Gellert Grindelwald.

Je la vois encore notre première rencontre. Le jour où nous nous sommes perdus tous les deux.

Je m'ennuyais mortellement à cette époque. J'aimais ma famille mais les responsabilités m'ennuyaient. Tout cela n'était que jeunesse gâchée. J'étais égoïste, très égoïste, je ne pensais qu'à mes intérêts. Mon frère avait raison de me détester.

Avec toi, de nouveaux horizons s'ouvraient, nous étions deux jeunes sorciers géniaux et arrogants, nous voulions conquérir le monde. J'avais eu l'idée d'un nouvel ordre sorcier, un nouvel ordre mondial. Tu m'as soutenu, tu y as rajouté ta vision.

Je ne me suis pas rendu compte de ce dont tu étais capable, je ne me suis pas rendu compte que tu étais dangereux. Ou plutôt si. Mais je ne voulais pas le voir. Tu me fascinais. Tu m'envoûtais. Une admiration platonique et amoureuse. On dit que le mal est séducteur.

J'en ai oublié ma famille. J'ai oublié ma sœur qui avait besoin de moi, j'ai oublié mon frère.

Tu étais comme une drogue, avec toi j'oubliais tous les soucis empoisonnants et ennuyeux de la vie.

Comment ai-je pu être aussi fou ? Vraiment, c'est toi qui m'as rendu fou. Je laissais ma bonne conscience de côté et tout n'était plus que rêve de gloire et de grandeur. Avec toi.

Et puis un jour tout a basculé. Tu t'es dévoilé. Tu te battais avec mon frère, ma sœur pleurait et moi, moi j'étais paralysé, je ne pouvais plus ni bouger ni penser. Et puis, j'ai fini par sortir ma baguette moi aussi. Le charme était rompu et je me suis battu pour ce qu'il me restait de famille. Mais il était déjà trop tard. Il y'avait des jets de lumière partout. Et puis Ariana est tombée, elle n'a pas crié mais les larmes coulaient encore sur ses joues.

Elle me regardait et ses yeux fixes pleins de tristesse et d'incompréhension me hantent toutes les nuits. Le regard de mon frère aussi, plein de haine. Et ton regard Grindelwald, plein de folie.

Tout s'est brisé en quelques minutes. Le voile devant mes yeux s'est levé.

Plus jamais je n'ai ressenti une telle passion pour quelqu'un.

Je crois vraiment que je t'ai aimé.

Je ne t'ai ensuite plus revu jusqu'à notre duel. Tu montais une armée et, paraît-il, tu me craignais. Pourtant je sais que ce n'était rien par rapport à la peur et l'horreur que tu m'inspirais. Après avoir mis en toi tous mes rêves, tu es devenu le symbole de mes pires craintes, de mes abjects défauts desquels j'ai passé ma vie à tenter de me débarrasser.

Mais des gens mouraient par dizaines et je me devais de faire quelque chose. Cette fois, j'ai réagi plus vite. Nous nous sommes rencontrés en duel. Tu n'avais plus rien du jeune homme que j'avais connu. Ou plutôt je ne te voyais plus comme avant. Tu me faisais peur et tu me faisais pitié, j'étais heureux de ne pas être devenu comme toi.

J'ai gagné le duel. Mais je ne t'ai pas tué. Je n'aurais pas pu parce que tu représentais une partie de moi.

J'ai entendu dire que là-bas dans ta cellule de Nurmengard tu as eu des remords. Je l'espère. J'espère que tu as vu à quel point tout ça n'était que vanité et légèreté. Tout ça ne vaut rien.

J'ai passé ma vie à tenter de racheter mes erreurs. Les gens m'ont pris pour un génie. À 18 ans, cela aurait représenté pour moi une concrétisation. Mais tout cela est si creux.

Quand je regarde dans le miroir du Rised, ce n'est pas toi que je vois. Je vois ma famille unie et heureuse. C'était cela l'essentiel.

Mais je l'ai appris trop tard.