Non Innocent Fools

Elle est assise sur son fauteuil, ses genoux ramenés à elle, et un verre de vin dans une main à moitié vide ou à moitié plein, de toutes façons ce n'est pas un problème, encore une ou deux gorgées, il faudra le remplir à nouveau, et la télécommande dans l'autre. Elle regarde.

Il fait nuit depuis longtemps. Juste une toute petite applique éclaire le salon gigantesque, d'une lumière jaune orangée, assez sombre s'accordant bien avec le fin velour marron du canapé et des fauteuils, ainsi qu'avec la couleur foncée des meubles fabriqués dans un bois très précieux et raffiné.

Un coup d'œil sur la table de style chinois à côté d'elle, la bouteille vin à peine ouverte, trône seule, donnant l'illusion d'une tour d'ébène isolée. Elle pose la télécommande sur l'accoudoir de son fauteul, et son regard se porte désormais sur verre. Un joli verre en cristal de bohême. Ce sont les derniers qu'ils on achetés. Elle avait craqué en les voyant et bien qu'ayant une dizaine d'autres panoplies déjà, celles-ci étaient trop belles pour passer à côté. Dire qu'il n'ont pas eu l'occasion de les utiliser ensembles. Elle se souvient de leurs premiers verres, du moins ceux qu'ils ont acheté, avec leur propre argent celui de leur premier salaire. En verre ordinaire, plus simples il n'y avait pas. Elle tendit le bras et le posa sur la table.

Elle avait revêti un vieux pijama en cotton. Le bas est à motif ecossais, rouge gris et ocre, le haut est un petit pull gris. Pourtant il ne fait pas froid, c'est l'été d'ici deux ou trois jours. Mais peu importe, son corps en parfait unisson avec son état d'esprit actuel lui fait bien comprendre qu'elle a froid.

Les images de l'écran défilent et apportent elle aussi de la lumière dans le salon. Elle peut voir ses amis. Dieux que cette cassette est vieille. Le temps passe si vite. Son père à l'air nettement plus jeune sur la bande vidéo. Machinalement elle fait tourner ses bagues autour de ses doigts.

Il doit être bien tard, les enfants dorment depuis lontemps déjà, et elle elle n'a toujours pas sommeil. Ses enfants. Ses deux plus belles réussites. Ses anges.

Elle sourit en réécoutants les messages de ses mais, sa famille en regardant l'écran. Et elle le voit dans son beau costume. Avec le recul, elle voit bien qu'il est stressé à morts. Elle le voit qui essait de sourir, car il doit le faire. Mais il n'y arrive pas. Il est anxieux. Après tout, à ce moment il ne sait pas encore que tout se passera bien.

Et comme à chaque fois à ce moment là de la bande, ses yeux se tournent sur sa main. Elle contemple sa bague de fiançailles. Un simple et fin anneau en or blanc auquel est suspendu un solitaire bien rond, bien blanc et éteincellant de milles feux, à la manière d'un pendantif suspendu à un collier. Juste à côte, un autre anneau en tous points identique, excepté l'absence du diament. Il s'agit de son alliance.

Elle relève la tête et se voit dans la télévision, vêtue de sa magnifique robe blanche. Son père la serre dans ses bras et elle a les larmes aux yeux. Son père la rassure et lui dit qu'elle ne doit pas pleurer car c'est le plus beau jour de sa vie, que ce n'est pas parcequ'elle quitte sa maison allée des cerisiers qu'ils ne se reverront plus jamais. Il essuie ses larmes et elle lui offre son plu beau sourrir.

Elle se souvient qu'à ce moment là elle était heureuse de la nouvelle vie qui s'offrait à elle. Mais elle était extrêment triste car elle quittait ses parents. Elle appartiendrait désormais à une autre famille. Puis elle se vit dire à son père qu'ils peuvent y aller, qu'elle est prête à devenir Mde Li.

Elle était si jeune. Trop ? c'est possible.

Comment ont-ils fait pour en arriver là ?