Prologue : La « Survivante ».
Depuis toujours, dès l'instant où Lily Evans fut née, ses parents furent incroyablement fiers d'elle dans tout ce qu'elle entreprenait. Elle se montrait travailleuse, fougueuse et agréable. C'était un fait indéniable et il était inutile de s'y opposer: à contrario, Pétunia Evans rendait ses parents nettement moins fiers.
En effet, comparée à Lily, qui était Pétunia? Ce n'était pas elle qui était aimée de tous, à la fois de ses parents, camarades ou professeurs. Ce n'était pas elle qui ramenait les meilleures notes de son école primaire, qui avait un tas d'amis grâce à sa "gentillesse" naturelle ou qui était capable d'apprendre ses tables de multiplication en un temps record. Ce n'était pas d'elle dont ses parents vantaient les mérites durant les dîners de familles ou les dîners mondains.
Bien sûr, plus d'une fois, elle avait pu réaliser des phénomènes hors du commun: faire exploser un petit verre lorsqu'elle était en colère, faire éclore une fleur lorsqu'elle était heureuse ou bien même flotter dans les airs lorsqu'un jour, elle manqua de se blesser gravement en tombant d'un toit. Elle avait toujours été intriguée par ces phénomènes et s'était toujours résolue à n'en parler à personne. Mais un jour, elle vit un camarade de son quartier du nom de Severus Rogue se faire un peu malmener par des brutes notoire. Préférant le laisser se débrouiller, elle fut incroyablement étonnée lorsqu'elle le vit faire exploser les vitres d'une voiture et profiter de ce léger instant de flottement pour fuir. Lily n'était pas vraiment la fille gentille et agréable que tout le monde croyait. Elle était capable du meilleur, comme du pire pour réussir. Et intriguée par ce "Severus Rogue", elle décida de faire en sorte à ce qu'il devienne son ami, ce qui était plutôt aisé vu qu'il était un garçon continuellement seul et qu'intérieurement, il souffrait de cette solitude.
Et son piège marcha, Severus sauta littéralement dessus à pieds joints. Lily en était presque surprise: mais elle en profita largement pour en apprendre un maximum. Et dès que son "meilleur ami" Severus Rogue lui apprit qu'elle était en réalité une sorcière, Lily en tomba des nues, incapable d'y croire. C'était complètement fou, impossible! Elle, une sorcière?
Pourtant, à ses onze ans, c'est ce que confirma la professeure de Métamorphose Minerva MacGonagall lorsqu'elle vint prévenir ses parents et l'emmena au Chemin de Traverse. Lily était fascinée par ce nouveau monde, plein de couleurs et de magie. Ses parents l'étaient aussi mais nettement moins que leur plus jeune fille et très vite, Lily comprit qu'il faudrait qu'elle trouve un moyen d'intégrer Poudlard, malgré le fait que ses parents en étaient réticents. Après tout, lorsqu'elle en parla à Severus, lui même lui répondit qu'il allait y aller à coup sûr et pour la première fois de sa vie, Lily se sentit jalouse de lui, même si elle feint être vraiment heureuse pour lui. Mains intérieurement, elle se jura que si cet idiot de Severus allait à Poudlard, il n'y avait aucune raison qu'elle, Lily Rose Evans n'y aille pas.
Et convaincre ses parents se révéla plutôt facile au final: étant donné que ses parents n'avaient pas les moyens d'assurer à Lily et Pétunia une éducation digne de ce nom dans des établissements scolaires de renommée, Lily fit en sorte que sa sœur obtienne sa propre bourse d'étude pour un collège de haut standing. Ses parents lui en furent si reconnaissants qu'ils acceptèrent qu'elle aille à Poudlard, même si cet acte de pitié condescendante lui fit perdre toute crédibilité et affection aux yeux de sa sœur Pétunia.
Une fois à la gare de King's Cross, Lily n'eut aucun mal à se repérer là bas, trouvant facilement la voie 9 3/4 qui était la porte d'entrée vers ce nouveau monde, bien meilleur que celui qu'elle fréquentait depuis bien trop longtemps à son goût. Mais une fois devant le Poudlard Express, elle était complètement désorientée et elle dut se servir encore une fois de l'aide que Severus lui offrait pour la guider dans ce départ vers ce nouveau monde.
Après tout, la fin justifiait les moyens.
Le trajet vers la prestigieuse école de Poudlard en compagnie de Severus fut très instructif pour la jeune Lily: en compagnie de son "ami", elle chercha à découvrir un maximum de choses sur Poudlard avant d'y arriver. Lorsqu'ils furent interrompus par un certain James Potter et ses deux amis, elle décida par elle même de changer de compartiment, par peur d'avoir l'air idiote.
Dans un autre compartiment, elle fit la rencontre de Ginger Anderson, une Serdaigle de deuxième année plus âgée et plus intelligente qu'elle. Et qui se révéla être une bien meilleure source d'informations qu'elle. Grâce à Ginger, Lily sut que l'héritier de la colossale fortune de la prestigieuse famille Potter n'était autre que le garçon si agaçant de l'autre compartiment. Il ne fut que quelques "questions anodines" de plus pour qu'elle sache tout de lui: toute sa famille était allée à Gryffondor et il s'était d'ailleurs vanté d'être prédestiné à cette maison. Avec un sourire, elle se jura intérieurement qu'elle ferait en sorte qu'il tombe amoureux d'elle. Et ce fut d'une facilité déconcertante de faire en sorte de manipuler le Choixpeau magique pour finir à Gryffondor au lieu d'aller à Serpentard tout comme Severus. Et le fait que Severus s'en sente blessé ne changeait absolument rien à l'équation. Elle avait déjà prévu de l'abandonner pour se faire d'autres amis.
Mais durant son premier cours en compagnie d'Horace Slughorn, elle remarqua rapidement que son meilleur ami Severus était vraiment doué pour les potions. C'était saisissant: le garçon aux cheveux gras semblait animé par une volonté sans borne et travaillait dur, sans relâche. Ses potions étaient toutes parfaitement réussies tellement il se donnait du mal pour ça. Il ne fallut que peu de temps pour Lily pour qu'elle voit que comparé à Severus Rogue, elle n'était qu'une élève moyenne: là où le brun excellait littéralement dans toutes les matières, elle n'était qu'une élève moyenne, bonne partout mais excellente nul part. Intérieurement, elle enrageait mais elle n'hésita pas une seule seconde à redevenir amie avec le Serpentard, qui entretemps était devenu ami avec Ginger Anderson. Grâce à eux, elle atteignit un tout autre niveau dans plusieurs matières: métamorphose et sortilèges grâce à Ginger, défense contre les forces du mal et bien sûr Potions et Botanique où le niveau de Severus était si saisissant que malgré tout ses efforts, Lily n'atteignit jamais la dextérité de l'austère garçon aux cheveux gras.
Un autre élève mais de sa maison cette fois interpella Lily: Remus Lupin. Celui qui semblait être un garçon simple et sans histoire mais bien plus mature et mûr que ses autres camarades de première année l'intriguait fortement. Remus était un travailleur, il était quelqu'un d'acharné qui pouvait passer des week ends entiers à réviser et à s'entraîner. Et évidemment, avec elle et Severus, il faisait partie des meilleurs élèves de leur promotion. Pourtant, Lily savait que quelque chose clochait avec ce type. Le fait qu'il s'absentait une fois par mois tout le temps durant la pleine Lune l'intriguait beaucoup.
Il ne fallut que quelques recherches avec Ginger pour qu'elle finisse par deviner que Lupin était un loup garou. Et si au début, elle voulait se servir de son secret contre lui, elle décida finalement de devenir amie avec lui, si bien que Remus en fut plus qu'heureux. Son plan se mettait lentement mais sûrement en marche: il était de notoriété publique que Remus Lupin était avec Sirius Black le meilleur ami de l'héritier Potter. En se rapprochant de Remus, elle vit que James la remarqua enfin mais elle fit semblant de continuer à être dégoûtée de lui, pour préserver sa pseudo amitié avec Severus et Ginger.
En parlant d'eux, ils devinrent très vite très connus à Poudlard pour être l'une des meilleures amitiés que le château n'ait jamais porté. On les surnommait le "Trio des trois couleurs", à cause de leurs maisons: le rouge était pour Lily, le bleu était pour Ginger et le vert était pour Severus. Ils passaient des week ends entiers à réviser ensemble, apprendre ensemble et bien sûr rire ensemble. Et c'est à ce moment là que Lily réalisa qu'elle tenait à cette amitié et à cette complicité entre eux. Avec ses deux amis, elle cessa de jouer son rôle et devint parfaitement elle même, s'amusant et travaillant dur à leur côtés. Cette fabuleuse complicité dura longtemps: leur première, deuxième, troisième et quatrième année à Severus et elle furent ponctuées par leur amitié avec Ginger et les moments qu'ils passaient tous ensemble.
Après, tout devint plus compliqué.
En cinquième année, pile après l'épreuve des BUSEs, Severus la traita de sang de bourbe et elle en fut si choquée qu'elle ne lui adressa plus du tout la parole, même si Ginger venait souvent la sermonner pour qu'elle comprenne que si Sev avait agi ainsi, c'était seulement à cause de l'humiliation que ce crétin de James Potter lui faisait subir. Mais Lily préféra ignorer Ginger, toujours blessée dans sa fierté. Et au final, le "Trio des trois couleurs" devint un simple duo entre Severus et Ginger tandis que Lily préféra se rapprocher de la fameuse bande des Maraudeurs.
Et si Severus en fut incroyablement blessé, c'était bien fait pour lui.
Puis elle commença à sortir avec James Potter et elle se rendit compte qu'à vrai dire, même si elle se cachait derrière son plan, elle aimait ce garçon. James était plus vieux, plus mûr, moins enfantin et farceur. Elle se rendit compte que derrière cette face de farceur immature se cachait un garçon droit et fier qui était prêt à tout pour ses proches.
Et elle aimait passionnément cette facette de ce garçon.
Une fois leurs études à Poudlard terminées, elle décida d'emménager avec lui à Godric's Hollow, dans une jolie maison. Avec lui, elle eut deux enfants magnifiques à ses yeux. Nés le même jour, Harry et Ariane Potter représentaient tout pour elle. Elle les chérissait comme elle n'avait jamais chéri personne. Et lorsque Dumbledore lui dit que l'un des deux pouvait être l'élu qui mettrait fin au règne de Lord Voldemort, elle en fut incroyablement apeurée. Aussitôt, James prit les choses en main et décida de faire de Peter Petigrow, l'un de ses meilleurs amis et le parrain d'Ariane le gardien du secret qui était censé les protéger.
Et en cette soirée d'Halloween, Lily réalisa amèrement qu'ils n'auraient pas dû accorder tant de confiance à l'Animangus rat...
-Confringo !
La porte barricadée explosa dans une déflagration sonore. L'étagère destinée à la garder fermée fut détruite et envoya une brassée de projectiles coupants à ceux qui se cachaient dans la chambre. Il y eut un cri puis Lord Voldemort entra dans la chambre d'enfants.
-Pitié ne les tuez pas ! hurla Lily Potter en lançant un débris de bois sur Voldemort.
Lord Voldemort éclata d'un grand rire sadique. Comment cette idiote de née moldue pensait pouvoir protéger ses enfants sans baguette ? Il lança un sortilège de réduction surpuissant et le bout de bois fut réduit en une simple brindille. Brindille que Voldemort écrasa du talon.
-Allons Lily, soyons raisonnables ! Votre résistance est vaine et vos enfants sont condamnés. Laissez moi les tuer. Je vous laisse même choisir lequel mourra en premier ! railla le mage noir.
-Allez.. Allez en enfer !
-Vous me garderez donc une place. Repulso !
Le sortilège d'une brutalité incomparable projeta violemment Lily contre un mur. Un mince filet de sang coulait de sa bouche tandis que le plâtre se fissurait.
-J'attends néanmoins une réponse… Sachez que j'accepte d'épargner un de vos enfants si vous me dites lequel tuer !
Lily marmonna quelque chose d'incompréhensible. Les deux bébés pleuraient toujours.
-Je n'ai pas entendu, sourit Voldemort.
-Harry… fulmina faiblement Lily. Tuez Harry.
-C'est tout ce que j'avais besoin de savoir. Stupefix !
Et Lily bascula dans l'inconscience. Voldemort lui lança un regard méprisant puis la laissa au pied du mur. Il s'avança vers le berceau là où il y avait les deux « élus ».
Voldemort réprima un rire et pointa sa baguette sur les occupants du berceau. Le premier enfant –vraisemblablement une fille- pleurait et criait de toute la force de ses petits poumons. Ses yeux noisette laissaient couler une quantité impressionnante de larmes. Des bouts de plâtre avaient entaillé sa petite main. Tandis que le second enfant semblait calme, très calme. Il avait cessé de pleurer et son regard émeraude semblait plus curieux qu'autre chose.
Voldemort comprit que le garçon était l'élu. Ils se ressemblaient trop. Rejetés par leur famille, tous les deux sang mêlés… Dommage que le gamin ne puisse jamais accomplir les mêmes prodiges que Lord Voldemort lui même. Il songea à prendre sous son aile le garçon...
Non, ce n'est pas prudent…
Harry Potter fixait de ses yeux verts le bout de bois pointé sur lui, sans comprendre de quoi il s'agissait. Un joli tas de questions sans réponses se bousculaient dans sa petite tête. Pourquoi le monsieur pointe ce truc sur moi ? Pourquoi Ariane pleure ? Pourquoi Maman est par terre ? Pourquoi Papa n'est pas là?
Incapable de trouver les réponses, il se mit à pleurer. Lord Voldemort, n'aimait pas les pleurs. Encore moins les enfants. Alors, avec un sourire en coin, il murmura les paroles qui scelleraient leur destin à toutes les personnes de cette pièce.
-Avada Kedavra !
Albus Dumbledore réfléchissait. Peter Pettigrow n'était qu'un médiocre sorcier mais il possédait la confiance de James Potter. Pourtant, il savait que cette confiance représentait gros les deux élus de la prophétie. Ceux qui lui permettrait de finalement triompher de Lord Voldemort et de rendre la Grande Bretagne plus sûre.
Fatigué, sa main se dirigea vers sa boîte de bonbons au citron, lorsque soudain, une Minerva MacGonagall paniquée sembla apparaître de nul part.
-Albus… Vous savez qui… Les Potter… Oh ! Par Merlin…
-Minerva ? Que se passe-t-il ? coupa l'honorable directeur.
-Vous savez qui a attaqué les Potter.
Sans plus de cérémonie, le directeur disparut dans un pop sonore.
Il se retrouva devant le corps inerte de James Potter, tandis que Sirius Black tentait de réveiller son ami.
-James ! Merde, Cornedrue, réveille toi ! Réveille toi...
-Il va bien, Sirius, le coupa sèchement le vieillard. Enervatum !
James sembla émerger d'un profond sommeil.
-Je… Professeur Dumbledore ? balbutia Sirius.
-Les enfants ! s'écria James. Lily !
Mais l'illustre directeur monta quatre à quatre les marches de l'escalier devant lui. Arrivé en haut, il remarqua Remus qui était agenouillé devant Lily. Cette dernière remuait faiblement. Dumbledore les ignora et s'avança vers le berceau.
L'un des enfants gisait sur le sol, une cicatrice en forme de X dans la main. Il s'époumonait devant le corps immobile de sa mère. L'autre enfant avait une cicatrice en forme d'éclair sur le front. Il dormait profondément dans son lit.
-Harry ! Ariane ! cria Sirius Black, accompagné de James.
Au même moment, Lily Potter reprit conscience.
-Par Merlin ! Mes enfants !
Dumbledore leva les yeux au ciel, avant de porter Henry.
-Lily, il semblerait que l'un de vos enfants ait vaincu Voldemort.
-Quoi ? V-Vous moquez de moi Albus…
-Pas du tout. Il s'agit de votre fille, Ariane.
Dumbledore passa la main dans sa barbe, fixant les deux enfants. Ariane semblait la plus mal en point. Sa cicatrice en forme de X saignait un peu. Oui, c'était forcément la gamine. Il ignora Harry qui s'était réveillé.
Immédiatement, James échangea un regard avec sa femme, tandis que ses amis avaient l'air incrédule. Un grand sourire étira son visage. Sa fille avait vaincu le plus grand Mage Noir de tous les temps ! Elle allait devenir l'une des plus puissantes sorcières de leur temps !
-Il faudrait les séparer, à la fois pour protéger Harry de la puissance de sa jumelle que pour éviter qu'il ne soit un poids pour Ariane, ajouta Dumbledore.
À ces mots, les adultes reprirent vie.
-Alors là, il n'en est pas question ! hurla Sirius.
-Jamais je n'abandonnerais mon fils ! s'écria Lily.
-Albus, c'est impossible ! ajouta James.
-Avec tout mon respect pour vous Albus, jamais je ne permettrait cela! fulmina Remus.
-Arreuh ! acheva Harry.
Dumbledore poussa un soupir avant de demander aux deux Potter de l'accompagner pour un entretien privé. Avec un peu de chance, il réussirait à les convaincre…
Le lendemain, après que Lily et James eurent déposé Harry chez les Dursley, Sirius et Remus arrivèrent au Manoir Potter, la peur au ventre.
-Vous allez bien ? demanda immédiatement Sirius, cherchant des yeux son filleul.
-Oui, tout va bien… fit James.
-Où est Harry ? demanda Remus.
Sirius ne s'attendait certainement pas à la réponse de sa meilleure amie. Et pourtant…
-Nous l'avons confié à ma sœur, dit Lily.
Sirius eut l'impression qu'une grosse pierre lui tombait dans l'estomac.
-VOUS AVEZ FAIT QUOI ? s'exclamèrent Sirius et Remus d'une même voix.
-Vous avez abandonné votre fils ? murmura Remus atterré.
-Non, nous l'avons confié à Pétunia...
-Mais elle te déteste car tu es une sorcière ! Et elle déteste tout ce qui touche à la magie ! lança Sirius incrédule.
-Mais c'est pour le Plus Grand Bien ! répliqua James d'une voix sonore.
-Et celui d'Harry, tu y pense, idiot ? répliqua Remus d'une voix encore plus forte.
-ÇA SUFFIT ! explosa Lily. NOUS AVONS PERDU UN FILS POUR LE PLUS GRAND BIEN ! ET NOUS VOUS INTERDISONS DE NOUS JUGER !
Remus ne répondit rien mais il lança un regard si méprisant à James et Lily pour s'être laissé manipuler si facilement par Dumbledore qu'ils semblèrent se sentir insultés. Mais ce fut Sirius qui prononça les mots fatidiques.
-Allons nous en, Remus.
Et les deux hommes disparurent avec un pop ! sonore.
- Que fait-on pour Harry ? demanda Remus dès qu'il furent devant Square Grimmauld.
-On va chercher mon filleul, décida Sirius.
-Comment ?
Sirius eut un mince sourire.
-Kreatur !
Aussitôt, un elfe de maison grincheux apparut. Remus sembla surpris, mais Sirius murmura :
-Va chercher Harry James Potter qui vit dans les environs de Londres avec une certaine Pétunia Evans.
L'elfe disparut avant de réapparaître quelques minutes plus tard avec le jeune garçon dans les mains. Harry dormait profondément.
-Très bien, on fait quoi maintenant ? demanda Remus l'air furieux.
-Je ne sais pas… On ne peut pas recueillir Harry –ses vrais parents le comprendraient tout de suite-.
-Patmol, tu veux dire que tu n'as aucun plan ?
-Si, j'en ai un. Mais il implique qu'Harry devra s'éloigner du sol anglais.
Remus haussa un sourcil.
-Comment ça ?
-Tu te souviens de Ginger Anderson ?
Remus sembla pensif. Il réfléchit puis dit :
-Ce n'est pas une américaine avec qui tes parents t'ont fiancé de force lorsqu'on avait quinze ans?
-Exact. Elle a épousé un certain Almerick Lancaster. J'étais heureux pour elle –c'était une sœur pour moi-. Ils sont de passage en Angleterre avec leur famille et partent dans une semaine à Seattle.
-Je vois… Tu comptes donc…
-Leur confier Harry.
-Mais c'est juste…
-Réaliste, acheva Sirius. Si James apprend qu'on a recueillit Harry, on risque très gros. Alors que les Lancaster sont une très vieille et noble famille sorcière. James n'aura jamais aucun soupçon quand à eux. D'ailleurs, je te parie que nous serons les premiers soupçonnés si il a un doute.
Remus se tut, prêt à écouter la suite.
-Nous allons leur confier Harry, mais nous lui rendrons visite chaque semaine, voir chaque jour. Mais il n'est pas en sécurité dans le sol anglais. C'est pour ça qu'il faut aller aux États Unis.
-Je comprends… Tu peux les contacter ?
-Mieux que ça. Je suis invité à leur manoir demain. Ce sera parfait pour leur montrer Harry.
-Tu penses qu'ils accepteront ? demande Remus l'air dubitatif.
-C'est grâce à moi que Ginger a pu épouser Almerick. Elle m'a dit qu'elle me serait redevable. Mais je ne vois pas d'autre solution…
XXX
-Donc… si j'ai bien compris… Ce gamin est Harry Potter, mais il a été abandonné par ses parents ? Et vu qu'il n'est pas en sécurité en Grande Bretagne, mieux vaut qu'il vive avec nous ? récapitula Ginger Lancaster, anciennement appelée Anderson.
-Exact Ginger, dit Remus. Il n'est pas en sécurité en Grande Bretagne.
Ils étaient tous les quatre en province anglaise, dans un élégant salon du Manoir Lancaster. D'élégantes toiles et peintures mettaient en valeur les murs décolorés. Une odeur douce de lavande embaumait l'atmosphère.
-Mais pourquoi pas ne pas le confier à Dumbledore ? demanda Almerick.
Sirius eut un petit rire sans joie.
-Parce que c'est à cause de Dumbledore si Harry est dans cette situation !
Ginger et Almerick haussèrent un sourcil, avant d'échanger un regard. Lorsque quelques secondes plus tard, il y eut un bruit sonore de verre brisé, puis un cri. Remus et Sirius eurent un petit mouvement de recul.
-Excusez moi deux secondes, dit Ginger. ANTHONY ! ISADORA ! DUNCAN !
Quelques secondes plus tard, trois jeunes enfants, deux garçons et une fille déambulaient l'escalier de marbre. Et tous avaient l'air mal à l'aise. Sauf la fille qui semblait s'ennuyer.
-Qu'est ce qui s'est passé ? demanda Almerick plus lassé que courroucé.
-Isadora a voulu essayer ton maquillage, Maman. Mais elle a fait tomber le miroir de la salle de bain sur Anthony qui l'a fait flotter ! Du coup, il l'a lancé sur le sol et il s'est brisé… Mais moi qui passait par là ai eu la mauvaise idée de dire à Isa qu'elle ressemblait à rien avec ce maquillage et elle me l'a lancé à la figure. Moi, je faisais juste passer par là…
-Isa. Tu. Ne. Touche. Plus. À. Mes. Affaires. Compris ? dit Ambre.
-Oui Maman.
-Et tu arrêtes d'énerver tes frères.
-Oui Maman.
-Et tu arrêtes de te moquer de moi.
-Je n'oserais jamais.
-J'aime bien cette gamine ! dit Sirius.
-Sirius. Pour notre bien commun, ferme-là, soupira Remus.
-Bref, dit Almerick. Duncan, va ranger la salle de bain…
-Mais Papa…
-Isadora, tu vas ranger le maquillage…
-Duncan, tu vas le ranger toi-même, sinon… commença Isa à mi-voix.
-Anthony, tu vas dans ta chambre.
-Père partial, marmonna Duncan.
Mais les trois enfants quittèrent les lieux, chacun fulminant contre leur père ignoble. Sauf Duncan, qui fulminait contre sa rebelle de sœur.
Sirius et Remus retinrent leur souffle, lorsque Ginger s'avança vers le berceau pour voir Harry. Le jeune garçon fatigué se mit à fixer cette inconnue. Ses yeux verts rencontrèrent les prunelles bleues de la femme.
Pendant quelques instants, personne ne bougea, comme pour ne pas briser le charme du moment. Juste avant que Ginger ne murmure :
-Bienvenue chez les Lancaster, mon petit Harry…
