Prédateurs
Disclaimer: Tous les personnages de cette fic, à l'exception de Soria Lestrange et de quelques personnages secondaires, sont propriété exclusive de JK Rowling et je ne me fais aucun argent sur son dos! (d'ailleurs je vois mal comment convaincre qui que ce soit de dépenser une Noise pour ce truc^^)
Pairing: LV/OC (pas tout de suite cependant)
Rating: M (lemon dés ce prologue)
NdA: Ha, ha! Me revoilà!
J'espère que cette fic vous plaira, c'est un peu mon bébé pour tout dire.
Les reviews sont mon seul salaire!
XxX
Prologue
20 mars 1976
Un reste de bougies finissait de fondre dans le candélabre en argent terni. L'atmosphère de la pièce était si saturée de sueur et d'encens qu'elle en devenait poisseuse et oppressante. Alanguie sur le torse de son Maître comme une chatte repue sur un gisant de pierre, Bellatrix sentait la tête lui tourner agréablement au milieu des volutes opaques. La lumière vacillante mettait en relief les contours tranchants du corps masculin et ceux, encore arrondis et épanouis, du corps féminin.
Lorsque la jeune femme s'était enrôlée dans les rangs du Seigneur des Ténèbres, elle s'était jurée de s'introduire coûte que coûte dans le lit...et si possible dans le coeur de l'objet de ses convoitises. Voldemort l'avait fort bien compris, et simulait la présence de cet organe vital avec un art consommé lorsque venait le moment de satisfaire ses pulsions. Les serments de fidélité enflammés dont Bellatrix l'abreuvait après l'amour constituaient un inconvénient, mais la belle brune se pliait à ses moindres désirs, contrepartie non négligeable.
Pour lui, elle s'humiliait et s'avilissait avec plaisir, gémissant langoureusement tandis qu'il s'amusait à la brutaliser. Tous deux sentaient le spectre du trop loin, du point de non retour, planer au dessus de leurs corps entremêlés. Il aurait suffit que le Lord perde son sang froid et lui torde le cou une bonne fois pour toutes, comme l'envie lui en venait régulièrement en surprenant ses regards énamourés.
La liste des choses qu'il ne lui fallait même pas envisager de faire était longue, mais deux règles étaient essentielles à respecter si elle tenait à garder sa jolie tête de folle furieuse sur son non moins joli cou. La première était de ne jamais le tutoyer ou se permettre quelque familiarité de langage ou d'attitude que ce soit, la seconde de ne jamais lui avouer ses sentiments. Si d'aventure le murmure cent fois réprimé parvenait à se frayer un chemin entre ses lèvres, meilleur lieutenant ou pas, elle mourait. La jeune femme se taisait donc.
Désireuse de prolonger ce qu'elle prenait pour un instant d'intimité, Bellatrix resserra sa prise sur le torse de Voldemort et leva vers lui de grands yeux implorants. Il lui arrivait parfois d'accéder à sa requête muette, quand il était de très bonne humeur...
-Eh bien Bella, que veux tu?
Ce qui était apparemment le cas.
Elle se passa la langue sur les lèvres d'un air suggestif:
-Monseigneur...Vous savez bien...
Les traits reptiliens se tordirent en une grimace amusée et les yeux écarlates flamboyèrent dans la pénombre. Écartant sèchement les mains que la Mangemort avait posé sur ses épaules, Voldemort la renversa sur le dos et s'installa à califourchon sur elle. Haletante, le regard avide, Bellatrix n'osait cependant risquer le moindre mouvement. Seuls les desiderata du Maître entraient en ligne de compte, et ce dernier entreprit aussitôt de le lui prouver une fois de plus.
Emprisonnant ses doigts dans les siens, longs et osseux, il les plaqua brusquement au dessus de sa tête en lui arrachant un petit cri de douleur. Un léger ricanement s'échappa de sa bouche sans lèvres tandis qu'il laissait glisser ses yeux pourpres et luisants sur les courbes offertes:
-Tu n'as décidément aucune patience...
Un reste de pudeur obligea le visage de Bellatrix à s'empourprer quelque peu tandis que la main droite de son Maître quittait les siennes pour venir caresser ses mamelons durcis. Ce contact lui arracha un soupir de plaisir tandis qu'elle se collait inconsciemment contre lui, cherchant à obtenir davantage. Son ventre rencontra un début d'érection et une lueur de triomphe passa fugacement dans ses prunelles sombres.
Le Lord fit mine de ne rien remarquer et poursuivit sa prospection, une langue pointue et rosée venant rapidement remplacer la main. Ses yeux aux pupilles verticales étaient clos, mais on le devinait aux aguets, guettant le moindre frémissement de sa proie.
La plupart des Mangemorts, même si le dire tout haut leur vaudrait un sort bien pire que la mort, étaient secrètement dégoûtés et terrifiés par l'aspect physique de leur Maître. Une pâleur sépulcrale, deux fentes en guise de narines, un corps décharné et aussi froid que la glace, mais surtout ces yeux d'un rouge féroce qui semblaient transpercer les moindres recoins de l'âme.
Pourtant Voldemort avait été beau, lorsqu'il acceptait encore qu'on le nomme Tom Jedusor. Autant dire qu'une demi douzaine d'éternités s'étaient écoulées depuis cette époque. L'été de ses seize ans, le futur mage noir était parvenu à s'introduire (l'exercice n'avait rien de compliqué) dans la maison bourgeoise des parents de son père, chez qui ce dernier était revenu vivre après avoir abandonné sa femme enceinte. En l'apercevant, Tom Jedusor Senior était devenu très pâle et lui avait hurlé de déguerpir. Il avait simplement éclaté de rire et lancé le sort de mort.
C'était ce premier meurtre qui demeurait aujourd'hui encore son meilleur souvenir.
Le second n'avait pas eu la même saveur. Il avait vingt deux ans et travaillait comme un forçat chez Barjow et Beurk pour un salaire de misère. Ses traits parfaits et ses yeux noirs n'avaient pas leur pareil pour charmer les clients, particulièrement les femmes, et les conduire à se faire arnaquer honteusement avec le sourire. Cette bécasse de veuve Smith n'échappait pas à la règle. Si elle ne l'avait pas tenté en lui agitant presque sous le nez la coupe de Poufsouffle et le médaillon de son illustre ancêtre, elle ne serait pas morte.
Là aussi, ça avait été facile. Les sortilèges de protection posés autour de sa propriété n'avaient pas mis plus de deux minutes à sauter et la vieille femme avait à peine eu le temps de se rendre compte qu'il s'était faufilé derrière elle et plantait presque gentiment l'extrémité de sa baguette dans son cou flasque:
-Tom...Mais qu'est-ce que...avait-elle bafouillé.
Il avait toujours détesté sa voix haut perchée. L'incantation lui était venue naturellement à la bouche.
Tout en léchant et mordillant chaque centimètre carré de peau disponible, le Lord fouilla sa mémoire afin de retrouver le jour où il avait rencontré sa maîtresse pour la première fois. Elle avait vingt ans mais en paraissait facilement cinq de plus, suivie docilement par un Rodolphus Lestrange fraîchement épousé qu'elle houspillait comme un petit enfant. Lui et son frère aîné s'étaient également enrôlés peu de temps après mais ne s'étaient jamais distingués, que ce soit au combat ou en stratégie.
De son côté, la jeune femme songeait également à cet époux qu'elle méprisait. Comme elle aurait aimé qu'il surgisse soudain et les surprennent au milieu de leurs ébats! Voir son visage de benêt se figer de surprise serait sans nul doute jouissif, d'autant qu'il ne pourrait pas se permettre le moindre début d'objection. Elle ne lui appartiendrait jamais, elle s'en était fait trop souvent la promesse. Le manoir luxueux et froid dans lequel la fiancée obéissante avait été installée comme une poupée souriante sur les rayonnages d'une boutique de jouets n'était pas plus redoutable que celui où elle avait été élevée avec ses soeurs...Réflexion faite, avec sa soeur.
Si le mari cocu ne lui inspirait rien d'autre qu'un profond dédain parfois teinté de pitié, sa famille était une autre paire de manches.
Ida Lestrange, la belle mère, était une grande femme blanche et grasse issue d'un milieu relativement modeste. Elle détestait sa bru, guidée par une espèce de bon sens populaire instinctif, et la soumettait à une surveillance constante lorsqu'elle séjournait au manoir. Bellatrix avait d'ailleurs depuis longtemps pris l'habitude de vérifier qu'elle n'était pas suivie lorsqu'elle filait rejoindre son amant. Ida ne manquait jamais une occasion de la critiquer et d'assurer à son fils qu'il aurait mieux fait de demeurer célibataire:
-C'est une coquette, celle là. Une sale gamine gâtée avec des airs de marquise. Elle pue le vice!
Mais la vieille femme était trop haineuse pour que ses paroles trouvent véritablement écho, et Rodolphus se contentait de la calmer d'une pression affectueuse sur la main avant de retourner à ses occupations.
Rabastan savait tout, Bellatrix en avait l'intime conviction. Aussi petit et fluet que son frère était grand et carré, ses yeux sombres et mobiles scutaient ses interlocuteurs avec une acuité qui les mettait souvent mal à l'aise. Pour une raison inconnue, il n'avait jamais révélé quoi que ce soit mais distillait de temps à autre un sous entendu discret en lorgnant sa belle soeur avec un mépris amusé qui lui donnait envie de lui sauter dessus pour le rouer de coups.
Antarés, le beau père, était un homme chétif au teint crayeux. Il ne disait plus un mot depuis que l'elfe de maison l'avait retrouvé étalé de tout son long au bas des escaliers de sa vaste demeure du Derbyshire. On n'arrivait pas à déterminer si l'accident avait entamé ses facultés ou bien s'il avait simplement préféré le mutisme à l'humiliation d'admettre qu'il n'avait plus ses jambes de vingt ans. Mais on voyait nettement ses yeux pétiller d'amusement lorsque sa belle fille jouait à l'épouse dévouée en sa présence. Que Rodolphus soit le seul à avoir été épargné par cette généreuse distribution de perspicacité était un coup de chance inouï...
Elle le laissait toutefois accomplir son devoir conjugal avec une docilité qui l'étonnait elle-même. Une part d'elle était sans doute demeurée soumise aux valeurs archaïques que sa mère avait tenté de lui inculquer avec application tout au long de son adolescence.
Une sang pur devait en tout point contenter l'homme qu'elle épousait et lui donner un héritier au plus vite pour perpétuer son nom. Bellatrix avait vécu ses six années de mariage dans la crainte que Rodolphus mette un jour la main sur les potions contraceptives qu'elle avalait en cachette... Tout en sachant qu'il finirait par demander le divorce et la discréditer auprès de sa famille si elle ne tombait pas enceinte.
Alors pour le retenir, la jeune femme l'entraînait dans un tourbillon de plaisirs charnels. Se montrant tour à tour effarouchée ou indécente, elle se concentrait si fort sur l'image de son Maître qu'elle en arrivait presque à se persuader que c'était bien lui, et non pas ce médiocre, qui disposait de son corps. Plus d'une fois, une exclamation traîtresse avait d'ailleurs manqué de franchir ses lèvres tandis qu'il la prenait négligemment.
Chassant de son mieux ces pensées parasites, Bellatrix s'abandonna aux caresses du Lord en souriant vaguement. Comme il aurait été doux d'être sa femme, de le seconder encore davantage corps et âme dans sa conquête du pouvoir suprême, de partager son lit en toute légalité, de lui donner un enfant...
Un enfant. C'était peut être là la solution. Devenir la mère de l'héritier des Ténèbres, la génitrice que Lord Voldemort respecterait toute sa vie. Si son amant n'avait jamais confié désirer un fils, il ne faisait aucun doute qu'une éventuelle grossesse le ravirait...
En se laisser aller à pareilles supputations, Bellatrix ne se rendait nullement compte à quel point elles étaient farfelues. Voldemort avait été ravi d'apprendre que sa maîtresse utilisait des potions contraceptives et n'aurait pas hésité une seconde à glisser des plantes abortives dans son verre de vin au cas où un accident se produirait. Un enfant, surtout un fils, pourrait lui faire concurrence et corrompre peu à peu ses fidèles jusqu'à le pousser doucement vers la sortie, ou découvrir ses précieux Horcruxes et les détruire.
Il aurait fait de même si son père possédait quoi que ce fut d'intéressant à ses yeux.
Lorsqu'il donna le premier coup de reins cette nuit là, laissant le plaisir se répandre dans ses veines comme un flux revigorant, le Lord ne se doutait pas un instant des fantasmes insensés qui tourbillonnaient dans la tête de son meilleur lieutenant. Cambrée comme un arc, Bellatrix souda leurs deux corps en réprimant un cri de douleur tandis que les dents de son Maître lui entaillaient l'épaule, perlant de rouge la chair laiteuse.
L'orgasme les électrisa et une longue plainte rauque se répercuta sur les murs complices.
Une semaine de nausées et d'étourdissements serait nécessaire pour décider la jeune femme à laisser sa soeur la traîner chez un gynécomage. La nouvelle fut rapidement connue de tous les Mangemorts et l'on alla hypocritement féliciter les futurs parents en calculant, pour ceux qui savaient compter, que la véritable machine à tuer qu'était Bellatrix Lestrange serait hors service sous peu et pour une durée de plusieurs mois. Qui prendrait sa place? L'arrogant Lucius, que la grossesse de sa belle soeur semblait plonger dans une félicité sans fin? Les supputations allaient bon train.
Bellatrix avait d'autres préoccupations. Elle avait manqué se décrocher la mâchoire de stupeur lorsque l'époux qu'elle méprisait depuis toujours et trompait allègrement depuis trois ans avait exigé un test de paternité d'un ton mortellement calme:
-Mais...
-Je n'ai pas vocation à reconnaître tous les bâtards de la création, ma chérie.
