Traduction de la fic The Prettiest Appendage de Jacalyn Hyde.

Cette fic a été traduite pour l'anniversaire de l'auteure originale. Toutes les reviews seront traduites et lui seront envoyées, alors soyez généreux! Si réponse il y a, elle viendra de l'auteure (traduite par mes soins bien sûr^^), sauf si elle porte sur la traduction. N'hésitez pas à me donner du travail!

Je ferai de mon mieux pour poster chaque semaine pour les trois chapitres que compte jusqu'à maintenant la fic originale. Il y aura sûrement une assez longue attente pour la suite, je m'en excuse.

Cette histoire est une giftfic pour xoxLewrahxox, qui a demandé à l'auteure "un Bellatrix/Voldemort à sens unique" avec "une déclaration d'amour théâtrale de Bellatrix."

Les personnages et les chansons utilisées pour les titres et citations appartiennent respectivement à J.K. Rowling et à Alanis Morissette.

Le titre de cette fanfiction vient de la chanson "Spineless" d'Alanis Morissette, de l'album So Called Chaos: "Je serai le plus ravissant des appendices qui ait jamais perdu son identité".

La description de Voldemort comme "étrangement énigmatique" vient de la chanson "Princes Familiar" de l'album The Collection.

Avertissement: cette fic montre Rodolphus, non pas comme une personne vraiment horrible, mais pas non plus comme le véritable amour de Bella. Les chansons ne sont pas les plus populaires d'Alanis, mais les préférées de l'auteure et celles qui correspondent le mieux à Bella.

"Elle est évidemment aussi dingue qu'on peut l'être... Et elle est vraiment amoureuse de Voldemort."

Helena Bonham Carter au sujet de Bellatrix. (Juillet 2007. Entertainment Weekly).

(citation traduite par mes soins, en l'absence de traduction officielle malgré une recherche désespérée sur Google...)

"Tout ce que je veux vraiment, c'est un peu de réconfort; un moyen de me délier les mains. Et tout ce que je veux vraiment, c'est un peu de justice..."

Alanis Morissette, "All I Really Want". (Album: Jagged Little Pill.)


«Qu'est-ce qu'il pourrait bien y avoir de mal dans le fait que je Le rencontre?» demandai-je, au moins pour la centième fois. Cette dispute datait des débuts de notre mariage. Et je n'avais certainement pas l'intention de céder.

Il y avait des choses que j'aimais chez Rodolphus Lestrange mais, durant toute la période où il m'avait fait la cour, mes yeux étaient restés rivés sur son tatouage plus que sur toute autre chose. Cependant, je doute qu'il s'en soit jamais rendu compte, bien trop concentré lui-même sur ma plastique, ainsi que sur la tâche d'écarter de moi les mains et les yeux des autres hommes.

Je tolérais son côté possessif parce que, tout comme lui, j'avais une arrière-pensée dans cette relation. Bien sûr, je savais tout sur le Seigneur des Ténèbres. Son nombre croissant de partisans, Sa cause, et Son pouvoir. Je n'étais pas censée savoir quoi que ce soit de tout cela. Dans l'esprit de mes parents, et, apparemment, dans celui de Rodolphus aussi, je n'étais pas censée faire quoi que ce soit d'autre qu'être pendue à son bras, me montrer toujours présentable et, au final, porter ses enfants.

J'étais une fille – femme – et les filles permettaient des mariages de convenance entre sang-purs. A part ça, nous aurions tout aussi bien pu ne pas exister. Cela m'intéressait personne que j'aie obtenu dix BUSE et des notes impressionnantes à mes ASPIC. Il aurait été absolument scandaleux que mon futur contienne quoi que ce soit d'autre que le mariage et les enfants. C'était simplement pour conserver ma santé mentale en prenant le contrôle de quelque chose que je m'étais efforcée d'atteindre une stérile perfection scolaire.

J'enviais Rodolphus de chaque fibre de mon être. En tant que mâle sang-pur doté d'une intelligence relative, il pouvait faire de sa vie absolument ce qu'il voulait. Malgré ma jalousie – que je dissimulais aisément – j'étais toujours restée aussi proche de lui que possible, même avant qu'on me le demande. Nous étions des amis d'enfance, et il était même de compagnie agréable, jusqu'à ce que la puberté lui donne une attitude ridicule, qui semblait affirmer «Je suis un homme, tu es ma chose et je dois te protéger», et qu'il n'abandonna plus jamais depuis.

Ce que nous partagions se situait à peine un degré au-dessus d'une relation arrangée. Nous étions sortis ensemble – nous nous étions fait la cour, pour utiliser le terme approprié, bien que désuet – pendant nos années à Poudlard. J'avais couché avec lui – lui avais donné ma virginité – pendant sa septième année, ma sixième. C'était une erreur. C'est à ce moment-là qu'il décida que j'étais à lui, et à personne d'autre.

Si j'avais été capable d'oublier le motif de crâne et de serpent entrecroisés que j'avais vu sur son poignet gauche cette nuit-là, je l'aurais peut-être détrompé. Mais je ne pouvais pas. Je l'avais fixé dès qu'il avait ôté sa chemise. Je savais que Rodolphus n'était pas assez intelligent pour concevoir lui-même ce genre de motif, et c'est donc ce sur quoi je me concentrai: tenter de deviner sa véritable origine et sa signification afin de me distraire de ma douleur et de mon incertitude tandis qu'il me déflorait.

Dès qu'il repositionnait ce bras de manière à m'empêcher de voir la Marque, je le ramenais immédiatement dans mon champ de vision. Il interpréta ce geste désespéré comme une participation dans l'acte et une indication que j'y prenais du plaisir et qu'il lui était donc inutile d'être si doux avec moi. Je ne me souciai pas de protester sur ce point, cela n'aurait fait que compliquer les choses, à la place je fixai le motif jusqu'à le mémoriser, puis me laissai aller en arrière et fermai étroitement les yeux, disséquant mentalement chaque détail et passant en revue tous les symboles qui me venaient à l'esprit.

Durant tout le reste de l'année après cette nuit, Rodolphus me laissa à peine sortir de son champ de vision. A plusieurs reprises, je tirai sur sa manche, espérant apercevoir à nouveau son tatouage. J'étais aussi curieuse de ce dernier que je l'avais été du sexe, et aussi obsédée par le fait de l'analyser qu'il l'était par celui de m'avoir pour lui tout seul. Malgré tout, il me repoussait toujours la main d'une claque lorsque je tentais de soulever sa manche, murmurant qu'il était déplacé de se déshabiller mutuellement en public – ou quelque chose dans ce genre. Je ne manquais jamais de rouler des yeux en réponse.

Il ne me manqua pas vraiment après qu'il ait terminé ses études, et je retournai à Poudlard pour ma septième année – avec ses assurances répétées que nous étions des âmes soeurs, destinées à se marier dès que je quitterais l'école, et que, par conséquent, je ne devais pas coucher avec d'autres garçons, ni même en regarder. Je respectai ces demandes, pas parce que j'étais le stéréotype de la femme au sang pur craintive et obéissante, mais parce que j'avais peu de temps pour quoi que ce soit de vaguement romantique de toute façon.

Les ASPIC correspondaient exactement à leur abbréviation: Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante. Je voulais les réussir aussi bien que possible, même si ce n'était que pour mon amour-propre, j'en avais besoin. Rodolphus m'envoya un abonnement à la Gazette du Sorcier, m'écrivant que je pourrais trouver les rubriques de mode amusantes. Il avait tort, mais j'avais d'autres raisons de lire le journal, presque mot pour mot, pendant mon temps libre.

Un jour, une photo attira mon regard, à la une. La réplique exacte de la marque que j'avais vue sur le bras de Rodolphus, cette fois-ci elle flottait au-dessus d'une maison moldue. Grâce à la légende, l'article accompagnant l'image, et quelques recherches complémentaires, en triant de multiples rumeurs et des séries d'articles, j'appris tout ce dont j'avais besoin.

Je mis Rodolphus au pied du mur à ce sujet lorsqu'il vint me voir pendant un week-end à Pré-au-Lard ce printemps-là, exigeant de savoir pourquoi il m'avait caché un si formidable secret. Nous nous sommes installés à la Tête de Sanglier, et il me dit que sa servitude parmi les Mangemorts ne pourrait que profiter à nos futurs enfants, et que ce n'était pas quelque chose dont je devais me préoccuper. J'ignorai cela, et lui demandai d'où venait le terme «Mangemorts», comment était leur chef, et comment on organisait et exécutait des meurtres de Moldus.

Je posai avec excitation toutes les questions qui me passaient par la tête, et commentai la force, la loyauté et la bravoure qu'il devait posséder pour rejoindre un tel groupe. Au lieu de réagir ou de répondre à la moindre de mes questions, il me saisit la main, gardant le visage lisse afin que quiconque nous observant puisse interpréter son geste comme un geste d'affection, mais en fait forçant mon index en arrière jusqu'à ce que je pousse un petit cri de douleur.

Il me répéta que ce n'était pas mes affaires, et continua de pousser mon doigt pour souligner ses paroles. Je parvins à garder une voix et une expression neutre, mais je finis par entendre un craquement. Mes yeux se remplirent de larmes et je laissai échapper un cri, attirant l'attention de la plupart des clients de la taverne.

Le regard noir de Rodolphus disparut immédiatement, remplacé par une expression de tendre inquiétude. Il affirma qu'il n'avait pas voulu aller jusqu'à casser mon doigt; il essayait seulement de me donner une leçon. Il me proposa de me soigner.

Je m'écriai «Va te faire foutre!», car j'étais bien trop folle de rage pour me soucier de nos réputations à cet instant. C'était la première fois que je disais quelque chose de peu distingué à voix haute, et de plus en sa présence. Pendant quelques instants, je me concentrai plutôt sur le doigt cassé que je tenais délicatement dans mon autre main, et cela me soulagea incroyablement. Je m'enfuis, à demi aveuglée par ma douleur et mes émotions, pour ne réaliser que plus tard que je n'avais encore appris aucun sort pour réparer les os.

Je ne sais comment, j'arrivai jusqu'à l'infirmerie de Poudlard. La chambre d'hôtel que Rodolphus nous avait réservée pour l'occasion ne fut jamais utilisée, et nous n'avons jamais mentionné cet incident à nouveau.

Notre mariage n'avait rien de spécial. Même pour une riche famille au sang pur, il était grandiose, mais dénué de toute signification émotionnelle. Je n'avais jamais dit à Rodolphus que je l'aimais, et je n'avais aucune intention de le faire à l'avenir. Je supposai que j'aurais pu me débrouiller pour échapper à ce mariage, et finir avec un autre sang-pur qui me traiterait à peu près de la même façon. J'étais trop cynique pour méditer le concept d'un homme m'acceptant comme une égale.

J'aurais pu me décider pour un genre plus doux, mais les prétendants de cette catégorie avaient tendance à se montrer égocentriques, pour compenser l'absence de mauvais traitements. Lucius Malefoy en était le meilleur exemple – à seulement quatorze ans, il se pavanait déjà avec des cheveux blond platine plus longs que les miens, toisant avec dégoût les quelques inférieurs que comptait le groupe de ses pairs. Il était prévu que ma soeur Narcissa l'épouse après la fin de ses études, et elle n'avait que très peu de plaintes à formuler à son sujet. Ceci dit, elle n'avait que très peu de pensées personnelles, de toute manière.

J'étouffai un petit rire à cette pensée, et me reconcentrai sur les événements présents. Je suivais les traditions, disant et faisant toujours ce que l'on attendait de moi, mais je ne m'étais jamais sentie aussi cafardeuse et pathétique de toute ma vie.

Notre nuit de noces se passa globalement comme la première fois que je m'étais donnée à lui: dépourvue de signification par essence, mais cependant terrifiante, sans que je puisse vraiment définir pourquoi. Cette fois-ci, ce n'était pas le sexe qui m'effrayait: c'était le concept du mariage dans son intégralité, et ma réaction tardive à ce que ce concept signifiait vraiment, aux nouvelles attentes et limites qu'il m'imposait.

A présent, quelques semaines avaient passé. J'avais de nouveau évoqué la «question Mangemort», ce qui m'avait valu une gifle. Je l'avertis que je m'étais exercée à des sorts sur les souris et les insectes que j'avais trouvés autour de la maison. Il me demanda si j'étais parvenue à maîtriser des Sortilèges Impardonnables, et je fis non de la tête. J'aurais au moins pu m'y essayer si j'avais connu leurs formules, mais je n'allais évidemment pas tomber dessus dans mes vieux manuels de Poudlard, et les livres de notre bibliothèque traitant des forces du Mal ne faisaient référence aux Impardonnables qu'en théorie. Je n'avais trouvé aucun moyen de les apprendre.

L'expression des yeux de mon mari à ce moment-là me confirma qu'il les connaissait. J'oubliai instantanément la gifle encore récente, et lui demandai s'il me les enseignerait. Il me rit au nez.

- Et le Seigneur des Ténèbres, dans ce cas? je ne pus m'empêcher de demander.

- Oui, et alors?

Je secouai de nouveau la tête, cette fois-ci incapable d'exprimer l'émerveillement que je ressentais pour ce mystérieux et si immensément puissant mage noir.

- Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir de mal dans le fait que je Le rencontre? demandai-je finalement.

Il me fixa comme s'il me trouvait incroyablement stupide.

- Tu n'es qu'une fille, Trixie, dit-il d'un ton moralisateur, utilisant le surnom que je détestais. Tu ne pourrais Lui servir à rien, te mener à Lui ne serait qu'une perte de temps. Je doute que tu veuilles retarder l'homme aux commandes de la guerre visant à purifier notre monde.

- Je ne suis pas qu'une fille, Rodolphus, espèce de sexiste, agiste –

- Le mot agiste n'existe pas, mon coeur.

Je sortis ma baguette et en pressai l'extrémité contre sa gorge avant même qu'il ne puisse faire un geste.

- Je connais un sort pour expulser les entrailles, sifflai-je avec une audace que je n'avais pas ressentie depuis une éternité.

Presque tout de suite après avoir prononcé ces mots, je réalisai ce qui allait probablement m'arriver dès que je baisserais ma baguette, et décidai donc de négocier plutôt que de menacer.

- Je ne te demande pas de me présenter à Lui, or quoi que ce soit de la sorte. Tu peux juste m'emmener avec toi, on dira que j'ai attrapé ton bras alors que tu transplanais...

- Il saura que c'est un mensonge.

- C'est vrai? m'exclamai-je, avec un sourire admiratif à cette pensée.

Il me fixa d'un oeil noir, sans prononcer un mot de confirmation. Je tentai une autre approche.

- Tout ce que je demande, c'est que tu m'obtiennes un rendez-vous, si tu –

- Si je t'emmène Le voir, coupa Rodolphus, Il va très certainement nous rire au nez, et il est même probable qu'Il te jette un sort pour t'apprendre à rester à ta place.

- Je m'en fiche!

- Si je t'emmène Le voir et qu'Il ne veut pas te toi, ce qui sera évidemment le cas... dit-il lentement, réfléchissant à voix haute, dans le but évident de tourner ma détermination à son avantage. Quoi qu'il se passe par la suite, ton obsession sera terminée, et tu cesseras de poser tant de questions stupides, c'est compris?

J'acquiesçai et baissai lentement ma baguette, furieuse de devoir abandonner ce contrôle, mais consciente que je ne verrais jamais le Seigneur des Ténèbres autrement.