeil ! Il faut au moins que l'on interdise la vente aux mineurs !
_ Mais certains jeux sont achetés par des majeurs pour être offert aux mineurs à leurs anniversaires, déclara France. Il existe beaucoup de combines pour contourner une loi. Et puis, on ne peut pas contrôler tout le monde en leur demandant à qui ira ce jeu. A moins de partir dans une société où tout le monde serait surveillé par Big Brother (2)…
_ Mais vous en faites tout un plat, rigola Espagne. Les enfants savent bien que ce ne sont que des jeux…
_ Assez réalistes pour la plupart, coupa Russie avec un grand sourire ».
Francis se cala dans son siège, satisfait d'avoir apporté sa participation dans un débat qui semblait important pour Allemagne. C'était toujours amusant de le voir dans cet état, complétement immergé dans son opinion. Mais cette histoire de jeux vidéo était un problème dur à régler pour diverses raisons.
A ses côtés, Angleterre avançait son travail personnel, pas franchement convaincu que cette réunion serve à quelque chose. De toute façon, le bougre comptait sur Francis pour lui donner les idées importantes qui avaient été dites, s'il en loupait une. Deux ans auparavant, Francis lui avait fait une blague en lui donnant de mauvaises informations sur quelque chose qui n'avait rien à voir avec le sujet initial. Arthur avait été hors de lui lorsqu'il l'avait découvert la boutade et la punition fut cruelle puisqu'il avait refusé qu'il ne le touche – et pire ! – qu'il ne lui parle pendant un mois.
Un mois sans entendre la voix de l'être aimé et sans se disputer ! D'un côté, ça avait été génial, mais dans le fond, ce fut une vraie catastrophe pour son moral. Par contre, Allemagne fut très satisfait qu'ils ferment enfin leurs grande gueule, tous les deux.
Mais même pas un bonjour ! Et quand Francis y songeait, il revoyait le regard froid et les lèvres closes de son chéri mauvais joueur.
En y pensant bien, Francis avait l'impression de ne pas assez le voir, ces derniers temps. Ils avaient eu pas mal d'empêchements, les trois derniers mois, et n'avaient absolument aucun moment pour eux. La plupart du temps, ils parlaient boulot et avaient à peine le temps de s'embrasser au coin d'un couloir, à l'abri des regards. Ne parlons même pas de leur vie sexuelle, la pauvre était devenue inexistante. De temps en temps, ils parvenaient à s'envoyer un ou deux regards complices pendant les meetings (et quelques messages couchés sur papier car ils étaient presque toujours côtes à côte) mais rien de plus. Quoiqu'il arrivait à Francis de laisser sa main toucher une certaine cuisse voisine dans une caresse coquine – ce qui lui valait généralement une tape sur la main (et le plaisir de voir Arthur rougir).
« Mais ce qui fait d'une arme, une « bonne » arme, continua Amérique. C'est la qualité des dégâts qu'elle fait sur l'ennemi ! Ou mieux encore : sa fiabilité ! Par exemple…
_ Les Kalachnikov ? proposa Russie.
_ Non ! Cette arme est moche, ridicule et dégradante pour ceux qui la portent ! Et en plus, c'est juste un fusil d'industrie ! Facile à faire, toute conne, quoi ! C'est une véritable honte d'avoir créé cette chose, et en plus c'est… ! »
Francis fit comme Ivan : il décrocha de la tirade puisqu'il en était encore temps. Il n'était absolument pas intéressé par une migraine. Seul Kiku continuait à s'accrocher, trop poli pour respecter les cris qui devaient tambouriner dans sa tête et qui lui demandaient d'arrêter d'écouter cet américain de mauvaise foi. Canada aussi tentait de comprendre, plus par respect pour son frère que par réel intérêt. Quand à Allemagne, il cherchait une façon simple et efficace de lui couper la parole pour retourner sur le sujet principal : les jeux vidéo et leurs conséquences sur les joueurs.
Sauf que le jour où les choses se passeront comme il le veut lors d'un meeting, Italie sera devenu mature et viril. Autant dire qu'on avait du temps devant nous.
Arthur s'ennuyait ferme. Il avait bien avancé ses dossiers mais le fond sonore irritant qu'était la voix d'Alfred commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs. Il savait bien qu'aucune décision sérieuse ne pourra être prise, et les enfants continueront de s'abrutirent devant leurs écrans.
Arthur soupira avant de sentir quelque chose comme une main frôler sa jambe. Pivotant sur le côté, il vit Francis le regarder avec un air interrogatif. L'anglais lui signifia qu'il allait bien, qu'il s'ennuyait juste. Comme 90% de la population de cette salle.
« Tu fais quoi après ? chuchota le français. Tu rentres directement chez toi ?
_ Ouais. J'ai une réunion avec quelques producteurs qui bossent en collaboration avec la Russie, et je dois contrôler nos exportations.
_ Sérieux, qui voudrait t'importer quoique ce soit en nourriture ? Ivan est suicidaire ?
_ Shut up ! Je t'ai pas demandé ton avis quand à ma cuisine, fucking bastard !
_ On ne vous dérange pas trop ? demanda innocemment Amérique qui n'aimait pas que ses « parents » l'interrompent pour des broutilles.
_ Si, beaucoup, répondit l'anglais avec un faux sourire. Merci de demander, Al ».
La réplique cinglante fit rire Espagne qui se mordit le bras pour ne pas exploser. Et pour une fois, Ludwig était content que ces deux idiots aient arrangés la situation quand à Alfred. Maintenant, il allait pouvoir reprendre le sujet principal – non sans avertir France et Angleterre qu'ils avaient intérêt à la fermer pour de bon.
Très obéissants, les deux commencèrent à échanger sur papier, qu'ils se faisaient passer sous la table, discrètement.
Et ce week-end, mon petit lapin ? Tu bosses encore ?
Stop with the rabbit ! Et, normalement, je devrais avoir moins de choses à faire que les précédents puisque j'ai déjà bien avancé dans le boulot.
Intéressant… Dis-moi, Arthur… Tu voudrais qu'on passe le week-end ensemble, toi et moi ? J'ai une maison de vacance dans les Pyrénées. Une maison TRES reculée, où il y a peu de chances qu'on nous trouve. On passerait nos deux jours loin de tout, on coupe nos portables et je prends soin de toi. Un rendez-vous spécial « longue durée » ! Qu'en dis-tu ?
Pour le coup, Arthur avait du mal à camoufler son contentement. Depuis combien de temps rêvait-il de ce genre de chose ? L'annonce était extrêmement alléchante et promettait de rattraper tout le temps qu'ils avaient perdu. Mais Arthur pouvait-il se permettre de lâcher son gouvernement pendant deux jours ?
Oui, bien sûr qu'il le pourrait. Et il n'allait pas se gêner pour ce faire ! Même mieux !
Francis. Prenons trois jours.
Trois ?
Oui. Prenons aussi notre lundi. On n'aura pas beaucoup d'autres occasions pour passer du temps ensemble alors je compte bien abuser tant que je ne croule pas sous le travail. Et toi ? Tu es partant ?
Si c'est ton désir, je le réaliserais, chéri. Je te prends donc avec moi du samedi au lundi ?
On n'a qu'à partir vendredi soir pour gagner encore plus de temps. Je finirais mon boulot dans le train et le reste du monde n'aura qu'à aller se faire foutre.
Bien dit ! J'en ferais de même. Je vais laisser Ile-de-France et Paris s'occuper des petits trucs que j'avais à faire ce week-end. Ça fera plaisir à la première et elle sera surveillée par la deuxième. Tout est parfait.
Tu vas les laisser ensembles pendant trois jours ? Mais elles se détestent !
Ce n'est pas grave, ça m'amuse de les voir s'engueuler pour tout et rien ! :) Pire que nous deux (les sentiments amoureux en moins).
En fait, tu leurs fais subir ça pour te venger, c'est ça ?
Elles m'ont empêché de passer voir mon petit Canada, le mois dernier ! Il avait besoin de moi et elles m'ont menotté à mon bureau !
Pour une fois qu'elles ont fait équipe…
Eh bah, puisqu'elles veulent faire équipe, elles vont rester ensembles pendant trois jours ! Na !
Dans ce cas, Francis réglait deux problèmes en même temps : son envie de voir son amant et sa vengeance. Ça s'appelait « faire d'une pierre, deux coups ». Le week-end allait être passionnant pour les deux jeunes femmes… Arthur étouffa un rire en les imaginant. Elles pourraient bosser loin l'une de l'autre mais Paris craignait constamment qu'Ile-de-France ne magouille dans son dos pour prendre le pouvoir. Alors elle allait la coller au train.
Arthur attrapa la main de Francis sous la table et la serra fort, lui signifiant qu'il était particulièrement attendri par cette superbe initiative de sa part. Il adorait les week-ends en amoureux.
Surtout passer du temps avec Francis, en fait.
« C'est pour ça que je me pique quand j'essayes de coudre ! conclut Italie alors que les deux amants essayaient de comprendre comment la discussion avait encore pu échapper à ce pauvre Allemagne ».
France lui envoya un sourire désolé quand il le vit se prendre la tête dans les mains. Les deux seules personnes capables de maintenir une discussion normale étaient Allemagne et Canada. Manque de chance, le premier se perdait vite devant la vitesse de changement de sujet, et le deuxième ne se faisait jamais entendre.
La réunion prit fin une demi-heure plus tard. Italie sautait dans tous les sens, content qu'il soit bientôt midi car cela sonnait l'heure du repas. Cette fois-ci, ils étaient au Danemark et ce dernier avait proposé un grand déjeuner dans une salle des fêtes – pour donner un côté festif à la chose. De ce fait, Francis n'était pas prêt de rentrer chez lui. Tant mieux, dira-t-il, puisqu'il n'avait pas envie d'aller éplucher les propositions de ses supérieurs sur le meilleur moyen de baisser le chômage (et aucun des moyens proposés de ne sera bon, en plus !)
Joyeux et mignon comme tout, Danemark avait fait installé un grand buffet avec de la nourriture du monde entier, pour satisfaire chacun et chacune. Francis voyait bien qu'il n'attendait qu'une chose : que Norvège le félicite pour cette sympathique initiative.
Intéressé par l'espoir candide qui animait le danois, Francis s'était rapproché du trio Danemark/Norvège/Island, qui discutait tranquillement, verre d'alcool à la main. L'ancien viking allait finir au bord des larmes si son voisin tant aimé ne lui disait rien. C'était trop mignon. En effet, Danemark était le genre de personne qui aimait qu'on remarque ses efforts.
D'humeur clémente, France décida de donner un petit coup de main au plan de son camarade.
« Matthias ? appela-t-il en approchant du groupe.
_ Ah ! Salut Francis, répondit l'autre grand blond. Comment ça va ?
_ A merveille, merci. Je tenais à te remercier pour ce déjeuner. C'est une très bonne idée d'avoir fait des plats venant des quatre coins du monde ! Bon, après… tu aurais pu oublier la nourriture des îles britanniques, personne ne t'en aurait voulu… Mais c'est pas grave ! Grâce à toi, j'ai enfin pu gouter le saumon norvégien ! Et il a l'air d'être de qualité, en plus ! Dommage que la pollution les menace… Quel bel effort de ta part en tout cas, c'est tout à ton honneur, cher ami.
_ Oh… M-merci, Francis. Heu… Je… J'ai fait appel à des cuisiniers du monde entier ! Comme ce n'est pas tous les jours que je reçois les autres pays… J'ai voulu mettre le paquet.
_ Eh bah je tenais à t'en féliciter. Merci. Je vais essayer de faire manger des cuisses de grenouille à Angleterre ça va m'amuser un brin, tiens ! J'ai hâte de voir sa tête !
_ Mais comment tu vas t'y prendre ? demanda Island. Je croyais qu'il exécrait ça au point de se tenir à distance…
_ Il n'en a jamais goûté de sa vie, alors il ignore quel goût ça peut avoir. Mais j'ai ma technique ! Technique que je m'en vais mettre à l'œuvre immédiatement ! Je vous laisse entre vous ! Au plaisir ! »
Le français commença à partir, écoutant comment la conversation reprenait derrière lui. Apparemment, Norvège s'intéressait aux fameux saumons, amusé que Danemark en ai préparé malgré sa crainte des pesticides. Mission réussi pour le français. Celui-ci cherchait désormais Arthur pour pouvoir mettre au point leur plan de voyage (et, accessoirement, lui faire manger des cuisses de grenouilles). Le problème, c'était la taille gargantuesque de la pièce et la foule qui grouillait partout, l'empêchant de trouver son cher amant disparu. Il n'avait plus qu'à demander.
Ce fut à ce moment-là qu'Allemagne apparut, discutant avec Japon.
« Lulu ! s'exclama Francis avec un grand sourire, ce qui agaça légèrement l'allemand. Aurais-tu vu Arthur ?
_ Non.
_ Ah… Et toi, Kiku ? Une information pour le pauvre être esseulé que je suis ?
_ Il me semble l'avoir entraperçu avec Amérique-san il y a un bon quart d'heure. Cela ne devrait pas te poser trop de problèmes pour le trouver, celui-là. Il est particulièrement bruyant, aujourd'hui. Je pense qu'ils se disputaient sur la remarque d'Arthur de ce matin…
_ Merci pour votre aide ».
A la recherche de son petit anglais préféré, Francis balayait la grande salle des yeux. Elle était joliment décorée, vaste, bien remplie et, surtout, vivante. Il y faisait bon vivre et les rires envahissaient ses oreilles, comme un flot de joyeusetés. Ce que Francis adorait, c'était regarder les visages des autres, les voir sous un jour différent, amusés.
A force de regarder n'importe où, comme un enfant dans un marché de Noël, le français bouscula une personne qui manqua de tomber. Heureusement, Francis avait eu le réflexe de l'agripper fermement.
« Matthieu ! Oh comme je suis désolé ! J'étais tellement prit dans ma contemplation de la salle que je n'ai pas regardé devant moi !
_ Ce n'est rien, papa. Je suis habitué.
_ C'est pas rien alors ! Tu ne devrais pas être habitué à ça !
_ Désolé…
_ Ne t'excuses pas. C'est moi qui suis désolé. Je cherche désespérément Arthur depuis tout à l'heure, tu ne l'aurais pas vu ?
_ Daddy ? Non, je ne crois pas… A moins que… Ah si ! Il devait être avec Alfred, je crois. C'était il y a cinq minutes environ et ils échangeaient avec intensité donc, je suppose qu'ils y sont encore. Ils sont vers le fond de la pièce, là-bas, désigna Canada en montrant une direction du doigt.
_ Merci, mon chéri. Si tu savais à quel point tu me sauves ! »
Francis ne remarqua que maintenant que son fils était accompagné de Russie, qui souriait devant la scène familiale qui se déroulait sous ses yeux. Il n'avait pas pipé mot, se contentant d'étudier les réactions des deux hommes, comme s'il les étudiait. Francis semblait interloqué.
« Ivan ? Que fais-tu avec Canada ?
_ Je discutais de politique en attendant de te trouver.
_ Me trouver ?
_ Oui. Je te cherchais, Francis ».
Ce n'était jamais bon signe. Le français se souvenait avoir eu une relation amoureuse plutôt sérieuse avec Ivan, mais qui fut brisée lors de la Révolution Française où le blond s'était mis au point sur ses sentiments. Pourtant, ça avait assez bien fonctionné entre eux avant. Mais on pouvait dire que le jeune Bonnefoy avait changé de mentalité à cette période, et il n'était plus vraiment le même depuis.
« Мэтью {Matthieu prononcé : Met'yu}. Je suis désolé mais est-ce que je peux parler à ton père en tête à tête ?
_ Hein ? Euh… oui, bien sûr… Je vais aller voir tonton Espagne. Au revoir ».
Puis il s'en alla. Les deux grandes Nations restèrent face à face, en silence, pendant au moins deux minutes. Voyant que l'autre faisait exprès de le pousser à bout en ne disant rien, Francis entama la conversation.
« Si tu n'as rien à me dire, je vais être obligé de te laisser. Comme tu l'as certainement compris, je cherche Arthur.
_ Pour parler de votre petite escapade ? »
Là, le pays de l'amour eut beaucoup de mal à camoufler son étonnement. Comment Diable ce bougre de russe était-il au courant ? Ils n'avaient encore rien prévus de précis !
Puis il se souvint qu'Ivan avait été installé juste à côté de lui pendant la réunion. Quel idiot ! Il avait discrètement lu les messages ! Et Francis était tellement concentré par ses écrits qu'il n'avait pas fait attention ! Et Arthur n'avait rien vu car il avait fait semblant de suivre le débat !
Alors Russie savait tout.
« Qu'est-ce que ça peut faire ? demanda le français avec un air vexé. On a le droit de lever le pied de temps en temps, non ?
_ Je ne suis pas sûr que les autres soient du genre à tolérer que vous ayez ce genre de relation. Et puis… laisser tomber le travail pendant trois jours, ce n'est pas très professionnel…
_ Et nous deux, Ivan ? Combien de fois a-t-on tout laissé tomber pour partir discrètement ? Lorsque l'on était ensemble, on a tout fait pour que ça ne s'ébruite pas, et, crois-moi, certaines personnes de notre entourage étaient au courant. Alors, la moindre des choses, ce serait de garder le secret pour Arthur et moi. Juste par politesse et respect envers les autres.
_ Touché. D'accord, je ne dirais rien. Par contre…
_ Par contre ?
_ Mon Président désirerait te parler du partage salarial entre nos deux pays. Et c'est urgent.
_ Qu'il me passe un coup de fil, mon téléphone est toujours allumé. Au pire, j'ai un secrétaire à l'Elysée qui prend chaque appel que je manque.
_ Tiens donc… tu as un secrétaire ? Arthur est au courant ? demanda innocemment le russe.
_ On n'en a jamais parlé pour la simple et bonne raison que cette information est insignifiante et je suis convaincu que la plupart des personnes dans cette salle en ont. Même Arthur.
_ Oww~… Il aurait aussi un secrétaire… Mais il me semble qu'il reste travaillé tard, d'après les rumeurs… Il semblerait même qu'il dorme parfois au bureau. J'espère que quelqu'un a la gentillesse de lui apporter une couverture pour qu'il ne prenne pas froid…
_ Ivan. Stop.
_ Et il doit être seul, sur son île. On a tous besoin de réconfort, surtout quand on est esseulé et que l'être aimé se trouve derrière une mer glacée…
_ Ta gueule, Ivan.
_ Je serais toi, je ferais quelques recherches sur ce fameux secrétaire, on ne sait jam…
_ Bordel, tais-toi ! »
L'exclamation avait été prononcée assez fortement, ce qui attira un peu l'attention sur eux. Ignorant les murmures, Francis regardait son ancien amant avec un air courroucé, se heurtant à un beau sourire d'enfant. Il fallait qu'il se débarrasse de ce boulet. A cause de lui, il perdait du temps et de l'énergie.
« Bon, bref. Ton président n'aura qu'à appeler.
_ Je regrette mais ce ne sera pas possible. Il va en parler à ton président à toi qui, je pense, ne va pas refuser cette opportunité, quoique tu lui dises. Tu as donc rendez-vous ce week-end à Moscou ! Nous t'avons réservé un hôtel pour deux jours ! J'ai fait en sorte de le réserver en entier juste pour nous, au cas où nous devrions parler de choses… importantes.
S'il y avait bien une chose dont Francis était sûr, c'était qu'il n'allait certainement pas se laisser trainer en Russie ce week-end. Pour rien au monde.
Ivan s'approcha de son oreille pour lui susurrer quelques mots.
« Ce sera comme au bon vieux temps, mon cher… »
Puis Ivan s'en alla, vainqueur.
Pendant quelques secondes, Francis resta immobile, les yeux rivés vers le sol, réalisant que son super week-end à deux était compromis par ce foutu russe jaloux. Une rage sourde s'empara du français. Et en plus, il osait le forcer à venir chez lui pour lui faire des avances – c'était certain – sous prétexte qu'ils avaient du travail à faire ensemble. C'était bas, comme technique !
Puis quelqu'un toucha affectueusement son épaule.
C'était Antonio, qui n'avait certainement rien raté de la scène, vu son air inquiet. Même s'il n'avait sans doute rien entendu, la tête de Francis devait lui faire comprendre qu'il se passait quelque chose de grave avec le russe.
« Que se passe-t-il, mi hermano ? Ivan te fait des misères ? »
Il lui fallait un plan de contre-attaque ! Son cher Arthur était en jeu ! Et s'il ne parvenait pas à coincer Russie, il allait devoir se coltiner les avances de son ancien amant, et ce serait la limite de l'infidélité que de rester volontairement près de quelqu'un qui vous propose de sortir avec !
Il devait faire quelque chose pour empêcher Ivan de faire quoique ce soit ce week-end. S'il arrivait à mettre son cher président en rogne contre lui, il serait contraint de se faire sermonner pendant que lui irait se prélasser auprès d'Arthur. Oui, c'était ça ! Il devait mettre le président russe en colère contre son allégorie territoriale !
« Réponds-moi, Francis. Là, je commence sérieusement à avoir peur pour ta santé mentale… »
Et qui de mieux qu'Antonio pour l'aider ?
« Francis ? réessayait inlassablement l'hispanique avec un air de plus en plus inquiet.
_ Antonio, je… je… C'est terrible… Je ne sais pas par où commencer…
_ Commence par ce que tu veux, je t'écouterais jusqu'au bout, mon frère ! Quoique tu ais sur le cœur, je serais là ! »
Il était tellement gentil que Francis s'en voulut un instant de devoir l'utiliser pour son plan. Bon, au moins, il n'avait prévu de ne mentir qu'à moitié.
Prenant un air de victime malmenée, Francis continua, une petite humidité perlant au coin de ses yeux :
« Je ne me sens pas à l'aise, Antonio… Ivan m'a encore fait des propositions louches…
_ Comment ça « encore » ?! Ce n'est pas la première fois ?! Dios mío ! Quelle horreur !
_ Je… Je ne t'en ai jamais parlé ? Oh… C'est que j'avais honte, tu comprends… ? gémit le français alors que son frère se faisait complètement avoir par sa comédie. Il y a quelques mois, Ivan est venu pour qu'on se remette en couple… Mais j'ai refusé. Et depuis…
_ Depuis ? Que se passe-t-il depuis ?
_ Il me harcèle. Parfois sexuellement… Et aujourd'hui, c'est pire que tout… J'en fais des cauchemars la nuit, tant j'ai peur… Le croiser dans un couloir devient une torture… Pourquoi cela doit-il m'arriver ? Est-ce ma faute ? Ne suis-je qu'un jouet avec lequel il s'amuse ? Pourquoi ne veut-il pas comprendre que je ne peux pas accepter ses avances ? Il sait que je suis déjà amoureux de… enfin bref ! Excuse-moi de t'embêter avec ça, Antonio, mais… j'avais besoin de me confier.
_ Ne sois pas désolé, Francis. Je comprends très bien…
_ Je crois que je vais m'isoler un peu, mon vieux. Tu comprends, je… J'ai besoin de réfléchir à tout ça… Pour trouver une solution qui me sortirait de ce pétrin… Et me mettre en phase avec moi-même…
_ Je t'en prie, c'est compréhensible. Va te prendre un verre au bar pour te détendre.
_ Tu as raison. J'y vais de ce pas ».
Francis partit en direction dudit bar, seul, le sourire aux lèvres. Si tout se passait comme prévu, dans un quart d'heure, il serait débarrassé de Russie.
De là où il était, le français avait une belle vue sur l'ensemble de la pièce. Antonio avait rejoint Prusse qui semblait intrigué devant la mine déconfite de son grand ami. Ce dernier lui racontait quelque chose qui avait l'air très important – surement l'affaire « harcèlement sexuel » de Francis. Gilbert sembla soudainement atterré par ce que lui disait Antonio.
Mais ils n'avaient pas vu Matthieu se glisser derrière eux – car le petit cherchait toujours son cher oncle. Et il avait tout entendu, apparemment, puisqu'il se mit à pousser un cri d'horreur qui attira l'attention des deux membres du Bad Friend Trio. Espagne était mal à l'aise et tentait de rattraper le coup, mais Canada partait déjà à la recherche de quelqu'un. Le laissant faire car trop sonnés par la nouvelle, Gilbert et Antonio prenaient un autre chemin.
Si vous demandiez à Francis s'il était fier de son plan, il vous répondrait oui, sans hésiter.
Il sirota un délicieux alcool finlandais, très fin et gouteux, pendant que la salle semblait peu à peu changer d'humeur à mesure que la rumeur qu'il avait lancée se rependait. Des chuchotements horrifiés grondèrent dans quelques murmures de reproches, des questions se posaient à voix basse, cherchant une explication ou des preuves. Quelques ignorants, au courant de rien, comme Danemark et les deux avec qui il discutaient depuis le début par exemple, se sentaient mal à l'aise dans cette ambiance électrique.
Cette sensation de contrôle… Délicieux.
Francis but une autre gorgée du délicieux nectar avant d'être rejoint par son adorable anglais préféré, furibond si on jugeait son expression faciale.
_ Francis !
_ Oh, Arthur, mon lapin d'amour ! Justement ! Je t'ai cherché tout à l'heure, mais impossible de te…
_ C'est quoi cette histoire d'harcèlement sexuel ?! Qu'est-ce que cet enfoiré de buveur de vodka a osé te faire ! Canada est venu me voir il y a quelques minutes pour me dire qu'il avait entendu quelque chose comme quoi tu te faisais harceler sexuellement ! Il parait que tu n'en dors plus et que tu es à bout ! C'est quoi cette histoire ?!
_ Shhh ! Tu vas attirer l'attention sur nous, Arthur.
_ Et alors ?!
_ Je dois faire profil bas en attendant que mon plan fonctionne.
_ Un plan ? Quel plan ? Mais qu'est-ce que… qu'est-ce que tu as encore prévu ?
_ Quelque chose pour assurer notre week-end, mon amour.
_ Quoi ? »
Continuant à déguster son breuvage, Francis conta ce qu'il s'était passé plus tôt, sous le regard horrifié d'Arthur, qui l'écoutait sans l'interrompre.
« Je vois pas comment te faire passer pour une victime va arranger notre problème, Francis ! Au pire, le président russe te prendra à part, loin d'Ivan, mais ça n'arrangera rien !
_ Ce n'est pas le président qui va sanctionner Ivan… Non… Ce sera beaucoup plus drôle que tu ne le penses ».
Au loin, Francis vit Italie se jeter dans les bras d'Allemagne, en larmes. Il lui parlait à toute vitesse, complètement submergé par sa tristesse. Ludwig écoutait avec intérêt, acceptant de jouer le rôle du policier ou du juge. Il semblait complètement outré par ce qu'il entendait. Francis savait bien qu'il regrettait toujours ce qu'il lui avait fait subir pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ludwig était un soldat très combattif mais certainement pas un monstre. Et sa sensibilité le rendait honteux de ce qu'il avait fait – alors que Francis savait que les Alliés étaient aussi coupables que l'Axe dans un certain sens. Alors, entendre que Francis se faisait harceler, ça devait réveiller quelque chose chez l'allemand.
« Mon plan va être un succès total…
_ Francis… Je veux comprendre…
_ Ces derniers temps, Russie a été accusé d'avoir un comportement assez limite envers les autres pays, et c'est une atteinte à la paix entre nos nations. De ce fait, Allemagne lui a fermement remonté les bretelles, le trimestre dernier. La menace était claire : si Ivan continue à avoir un comportement louche envers quelqu'un, il ferait l'objet d'une sanction disciplinaire qui, apparemment, nécessite une réunion entre le président russe et la chancelière allemande – et le duo Ivan/Ludwig, bien sûr.
_ Attends… En gros, t'es en train de me dire que tu as rependu une rumeur pour qu'Allemagne lui gueule dessus ?!
_ Et puisque Lulu est très compétent et aime que les choses soient faites vite et bien, il va surement demander que cette réunion ait lieu…
_ … ce week-end…, termina Angleterre avec une tête d'éberluée. J'arrive pas à croire que t'ai fait ça… C'est de la manipulation pure et dure !
_ Il m'a fait un coup bas aussi, j'ai le droit de me venger ! Et tu m'en as fait des pires !
_ Mais c'est grave comme accusation ! Et puis, nous deux, c'était différent ! Sur les mers, y avait pas de lois le but, c'était de se débarrasser de l'autre ! Là, on est au XXIème siècle !
_ Connaissant Ivan, il va trouver des arguments pour s'en sortir… Il sait se montrer très convainquant lorsqu'il s'y met. Je ne pense pas qu'il y aura de grandes conséquences à ce qui sera dit aujourd'hui. Surtout que certains vont se dire que ce ne sont que des rumeurs. En tout cas, c'est marrant de voir comment fonctionne le réseau d'information de cette endroit !
_ Qu'est-ce que tu veux dire ?
_ Antonio a prévenu Gilbert ils ont été chopés par Matthieu. Puis Tonio en a parlé à Lovino pendant que Matty chéri en parlait à Alfred et toi. Entre temps, Gil l'a dit à Elizaveta, qui l'a dit à Roderich, alors que Lovi en parlait à Feliciano, qui en a parlé à Ludwig. C'est magnifique… Je ne savais pas que ça pouvait aller aussi vite et de manière si efficace. Tiens, Allemagne se dirige vers Russie. Comme c'est bizarre… »
Dubitatif, Arthur observait la scène absurde qui se déroulait. Allemagne semblait hors de lui et venait d'interpellé le russe de manière très stricte. Il débita un flot de parole qui choqua le grand aux cheveux délavés, qui ne semblait pas s'attendre à un tel retournement de situation. Et à mesure que Ludwig parlait, il perdait deux ou trois couleurs, finissant blanc comme un linge, passablement enragé contre le plan dans lequel il était tombé. Il tourna la tête sur le côté, cherchant quelqu'un des yeux, et lorsqu'il vit Francis, aux côtés de son anglais favoris, Ivan lui envoya le regard le plus noir qu'il avait en réserve.
Sadique et très mauvais, Francis lui fit un clin d'œil enjôleur avant de prendre Arthur par la taille pour l'amener plus loin, ignorant les coups de coude qu'il se prenait dans les côtes.
« Bravo pour cet incident diplomatique tu viens de te faire un ennemi, stupid french, ragea l'anglais. Et Russie, rien que ça !
_ Oh, tu sais… Napoléon nous a laissé un froid et je pense qu'une certaine rancune demeure entre nous deux, depuis lors.
_ Ne reparle plus jamais de cet enculé !
_ Dis donc, toi ! Un peu de respect pour les morts ! Et fais attention à ton langage ou je devrais te laver la bouche au savon !
_ Ne me touche même pas !
_ 17h30, ça te va ?
_ Pardon ? Quel rapport ?
_ Tu prends ton Channel pour venir à Paris, ce qui te prendra environ 2h30. Puis on se fait 5h de train pour descendre jusqu'à Perpignan. Je pense qu'on arrivera entre 1h et 2h du matin. On n'aura qu'à paresser au lit le lendemain.
_ Je vais essayer de me libérer le plus tôt possible mais c'est d'accord. Il n'empêche que t'as une façon bizarre de changer de sujet, toi… »
Sans signe avant-coureur, Francis partit en direction du buffet, lâchant Arthur qui se retrouva seul, sans comprendre cette réaction. Il allait lui courir après pour lui apprendre à ne jamais laissé le grand Arthur Kirkland en plan comme ça, mais le français revint rapidement, une assiette remplie en mains, tout sourire.
Arthur leva un sourcil, dubitatif.
« Qu'est-ce que tout cela signifie ? C'est quoi ce truc ?
_ Un plat que je tenais à te faire partager, mon cher Arthur. Il s'agit de cuisses de poules d'eau, animal qu'on trouve un peu partout en Europe, et qui est très bon ! Comme c'est une sorte de dérivé de la poule, finalement et ça a presque le même goût. Et je te jure que c'est pas une espèce menacé ! J'étais content que Danemark en ait préparé puisque ce n'est pas le plat le plus connu de France. Mais c'est super bon ! On en a mangé, une fois, avec Haute-Normandie et Basse-Normandie, lorsque je les avais invités.
_ Des poules d'eau ?
_ Y en a aussi en Angleterre donc, si tu aimes, tu pourras en trouver. Rahlala, Arthur chéri ! Tu pourrais au moins t'intéresser aux espèces qui vivent sur tes terres !
_ Shut up, bastard ! Je connais plus de choses que tu ne crois !
_ Je n'en doute pas une seconde. Tiens ! Fais « ahhh » pour Grand Frère France ! »
Il lui mit la cuisse devant la bouche, l'air paternel et tout gentil. Tellement qu'Arthur tomba à pieds joints dans le piège et croqua dans la chair tendre et rôtie, dégustant la viande douce et chaude qui envahissait sa bouche. La sauce qui accompagnait enveloppait la saveur du plat dans un cocon caramélisée aux petits légumes. C'était juste divin.
« C'est comment ? demanda le français en appréciant le visage rougie de plaisir de son amant qui avait instinctivement fermé les yeux pour savourer.
_ C'est… pas mauvais du tout…, maugréa l'anglais de mauvaise foi. Disons que c'est pas mal cuisiné !
_ En fait, c'était des cuisses de grenouille ».
Il avait lâché l'information avait tant de souplesse et de naturel qu'Arthur ne fit pas attention tout de suite à ce qu'il avait dit. Puis il enregistra enfin l'aveu. Offrant un regard dégoûté à l'assiette, il releva la tête vers son compagnon, très lentement, dangereusement, le visage dénué de compassion et de sentiments.
Francis comprit le danger et partit en courant, sous le regard respectueux d'Islande qui le félicita d'intérieurement d'avoir réussi sa mission.
Décidemment, Francis était dans sa journée « manipulation ».
*o0~O~0o*
« Aucun regret ? »
Francis leva les yeux de son livre, accueillant le sourire odieux d'Arthur par un haussement de sourcils ironique. Ils étaient dans le train en direction de Perpignan, seuls dans la voiture que Francis avait intégralement réservé afin d'être seul avec l'anglais parce qu'il ne voulait pas avoir à supporter des cris d'enfants ou des musiques trop fortes d'adolescents. Sur la porte coulissante qui permettait de passer de la voiture précédente à celui où ils étaient, il avait placé un grand drap avec un écriteau sur lequel il avait écrit « entrée interdite ». Puisqu'ils avaient déjà vu le contrôleur, plus aucune raison ne pouvait attirer quelqu'un dans ce lieu. Enfin de la paix dans ce bas monde !
« Si tu parles de Russie : certainement pas. Si tu parles de nos trois jours de fugue : encore moins ».
Arthur rigola devant cette répartie. Il plaignait un peu le russe qui se ferait fortement sermonné par Allemagne pour des broutilles en parties sorties de l'esprit déjanté du français. Mais il était trop content d'être là où il en était pour penser à quelqu'un d'autre.
Pour passer le temps, il se plut à contempler le visage de son amant, qui lisait tranquillement un livre de Charlotte Brontë – afin d'apprendre à connaitre le pays de son cher anglais, qui appréciait l'effort. Tout comme il appréciait les deux boutons détachés de sa chemise, s'ouvrant légèrement comme une tentation dissimulée par le Diable. Et l'odeur de pomme qui s'échappait de ses doux cheveux noués à la va-vite paraissait aussi alléchant, car il dégageait une aura plus cruelle, et paradoxalement attirante puisqu'Arthur appréciait quand il pouvait se mesurer à aussi monstrueux que lui (il ne se faisait pas d'illusion sur le degré de Mal qui sévissait dans ses veines et dans celles de son homologue). Ses longs doigts qui tournaient les pages semblaient divins – et ils l'étaient pour les caresses et la cuisine, cet enfoiré. Chaque mouvement semblait si doux et si maitrisé, trahissant une grande confiance en soi, et cela provoqua chez Arthur une envie folle de le voir dans l'état contraire, c'est-à-dire, perdu et pantelant.
Soudainement, Francis ferma son livre et le posa devant lui, sous le regard interrogateur de l'anglais. Puis, contre toute attente, le français retira un autre bouton de sa chemise, ce qui fit rougir fougueusement son vis-à-vis, habitué à ce que ce genre de manœuvre soit suivi de quelque chose de plus physique et charnel.
« W-w-what are you doing ?! cria-il en redressant le dos.
_ Ça va faire bientôt dix minutes que tu me regardes avec cette même intensité. Je m'en voudrais de te laisser sur ta faim, chéri. Heureusement que je suis généreux car j'accepte de partager mon wonderful corps avec toi. Pour ton plus grand plaisir.
_ Non, attends ! On… On est… On est dans le train !
_ Voiture 18, au bout de l'engin, avec un panneau d'interdiction d'entrer sur la porte. Seuls, donc ».
Malgré les longues années de relation qu'ils avaient eue, Arthur était toujours sous le choc quand Francis lui proposait de faire ce genre de choses dans des lieux publiques. Certes, l'adrénaline du danger était un super stimulant mais ça restait une idée perverse de ce foutu français.
Celui-là se glissa sous la table de voyage pour arriver entre les jambes d'Arthur, qui comprenait peu à peu ce qui était prévu dans cette tête de malade du sexe.
Joueur, Francis se colla à lui, enserrant sa taille avec ses bras, collant sa tête contre son abdomen qui se contracta d'appréhension, parsemant son ventre de baisers doux – et l'anglais ne put se retenir de penser que sans la chemise, se serait encore meilleur puisqu'il serait directement en contact avec cette chaleur désirable. Arthur se tendait déjà et oublia un soupir qui s'envola dans le compartiment qui semblait se réchauffer. Le français rigola devant cette réaction et fit remonter sa main le long du mollet de l'anglais, puis le long de sa cuisse, doucement, jusqu'à arriver à la ceinture qu'il détacha en sifflotant, l'air de rien.
Après un bref sursaut de panique, Arthur accepta de perdre cette manche en laissant son amant faire ce qu'il voulait. Ressentant ce charmant abandon, Francis sourit en faisant glisser le pantalon et le sous-vêtement d'Arthur sur ses chevilles.
Là, il devait entrer dans une phase de grande concentration car son but était tout simple : faire plaisir à Arthur. Dans ce genre de cas, le français faisait marcher ses méninges afin de calculer si, oui ou non, « tel » ou « tel » endroit serait susceptible de faire gémir son partenaire. Et pour Arthur, il prendrait le temps de l'amener dans les limbes de la luxure, en passant par toutes les portes du plaisir et de l'affection.
Et oui, parce qu'il n'existe rien de plus splendide au monde qu'un Arthur qui s'abandonne progressivement à lui.
Francis toucha doucement le sexe devant lui, caressant avec patience, passant le pouce sur la tête et, surtout, ne manquant pas d'observer le visage de son compagnon déjà presque essoufflé.
Leur dernière fois remontait à si longtemps que leur frustration commune remontait précipitamment à la surface et… comment dire ? Le désir semblait monter beaucoup plus rapidement que prévu.
En à peine quelques minutes, l'anglais bandait déjà de façon spectaculaire. Pourtant, Francis y allait patiemment, sans geste trop brusque qui risquait de réveiller une certaine passion sauvage qu'ils savaient violente – surtout lors de leurs ébats. Et lui-même se sentait rapidement allumé, sa propre respiration lui faisant défaut.
Il allait donc falloir raccourcir les préliminaires. De toute façon, il prendrait son temps au cours des trois jours qu'ils allaient passer ensembles.
Sans cérémonie, Francis fit glisser sa main jusqu'en bas du sexe de son amant, afin de permettre à sa bouche de prendre la place de son pouce. Il se délecta alors sans honte du cri que l'autre avait poussé. Pressé de débuter leurs ébats, Francis laissa d'abord sa langue tourner sur le gland, laissant sa main pomper encore ce qu'elle pouvait, avant d'approfondir le contact en laissant sa langue glisser sur l'ensemble du membre. Les sensations multipliés par mille, Arthur émit une plainte érotique en tendant ses jambes tremblantes. Il suffoqua lorsqu'il fut entièrement pris dans une chaleur plutôt humide. Toujours sous le coup de va-et-vient irréguliers, l'anglais commença à voir flou, bloqué dans un espace où seul le plaisir régnait.
Avec son reste de lucidité, il attrapa les longs cheveux qui chatouillaient ses cuisses et tira en arrière pour mettre fin à cette douce torture. Son camarade le regarda avec un air surpris, peu habitué à ce qu'on l'arrête en si bon chemin.
Pour seule justification, Arthur marmonna un fragile « and you… » entre deux halètements. Francis comprit immédiatement qu'Arthur avait honte de prendre son pied tout seul. Un jour, il lui avait confié qu'il adorait entendre le mélange de leurs deux voix pendant l'amour. C'était une sorte de fétichisme. La voix.
Et vu dans quel état était le jeune anglais, il n'allait sans doute plus tarder à jouir. Et tous les deux voulaient le faire dans un même élan, comme dans des retrouvailles – ce qui était le cas, dans un certain sens. De ce fait, les projets de Francis étaient compromis. De lenteur et tendresse, ils allaient devoir basculer dans la passion et l'empressement – qui constituait une partie très érotique de l'acte sexuel.
Francis accepta enfin de sortir de sous la table. Il avança en avant, soulevant Arthur par la même occasion pour l'asseoir sur ses cuisses. Enfin… « asseoir » était un bien grand mot quand on constatait qu'il n'avait que ses propres cuisses sur celles de Francis, les mollets entourant ses hanches de façon mécanique et les fesses ne reposant sur rien.
Doté d'un petit sentiment de paranoïa, Arthur regardait la porte du compartiment d'un œil, pendant que l'autre attrapait un flacon de lubrifiant dans le sac qui trainait sur le bout de la table pour en répandre sur sa main.
« T'as toujours ce qu'il faut sur toi… pervers…, marmonna l'anglais en passant ses bras autour de son cou pour le serrer contre lui.
_ Tout pour ton bonheur, mon amour, répondit-il en commençant à le préparer ».
Le nez collé contre l'épaule de son amant, Arthur serrait les dents pour ne pas lui donner la satisfaction de l'entendre gémir.
« Ahhn ! »
Sauf que cet enfoiré venait de toucher un point sensible.
Arthur ferma les yeux sous l'impulsion du plaisir, les membres un peu raides. Il devait attendre que cette désagréable douleur cesse. Pour le faire patienter, Francis commença à embrasser ce qu'il pouvait. Son cou, son oreille ou bien encore sa joue. La distinction entre la douleur du bas et le plaisir du haut produisait un mélange envoutant et appréciable sur le jeune anglais.
Après quelques mouvements de ciseaux, Francis retira ses doigts sous une plainte érotique d'une certaine personne, qui semblait avoir retenu sa respiration depuis un bout de temps. Maintenant, il se sentait frustré en attendant que Francis ouvre son pantalon.
Mais au lieu de commencer à le prendre, le plus vieux se mit à chercher quelque chose dans sa poche.
« Wha… What are you… doing… fucking bastard…? »
Ignorant l'insulte, l'autre sortit un préservatif qu'il s'empressa d'enfiler. Arthur ne comprit pas l'utilité de l'action puisqu'ils l'avaient déjà fait sans ça plus d'une fois. Et ils se savaient tous les deux en parfaite santé.
« Why, Francis ?
_ Pour que tu ne te retrouve pas à marcher avec un certain quelque chose qui te coule entre les cuisses, mon chéri ».
Et voilà qu'il recommençait avec sa foutue gentillesse irréprochable. Comment diable faisait-il pour constamment penser à tous les petits détails qui rendaient la vie plus agréable ? Arthur en était ému, de ce souci que se faisait Francis lorsqu'il s'agissait de leur bien-être. Etait-ce spontané chez lui ou réfléchissait-il à comment assurer un certain bonheur au sein de leur couple ?
Pour ne pas rester complétement passif, Arthur choisit lui-même de faire avancer les choses en attrapant la verge tendue de son amant pour la diriger vers son entrée, plaquant son front sur celui de l'autre pour le regarder dans les yeux, appréciant l'amour qui s'y lisait intensément. Puis, progressivement, il descendit ses hanches vers le bas, s'enfonçant sur un pilier qui l'obligea à pousser un long soupir érotique.
Ils avaient presque oubliés à quel point leur union était sensuelle et grisante. La vague de sentiments qui les avaient sans cesse traversés depuis des siècles semblait agir comme un manteau sur leurs peaux brulantes, accentuant encore davantage les bienfaits que l'amour leur apportait.
Ils s'embrassèrent à en perdre haleine et débutèrent leurs ébats.
Francis prit Arthur sous les cuisses pour le monter puis le redescendre sur lui, régulièrement et, dans un premier temps, calmement. Il ne voulait pas le blesser et savait qu'il était obligatoire de commencer avec tendresse pour que son partenaire se détende plus vite. Au bout de quelques petites minutes, Arthur prit lui-même l'initiative de monter et descendre plus hâtivement sur le sexe qui l'accueillait, gémissant à chaque coup de reins. Francis cherchait encore sa prostate, changeant souvent d'angle pour mieux satisfaire son amant.
Leur peau devenait moite et transpirante, enveloppée par les claquements de leurs deux bassins l'un contre l'autre, érotique et puissant. Un flot appréciable de gémissements étouffés sortait de la gorge d'Arthur, noyé quelque part entre le plaisir et l'onirisme. Francis, quant à lui, semblait gronder comme le tonnerre déchainé, maintenant fermement les cuisses de son partenaire.
Leurs corps glissèrent à l'horizontale et Arthur se retrouva allongé sur le dos avec un certain français sur lui, qui embrassait sa gorge, sa joue et ses lèvres d'un geste empressé. N'arrêtant jamais ses baisers, France attrapa les jambes de son compagnon afin de les emmener sur ses épaules, rendant la pénétration beaucoup plus profonde. Là, Arthur cria.
Francis l'avait enfin trouvé, ce point sensible dans ce corps qui se tordait de plaisir sous ses coups. Les lèvres qu'il embrassait s'ouvraient en grand pour déverser des gémissements incontrôlés et une certaine humidité commençait à perler au coin de ses yeux.
Arthur lui soufflait d'aller plus vite, de ne surtout pas s'arrêter, et l'autre s'entendait répondre des mots d'amour. Leurs deux corps serrés l'un contre l'autre irradiaient de chaleur et ils se surprirent à s'enlacer si fortement qu'ils en auraient des marques.
Arthur sentit qu'il allait hurler bien plus fort que de raison et que cela allait ameuter les passagers des autres wagons, ce qu'il ne voulait bien sûr pas. Il plaqua sa main sur sa bouche pour tenter de se bâillonner lui-même mais sentait que ça n'allait pas être assez efficace.
« Mords-moi, lui conseilla Francis entre deux halètements ».
Il le fit, plantant ses dents dans la chair tendre de cette épaule offerte. Le français sentit une douleur agaçante à cet endroit, mais n'eut pas le temps de comprendre jusqu'à quel point il avait mal car, déjà, l'orgasme monta dans leurs deux corps enlacés. Les membres se tendirent, les cœurs battirent à tout rompre et ils se déversèrent enfin.
Avec son reste d'énergie, Francis se retira de son compagnon et se débarrassa du préservatif en le mettant dans la petite poubelle du train. Arthur restait immobile, complétement éreinté par leur précédente étreinte. On pouvait observer quelques petites larmes qui s'étaient échappées de ses yeux, contrastant avec le fin sourire satisfait qui germait sur ses lèvres rougies. Francis embrassa les larmes d'amour de son cher anglais avant d'offrir ses lèvres à celles de l'autre, les emmenant dans un baiser passionné.
« Je t'aime, Arthur.
_ Mmmh… »
Ce fut le français qui les rhabilla tous les deux car Arthur tombait de fatigue. Il se coucha sur le double-siège pendant que le plus âgé retournait à sa place, de l'autre côté de la table qui les séparait.
Un simple coup d'œil par la fenêtre lui montra son reflet.
Et derrière son expression exténuée, il voyait de la retenue. Cela l'étonna profondément.
Il se retenait. De quoi donc ? Tout allait pourtant pour le mieux, il était de nouveau avec son cher Arthur, après une longue période de solitude. De quoi pouvait-il bien se retenir alors qu'il avait maintenant tout ce qu'il désirait ?
France fixa intensément son reflet, immobile, les yeux grands ouverts et les lèvres closes, comme s'il voulait gronder quelqu'un. Peut-être lui-même.
Il avait une profonde marque de dents ancrée dans la peau, rouge sang qui tranchait avec la couleur mielleuse qu'elle devait normalement avoir. Il sentait que cet endroit lui lançait un peu, de manière agaçante car constante. Il avait… mal.
C'était Angleterre qui l'avait ainsi marqué dans sa chair. Qu'il le veuille ou non, ce sera toujours Angleterre qui le marquait ainsi. Il n'y avait que lui pour ça. C'était le seul qui avait tout tenté, pendant des centaines années, pour le soumettre à lui, sans honte ni remords. Des siècles de faux-semblants et d'hypocrisie maladive.
France, dont les mains tremblotaient légèrement, se mit à passer mécaniquement ses doigts sur la morsure visible. Ses traits faciaux se durcirent, il le voyait dans la vitre et sa mâchoire se crispait sans bonne excuse. Pour une raison étrange et inconnue, il souhaitait hurler de la pleine force de ses poumons. Mais il se contint, en tant que gentilhomme bien éduqué qu'il faisait croire d'être, et il dissimula la preuve fatidique en ajustant son col de chemise. Ni vu, ni connu.
Plus tard, ils arrivèrent enfin à la gare de Perpignan, éreintés pour diverses raisons. Francis parvint à arrêter un taxi qui les emmena en direction de la fameuse maison secondaire où ils allaient passer leur week-end tant espéré. Durant le voyage, Arthur piqua du nez jusqu'à s'endormir mollement contre l'épaule de Francis, dont le regard était inexplicablement attiré vers l'extérieur. Mais lorsqu'il sentit ce poids sur lui, une douce compassion le prit et il résolu de s'occuper de son petit protégé une fois arrivés à bon-port. En faisant cela, il aurait la vague impression de se faire pardonner pour ses mauvaises pensées de tout à l'heure.
« Fatigué, votre ami, constata le chauffeur d'un air désabusé. Vous allez réussir à le sortir de la voiture ?
_ Oui, oui, ne vous en faites donc pas. Je le porterais jusqu'à la maison, je le mettrais en pyjama et je le coucherais moi-même.
_ Avec les valises ?
_ Ne me sous-estimez pas, cher ami. Rien n'est trop dur lorsqu'il s'agit de mes proches ».
Surtout Arthur, en fait, devrait avouer le grand blond, mais un silence maladif le prit alors qu'il continuait d'explorer le paysage de ses yeux troublés.
Quelque chose n'allait décidemment pas avec lui, en ce moment. Et ce quelque chose semblait étroitement lié à son amant inconscient. Et Francis avait peur que cela ne nuisent à leur relation pourtant idyllique.
Fin du premier chapitre. J'espère que vous aurez aimé. Je vais faire en sorte de clore cette histoire en quatre chapitres.
(1) Léon et Chris sont les personnages principaux du jeu Resident evil. Ils sont trop cool, tous les deux ! Mais bien sûr, n'oubliez pas que les zombies n'existent pas, hein ! Et les chinoises sexy, avec des petits culs bien serrés dans du cuir moulant, qui volent avec un grappin-arbalète et qui parlent toutes seules non plus ! Les craintes d'Allemagne au sujet des jeux vidéo sont compréhensibles ! Regardez tous les jeux r18 qu'on sort ! Et vas-y qu'on tue des nazis, des russes, des extraterrestres, des zombies, des lapins crétins, et blablabla ! C'est l'hécatombe ! Nous allons tous mourir ! Ahhhhhh !
(2) Big Brother du roman 1984 de George Orwell, publié en 1949, est l'entité qui épie tout le monde en permanence, sous le slogan très appétissant de « Big Brother is watching you » (paye tes cauchemars après ça) afin de maintenir un ordre parfait dans Océania (le lieu où tout ce bordel se déroule) et – oh bah ça alors ! – il ressemble à Hitler ! C'est dingue ! Quatre ans après la Seconde Guerre Mondiale, en plus ! C'est fou les coïncidences ! J'ai utilisé ce nom pour l'humour parce que Francis aime bien s'appeler « Grand Frère » donc, finalement, ça a fait un jeu de mot assez bizarre. Disons que c'était mon délire du moment !
