Voilà la fic que j'avais annoncé à la fin de Ellen Clark. Vous pouvez tout à fait la lire sans avoir lu Ellen Clark, mais après ça casse un peu le suspens dans Ellen Clark de certains chapitres... Juste, le style n'a rien à voir... J'espère que ça vous plaira quand même.

Aucun personnage n'est explicitement nommé, mais je pense que vous n'aurez pas trop de mal à suivre...

J'ai divisé cette fic en trois parties, un peu arbitrairement. C'était pour que ce ne soit pas trop indigeste.

Bonne lecture!


-CE SERA DE TA FAUTE-

Tu m'as tendu la main. Tu m'as aidé à me relever. Mais même quand tu étais là, j'étais encore oscillante. J'étais sur la frontière, n'arrivant pas à me décider. J'avais fait un pas d'un côté, tu m'as ramenée au milieu. Avec toi, j'étais prête à prendre une décision. Une bonne décision, tu m'aurais dit. Mais tu m'as laissé. Tu t'es éloigné. Alors j'ai fait pareil. Chacun d'un côté de la ligne. Je sais que je vais mal agir dans le futur, j'en suis consciente et pourtant, si je le fais, j'affirme que ce sera de ta faute.

Contrairement à la plupart des belles histoires, la nôtre ne commence pas par « je t'ai remarqué dès le premier jour ». Déjà, on était mal partis. Mais on aurait pu avoir notre happy end. On aurait pu. Non, le premier jour où je t'ai rencontré, je t'ai considéré comme tous les autres : de haut. Tout le monde écarquillait les yeux, toi aussi. Je t'ai mis dans le même sac. Moi, on m'avait dit à quoi m'attendre, on m'avait dit qu'il fallait tout de suite que je montre que j'étais différente. Que je valais mieux, en fait. J'ai fait ce qu'on m'avait indiqué. Je n'ai parlé à personne pendant le voyage, me contentant de fusiller du regard quiconque osait m'adresser la parole. Je devais attendre la répartition, voir qui serait dans ma maison, pour ne pas parler à n'importe qui. Car je savais pertinemment où j'allais atterrir. C'était à peine si ma mère n'avait déjà fait coudre le blason de Serpentard sur mes robes. Effectivement j'ai été envoyée chez les vert et argent, même si le Choixpeau a tenu à fouiller un peu mon esprit pour voir si quelque chose pouvait faire en sorte de ne pas envoyer tous les Black à Serpentard. Avec mon abruti de cousin, il a été servi. Moi, j'étais déjà trop formatée. Non, ce n'est pas ce jour là que j'ai fait attention à toi. Ni le lendemain, d'ailleurs, même si tu avais aussi été envoyé à Serpentard. Je t'ai remarqué à la fin de cette semaine. Tu étais en train de parler avec une poufsouffle, alors que je distinguais aisément le blason vert cousu sur ta poitrine.

Je crois que c'est à partir de ce moment que j'ai remis un certain nombre de choses en question. Mais il était trop tôt pour tenir tête.

Ces premières années à Poudlard, j'ai joué le rôle que mes parents m'avaient attribué. Je n'ai pas eu de vrai ami. Ni fille, car la cruche qui partageait mon dortoir n'était rien en effet rien d'autre qu'une imbécile finie, une glousseuse professionnelle, et je me suis contentée de la laisser parler sans écouter. Et pas non plus de garçon. Pourquoi ? Aucune idée. Pas de petit ami non plus. J'eus quelques admirateurs. Je les regardais avec mépris. Je me suis efforcée d'être une bonne élève, sans être aux pieds de nos professeurs, avec qui j'étais assez souvent au bord de l'insolence. Mais je n'avais, alors, jamais dépassé les limites.

Je n'ai rien fait de plus, ni de moins, que ce qu'on m'avait demandé. Cela dit, je ne devais pas être une jeune fille assez modèle par rapport à ma première petite sœur. Elle avait toujours été la préférée. Le fait qu'elle soir à Poudlard n'a rien changé, au contraire. Elle éblouissait les professeurs, les garçons, les filles. Jolie, intelligente, malléable mais ne s'éloignant jamais de l'éducation qu'elle avait reçue. Elle était la fille Black idéale. Celle qu'on marierait sans aucun problème, puisque j'appris bien vite que c'était là la seule préoccupation de ma mère : marier ses filles, vite mais surtout bien. Moi, avec la suffisance que j'affichais en permanence, il allait falloir me recadrer. Car dès que ma jolie sœur était arrivée au collège, soit quand j'entrai en quatrième année, j'avais commencé à me faire remarquer par des remarques acerbes, insolentes, blessantes. Et j'étais aussi entrée dans l'équipe de quidditch, ce qui avait rendu mon père fou de rage. Un sport d'hommes. Selon lui.

Mon cousin était devenu ma cible favorite, parce que difficile à atteindre. Les autres, tous à pleurnicher. Toi aussi, tu m'as regardé autrement. J'ai surpris des yeux pleins d'interrogation. J'ai relevé la tête et insulté ma voisine de devant. A la fin du cours, tu m'as pris à part et m'a simplement dit de ne plus jamais m'adresser ainsi à ta sœur. J'en avais vu, des garçons de deux têtes de plus que moi à essayer de m'intimider. Il n'y a que toi qui aies réussi. Ce fut la première fois que je baissais les yeux. Quand je les ai relevé, tu n'étais plus là.

Je m'en suis voulue de cet instant de faiblesse. Je n'ai plus injurié la petite poufsouffle, mais tu as souvent été la cible de sous entendus plus ou moins méchants. Au début, tu as haussé les sourcils, puis levé les yeux au ciel, mais tu n'as jamais répondu. Trop calme. Je me suis même demandée ce que tu faisais à Serpentard. Mais je ne te connaissais en fait pas plus que les autres. Quand j'étais assise, seule ou entourée de personnes toutes plus hypocrites les unes que les autres, ce qui revenait donc au même, je te voyais rire avec tes amis, je t'enviais. Je les enviais aussi. Alors j'ai pris le parti de t'ignorer. Car on ne m'avait pas appris à envier. Je n'avais pas le droit. Je me devais de montrer que j'avais tout pour moi. Mais il était moi-même difficile de m'en convaincre.

Tout a changé après les vacances de Noël de l'année suivante. Ma mère s'était mise en tête de partir à la recherche d'un bon parti à me faire épouser dès la fin de mes études. Je n'étais pas d'accord. Je ne voulais même pas envisager de me marier. Je désirais d'abord montrer que j'étais capable de faire autre chose qu'une bonne épouse. J'avais essayé de le faire comprendre à mes parents. Peine perdue. J'aurais pu en parler à un elfe de maison, ça aurait eu autant d'impact. Je hurlais intérieurement, mais crier n'aurait servi à rien, si ce n'était de me faire punir. J'ai attendu la rentrée. A Poudlard, ils ne pourraient qu'être spectateurs. Mes parents ne voulaient pas que je me fasse remarquer. Mais ils voulaient aussi que je montre que j'avais reçu une éducation de bonne famille de Sang-Pur. Ils auraient dû être plus clairs. J'ai pris une semaine de retenue, échappant au renvoi provisoire. Tout ça parce que j'avais poussé à bout une petite Sang de Bourbe. La retenue n'a pas tardé à être suivie d'une longue lettre de ma mère. Je l'ai reçue le jour de mon anniversaire. Jour à marquer d'une pierre blanche. Oui, blanche.

Je me souviens de tout. Comme c'était mon anniversaire, et même si je n'avais pas à proprement parler d'amis, un certain nombre de personnes avaient tenu à organiser une petite fête dans la salle commune de Serpentard. Pour se faire bien voir de la famille Black. Les faibles. J'étais en train de m'habiller quand le hibou de ma mère a toqué à la vitre. J'ai arraché le parchemin de ses pattes, décacheté l'enveloppe. J'ai dû m'asseoir, non pas à cause de tous les reproches, je m'y attendais, mais à cause de la conclusion : « Ton père et moi-même pensons qu'il est grand temps que tu te fiances, avant que tu ne fasses d'autres bêtises. » J'avais seize ans. J'ai tout à fait compris ce que sous entendait ma mère. J'eus envie de pouvoir lui répondre « trop tard ». Je mis la fille qui partageait sa chambre avec moi, et qui s'était donné comme but de me rendre la plus belle ce soir, à la porte. Ce ne serait pas elle, qui admirait les robes, les nœuds et la bouille de poupée de ma jeune sœur qui allait pouvoir m'aider. J'ai attrapé un haut que j'ai modifié en plusieurs coups de baguette magique, fait de même pour une malheureuse jupe droite qui traînait dans mon armoire. Je suis passée dans la salle de bain, n'eus aucun mal à me maquiller outrageusement. Elle ne voulait pas que je fasse de bêtises ?

Je suis descendue dans la salle commune. La fête battait déjà son plein. Tous les élèves qui n'étaient pas au moins en quatrième année avaient été envoyés, de gré de ou de force, dans leur dortoir et les plus âgés étaient en train de montrer à quel point la jeunesse peut-être délurée. Je songeai que je n'aurais aucun mal à atteindre mon but. Je m'affalai dans un canapé, croisant mes longues jambes que la jupe que je portais ne pouvait pas cacher, regardant mon voisin, un type dont je ne me souvenais même pas du nom, qui avait les yeux non seulement embrumés par l'alcool, mais en plus plongés dans mon décolleté. Il passa un bras autour de mes épaules et cria qu'on apporte à boire à la reine de la soirée. Je me suis comportée fièrement comme toutes les petites pétasses que je méprisais, passant de bras en bras, enchaînant les alcools forts, en venant même à rire bêtement. La musique était forte. J'avais commencé à danser, un verre à la main, un garçon devant moi, un autre derrière. Je n'ai rien dit quand l'un a posé sa main sur ma cuisse, ni quand l'autre a commencé à m'embrasser dans le cou. On a apporté un gâteau. J'ai soufflé les bougies. Quand la fumée s'est dissipée, j'ai vu un visage fermé. Toi. Je t'ai fait un clin d'œil et me suis pendue au bras de mon voisin. Celui-ci m'a lancé qu'on allait jouer ensemble. J'ai acquiescé. On m'a mis un bandeau sur les yeux. J'ai perçu du mouvement autour de moi. Quand j'ai senti quatre mains baladeuses sur mon corps, j'ai eu une leur de lucidité, me disant que peut-être, je devrais enlever ce bout de tissu et m'éloigner des deux pervers à qui je devais avoir affaire. Mais je n'ai pas eu finalement à agir, car quelqu'un l'a fait pour moi. Quand j'ai ouvert les yeux, m'apprêtant à râler, pour la forme, tu étais devant moi. Je t'ai regardé droit dans les yeux, ravalant mes mots. C'était la première fois que je voyais ça dans ton regard. Je l'ai identifié comme de la pitié. Ca ne m'a pas plu. Je t'ai mis une claque. Tu me l'as rendue. J'ai posé ma main sur ma joue. Tu as voulu rajouter la tienne. Mais je t'ai tourné le dos. Mes deux cavaliers étaient affalés sur le canapé. Je leur ai lancé qu'on pouvait continuer le jeu dans ma chambre. Ils se sont regardés et se sont relevés en souriant. Mais tu m'as attrapé la main, les a repoussé sur le canapé sans aucun mal. Ils ont émis un grognement mais tu ne t'en es pas formalisé. Tu m'as entraîné à l'écart, m'a demandé ce que j'étais en train de faire. Je ne t'ai pas répondu. J'ai dit que tu avais fait fuir mes prétendants, qu'il faudrait que tu en assumes les conséquences. Je crois que j'ai voulu me donner un air aguicheur. Tu as souri. Premier sourire. Etrange comme, malgré le fait que j'étais imbibée d'alcool, je me souviens de tout.

Heureusement, les autres étudiants étaient trop occupés à faire la fête pour se rendre compte que je n'étais plus là et personne ne s'est souvenu que tu m'aies accompagné. Tu m'as demandé quelle était la porte de mon dortoir, t'es assuré que j'étais bien sur mon lit, où tu t'es assis à côté de moi pour me demander si j'avais besoin de quelque chose. Je me sens tellement bête à chaque fois que je me souviens de ma réponse : toi. Tu m'as souri à nouveau et je sais que tu m'as dit en riant que cette fois ce n'était pas possible, mais que quand je serais plus lucide, et si j'y tenais toujours, tu pourrais reconsidérer cette proposition, même si tu as nié par la suite. J'ai posé ma tête sur ton épaule, tu m'as embrassée sur le front et tu es parti, m'informant, dans le cas où je voudrais ressortir, que tu surveillerais la porte du couloir des filles. Cette fois, c'est moi qui ai souri. Premier sourire d'une assez longue série. Qui t'était exclusivement réservée.

Autant cette soirée est aujourd'hui gravée dans ma mémoire, autant le lendemain j'eus du mal à m'en souvenir. Ce n'est qu'un peu plus tard, quand j'ai croisé ton regard, que tout m'est revenu. Je ne savais pas quoi faire, comment réagir. J'avais dépassé les bornes, heureusement pour moi que m'a mère ne l'ait jamais appris. Tu n'as rien dit. Tu t'es contenté de me saluer d'un hochement de tête. Salut que je ne t'ai pas rendu.

Je n'ai pas évoqué ce qui s'était passé, tu n'as pas cherché à me le rappeler. L'année s'est écoulée. Tu travaillais souvent à la bibliothèque. J'ai commencé à m'intéresser de plus près à la magie noire. Mes parents le tolérèrent à condition que cela ne se répercute ni sur mes notes, ni sur mes camarades. Pas tout de suite. Un jour que nous étions assis à la même table dans la salle commune, toi penché sur un livre de classe, moi lisant un volume que j'avais récupéré de la Réserve, officiellement pour un devoir en Défense contre les forces du mal, je reçus de nouveau un hibou de ma mère. Cette fois, elle m'indiquait qu'au rythme où les choses avançaient, je serais probablement fiancée l'été même à un cousin de la branche islandaise. J'ai jeté la lettre au feu et balayé d'un revers de la main la table, envoyant choir mon livre par terre. Tu t'es levé, l'a ramassé, l'a ouvert et a haussé un sourcil. Puis tu es venu t'asseoir à mes côtés et a posé le pavé devant toi avant de te tourner vers moi. Je te regardais avec un air prudent. Tu m'as demandé pourquoi je lisais ça. Je t'ai répondu agressivement que cela ne te regardait absolument pas. Je sais ce que tu t'es demandé, car je l'ai lu dans ton regard : pourquoi j'étais comme ça ? Je l'avais toujours été. Alors pourquoi, pour qui aurais-je changé ? Pour toi ? Tout cela, j'ai pensé à le dire à haute voix. Je n'en ai rien fait. Car tu avais posé ta main sur la mienne et me regardait avec douceur. Je n'en avais pas l'habitude. Mes mots sont restés en travers de ma gorge et une unique larme est venue couler sur ma joue. Tu as été surpris. Nous sommes restés ainsi quelques secondes avant de nous rappeler que nous n'étions pas seuls. Tu as été le premier à réagir : tu as enlevé ta main comme si tu venais de te brûler et as murmuré un pardon presque inaudible avant de retourner à ta place. Je n'ai pas pu rouvrir le livre. Je l'ai laissé sur le bureau et suis partie.


Un avis serait le bienvenu... :)

Ah oui, je sais que je n'ai pas respecté l'ordre des soeurs Black. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas trop rigueur!

Zxx et à bientôt!