TITRE : Say Baby, Can I Be Your Slave ? (Titre tiré de la première ligne du poème "A Blues For Nina")

GENRE : Romance, UA.

RATING : T plus pour la liberté de langage que pour autre chose. Possibilité de Lemon.

RESUME : Tomber amoureux. Jamais une expression n'a été plus justement trouvée. Cela vous atterrit dessus sans même que vous ne vous y attendiez, comme un ovni, et dès lors, vous ne savez ni quoi faire ni comment réagir.

DISCLAIMER : JKR.

NOTE : Je ne sais pas ce que j'ai ! Mon imagination ne veut pas se mettre sur Pause et je ne peux m'empêcher d'inventer une histoire tout les deux jours alors qu'il faut que je poste un nouveau chapitre à The Black Swan Obsession et Le Contrat depuis des lustres. Alors voici mon dernier né, avec en guest star mon petit chouchou : Blaise. C'est très différent de ce que vous avez put lire auparavant, j'en conviens, c'est un monde entièrement refait à ma sauce. Je me suis entièrement, comment dire, lâchée par rapport à mes autres fanfictions. J'ai fait ce que je voulais. Et j'espère que vous aimerez. J'attends vos avis !

IACB.


[Blaise]

.

Tomber amoureux.

Jamais une expression n'a été plus justement trouvée que celle-ci. Tomber amoureux. Cela vous atterrit dessus sans même que vous ne vous y attendiez, comme un ovni, et dès lors, vous ne savez ni quoi faire ni comment réagir. La seule chose dont vous êtes sûr à ce instant là c'est que la personne qui hante vos pensées, celle qui vous déconcentre dès qu'elle se trouve à proximité de vous, celle pour qui vous passez des nuits blanches à rêver les yeux ouverts, celle qui vous fait vous réveiller en sueur le matin – cette personne là, donc – vous seriez capable de donner votre vie toute entière pour elle. Et même plus.

Tomber amoureux.

On croit toujours que c'est un mythe, une machination tout droit sortie des contes de fée, mais, dès que ça arrive concrètement...eh bien on en ressort sacrément emmerdé. Encore faut-il qu'on en ressorte. Parce que ce truc est infernal. Il vous pourrit la vie. Mais il vous l'égaye en même temps bizarrement. C'est la chose la plus étrange, la plus incontrôlable et la plus inexplicable qu'il puisse arriver.

Et le pire, c'est qu'il n'y a aucun remède.


.

« Well I'm alone now but I ain't lonely.
I'm on my own now,
But I ain't the only
And, honestly, I'm fine.
»

.

Ma mère et moi avons encore déménagé.

Bon, ce n'est pas non plus un scoop, il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre. Je nous considère un peu comme des nomades nous deux. Tout les deux ans ou presque, nous changeons de ville, de vie, et ce depuis mes six ans. Ce qui fait qu'en dix-sept années d'existence, j'ai eu au total sept différents établissements à fréquenter et six chambres à couchers à redécorer. Ça ne me dérangeais pas, au contraire. C'était assez distrayant. Voir de nouvelles têtes, atterrir dans des milieux totalement différents, coucher dans différents endroits, tout ça. C'était assez sympa dans le fond. Mais dans tout ces emménagements , il n'y avait qu'une seule règle d'or à respecter impérativement : ne jamais s'attacher à qui que ce soit ni à quoi que ce soit. C'était certes difficile mais primordial. Car plus l'attachement était fort, plus la séparation était dure, surtout si celle-ci s'opérait brusquement.

J'en ai fait les frais en 5e. Ayant débarqué en cour d'année, la classe dans laquelle j'avais été placé avait été adorable avec moi dès le premier jour de rentrée. Des anges, je vous jure. Rien que d'en reparler, ça me fais quelque chose. Ils avaient donc tous été super sympa si bien que j'avais été ami avec presque tout le niveau de 5e. Dont Nott. Théodore. 5e4. Dès les premiers mots échangés, nous nous étions compris. C'était hallucinant. Comme si nous étions en permanence connectés d'esprit. Nous partagions les mêmes délires, nous aimions et détestions les mêmes choses, nous avions les mêmes sujets de conversations, les mêmes goûts musicaux...c'était comme mon alter-ego. A la rentrée de 4e, le hasard avait fait que nous avions atterrit dans la même classe. Comme quoi, le hasard peut être parfois très sadique. Parce que cela a fait que je me suis encore plus attaché à lui. A tel point que je ne traînais plus qu'avec lui. Je ne parlais qu'avec lui. Je ne mangeais qu'avec lui. Bref, nous étions presque un couple. Complémentaires. Jamais l'un sans l'autre. On nous taquinait parfois à cause de ça en nous surnommant « les siamois ». Ça ne nous dérangeais pas car c'était un peu ce que nous étions. Mais si certains élèves allaient jusqu'à insinuer des choses salaces entre nous, j'étais celui qui sortaient le plus rapidement les crocs. Et ça les calmait tout de suite. Il faut dire que mon teint m'a bien aidé dans ce domaine là. Ébène. Ça en effrayait certains. Ils devaient sans doute s'imaginer que le sang de Mike Tyson ainsi que celui de tout les grands guerriers ancestraux africains coulait dans mes veines, moi qui était à l'époque incapable de voir du sang sans tomber dans les pommes.

Et puis il y eut ce jour. Ce fameux mercredi 3 novembre 2007. Lorsque je suis rentré dans l'appartement que nous avions à l'époque, j'ai été accueilli par une armée de cartons. Des cartons partout. Du cellophane, du papier bulle, du plastique à perte de vue. Ma mère a surgit de la cuisine et m'a pris dans ses bras en sanglotant silencieusement. Elle s'est ensuite baissée à mon niveau en essuyant rapidement ses larmes du dos de la main puis m'a chuchoté qu'on devait partir, absolument partir, que Patrick (son petit-ami de l'époque) avait été retrouvé mort empoisonné et qu'on devait quitter Leeds car nous n'avions plus rien à faire ici. Et qu'elle est désolée, désolée mon chéri, désolée...

Je ne vous décris même pas l'état dans lequel j'étais les mois qui ont suivi ce départ précipité.

Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Je ne mangeais presque plus. Je sursautais à chaque coup de téléphone. Je passais mes nuits entière à pleurer. Je ne savais pas que l'amitié pouvait être forte au point de briser une personne. Je pense que c'est ce qui a fait que je sois si renfermé sur moi même par la suite. Solitaire, individuel, froid par moments, sarcastique par d'autres, mais toujours sur mes gardes. J'ai décidé de ne plus compter que sur moi-même et de ne plus dépendre affectivement de quelqu'un qui puisse me faire retomber dans le même piège. Je suis devenu mon propre meilleur ami, mon seul confident, l'unique personne sur qui me reposer. Et ce n'était pas plus mal.

Mais le souvenir de Théodore me hante encore, quelques fois, lorsque la solitude devient un peu trop pesante.

.

.

« He never ever saw it coming at all
He never ever saw it coming at all
He never ever saw it coming at all

But it's all right, it's all right, it's all right...»

.

« Mlle Zabini ? »

Ma mère se leva immédiatement de sa chaise tandis que je prenais le temps de replier mes longues jambes causant mon bon mètre quatre vingt neuf avant de daigner enfin dévisser mon derrière du siège. Une femme – type mégère aigrie : cheveux poivre et sel tirés en un chignon d'institutrice des années 20, tailleur gris morne dont la jupe descendait presque jusqu'au milieu du tibia, traits crispés et sévères, lèvres pincées – avançait énergiquement vers nous, un dossier coincé sous son bras. Arrivée à la hauteur de ma mère, elle lui tendit solennellement la main.

« Bonjour, je suis Minerva McGonagall, directrice du lycée POUDLARD. »

« Enchantée. » répondit d'une voix chantante ma mère tout en serrant la main de la dénommée Minerva de ses doigts gantés avant de se tourner vers moi : « Voici Blaise Richard Zabini, mon fils. »

J'avoue encore ignorer pourquoi est-ce qu'elle se sent toujours obligée de donner mon deuxième prénom à chaque entretien que nous passons avec la direction de mes différentes écoles. Déjà que mon prénom est moche, autant ne pas remuer le couteau dans la plaie.

« Bonjour Madame. » fis-je néanmoins d'un ton poli en lui serrant la main.

Cette-dernière m'ausculta un instant des pieds à la tête, pinçant si bien des lèvres qu'elles en étaient à présent bleues.

Il faut dire que je ne m'étais pas tellement foulé pour l'habillement, contrairement à ma mère qui affichait un look impeccable, comme d'habitude. J'avais mis une chemise à carreaux rouges bordeaux et noirs avec un jean délavé True Religion qui m'avait à l'époque ruiné et des Converses tout ce qu'il y a de plus classiques. Mes seuls accessoires étaient ma chaîne à maille forçat en argent accrochée à mon cou, ma montre au poignet gauche et ma chevalière au majeur de la main droite. C'était tout. Je m'étais réveillé d'une humeur assez minimaliste, comme à peu près tout les jours.

Ce qui n'avait pas été le cas de Maman Zabini. Comme d'habitude, elle avait fait preuve d'une irréprochable coquetterie, perchée à plus de dix centimètres de talon du sol sur ses escarpins fermés. Elle portait une robe noire rétro à col rond et manches trois quart, des gants en satins noir s'arrêtant en manchettes un peu plus loin sur les poignets. Ses cheveux noir avaient été remontés en un chignon banane très Audrey Hepburn sur lequel était perchée une voilette lui tombant jusqu'au niveau du nez. Si Imane Zabini n'avait pas été ma génitrice, je serais tombé sous son charme à la seconde. Car ma mère – et je l'affirme sans une once d'orgueil ni quoi que ce soit car c'est tout simplement un fait indiscutable : – est d'une effroyable beauté. Effroyable car souvent fatale pour tout spécimen masculin croisant sa route, mais à couper le souffle.

« Suivez-moi. » nous dit Mme McGonagall.

Nous suivîmes donc le Maître dans les méandres de l'étage et arrivâmes devant une grande porte en bois. La directrice fouilla dans ses poches puis déverrouilla la serrure et, grand seigneur, nous fit entrer dans son bureau avant elle même.

Ça sentait le vieux. Des tableaux accrochés aux murs au mobilier d'époque meublant la pièce en passant par les trophées exposés sous vitre dans l'étagère de droite. J'en glissais un mot à ma mère qui me fit les gros yeux, me lançant son célèbre regard 'Blaise, ne fait pas tout foirer espèce d'imbécile et reste surtout très tranquille'.

« Prenez place, je vous en prie. » fit la directrice en s'asseyant elle-même dans son large fauteuil en cuir crème.

Je m'assis à côté de ma mère qui croisait déjà des jambes. Mme McGonagall ouvrit alors le dossier qu'elle tenait sous son bras depuis tout à l'heure et le feuilleta tout en ajustant ses lunettes.

« Blaise Richard Zabini, c'est bien cela ? » récita-t-elle en lisant une des feuilles placée sous son nez avant de passer à une autre.

« C'est cela. »

« Vous avez donc dix-sept ans... »

« Tout juste. »

« Et vous êtes actuellement en Terminale S. »

« S, c'est ça. »

Mme McGonagall mouilla son index afin de tourner la page avec puis lut encore.

« Vous étiez scolarisé au lycée Georges Meyers à Southampton il n'y a même pas deux semaines...pourquoi ce brusque changement d'établissement en plein second trimestre ? » demanda-t-elle en levant la tête vers nous d'un seul coup.

Ma mère décroisa des jambes puis les recroisa de l'autre sens, signe qu'elle était nerveuse. Je sentais ses yeux me transpercer télépathiquement.

« Nous venons tout juste d'apprendre que mon grand père est malade et nous avons décidé d'un commun accord de venir emménager à Bristol pour l'aider, étant donné qu'il habite ici et que les temps sont...sont très durs pour lui en ce moment. » ai-je mentis sans aucune réelle difficulté. « Il est très souffrant et...et... »

Ma voix se cassa et je me cachais rapidement ma figure en reniflant.

« Je suis désolé... » soupirai-je tandis que je sentais déjà la main de ma mère me presser affectueusement le genoux.

« Il est très émotif lorsque l'on parle de son grand père. » expliqua-t-elle d'une voix douce à une Mme McGonagall qui devait être toute bredouille. « Blaise et lui sont très proches depuis qu'il est né et ça a été un choc pour lui d'apprendre qu'il était atteint d'une tumeur au cerveau. Un très grand choc. »

« Oui, oui, je comprends... » faisait la directrice d'un ton plus humain que précédemment. « Oui, c'est sûr que ce n'est pas évident... »

Je reniflais misérablement puis me redressais en secouant la tête tandis que ma mère me lançait un regard soucieux.

« Je suis vraiment désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris... » fis-je d'une voix faible en levant la tête vers Mme McGonagall.

Cette-dernière affichait en effet une mine déconfite, totalement prise de cour par ce qu'il venait de se passer. Elle portait à présent un nouveau regard sur le petit métis assis en larmes devant elle, je le sentais. Et c'était justement le but.

« Je...non, c'est moi. Cette question était horriblement indiscrète, je ne sais pas du tout ce qui m'a pris de vous la poser. » s'empressa-t-elle de s'excuser.

Je reniflais encore en secouant la tête, acceptant ses excuses – après tout, c'était elle qui s'était déclarée fautive.

« Mais euh...mais en tout cas, d'après ce que j'ai put lire et voir de vos résultats, vous êtes un élève très brillant Mr Zabini, très brillant. Votre parcours scolaire est certes très mouvementé mais impeccable. Il me semble même que... » Mme McGonagall consulta ses feuilles une nouvelle fois : « ...oui, c'est bien ça. Vous étiez deuxième meilleur élève de tout le niveau de Terminale de votre ancien lycée et vous veniez tout juste de prendre la tête du classement avant que vous n'y soyez déscolarisé. Georges Meyers a d'ailleurs eu du mal a laisser partir un aussi bon élément que vous vers une école concurrente et performante comme la notre. Et je la comprend aisément. » ajouta-t-elle en m'offrant – ô miracle – un rictus amical.

« Il est vrai que mon fils a toujours eu le goût du travail bien fait et de la réussite. C'est un challenger dans l'âme, un battant. Je n'ai jamais eu de problèmes au sujet des études avec lui. » renchérit ma mère en me couvant d'un regard fier, derrière sa voilette noire.

« Voilà qui est une très bonne chose, Mlle Zabini, une très bonne chose. » acquiesça Mme McGonagall en hochant la tête. « Si tout le monde pouvait être aussi assidu que lui... »

Elle ferma la pochette du dossier puis joignit ses mains fripées et tachetées entre elles.

« En tout cas, inutile de vous dire que vous faites parti de la grande maison POUDLARD dès aujourd'hui Mr Zabini, n'ayez aucune crainte là-dessus. Je vais dès à présent vous distribuer votre carnet de liaison... » dit-elle en me tendant le petit cahier couleur ocre que je pris avec un sourire gourmand – je collectionnais les carnets et cartes de mes anciens établissements. « ...sur lequel vous devez appliquer votre photo et plastifier le tout après avoir bien évidemment inscrit votre nom en bas. Je vous invite également à lire très attentivement le règlement intérieur afin que vous n'ayez pas de mauvaises surprises. Voici aussi votre carte de cantine et de sortie... »

S'ensuivit un défilé de papiers administratifs et d'explications dont je laissais soin à ma mère de se coltiner puis de me traduire ensuite l'ensemble si nécessaire. Je restais dans l'arrière plan un instant, les deux voix féminines en bruit de fond dans mes oreilles, observant les différents cadres et tableaux accrochés aux murs.

« ...oui, bien sûr, inscrivez-le ! Cela plaira à Blaise, lui qui est si casanier. »

Hein ?

« Que...de quoi est-ce que vous parlez ? » demandais-je de but en blanc en faisant la navette entre Mme la Directrice et ma mère, totalement largué. « M'inscrire où ? »

« Mais au basket mon chéri ! Il paraît qu'il reste une place, un des joueurs a été renvoyé. » m'informa ma mère avec un grand sourire, si grand que cela devait presque lui crisper la mâchoire – sourire que je ne connaissais que trop bien et qui signifiait : 'Allez, accepte, accepte, accepte, accepte !' *à dire sur un ton assez féroce*.

« Et puis vous avez tout pour pratiquer ce sport en plus. » appuya Mme McGonagall qui, depuis, ne lâchait plus son sourire bienveillant. « La taille, la carrure, la...enfin, absolument tout ! Ce serait bête de passer devant une occasion pareille. »

Je ne pus m'empêcher une petite risette amusée en la dévisageant. « La taille, la carrure, la... » Oui ? La..? N'ayez pas honte, finissez donc vos phrases McGonagall. Assumez le fond de votre pensée. La couleur de peau, n'est-ce pas ? Je mettrais mon bras à couper que c'étaient les trois mots qui lui démangeaient méchamment les lèvres. Je secouais la tête. Elle me faisait rire notre petite directrice nationale.

« Le capitaine de l'équipe sera très content d'apprendre que l'équipe sera enfin au complet. Je lui dirais de venir vous voir à la fin des cours ou à la coupure du midi. Vous verrez, vous ne regretterez pas du tout. »

« Et puis ça te changera, ça te fera voir du monde. »

Je roulais des yeux. Ma mère était toujours allée à l'encontre de ma philosophie de solitude forcée. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne ramenais pas de copains à la maison, pourquoi je ne lui présentais pas de petite copine, pourquoi je n'étais jamais invité à une fête, pourquoi je passais tout mon temps enfermé dans ma chambre au lieu de le passer au téléphone...elle ne comprenait tout simplement pas. J'étais un beau garçon, sans histoires, sociable, jovial, j'avais tout pour plaire...alors pourquoi ?

Et j'ai peur de lui dire que c'est à cause d'elle.

A cause de ce train de vie qu'elle impose. A cause de tout cela. A cause de tout ce que ça inflige comme sacrifice. J'étais un enfant à l'époque, je ne savais pas. Maintenant que je suis adulte, je ne fais que me protéger. Je me suis interdit d'accorder de l'affection à autre chose qu'à ce qui m'appartiendra jusqu'à la tombe. Voilà tout.

Mais le regard de ma mère était si suppliant qu'après avoir prit une grande inspiration, je finis par dire :

« D'accord. Inscrivez-moi mais je ne vous promets rien. »

Cela sembla marquer l'happy end de l'entretien car la directrice se leva de son bureau en frappant des mains.

« Parfait, je vais donc m'occuper de toutes les démarches nécessaires pour que tu puisse rentrer dans l'équipe. A présent... »

Elle contourna l'imposante table en bois pour se diriger vers la porte.

« ...je vais te conduire à ta classe. Il faut donc que tu dise au revoir à ta maman le temps d'une journée ! » me dit-elle d'un ton qui faillit me faire éclater de rire – on aurait dit qu'elle parlait à un petit CP qui ne voulait pas se détacher de sa mère lors de son premier jour d'école. « Je vous attend dans le couloir. »

Et elle sortit tandis que je secouais la tête avec un rictus hilare.

« Qu'est-ce qui te fais rire ? » me demanda ma mère après que la porte ne se fut fermée sur Mme McGonagall.

« Elle. C'est elle qui me fait rire. » répondis-je en haussant des épaules avant de me tourner vers elle. « Ça a été du gâteau, hein ? »

Elle eut un petit sourire bien que ses yeux gardaient une certaine expression triste.

« Tu devrais faire attention à ce que ton nez ne s'allonge pas, à force. » me taquina-t-elle en me pinçant affectueusement la joue.

« Je te retourne le conseil. » lui fis-je en lui adressant un clin d'œil.

Nous eûmes un regard entendu puis elle me prit la main.

« Tu feras bien attention à toi mon chéri, hein ? Tâche d'être exemplaire, ne te fais surtout pas remarquer dans le mauvais sens. » me dit-elle avant d'embrasser le dos de ma main et d'y laisser une trace de rouge à lèvre carmin au passage.

Je hochais la tête.

« Promis. »

« Tu sauras te retrouver pour rentrer ? » me demanda-t-elle en relevant la tête.

« Maman, tu me vexe là... »

« On ne sais jamais. Appelle-moi au moindre petit soucis. »

« Il n'y en aura aucun. »

« Et tu as assez d'argent ? »

« J'en ai même trop. »

Je secouais la tête puis pris ma mère par les épaules en riant.

« Maman, tout va bien se passer. Arrête d'être nerveuse à ma place. Tout ira bien. »

Elle pencha la tête de côté, pas très assurée.

« Si tu le dis... »

Je ne sais pas ce que notre chère directrice nationale faisait lorsque nous sommes enfin sortis de son bureau. Enfin, plutôt, je ne sais pas quel était le but de ce qu'elle faisait. Elle grattait le papier peint du mur du bout de l'ongle de son index avec un air hyper sérieux vois même contrarié, le nez plissé.

Atteinte, je vous dis, atteinte.

« Ah, vous êtes là ! » sursauta-t-elle en nous voyant. « Eh bien nous allons y aller Mr Zabini... »

« Merci beaucoup de nous avoir reçu Mme McGonagall. » la remercia ma mère en lui serrant à nouveau la main.

« Il n'y a pas de quoi, Mademoiselle, passez une bonne journée. »

« Vous aussi ! »

Elle m'envoya un baiser à distance en souriant puis s'éloigna dans le couloir, ses talons claquant avec rythme sur le carrelage. La directrice se mit alors en marche et me fit signe de la suivre.

« En tout cas, vous avez une mère très élégante Mr Zabini. » me fit-elle part tandis que nous montions un escalier à marches transparentes menant à l'étage supérieur.

« Hum, merci beaucoup Madame. »

Comme chaque fois que l'on me faisait ce compliment, je ne pouvais m'empêcher d'avoir ce sourire à la fois stupide et fier aux lèvres. Je me concentrais sur les talons de mémère de ma future directrice martelant le sol en cadence devant moi.

Et c'est là que je le ressentis. Doucement mais sûrement. Il montait en moi. Le stress. Comme chaque fois que je débarquais dans une nouvelle école. Au fur et à mesure que mes pas me rapprochait de ma future classe dans laquelle je finirais – peut-être – mon cursus scolaire, je commençais à tout appréhender. Il y avait d'abord cette boule dans l'estomac. Vous la connaissez cette boule. Elle monte, elle monte, elle bloque en plein milieu de ma gorge. Puis mes mains devinrent de plus en plus moites. Et les talons de Mme McGonagall frappaient impitoyablement le sol devant moi, nous rapprochant du but.

J'avais soudainement peur de tout. Du regard des autres, de leur jugement même si j'étais déterminé à rester seul, de la façon dont on m'observerait, des chuchotements sur mon passage, des rires.

Surtout des rires.

« Nous y voilà. » fit Mme McGonagall en s'arrêtant devant une porte tout ce qu'il y a de plus banale sur laquelle était écrit 'TERMINALE ES/S'.

Elle toqua trois coups à la porte et s'ensuivit un silence d'à peu près quatre secondes durant lesquelles je perçu nettement ma respiration.

« Entrez. » fit une voix masculine pas très engageante.

Respire Blaise, respire.

Mme McGonagall ouvrit donc la porte sur près d'une trentaine d'élèves. Il y a de ces moments où je remercie Dieu de m'avoir donner cette magnifique couleur de peau basanée car mes joues chauffaient tellement à la vue de ces millions de regards braqués sur moi que je serais devenu plus que rouge pivoine.

« Je vous amène votre nouveau camarade de classe, Blaise Zabini. Il est en section S et je vous serais grée de faire en sorte qu'il se sente parfaitement intégré et à l'aise dès les premières heures de cours. » fit Mme McGonagall aux Terminales assis devant elle en prenant un ton presque menaçant.

Et sur ce, elle se tourna vers moi et m'adressa un regard confiant avant de me lâchement laisser tomber dans la fosse aux lions.

J'étais anesthésié même si cela ne devait certainement pas se laisser transparaître de l'extérieur. J'étais aussi droit qu'un piquet et aussi immobile qu'une statue de pierre, les yeux exorbités.

« Bien, voici donc le petit nouveau. Blaise, c'est ça ? » me demanda le professeur perché à l'estrade – un homme au teint cireux et aux longs cheveux noirs poisseux et gras vêtu comme un jour de deuil.

Je hochais la tête tel un automate.

« Je suis le Mr Rogue, professeur de mathématique mais aussi professeur principal des Terminales ES/S. Enchanté de t'avoir enfin parmi nous. »

J'esquissais un sourire crispé en balayant nerveusement la classe des yeux, mes mains n'étant même plus au stade 'moites' mais plutôt au stade 'trempées'. Mes yeux survolaient rapidement les rangées de Terminales qui me scrutaient tous, me détaillant, me décuplant du regard.

Et puis ce fut comme si mes yeux venaient de se prendre une énorme gifle. Comme si je venais de recevoir une décharge électrique de plusieurs milliers de Volts. Comme si j'avais été aveugle depuis ma naissance et que je venais de recouvrer la vue.

Je l'ai vue.

Elle.

Ce fut comme un flash.

Ma tête a refusé de bouger.

Je ne rigole pas : ma tête a littéralement re-fu-sé de bouger. Mon cerveau, mes neurones, mes nerfs, tout ça : déconnectés. Tous. Je ne faisais que contempler. Je ne savais même plus ce qui m'arrivait, où j'étais, ce que j'y faisais. L'espace de quelques secondes, je ne savais même plus qui j'étais. J'avais perdu tout contrôle. Tout ce que je savais, c'était que je la voyais, elle.

Elle s'est redressée de la table du premier rang où elle était presque affalée quelques instants plus tôt et m'a dévisagé, surprise. Ses sourcils fins encadrant ses yeux couleur ambre se sont haussés et ses lèvres, des lèvres charnues peintes d'un rouge foncé froid, ont mimés un « Quoi ? » qui n'a pas suffit à remettre mon cerveau en marche. C'étaient de longues boucles châtains dorées qui lui tombaient sur les épaules et dont la longueur m'était cachée par la table. Elle jouait distraitement avec quelques mèches, les enroulant sur son index puis son majeur, avant que mon regard ne se soit figé sur elle. Définitivement sur elle. Et sur personne d'autre par la suite.

Je n'ai pas tout de site compris. J'ai mis du temps avant de comprendre ce qu'il en était. Mais ça a été l'instant déclencheur de mon obsession pour cette fille.


[Hermione]

.

« I don't need an education
Just a microphone's intoxication
And I can't deal with concentration
Give me tongues and stimulation
»

.

« C'est quoi ça ? »

Lavender attrapa le flacon et lut l'étiquette.

« Ativan Lorazepam... Qu'est-ce que c'est que ce putain de charabia ? » grimaça-t-elle tandis que Parvati pouffait de rire, assise sur le rebord de la baignoire.

Je soupirais en secouant la tête puis lui arrachais le flacon des mains.

« Fais moi voir ça... »

Je lus en diagonale l'étiquette du médicament puis ouvris le bouchon et fit descendre dans ma paume de main deux cachets qui atterrirent l'instant d'après dans le fond de ma gorge. Lavender, les jumelles Patil et Angelina me scrutaient, anxieuses, avaler les deux comprimés consécutivement sans broncher.

« Ça devrait faire l'affaire. » fis-je en regardant le flacon une fois encore avant de le tendre à nouveau à Lavender. « Vas-y. » l'incitais-je d'un signe de tête.

Elle considéra le flacon avec une hésitation presque palpable puis leva la tête vers moi, limite suppliante. J'eus alors un rictus méprisant.

« Quoi ? T'as peur ? » ricanais-je en secouant la boîte encore pleine.

Lavender secoua la tête en signe de négation bien que ses yeux en disaient tout le contraire. Mauviette. Pas étonnant que son mec s'emmerdait à mourir avec elle. Elle n'expérimentait jamais rien de nouveau.

« Eh bah alors prends en ! Où est-ce qu'il est le problème ? »

Elle prit une inspiration puis récupéra le flacon d'une main tremblante et l'ouvrit. Elle fit sortir un cachet, puis un deuxième, et porta enfin le tout à ses lèvres comme quelqu'un à qui l'on mettrait le couteau sous la gorge. Elle tendit ensuite la boîte de médicaments à Padma qui en fit de même.

« Eh ? Qui est-ce qui est là ? J'ai besoin de pisser ! » hurla une voix masculine derrière la porte, par dessus la musique rock qui faisait trembler presque tout les murs de la maison.

« Tu n'as qu'à te retenir encore un peu ! On est occupées là ! » lui criais-je avant de me retourner vers Angelina qui piochait les deux derniers comprimés avec une lenteur inconcevable. « Punaise Angie, mais grouille-toi ! »

La grande Noire hocha la tête puis porta enfin le médicament à sa bouche avec une moue abjecte.

« T'es sûre que...'fin, il n'y aura pas d'effets secondaires ? » me demanda Padma tandis que je lançais le flacon vide dans la poubelle située près de la baignoire.

Je lui lançais un regard amusé depuis le miroir surplombant le lavabo en céramique blanche. Comme chaque fois qu'elle était nerveuse, elle jouait avec le pendentif en forme de soleil de sa chaîne en jetant des coups d'œils nerveux partout autour d'elle.

« T'as peur de mourir Patil ? » fis-je, mon sourire s'élargissant en voyant que ma remarque avait fait sursauter d'effroi sa sœur jumelle. « Rassure-toi au moins en te disant que tu as quand même eu le temps de t'éclater comme il se doit avant. Du maquillage, quelqu'un ? Parce qu'on a vraiment des têtes de malheureuses là. »

Ce fut comme si j'avais enfin ramené le véritable sujet de préoccupation sur la table. En moins de cinq secondes, les filles me rejoignirent à côté de la vitre et commencèrent à examiner leurs reflets tandis que Angelina dégainait sa trousse de cosmétique. Nous nous servîmes chacune à notre tour dedans, se partageant le miroir à cinq. Un petit coup de mascara par ci, un trait de Rimmel par là, une légère touche d'ombre à paupière, un petit coup de brosse, un peu de fond de teint, une épilation express à la pince et ça y était.

« Ce soir, je me fais tout les mecs qui sont dans cette salle. » décréta Parvati en finissant son trait de crayon sous son œil droit.

« On se les partagera. » répliqua Padma qui se passait la main dans ses longs cheveux noir jais pour leur donner plus de volume.

« Encore faut-il que je vous en laisse en rab' les filles ! » leur tirais-je la langue en fermant la trousse de maquillage avant de la tendre à Angelina. « Allons tester notre pouvoir de séduction. »

C'était Marcus, le mec derrière la porte. Il se tenait l'entrejambe en trépignant sur place lorsque Lavender a déverrouillé la porte. En nous voyant sortir, la vision du groupe a semblé le calmer pour un instant car il nous a dévisagé toutes les quatre d'un air presque ébahi, avec cet éternel sourire pervers qui me donnait envie de le planter chaque fois que je le voyais.

« Aaah...c'était donc vous qui étiez 'occupées' hein ? Et on se demande à quoi, enfermées à cinq dans une seule petite salle de bain... »

« Va donc voir dans la cuvette des toilettes si on y est est Flint. » le rembarra Angelina en roulant des yeux tandis que j'avançais sans prendre grande attention aux insinuations de ce triste idiot en manque.

« Toi tu dois sûrement y être, oui. De toute façon, il n'y a que là qu'on peut trouver la merde dans votre genre. » siffla-t-il.

Je m'arrêtais d'un coup, manquant d'entrer en collision avec Lavender et les jumelles qui calquaient mon pas derrière moi.

« Attends...qu'est-ce que tu viens de dire ? » fis-je d'une voix calme mais extrêmement glaciale au joueur de milieu de terrain de l'équipe de basket du lycée.

Le sourire de Marcus vacilla légèrement mais il garda tout de même de la contenance.

« Je ne t'ai pas parlé Granger, alors je ne vois même pas de quoi tu te mêle. »

« Justement, ça me regarde en tout sombre con. Parce que si t'insulte l'une de nous, tu m'insulte. Alors vas-y, répète ? »

Les gens commençaient à s'attrouper autour de nous. Voyant Marcus regarder tout autour de lui, mal à l'aise, j'eus un rictus victorieux.

« C'est bien ce que je me disais. Sous-merde. La prochaine qu'il te viendra à l'idée d'insulter une des filles de ma bande à cause de sa couleur de peau, t'as intérêt à y repenser à deux fois. » lui crachais-je en lui lançant mon regard le plus dégoûté.

Sur ce, j'opérais une sortie en beauté en tournant des talons et fendant la foule, les filles dans mon dos, jusqu'au salon où se déroulait le cœur de la fête.

« Merci beaucoup ! » me cria Angelina par dessus « Living Like Blood » des Killing Jokes mis à pleins régimes dans la pièce.

J'attrapais un verre de ponch en hochant la tête.

« On allait tout de même pas se laisser marcher sur les pieds par un con pareil. Qu'il aille se faire foutre. » fis-je en appuyant mes paroles d'un cul sec. « Il faudrait qu'on le vire de l'équipe. »

Les jumelles Patil s'entreregardèrent, surprises et sceptiques, tandis que Lavender haussait des sourcils.

« Vous n'êtes pas d'accord ? » aboyais-je devant leur manque de réaction.

« Si, si...bien sûr. » s'empressèrent-elles d'acquiescer.

« Mais, hum, Hermione, tu sais, ce n'est pas si grave que ça... » commença Angelina.

« Comment ça, ce n'est pas si grave que ça ? » criais-je par dessus le rock que crachaient les enceintes tout en essayant de me ventiler de la main face aux bouffées de chaleur qui montaient soudainement en moi. « Ce mec s'est vraiment cru tout permis, il t'as insulté, il nous a insulté ! Il ne s'en tirera pas comme ça. Punaise, ce qu'il fait chaud...! »

« Non mais ce n'est pas ce que je voulais dire...c'est juste que je suis habituée à ce genre de chose, ça ne me fait ni chaud ni froid maintenant... »

De la sueur perlait à présent sur mon front ainsi que sur tout le long de ma colonne vertébrale. Je le sentais et c'était très désagréable car mes vêtements moites me collaient à présent au corps. Et je commençais à avoir de plus en plus chaud. Je me ventilais le visage en soupirant tandis que la musique me martelait le crâne. Et puis cette imbécile se bornait à discuter mes ordres.

« Peu importe ! » sifflais-je, l'interrompant une nouvelle fois, agacée. « Ce gars va dégager de l'équipe illico. Draco va le faire dégager, point barre – merde ! Il n'y a pas de clim ? Ouvrez ces fenêtres bon sang, j'étouffe ! » suffoquais-je en désignant le groupe de Secondes affalés dans le canapé placé devant la fenêtre.

Une rousse, que j'identifiais comme étant la Weasley Junior (les roux ne couraient pas les couloirs à POUDLARD), se leva automatiquement du sofa et vint l'ouvrir.

« Ça va ? » me demanda Lavender tandis que je m'asseyais sur l'accoudoir du fauteuil.

Je hochais lentement la tête en signe d'approbation alors que mes cheveux me collaient à présent au tempes et que je me sentais toute poisseuse. Non, ça n'allait pas. Ces médicaments étaient décidément trop forts. Et pourquoi est-ce que ces mêmes effets ne s'opéraient-ils pas chez les autres ?

A moins qu'elles ne les aient pas pris.

Je levais la tête et, en effet, elles avaient toutes l'air beaucoup plus fraîche et dispo que moi. Padma reluquait même un Terminale L qui dansait au milieu de la salle avec un sourire idiot. Minable.

« Passe-moi un verre. » ordonnais-je à Lavender en tendant la main vers la table du buffet où s'alignaient une myriade de gobelet multicolore remplis de ponch.

« Ce n'est pas forcément une bonne idée Hermione, dans ton état. »

« Et quoi ? Je suis mourante, c'est ça ? »

« Tu as déjà avalé des trucs, alors si tu combine le tout avec l'alcool, ça ne fera pas bon mélange. Ton estomac va être, genre, bousillé. »

« Et alors ? Ce n'est pas un verre que je vois dans ta main là ? Pour toi aussi, ça ne fera pas très bon mélange avec les médocs... à moins que... suis-je bête ! Tu n'en a même pas pris. » répliquais-je d'un ton venimeux tandis que Lavender rougissait violemment.

Je me levais donc de moi-même pour prendre mon verre sur la table et attrapais au passage une bouteille de Grey Goose pour y verser un petit fond. Je portais enfin le gobelet à mes lèvres et avalais le tout d'une traite tout en regardant Lavender avec un air de défi.

Et ce fut tout ce dont je put me souvenir de cette soirée.

.

.

« Drunk girls know that love is an astronaut
It comes back, but it's never the same
»

.

Je penchais une nouvelle fois ma tête dans la cuvette pour vomir de la bile tout en retenant ma masse de cheveux. Ma gorge brûlait et mes yeux me piquaient tandis que les haut-le-cœur me soulevaient littéralement l'estomac. Une fois, deux fois, trois fois. J'attendis une quatrième rechute qui n'arriva finalement pas et me relevais alors en titubant, un goût acide et dégoutant dans la bouche. Me tenant au mur, totalement lessivée, je me traînais jusqu'au lavabo puis piochais une brosse à dent au hasard dans le pot et vidais dessus presque toute la moitié du dentifrice.

J'avais un mal de tête de chien. Une gueule de bois féroce. Un teint à faire pâlir un mort. Des cheveux si gras que l'on pouvait faire des fritures avec. Des cernes si creusées que l'on croirait qu'elles avaient été sculptées à la pierre. J'étais effrayante et le dentifrice ornant le contour de ma bouche n'arrangeait pas les choses. Je me rinçais bruyamment la bouche puis me passais de l'eau froide sur le visage.

Le pire étant que je ne savais même pas j'étais.

Quelle maison ? Quelle fête ? Quelle ville ? Niet, nada, aucun souvenir. Je soupirais, les mains reposées sur le rebord du lavabo. Mon verni bleu nuit était écaillé sur le pouce, le majeur et l'index. Lançant un regard circulaire à la salle de bain, mes yeux tombèrent sur une serviette sagement pliée sur le panier à linge. Voilà ce qu'il me fallait pour le moment. Une bonne douche tiède pour me faire émerger. Après être allée verrouiller la pièce, je commençais à me déshabiller. Ma robe bustier noire était dans un bien triste état, des tâches suspectes parsemant le tissus dentelé. C'était dommage, j'avais tout de même déboursé près de 200 Livres pour me payer cette petite merveille chez IKKS. Mais bon. La piétinant, j'ôtais mes sous-vêtements puis entrais dans la cabine et décrochait le pommeau de douche.

Puis, les yeux fermés, je me concentrais sur le bruit de l'eau.

.

.

Qui que soit le propriétaire de cette maison, elle se trouvait dans un capharnaüm sans nom. Le sol était un véritable cimetière de bouteilles d'alcool vides, de gobelets et de canettes de bierre vides. Quelques lycéens ivres roupillaient encore, entassés les uns sur les autres, la plupart ayant sur le corps des inscriptions débiles faite au marqueur et à leur insu. Des restes de joints et de nourritures traînaient par terre. Je ramassais une cigarette abandonnée au sol puis, un peu plus loin, un briquet et me dirigeais vers l'entrée tout en frictionnant mes cheveux mouillés à l'aide de ma serviette. Au moment d'enjamber le cadavre assoupi d'un Première ES affalé devant la porte d'entrée en caleçon, je distinguais un portable renfermé dans sa paume et le lui pris des mains. Après tout, j'en avais besoin étant donné que le mien se trouvait perdu quelque part dans cette maison. M'asseyant en tailleurs sur la véranda de l'entrée, je composais machinalement le numéro d'Angelina puis, callant le portable contre mon épaule, portais la cigarette à mes lèvres pour y diriger la flamme du briquet.

« 'lo ? » grommela-t-elle d'une voix endormie au bout de la cinquième tonalité.

« C'est moi. Où est-ce que vous êtes ? »

Il y eut un bruissement de drap puis Angelina se racla rapidement la gorge.

« Hermione ? C'est toi ? » demanda-t-elle d'une voix plus éveillée.

« Qui d'autre ? Bref. Où êtes-vous ? J'ai peur de me perdre quelque part dans cette baraque en vous cherchant. Je suis dehors, grouillez-vous de sortir. »

« Hum... » commença-t-elle d'un ton gêné. « On est...on est rentrée chez nous pendant la nuit, tu sais. »

Je fis un rond de fumée avant de tapoter sur ma cigarette pour ôter la cendre de l'embout cramé.

« Vous êtes rentrées sans moi ? »

« Bah, euh, oui, désolée. Mais comme t'avais l'air de t'amuser, on a préféré te laisser là-bas. Nous, nos parents nous avait dit d'être de retour pour une heure du matin, grand max. C'est relou mais bon... Puis tu connais mon père...je serais rentrée à 1h01, ça aurait été une affaire d'état. Ceux des jumelles sont encore pires alors... »

« Et comment est-ce que je fais pour rentrer ? Je ne sais même pas où je suis. Je me souviens de rien, ou presque. » sifflais-je en portant ma clope à ma bouche. « Enfin bref, ce n'est pas grave, je vais me débrouiller. On se voit au lycée demain. » fis-je en marquant la fin de la conversation avant de couper la communication.

C'était censé la faire culpabiliser. Normalement, ça marchait à tout les coups. Je dis bien, normalement. Et si ça marche, elles seront donc aux petits soins pour moi – du moins, plus que d'habitude – pendant tout le reste de la semaine pour se faire pardonner le fait de m'avoir lâchement laissée tombée.

J'inspirais une bouffée de fumée pour la ressortir par le nez puis collait ma tête contre la façade de la maison en soupirant. Il faisait frais dehors, mais pas trop. Juste ce qu'il fallait. Un temps printanier, un temps comme je les aime. Je n'avais aucune notion du temps ; peut-être était-ce le matin ou, au contraire, le milieu de l'après-midi. Je portais à nouveau ma cigarette à ma bouche.

Nos parents nous avait dit d'être de retour pour une heure, grand max.

J'eus un rire jaune. Imaginer mes propres parents me mettre une limite d'heure pour rentrer était quelque chose de statistiquement impossible. Les imaginer me mettre une limite tout court d'ailleurs. Les imaginer tout simplement requerrait beaucoup de créativité et d'imagination. Ou une très grande mémoire. Méchante Hermione. Bof, ne serait-ce qu'un peu. Et puis ça ne faisait pas de mal.

« On rigole toute seule maintenant ? » fit une voix masculine traînante dans mon dos qui me fit tressaillir.

Je ne relevais même pas sa remarque, tirant à nouveau sur ce qui, d'après la boîte de cigarettes, pouvait me provoquer un cancer des ovules ou je ne sais quelle autre connerie.

« Ta garde rapprochée n'est pas là ? » essaya-t-il encore en venant s'accouder contre la rambarde en bois du balcon de la véranda, juste devant moi.

J'expirais un halo grisâtre de nicotine, contemplais le niveau de ma cigarette puis posais enfin mes yeux sur lui.

Il venait apparemment de prendre sa douche, lui aussi. Il faut bien qu'on ai au moins un point en commun... Sa chemise blanche, tout boutons ouverts, dévoilait ce célèbre torse imberbe à la musculature discrète mais affirmée que le lycée tout entier pouvait admirer à loisir lors de la séance de jetage de maillot collectif à chaque victoire de l'équipe. Il portait un jean basique, un peu déchiré, et était pieds nus, ses pas laissant des traces humides sur le sol en bois de la véranda. Ses cheveux blonds oxygénés mouillés avaient été plaqué en arrière, un épis lui tombant cependant sur l'œil droit, trempant dans le l'océan bleu de ses yeux. Et ce sourire sur ses lèvres. Sourire du mâle orgueilleux qui savait et qui ne doutait pas une seule seconde de son pouvoir de séduction. Sourire suffisant, débordant d'égo, charmeur à souhait. La marque de fabrique Malfoy. Même lorsqu'il dormait, il l'avait.

« Jour de congé. » répliquais-je avant de prendre une nouvelle taffe.

« Je ne te savais pas aussi permissive. »

« Il le faut bien, tu sais, pour éviter que le peuple ne se soulève ensuite contre son chef pour mauvais traitements. »

« Et je suppose que c'est toi le chef, mmh ? » pouffa-t-il en secouant la tête tandis que je rejetais une volute de fumée tout en évaluant à nouveau la taille de mon mégot. « Ahlala, Hermione Granger... »

S'ensuivit un silence. Ce n'était ni un silence gêné, ni un silence forcé. Simplement un silence. J'écrasais ma cigarette sur le palier tout en me redressant.

« Tu as ta voiture ? » lui demandais-je.

Il me montra du menton le coupé sport BMW vert émeraude garé un peu plus loin dans la rue. Je rejetais la fumée contenue dans mes poumons.

« Ramène moi chez moi. »

Il haussa des épaules puis sortit sa clé et ouvrit la BM à distance. Je le suivis jusqu'à la voiture. Il m'ouvrit la porte passager puis fit le tour pour aller à la place conducteur.

Le voyage se déroula sans que l'un de nous deux ne dise un seul mot. Il ne quittait pas la route des yeux tandis que je regardais le paysage défiler de mon côté. Nous étions apparemment au fin fond de la campagne de la banlieue de Bristol – comment diantre avions-nous put nous retrouver là la nuit dernière ? Ce devait être un vieux plan de Lavender à tout les coups. Ils étaient tous foireux. La dernière fois qu'elle nous a conseillé d'aller faire la bringue quelque part, nous nous étions retrouvées en plein centre-ville de Londres dans une espèce de boîte SM où chacun devait se promener avec des tenues en latex moulantes et un fouet.

Peu à peu, les immeuble, la périphérie de Bristol, les enseignes de magasins, la population commencèrent à réapparaître. Je me redressais, me sentant à présent un peu mieux. Un peu plus chez moi. Draco bifurqua vers l'est de la ville, en direction des quartiers huppés de Bristol. Les tours et logements sociaux commencèrent peu à peu à s'effacer au profit de grandes maisons avec jardins et piscines, de belles voitures allemandes garées devant le garage. Je me ré-appuyais contre la vitre en soupirant, molle.

« Terminus. » fit Draco en coupant le contact de sa BMW.

Je ramenais mes jambes contre moi en contemplant la maison devant laquelle nous venions de nous garer. Le terme « villa » aurait été, à vrai dire, plus approprié. Le genre à trois étages, cinq chambres à coucher, trois salles de bain, un petit coin Spa avec jacuzzi et sauna sans oublier l'indispensable salle de jeu bien sûr. Une maison constamment vide de toute vie.

Ma maison.

« Quelle heure est-il ? » demandais-je en encerclant mes jambes avec mes bras.

« Midi et quart. »

Je hochais la tête et restais un moment sans parler. De toute façon, il n'allait pas non plus me chasser de sa voiture. Il s'était même mis à faire craquer ses phalanges sur le volant, pas l'air pressé du tout.

« Et c'était quoi hier, au fait ? » demandais-je encore.

Draco haussa des épaules en étouffant un bâillement.

« Sais pas... un anniversaire je crois. D'un des gars de l'équipe. Mais il y a eu tellement de squat pendant la soirée que la maison est maintenant dans un joyeux bordel. Je plains les parents lorsqu'ils rentreront. »

« Il n'a qu'à engager une équipe de nettoyage express. En une demi-journée, tout sera nickel. »

Draco eut un petit rire amusé puis se tourna vers moi, un rictus à la fois narquois et incrédule aux lèvres.

« Oui mais tout le monde ne s'appelle pas Princesse Granger, tu sais ? »

« Ne fais pas non plus comme si tu étais si différent. » répliquais-je, agacée.

« J'aimerais l'être, quelques fois. Mais bon. On ne choisit rien après tout. » conclu-t-il sur une note fataliste.

Sur ce, il appuya son bras contre sa portière puis se mit à observer le quartier résidentiel désert de Providence Road. Je poussais un profond soupir en rejetant violemment ma tête en arrière qui cogna contre mon siège.

« Je n'ai pas envie de rentrer...! »

Draco eut un petit sourire, ne quittant pas pour autant sa vitre du regard.

« J'avais deviné. »

« Il y a vraiment des fois où j'ai envie de foutre le feu à cette maison. »

Draco ne répondit pas.

S'ensuivit un énième silence. Nous étions décidément très doué pour ça.

Une énorme Range Rover vint se garer, deux pâtés de maison plus loin. A peine le contact fut-il éteint que la porte du conducteur s'ouvrit à la volée sur un homme en costard, une mallette à la main. Il se dirigea vers l'entrée de son pavillon à grands pas, son portable à l'oreille, le front plissé. Sa femme descendit quelques secondes plus tard, toute de Louis Vuitton et de Valentino vêtue. Elle remonta elle-aussi l'allée d'une démarche princière et salua du bouts des doigts son voisin d'en face d'un geste gracieux tandis que la nounou se dépatouillait comme elle pouvait avec les deux bambins braillards et surexcités qui sautaient du 4x4 et se mettait à courir partout autour du pâté de maison. Je secouais la tête.

On aurait dit un copier-coller de ma propre famille.

« Ah, et au fait » Draco se tourna vers moi : « Tes sbires m'ont parlés hier... »

« Arrête de les appeler comme ça ! »

« Mais c'est ce qu'elles sont, non ? Peu importe. Elles m'ont dit que tu voulais faire virer Flint de l'équipe de basket. »

Je fronçais des sourcils, moi même surprise par cette nouvelle. Ah bon ? J'avais dis ça, moi ? Je ne me souvenais de rien. Et puis de toute façon, je n'ai jamais put le voir ce mec.

Mais ça me revint tout de même, peu à peu. Les cachets, la salle de bain, Angelina et Marcus, les bouffées de chaleurs, le verre de ponch-vodka puis le blackout total. Et enfin, mon réveil, pathétiquement affalée dans le couloir de l'étage, de la bave sur la joue, le corps empestant la sueur, avec une violente envie de vomir tout mon estomac sur le champs.

« Angelina m'a raconté votre altercation d'hier. » continua-t-il en examinant ses cuticules.

« Elle t'a dit ce qu'il lui a dit ? »

« Mmh-mmh... »

« Ce mec est une pourriture. »

Draco haussa des épaules.

« T'es sûre que c'est pas un peu plus personnel cette histoire ? »

« De quoi tu parle ? »

Draco releva la tête et me regarda.

« T'as jamais put respirer le même air que ce mec depuis la Sixième parce qu'il te faisait des crasses. T'es sûre que c'est pour Angelina que tu veux le faire dégager de l'équipe ou bien juste pour toi, par simple vengeance ? »

A moi de hausser des épaules.

« On va dire une pierre, deux coups. » répondis-je sans pouvoir m'empêcher d'esquisser un demi-sourire.

« Bien ce que je me disais... » fit Draco en se remettant à son observation de Providence.

« Ne vas pas encore dire que je suis égoïste Malfoy. »

« Ce mot est sorti de ta bouche, pas de la mienne. »

« Oui mais tu n'en pense pas moins. »

Il se tourna à nouveau vers moi, las.

« Et ça t'importe ? »

Je chassais une mèche de mon visage d'un geste.

« Pas tant que ça. »

« Bon. »

Et il s'en retourna à sa contemplation de la rue vide de toute humanité, sans aucun intérêt. Guettant un nouveau blanc, j'ouvris la boîte à gant juste devant moi qui se mit à vomir une vingtaine de boîtiers de CD. Toutes des compilations. La grande passion de Draco. Il gravait ses coups de cœur musicaux sur des disques vierges qu'il classait par 'feeling' pour les écouter ensuite selon l'humeur qu'il aurait en rentrant dans sa voiture. Ainsi, s'il était en colère, ce serait une compil' de rock pur et dur et de métal qu'il mettrait dans son lecteur. S'il était d'humeur mélancolique, c'était une autre compilation encore, avec des airs assez triste à tempo lent ou irrégulier. Et puis totalement le contraire lorsqu'il était de d'humeur joyeuse.

Draco Malfoy était, à lui seul, tout un monde à découvrir.

« 'Souvenirs' » ai-je lu l'inscription inscrite sur la pochette du premier boîtier qui m'était tombé sous la main. « Pourquoi Souvenirs ? »

« Hmm ? » fit-il en se détachant de la vitre pour se tourner vers moi.

Il prit le boîtier et eut un petit sourire.

« Il y a douze chansons dessus. Elles me rappellent toutes quelque chose, un moment marquant de ma vie ou bien tout simplement un bon moment que j'ai passé. Chaque chanson est caractéristique à un instant de ma vie. »

« Vraiment ? » fis-je en introduisant le CD dans la fente.

Aussitôt après, les premières notes entraînante de « Teen Lovers » des The Virgins résonnèrent dans la voiture. Je me tournais vers Draco et vit qu'il n'était plus là – du moins, dans sa tête. Il contemplait l'écran du lecteur CD, les yeux vitreux, un sourire rêveur aux lèvres.

« Qu'est-ce que ça te rappelle ? » lui demandais-je, curieuse.

Draco releva lentement la tête vers moi, toujours dans les nuages.

« Une fille. »

J'éclatais de rire.

« Une fille ? » répétais-je tandis qu'il hochait la tête, toujours à l'Ouest.

« Mon premier amour. Jade. Je l'ai rencontrée pendant les vacances, lorsque j'avais peut-être quatorze-quinze ans. C'était simple, on ne se prenait pas la tête, on riait de tout, c'était vraiment détente. Je me rappelle qu'elle avait des cheveux blond paille raide et des yeux noisette. Je l'aimais bien. On s'est perdu de vue. »

Il soupira et son sourire devint nostalgique.

« Ouais, on s'est tout simplement perdu de vue... » répéta-t-il.

Il avait l'air plongé dans ses pensées.

Je le regardais, je ne disais rien. Je laissais tout simplement la chanson passer, mes jambes ramenées contre moi, ma tête callée sur le sommet de mes cuisses. Il était beau, pensif comme ça. Son visage était encore plus agréable à regarder.

La deuxième piste du CD prit le relai aux The Virgins et je sursautais en reconnaissant les premières notes du relaxant « Flow » de Sadé.

« Hey ! Mais...mais c'est... »

Je me tournais vers Draco et vu qu'il se moquait de mon ébahissement.

C'était la musique de notre premier slow, au bal de promo de Seconde, il y avait...peut-être bien trois ans ! A l'époque, nous étions tout les deux en couple mais nous flirtions si ouvertement ensemble que toute l'école était au courant que nous deux, ce n'était qu'une question de jours. Nous n'étions pas venus seul ce soir là mais ce fut à peine si nous ne marchions pas par mégarde sur les pieds de la personne qui nous accompagnait tant leur compagnie nous handicapait. Après avoir passé une bonne moitié de la soirée à se chercher, Draco vint finalement me proposer une danse et, sous les yeux de tout les Secondes, nous exécutâmes un slow au beau milieu de la Grande Salle sur cette chanson. « Flow » de Sadé. C'était un rythme lent, tout en douceur. C'était caressant. Comme ses lèvres. Parce que oui, nous avons enfin finit par nous embrasser.

Cette soirée marqua le début du feuilleton épisodique à rebondissement du couple Granger-Malfoy que tout le lycée suivit de près et raconta à ceux qui eurent la malchance d'en louper ne serait-ce qu'un bout. Il fallait dire que nous étions un mélange assez explosif. A chaque dispute, nous confrontions nos deux fortes personnalités. Son égo surdimensionné contre mon caractère autoritaire. Et il y avait toujours des dégâts. En tout, nous avons rompu au moins six fois. D'ailleurs, là, nous sommes censé avoir cassé pour la énième fois. La plupart du temps à cause de Monsieur qui était un véritable coureur de jupon et ne ratait pas une seule occasion de faire la cour une fois que j'avais le dos tourné, quelques fois à cause de moi qui déclenchait souvent la foudre lorsque quelque chose ne me plaisait pas, et récemment à cause de la lassitude. Du temps. Ça nous rongeait. Ça nous laissait. On n'était plus trop sûrs de nos sentiments. Alors on s'est regardé. Et on a souris tristement. Car on savait que ce que l'on éprouvait l'un pour l'autre à présent n'était rien d'autre qu'une profonde amitié, et rien de plus.

Mais on finissait toujours pas revenir l'un vers l'autre au final, plus par habitude qu'autre chose. Parce que c'était Draco Malfoy et Hermione Granger. Parce que c'était LE couple. Parce qu'on avait notre petit confort, tout les deux. Notre complicité. On se connaissait parfaitement et on se comprenait.

« Trois ans...c'est toute une vie ça. » remarqua au bout d'un long moment Draco en secouant pensivement la tête, traduisant exactement le fond de ma pensée.

Je hochais la tête. Toute une vie. Exactement.

« Tu penses que ça marcherait encore ? » lui demandais-je en me tournant vers lui.

« Quoi ? Pour la huitième fois ? » rit-il.

Je haussais des épaules.

« Pourquoi pas ? »

Il se tourna également vers moi. Du bout des doigts, il attrapa avec une boucle châtain qui s'était échappée de mon chignon et reposait sur mon épaule puis joua un instant avec. Il leva enfin les yeux vers moi et m'offrit un sourire amical en haussant des épaules.

« Pourquoi pas. »


[Blaise]

.

« Honey yeah, it's no surprise

I got lost in your brown eyes »

.

« Et dans quel lycée étiez-vous avant ? »

« Mr Zabini ? »

« Oh-oh ? Mr Zabini, je vous parle ! »

Rogue dut me répéter trois fois de suite sa question. Trois fois de suite, bon sang. Parce que j'étais là, totalement gaga, à baver sur une fille du premier rang comme si je n'avais jamais rencontré de ma vie une personne du sexe féminin. Limite s'il n'y avait pas un filet qui dégoulinait de ma bouche d'ailleurs.

Mais quel con. Mais quel CON.

Qu'est-ce qui m'avais pris ? Qu'est-ce qui me prenait ?

C'était comme un envoûtement. Je ne sais pas. Je ne saurais pas décrire exactement. C'était sur le moment. J'ai croisé son regard et je n'ai plus su comment m'y soustraire. C'était magnétique. Encore une fois, je ne pourrais pas décrire. Peut-être que cette fille était une sorcière. Parce que ce phénomène relevait de l'hypnose – je ne voyais pas d'autre explication.

Je soupirais pour la énième fois, isolé dans le fond de la classe, tandis que certains élèves se retournaient quelques fois pour m'examiner discrètement lorsque le prof avait le dos tourné, pensant que je ne les remarquaient pas.

Quel con.

Quel con.

Quel con.

Non mais alors quel con...!

J'eus presque envie de me cogner la tête contre le mur de derrière tant ma précédente attitude avait été des plus pitoyable.

« Ça va ? Pas trop dépaysé le nouveau ? » me demanda Rogue en se retournant vers moi.

Et VLAN ! Plus d'une vingtaine de paires d'yeux me lorgnaient à présent comme une petite bête curieuse. Je continuais de faire tourner mon crayon entre mes doigt, tâchant de garder une attitude assez détendue bien que mon cœur faillit lâcher en voyant toute la classe se retourner vers moi comme un seul homme.

« Non, pas tellement, merci. » fis-je simplement – j'avais 18,25 de moyenne en maths à Georges Meyers et il venait me parler de dépaysement ?

Il répondit quelque chose comme « N'hésitez pas, si jamais vous vous sentez perdu », un truc dans ces eaux là, mais je n'étais déjà plus là. Parce qu'elle s'était retournée aussi.

Et ce fut la même chose qu'il y a quelques instants.

Tout ce qui était autour de moi se brouilla instantanément au profit de sa silhouette. Le bruit autour de moi ne me vint alors qu'en écho. C'était comme une de ces séquences de film à l'eau de rose, lorsque le héros voyait sa belle passer pour la première et qu'il faisait abstraction de toutes choses autour de lui. Exactement la même chose. Sauf que là, ce n'était pas de l'amour ou quoi que ce soit que je ressentais. Non. Plutôt un sentiment de fascination. Elle plissa des yeux, intriguée. M'observa de bas en haut. Puis esquissa un demi-sourire. Que je ne lui rendit pas. Elle fronça alors des sourcils et me tînt tête avec froideur.

Mon cœur battait tellement fort, tellement vite dans ma poitrine que ça m'en faisait mal. On aurait dit que je venais de courir un marathon. J'avais même peur que les autres entendent le bruit de mes battements. Mais en aucun cas mon regard ne se détachait du sien. D'ailleurs, même si je le désirais, je n'aurais pas put détacher mon regard du sien.

« Hermione ! C'est par ici que ça se passe jeune fille si vous voulez remonter votre moyenne abyssale. » siffla alors sèchement Rogue.

Cette-dernière se retourna alors immédiatement.

Et merde.

Encore.

Ça c'était encore passé.

Récidive.

BON SANG MAIS QU'EST CE QUI M'ARRIVAIT ? !

J'étais à deux doigts de prendre ma tête entre mes mains ou de hurler tant j'étais déstabilisé par ce qui venait de se passer. Alors il y avait deux choix : soit cette fille était une foutue ensorceleuse ou magicienne ou bordel, qu'en savais-je ? Soit c'était moi qui avait de sérieux problèmes. Parce que là, , ça devenait très sérieux. Et hors de contrôle. On aurait dit qu'à chaque fois que nos yeux se croisaient, je devenais totalement...totalement esclave de ce regard ! Totalement fou. Tout m'échappait.

Je soupirais pour la quinzième fois en moins de dix minutes, résistant encore à l'envie de frapper ma tête contre le table.

Le pire étant que cette fille – Hermione, donc. Et puis quel nom, bon sang ! Hermione. Elle aurait put tout de même s'appeler mieux, je sais pas. Laura, Helen, Claire, Jessie...mais non. Il avait fallut qu'elle s'appelle « Hermione ». Enfin, passons. – était d'une banalité effarante, voir même affligeante. Un tas de boucle châtain sur la tête, jean, débardeur noir à inscription avec veste en cuir puis grosse chaussure type Doc Martens aux pieds. Commune. Pas mon genre.

Alors pourquoi mon Dieu ? Pourquoi ?

Simplement : pourquoi ?

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Après avoir vécut presqu'une demi éternité dans la classe de mathématiques, la sonnerie se décida enfin à sonner. Étant donné que nous avions eu cours durant deux heures, l'heure de la coupure du midi tombait exactement à la fin de cette double classe. Les élèves se levèrent tous précipitamment de leurs chaises en bavardant pour se ruer à la cantine. Je prenais pour ma part tout mon temps afin de ranger mes affaires. Quelques élèves tentèrent une petite présentation auprès de moi, tout sourire, auquel je n'accordais qu'un sourire assez froid et distant, histoire de poser les bonnes bases dès maintenant. Et le message eut l'air de passer apparemment car ils repartirent aussi vite qu'ils étaient venus.

« Mr Zabini ? Une seconde, s'il vous plaît... » m'intercepta Mr Rogue avant que je ne passe la porte.

Je hochais la tête. Tandis que je rejoignais son bureau, il se pencha pour regarder quelque chose derrière moi avec agacement.

« Mademoiselle Granger, est-ce que cela vous ennuierais de vous activer ne serait-ce qu'un petit peu ? D'habitude vous êtes l'une des premières à quitter mon cours et je ne m'en suis jamais plains. »

Hermione prit le temps de fermer son sac à bandoulière puis le percha sur ses épaules et remonta l'allée d'un pas nonchalant. Elle me fixait. Je le savais, je sentais son regard insistant posé sur moi. Elle voulait que je tourne la tête. Mais je gardais les yeux droits fixés devant moi avec détermination. Je la sentis presque me frôler en passant à côté de moi. Et elle atteignit finalement la porte avec une lenteur inconcevable mais sans que je ne retombe une troisième fois encore dans le piège.


C'était ce que qui me trottait depuis un bon petit moment dans la tête, un BZ/HG à ma sauce, alors je ne sais pas si ce que ça donne vaut le coup de continuer...j'aimerais avoir des avis svp :) Parce que sinon, je pense faire 10 chapitres à cette histoire – peut être même moins – tout dépendra du retour que j'ai.

Merci.

IACB.

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Source des paroles de chansons citées (par ordre) :

1. « I'm Alone Now » - Beyoncé

2. « Hero » - Regina Spektor

3. « Vacation » - Katy Rose

4. « Drunk Girls » - LCD Sound System

5. « Brown Eyes » - Lady Gaga