Note de l'auteur : J'adore les fictions Alice Bella. Et ça fait un moment que cette idée de fiction me trotte dans la tête. J'ai le crâne saturé de toutes les insultes homophobes et de tout les clichés sur les homosexuels que j'entends au lycée. Je regarde des tonnes de trucs à propos de l'homophobie. Vous saviez qu'un ado sur quatre qui se suicide est homosexuel ? Que les ados homos sont 10 fois plus exposés au suicide que les autres ? Bon, dans cette fiction, on part dans les extrêmes, une agression physique et psychologique sur une adolescente lesbienne, Bella. Mais si des lycéens sont parmis les lecteurs, vous reconnaitrez des choses, j'en suis certaine. Et je vous préviens, ça sera pas le seul One-Shot ou Short Story que je posterai concernant l'homophobie. , me voilà ! Dans mon autre fiction, et dans presque toutes les fictions slash/yaoi ou femslash/yuri que je lis, soit l'orientation sexuelle est très bien acceptée, soit on est dans un milieu complètement homo. Ici, j'essaye de montrer un côté plus sombre. En allant dans les extrêmes. Enjoy si on peut dire...

P.S : Happy End ;) Il y aura des Tragedy dans quelques uns de ceux que j'écrirais plus tard, mais là, c'est mon premier. Alors, un peu d'espoir, hein !

Raiting : Le M n'est pas là pour rien. Le début du chapitre est très violent dans les gestes et dans les paroles ! A vous de voir si vous lisez ou pas.


POV Bella :

Je n'étais pas tellement surprise. Non, vraiment. En fait, je m'y étais presque attendu. Ça paraissait être dans la logique des choses. Depuis que j'étais ici, on m'avait fait comprendre que ça m'arriverait, un jour où l'autre. Pour tout dire, j'étais presque soulagée. Le faux no-man's land tendu qui m'avais toujours mal protégée d'eux était désormais brisé. Dorénavant j'aurais peur, certes, mais au moins l'état de stress permanent dans lequel j'étais plongée depuis mon arrivée dans ce lycée se dissiperait. Un peu. Je veux dire, je saurais à quoi m'attendre, vous voyez ? Et puis, honnêtement, qu'aurait-il pu m'arriver de pire ?

Alors, nom d'un chien, pourquoi pleurais-je ? Pourquoi étais-je incapable de... juste me relever et m'en aller d'ici ? J'en avais marre. Je n'en pouvais plus. J'étais complètement à bout.

Avec le peu de forces qu'il me restait, je tournai la tête et les fixai, un à un. Je n'avais pas non plus été surprise quand j'avais identifié les visages déformés par la haine de mes agresseurs. Royce King, en Terminale S, capitaine de l'équipe de foot-ball du lycée. C'était sa main qui s'était brutalement abattu sur mon épaule tout à l'heure, alors que je sortais, comme à mon habitude, en dernière du gymnase. C'était aussi lui qui, collé derrière moi, me tenait maintenant debout, me tordant les bras derrière le dos, m'obligeant à rester à leur hauteur. Continuons. Devant moi, à droite, il y avait Mike Newton, en Seconde, comme moi. Fils à papa bien sous tous rapports, croyant dur comme fer aux valeurs enseignées par sa religion. Visiblement les rumeurs disaient vrai, il était capable d'être violent pour les défendre et pour qu'on les respecte. Personnellement, je pensais que c'était juste un crétin incapable de réfléchir pas lui-même. C'était lui qui m'avait donné le premier coup. En plein dans la tête. Il y avait d'ailleurs un moment que mes tympans s'étaient mis en veille. Tant mieux. Je ne recevais ainsi que les coups, et pas les insultes.

Après tout, ces dernières sont bien plus blessantes.

Un bleu, une coupure, ça guérit.

Outre le fait qu'ils auraient été une humiliation de plus, les mots sont les seules armes capables de rester encrés profondément à l'intérieur, de tout ronger, de tout détruire. Ils peuvent rester indéfiniment, ils peuvent ne jamais partir ou dans le cas inverse, laisser une marque indélébile, qui vous change à jamais, dans le bon comme dans le mauvais sens. Cette bande de bouffons n'avait pas comprit ça. Il m'avaient fait beaucoup plus de mal chaque jour, depuis le premier jours, avec leurs mots coupants comme des lames de rasoirs qu'avec les coups de poings et de pieds qu'ils m'infligeaient depuis tout à l'heure.

Enfin.

Démétri Volturi, Première S, un des bad boys du lycée était également présent, accompagné bien sûr de sa soeur cadette, Jane en seconde – la petite amie de Royce.

Si ces deux-là savaient que leur frère l'était lui aussi... Pauvre Alec. Je me demandai un instant s'ils lui réserveraient le même sort, le jour où ils découvriraient la vérité...

Pour continuer et clore les présentations, Tayna Denali, Première ES, mâchant tranquillement son éternel chewing-gum rose horripilant, me regardait avec un sourire en coin, appuyée contre la porte des vestiaires dans lesquels ils m'avaient trainée. Salope dégénérée.

Semi-consciente, je sentis que, pour ce qu'il me semblait être la millième fois, King me releva brutalement la tête en me tirant par les cheveux. Volturi frère s'avança nonchalamment, leva la main, et me gifla avant de m'envoyer un bon coup de pied dans l'estomac. Je gémis. Royce me lâcha, et je tombai, mollement, m'écrasant sur la carrelage froid, essayant de ramener mes bras autour des mes jambes. En vain, mes membres étaient trop engourdis pour bouger. Alors je pleurai, encore, crachant, essayant de faire partir tout le sang qui s'accumulait dans ma bouche. Je reçus encore un coup de pied, un peu au dessous des côtes. Le craquement sinistre que le coup produisit ne m'inquiéta pas, ce qui m'alerta davantage fut d'entendre, certes très peu, comme un faible écho, mais d'entendre tout de même le rire de mes agresseurs qui me regardaient souffrir.

Je ne voulais pas entendre leurs rires.

Je ne voulais pas entendre leurs insultes.

Ne pouvait-on pas au moins m'épargner ça ? Je priai pour que le prochain coup atterrisse comme le premier, directement sur ma tête, essayant de faire fi des rires qui, loin désormais du statut d'écho, se faisaient de plus en plus forts. Et soudain, tout revint. Ce fut comme une énorme bulle d'air qui s'enfuit de mes oreilles, en un instant, et je perçus clairement leurs rires gras, leurs insultes infâmantes, leurs moqueries dégradantes. Au bout d'un moment, Royce lança :

-Hé, les filles ! C'est bon, on en a terminé. A vous de jouer, maintenant.

Il me regarda, sourit, s'abaissa à mon niveau et dit en me caressant la joue :

-Après ça, Bella, j'espère de tout cœur que ta sale gueule de gouine ne remettra plus jamais les pieds dans mon lycée.

Il se releva, et, après un dernier coup de pied, poussa la porte des vestiaires. Newton le suivit, non sans m'avoir craché dessus. Démétri, avant de sortir, s'agenouilla auprès de moi, me prit par les cheveux et plaqua violemment ses lèvres sur ma bouche. Infect.

Sa salive et mon sang.

Sa haine et ma vulnérabilité.

J'eus beau essayer de le repousser, me débattre mollement, ses mains emprisonnaient fermement ma tête, et ses lèvres ne se décolèrent des miennes que quand il le décida. J'avais envie de vomir. Mes larmes semblaient ne jamais vouloir s'arrêter.

-Bella, chérie. Entre-nous, c'est une maladie qui ne se soigne pas, fit-il de sa voix trainante. Va te pendre.

Il lâcha ma tête, qui retomba durement sur le carrelage, et sortit. Je me retrouvai seule avec les deux pestes lycéenement connues.

J'étais déconnectée.

Les mots font mal, les mots tuent.

Va te pendre ? Te pendre, te pendre, te pendre.

Tout ça résonnait dans ma tête, hurlement et murmure, écho et sentence. J'étais tellement lasse. Je ne geignis pas lorsqu'elles me trainèrent toutes deux dans un coin. Je sursautai à peine lorsque Jane me cracha :

-T'es vraiment trop conne. Une erreur de la nature, pure et simple.

-T'aurais au moins pu t'arranger pour qu'on te capte pas, renchérit Tayna de sa voix nasillarde, jubilante. Elle sortit de son sac quatre grosses bouteilles de peinture.

Jaune, Bleue, Rouge, Verte.

Un petit arc-en-ciel.

Jane secoua la tête, faussement désespérée.

-Vraiment conne ! Rien à faire !

Tayna sortit un gros ciseau de son sac. Je fermai les yeux, terrorisée, avant de me forcer à les ré-ouvrir pour voir ce qu'elles allaient encore m'infliger.

-Juste, démentir, ça aurait été un début, tu vois ! Réagir. Même si on savait depuis le début. Les rumeurs venant de ton ancien collège allaient bon train, et tu es arrivée avec ta réputation. Mais l'erreur fatale que tu as faite - si tu veux mon avis - c'est de te quereller avec Kate. Enfin, elle ne devait pas tenir tant que ça à ton amitié, étant donné tout ce qu'elle a fait. Faire paraître un article sur toi au journal hebdo du lycée, c'était juste... brillamment démoniaque (ses yeux à elle brillèrent de la fierté qu'elle ressentait à avoir trouvé cette formule toute seule). Et hilarant. Pas assez radical à notre goût, mais définitivement ingénieux. Qu'est-ce que ça t'as fait, de voir tous tes petits secrets révélés par ton ex-meilleure amie ? Bah, moi, j'm'en fous, mais j'espère juste que votre querelle en valait la peine, hein !

Cette conasse parlait, indifférente, comme si elle n'était pas en train de me torturer, comme si elle me demandait juste des nouvelles à propos de ma vie.

J'entendais à peine ce qu'elle me disait. J'étais juste déconnectée. J'aurais pu crié, j'avais crié en fait, plus tôt, mais ça ne servait à rien, je le savais, au fond. Personne ne passait par ici si tard, et le peu de forces qui me restaient m'étaient bizarrement très précieuses. Jane ramassa les ciseaux et commença à découper soigneusement des trous dans mes vêtements. Je réprimai un sanglot, et essayai de me cacher dans mes bras, l'empêchant de continuer. Jane claqua de la langue et Tayna me maintint les bras baissées, laissant accès libre à mes vêtements. L'autre reprit sa besogne, accompagnée de mes pleurs qui ne lui faisaient visiblement aucun effet.

-Tu sais, me dit-elle de la même voix trainante que son frère, tu es un exemple. On ne veux pas que tous les voyous de Seattle se mettent à brailler qu'ils sont gouines ou pédés, alors on a décidé de faire ça. Un grand coup d'éclat ! Ça sera réussi, je crois.

Elle fit un sourire sadique en continuant son travail. Je regardai le plafond. Je tremblais. Je pleurais. Je pensai à Charlie qui devait commencer à s'inquiéter. Combien de temps avant qu'il ne me retrouve ? Elles auraient fini leur besogne depuis longtemps. Quelle vie pourrie. Mes membres commençaient à reprendre leur sensibilité. La douleur se faisait de plus en plus aigüe, et j'avais la nette impression qu'un camion m'avait roulé dessus. Soudain, j'entendis Jane dire à Tayna :

-C'est bon, tu peux y aller !

Je sentis avant de la voir la peinture gluante me couler sur la tête, le long de l'échine, sur le torse, partout. Les quatre bouteilles y passèrent, chacune leur tour. Jaune, Bleue, Rouge, Verte. J'avais fermé les yeux, mais je continuais de pleurer. De sangloter cette fois, pour de bon. Je ne voyais plus rien, mais je savais qu'il ne fallait pas que j'ouvre les yeux, à cause de la peinture. J'entendis un bruit de crissement désagréable, et la voix de Jane, satisfaite :

-Et voilà, la touche finale au beau tableau !

-T'es sûre que ça s'efface au moins ? Demanda Tayna. Faudrait pas non plus que ça reste là des décennies !

-T'inquiète, j'ai vérifié avant, ça part, les femmes de ménage devront frotter un peu, mais c'est bon. Allez, viens, on s'arrache. J'ai faim.

Leurs pas s'éloignèrent.

-Bye bye Bella ! Me lança Jane d'une voix faussement amicale.

J'entendis leurs rires jusqu'à ce que le porte du gymnase ne se referme.

Et je restai là, en pleurs, frigorifiée, torturée et humiliée.

POV Edward. 20 h 30

-Vous croyez qu'on sera prêts ? M'enquis-je auprès des autres.

Après tout, la rencontre était prévue pour dans un mois. Ok, question attaque, on était au top. Mais on avait encore quelques sérieux problèmes en défense. Simple exemple : Ben Cheney, qui était capable, très capable même - on ne prenait pas n'importe qui dans notre équipe. Seulement le problème était le suivant : il manquait terriblement de confiance en lui. Aussi la qualité de son jeu variait t-elle selon le degrés de sûreté dont il disposait en tel ou tel moment. Et c'était là qu'un second problème, bien plus conséquent, se pointait. Je vous le donne en mille : dans un mois avait lieu le match, LE match qui ferait de l'équipe vainqueur la gagnante du tournoi qui opposait toutes les équipes de lycée de l'Etat de Washington ! Emmett, tranquille, me répondit :

-C'est ok, Ed. Relax un peu. On n'est pas en finale pour rien. On s'entraîne comme des malades depuis le début de l'année. Tiens, la preuve, où on va, là ? Au lieu de rester sagement chez nous avec nos copines ?

Je relevai le "sagement" en ré-ajustant mon sac sur mon épaule.

-Notre stratégie n'a pratiquement aucune faille, reprit Jasper, plus calculateur. Je pense que ça devrait le faire. Depuis le temps qu'on étudie leur stratégie à eux... non, je ne vois pas où on aurait pu se tromper...

-Ben n'est pas infaillible, lui, rappelais-je en ouvrant le porte du gymnase. Et il n'est pas le seul. Par ailleurs, loin de moi l'idée de contredire vos choix, mais je ne comprend toujours pas ce que Démétri Volturi fait dans notre équipe.

Emmett leva les yeux au ciel et Jasper et lui me suivirent dans le bâtiment. Je tendis la main vers la porte des vestiaires.

-Son père sponsorise le lycée, on a pas eu le choix et tu le sais très bien. Aro a mis la pression au proviseur, et on devra faire avec. Et pour ce qui est de Ben, tu t'inquiètes trop, petit frère. La rencontre est dans un mois, on a encore un mois pour lui trouver une nana.

Je haussai les sourcils, la main sur la poignée.

-Euh ? Le rapport, il est où ?

-Edward, Edward, Edward. Réfléchis, un peu ! On lui trouve une fille, il s'amuse, il décroche un peu de ses cahiers de cours, il fait la fête, il devient un mec cool du bahut, et tout ça, ça le rend plus sûr de lui ! C'est de la pure logique, mec !

Je jetai un coup d'oeil à Jasp. D'un commun accord, nous secouâmes la tête, désespérés.

-Em', on te l'a déjà dit. Ta logique nous échappe, fis-je en tirant la porte et en entrant dans les vestiaires.

-Je sais pas, fit Jasper, blasé. T'as dû faire une mauvaise interprétation d'un cours de philo, ou...

Bug. Alerte, alerte, alerte, virus sur le disque dur d'Edward !

-PUTAIN ! gueulai-je, sidéré.

Mes deux frères accoururent dans les vestiaires, me poussant presque pour voir l'objet de mon... pétage de plomb... Qu'ils ne tardèrent pas à trouver.

-Oh, merde, souffla Emmett.

Jasper passa un main sur son visage, l'air choqué.

-Ok, je crois qu'il faut que je m'assoie, fis-je-je pour moi-même en glissant sur le sol.

-J'appelle papa, murmura Jazz en sortant.

Je ne sais pas exactement combien de temps je suis resté en état végétatif, incapable de détacher mes yeux de cette pauvre fille tremblante et couverte de peinture qui sanglotait sur le sol. Je sais juste qu'à un moment, Jasper est ré-entré dans mon chant de vision en s'approchant doucement d'elle. Je savais qui elle était. J'en était presque sûre. Ce que les connards qui avaient fait ça avait inscrit sur le mur ne laissait presque aucune place au doute. Je me sentais coupable. Je me sentais faire partie de ceux qui lui avaient fait ça, parce que je savais et que je n'avais rien fait, rien dit, jamais, pour la défendre. Pas un mot, pas un regard qui aurait juste montré que je désapprouvais l'attitude qu'avait la plupart du lycée envers elle.

Je réalisai soudain.

Plusieurs choses.

Tout ce que la non-réaction des gens impliquait. Tout ce qu'elle engendrait. C'était autant notre faute à tous que la leur. Nous savions tous que Bella était Gay. C'était d'ordre public, au lycée, et si un doute avait existé, il n'était plus depuis l'article écrit par Kate-la-traîtresse pour le journal du lycée, article accompagné de photos qui - encore une fois - ne laissaient pas place au doute. Ce qui avait fait jaser le lycée tous ces derniers jours. Nous avions tous vu les réactions violentes que les gens avaient à son égard. Les mots blessants, coupants, qu'ils lui balançaient quotidiennement. Nous l'avions vu, chaque jour depuis le début de l'année, cette petite Seconde introvertie qui rentrait la tête dans les épaules à chaque nouvelle insulte, mais sans rien répliquer; cette gamine qui traînait piteusement sa réputation derrière elle. Haïe par certain, ignorée par tous. Personne n'avait rien fait. Les Secondes étaient les moins coupables, si on peut dire; c'était juste des gamins ignorants qui avaient hurlés avec les loups, pour la plupart. De la part des Première, c'était condamnable. De la part des Terminales, dont nous faisions partis, moi et mes frères, c'était juste inexcusable à mes yeux. Bientôt majeurs, bientôt adultes, sensés être responsables, nous aurions dû nous opposer à ça.

Jasper, Emmett et moi, nous avions reçu une bonne éducation, pour ce que j'étais capable d'en juger. Une bonne partie de cette éducation consistait en la tolérence et le respect de l'autre. Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse, et tout le tralala. J'espérai que nos parents autant seraient déçus de moi, de nous, que je l'étais. Je parlais d'adultes, il est vrai que tous ceux qui voyaient, les profs, les surveillants, tous, ils n'avaient rien fait non plus. Et ses parents, alors ? L'homophobie tue. L'ignorance peut tuer aussi apparemment. Quel image Bella avait-elle du monde en cet instant ? Et sans même parler de Bella, combien d'adolescents homosexuels devaient chaque jours supporter les insultes banales, vous savez bien, tous ces mots devenus courants dans une cour de collège ou de lycée. Pédé, tapette, soumis, gouinasse, goudoux, camionneuse... Tous ces mots qu'on se balance sans même y penser.

Pour se moquer d'un pote.

Parce qu'on est énervé.

Pour se taquiner.

J'eus un haut le coeur. Sautant sur mes pieds, je courus jusqu'aux toilettes et rendis une bonne partie des pâtes à la carbonara cuisinées par Esmé à peine deux heure plus tôt.

POV Jasper :

Je m'étais approché de Bella - car j'étais sûr que c'était bien elle -, doucement. Lorsqu'elle avait commencé à trembler trop fort devant ma proximité, j'avais arrêté d'avancer et je m'étais assis en tailleur, en face d'elle.

-Isabella Swan ? Bella ? C'est toi, n'est ce pas ? murmurai-je

Elle pleura de plus belle en réponse. Ma gorge se noua. Je ne pouvais pas voir ses yeux, qu'elle tenait fermés à cause de la peinture; mais en revanche, je voyais parfaitement les deux traînées de larmes qui avaient coulé sur ses joues, ces deux sentiers qui laissaient voir sa peau, qui tombaient jusqu'à son menton. J'avais devant moi une parfaite vision d'horreur.

-T'inquiète pas. Tout va bien se passer, maintenant. Attend, fis-je en cherchant dans mon sac et en finissant par en sortir mon maillot de basket.

J'approchai le bout de tissu de son visage, mais elle recula vivement, se plaquant un peu plus contre le mur.

-Hey, je chuchotai. Je veux juste t'enlever la peinture que tu as devant les yeux, ok ?

J'avançai ma main, elle tourna la tête. Je continuai d'approcher. A force de patience, je réussi à dégager ses yeux et sa bouche de l'épaisse couche gluante qui commençait à sécher dessus. Nous étions vendredi soir, il était 20h50. Que se serait-il passé si nous n'avions pas demandé au proviseur les clés du gymnase afin de nous entraîner en soirée lorsque nous avions le temps ? Combien de temps serait-elle restée là ? Depuis combien de temps était-elle là ?

-Mon père est médecin. Tu le connais peut-être ? C'est le docteur Carlisle Cullen. Il ne va pas tarder à arriver.

Je ne suis pas très doué en relations humaines, ou plutôt on me laisse rarement l'occasion de l'être, les gens ont tendance à me fuir; mais je sais parfaitement bien comment faire cesser les pleurs d'un enfant. J'adore les enfants. Carlisle et Esmé ne sont pas mes parents biologiques, ni les miens ni ceux d'Emmett. C'est à la pension St Marc de Seattle, d'ici même donc, que nous les avons vu pour la première fois. Il y a quelques années, j'ai manifesté le désir de me rendre à nouveau là-bas. Voir. Juste voir, où j'avais passé les premières années de ma vie. C'est là que j'ai eu un coup de foudre pour les enfants. Depuis, toute la famille va souvent à la Pension, passer une journée avec les eux. Ils sont tellement contents de nous voir à chaque fois. La vie doit être assez monotone, chez eux. Je m'égare. Le meilleur moyen pour qu'un enfant cesse de pleurer, donc, c'est de lui poser des questions. Vous lui posez une question, il vous répond, vous avez son attention, et peu à peu il en oublie de pleurer. Il en oublie même pourquoi il pleure, parfois ! Bon, Bella n'est pas exactement une enfant, et ça m'étonnerait qu'elle oublie la raison de son désespoir, mais...

-On va te ramener chez toi. Ou préfères-tu passer la nuit à l'hôpital ?

Elle ne répondit pas.

-Oh, je suis vraiment idiot. Tu veux sans doute prévenir tes parents...

-Non ! elle sursauta. Surtout pas. S'il te plait...

J'étais très embêté.

-Mais ils doivent se faire du soucis... Ton père a déjà dû appeler la F.B.I et la C.I.A. Le connaissant...

Il y eu un court silence.

-Tu connais mon père ? murmura Bella.

Euh.

-Et ben c'est à dire que...

Bella était intriguée. Au moins, je l'avais ferrée. Je n'étais néanmoins pas sûre que parler des innombrables et multiples écarts de conduite que j'avais pu faire avec mon frère ainé soit la manière la plus efficace de faire connaissance avec une jeune fille traumatisée. Je n'hésitai plus lorsque je vis que Bella allait replonger dans son mutisme.

-Tu vois le grand dadet derrière moi ? C'est Emmett, mon frère. Le pire faiseur de conneries de Seattle, je parie. Bon, je dis pas, il est possible qu'une fois ou deux, j'ai été dans la voiture avec lui alors qu'il conduisait à 180km/h sur une route de campagne. Ou que j'ai accepté le pari stupide de courir avec lui, nu, autour du commissariat, si nous gagnions le match qui nous conduirait en demi-finale. Il est vrai également que j'ai assisté Em' dans une ou deux blagues foireuses - destinées à des emmerdeurs de première, promis. Mais je suis un gentil garçon dans la vie, si, je t'assure !

Je me stoppai un instant, pensif.

-Je crois que j'ai vraiment intérêt à ce que Charlie Swan ne sache pas que j'ai eu de près ou de loin quelque chose à voir avec tout ça, commentai-je en appuyant ma tête sur mes genoux.

Je regardais Bella. Non, elle ne souriait pas. Mais au moins, elle était amusée. Un peu. Elle pencha la tête, et fronça les sourcils. Elle avait arrêté de trembler.

-J'aime bien quand tu parles, me dit-elle, la voix un peu cassée. C'est apaisant.

Alors parlons ! Sans aucune gêne, je me mit à babiller à propos de tout et n'importe quoi. Je me surpris à penser à Alice.

-Je m'appelle Jasper Hale, j'ai 17 ans et demi, bientôt 18. Derrière moi, je te l'ai dit, Emmett. Il ne bouge pas, mais c'est normal, c'est parce qu'il réfléchit. Ce n'est pas chose courante, chez lui. Il a 18 ans. Edward est notre cadet. Il est en Terminale, lui aussi, et il a eu 17 ans il n'y a pas longtemps. C'est celui qui a visiblement eu une envie pressante d'aller... aux toilettes.

-C'est à cause de moi.

Elle baissa la tête.

-Je le dégoûte.

Elle ne devait absolument pas croire ça. C'était intolérable.

-Hey, Bella ! Ce n'est pas toi, qui le dégoûte, c'est ceux qui t'ont... mise dans cet état. Ils me dégoûtent aussi. N'importe qui serait dégoûté par eux...

Rien à faire, elle recommença à pleurer, et ramena sa tête entre ses mains, se barbouillant encore plus de peinture. Ravalant la boule de tristesse et de rage qui menaçait d'exploser dans mon ventre, je jouai l'indigné pour ré-attirer son attention.

-Et ma vie alors ? T'as qu'à dire que tu t'en fous !

Elle renifla.

-Tu voudrais venir au match de basket dans un mois ? C'est la finale. Si on gagne, on est les champions de Washington, fis-je, fièrement.

-Je déteste le sport.

Sa voix était étouffée par ses bras. Des sanglots la secouait de nouveau.

-J'ai envie que tu viennes.

-Menteur.

-Bella...

Je ne savais plus quoi faire pour la calmer. Soudain, mon sauveur apparut, poussant la porte des vestiaires, accompagné d'Edward, qui, piteux, regardait le sol. Mon père s'arrêta net devant la vision qui s'offrait à lui.

POV Bella :

Une fois que le docteur Cullen fut là, tout se passa très vite. Ne se souciant aucunement de la peinture qui me recouvrait entièrement, il me prit dans ses bras, me souleva, et sortit des vestiaires, puis du gymnase. Au début, je me débattis. Je ne voulais plus qu'on me touche. Puis, petit à petit, voyant qu'il ne me lâcherait pas, je décidai de prêter une oreille semi-attentive à ce qu'il me racontait.

Il me disait que tout allait bien se passer, que j'étais en sécurité maintenant. Que je n'avais plus aucune raison d'avoir peur, et qu'on allait retrouver ce qui avaient fait ça. Je ne l'avait jamais vu en colère, le docteur Cullen, et j'étais contente qu'il ne le soit pas contre moi. C'était comme Jasper, sauf que lui, c'était vraiment un adulte. C'était la première fois qu'un adulte me disait que je n'avais plus à m'inquiéter de rien. Et moi, comme la parfaite idiote que j'étais, je fondis en larmes une fois de plus, m'accrochant à sa chemise, la tâchant encore plus de peinture. Je me sentais tellement mal, une chance que je n'ai pas encore vomis. Il se dirigea vers sa voiture, rapidemment, et j'entendis les pas de ses fils nous suivre, en silence. A ma grande surprise, il me garda contre lui lorsqu'il prit le volant. Malgré moi, et malgré mes larmes, je souris, et me promis de ne jamais dire ça à mon père. Il en mourrait sur le champs, lui qui tenait le Doc' en grande adoration. Tout le long du trajet, je gardai les yeux fixés sur sa chemise tâchée. A un moment, j'ai entendu, comme un écho :

-Emmett ? Appelle son père, s'il-te-plait.

Je me suis dit qu'en considérant ce que m'avait raconté Jasper, Emmett Cullen était foutu.

Je ne sais pas exactement quand j'ai commencé à sombrer.

Je ne me rappelle juste pas être arrivée à l'hôpital.

Je ne me rappelle pas qu'on m'aie fait passé des examens, et qu'on m'aie posé des questions.

Je ne me rappelle pas qu'on m'aie gardé en observation, que cette observation se soit prolongée.

Je ne ma rappelle pas non plus que Jasper, Edward, Emmett, le Doc, mes parents et quelques autres m'aie souvent rendus visite, désespérant de mon état amorphe.

Je ne me rappelle pas des cauchemars qui me faisaient me réveiller en pleurs, comme me l'ont dit plus tard le Doc et mon père.

Je me rappelle seulement m'être réveillée, le 3 avril, à 8 heure 46 du matin, dans un lit d'hôpital, habillée avec une blouse blanche.

1 mois après mon agression.


Note de l'auteur : Ceci devait être un One-shot, à la base. Mais bon, comme d'habitude, je tartine, je tartine, je tartine, et puis ça s'étale sur des pages et des pages. J'aurais pu terminer là, mais je veux absolument un happy-end, ce qui est débile parce que montrer une Bella brisée par l'homophobie générale, c'était l'idée première. Mais bon, je ne peux pas m'empêcher de penser que tout s'arrange au bout d'un moment donc... Alice arrive au prochain chapitre ! Impressions ? Review Pleaaaaaaase !