« Je me souviens bien de la première fois que l'alcool avait envahi mon sang. La première gorgée fut la plus dure. Le picotement sur ma langue et la brûlure dans ma gorge m'avait arraché une grimace. Je m'apprêtais à reposer mon verre encore rempli de ce liquide ambré mais le sourire joyeux qui apparaissait sur chaque visage autour de moi m'avait poussée à retenter l'expérience. J'avais serré les dents et vidé mon verre d'une traite, espérant ainsi connaître à mon tour le bonheur et la joie que semblait apporter cette étrange boisson.
Aussitôt, ma tête avait commencé à tourner, tout me paraissait flou. Tout d'un coup, le sol s'était mis à tanguer dangereusement. Je me trainais jusqu'au banc le plus proche sur lequel je m'assis lourdement. Je pris ma tête dans les mains, essayant vainement de reprendre mes esprits. Soudain, un gros bruit me fit relever la tête et malgré moi, j'avais explosé d'un rire tonitruant. Macao, dont la chute ridicule était la source de mon hilarité, se retourna vers moi, préparant sûrement une réplique acerbe mais lorsqu'il me vit, moi et mon verre vide, il joignit son rire au mien :
-« Cana ! Hahaha ! Bravo ma petite, quelle descente ! »
Et ni une, ni deux, il me prit sur son épaule et nous sortîmes faire la fête toute la nuit en compagnie des membres plus âgés.
Cette nuit-là, j'ai compris beaucoup de choses. L'alcool ne rend ni joyeux, ni heureux mais il peut jouer avec notre mémoire. Cette nuit-là, j'avais oublié pour la première fois la raison de mon arrivée à la guilde. Cette nuit-là, la mort de ma mère, l'orphelinat, l'ignorance de mon père, ma promesse impossible de le rendre fière, ma puissance dérisoire, mon malaise quotidien, tout disparut dans l'ivresse. Cette nuit-là, pour la première fois, je me suis sentie à ma place.
Malheureusement, le lendemain, en me réveillant dans un lit, ce magnifique oubli s'était évaporé et la triste réalité me revint durement comme pour me punir de l'avoir fuie le temps d'un merveilleux instant. Les coups de butoirs dans ma tête, les courbatures de mes membres m'avaient arraché une grimace de douleur. Me relevant en position assise et découvrant mon état lamentable, je compris le véritable prix de l'oubli. Pour tout fuir, j'avais donné bien plus que ma vitalité. J'avais sacrifié ma dignité. Je ramassai vite mes vêtements abandonnés sur le sol et je m'enfuis de l'appartement de cet inconnu à qui j'avais fait don de ma virginité et qui ne le saura sûrement jamais.
A travers les rues de la ville encore endormie, j'avais couru de toutes mes forces essayant désespérément de fuir la réalité. Fuir, encore. Je n'ai jamais eu de courage. Le courage d'aller sur la tombe de ma mère, le courage de tout dire à mon père, le courage de me battre malgré ma faiblesse, le courage d'affronter la réalité.
Je suis tombée à genoux, des larmes de dégout et de honte roulant sur mon visage. Ce jour-là, ma propre existence m'insupportait. Ce jour-là, je me suis détestée et cela ne s'est jamais arrêté.
Je suis retournée à la guilde plus tard dans la journée. J'avais poussé les lourdes portes, le sourire aux lèvres, le cœur lourd. Je fis quelques pas dans la grande salle, observant les membres de la guilde. J'aperçus Mira et Erza devant le tableau des missions, se chamaillant comme toujours. Elles dégageaient encore ces auras de puissance qui me serraient le cœur. Impossible pour elles de cacher leurs forces. De vraies mages de rang S. Puissantes. Déterminées. Intelligentes. Et ma propre faiblesse me revint en pleine figure.
Le souffle soudain court, je détournai la tête pour échapper un instant à ma triste condition mais mon regard se posa sur le quatuor qui s'amusait près de la fenêtre. Guildartz jouait manifestement au loup avec Natsu et Lisanna, Happy volant autour d'eux. Leur rire communicatif se propageait joyeusement dans toute la guilde mais lorsque ce dernier m'atteignit, ce sont malheureusement des larmes qu'il m'inspira. Je pinçai mes lèvres pour retenir le mot interdit qui essayait de s'échapper. Et si mes lèvres restèrent scellées, mon cœur, lui, hurla silencieusement mon secret: « PAPA ! ».
Non. Ce n'était pas mon père. Je n'étais pas sa fille. Je ne le méritais pas. Comment une fille comme moi, souillée, pitoyable, misérable, lâche et faible, pouvait prétendre être de la famille d'un mage aussi prodigieux ? Je ne lui dirai pas avant d'en être digne. Pas avant d'être aussi forte et courageuse que Mira ou Erza.
Cet objectif aussi improbable qu'inatteignable ne m'apaisa pas pour autant. Je luttai de toutes mes forces pour ne pas hurler ou pleurer. Ma respiration devint bruyante et la panique montait lentement en moi. Je balayai la salle des yeux, cherchant de l'aide, un abri où me cacher, un repère où m'ancrer. Je ne trouvai rien mais brusquement, mon regard s'attarda sur le bar sur lequel une bouteille se trouvait, m'attendait. Comme une automate, je m'approchai d'elle, la jaugeant du regard. Arrivée à sa hauteur, je l'ai fixé encore un instant mais l'équilibre se brisa et d'un geste rapide et fluide, je la pris d'une main, l'ouvrit de l'autre et l'engloutit toute entière. Ce fut si rapide que l'eau de feu ne put me brûler la gorge. Je reposai sèchement la flasque sur le comptoir et me délecta de la sensation de chaleur, désormais familière, que le poison diffusait dans mon corps. Aussitôt, le calme revint dans mon esprit. J'ouvris les yeux, fixa le mur devant moi et demandai :
-« Une autre ! »
A partir de ce jour où je choisis la facilité, l'alcool remplaça mon oxygène. A partir de ce jour, il me donnait quotidiennement rendez-vous me promettant chaque fois l'oubli bienfaisant. A partir de ce jour, la lâcheté et le dégout de soi devinrent mes compagnons de vie. A partir de ce jour, le courage me déserta pleinement.
Se réveiller chez des inconnus devint rapidement monnaie courante et mes doses quotidiennes ne cessaient d'augmenter. Je me suis construit un réel enfer personnel.
Quelques fois, j'avais tenté de résister, d'être digne de porter la marque des Fées mais inévitablement, je retournais tôt ou tard caresser la bouteille. C'était ma fatalité, mon fardeau. Quand je perdais à un examen de rang S, quand Loki, mon coéquipier, était retourné dans le monde des esprits, quand Juvia s'était sacrifiée pour moi, quand j'avais perdu contre Freed, à chaque fois, j'ai embrassé le goulot pour oublier, pour supporter.
J'ai été très loin par moment et par d'autres, trop loin comme lorsque j'avais trahi Lucy, ma coéquipière, pour me rendre sur cette tombe et voler une des trois magies des fées, lorsque j'avais échoué à l'utiliser, lorsque mon père avait enfin appris la vérité et m'avait acceptée et aimée. Je ne méritais pas une amie comme elle, je n'étais pas digne d'une des trois magies des Fées, je ne pouvais accepter l'amour immaculé et innocent de mon père. Alors pour encore une fois oublier ma bassesse, ou pour peut-être me punir, j'avais plongé entièrement dans l'ivresse et la dépravation. »
Et Cana rouvrit ses grands yeux gris. Elle leva son regard vers le plafond, tentant désespérément de retenir les larmes que ces souvenirs ne manquaient jamais de déclencher. Ces voyages solitaires au cœur de son âme torturée lui laissaient toujours une étrange sensation de vertige. Comme celle que l'on ressent au bord d'un gouffre noir et sans fond. Peur de l'inconnu, vague sentiment de danger, attraction animale du vide. Dans un effort surhumain et silencieux, la mage s'arracha de son apathie et repris pied dans la réalité. Réalité qui prit la douce forme arrondie du tonneau qu'elle tenait fermement entre ses jambes. Dans un mouvement rendu fluide par l'habitude, la mage porta le bois à ces lèvres et entama l'immense quantité qu'elle avait à disposition.
A mesure que le liquide disparaissait dans sa gorge, une ribambelle de questions envahit son esprit troublé de plus d'une façon. « Qui suis-je ? », « Que vais-je devenir ? », « Que dois-je faire ? », « Que puis-je espérer ? ». Ces questions tournoyaient en écorchant cruellement les sentiments de la belle brune lorsqu'elles s'immobilisèrent brusquement et perdirent de leurs pouvoirs. Dans un claquement de langue approbateur, Cana savoura l'énième victoire de l'ivresse sur ses démons. Mais une voix claire la détourna de ses pensées.
-« Cana ? »
A son nom, la liseuse de carte se tourna vers la magnifique femme qui venait de l'appeler. La chevelure immaculée de Mirajane aussi légère qu'un nuage vola dans le vent lorsque la barmaid s'approcha de Cana dans l'intention de lui parler.
-« Cana, tu bois trop, tu sais ? » commença la démone dans un sourire.
La brune retint un rictus moqueur à l'entente de cette évidente réalité et pinça les lèvres afin de ne pas blesser son amie par un mot dur. Cana n'aurait jamais supporté qu'un membre de sa famille devine à quel point son cœur était écorché et avait appris au fil du temps à taire les cris de souffrance qu'il poussait de temps en temps. Comme aujourd'hui.
Inconsciente des pensées secrètes de son interlocutrice, l'ainé des Strauss reprit la parole.
-« Tout le monde prend du repos après les durs moments qu'on a tous passé et les missions s'empilent. Tu pourrais en faire une, s'il te plait ? Je m'en sors plus là… »
Cana la fixa d'un air suspicieux, s'interrogeant sur cette explication plus que bancale. Le sourire innocent de Mirajane ne démentit aucunement ses soupçons mais la brune comprit rapidement les intentions de son amie. Concédant à contrecœur qu'elle avait cruellement besoin d'argent, toutes ses récompenses terminant dans son gosier, la mage aux cartes sourit à la barmaid et lui répondit avec un grand et factice enthousiasme :
-« Bien sûr, Mira ! J'y vaiiiiiiiis ».
La dite Mira sourit devant cette apparente joie de vivre et retourna vers son fief. Voyant cela, Cana poussa un discret soupir et avança avec précaution vers le bord de la table où elle avait élu domicile. Rassemblant ses esprits autant qu'elle le put, elle posa ses pieds sur le sol tanguant et entreprit un court mais périlleux voyage vers le tableau des missions.
Arrivée, la mage détailla les différentes requêtes afin de trouver son bonheur. Finalement, elle se décida pour une mission bien payée qui consistait à se débarrasser d'une guilde noire qui pratiquait des expériences magiques illégales. Elle devra également collectionner des informations sur l'objectif final de ces recherches douteuses. Arrachant d'un geste vif l'affiche du tableau, la brune rejoignit Mira pour accepter officiellement cette requête.
-« Hey, Mira, je prends celle-là ! » et d'un geste elle aplatit la feuille sur le comptoir, mimant une excitation qu'elle était loin de ressentir mais que la Strauss apprécierait.
-« -« Très bien ! Voyons voir… Hmmmh, elle est très bien payée. Fais attention à toi, cela signifie sûrement que la guilde est plus dangereuse qu'il n'y parait ! » prévint la barmaid avec son habituel sourire.
-« Haha, t'inquiète pas, Mira ! J'en ferai qu'une bouchée ! »
Mirajane sourit, leva faussement les yeux au ciel et, en guise d'au revoir, fit ses recommandations habituelles :
-« D'accord, je te fais confiance ! Fais attention et reviens nous vite ! »
Caa sourit sincèrement et agita la main en passant la porte :
-« Je reviendrai dans 3 jours ! A bientôt Mira ! Dis au revoir à tout le monde de ma part ! ».
Et la mage sortit d'une démarche presque assurée, laissant la blanche seule dans une guilde inhabituellement vide. Après son départ, Mirajane s'approcha du cadavre en bois que Cana avait abandonné sur la table. S'étirant, elle regarda dans le tonneau, espérant au fond d'elle y trouver ce liquide ambré qu'elle détestait lui servir mais son regard ne rencontra que les parois brunes du contenant. Poussant un soupir résigné, elle jeta un regard inquiet vers la porte que la belle brune venait de passer. Elle se perdit dans ses pensées jusqu'à ce que la plus bruyante des équipes ne pousse les lourdes portes. Mira eut juste le temps de cacher le tonneau vide derrière le comptoir avant d'adresser un sourire de bienvenue à Lucy, Natsu, Grey, Happy et Erza qui chahutaient joyeusement.
De son côté, Cana avait fini ses préparatifs et partit pour la gare, les épaules cisaillées par un volumineux sac de voyage. Elle monta dans le train qui l'amènerait au lieu de sa mission. Une fois bien installée sur une banquette, elle ouvrit avidement son bagage et attrapa l'une des nombreuses bouteilles qui y dormaient sagement. Le train s'ébranla et l'ennui s'invita bien vite aux côtés de la mage.
Afin de passer le temps, la brune prit ses cartes et s'appliqua à lire l'avenir. Bien qu'elle sache que la divination était une science complexe, elle avait acquis une solide expérience. Elle savait que rien n'était jamais certain ou clair. Tout devait être interprété et même après plusieurs heures de réflexions, une conclusion sûre n'était jamais garantie. Tirant les cartes de son tarot de Marseille, elle décida de procéder à un tirage en croix. Elle plaça quatre cartes successivement en cercle et tira une cinquième carte qu'elle posa au centre. Elle prit le temps de se concentrer et pensa intensément à sa mission en demandant aux cartes de lui révéler l'avenir. Lorsqu'elle se sentit prête, elle retourna lentement les cinq cartes.
La Lune se révéla être la première carte. Cana ne fut guère surprise. La première position révélait son état actuel et selon la 18e carte du Tarot, la belle brune était troublée, angoissée. Elle se trouvait dans une situation complètement bloquée et ne savais comment continuer à avancer. Avec une indifférence née de l'habitude, elle retourna la deuxième carte.
La seconde position lui révéla les obstacles et les problèmes, en somme ce qui n'allait pas. Elle ne fut une fois de plus pas étonnée de voir le Diable sur la table. Elle lui indiquait qu'elle était esclave d'elle-même mais cette carte symbolisait également une dimension de bassesse qui ne lui laissait aucun doute sur sa signification. Elle pointait du doigt son alcoolisme et son dégoût d'elle-même qui l'entravaient et la tiraient vers le bas, vers les Enfers. Elle médita quelques temps encore sur le dieu cornu avant de poursuivre son exploration de l'avenir.
La troisième carte indique le chemin à prendre pour résoudre le problème. Dans cette position, la Force la prévenait qu'elle devait acquérir une maîtrise d'elle-même, aussi bien physique que morale. Elle émit un petit rire surpris. Aujourd'hui, les cartes lui paraissaient ridiculement claires ! Une inquiétude sourde lui envahit brusquement le cœur lorsque sa main se posa sur la quatrième carte. En expirant profondément, elle retourna lentement le rectangle et dévoila l'affreuse figure qui l'ornait.
L'arcane sans Nom ! Le squelette morbide la regardait comme si il s'amusait de son incrédulité. Cette carte lui indiquait sans aucun doute une transformation, un bouleversement. La Fin d'une ère. Elle fixa cette carte - qui n'avait pas reçu le nom de la Mort que par simple pudeur - comme pour la défier de tout lui révéler. Hélas, la cruelle Faucheuse préféra se cacher derrière un mutisme moqueur. Sachant qu'elle n'en tirerait rien, la mage décida de passer vite fait à la cinquième carte, la Synthèse, celle qui mettrait un point final à ce tirage qui avait pris une tournure inattendue et inquiétante.
Découvrant la dernière carte, elle resta songeuse un instant. La maison de Dieu… Elle ne s'y attendait pas. Elle lui indiquait qu'un changement est inévitable et que cette période sera pénible et difficile à vivre mais qu'elle serait, à terme, pour le mieux.
Cana rangea lentement ses cartes, appuya sa tête contre la vitre et regarda le paysage défiler. Elle chassa d'un mouvement distrait quelques mèches soyeuses de son visage et passa le reste du trajet dans une profonde réflexion.
Somnolant, la mage sursauta lorsque le sifflet du contrôleur retentit pour la prévenir de l'arrivée du train à destination. Elle s'étira comme un chat et rassembla ses affaires pour sortir du wagon, abandonnant derrière elle une montagne de bouteilles vides. Elle n'eut pas le temps d'apercevoir les nombreux voyageurs au regard rempli d'admiration quant à son incroyable descente et ses douces courbes dévoilées par ses vêtements si légers.
Cana, en effet, ne voulait perdre aucune seconde et d'un pas vif, se dirigea vers la forêt qui abritait la guilde noire. Sa réserve d'alcool avait bien diminué durant le voyage, c'est pourquoi la mage marchait à grand pas sur le sentier sylvestre, espérant en finir le plus possible. Elle savait pertinemment que sans son précieux liquide, elle ne pourrait tenir bien longtemps.
Grâce à son rythme, la mage arriva rapidement dans une petite clairière qui paraissait tout à fait paisible. Ou du moins, qui aurait paru tout à fait paisible à n'importe qui sauf Cana. Ses grands yeux gris avaient en effet noté en quelques secondes plusieurs détails qui lui indiquaient qu'elle était au bon endroit. L'herbe plaquée au sol dans une zone au centre, la couleur également plus jaune de la végétation sur le côté droit, l'absence d'oiseau ainsi que la forme parfaitement circulaire de la trouée trahissaient la présence d'un bâtiment camouflé magiquement au milieu de cette plaine artificielle.
Elle sortit rapidement une carte et procéda à un sort d'annulation. Brusquement, une grande bâtisse de pierre apparut devant son visage concentré. Tel un prédateur en chasse, la mage fit le tour des murs d'un pas souple et silencieux, bien que le boucan de tous les diables qui provenait de la guilde noire lui assurait une complète discrétion. Son regard acéré que peu avait pu déjà admirer, compta quatre sorties de secours potentielles. D'une formule silencieuse, elle condamna trois d'entre elles. De ce même pas fluide, Cana se replaça devant la dernière porte utilisable, la principale. Attrapant d'autres cartes, elle plaça des pièges tout autour de celle-ci. Son plan une fois exécuté, elle s'apprêta à lancer sa carte « Détonation » afin d'effrayer les mages noires et de les pousser à sortir par la dernière sortie où ils tomberaient dans l'embuscade qu'elle avait tendue.
Cana leva le bras, la carte coincée entre deux doigts et… s'arrêta. Revenant lentement derrière un tronc, la mage scruta attentivement les buissons qui venaient de bouger alors qu'il n'y avait pas un souffle de vent. Espérant que le bruit de la guilde noire n'avait pas couvert l'arrivée d'autres ennemies, la brune sentit sa concentration doubler. Les buissons frémirent une deuxième fois et devant le regard ahuri de Cana, Cobra, vêtu de la cape de Crime Sorcerer, apparut.
Sans même prendre le temps d'inspecter les alentours, le Dragon Slayer s'avança vers le bâtiment. Il gonfla étrangement ses poumons et avant même que la mage ne puisse tenter quoi que ce soit pour l'en empêcher, un flot de poison percuta violemment les murs de pierre et emporta les étages.
Pendant une seconde de flottement, les mages noires regardèrent l'étrange homme aux cheveux pourpres et à la cape bleue qui venait manifestement de les attaquer ainsi que la femme aux longs cheveux bruns qui courait à toute allure vers l'intrus.
Intrus qui esquissa un sourire satisfait à la vue des crânes fumants des mages noirs. Soudain, en un instant les choppes de bières furent remplacées par diverses armes et les hors-la-loi se précipitèrent vers Cobra en hurlant d'une seule voix.
Le Dragon Slayer, bien loin d'être impressioné, fit craquer ses phalanges avec délectation et s'avança vers la bande désorganisé. Le sourire sadique qui s'étirait sur le visage du mage disparut lorsque trois cartes, aussi coupantes que des rasoirs, se plantèrent brutalement devant lui. Il s'arrêta en plein mouvement et prit le temps d'écouter.
« Putain ! Arrête-toi, andouille ! Il y a un piège juste devant toi ! »
Cobra se retourna lentement et regarda avec étonnement la femme qui accourait vers lui. Elle ouvrit la bouche pour lui crier de ne pas avancer mais le serpent avait déjà compris et fit quelques pas en arrière.
Lorsque Cana arriva à sa hauteur, elle le toisa d'un regard plein de colère et d'exaspération.
-« J'ai disposé des pièges dans la prairie, ne t'en approche pas ! Je fais partie de Fairy Tail et je dois détruire cette guilde ! Que fais-tu ici ? »
En même temps, elle sortit 3 cartes qu'elles lançaient vers les mages noires en criant :
-« Invocation de Foudre ! »
La voix de la mage fit grimacer Cobra. Voilà pourquoi il n'aimait pas se servir de son ouïe avec quelqu'un d'aussi proche. Les gens sont toujours si bruyants. En tout cas, la mage de Fairy Tail lui paraissait efficace et son invocation donna naissance à de furieux éclairs émeraudes qui décimèrent les rangs ennemis.
-« Ne hurle pas si fort, tu me perces les tympans ! » dit-il néanmoins en grimacant.
« Non, mais c'est quoi cette chochotte ? »
Cobra ne releva pas cette insulte silencieuse et suivit l'exemple de la brune.
-« CROC DU DRAGON DU POISON. »
Un sifflement impressionné de la part de Cana lui arracha un discret sourire. Il était plus habitué au cri de terreur mais c'était quand même mieux que de croire qu'il était une chochotte.
Ils attaquèrent tous les deux sans pitié et bientôt tous les mages noires furent hors d'état de nuire.
La mage se retourna, le souffle encore court. Elle regarda Cobra d'un air méfiant. Lorsque le chasseur de dragon avança, la jeune femme se mit en position de défense.
« Ami ou ennemi ? »
