Couple : Don Flack/OC.
Rating : M
Disclaimer : Tout ce qui vient de la série ne m'appartient pas. Même si j'aimerais bien pour Don mais impossible de convaincre le père Noël de me l'offrir.
Désir meurtrier.
Chapitre 1.
Je me réveille en sursaut au bruit d'un coup de tonnerre. Génial, j'ai cours moi demain. Je me retourne dans mon lit espérant retrouver rapidement le sommeil.
- Oh fantastique, maintenant l'alarme incendie. Emma ! Debout !
- Pourquoi ? marmonne ma colocataire.
- T'entends pas l'alarme ?
- Ah si maintenant que tu le dis…
- Allez, viens, il faut sortir.
J'attrape le bras d'Emma et la traîne hors de la chambre. Le couloir est plongé dans un véritable chaos, des filles en pyjamas courent dans tous les sens en piaillant, affolées.
- On se calme ! La sortie, c'est par-là ! m'exclame-je.
Le calme ne revient pas mais au moins maintenant elles se dirigent toutes vers la sortie. Je conduis Emma à travers le couloir jusqu'à l'escalier et nous le descendons rapidement.
- Kyra, y flotte dehors ! s'offusque Emma alors que l'on sort du hall.
- Ça n'empêche qu'on doit qu'en même sortir. Allez.
- Mais on va se geler !
- Qu'est ce que tu veux que j'y fasse ? Bon, cours jusqu'à l'abri !
On se met alors à courir à toute allure vers le "garage" qui n'est en fait qu'un grand auvent et qui n'abrite aucune voiture. A mi-chemin, je me retourne pour voir s'il y a le feu au bâtiment et ce que je vois me fige d'horreur. Un homme s'est pendu depuis le toit du bâtiment.
- Mon Dieu.
- Qu'est ce qui y a Kyra ?
- …
- Bordel ! ... Kyra ! Hé ! Bouge !
Emma me tire en arrière et ce mouvement me fait enfin réagir. Je prends mon portable, que j'avais eu la présence d'esprit de récupérer avant de sortir de la chambre et compose le 911.
- Vous avez appelé le 911. Que puis-je faire pour vous ?
- Je voudrais signaler un mort sur le campus de l'université de New York ainsi qu'un possible incendie.
- Où sur le campus ?
- Au niveau du dortoir des filles.
- Je préviens les autorités compétentes.
- Bien.
- Kyra. Viens. Tu vas attraper froid à rester sous la pluie.
Je suis Emma jusqu'à l'abri et on patiente ici jusqu'à l'arrivée des secours.
Les pompiers arrivent les premiers et ils se mettent immédiatement au travail. Puis les policiers arrivent. Après avoir discuté rapidement avec les pompiers, ils se dirigent vers nous.
- Bonsoir Mesdemoiselles. Je suis le lieutenant Flack et voici le lieutenant Angel. Nous allons vous poser quelques questions sur ce qui vient de se passer.
- Flack, sans vouloir te vexer, JE vais poser les questions. Toi tu t'occupes de la com avec les pompiers.
- Mais_
- Et de celle qui nous a prévenus.
- D'accord… Bon qui a appelé le 911 ?
- C'est moi, réponds-je en m'avançant un peu.
- Vous voulez bien me suivre ?
- Tant que là où vous m'amenez c'est à l'abri de la pluie.
- Oui, venez.
Je le suis donc jusqu'à une camionnette qui je suppose est un quartier général mobile, vu les ordinateurs embarqués. Alors que j'observe ce qui m'entoure, je sens quelque chose effleurer mon dos. Je me retourne à demi en sursautant et me rends compte que ce n'est que l'inspecteur Flack qui tente de poser une couverture sur mes épaules.
- Oh merci.
- Ce n'est rien. Asseyez-vous.
Je lui souris avant de m'exécuter.
- Alors, qu'est ce que vous voulez savoir ?
- Votre_
- Lieutenant ?
- Oui capitaine ?
- Elles peuvent rentrer dans leurs chambres, ce n'est qu'un petit rigolo qui a activé l'alarme.
- Bien merci… Angel, tu m'entends ? demande Flack dans son talkie.
- Oui Flack. Qu'est ce qui y a ?
- Ces demoiselles peuvent retourner dans leurs chambres quand tu en auras fini avec elles.
- Y avait pas d'incendie ?
- Non.
- Ok.
- Bon, on en était où ?
- À, qu'est ce que vous voulez savoir ?
- Votre nom pour commencer.
- Pegasus. Kyra Pegasus.
- Pegasus ? Comme Andrew Pegasus ?
- C'est mon père. D'ailleurs, ici, je m'appelle Kyra Davies.
- Pourquoi ?
- J'avais envie d'être normale pour une fois.
- Pourtant avec un nom pareil, toutes les portes doivent s'ouvrir devant vous.
- Justement, ce n'est pas toujours un avantage.
- Si vous le dites. Comment avez-vous découvert le corps ?
- Et bien, je venais d'être réveillée par l'orage et l'alarme incendie s'est déclenchée. J'ai réveillé ma colocataire et on est sorties du bâtiment. J'étais à mi-chemin de l'abri quand je me suis retournée pour voir s'il y avait le feu et … je l'ai vu.
- Vous aviez vu ou entendu quelque chose d'étrange ou d'inhabituel plus tôt dans la soirée ?
- Non.
- Et bien merci. Je crois que c'est tout pour l'instant. Vous pouvez retourner vous coucher.
- D'accord.
- Donnie ! Mon pauvre ! Angel a pas voulu que t'interroges ces demoiselles ?
- Danny, je suis pas tout seul.
- Oups. Mademoiselle.
- Je comprends votre collègue. On ne peut pas dire qu'on soit toutes très habillées et votre ami a l'air d'être un homme à femmes, dis-je en souriant. Donc ceci explique cela.
- Elle t'a bien cerné Don.
- Quoi ? Je suis pas comme ça !
- Mais bien sûr.
- Bon, moi je vais y aller si vous n'y voyez pas d'objection.
- Aucune. Oh, c'est ma carte, si vous vous rappelez de quelque chose.
- Ok. Au revoir.
- Vous pouvez garder la couverture.
- C'est gentil mais il pleut toujours à verse, et une fois trempée, elle ne me sera plus d'aucune utilité.
- Ah oui. En effet.
Je repose donc la couverture sur la chaise et sort de la camionnette. Alors que la porte se referme derrière moi, une dernière phrase me parvient.
- Elle t'a tapée dans l'œil.
Cette remarque me fait sourire et je continue mon chemin jusqu'à l'abri pour voir si Emma a répondu aux questions de la police. C'est le cas et nous retournons dans notre chambre pour nous sécher et nous changer.
- Kyra, il est deux heures du mat, se lamente Emma.
- Que veux-tu que j'y fasse ?
- Je commence à neuf heures demain.
- Et moi à huit. Donc bonne nuit, dis-je en m'affalant sur mon lit.
- Il était sexy le flic ; grand, cheveux noirs, yeux clairs, belle carrure,… Tout à fait ton type d'homme en somme.
- On pourrait en reparler demain ? J'ai envie de dormir là.
- Comme tu veux.
- Et ils sont bleus.
- Encore plus ton type, alors.
- Hin hin.
- Bonne nuit, je suis sûre que tu vas faire de beaux rêves… Kyra ? Ok, tu dors déjà.
- Bip bip bip.
- Non, pas déjà, râle-je en éteignant mon réveil.
Je me lève tant bien que mal et file dans la salle de bain prendre ma douche, m'habiller et me maquiller. Je reviens ensuite dans ma chambre, attrape mon sac et rejoins le réfectoire pour prendre mon petit déjeuner, mon ipod déversant de la musique dans mes oreilles. Je me dirige ensuite vers l'arrêt de bus desservant l'école de droit de l'université pour assister à mon premier cours de la journée. Celui-ci se passe plus ou moins bien même si j'ai un peu de mal à me concentrer à cause de ma nuit écourtée. Après trois heures de droit assez fatigantes, je décide de marcher jusqu'au réfectoire le plus proche où Emma doit me rejoindre pour déjeuner et alors que je sors de l'établissement, je percute littéralement quelqu'un et me retrouve par terre suite au choc.
- Oh pardon, je regardais pas où j'allais, m'excuse-je.
- C'est pas grave. C'est pas comme si ça me dérangeait qu'une jolie fille me fasse du rentre dedans.
- Lieutenant ? Qu'est ce que vous faites là ? demande-je en me relevant.
- Je cherche quelqu'un qui connaissait Nick Summers. On m'a dit qu'il étudiait la littérature.
- Vous vous êtes trompé de bâtiment… Nick Summers ? réalise-je avec un temps de retard.
- Oui. Vous le connaissez ?
- C'est… mon ex. C'est lui qui est… mort ?
- Oui, désolé… Vous avez été longtemps ensemble ? demande-t-il en sortant son calepin.
- Trois mois.
- Qui a rompu et pourquoi ?
- On a rompu d'un commun accord, il y a deux semaines. Il n'y avait plus d'amour. D'ailleurs on s'est rendu compte qu'il n'y en avait jamais eu. Juste une profonde amitié. C'est pour ça qu'on est resté très proche après notre séparation.
- Et vous êtes resté aussi longtemps en couple sans vous rendre compte de rien ?
- C'était confortable.
- Navré d'avance pour la question qui suit mais aviez-vous des raisons de vouloir le tuer ?
- Non, absolument aucune. C'était la seule personne en dehors d'Emma qui savait qui je suis réellement et à m'accepter comme tel. Mais pourquoi cette question ?
- Il ne s'est pas suicidé. Quelqu'un l'a tué.
- … Non, murmure-je sentant les larmes me monter aux yeux.
- Désolé.
- Mais pourquoi ?
- C'est justement ce que j'essaye de savoir. Vous connaissez ses amis ? Quelqu'un qui pourrait lui en vouloir ?
- Non, je… Il venait de Portland et du coup je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer ses amis du lycée et ici il n'avait pas vraiment d'amis. Il ne se lie pas beaucoup aux autres. Mais pourquoi quelqu'un lui en voudrait ? Il n'a jamais rien fait de mal. Je ne comprends pas.
- Moi non plus. Navré… Il faut que j'aille parler à ses professeurs, est ce que je peux vous laisser seule ?
- J'aimerais mieux pas. Et puis, il vaudrait peut être mieux que je vous guide, avant que vous ne vous perdiez définitivement.
- Oui, c'est peut être une bonne idée. Mais est ce que ça va aller ?
- … Oui, réponds-je après avoir pris une grande inspiration et avoir ravalé les larmes que je ne voulais pas laisser couler.
- Vraiment ?
- Oui, il faut juste que je prévienne Emma. Je devais la rejoindre pour manger.
- Allez manger. Je me débrouillerais.
- Ecoutez, j'ai besoin de marcher, alors laissez-moi au moins vous accompagner jusqu'au bon bâtiment et après j'irais rejoindre Emma. De toute façon, j'ai deux heures pour déjeuner.
- D'accord, accepte-t-il avec un faible sourire.
Nous commençons alors à marcher pour rejoindre l'école des arts et des sciences et j'en profite pour envoyer un texto à Emma lui demandant si on peut se retrouver là-bas plutôt qu'à l'endroit prévu.
- Quelle idée de faire un campus aussi grand, marmonne mon compagnon de marche.
- Que voulez-vous, on finit par s'y habituer avec le temps.
- J'espère bien ne pas avoir à fréquenter le campus assez longtemps pour le connaître.
- Ce qui veut dire ?
- J'aimerais bien coincer celui qui a fait ça à votre ami rapidement.
- Vous prenez toujours votre métier autant à cœur ?
- Oui.
- …
- Vous trouvez ça bizarre ?
- Non non, c'est… bien, si ça vous permet d'être efficace dans votre travail.
- Kyra !
- … Emma ?
- Coucou, alors c'est pour flirter que tu as déplacé notre rendez-vous ?
- Emma !
- Quoi ?
- Le lieutenant Flack était perdu, je ne fais que lui indiquer le chemin.
- Ah. Bonjour lieutenant, moi c'est Emma Belacqua, la colocataire et amie de Kyra.
- Bonjour.
- Je vois que ton manque de sommeil n'a pas atténué ta bonne humeur, pile électrique.
- Pff, jalouse va.
La bonne humeur perpétuelle d'Emma me remonte un peu le moral et je lui en suis reconnaissante.
- Kyra ? Qui est mort pour que tu fasses cette tête ?
Et merde, elle me connaît peut être un peu trop bien. Et à voir l'expression de Flack, il pensait vraiment que mon visage n'avait pas d'expression particulière.
- Nick.
- Quoi ?
- Nick est mort. C'était lui cette nuit.
- Oh mon Dieu. Pourquoi tu me l'as pas dit ? me demande Emma en me prenant dans ses bras.
- Je savais pas si j'avais le droit. Et tu étais de si bonne humeur.
- Tu n'as pas à affronter ça toute seule. Et tu sais qu'ici tu peux toujours montrer ce que tu ressens.
- Que veux-tu ? Les vieilles habitudes sont persistantes. Et je ne peux pas supprimer vingt et un ans d'éducation en six mois. Bon, c'est pas tout ça mais il ne voudrait pas qu'on arrête tout pour le pleurer même quelques minutes. Il aimait trop la vie pour ça. Accompagnons ce charmant jeune homme au bâtiment des arts et sciences.
- Je devrais pouvoir me débrouiller.
- Ah non, lieutenant. Vous n'allez pas recommencer.
- Si vous insistez.
- J'insiste.
Emma et moi reprenons la route, suivies de Flack et le laissons devant le bâtiment, avant de nous diriger vers le réfectoire, où nous mangeons silencieusement contrairement à notre habitude. Notre manière à nous de faire notre deuil.
Le soir, je retrouve Emma à la sortie de mon cours de politique et nous rentrons ensemble à notre chambre. C'est Emma qui ouvre la porte et on se fige toutes les deux avant de hurler de frayeur. Il y a un homme pendu dans la chambre si j'en crois la silhouette qui se dessine dans l'obscurité. Je me laisse glisser contre le mur à côté de la porte en pleurant pour de bon cette fois.
- Ky_ Kyra. Qu'est ce… qu'on fait ?
- On appelle… la police.
- …
- Je vais le faire.
Je sors mon portable et fais tomber un papier en même temps : la carte de visite que Flack m'a donnée. Pourquoi pas ? Je compose le numéro et attends qu'il réponde.
- Ici, Flack.
- C'est Kyra Pegasus.
- Qu'est ce que je peux faire pour vous ?
- Il y a un… homme… pendu dans ma chambre.
- Eloignez-vous tout de suite de la chambre, j'arrive.
- D'ac… D'accord.
Je raccroche, me relève et entraîne Emma vers l'escalier. Une fois dehors, je m'assois sur les marches de la résidence. Emma s'assoit à côté de moi, elle est complètement choquée et en voulant la prendre dans mes bras pour tenter de la réconforter un peu, je me rends compte que mes mains tremblent. En fait, je tremble de tout mon corps comme une feuille. Je poursuis quand même mon geste et Emma répond à mon étreinte. Quelques minutes plus tard, des voitures de police débarquent toutes sirènes hurlantes. Flack sort de l'une d'elles et court vers nous.
- Vous allez bien ?
- Oui.
- Où est votre chambre ?
- Premier étage, sur la droite, la porte est restée ouverte normalement. Sinon c'est la 109, et c'est sur la gauche du couloir.
- D'accord. Vous, occupez-vous d'elles. Ramenez-les au poste.
- Bien, Lieutenant.
Un policier nous demande de le suivre, il nous amène à une voiture et nous conduit au poste de police. Nous sommes amenées dans une salle d'attente et le policier demande si on a besoin de quelque chose. Ce à quoi nous répondons que non.
Après plus d'une heure d'attente, j'entends la voix de Flack s'élever dans le couloir.
- Ecoute Angel, j'y peux rien, ça me dégoûte que tu penses ça.
- Flack, il faut bien que l'un de nous deux reste objectif. Et ce n'est déjà plus ton cas.
- Je suis objectif ! Et je ne vois absolument pas pourquoi tu_
Il s'interrompt en entrant dans la salle d'attente nous voyant Emma et moi à l'écoute.
- Bonsoir. Comment allez-vous ?
- Choquée, réponds-je.
- Oui, c'est normal.
- Mlle Pegasus, vous voulez bien me suivre j'ai des questions à vous poser.
- Oui, bien sûr.
Je suis donc la jeune femme jusqu'à une salle d'interrogatoire.
- Bien. Où étiez-vous hier entre vingt-deux et vingt-trois heures ?
- A la bibliothèque, je révisais.
- Quelqu'un peu confirmer ?
- Emma était avec moi. La bibliothécaire peut aussi confirmer, on a dû lui demander des renseignements à plusieurs reprises pour trouver des livres.
- Le nom de la bibliothécaire.
- Mme Smith.
- Vous aviez des raisons de vouloir tuer Nick Summers ?
- Votre collègue m'a déjà posé la question.
- Je sais. Répondez.
- Non, aucunes raisons. Dois-je conclure de cet interrogatoire que vous me considérez comme suspecte ?
- Non, mais il faut suivre la procédure et jusqu'ici vous êtes la seule personne qui pourrait l'avoir possiblement tué. Pourquoi avez-vous rompu ?
- Nick et moi nous sommes rendus compte que nous n'étions pas amoureux mais amis.
- Et comment vous en êtes-vous rendu compte ?
- Il n'y avait pas la moindre once de désir entre nous.
- Tout n'est pas question de désir.
- Je sais mais quand au bout de trois mois de relation, vous n'avez pas fait l'amour avec votre petit ami et que vous n'en avez jamais ressenti l'envie, c'est qu'il n'y a pas d'amour. Et Nick et moi étions d'accord sur ce point.
- Vous vous êtes quitté en bon terme ?
- Oui, on est resté aussi proches qu'avant.
- Quel a été votre emploi du temps de la journée ?
- Je me suis levée à six heures en faisant attention à ne pas réveiller Emma, j'ai pris ma douche, je me suis habillée puis je suis allée petit déjeuner au réfectoire de mon dortoir. Ensuite j'ai pris le bus jusqu'au bâtiment de l'école de droit pour assister à mes trois heures de cours du matin de huit heures à onze heures. En sortant de cours, je suis tombée sur votre collègue qui m'a annoncé la mort de mon meilleur ami. Comme il s'était trompé de bâtiment, je l'ai conduit jusqu'à celui des arts et sciences où j'avais, de toute façon, cours tout l'après midi. En chemin, on a rencontré Emma à qui j'avais donné rendez-vous au restaurant universitaire des arts et sciences au lieu de celui de la bibliothèque où on se retrouve tous les vendredis.
- Pourquoi ce changement par rapport à vos habitudes ?
- Parce que je n'aurais pas eu le temps de la rejoindre et de manger après avoir accompagner votre collègue. Et je ne voulais pas arriver en retard à mon cours de l'après midi.
- D'accord, qu'est ce que vous avez fait après ?
- Après avoir laissé votre collègue, nous sommes donc allées manger puis de treize heures à seize heures, j'avais littérature et enfin de seize à dix-huit heures j'avais politique. J'ai rejoins Emma à la sortie du bâtiment, nous avons pris le bus pour retourner chez nous, et on a découvert le corps. Je crois que vous connaissez la suite.
- Tous vos déplacements peuvent être vérifiés ?
- Oui, vous n'avez qu'à demander à l'administration, on doit badger à chaque fois qu'on prend les transports ou qu'on mange. C'est pour éviter de s'embêter à payer à chaque fois, ils débitent directement sur notre compte. Et pour les cours demandez à mes profs. Vous avez d'autres questions ?
- Non.
- Ah bon ?
- C'est bon tu es contente Angel ? intervient Flack.
- Oui, maintenant la procédure est respectée.
- Et bien maintenant, on pourrait peut être lui dire ce qu'on a trouvé là-bas.
- Le corps n'était qu'un mannequin.
- Je pense que ce n'est pas le plus important. Mlle Pegasus, est ce que vous avez déjà reçu des lettres d'amour effrayantes à la limite de l'obsession ?
- Euh non, mais je suis presque sûre que mon père filtre mon courrier pour que justement ce ne soit pas moi qui reçoive ce genre de lettres.
- Un ex petit ami éconduit ? demande à son tour Angel.
- Euh, vous savez combien j'ai d'ex ?
- Absolument pas.
- Et bien je n'en ai qu'un seul, et vous enquêtez sur sa mort.
- Comment se fait-il qu'une aussi jolie fille n'ait pas eu d'autres petits amis ? s'étonne réellement Angel.
- Et bien, mon nom et l'argent qui va avec attirent les profiteurs et je suis assez douée pour les repérer. Donc en fait ce n'est pas vraiment les petits amis éconduits mais les prétendants refusés dont il faudrait s'inquiéter. Et la liste est trop longue pour en donner une.
- On fera sans, alors.
- Je peux savoir ce qu'il y avait d'autre dans ma chambre pour que vous me posiez ces questions ?
Angel et Flack échangent un regard gêné du genre "qui lui dit ?". Flack pousse un soupir et pose un dossier sur la table. Il l'ouvre et étale les photos qu'il contient devant moi. Je finis par reconnaître ma chambre. Les murs sont apparemment recouverts de photos et un message est peint au-dessus de ma tête de lit.
- Qu'est ce que c'est que ça ?
- Et bien, ce sont des photos de vous et de Nick.
- Mais_ On nous a suivis ?
- Il semble que oui.
- Qu'est ce qui est écrit ?
- "Maintenant il ne pourra plus la toucher, elle est à moi."
- Ok, là ça devient carrément malsain et flippant.
- Est-ce qu'un homme proche de vous est mort dans votre entourage récemment en dehors de Nick ?
- C'est quoi cette question ?
- Hé bien, sur le mannequin il est écrit que s'il a fait ça, c'est au cas où on ne trouve pas son autre message, cette fois encore. Donc on suppose qu'il a déjà agis par le passé. Alors ?
- Mon garde du corps. James Porter. C'était il y a six mois, bientôt sept. Mais on pensait que c'était des kidnappeurs. Je m'en voulais tellement que j'ai décidé de changer de nom et de venir vivre ici.
- …
- …
- Vous pouvez nous expliquer ?
- Mon père devait signer un important traité et James m'a convaincue d'aller chez mes grands-parents pour qu'il ne m'arrive rien. Pendant ce temps, lui est parti en Californie dans notre résidence secondaire en faisant croire que j'étais avec lui. Il a été torturé à mort. Les policiers ont conclu que des kidnappeurs étaient tombés dans le piège de James et comprenant que je n'étais pas là, ils lui ont fait subir ça pour le faire parler.
- Apparemment ce n'est pas le cas. Désolé.
- Qu'est ce que représentait James pour vous ?
- Il était comme un grand frère. C'était mon confident, je lui racontais tout et il m'écoutait sans me juger. Il fait partie des rares personnes à avoir percé ma carapace. Il a même accepté de m'apprendre à me battre sans rien dire à mon père.
- Pourquoi lui aviez-vous demandé ça ?
- J'en avais marre que tout le monde me prenne pour une petite fille fragile. Et je me disais que si je pouvais me défendre seule plus personne n'aurait à mettre sa vie en danger pour me protéger, ça a visiblement lamentablement échoué.
- Il faut qu'on fasse examiner le corps.
- Oui, je me charge des démarches, dit Flack en s'apprêtant à sortir de la pièce.
- Flack ?
- Oui, Angel ?
- Il faut qu'on la mette sous protection.
- Je ne pense pas qu'il s'en prendra à elle.
- Et moi je pense que c'est plus sûr. On ne sait pas ce qui se passe dans la tête de ce malade. Et puis s'il continue à la suivre, on aura une chance de l'arrêter.
- Ok, j'en parle au chef.
- Et Emma ? demande-je.
- Elle ne craint rien mais il vaut peut être mieux qu'elle change de chambre.
- Je peux la voir ?
- Oui bien sûr. Je vais la chercher, me dit Angel.
Ils sortent tous les deux de la pièce. Une fois la porte refermée, je vais m'asseoir à même le sol contre un mur, remonte mes genoux sur ma poitrine et me mets à pleurer. Moi qui me croyais responsable de la mort de James, je ne savais pas à quel point j'avais raison. Et maintenant Nick. Ils n'avaient rien demandé. J'entends une porte s'ouvrir et quelques secondes plus tard, des bras entourent mes épaules et commencent à me bercer. Je reconnais le parfum d'Emma. J'espère qu'elle ne craint vraiment rien. Je pleure longtemps jusqu'à ce que la fatigue me rattrape et que je m'endorme.
Lorsque je me réveille, je suis dans un lit confortable. Je me redresse en sursaut, la faible lueur qui filtre par la fenêtre me révèle une chambre totalement inconnue.
- Emma ? appelle-je incertaine.
- Elle est retournée à la résidence universitaire, me répond une voix que j'ai appris à connaître en peu de temps.
- Lieutenant ? m'étonne-je alors qu'il allume la lumière me confirmant que c'est bien lui. Où suis-je ?
- Chez moi, annonce-t-il visiblement gêné.
- Pourquoi ?
- On m'a confié votre protection et votre chambre est encore passée au peigne fin.
- De toute façon, je ne veux pas y retourner. Je vais demander une autre chambre.
- Je comprends mais je ne peux pas dormir à la résidence universitaire.
- Pourquoi voudriez-vous y dormir ?
- Je dois assurer votre protection vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
- Donc, vous… allez me suivre à la trace ?
- Oui. Et je pense que vous allez devoir vivre ici le temps de régler l'affaire.
- Mais… Pourquoi vous ?
- C'est moi qui habite le plus près de l'université et comme on a un assez bon feeling d'après le chef, il a décidé que j'étais l'homme de la situation.
- D'accord. Mais je suppose que c'est votre chambre.
- Oui.
- Je vais prendre le canapé, je ne voudrais pas vous déranger.
- Vous ne me dérangez pas.
- Vous êtes sûr ?
- Certain. Et puis je suis un homme galant, hors de question de vous faire dormir sur le canapé.
- Euh, bien. D'accord alors.
- …
- La situation risque de durer longtemps ?
- Jusqu'à ce qu'on l'arrête.
- Donc oui, un moment.
- Oui.
- Alors je propose qu'on se tutoie, ce sera moins contraignant et puis ce n'est pas comme si tu étais beaucoup plus vieux que moi.
- Non, en effet, je n'aie que six ans de plus que toi Kyra.
- Je dois t'appeler comment ?
- Don.
- Bien Don. Hum, quelle heure il est ?
- Minuit passé.
- Désolée alors, mais avec tout ça je n'aie pas mangé depuis hier midi et je commence à avoir faim.
- Il n'y a pas de problème. De toute façon, ça fait un moment que je n'ai pas mangé non plus.
- C'est vrai ce mensonge ?
- Ce… Ce n'est pas un mensonge ! s'offusque Don.
- Désolée, l'habitude. James faisait toujours semblant pour que je n'aie pas l'impression qu'il répondait à un caprice.
- Il vous manque ?
- Beaucoup.
- Allez debout. On mange pas au lit chez moi.
Je lui souris et me lève pour le suivre. Quand j'arrive dans la cuisine, il est déjà penché sur le contenu de son frigo, m'offrant une très belle vue sur ses fesses musclées. Merde c'est pas le moment de penser à ça ! Je me gifle mentalement et détourne le regard pour détailler ce que je vois de son appartement. C'est bizarre, on ne sent pas la présence d'une petite amie et pourtant, il y a une touche de féminité quand même.
- Désolé mais à part des hot dogs, y a rien de potable à manger… Quoi ? demande-t-il en me voyant me retenir de rire.
- Rien.
- Bah bien sûr.
- J'étais en train de me faire la réflexion que c'était bien un appartement de mec célibataire et le contenu du frigo me le confirme.
- C'est aussi dû à mon métier, je suis pas assez souvent là pour m'inquiéter du fait qu'il soit rempli. Et en quoi mon appart fait célibataire ?
- La décoration est simple et sobre, très masculine.
- Ah bon ? Pourtant ma sœur a insisté pour faire une partie de la déco.
- Laisse-moi deviner, elle a fait la cuisine.
- Ouais, avoue-t-il, gêné. Ça se voit tant que ça ?
- Non, j'ai juste l'œil pour ce genre de chose. Les hot dogs, ça m'ira. C'est pas comme si je mangeais de la grande cuisine tous les jours.
- On pourrait penser que ton père insiste pour que ce soit le cas.
- Et bien non. Bon sans vouloir te vexer, parce que j'aime beaucoup faire la conversation avec toi, mais j'ai faim, alors…
- Ok Mademoiselle, j'ai compris le message.
Don se retourne pour faire réchauffer les hot dogs tout prêt. Ouais, typique du mec célibataire jamais chez lui. Puis nous mangeons en silence. J'insiste pour l'aider à faire la vaisselle après avoir fini mais il m'ordonne d'aller me coucher parce que je dors soit disant debout. Je proteste mais dois bien vite me rendre à l'évidence : il a raison. Je manque en effet de me casser la gueule en descendant du tabouret, et ne dois qu'à ses réflexes de rester entière. Résultat des courses, il me porte jusqu'à son lit et je dois m'endormir quelque part sur le chemin qui n'est pourtant pas bien long car je ne me rappelle pas qu'il m'ait couchée.
Je plains sincèrement le pauvre Don car il a dû nous supporter tout le week-end ; moi, mon air de chien battu et ma musique triste en boucle. Résultat, le dimanche, il a demandé à Emma de venir. Ce qui ne l'a pas du tout aidé puisque du coup il n'avait plus une mais deux filles en deuil sur les bras. Pauvre Don.
Et actuellement, je le supplie du regard pour ne pas aller en cours.
- Mais, c'est pas une bonne idée de prendre du retard dans tes cours.
- Don, s't'plait. J'ai littérature toute la matinée.
- Et alors ?
- C'est dans ce cours que j'ai rencontré Nick.
- Oh… De toute façon, je suppose que je n'ai pas le choix.
- Ah moins que tu n'arrive à me convaincre d'aller à la fac, non.
- Alors, on va aller au poste.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Et bien, il faut qu'on prenne tes empreintes et ton ADN pour pouvoir les distinguer des traces retrouvées dans votre chambre.
- Oh, d'accord.
- Et puis, il faudrait que tu identifies Nick.
- … Je suppose que je n'ai pas non plus le choix.
- Non, il faut que quelqu'un le fasse.
- Et bien, juste le temps de me préparer et c'est bon.
- Ok.
Je vais dans la salle de bain et ferme la porte à clé derrière moi. Je rentre dans la cabine de douche après m'être déshabillée et laisse avec plaisir l'eau chaude glisser sur ma peau. Le temps de me doucher, j'oublie tous mes soucis ou presque. Je sors et m'essuie avant de réaliser que je n'ai toujours que les vêtements que je portais vendredi. Génial ! Je sèche mes cheveux en les frottant énergiquement avec une serviette, les coiffe et les attache avec une pince pour qu'il ne frise pas trop en finissant de sécher. Puis après avoir enroulé, une serviette autour de moi, je sors de la salle de bain à la recherche de mon nouvel ami.
- Don ? appelle-je lorsque je le trouve dans le salon.
- Oui. Qu'est ce_ …
- (C'est moi ou il est en train de me reluquer de la tête au pied ? Apparemment c'est pas moi. Il devrait penser à respirer… Et à fermer la bouche, on dirait un poisson hors de l'eau. Au moins je sais que je lui fais de l'effet.)
- Hum. Qu'est ce qui y a ?
- Et bien, est ce que par le plus grand des hasards, tu aurais des vêtements que je puisse porter ?
- Peut être. Mon ex est toujours pas venu récupérer les vêtements qu'elle a laissés chez moi. Par contre, tu risques de flotter un peu dedans.
- Ah.
Je suis Don dans sa chambre et le vois ouvrir le dernier tiroir de sa commode puis il repart précipitamment en me voyant me pencher pour regarder ce qu'il y a d'intéressant dans le tiroir. Ok, note à moi-même pour plus tard : éviter de me trimballer dans l'appart uniquement vêtue d'une serviette de bain, à moins que je ne veuille qu'il me saute dessus. Bon, revenons à nos moutons. Je sais pas combien de temps ça a duré entre eux mais vu le nombre de fringues là dedans, elle voulait s'installer. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on a pas les mêmes goûts elle et moi. Je prends ce dont j'ai besoin et retourne dans la salle de bain me changer.
- T'avais raison, ils sont un peu trop grand pour moi, dis-je en revenant dans le salon.
- Oh, on y va ?
- Oui. Comment tu savais ?
- Je suis flic.
- Le rapport entre les deux ?
- J'ai l'œil pour ce genre de chose.
- Ok, je suis rassurée. Je me disais que t'aurais pu profiter de mon sommeil pour abuser de moi.
- Quoi ? s'exclame Don offusqué.
J'explose de rire devant son expression choquée, ça n'a pas de prix. En plus, il en a fait tomber ses clés.
- Tu pensais vraiment ça ?
- Non, je te faisais marcher et t'as carrément couru… Enfin si, ça m'a quand même traversé l'esprit mais je me suis dit que t'étais pas ce genre de mec.
- Très drôle. Si tu pouvais éviter de te foutre de ma gueule à longueur de temps, ça m'arrangerait. On se connaît depuis trois jours et j'ai déjà arrêté de compter le nombre de fois où tu m'as fait marcher.
- Désolée… On prend pas l'ascenseur ? m'étonne-je en le voyant commencer à descendre l'escalier.
- Non, pourquoi mademoiselle est trop paresseuse pour descendre trois étages à pied ?
- Ok. Kyra : 20 ; Don : 1. Tu commences à rattraper ton retard, ironise-je en entamant la descente.
- Tu crois pas que t'as un peu gonflé ton score ?
- Je croyais que t'avais arrêté de compter.
Il m'ignore royalement et n'ouvre plus la bouche jusqu'à ce qu'on arrive sur son lieu de travail. Une demi-heure sans parler ! Il est pire qu'un gamin. Ou alors je l'ai sérieusement vexé. En attendant, comment voulait-il que je prenne le fait qu'il connaisse ma taille de vêtement alors qu'on se connaît depuis trois jours ?
- Bonjour, vous deux ! s'exclame … Danny, je crois.
- Salut.
- Ouh, t'es de bonne humeur toi ce matin. Qu'est ce qui t'arrive ?
- Rien. Je te l'amène pour que tu prennes ses empreintes.
- Merci. Bonjour Mademoiselle. Moi c'est Danny Messer, enchanté.
- Bonjour. Kyra Pegasus mais vous le savez peut être déjà.
- En effet. Suivez-moi… Alors que lui arrive-t-il ?
- Oh rien, je crois que je l'ai juste un peu vexé.
- Vous avez réussi cet exploit ? Moi qui croyais que c'était impossible.
- Danny, je croyais que tu sortais avec Lindsay.
- C'est le cas.
- Alors arrête de séduire, Kyra.
- Mais je ne fais que lui parler.
- Mouais. C'est pas l'impression que tu donnes, déclare Don dubitatif.
- Gnagnagna.
- Bonjour les gamins.
- … Asseyez-vous.
Danny relève donc mes empreintes et un échantillon de mon ADN. Puis il me conduit à la morgue pour identifier le corps de Nick.
- Ses parents vont bientôt arriver, ils pourront l'identifier si tu ne veux pas le faire, murmure Don à mon attention alors que le médecin légiste s'apprête à soulever le drap.
- Non, c'est bon. Si ça peut leur éviter d'avoir à le faire.
- Oui, une fois que tu l'auras identifié, ils n'auront pas à le faire.
- Alors autant leurs épargner cette épreuve. C'est pas comme si c'était la première fois que je voyais un mort. Malheureusement.
- Tu as dû identifier James ?
- Oui. Mon père ne voulait pas mais j'ai insisté.
- Pourquoi ?
- Pour lui. C'était le moins que je puisse faire. Il est quand même mort pour moi.
- Vous êtes prête ?
- Oui, allez-y.
Le médecin dévoile le visage et les épaules de Nick. Je laisse échapper un sanglot et plaque ma main sur ma bouche en fermant les yeux avant de me réfugier contre le torse de Don, le visage sur son épaule. Après un instant d'hésitation, il referme ses bras autour de moi et commence à me bercer doucement. C'est horrible, son visage a été lacéré au point qu'il est difficilement reconnaissable et vu l'état de ses épaules, tout son corps doit avoir subi le même sort. James était dans le même état. Je n'imagine même pas à quel point, ils ont dû souffrir.
- Mademoiselle ?
- C'est lui, chuchote-je avant d'éclater en sanglots. Ne… Ne les… laissez pas… le voir.
- On ne peut pas le leur interdire.
- Et ils ne devraient pas tarder à arriver. Angel m'a prévenu qu'elle les amenait juste avant que vous arriviez.
- Viens Kyra.
Je laisse Don m'entraîner hors de la pièce puis remonter le couloir vers la sortie. La voix d'Angel me sort de ma léthargie. Je relève la tête pour la voir venir vers nous accompagnée de trois personnes. L'homme ressemble comme deux gouttes d'eau à Nick. Son père sûrement. Angel s'arrête en nous voyant.
- Bonjour Kyra. Tout va bien ?
- Pas vraiment.
- Oh oui bien sûr. Kyra, voici les parents et la petite sœur de Nick. Je vous présente Kyra Pegasus, l'ex petite amie de votre fils.
- Bonjour. Je suis désolée de ce qui est arrivé.
- Vous n'y êtes pour rien, me répond gentiment sa mère.
- Si, c'est ma faute. C'est à cause de moi qu'on l'a_
- Ce n'est pas votre faute, uniquement celle de celui qui en a après vous si j'ai bien compris.
- Mais…
- Nous ne vous en voulons pas. Mais faites attention à vous.
- …
- Suivez-moi, c'est par-là.
- Vous n'avez pas à le faire, je l'ai identifié.
- Je veux voir son visage une dernière fois, m'explique sa mère.
- S'il vous plaît, ne faites pas ça. Il vaut mieux que vous vous rappeliez de lui tel qu'il était de son vivant. S'il vous plaît.
- Et bien euh.
- Il nous suffit d'une seule personne pour l'identifier et c'est déjà fait, intervient Angel. Et ce n'est pas très… Enfin… Hum, vous devriez peut être l'écouter.
- C'est si horrible que ça, me demande Mme Summers.
Je me contente de hocher doucement la tête.
- Nous pouvons récupérer le corps et le ramener à Portland pour l'enterrer ?
- Oui, il vous suffit de remplir quelques papiers pour le rapatriement, c'est tout.
- Allons-y alors. Mlle Pegasus, l'enterrement se fera sûrement samedi, vous viendrez ?
- Oui. J'amènerai Emma avec moi. C'était une amie de Nick.
- Bien sûr. Au revoir.
Danny nous raccompagne jusqu'au parking, nous salue puis s'éloigne.
- Danny ! Juste une chose avant de partir. Est-ce que je vais pouvoir accéder à ma chambre bientôt ? Et à mes vêtements, en particulier.
- Heu, et bien, c'est que y a beaucoup de chose à examiner donc non, pas avant au moins une semaine.
- Ok, sympa… Bon bah, on va avancer notre journée shopping, alors.
- Comment ça ? s'exclame Don en ouvrant la voiture.
- Bah quoi. J'ai besoin de vêtements. Qu'est ce que tu crois ? Que je vais continuer à mettre ceux de ton ex ?
- Non, non.
- Quelle heure il est ? Bientôt midi ? Cool, si on trouve Emma, j'ai plus qu'à la convaincre de sécher son cours de l'aprèm. On y va Don ?
- Ouais, répond-il en démarrant.
- Tu me fais toujours la gueule ?
- Non, ce sont tes changements d'humeur qui m'étonnent. Il y a une minute, tu étais plus bas que terre et maintenant tu sautilles à l'idée de faire du shopping.
- Ça vient de mon éducation. Mon père étant toujours sur le devant de la scène, j'étais aussi exposée et du coup, on apprend vite à ne plus montrer ses émotions… Et puis, j'ai déjà affronté la perte d'un proche deux fois. C'est toujours aussi dur mais je résiste un peu mieux au poids de la douleur. Et je ne veux pas arrêter vivre à cause d'un connard.
- Ça explique pas mal de choses… Haut les cœurs princesse, tu vas me faire pleurer.
- Princesse ? m'attarde-je volontairement sur ce sujet un peu plus joyeux.
- Bah quoi, c'est presque ça non ?
- Mon père est ambassadeur, pas tsar.
- Ce n'est qu'une histoire de mots.
- Regarde donc où tu vas au lieu de faire de l'esprit.
Il m'adresse un sourire et se concentre sur la route me permettant d'observer son profil à loisir : son nez droit, sa mâchoire virile, ses lèvres sensuelles appelant les baisers. Ok, il faut vraiment que je me calme, mon meilleur ami vient de se faire tuer, un détraqué me suit et s'en prend aux hommes trop proche de moi et moi je trouve rien de mieux à faire que fantasmer sur le flic chargé de ma protection. Je suis pas sûre que ce soit le bon moment pour ça, aussi sexy soit-il. Et drôle, gentil, intelligent, sans préjugés sur ma condition. Et en plus j'ai l'air de lui plaire. C'est pas le moment, j'ai dit !
- Je vais où maintenant ?
- Tu sais où est la bibliothèque du campus ?
- Oui à peu près.
- Gare-toi dans ce coin là alors. T'as rien contre la marche à pied ?
- Moi non, mais j'aurais pensé que c'était ton cas.
- Quoi ? Mais pourquoi tout le monde pense que parce que je suis une "petite fille riche", j'aime pas le sport.
- C'est pas ce que je pensais. Je disais ça à cause des talons vertigineux de tes bottes.
- Ils ne font que huit centimètres, m'offusque-je. J'y peux rien si je suis petite. Et puis, crois-moi, j'ai l'habitude de marcher avec.
- J'ai rien dit alors.
Don trouve une place et se gare puis il me suit à travers les rues du campus alors que je me dirige d'un pas rapide vers la cafétéria à proximité de la bibliothèque. Je sens son regard dans mon dos, un peu trop bas d'ailleurs pour respecter les bonnes mœurs.
- Tu sais que le dernier type qui a mâté mes fesses, s'est pris mon poing dans la figure et s'est retrouvé à l'infirmerie, annonce-je d'un ton badin avant de me retourner.
Ses joues rougies me prouvent que je ne me suis pas trompée. Je lui adresse un sourire et reprends ma route. J'arrive à la cafét et m'appuie nonchalamment contre la porte pour la tenir ouverte le temps que Don arrive.
- Et après, c'est moi qui risque d'avoir du mal à suivre à cause de mes talons, me moque-je en entrant pour chercher Emma.
- Gnagnagna.
- Rappelle-moi qui de nous deux est le plus vieux, déjà.
- Excuse-moi de me mettre à ton niveau.
- Oh, m'offusque-je. C'était un coup bas ça.
- Je sais.
Je lui tourne le dos, en relevant le menton et recommence à chercher Emma. Haha, elle attend encore pour prendre un plateau. Je me précipite vers elle.
- Coucou !
- Salut ! …Toi, t'es en train de sécher !
- Qu'est ce qui te fait dire ça ?
- Le fait que tu sois là. Le lundi est le seul jour de la semaine où nos emplois du temps ne concordent pas pour le déjeuner.
- Ah oui, c'est vrai.
- Qu'est ce que tu fais là ?
- J'ai appris qu'on allait pas pouvoir accéder à notre chambre avant au moins une semaine, alors je me suis dit qu'on pourrait aller faire du shopping cette après midi.
- Pourquoi ?
- Parce que toi, tu as des fringues chez Ethan mais moi, je dois me contenter de ceux de l'ex de Monsieur, réponds-je en montrant Don derrière moi.
- Ça explique ce que tu portes. Je me disais : depuis quand, elle ne met plus d'habits moulants.
- Mes vêtements ne sont pas moulants !
- Disons qu'ils sont bien ajustés. Personne ne peut rater tes petites fesses parfaitement moulées dans un jean.
- Oh, ça va, hein. Alors t'es d'accord ? En plus, on comptait y aller la semaine prochaine.
- D'accord, de toute façon, je peux pas laisser ton ami, l'inspecteur, t'accompagner tout seul.
- Non, en effet, ça risque d'être gênant.
- Faites comme si j'étais pas là, surtout.
- Ça va être dur, répond Emma.
- Oui, comment oublier un beau mec comme ça. Allez, viens.
J'attrape Emma et nous partons bras dessus, bras dessous en commençant à préparer notre après midi avec enthousiasme. Je vois Don lever les yeux au ciel dans le reflet de la porte en verre. Après avoir embarqué dans la voiture, il nous conduit sur Broadway à notre demande en marmonnant que je suis pas riche pour rien. Avant de commencer notre shopping, je les invite au restaurant, il est quand même midi passé.
- On commence par quoi ? demande Emma excitée en sortant du restaurant.
- Comme d'hab.
- Il risque de plus savoir où se mettre.
- Je sais mais bon, c'est notre rituel et il faudra bien y aller à un moment ou un autre.
- Bon, c'est parti pour Victoria's secrets, alors.
Emma m'attrape le bras pour me faire avancer et nous nous dirigeons joyeusement vers un de nos magasins préférés.
- Hors de question que je rentre là-dedans ! nous arrête Don alors que nous nous apprêtions à rentrer dans la boutique.
- Reste dehors alors.
- Et je te protège comment, moi ?
- Quelles sont les chances qu'il s'en prenne à moi ? Il sera sûrement aussi gêné que toi de rentrer dans ce magasin.
- Pff. Allez-y, mais dépêchez-vous, j'ai pas envie de faire le pied de grue pendant une heure.
- Tu sais que tu vas avoir l'air d'un pervers à attendre devant la boutique.
- Je vais faire avec.
- Tu pourrais aussi aller là-bas et acheter ça, dis-je en lui tendant une liste. J'ai pas l'intention de continuer à manger un peu n'importe quoi.
- Tant que c'est pas moi qui fait la cuisine, pas de problème… Mais_ Hors de questions que je m'éloigne de toi !
- Don, tu auras fini bien avant nous, je sais me défendre et puis y a des vigiles dans le magasin.
- …
- Promis, on va pas tenter de te fausser compagnie.
- …
- S't' plaît.
- Certains aliments ne survivront pas à une après midi dans la voiture.
- C'est pour ça que les livraisons à domicile existent.
- …
- Don, supplie-je.
- Ok, j'y vais. Mais vous avez pas intérêt à filer !
- Promis, lieutenant.
Emma et moi pouvons enfin entrer dans le magasin.
Les filles, je commence sérieusement à en avoir marre. Vous pensez pas que vous avez acheté assez de fringues pour le restant de vos vies ?
- Quoi ? Mais y a pas grand-chose ! m'offusque-je.
Don me lance un regard plus que sceptique. Bon ok, j'ai six sacs. Pleins. Mais y en a un qui contient les vêtements de ce matin. Oui, je sais, c'est une mauvaise excuse puisque ça veut dire que je porte certains des vêtements que je viens d'acheter mais au moins maintenant, je me sens moi-même.
- Il en reste plus qu'un, dis-je avec un grand sourire innocent.
- Le dernier ?
- Oui, réponds-je en chœur avec Emma.
- Ok, soupire-t-il. Mais après, je vous embarque dans la voiture, de force s'il le faut et on rentre.
- Promis ! déclare-je en sautillant.
Emma et moi sautillons joyeusement jusqu'au magasin de chaussures.
- De vraies gamines, dit Don en nous suivant.
- Ah, les mecs. Tous allergiques au shopping ! rétorque-je.
- …
- Regarde ! Elles sont trop belles ! m'exclame-je en montrant une paire de chaussures à Emma.
- C'est clair. Toi qui en cherche depuis un moment. Essaye-les.
Je retire mes bottes et enfile les ballerines sur lesquelles je viens de flasher.
- Alors, qu'est ce que t'en dis ?
- Trop bien.
- Don ?
- Quoi ?
- Ton avis, dis-je sur le ton de l'évidence.
- Parce qu'il compte ?
- Oui.
- C'est des chaussures, dit-il en s'approchant.
- Bonjour l'avis, rétorque-je en levant la tête vers lui. (Tiens, c'est moi ou ses yeux sont beaucoup plus haut que d'habitude.)
- J'avais oublié que t'étais toute petite sans talons.
- C'est pas gentil ça. (C'est pour ça qu'il me paraît plus grand.)
Emma et moi écumons le reste du magasin puis passons à la caisse. En sortant, ce n'est plus nous mais Don qui trépigne de joie : son calvaire est enfin fini. Nous déposons Emma à la résidence universitaire puis nous rentrons à l'appart de Don où nous arrivons en même temps que le livreur. Résultat, c'est très chargé que nous prenons l'ascenseur. Après avoir rangé les courses dans la cuisine Don s'affale dans son canapé alors que, assise devant sa table basse, je finis de retirer les étiquettes de mes nouveaux vêtements.
- Maintenant je me rappelle pourquoi j'accompagnais pas ma mère et ma sœur en course.
- Quelle endurance, me moque-je doucement.
- T'as dépensé combien en… quatre heures ? demande-t-il en me voyant partir dans sa chambre avec une pile immense de vêtements. Tu peux utiliser le tiroir du bas, au fait.
- J'ai pas compté. C'est l'avantage d'avoir un compte en banque bien rempli. Et le tiroir est déjà utilisé, je te rappelle.
- Retire ce qui y a dedans, je pense pas qu'elle viendra les chercher.
- Ok.
- En tout cas c'est sûr qu'on a pas le même niveau de vie.
- En effet. Mais vu l'emplacement et la taille de ton appart, tu dois plutôt bien gagner ta vie, quand même. Surtout pour un flic. Oh excuse-moi, un inspecteur.
- J'ai le privilège d'avoir un loyer pas trop cher et bloqué.
- D'accord, je me disais quand même, dis-je en m'asseyant à côté de lui.
- Moi je me demande pourquoi tu vis à la résidence universitaire.
- Je te l'ai dit quand on s'est rencontré. J'avais envie d'être normale.
- Dur d'être normale quand son père est ambassadeur de Russie, je me trompe ?
- Non, c'est pour ça que j'ai changé de nom, d'université et de ville. J'ai aussi demandé à ne plus avoir de garde du corps. Extérieurement, personne ne peut se douter que je suis la fille d'Andrew Pegasus.
- Ils pensent que tu es qui ?
- Kyra Davies, fille d'un cadre supérieur. Donc assez riche pour payer les droits d'inscription et les fringues mais pas trop pour attirer l'attention plus que ça.
- Une fille presque normale quoi.
- C'est ça.
- Tu sais la normalité n'existe pas vraiment.
- Monsieur est un grand philosophe, je vois. Disons que je suis plus dans la moyenne, alors.
- La moyenne, c'est pas forcément génial.
- Peut être, mais c'est bien quand même et moi je préfère. Je me sens plus libre.
- Plus libre ?
- Oui, je ne suis plus obligée de faire bonne figure en toutes circonstances. J'ai le droit de faire des erreurs sans que tout le bottin mondain soit au courant.
- Pourquoi tu n'aimes pas ta vie d'avant ? Des gens tueraient pour être à ta place.
- J'aime ma vie d'avant. J'ai eu la chance d'avoir une famille aimante et soudée. Mes parents étaient toujours là pour moi, j'avais tout ce que je voulais, j'ai vécu dans de nombreux pays différents. Plus que tu ne pourrais l'imaginer. Donc si, Don, j'aime ma vie telle qu'elle était. J'en regrette même certains aspects mais je suis plus que contente et fière de la vie que je mène aujourd'hui.
- Qu'est ce qui ne te plaisait pas dans ton ancienne vie ?
- Je ne suis pas que riche Don. A Washington, dans mon université, mes camarades voulaient qu'on soit amis à cause de mon père. Quand je l'accompagne dans les soirées, les galas et autres, si on vient me parler, ce n'est pas pour moi mais pour ce dont mon père s'occupe, de telle campagne politique dans tel pays, des relances économiques, des traités en négociation. Alors que je ne m'y intéresse pas forcément ou que je ne suis pas du tout au courant. Ce n'est pas comme si c'était notre seul sujet de conversation avec mon père.
- Et tes amis ?
- Lesquels ? Ceux qui disent du mal de moi dans mon dos ? Ceux qui ne s'intéressent à moi que parce que je suis la fille de l'ambassadeur de Russie ? Ou ceux qui sont jaloux parce qu'en plus d'être qui je suis, je suis douée en cours ?
- …
- Je sais bien que je ne suis pas la seule à me plaindre de cette situation. On est certainement plus nombreux que je ne le pense d'ailleurs mais on devient tellement méfiants envers les autres qu'on se passe à côté.
- Ouais comme quoi vous avez pas vraiment une vie rêvée.
- Non, ce sont des préjugés. Et puis les journaux people contribuent à véhiculer cette image qu'on a tout ce qu'on veut et ce serait vrai si l'argent résolvait tout.
- Mais ce n'est pas le cas.
- Non.
- Certains ont quand même l'air de se complaire dans leur situation.
- C'est le cas mais il y a des personnes timides, pudiques et secrètes partout. Ce sont les plus fragiles dans notre situation.
- Et tu en fais partie.
- Je dois bien admettre que oui… Je sais pas pour toi mais moi, j'ai faim !
- Moi aussi. Qu'est ce que tu nous fais à manger ?
- Salade composée avec des toasts aux chèvres chauds, qu'est ce que t'en dis ?
- Ça a l'air pas mal.
- Allez debout.
- Comment ça ?
- Bah, tu peux bien m'aider un peu.
- Je suis plus que nul en cuisine.
- Je suis sûre que tu exagères. Tu peux au moins laver la salade.
- Je peux toujours essayer mais viens pas te plaindre après. Et puis la laver, faut pas une essoreuse pour ça ?
- Si.
- J'en ai une ?
- C'est toi qui vis ici, pas la peine de me poser la question.
- Samantha, dis-moi que tu m'en as acheté une.
- Qui est Samantha ?
- C'est ma sœur. Bon tu te cacherais où si tu étais une essoreuse ?
- Près de l'évier, dis-je en ouvrant le frigo. Alors salade, tomate, cœur de palmier, surimi et fromage de chèvre.
- Trouvé. Me rappelais qu'elle est dans le placard sous l'évier.
- Tiens, pouffe-je en lui mettant la salade dans les mains. Lave-la à l'eau froide, hein.
- Et comment je fais ?
- T'as jamais regardé ta mère quand elle cuisinait ?
- Non, pourquoi j'aurais fait ça ?
- Ah bon, j'étais persuadée que tu étais ce genre de gamin. Toujours à traîner dans la cuisine espérant avoir un gâteau à force d'exaspérer ta mère.
- Très drôle, vraiment. Je vois que tu as une bonne image de moi.
- C'est une bonne image. J'étais toujours fourrée dans la cuisine quand ma mère préparait le dîner.
- Pas de cuisinier professionnel.
- Ma mère était restauratrice avant de rencontrer mon père. Elle adorait ça, il n'aurait jamais pu se résoudre à le lui enlever.
- Je comprends, c'est elle qui t'a appris à cuisiner ?
- Oui, c'est le seul moyen qu'elle a trouvé pour que j'arrête de traîner dans ses pattes ou plutôt pour que je lui sois utile.
- Pourquoi tu es partie de chez toi, tu avais l'air de beaucoup te plaire là-bas.
- C'est vrai mais je ne regrette pas ma décision et puis avec la mort de James, j'avais besoin de m'éloigner, il y avait trop de souvenirs là-bas. Et pense qu'on ne se serait pas connu sinon.
- En effet, tu as bien fait de venir vivre ici, ça fait pas longtemps qu'on se connaît mais je t'aime bien. Tu es bien plus intéressante que la plupart des filles que je rencontre.
- Vraiment ?
- Oui, vraiment. On ne peut pas dire que tu sois superficielle, ce qui est le cas de la plupart de mes ex.
- Je croyais pourtant que cette après midi t'avait prouvé que je l'étais justement.
- Ça aurait pu être le cas si on avait pas eu la conversation précédente.
- Bon, alors, cette salade ?
- Regarde.
- C'est pas trop mal.
Je prends deux assiettes et place les différents ingrédients dedans de manière plus ou moins artistique. Don et moi mangeons tranquillement puis regardons un film avant d'aller nous coucher.
Qu'est ce que je fais là ? m'étonne-je alors que je me réveille allongée sur une balancelle que je connais bien. C'est celle de notre résidence secondaire. Je me lève et me dirige vers la maison qui est totalement plongée dans l'obscurité. Une fois à l'intérieur, je monte l'escalier pour aller dans ma chambre, c'est alors que j'entends la voix familière de James.
- Qu'est ce que tu fais là ?
- James ? murmure-je.
- A ton avis ? Il faut que tu t'éloignes d'elle. Elle est à moi.
- James ! crie-je. Va-t-en !
- Kyra ? Kyra ! Sauve-toi ! Aaaaah !
- James !
Je me mets à courir à travers les couloirs. Au deuxième étage, de la lumière passe sous la porte de James et alors que je m'approche, celle-ci s'ouvre et je vois James mort, défiguré, gisant dans une mare de sang.
- James ! crie-je en me laissant tomber.
- James ! crie-je en me redressant dans le lit.
- Kyra. C'est rien. C'était un cauchemar. Juste un cauchemar, me dit Don en me prenant dans ses bras. Chut.
- Don… J'ai peur, murmure-je contre son épaule.
- Je sais. Je suis là, t'en fais pas, me rassure-t-il en caressant doucement mon dos.
- Tu vas l'avoir, hein ?
- Oui, promis.
Je reste encore un long moment à pleurer dans ses bras puis je me sens sombrer petit à petit dans le sommeil. Don me rallonge dans le lit, remonte les couvertures et se lève.
- Reste, s'il te plaît. Juste le temps que je m'endorme.
- D'accord.
Il se rassoit sur le lit et pose sa main sur la mienne. Je ferme les yeux et m'endors d'épuisement.
- Tu es sûre de vouloir aller en cours ? me demande Don alors que je pique du nez dans la voiture.
- Ça fallait me le proposer avant de se mettre en chemin. Et puis, faut bien que j'aille en cours sinon je vais être en retard et je foirerais mes exams.
- Ok, ok mais je doute fortement que t'arrives à suivre.
- T'inquiètes, je m'en sortirais… T'aurais pu mettre quelque chose de plus discret.
- Qu'est ce que tu reproches à ma tenue ?
- Bah, le costume, c'est pas très courant parmi les élèves. La cravate encore moins. Et puis, dur de rater la plaque et le flingue.
- Bon, la plaque ok, mais mon arme, on la voie pas.
- Moi si.
- Tu veux aller en cours ?
- Oui.
- Alors arrête de me critiquer.
- Je critique pas, je dis juste que tu ne vas pas passer inaperçu.
- T'as cours dans quel bâtiment ?
- Art et science.
- …
- T'avais qu'à pas me réveiller, j'aurais rien dit sur ta tenue.
Je rappuie ma tête contre la vitre et profite du reste du trajet pour somnoler. Je guide ensuite Don jusqu'à ma salle de cours. Sa tête n'a pas de prix quand je lui dis qu'il va assister à deux heures de politique économique.
- Génial, t'aurais pas pu suivre des cours que je comprends ? Et qui sont intéressants ?
- C'est très intéressant ! m'offusque-je… Ça l'est pour moi.
- Définitivement bizarre. Emma n'est pas là ?
- Je te rappelle qu'elle fait des études de médecine.
- Ah oui c'est vrai.
Le reste de la semaine se déroule calmement, je rattrape les cours du lundi, arrive à comprendre ceux auxquels j'assiste et réussis même à réviser un peu pour les exams du mois prochain. Seul bémol, les cauchemars qui reviennent chaque nuit plus effrayants.
Puis le vendredi arrive, Don et moi passons chercher Emma avant de passer chez Danny pour qu'il nous conduise à l'aéroport où nous prenons l'avion direction Portland. Pendant le vol, je m'assois entre Emma et Don et m'endors malgré la courte durée du trajet.
- Qu'est ce qui lui arrive ? Elle dort tout le temps en ce moment.
- Elle fait des cauchemars toutes les nuits.
- Mmm.
- Tiens, tu te réveilles ? Mon épaule est confortable ?
Je me redresse en vitesse quand je me rends compte que je me suis servie de Don comme oreiller.
- Désolée.
- C'est rien. Ça tombe bien que tu te réveilles, on arrive.
- J'ai du le sentir.
- On crèche où ? demande Emma.
- A l'hôtel et les parents de Nick viennent nous chercher à l'aéroport.
En effet, ils nous accueillent gentiment et Mme Summers nous propose de passer l'après midi et de dîner chez eux pour faire un peu connaissance. Nous passons donc le reste de la journée à parler de mon enfance, celle de Nick, à partager des anecdotes. Puis après dîner, nous rejoignons l'hôtel où deux chambres nous attendent : une pour Don et une pour Emma et moi.
Le lendemain, l'enterrement a lieu. Toute la famille et les amis de Nick sont là. Il était très aimé et s'il n'avait pas croisé mon chemin, il serait encore parmi eux. Je fonds en larmes dans les bras d'Emma qui tente de me convaincre que ce n'est pas ma faute. Après la cérémonie, nous allons tous chez les parents de Nick pour pleurer, boire, manger, se rappeler, échanger des souvenirs. Je n'aime pas les enterrements. Enfin, qui aime ça ? Mais j'ai assisté à trop d'enterrements en trop peu de temps à mon goût.
- J'ai besoin de prendre l'air, annonce-je à Emma et Don… Seule, ajoute-je en les voyant prêts à me suivre.
- A plus tard alors, me répond Emma.
Je sors de la maison et commence à descendre la rue vers le cimetière, mon carton à dessin à la main.
- Qu'est ce que t'arrives pas à intégrer dans le mot "seule" ? demande-je à Don en m'arrêtant pour l'attendre.
- Si tu étais restée dans le jardin ou au moins dans mon champ de vision, je t'aurais pas suivie.
- Je sais me défendre, tu sais.
- M'en fiche, je fais mon boulot, c'est tout.
- Très bien. Allons-y.
- Où ça ?
- Au cimetière.
- Tu quittes la cérémonie du souvenir pour retourner au cimetière ?
- Je me sens pas à ma place là-bas et j'ai besoin d'être au calme.
- Le jardin était calme.
- J'ai besoin d'être proche de lui.
Don ne cherche pas à continuer la conversation et je continue mon chemin vers le cimetière, puis jusque devant la tombe de Nick. Le tertre brun de terre fraîchement retournée semble me narguer et me rappelle de mauvais souvenirs. Bientôt une dalle de marbre viendra dominer la tombe. Je laisse échapper une larme.
- Je suis désolée, murmure-je. En plus j'ai pas fini ton portrait, je commençais à peine à bien réussir les traits du visage.
Je soupire et m'assois sous un arbre à proximité puis j'ouvre mon carnet sur une feuille vierge et commence à dessiner la tombe de Nick. Je rajoute une dalle, quelqu'un en train de se recueillir et un ange avec les traits de mon ami.
- Tu dessines bien, remarque Don me faisant sursauter.
- Merci.
- Il est tard, Emma doit commencer à s'inquiéter.
- Ça fait combien de temps qu'on est là ?
- Deux heures
- Déjà ? On ferait mieux de rentrer en effet, dis-je en réprimant un bâillement.
- T'as dormi cette nuit ?
- Un peu mais mal. J'ai pas réussi à me rendormir après le cauchemar de cette nuit. Et j'ai pas osé réveiller Emma.
- T'aurais dû venir me voir, je suis plus à une nuit de sommeil près.
- Je suis prévenue pour ce soir, dis-je en me relevant.
On retourne chez les Summers tranquillement et en silence. Don retire sa veste et m'enveloppe dedans lorsqu'il me voit frissonner et il laisse son bras posé sur mes épaules. Je me laisse aller contre lui, profitant de son soutien et de sa chaleur pour lutter contre le froid de ce début de soirée de fin avril. On rentre à l'hôtel après avoir récupéré Emma et dit au revoir à la famille de Nick.
- Non !
Je me redresse en sursaut dans mon lit, en sueur. Je mets un moment avant de me rappeler où je suis puis je cherche mon portable à tâtons pour regarder l'heure. Trois heures du mat, génial ! Je me laisse retomber dans le lit et tente de me rendormir mais des images de mon rêve me reviennent sans cesse. Je m'allonge sur le dos et regarde le plafond un moment avant de me lever pour aller dans la chambre d'à côté. J'espère qu'il pensait ce qu'il a dit cette aprèm.
- Don ? appelle-je en arrivant près du lit.
- Mmm. Quoi ?
- J'arrive plus à dormir.
- Cauchemar ? demande-t-il en se redressant.
- Oui.
- Viens là.
Je m'assois sur le lit, prends la main qu'il me tend et il effleure mon épaule de son autre main.
- Ta peau est gelée… Mets-toi sous la couverture, me dit-il en se levant pour me laisser la place. Tu veux en parler ?
- Non, pas vraiment… Don ?
- Oui ?
- Tu veux bien dormir avec moi ?
- Quoi ?
- Bah oui, quand t'es là, j'arrive à me rendormir donc_
- Je vais rapprocher le fauteuil alors.
- Hors de question que tu finisses la nuit dans ce fauteuil inconfortable alors que c'est un lit deux personnes, riposte-je.
- Et tu vas faire quoi si je refuse ?
- T'y forcer ? propose-je avec une moue innocente.
- Toi et tes cinquante kilos toute mouillée ? J'aimerais bien voir ça.
- Je suis plus forte que j'en ai l'air.
- Mais bien sûr.
- T'as de la chance, je suis trop naze pour te le prouver. Bon tu viens te coucher ou pas ?
- J'ai pas le choix, je crois. En plus, le fauteuil a vraiment pas l'air confortable.
Don s'allonge donc à côté de moi en prenant bien soin de ne pas me toucher. Je secoue légèrement la tête et me tourne sur le côté lui présentant mon dos. Je plonge mon visage dans l'oreiller et inspire l'odeur de Don. Je sens le sommeil me submerger et finit par son sombrer pour de bon dans un sommeil pour une fois sans rêve.
Le lendemain, je me réveille dans un cocon de chaleur. J'émerge difficilement tellement je suis bien. Soudain, je me rends compte que la chaleur qui m'enveloppe émane d'un corps contre lequel je suis blottie. Je prends petit à petit conscience du fait que ma tête est nichée dans le cou de Don, qu'une de mes mains repose sur son torse et qu'il m'enserre étroitement dans ses bras. Il resserre un peu sa prise autour de moi et grogne légèrement. Je fais semblant de dormir et le sens se crisper lorsqu'il réalise à son tour notre position.
- Kyra, appelle-t-il en me secouant légèrement.
- Quoi ? marmonne-je.
- A quelle heure est le vol déjà ?
- Treize heures.
- On devrait se lever alors sinon on va le rater.
- Pas du tout envie de me lever, je suis bien là.
- C'est bête, je compte bien me lever moi.
- … Ok, je retourne dans ma chambre… Je pourrais me lever plus facilement si tu me lâchais.
- Désolé.
Don me lâche précipitamment, je roule sur le côté et m'assois au bord du lit en m'étirant. Je rejoins ensuite ma chambre où heureusement pour moi, Emma dort encore. Sinon, j'en entendais encore parler pendant un siècle. Je vais prendre ma douche puis réveille ma marmotte d'amie. Le retour se passe calmement et pour une fois, je ne m'endors pas pendant le vol.
- Donnie ! nous accueille Danny. Alors ça va ?
- Ça va et toi ?
- Nickel ! Bon je vous ramène ?
- Avec plaisir mais j'aimerais bien passer au poste avant, histoire de voir où en est l'enquête d'Angel.
- Ok Donnie.
On dépose Emma puis nous allons au poste où nous nous séparons de Danny.
- Kyra ? m'appelle une voix dans mon dos alors que je fais la bise au scientifique.
- Papa ?
