Bonjour! Alors... à ceux qui me connaissent déjà (il y en a quand même quelques-uns ) et à ceux qui me découvrent, voici une petite histoire toute douce que j'ai commencé il y a peut.
Le monde du Seigneur des Anneux m'a toujours fascinée (j'ai dévoré les 3 tomes à grands coups de dents! ), tant par sa richesse de paysages, sa beauté sauvage que par ses personnages attachants... ou effrayants. Je ne vous promets pas que ma plume sera à la hauteur de celle de JRR Tolkien (que j'admire et adule!), cependant, je vous livre ici ma version personnel d'une "relation" qui n'est pas sans équivoque... à mon avis, tout du moins.
J'espère que vous apprécierez cette historiette: c'est très éloigné de mon style habituel, puisque je privilégie normalement le drame, et non la romance... Faut croire que je change, et que je m'attendris! (moi, m'attendrir?! Allons donc... )
Est-il vraiment utile de préciser que les personnages ainsi que la plupart des lieux évoqués ne m'appartiennent pas? C'est vraiment dommage... snuuuuf...
Ben voilà, je vous souhaite une bonne lecture... en priant fort pour que vous aimiez!!!
Temps d'innocence...
Par Syriel
1. L'Etang...
La Comté,
quelque part vers la fin du Troisième Âge.
- Allez, Sam, viens te baigner ! Tu ne vas pas rester au bord de l'eau toute la matinée, quand même... ?
- Monsieur Frodon... vous savez très bien que... que je ne sais pas nager...
Un rire, une éclaboussure. Les rayons du soleil dansaient à la surface de l'eau. Un petit vent tiède soufflait sur la Comté, portant les odeurs des sous-bois. Après un été brûlant, l'automne semblait s'être installé. Déjà, on semait les champs et on plantait les choux pour la récolte de l'hiver. Sans parler de la taille des arbres fruitiers et du ramassage de la luzerne. Et les citrouilles, et les raisins... Oui, les paysans avaient bien à faire.
Dès la fin des moissons, les jeunes Hobbits avaient compris la nécessité de se tenir à l'écart de leurs parents : par un si beau temps, pas question de rester au jardin pour arracher des mauvaises herbes. Ils avaient déjà passé tout l'été à glaner le blé dans les champs... Mieux valait s'éclipser discrètement, prendre le petit chemin pierreux qui quittait Hobbitebourg et foncer jusqu'à la rivière.
C'était précisément cela que le jeune Frodon Sacquet et son compagnon de toujours, Samsagace Gamegie, avaient fait. Et ma fois, ils ne s'en voulaient pas le moins du monde.
- S'il te plait, Sam... mets juste un pied dans l'eau et après, ça ira tout seul ! Tu sais, il a fallu trois ans à Merry pour apprendre à nager... tu devrais quand même y arriver un peu plus vite, non ?
Ledit Sam avança précautionneusement au bord de l'étang et considéra avec une attention inquiète les vaguelettes qui léchaient la rive de galets. Quelques moustiques tournaient dans les roseaux et là-bas, juste en dessous d'une grosse fleur de nénuphar, une énorme grenouille coassait paresseusement. Sam fronça les sourcils. Par nature, les Hobbits étaient peu enclin à aller dans l'eau, sauf si la nécessité ou le danger les y poussait. Ils ne pêchaient pas, ou peu et, s'il leur arrivait de le faire, ils restaient sur la berge. Pas question de mettre un pied dans une barque !
Bien sûr, il existait des originaux. Ceux-là, ils ne pouvaient rien faire comme les autres ! À Hobbitebourg, on racontait que chaque dimanche, des convois entiers de barques flottaient sur les eaux du Brandevin, là-bas, tout à l'est de la Comté. Evidemment à Hobbitebourg, on considérait cela avec mépris: comment un Hobbit saint d'esprit aurait-il décemment pu monter dans un bateau ?! On ne comprenait pas ce genre de chose. Rien ne valait la terre ferme, et ceux du Pays de Bouc avait tort de l'oublier.
D'ailleurs, c'était comme ça que le père du jeune gars Frodon s'était retrouvé noyé. Lui et son épouse Primula avait voulu faire une petite virée sur la rivière, au clair de lune et plouf ! On ne les avait plus jamais vus vivants. Et le petit Frodon c'était retrouvé, ni une ni deux, orphelin. À Hobbitebourg, on vantait la générosité de Bilbon, le Monsieur Sacquet de Cul-de-Sac. C'est lui qui avait recueilli le petit à Château Bouc, et qui l'avait ramené dans la bonne partie de la Comté, celle qui était civilisée. Et puis, il en avait fait son héritier : ne disait-on pas que les caves de Cul-de-Sac regorgeaient d'or et de joyaux, que les couloirs du trou étaient tapissés d'argent, ciselé par les Nains ?
Oui, on en disait des choses dans la Comté, en ce temps-là. C'était alors une époque insouciante et heureuse, sans ombre ni nuage. Les gens étaient simples, le pain était bon, et le printemps revenait chaque année. Nul n'aurait pu se douter que ce temps heureux allait bientôt trouver sa fin.
Pour l'instant, le seul souci du jeune Frodon Sacquet de Cul-de-Sac était de décider son ami Sam Gamegie à aller dans l'eau.
- Allez... ne me dis pas que tu as peur de l'eau !
- C'est pas ça, M'sieur Frodon, mais je...
- Tu es moins courageux que Merry, tout compte fait...
Sam hésita. Il savait bien que Frodon jouait avec lui, qu'il cherchait à le convaincre. Peut-être trouverait-il l'étang à sons goût, s'il y allait ? Mais... décidément, non ! L'eau, ce n'était pas pour lui. Bien trop humide.
Au milieu de la mare, Frodon faisait la planche, un sourire espiègle sur les lèvres. Sam allait bientôt craquer, il en était sûr. Après tout, il suffisait de le manœuvrer en finesse et on arrivait à obtenir ce qu'on voulait. Ce n'était pas une pensée malveillante, non : il souhaitait sincèrement que le brave Sam renonce à sa peur de l'eau. En règle générale, Frodon trouvait que Sam avait les idées beaucoup trop arrêtées... comme la plupart des Hobbits de la Comté. On disait ceci, on pensait cela, et malheur à celui qui prétendait le contraire !
Tenez par exemple : les voyages et toutes autres excursions de ce genre en dehors de la Comté étaient considérés comme une action folle et totalement irréfléchie. On ne sortait pas des sentiers habituels ; on ne s'aventurait pas dans les bois inconnus et jamais, ô grand jamais on ne parlait à un étranger. Le danger rôdait au dehors des frontières rassurantes de la Comté et les vagabonds n'étaient pas bien vus.
On chuchotait pourtant sur les Elfes et les Nains, le soir au coin du feu. On parlait même des Hommes qui habitaient par-delà les montagnes, là-bas, tout à l'Est. De la grande cité blanche et des arbres qui parlaient. Et des trésors cachés sous les montagnes, et d'une forêt tout en or... Mais à haute voix, on n'en soufflait mots. Ces choses-là, c'étaient de vieilles histoires de bonnes femmes, des contes pour enfant et aucun Hobbits censés n'y auraient accordé fois.
Personne... sauf le vieux Monsieur Bilbon. Le sourire de Frodon s'élargit à cette pensée tandis ce qu'il fixait d'un air rêveur les hautes ramures des arbres. Une ombre vert clair tombait sur l'étang ; les feuilles printanières sortaient à peine, bien que le soleil soit déjà chaud. Il pensait à Bilbon. Son oncle, le grand aventurier. Peut-être le Hobbit le plus fou de toute la Comté... c'est du moins ce qui ce disait dans Hobbitebourg, les jours de marchés. Durant toute son enfance, Frodon avait été bercé par les récits qu'on lui avait faits de cet extravagant Hobbit : périple avec les Nains, visite chez les Elfes, recherche d'un trésor, batailles contre les Trolls, rencontre d'un dragon... et les richesses, et les pierreries qu'il avait ramené de ses errances.
Tout cela était peu de chose pour Frodon. L'or, il n'en avait que faire. Ce qu'il l'intéressait, lui, c'était l'inconnu : magiciens, Nains, Elfes, pays lointains, forêt doré, montagnes si hautes qu'elles touchaient le ciel... et les dragons ! Ah ! Frodon aurait tout donné pour voir ne serait-ce qu'une fois un vrai dragon. Avide d'en savoir plus, il avait bombardé Gandalf de questions. Etait-ce grand ? Quelle taille ? Est-ce que ça crachait vraiment du feu ? Pourquoi ça aimait tant les trésors ? Y en avait-il dans la Comté ? Et... et... et...
Ce harcèlement avait rapidement eu raison du vieux magicien. Avec un regard faussement fâché, il avait donné à Frodon un livre, avec de grandes images gravé à la main. Là, entre les pages vénérables, le monde de l'extérieur, tel que le jeune Hobbit l'avait rêvé. Et, tout en couleurs, une gigantesque représentation d'un dragon... Depuis ce jour, le livre dormait, en sécurité sous son matelas. Et quand la vie dans la Comté devenait trop monotone, il lui suffisait de le sortir pour à nouveau avoir soif d'aventures...
Gandalf était un autre personnage haut en couleur de la Comté. Magicien errant, grand vieillard gris au chapeau bossué qui s'appuyait sur un bâton, il était devenu une sorte de légende locale. On ne le voyait que rarement aux abords de Hobbitebourg, et ses visites n'étaient pas régulières. Il pouvait se passer des années sans qu'on n'en souffle mot, et puis tout d'un coup, il s'installait à Cul-de-Sac pour quelques mois.
Le vieux Monsieur Sacquet était de ses amis : on racontait qu'ils avaient voyagé ensemble, autrefois. Gandalf était arrivé un matin, sur un cheval gris, avec Nains, charrette et poneys, et s'était arrêté devant le trou de Bilbon. L'aventure était là, elle aussi, et Sacquet n'avait plus montré le bout de son nez pendant bien des jours. Où était-il parti, pourquoi, comment ? On n'en savait rien ; Bilbon lui-même restait très évasif sur ce point. Mais les secrets donnent souvent lieu à des rumeurs, et les rumeurs alimentaient les légendes. C'est ainsi que l'on en vain à parler de Sacquet l'Aventurier, qui avait ramené un trésor des montagnes lointaines... et qui, disait-on, possédait des pouvoirs magiques.
Frodon ne savait rien à propos des prétendus pouvoirs de son vieil oncle : maintes fois, il avait questionné Bilbon, et même Gandalf. Rien à faire : tout deux restaient muets comme des tombes. Si bien que Frodon en vint à pensé que tout cela n'était que des racontars de village. Si seulement il avait su la vérité...
Ce qu'il savait en revanche, c'était que Gandalf était bel et bien un magicien. Pas un de ces illusionnistes de pacotilles qui traversaient les foires et cachaient des pièces derrière leurs doigts ou des colombes endormies dans leurs manches, non. Un vrai magicien, avec de vrais pouvoirs. Feu et éclair, vent et neige, tempête et tonnerre ; il parlait aux oiseaux, était l'ami des arbres et quand le temps était clair, il regardait l'horizon et savait dire ce qu'il y avait de l'autre côté des montagnes. Bien sûr, Frodon était loin de se douter de l'étendue réelle de la puissance de Gandlaf, mais cela lui suffisait. Dans son esprit, les petits faits et gestes du vieillard prenaient tout d'un coup un aspect empreint de mystère.
Dans le confort de sa petite chambre, juste avant de s'endormir, Frodon rêvait du jour où, comme son oncle, il partirait sur les routes avec le vieux Gandlaf. Peut-être serait-il même accompagné par les Nains, mais cela, il n'en était pas sûr. Il n'avait jamais vu de Nains, mais Bilbon lui avait si souvent narré ses aventures qu'il était sûr de pouvoir un reconnaître, s'il venait un jour à un croiser. Les Elfes, c'était une autre paire de manche.
À Hobbitebourg, à la fin de l'automne, les rumeurs allaient bon train : on disait les avoir vu au détour d'un bois, au crépuscule, et plus d'un paysan aurait pu jurer sur son honneur de Hobbit que plusieurs grandes silhouettes vêtues d'argent avaient traversé son champ. Mais si la moitié de se qui se disait était vrai, ce n'était pas quelques Elfes isolés qui traversaient la Comté, mais de véritables processions...
Un grand bruit tira soudain Frodon de sa rêverie. Il se redressa dans l'eau, la pointe des pieds touchant à peine le fond boueux de l'étang. Sam était étalé par terre, de tout son long, le nez dans les galets. Il avait glissé en s'approchant de l'eau. Frodon éclata de rire en le voyant se relever et épousseter ses vêtements couverts de terre.
- Te voilà bien, Sam ! Allez, s'il te plait... une dernière fois, enlève cette maudite chemise et viens là, que je t'apprenne à nager.
Sam poussa un soupir : Monsieur Frodon était si obstiné, quand il s'y mettait. Ce n'était pas l'envie qui lui mettait, non : par cette belle journée de printemps, il aurait bien aimé pouvoir aller un peu dans l'eau, mais... La vérité, c'est qu'il avait peur de se rendre ridicule. Il détestait se ridiculiser devant Monsieur Frodon. Il ne craignait pas les moqueries, mais chaque fois qu'il était avec lui, un curieux sentiment l'assaillait. Ca prenait naissance dans le creux de son ventre, et ça remontait jusqu'à son cœur pour embraser ses joues. Il n'arrivait pas à l'expliquer. C'était à la fois plaisant et terriblement gênant. Sam essayait de ne pas trop y penser, parce qu'il était de nature simple et ne ressassait pas sans cesse les choses. Pourtant ce sentiment le taraudait depuis quelques temps déjà. Son Ancien prétendait qu'un Hobbit ne devait pas passer son temps à se tordre l'esprit en vain, et Sam était bien de cet avis. Hélas, il n'arrivait pas à penser à autre chose.
À contrecœur, il déboutonna lentement sa chemise à carreaux, tout en cherchant un moyen efficace de distraire Frodon et de se sortir de ce mauvais pas. Mais Frodon ne perdait pas de vue son idée première : patiemment, il attendit que Sam ait retiré chemise et bretelle –il lui fit grâce du pantalon- et, quand son ami mis enfin le pied dans l'eau, il l'accueillit avec de grands cris d'enthousiasme.
- Hé bien ! Il t'en a fallut du temps pour y arriver.
Sam avança dans l'eau : elle était tiède, ni trop chaude, ni trop froide. Un peu fraiche peut-être, mas agréable. Bref, la température que toute eau devrait avoir lors d'une belle journée de printemps. Lorsqu'il eu de l'eau jusqu'au milieu du torse, il se tourna vers Frodon, le regard inquiet.
- Ne t'en fais donc pas tant, Sam ! Tu vas voir, nager n'est pas une chose bien difficile... je vais te montrer.
C'en suivit plusieurs démonstrations plus ou moins adroites : brasse, crawl, dos, papillon et pour finir, la nage du chien, qui fit beaucoup rire Sam. Frodon se mettait en quatre pour l'aider et lui faire oublier sa peur, et il lui en était infiniment reconnaissant. Mais le curieux sentiment était toujours là...
- Là, regarde, tu as compris le mouvement de bras ?
Sam hocha la tête. La leçon de natation ne s'était pas trop mal passée, et le soleil était déjà haut au-dessus des arbres. Après le dos et la nage du chien –exécuté avec brio par le jeune Hobbit-, Frodon avait décidé de s'attaquer à un plus gros morceau : la brasse. Et honnêtement, Sam n'était pas sûr d'y arriver : il peinait à trouver son équilibre et à flotter dans l'eau et aurait volontiers arrêté là si son enseignant n'avait pas été intransigeant. Indécis, il exécuta le fameux mouvement de bras : un désastre.
Pourtant, Frodon ne se départit pas de son sourire : il était bien trop heureux de partager quelques instants avec Sam. Il arriverait à nager, il en était sûr. D'un mouvement fluide, il se glissa derrière lui et lui saisit délicatement les bras. Sam frissonna en sentant la peau nue contre la sienne. La tête penchée sur son épaule, Frodon imprima un léger mouvement aux bras :
- Tu vois, le plus important, c'est l'amplitude du geste. Plus tu fais grand, plus tu avances. Tes mains doivent plonger délicatement dans l'eau et la caresser... doucement... voilà, comme ça...
Frodon ferma les yeux et essaya un instant d'oublier que c'était Sam qui était là, plaqué contre son torse. Il ne comprenait pas la chaleur insistante qui s'insinuait dans ses veines, ni la rougeur qui courait sur ses joues. En voyant les mains de Sam caresser l'eau, il se surprit à imaginer... Mais c'était Sam, enfin, Sam ! Pourquoi penser à cela ?! ça n'avait aucun sens ; ils se connaissaient depuis qu'ils étaient enfants. Il fixait la nuque de Sam, si près de ses lèvres, résistant à l'envie de... l'envie de...
- Et vous dites qu'il a fallu trois ans à Monsieur Merry pour apprendre à nager ?
Surpris, Frodon sursauta. Un peu plus et... il secoua la tête : inutile de penser à cela maintenant. La gorge sèche, il se força à trouver la réponse à la question :
- Ou... oui, c'est exact. Trois ans et...
Mais un cri de guerre l'interrompit soudain et deux silhouettes sautèrent au milieu de l'étang...
Voilà! C'est tout pour le moment! Qu'en avez-vous pensé? J'aimerais beaucoup avoir votre avis... Critiques, compliments, choses à corriger... n'hésitez pas! La suite viendra bientôt. (enfin... j'espère!)
Bisouxxx à toutes et tous...!
