Elle était assise seule sur cette banquette froide, le sourire avait déserté depuis longtemps ses lèvres et même la présence de son nectar préféré lui chatouillant les narines ne parvenait pas à ramener un peu de joie dans cette journée aussi banale que les autres, aussi banale qu'elle. Elle ne pouvait détacher son regard du couple devant elle, de leur air complice alors qu'ils se dévoraient des yeux, de leurs lèvres encore gonflées par les langoureux baisers échangés quelques minutes auparavant.

Elle s'en voulait de ne pas pouvoir partager leur bonheur, celui d'une relation naissante, où la découverte de l'autre est un éblouissement de chaque instant. Pourtant, c'était ses amis, mais elle ne parvenait pas à faire abstraction de sa propre souffrance, de son sentiment d'abandon.

Une fois encore, Lana était celle qui avait été choisie. Une fois encore, elle resterait cette ombre au fond de la salle, celle que l'on remarque à peine, et qui, lorsqu'enfin des regards daignent se poser sur elle, se transforme en amie, en confidente, en soeur mais jamais en femme que l'on désire. Comme elle aurait aimer, ne serait ce qu'un jour, être le choix ultime d'un homme, celle pour qui on abandonne tout, pour qui les montagnes ne sont plus des barrières insurmontables. Mais il faut croire que les blondes n'étaient plus au goût du moment, remplacé par les pom pom girls brunes.

« Mais toi tu as de l'esprit »était la réponse qu'elle recevait habituellement. Peu lui importait son intelligence et sa perspicacité à cet instant. Elle voulait enfin être aimé comme la plus bécasse de ses camarades. Elle voulait, non, exigeait, qu'enfin se pose sur elle les yeux pleins de désir, même pour quelques jours, même si ce n'était pas le grand amour. Elle avait compris depuis longtemps que la quête de l'âme soeur, la véritable, n'était qu'un mythe offert aux petites filles pour les faire rêver.

Lorsqu'elle entendit le tintement de la porte d'entrée du Talon, elle tourna les yeux et dévisagea le nouveau venu. La tristesse qu'elle perçut dans son regard lui arracha enfin un sourire, de ces sourires douloureux emplis d'ironie. « Comme tu dois souffrir toi aussi Clark de la voir ainsi heureuse avec un autre » pensait elle. La comprendrait il plus maintenant ? Elle n'en était pas certaine, d'autant qu'elle se doutait que c'est encore vers elle qu'il se retournerait pour s'épancher sur ses malheurs amoureux. Et elle, comme toujours bonne copine, faisant abstraction de sa propre peine, allait l'écouter et lui offrir des mots réconfortants, des phrases rassurantes :

« Ne t'en fais pas, Lana reviendra vers toi, ce n'est qu'une question de temps »

« mais oui je pense qu'elle t'aime encore »

« mais non, cela ne peut pas durer avec Lex »

Peut être arriverait elle même à se convaincre, effaçant ainsi son propre désespoir de voir l'homme qui hantait ses nuits dans les bras de sa meilleure amie.

FIN