Ma première fic sur HG. Il y en aura d'autres.

Elle sera courte, 3 ou 4 chapitres maxi !

Les personnages que je vais utiliser appartiennent à Suzanne Collins.

Relecture par Brynamon.


LA VIE AVANT TOUT

Partie 1


PDV Peeta

J'étais dans le jardin, je récoltais tomates et autres légumes. Je voulais préparer une soupe pour Katniss pour le diner de ce soir.

-Peeta !

Je soulevai la tête vers la fenêtre du premier étage. Elle me dévisageait, affolée. Je laissai tout en plan pour grimper et la rejoindre rapidement. Depuis quelques semaines, elle exprimait beaucoup d'anxiété. Pas que ce soit inhabituel mais à ce stade cela correspondait plus à des crises d'angoisse ponctuelles que j'étais le seul à pouvoir calmer. Elle ouvrait déjà la porte et se heurta à moi en m'étreignant violemment. Elle tremblait, la respiration saccadée. Comme je le craignais, elle était encore en proie à une crise. Qu'est-ce qui avait bien pu la provoquer ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je la serrai fort à mon tour pour lui communiquer toute ma force. Elle en avait besoin pour lutter contre ce qui l'engloutissait.

-Viens.

Je l'obligeai à retourner dans la chambre et la forçai à s'asseoir en la maintenant contre moi. Elle cacha son visage dans mon cou :

-Je ne comprends pas Peeta. Que m'arrive-t-il ?

-Tu es fatiguée je trouve, c'est peut-être ça ?

-Je voulais t'aider au jardin mais j'ai froid, j'ai chaud, je me sens nauséeuse, j'ai perdu mon énergie, je le sens. Je n'ai même pas pu aller chasser ce matin.

Je caressai son bras lentement, j'avais la main un peu sale avec la terre mais je ne pouvais pas la laisser comme ça. J'étais habitué à la texture inégale de sa peau depuis « l'accident ». Je n'aimais pas y repenser, ni nommer cette période. Je voulais oublier comme elle, sans pour autant oublier ceux que nous avions perdus.

-Tu couves peut-être une grippe ? On devrait peut-être voir le médecin.

D'habitude elle aurait refusé d'un bloc, elle avait peu confiance en l'humanité, et ce médecin était là depuis à peine deux ans. Elle ne l'avait vu qu'une seule fois et c'était pour son poignet qu'elle s'était foulé.

-Tu veux que je l'appelle ?

Elle respirait mieux, apaisée par mes lents mouvements.

-Oui, prends rendez-vous.

Il n'y avait pas de rendez-vous, on passait dans l'ordre où on arrivait, mais je n'avais pas envie de l'embêter avec ça et j'acquiesçai. Une heure plus tard, nous avancions tranquillement le long de la rue principale, le bitume et les maisons avaient remplacé le néant. Des enfants jouaient dehors. C'était inespéré tout cette vie. C'était revigorant, du moins pour moi, Katniss le vivait moins bien. Elle sursautait encore parfois pour un rien, refusait même certain contact, et évitait de croiser des enfants autant que possible. Depuis maintenant douze ans que nous étions ici, nous avions pu doucement nous adapter à cette vie partielle. Nous survivions l'un et l'autre, nourrit de l'amour de l'autre. Nous avions recrée un noyau social, avec Haymitch en son centre qui vivait non-loin et qui s'alcoolisait moins, Sae boui-boui et sa petite-fille, Annie et son fils qui était aussi grand qu'elle maintenant. Et aussi Thom (l'ex compagnon de mine de Gale) et sa femme. Ils avaient eu un fils l'année précédente. J'avais fait le deuil d'une vie de famille quand les années passant, Katniss n'avait jamais exprimé son désir d'enfant. Je lui en avais reparlé avec beaucoup de détours il y a un an, à l'aube de mes trente ans mais elle m'avait fait comprendre qu'elle ne se sentait pas prête, ce que j'avais accepté sans problème. Nous avons pu continuer à vivre et ce, en étant tous les deux, c'était déjà plus que j'en espérais.

En entrant dans le centre de soins, il était déjà dix-huit heures, le dernier soignant allait partir quand il nous aperçut. Il se figea un instant puis nous sourit. Nous étions connus et respectés. C'était gênant mais on s'y était habitués depuis le temps.

-Désolé d'arriver si tard, m'excusai-je.

-Ce n'est pas grave, qu'est-ce qui vous amène ?

-Le Dr Moore est là ?

-Non, il est déjà parti.

-Katniss couve quelque chose, pourriez-vous jeter un œil ?

-Entrez.

Il redéposa son imper et nous fit pénétrer dans une salle d'examen neuve, comme quasiment tout dans cette ville, même les habitants. Alors qu'il l'examina, sans piper mot sur ses nombreuses cicatrices, il resta impassible.

-Il n'y a rien, rien de visible en tout cas. Je vais prendre votre tension.

Il s'exécuta et fronça les sourcils :

-Elle est basse, vous êtes surmenée ?

-Pas plus que d'habitude, dit-elle, je chasse, je m'occupe de la maison et d'Haymitch, je vais parfois au marché vendre ma marchandise. Rien d'inhabituel depuis plusieurs années.

Il lui demanda de s'allonger et palpa son abdomen. Elle attendit sans rien exprimer.

-C'est sensible ?

-Sensible ?

-Etes-vous gênée quand je fais ceci ?

Elle avait un grand seuil de tolérance à la douleur alors être gênée, cela ne devait pas signifier grand-chose pour elle. Il palpa encore par-ci par-là sans aucune réaction de Katniss

-Je vais quand même faire une prise de sang.

Il serra son bras d'un élastique, chercha une veine. Elle changea de couleur en voyant l'aiguille.

-Peut-être… commençai-je, alarmé.

Mais il frottait déjà le creux de son bras d'un coton imbibé d'alcool.

-Prête ? Lui demanda-t-il heureusement.

-Vous êtes sûr que c'est utile ?

-Mon examen n'est pas concluant, il vaut mieux vérifier.

Elle chercha mon regard, stressée, je lui souris, confiant. Elle tenta d'ignorer l'aiguille et respira un bon coup.

-Allez-y.

La minute suivante nous étions dehors. Elle frotta son bras machinalement et s'assit sur la marche, j'en fis de même, comme son ombre.

-Tu crois que j'ai quoi ? Une maladie ?

Elle paraissait loin de tout ça, mais je n'étais pas dupe.

-Mais non, relativisai-je en tentant de cacher mon anxiété.

A vrai dire, j'y avais pensé mais cette seule idée me rendait fou. Elle était tout ce que j'avais : mon univers, la seule personne pour qui je ressentais de l'amour. C'était précieux, elle m'était indispensable pour continuer dans cette vie, et même dans celle d'après.

-Alors quoi ? Pourquoi cette prise de sang ?

-Tu es peut-être carencée, ou anémiée, on ne sait pas. Il vaut mieux qu'il vérifie avant de te donner un traitement.

Elle hocha la tête, peu convaincue et se décida à se lever pour partir.

OoooO

Le lendemain, dans l'après-midi, le téléphone sonna.

J'étais rentré du travail vers midi, je ne travaillais que le matin, je ne pouvais me résoudre à laisser Katniss seule plus longtemps. J'avais ouvert une boulangerie, je pétrissais, enfournais et cuisais le pain le matin et le petit Luke, un gamin travailleur, le vendait l'après-midi. Nous étions appréciés, fournissant du pain frais et chaud aux habitants qui le désiraient. Notre économie s'était doucement relancée avec la fabrique de médicaments qui avait généré beaucoup d'emplois. Les districts s'étaient mélangés, l'ex Capitole servait de centre coordinateur, les compétences s'étaient élargies, les écoles avaient été reconstruites, des enfants étaient nés pour les remplir.

Je décrochai, c'était le Dr Moore, le seul médecin du centre.

-Je ne vous dérange pas ?

-Non. Que se passe-t-il ? M'alarmai-je.

-Je peux parler à votre femme ?

Nous n'étions pas mariés mais ici, c'était tout comme. Et j'aimais cette idée.

-Pourquoi ? M'affolai-je.

-Je voudrais qu'elle passe me voir.

-Pourquoi ? Insistai-je.

Alors qu'il me répondait, Katniss descendit de l'étage et se tint au pied de l'escalier, interrogatrice.

-Nous passerons, soufflai-je, sous le choc.

Je raccrochai, Katniss fronça les sourcils, je devais vraiment avoir une sale mine. Elle était humide d'une douche récente. Ses cheveux séchaient à l'air libre, elle portait une tunique ample bleu marine et un pantalon en coton noir. Elle avait porté du noir longtemps, maintenant elle s'autorisait un peu de bleu ou du marron.

-Peeta ?

Silence.

-C'était qui au téléphone ?

-Le Dr Moore.

Elle se figea, devint pâle comme un linge. Je craignis une autre crise de panique mais rien ne vint. Elle agrippa la rambarde de l'escalier et attendis que je développe.

-Il semblerait que … tu sois enceinte.

Cette sensation dans mon cœur enfla, mélange de bonheur, d'incrédulité et de crainte. Crainte qui s'accentua en la voyant stoïque, muette.

-Chérie ?

Elle secoua la tête, son front se posa sur sa main. Je me rapprochai enfin, ma main sur son épaule.

-Dis quelque chose.

Elle pleurait, de chaudes larmes. J'attendis, luttant pour ne pas pleurer aussi même si nos raisons différaient. Elle sécha ses larmes brusquement, rageusement. Elle était fâchée. Je ne pouvais que comprendre sa colère, mais je ne comprenais pas comment ça avait pu arriver, elle prenait ses précautions.

-Ça arrive d'oublier, tentai-je.

-Je n'ai rien oublié. Je ne pensais pas que ce serait si rapide.

Je la dévisageai, perplexe. Elle accepta de croiser mon regard, mais je décelais quelque chose d'étrange dans ses yeux gris.

-Explique ?

-Je voulais t'en parler … mais je ne voulais pas te faire de fausse joie. Je n'étais pas sûre de pouvoir porter la vie. J'ai lu dans un livre que cela pouvait prendre des mois parfois des années.

Je reculai, estomaqué.

-Tu as décidé ça sans m'en parler ?

-Je pensais que ça te ferais plaisir, s'inquiéta-t-elle. Tu veux des enfants, non ?

J'étais heureux oui mais pas elle, et puis…

-C'est quelque chose qui se décide à deux, ce n'est pas anodin, c'est une grosse responsabilité.

Elle se brouilla comme du papier mâché. Je ne voulais pas être brutal, je voulais juste qu'elle comprenne qu'il ne fallait pas que ce soit un sacrifice de sa part.

-Je sens que tu l'as fait pour moi, et qu'en plus tu n'es pas prête pour ça.

-C'est vrai, admit-elle de nouveau en colère.

-Et je ne veux pas être une source de stress pour toi. Je le refuse. Je pouvais me contenter de ce que nous avions.

-Tu te mens à toi-même.

-Ne me dis pas ce que dois penser, Katniss.

Elle se braqua et cela me fit mal mais en même temps, je ne pouvais pas toujours l'épargner. Malheureusement.

-Je t'ai vu avec le fils de Thom, tu es fait pour être père. Je t'ai vu aussi jouer avec le petit frère de Luke. Certains matins, je viens près de ton travail, je le vois arriver vers dix heures avec Timmy pour t'obliger à faire une pause et jouer avec eux au ballon.

Je m'étonnai de ces aveux. Je m'étonnai de ne pas l'avoir remarquée, planquée je ne sais où à m'observer. Je m'étonnai moins de savoir qu'elle préférait m'épier que rester seule chez nous.

-Je ne fais que quelques passes, avec ma prothèse ce n'est pas évident.

-Ne le nie pas, tu l'adores ce môme.

-Il n'a que cinq ans, à cet âge tous les gamins sont mignons.

-Je t'ai vu le prendre dans tes bras, le soulever en l'air, et ce depuis son plus jeune âge. Et quand ils viennent manger avec leur mère à la maison, tu ne taris pas d'éloges sur ses dessins grotesques et ses jeux puérils.

-Tu es dure.

-Je suis réaliste. Tu es un père-né, Peeta. Je ne peux pas te priver de ça. Tu m'as tout donné, tout.

-Ça n'a rien à voir.

-De toute façon c'est trop tard, conclut-elle, bornée. Nous allons devoir faire avec.

Et elle recommença à pleurer.


La suite bientôt.