Bonjour à tou(te)s, ça fait un bail n'est-ce pas ? Je vous avais dit que je passerai de temps à autre. Voici un petit OS que j'ai écrit pendant mes congés en guise de cadeau d'anniversaire pour ma très chère AudreyKat ). Il est un peu en retard mais je me sais déjà pardonnée.

Que vous soyez en vacances ou pas, profitez bien de l'été. Bises à tou(te)s

Z.


Tout a changé

Emma regarda sa montre. 9h10, elle était en retard, une fois de plus. Elle entra dans le bureau du shérif salua méthodiquement David et s'affala sur sa chaise, songeuse.

- « La soirée a été dure ? »

- « Hmpf »

- « Très causante aujourd'hui ma fille ! »

- « Mouais, bof, en fait, je ne sais pas… »

- « Comment ça tu ne sais pas ? »

- « C'était bizarre… »

- « Bizarre ? Comment ça bizarre ? »

- « Bizarre comme bizarre… je sais pas je te dis… »

- « OK, OK je n'insiste pas, je te laisse finir d'émerger… Au fait, tu as du courrier.»

Le shérif adjoint tendit une enveloppe blanche à sa fille. Elle l'examina sans l'ouvrir. « Shérif Swan, strictement personnel» étaient les seules inscriptions visibles. L'écriture était régulière, le papier de bonne facture. L'enveloppe était scellée et vue son épaisseur et son poids, elle ne devait pas contenir plus d'un ou deux feuillets. Pensive, la jeune femme se demanda qui pouvait lui écrire et porta machinalement le courrier sous son nez. Aussitôt, elle reconnut le parfum qui s'en dégageait et blêmit. Ce parfum la hantait depuis des mois, depuis des années, depuis son arrivée à Storybrooke et sa rencontre avec Madame le Maire, la mère adoptive d'Henry.

- « Alors, tu sais de qui ça vient ? »

- « Hein, quoi ? »

- « La lettre, tu sais de qui elle est ? »

- « Euh, non, … Aucune idée. »

Elle détestait mentir à son père mais comment pouvait elle lui dire que ce courrier personnel venait de Régina, leur patronne, alors que lui et sa mère voyaient déjà d'un mauvais œil leur rapprochement amical depuis ces derniers mois. Et comment lui expliquer qu'après ce qui s'était produit hier, cette lettre pouvait très bien être son avis de licenciement, tout comme toute autre chose ?

- « C'est arrivé quand ? »

- « Ce matin très tôt je suppose, elle était glissée sous la porte quand j'ai ouvert le poste à 7h30. »

- « Merde! »

- « Tu ne l'ouvres pas ? »

- « Si euh, … non, enfin … pas tout de suite… » Bredouilla-t-elle.

- « Ok, j'ai compris, je te laisse, de toutes façons Hooper vient d'appeler, Bongo s'est encore fait la malle. Je vais partir patrouiller voir si je peux le retrouver. Ça te laissera tout le temps que tu veux pour la lire tranquille. »

Elle le remercia d'un sourire pour sa discrétion. David était vraiment adorable, une vrai pâte. Comment réagirait-il s'il venait à apprendre?

Elle attendit que la voiture ait quitté la rue pour décacheter la lettre.

A l'intérieur, une simple feuille était soigneusement pliée en trois, elle la déplia soigneusement. Le billet était manuscrit, la belle écriture de Régina couvrait un peu plus du recto de la page. Emma s'empressa de lire, le cœur battant.

Shérif Swan, « Aie, ça commence mal… » Se dit elle aussitôt. Puis elle se ravisa en découvrant la suite.

Emma, ce qui s'est passé hier soir au Rabbit Hole a tout changé. Comment expliquer ce qui s'est passé ? Je n'en sais absolument rien. Nous sommes amies, c'est un fait, sinon comment aurais-je pu te raconter mes états d'âmes suite à ma rupture avec Robin? Je ne sais même pas comment j'ai pu en arriver à te livrer tout ça. Tu te rends comptes de combien cela peut être gênant pour moi de t'avoir laissé voir mes faiblesses?

La jeune femme sourit en se remémorant la scène. Elles partageaient un repas au Rabbit, comme souvent ces derniers temps. Henry était chez David et Mary-Margareth comme tous les jeudis. Ils avaient instauré ce rituel depuis Noël pour que le gamin puisse passer du temps avec ses grands-parents et son oncle. Profitant de cet instant de liberté, les deux femmes avaient pris l'habitude de sortir ensemble et d'aller se détendre au Rabbit. Elles y retrouvaient parfois Ruby, Belle ou Killian mais hier, elles n'étaient que toutes les deux, seules. Elle reprit sa lecture…

Hier soir donc, j'ai baissé la garde. Sans doute est ce ton regard bienveillant et ta gentillesse qui en sont la cause. Le fait est que, pour la première fois de ma vie, j'ai renoncé à ma carapace, celle qui me protège depuis des années, celle qui me permet d'éviter de souffrir… Je ne sais par quelle magie, tu as peu à peu gagné ma confiance, m'encourageant discrètement à poursuivre le récit pathétique de ma séparation qui était de toute façon inévitable.

Le shérif releva la tête. Visiblement, ce n'était pas une lettre de licenciement. Son cœur se mit à battre plus vite.

J'avais besoin d'en parler, j'avais besoin de t'en parler. Il fallait que tu saches. Robin ne représente plus rien à mes yeux désormais. Qu'il a été dur de te regarder dans les yeux après cet aveu. Je savais que cela te ferai plaisir, tu n'as jamais caché ton aversion pour lui mais je craignais de me montrer faible devant toi…

Effectivement, Emma se souvenait fort bien l'embarras de Régina, les yeux baissés, rivés sur son verre de vin, sa main gauche triturant nerveusement sa serviette tandis que la droite tentait sans succès de cacher le tremblement de ses lèvres. Dieu que cette femme était belle et la voir soudain si fragile la bouleversait.

- « Régina… »

Un seul mot, son prénom, et ce geste, le geste qui avait tout déclenché…

puis tu as posé ta main sur la mienne et tout a changé. Je voulais fuir, me cacher, me mettre en colère mais je ne pouvais pas. J'étais incapable de rompre ce contact délicieux qui me bouleversait au plus profond de mon être. Cette main chaude, rassurante qui voulait simplement dire « je suis là »…

Emma avait vu tout cela dans le regard et l'attitude de la brune. Son geste avait été instinctif. La voyant si triste, si faible, elle n'avait eu qu'une envie, celle de la protéger, la prendre dans ses bras. Mais on ne prend pas le Maire de Storybrooke dans ses bras, alors elle s'était contenue, l'écoutant encore, la dévorant de yeux sans doute, mais sans bouger. Mais quand Régina avait évoqué l'idée d'être destinée à être seule car elle ne méritait pas d'être aimée, le sang de la blonde n'avait fait qu'un tour et sa main droite s'était instinctivement précipitée sur celle de la femme en face d'elle.

Le premier contact eut quelque chose d'électrique. Toutes deux se raidirent et retinrent leur respiration. Emma avait l'impression que la brune allait bondir, voire la gifler pour avoir ainsi osé suggérer qu'elle puisse être faible. Mais rien de tout cela ne s'était produit. Passé le premier instant de stupeur, l'une et l'autre s'étaient peu à peu détendues sans pour autant oser se regarder. Toutes les deux avaient leurs regards rivés sur la main pale d'Emma posée sur celle, plus mate, de Régina.

Il y avait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti cette sensation de bien-être, de sécurité qui m'a envahie à ce moment-là, je crois que la dernière fois remonte à mon enfance quand, après une chute de cheval, mon père était venu me réconforter.

Le cœur du shérif s'était mis à battre la chamade. Etait-il possible que Régina Mills apprécie le contact de sa main sur la sienne? Non impensable! Tandis que le doute l'envahissait et que l'envie de fuir pointait à l'horizon, elle avait fait mine de retirer lentement sa main mais aussitôt que le contact avait été rompu, Regina avait saisi sa main et entrelaçé leurs doigts tout en plongeant un regard inquisiteur dans celui de la blonde. Ainsi, le doute n'était plus permis mais Emma n'était guère plus rassurée… qu'allait-il se passer maintenant ?

- « Régina, je… »

- « Chhhhhh! »

Se faisant, la brune s'était redressée sur sa chaise, sans lâcher le shérif des yeux un seul instant. La femme fragile qui se confiait quelques instants plus tôt s'était volatilisée. Régina Mills, Maire de Storybrooke et son assurance habituelle étaient de retour.

- « Emma, il se fait tard, nous devrions rentrer… »

La blonde s'était contentée d'approuver d'un hochement de tête. Après une légère pression suivie d'une caresse du pouce sur le dos de sa main, la brune avait libéré lentement ses doigts. Emma s'était empressée de retirer sa main - trop vite pour que cela ne paraisse suspect – puis s'était levée, prête à quitter les lieux.

- « Emma! Attends! »

Elle s'était alors retournée et avait croisé le regard inquiet de sa supérieure.

- « Bonne nuit Régina. » avait-elle bredouillé avant de quitter les lieux comme si une mouche l'avait piquée, laissant sur place la brune sans attendre de réponse.

Bon sang mais quelle nouille tu fais ma pauvre Emma ! Une fois de plus tu n'as trouvé d'autre issue que la fuite. Emma fronça les sourcils et repris sa lecture.

Hier soir quand tu es partie, quand tu t'es enfuie plus exactement, je n'ai pas eu le temps de réagir, de te retenir… mais nous avons une conversation à terminer. Que dirais tu de venir manger à la maison ce soir avec Henry et moi ? S'il te plait, ne me fuis pas… pas toi.

Ton amie, Régina.

La blonde serra la lettre sur son cœur. Regina voulait la voir, Régina, sa reine, la mère de son fils, celle à qui elle avait eu l'impudence de prendre la main voulait la revoir. Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer, elle avait envie de danser et de se terrer au fond d'une cellule à la fois. Qu'allait-elle faire ? Que devait-elle faire?

Son téléphone vibra, la tirant de ses pensées. Un message. De Régina: « Cesse de paniquer et répond moi.»

Le shérif resta scotchée face à son écran de téléphone. Comment savait-elle?

Cette fois, ce fut la sonnerie de son téléphone qui la fit sursauter: Régina. C'était Régina qui l'appelait… Fébrile, elle décrocha :

- « Oui ? »

- « Emma, cesse de faire l'enfant, je ne vais pas te manger. »

- « Je ne panique pas ! »

- « Mensonge »

- « Que,… comment sais-tu? La magie? »

- « Plus de magie entre nous Emma, j'ai promis, tu te souviens? »

- « Mais, … mais alors, comment? »

- « Emma, vient manger ce soir et tu sauras, … tu sauras tout. »

- « … »

- « Emma? »

- « Je, euh, … oui, ce soir, venir manger… »

- « Ce qui signifie ? »

- « Euh désolée, je ne sais pas, je … »

- « Emma,… s'il te plait »

- « … OK, c'est d'accord. »

- « A la bonne heure ! Alors disons 19h à la maison… Merci Emma, à ce soir »

Avant qu'elle ait eu le temps de répondre, la brune avait déjà raccroché, la laissant abasourdie. Après quelques instants, quand elle réussit à se remettre à respirer, la panique réapparut: Elle venait d'accepter un diner. Un diner avec Régina. Régina qui lui prendrait surement la main dès qu'Henry aurait les yeux tournés!

Un rendez-vous en quelque sorte… c'était de la folie!

En tout cas, la brune avait raison, hier soir, tout avait changé!


Et voilà, c'est fini. J'espère vous avoir diverti(e)s un petit moment. A la prochaine. Z.