Ils sont tellement idiots… tellement stupides! Tous là, à pleurer sur un corps, une enveloppe charnelle qui n'a plus rien de vivant. Sur moi.

Ils sont tous en train d'essayer de me ramener à la vie avec leurs larmes, leurs cris de désespoir. Pourtant, ce n'est pas eux qui devraient être tristes, mais plutôt moi. Je devrais pleurer de les avoir abandonnés aussi lâchement, de les avoir fait souffrir une dernière fois… mais non. Au contraire, je me sens heureux.

Moi, Harry Potter, ai enfin prit les gens du revers en mourrant. Je leur ai montré que malgré toute l'attention et la protection dont j'étais la victime, je gardais la capacité de faire quelque chose de grandiose… De me départir d'une vie atroce.

Je n'ai jamais été vraiment heureux. Au moment où je croyais que je pourrais enfin vivre normalement, à chaque fois qu'un sourire franc étirait mes lèvres, il se passait toujours quelque chose pour me montrer le contraire, pour me prouver que je ne serais jamais serein. Après tout…

Je reçois une lettre m'invitant à passer ma scolarité à Poudlard, m'évitant de vivre à l'année chez les Dursley… et je découvre que je suis l'un des sorciers les plus connu du monde entier, pour mon malheur. Ai-je demandé cela? Non.

Je me fais deux vrais amis sur lesquels je pouvait compter… et Draco Malfoy, Ennemi parmi mes ennemis (mis a part Voldemort, mais celui-là il est mort), vient me pourrir la vie en remuant un couteau chauffé au fer blanc dans la plaie déjà béante de ma vie.

Je découvre que j'ai un parrain, meilleur ami de mon père, qui veut bien de moi chez lui… et un traître ignoble va m'empêcher de prouver l'innocence de mon deuxième père. Pire… deux ans après, Sirius meurt.

De nombreuses épreuves ont tracées mon existence. La pire a sans doute été quand j'ai finalement vaincu Voldemort. En le tuant, je me suis condamné. En le voyant mort, le monde entier a fait de moi quelqu'un semblable à un roi, à un prince parmi les princes… la presse s'y était mise de bon coeur. Mois qui souhaitait une vie normale, c'était réussit!

Bon. Voilà le directeur de mon ancienne école qui vient à son tour pleurer sur mon corps. Tient! Il se retourne… il a sans doutes dans l'idée que seul un de ses discours soporifique pourra apaiser la souffrance qui parcourt les gens. On parie?

« Mes chers amis… »

Bingo!

« Nous sommes réunis aujourd'hui pour mettre en terre l'un de nos amis. La mort l'a prit, sans doute par surprise. Je ne vous cacherai pas qu'elle ne semblait pas très douce… »

Pas très douce? La ferme, vieux bonhomme! Même si elle ne m'a pas apporter ce repos éternel tant promis dans les bouquins, la mort m'a au moins délivrer de la rancune, de la peur et du stresse que vous m'avez fait subir!

Ma mort n'a pas fait mal. Certains croient que mourir est douloureux, d'autres que c'est froid. Mais ce n'est rien de tout ça. La mort, c'est juste le vide. Le vide dans lequel on tombe à chaque fois qu'on s'endort, le vide dans lequel on sombre juste avant que notre tête nous fasse rêver. Le vide, il dure une seconde à peine. À la différence du sommeil, ce vide là nous transporte devant un jury. Si l'on a rien fait de grandiose dans sa vie, on choisie d'aller dans le monde inconnu des morts, ou l'on choisie de rester dans le monde des vivant sous la forme d'un fantôme. Si, au contraire, on a fais quelque chose de grandiose durant sa vie, alors on devient un esprit, un esprit qui se faufile d'un monde à l'autre sans but précis. C'est ainsi que j'ai rencontré Salazar Serpentar, Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle et Rowena Serdaigle… de gentils gaillards, pas rancuniers du tout. J'ai aussi revu mes parent, mon parrain… ma famille. Ah, et aussi Voldemort. Il m'en veut toujours, ce vieux bougre! Mais peut importe, ici il ne peut rien me faire, puisque je suis déjà mort et que la souffrance ne m'atteint plus.

Devant moi, le directeur récite une longue litanie de mots que plusieurs personnes ne prennent même pas la peine d'écouter. À quoi ça servirait, à part se faire souffrir encore plus au souvenir trop récent d'un moi vivant?

Je m'approche de la foule, passant à travers les corps comme je passerais à travers une porte ouverte. Tous sanglotent. Tous ceux que je comptais parmi mes amis sont là, à écouter sans l'entendre le discourt endormant de Dumbledore.

Dans mon invisibilité, je sursaute soudain. Je viens d'apercevoir, assis dans un coin de la salle, des cheveux blonds parfaitement peignés. Je n'y crois pas. Draco Malfoy est venu à mon enterrement.

Je m'avance silencieusement, oubliant soudainement qu'étant mort, il ne pouvait ni me voir, ni m'entendre. Je m'agenouille devant lui et le fixe, attendant patiemment qu'il monte sa tête. Comme il ne bouge pas, je prends parole. Je lui parle, même s'il ne peu pas m'entendre…

« Alors, Malfoy! On prend plaisir à voir souffrir le monde? »

Il ne bouge pas plus. Bien sûr… je suis mort et il ne me voie pas. Je continue quand même à parler, déversant sur lui toute la haine et la rancœur que je n'ai jamais su lui démontrer.

« Tu trouves que ça fait du bien, toi, de voir tout le monde souffrir? De voir que certaines personnes savent ce que c'est, la mort de quelqu'un? »

Une voix me souffle à l'oreille qu'il ne le sait pas, qu'il n'a pas été élevé pour le savoir. Pour lui, qu'est exactement UNE vie sur l'incontestable boulier de l'infini? Sans doute rien. Une vie de plus, une vie de moins… il n'en voie pas la différence

« Eh bien, Malfoy, on ne fait rien? On ne dit rien? On ne bouge toujours p… »

Ma voix s'éteint, étranglée par la vision qui s'offre à moi. Malfoy a relevé la tête… et je vois deux larmes salées couler sur son visage. Draco Malfoy pleure.

Attendez. Draco Malfoy aurait-il des sentiments?

Une autre larme coule…

Apparemment, si.

Je suis sous le choc, totalement inapte à comprendre immédiatement les paroles qu'il m'adresse quelques secondes après.

« Si tu savais, Potter… »

Si je savais quoi, pauvre demeuré?

« Ta mort est l'arme la plus redoutable à laquelle tu m'as jamais confronté… »

Ma mort? Une arme?

« Oui, Potter… une arme plus redoutable encore que l'avada kedavra. Car je suis obligé de vivre avec… »

Ma mort devrait provoquer chez toi l'euphorie la plus totale, alors en quoi cela est une arme? Et comment ça se fait qu'on dirait qu'il m'entend?

« Oui, une arme… car c'est moi qui t'ai tué. »

Là, je tombe carrément sur le cul. Eh, oh! C'est moi qui me suis tué, qui me suis suicidé! Toi, t'as rien à voir dans ma victoire!

« Tu es mort parce que tu savais que ça allait m'achever… c'est à cause de moi qui tu es mort, Potter! »

Une main sortit soudain de l'invisible, traversa facilement mon corps et empoigna le col de mon ennemi, le forçant à se relever. Je découvre en me retournant que l'agresseur est Ron, mon meilleur ami du temps de mon vivant. Mais qu'est-ce qu'il fait, bon sang!

« Je t'ai entendu, sale fouine! siffle-t-il. Harry est mort par ta faute! »

Je ne peu m'empêcher de rester sur prit. Mais qu'est-ce qu'il fou? QU'il le lâche! Malfoy ne mérite même pas son attention!

J'entends Malfoy rire. Ce qu'il dit alors me laisse cois.

« Ouais, c'est vrai ça… lâche-moi, Weasley. Je ne mérite pas ton attention »

Je suis sous le choc. Draco Malfoy a répété exactement ce que je venais de dire. Mais il ne le peut pas, c'est impossible! Je suis mort! Je vois Ron lâcher Malfoy qui en profite pour fuir. Je le suis, trop curieux de savoir ce qu'il va faire.

Il zigzag entre les pierres tombales du cimetière pour finalement s'arrêter devant une imposante sépulture. Regardant par-dessus l'épaule du blond, je lis ce qui y était écrit.

Ci-gît Lucius Demus Malfoy

Tendre père

Galant époux

1957- 1997

J'aurais dut me douter que cette charogne ambulante irait sur la tombe de son père pour lui confesser avec joie tous les crimes qu'il avait commit.

Je vois mon ennemi frissonner.

« Tendre père… »

Son ton me fige. Il avait carrément craché les mots sur un ton totalement dégoûté. Je le vois alors se pencher, ramasser une grosse pierre… et entreprendre d'effacer le mot « tendre » de la surface rocheuse. Il frappe la pierre avec tant de hargne que ça me fait peur. Sans le remarquer, il se martyrise aussi les doigts qui son couverts de sang. Cela m'horrifie et je ne peux rien faire d'autre que me reculer. Puis, je le vois s'arrêter, lancer la roche à bout de bras. Il se retourne brusquement.

« Je te vois, Potter. Je t'entends aussi. »

J'ai rêvé ou pas?

J'observe mon meilleur ennemi s'avancer et s'arrêter à quelques centimètres de ma personne. Ses yeux fixent les miens, mais quiconque passerait par ici penseraient que ce fou furieux observe le vide. Je ne comprends pas son comportement. Il n'est pas mort, il ne peut donc pas se rendre compte de ma présence.

« Je suis le seul dans ce monde que peu te voir, t'entendre et te toucher, Potter »

Si je n'étais pas déjà mort, nul doute que je serais parti illico devant le Jury du Vide, faute de crise cardiaque. Comment ça, lui seul peut savoir que je suis là?

« Même si tu ne vas pas me croire, nous sommes liés à la vie à la mort, Potter. »

Il m'énerve! N'est-il donc pas capable de dire une phrase sans rajouter un Potter à la fin?

Et, au fait, comment ça se fait qu'on soit liés, lui et moi? La seule chose que j'ai en commun avec lui, c'est la haine de l'autre!

« Bingo, Potter! »

Là, c'en est trop. Je lève mon poing dans une dérisoire tentative de le frapper. Mais quelle n'est pas ma stupeur en le voyant tomber à terre, la lèvre en sang! Si j'étais encore en vie, mon cœur aurait manqué un bond. Comment est-ce possible? Je suis soumis aux lois de la mort. La première est que je ne peux pas toucher un vivant… même si je le voulais, ma main passerait au travers. Alors comment? Pourquoi?

« Tu l'as dit y'a pas plus d'une minute, Potter. La haine. La haine nous lie, que nous le voulions ou non. Rien ne peut y remédier. Je peux sonder ton esprit exactement comme je couperais du beurre. Tu peux faire la même chose avec le mien. »

Et pourquoi nous? Après tout, la dernière personne avec laquelle je voudrais partager mon esprit, c'est bien mon pire ennemi!

« Pourquoi nous? C'est tellement simple, Potter! Justement à cause que nous sommes ennemis et que tu es un esprit. »

Donc si je comprend bien, y'a qu'à moi que ça arrive?

« Non… ça arrive à tous les esprits dont le pire ennemi est encore en vie »

C'est ce que je dis. Y'a qu'à moi que ça arrive…

« Mais non, Potter. Pense à cet enfoiré de directeur qui se tape la vision de Voldemort dans sa vie, à chaque jour… »

Ça, je n'y avait pas pensé. Remarque, pour le nombre d'ennemis que Dumbledore a, ça doit lui sembler normal.

Je grimace. La seule pensée d'être liée à Draco Malfoy me répugne atrocement.

« T'es pas le seul dans ce cas là, je t'assure »

Bon. Heureux que mes sentiments soient réciproques! Soudain un éclair ne concernant pas du tout la conversation éclaira mon esprit légèrement embrouillé. Je ne peux m'empêcher de ricaner. Aux yeux du reste des mortels, il semble que Draco Lucius Malfoy parle au vide. Qu'est-ce que je n'aurait pas donner pour voir ça!

Mais revenons-en à notre problème principal : le fait que je soit mort et qu'il puisse me voir.

« Pour répondre à ta question de tout à l'heure… Potter (là je souris ironiquement. Qu'est-ce qu'il est énervant, cet enfoiré!), nous sommes liés l'un à l'autre parce que quelqu'un à décider de nous montrer que nous devons nous pardonner avant de reposer en paix. Donc… »

Une minute! Nous devons nous pardonner? Pour reposer en paix? La bonne blague! Et qui en a donc décidé?

« Ton Jury de la Mort, Potter! Tu vas rester à jamais un esprit, un être immortel, mais tant que l'on ne se sera pas pardonner… tu vas subir tous les tourments de la haine que nous nous vouons l'un à l'autre. »

Tien donc. En en quoi cela changerait de ma vie?

« N'est-ce pas pour ça que tu t'es donné la mort? »

Oh. Touché. Donc il faut que je lui pardonne son ignominie, son égocentrisme, son égoïsme, ses remarques acerbes, ses…

« Tout, Potter! Comme je devrai le faire. Tant que ça ne sera pas fait, je ne pourrai pas mourir. »

Là, je rie jaune. L'immortalité pour Malfoy est déjà programmée! De toute façon, c'est impossible qu'il ne puisse pas mourir. Il n'existe que la pierre philosophale pour permettre de vivre éternellement et encore là, ce n'est pas simple.

« Tien donc. Et comment crois-tu que Dumbledore survive aussi longtemps, Potter? »

Eu… bonne question…

« Il y a des ennemis qui ne l'ont pas encore pardonné. Je te cite comme exemple Grindelwalt et Voldemort! »

Alors là, il m'étonne. Le fils à son papa saurait-il penser par lui-même?

Je le vois frissonner.

« Ne m'appelle plus jamais comme ça, Potter! »

Et pourquoi j'arrêterais? C'est ce que tu as été pendant des années, Malfoy!

Il me regarde. Un voile passe devant ses yeux et, sans cérémonie, il s'empare de mon poignait et transplane.

Nous sommes dans son manoir. En un mot, c'est… froid.

« Voilà, Potter, où je vie. Ne te fais pas de fausses illusions : je t'ai emmené ici seulement pour que tu trouves le moyen de me pardonner. Je veux mourir, Potter… Je n'ai plus rien à faire en vie. »

Pauvre chou! Mais cette proposition m'attire, je l'avoue. Après tout…

J'ai toute l'éternité devant moi.