Texte écrit par Myosotie pour Stellaetoile
Castiel - Lysandre et Sucrette (Milliana)
– Un, deux, trois...
Je détalais tandis que mon ami, Lysandre, comptait. Je me dirigeas vers la forêt. On m'avait toujours interdit d'y aller, mais le fait de jouer à cache-cache était une excuse valable, non ? Malgré tout, je m'engageas sur le sentier recouvert de feuilles mortes. Elles crissaient sous mes pieds, produisant un bruit à la fois paniquant et réconfortant. Les arbres m'entouraient, me donnant l'impression d'être enfermé dans une prison des plus féerique. Je grimpas sur l'un d'eux, cette cachette me semblait être la plus sûr.
Alors que je m'amusai à essayer de discerner le ciel à travers, quelques bruits se firent entendre me faisant sursauter. Un craquement de branche, une respiration trop prononcée, une pierre qui roule. Cela suffit à me faire baisser le regard. Et tant mieux, car sans cela je ne l'aurais jamais vu. Elle... Ses longs cheveux noirs volaient derrière elle, produisant une scène digne des plus grands films. Elle se balançait sur ses pieds, les mains dans le dos, comme si elle était gênée d'être là au milieu de ces bois. Son seul vêtement était une robe brune à moitié déchirée, s'arrêtant un peu plus haut que ses genoux. Elle était pieds nus, mais cela ne semblait pas la déranger. Elle me regardait de ses yeux tellement... unique ?
Lentement, je descendis de mon arbre pour m'approcher d'elle. Elle était encore plus spectaculaire de prêt. On aurait dit que les fleurs se fanaient de honte lorsqu'elle se trouvait parmi elles. J'eus le plaisir de pouvoir humer son odeur qui n'allait qu'à elle. Un mélange fruité et poivré à la fois. Elle avait des iris de plusieurs couleurs allant du noir au bleu, passant par le marron et le vert. On y voyait aussi des couleurs des plus exceptionnelles, comme le rose ou le jaune. Le tout formait un dégradé irréel. Elle était pale et d'une maigreur inquiétante. Sur sa joue gauche se trouvait une mince cicatrice. J'avançais la main pour pouvoir la caresser du bout des doigts, mais la fillette se précipita derrière un gros chêne, fêlant comme un chat. Doucement, je me dirigea derrière l'arbre et m'accroupis à ces côté. Ses yeux étaient emplis de terreur et fixaient un point inexistant, bien qu'elle me jetait quelques regards. Lentement, je me mis à lui caresser les cheveux, comme ma mère le faisait lorsque je me réveillais en hurlant après un cauchemar. Petit à petit, elle se dérida et finit par s'abandonner contre ma poitrine. Et soudainement, elle se releva et m'adressa un sourire éclatant.
– Salut, je m'appelle Milliana, tu veux jouer avec moi ?
Je ne répondis pas de suite, j'étais trop absorbé par le son de sa voix. Elle était fluette et respirait la souffrance. Il semblait qu'elle connaissait la cruauté de la vie mieux que personne, bien qu'elle fut âgée de seulement neuf ans. J'étais aussi abasourdi par le fait qu'elle m'avait parler tranquillement, alors que précédemment elle s'était enfuie lorsque je lui avais tendu la main. Elle avait changé d'humeur si subitement, que cela me terrifiait autant que ça m'impressionnait. Du bout des lèvres, je réussis à lui donner une réponse à peu près convenable :
– Je m'appelle Castiel et oui je veux bien jouer avec toi ! Super ! On joue au loup, tu es le loup !
Elle me sourit puis se mit à courir pour que je puisse l'attraper. Je lui laissa prendre de la distance avant de la poursuivre. Mine de rien, elle courait vraiment vite et j'eus quelques difficultés pour la rattraper. On jouait depuis quelques temps, jusqu'à ce qu'elle voulu s'arrêter parce qu'elle s'était fait, sois disant, mal à la cheville. Franchement, les filles, toutes des mauviettes... Elle m'emmena au pied de l'arbre où j'étais caché précédemment. On parla de choses et d'autres. Elle parlait très peu d'elle, donc la discussion tournait autour de moi. Ce fut que lorsque je mentionnas Lysandre, comme étant mon meilleur ami, que je me souviens que je jouais avec ce dernier avant que je la rencontre, elle.
Ainsi Lysandre, Milliana et moi, nous donnions rendez-vous au pied de l'arbre où tout avait commencé. Et ceux pendant plusieurs mois. Nous avions créé des liens et étions inséparables, bien que la relation entre la fillette et moi était tellement ambiguë que mon ami était légèrement à l'écart. Un jour, elle ne vint pas. On s'était dit, Lysandre et moi, qu'on la reverrait, le lendemain, souriante et s'excusant de ne pas nous avoir prévenu qu'elle ne viendrait pas, qu'elle avait juste eu un empêchement. Au bout d'une semaine, nous avions beau lui chercher des excuses, nous savions bien qu'elle ne reviendrait pas.
Lysandre fut le premier à ne plus venir à l'arbre. Malgré tout, je continuais à venir. D'abord tous les jours, puis ensuite une fois par semaine. Même maintenant, il m'arrivait d'y retourner lors de mes moments de déprime.
C'est âgé de neuf ans, que j'appris que le fait de s'attacher trop rapidement aux gens, faisait mal terriblement mal...
En apparence, on aurait dit qu'il l'avait oubliée. Tout comme il avait oublié son passé. Ils leurs semblaient qu'il ne se souvenait de rien. Qu'il ne pensait rien. On disait de lui qu'il était un robot non métallique, un robot humain. Un être programmé pour ne ressentir que de la colère, de la haine et de la frustration. Quelqu'un qui effectuait chaque geste parce qu'il en était obligé. A le voir, on comprenait que la vie le décevait, qu'elle le dégoûtait, qu'elle n'avait pas été tendre avec lui. On savait que ses parents l'avaient délaissé, le laissant seul n'ayant qu'un chien comme compagnie et un papier d'émancipation au fond d'un tiroir. On savait aussi qu'il avait changé depuis son enfance, et cela était encore plus frappant pour ceux qu'ils le connaissaient depuis l'époque du bac à sable. Fini le petit garçon souriant aux beaux cheveux corbeaux, bonjour au ''bad boy'' à la belle teinture sanguinaire. Il n'avait pas beaucoup d'amis proches, et le peu qu'il avait été jugé comme bizarre aux yeux de tous. Il n'avait qu'à voir Lysandre pour comprendre. Le jeune homme était un grand admirateur de l'époque victorienne et s'habillait avec les vêtements propres à cette période. Ayant un caractère très calme, il ne s'énervait que très rarement, c'était d'ailleurs pour cela que Castiel l'appréciait. Ce dernier était un aiment à filles. Une en particulière. Ambre. Elle disait être folle amoureuse de lui depuis la primaire, mais une rumeur courrait disant qu'elle lui portait de l'attention que pour rivaliser avec Débrah, une des nombreuses ex du garçon. Oh que oui, il multipliait les conquêtes d'un soir, sûrement dans le seul but de l'oublier, elle... Donc oui, on pouvait dire qu'en apparence il l'avait oublié, bien qu'au fond elle demeurait à jamais dans sa mémoire.
Être obligé de se lever à six heures tous les jours. Se laver, s'habiller, prendre son petit déjeuner, pour pouvoir ensuite marcher jusqu'au lycée, que ce soit dans le froid hivernal ou dans la chaleur étouffante de l'été. De la musique dans les oreilles. Du rock, que du rock. Parce qu'il s'agit d'une musique de rebelles, une musique considérée comme n'étant qu'un bruit que ce soit par les citoyens ou par la société. Une musique de battants, une musique vraie, une musique vivante. Elle me permettait de m'assumer, de me donner l'illusion de ne pas être comme eux, tous ces gens sans aucun caractère, se faisant influencé par la beauté et toutes ces choses aussi futiles. Penser à toutes ces choses-là, pendant le chemin, jusqu'à atteindre la fin de la chanson. Ensuite, entrer dans ce bâtiment soit disant procureur d'avenir. S'asseoir derrière un bureau jusqu'à la fin de la journée. Puis encore et toujours montrer des signes de rébellion par ci, par là, afin de préserver cette réputation de personne non fréquentable qui me permettait d'avoir la paix. Revêtir ce masque d'indifférence, sans jamais l'ôter, alors que je voudrais crier mon âme et mes tripes. Et faire cela tous les jours. Sans jamais briser cette routine.
Les maths. La chose la plus ennuyante qu'il connaissait. Le fait que ce soit Monsieur Faraize qu'il l'enseignait n'arrangeait rien. N'est en moins, le prof avait du retard, chose rare et des plus appréciables. La rumeur, dont Peggy devait certainement être la source, courrait que c'était parce qu'une nouvelle élève allait venir dans notre classe. Tout le monde en parlait tandis que moi je me contentais d'écouter. Certains prétendaient l'avoir déjà vu et disaient« qu'elle, c'était une put*in de bombasse, enfin une meuf bonne dans cette classe », les plus jaloux susurraient, dans l'oreille de leur voisin, certainement des moqueries à son égard alors qu'ils ne l'avaient jamais vu. Pathétique. Intérieurement, je me dis que si elle était vraiment belle, je pourrais faire d'elle un coup d'un soir.
Et enfin elle arriva.
La directrice entra, Monsieur Faraize sur les talons. La nouvelle élève s'avança sur l'estrade et adressait des sourires rayonnants à toute la classe, sans montrer le moindre signe de malaise à l'idée de devoir s'intégrer dans un lycée inconnu. Chacun bavait, littéralement, devant elle. Les garçons d'envie, les filles de jalousie. Et pour cause... Elle était magnifique et encore le mot était faible. Tous échangeaient des chuchotements, voyants en elle une amie potentielle voir plus si affinités.
Mais moi, cette fille, je la connaissais mieux que personne.
Évidement, elle avait grandit et avait pris du poids. Elle n'avait plus cette maigreur inquiétante qu'elle possédait étant enfant. Ses cheveux, autrefois d'une belle couleur noire et d'une longueur démesurée, lui arrivaient au milieu du dos et étaient teints en bruns avec quelques reflets roux, parsemés de mèches blondes. Seules ses pointes étaient demeurées noires. L'effet était original et le fait qu'il soit peu courant rajoutait à sa superbe. Elle avait troqué sa vielle robe déchirée pour une tenue à la dernière mode. La seule chose qui n'avait pas changé était ses yeux qui gardaient leurs teintes si particulière, c'était d'ailleurs grâce à eux que j'avais réussi à la reconnaître. J'étais sûr que son odeur était resté la même, et que si j'aurais le plaisir de la sentir une nouvelle fois, elle m'emplirait et ce jusqu'à l'ivresse.
Une fois que la directrice et Monsieur Faraize eurent finis de parler, Milliana prit la parole. Elle se présenta simplement en ne révélant que son prénom et son âge. Elle dit qu'elle espérait recevoir un bon accueil pour lui permettre de mieux s'intégrer. Elle passa outre l'explication sur la raison de son arrivée dans un nouveau lycée. Elle ne parla pas non plus de son passé. Le professeur trouva son discours trop long à son goût et il lui coupa la parole, l'envoyant à la seule place libre : celle qui était à coté de moi. J'aurais dû m'en douter, pousser un coup de gueule, puis partir de la salle en claquant la porte ; ainsi elle aurait eu une table à elle toute seule et moi je n'aurais pas eu besoin de jouer l'hypocrite, de rester à ses cotés sans faire ce dont j'avais envi, sans pouvoir la prendre dans mes bras et laisser mes larmes couler de joie à la simple idée de ces retrouvailles. Mais je ne me suis douter de rien et je n'ai rien fait de tel.
J'entendis la chaise crisser sur le parquet, et je l'entendis s'asseoir puis sortir ses affaires. Je ne la regarda pas, trop occupé par la contemplation de mes ongles, mais je sentais ses yeux me scruter. Comme je l'avais prédit, son odeur était restée la même et elle emplissait mes narines me produisant le réconfort dont j'avais besoin. Je la sentis s'agiter sur sa chaise, certainement mal à l'aise de la proximité entre nous, mais je ne réagis pas. J'avais déjà imaginer nos retrouvailles, évidement, mais jamais je n'avais penser qu'elle se passerait comme ça. J'aurais peut être dû faire quelque chose, engager la conversation, mais je ne fis rien parce que je lui en voulais. Je lui en voulais d'être partie, comme ça sans prévenir, sans même me donner un indice pour que je la retrouve. Je lui en voulais aussi d'être revenue, la bouche en cœur après tant d'années d'attente. Je releva les yeux, regardant l'horloge qu'on avait dans chaque salle de classe. Encore une demi-heure avant que le cours soit fini. Je n'en pouvais plus, le parfum de Milliana, ce mélange sucré-poivré, me montant à la tête. Alors je me leva, jeta mon sac sur une de mes épaules, et partit sous les remontrances de Monsieur Faraize et les regards choqués, bien qu'habitués, de mes camarades.
Je retenais mes larmes, tandis que mes nouvelles ''amies'' avalaient leurs repas avec appétit. Elles étaient gentilles, certes, mais je ne pense pas que je réussirais à m'attacher à elles. A mes yeux, chacune représentait un cliché bien trop défini pour que je puisse les apprécier. L'une était la petite timide,« à croquer »selon les dires des autres. L'autre était la fille que tout le monde aime, professeurs comme élèves, celle qui n'a jamais de soucis avec les autres. La dernière était la parfaite déléguée, chouchoute de l'administration. Donc oui, elles étaient assez sympa, au point d'inviter à leur table une nouvelle élève, mais elles ne voyaient rien. Enfin quand je dis qu'elles ne voyaient rien, il faut prendre cette phrase au second degré. Évidement, qu'elles n'étaient pas aveugles. Elles n'arrivaient pas à voir si quelqu'un allait bien ou non. Car comme le dit si bien Antoine de Saint-Exupéry,« On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux. ». C'était la première fois que ce proverbe prenait un vrai sens à mes yeux. Et cela me terrifiait plus qu'autre chose.
« Tu vas bien, Milliana ?, me questionna la déléguée. Tu n'as pas vraiment l'air dans ton assiette... »
Enfin, quelqu'un qui remarquait quelque chose. Effectivement, je ne vais pas bien ! Comment a-t- elle deviné ? Je mourrais d'envie de lui balancer une réplique cinglante au visage, mais je ne le fis pas et préféra partir du réfectoire sans adresser un regard pour personne. Je me rendis compte que je n'avais même pas débarrasser mon plateau ! Tant pis, une des filles s'en occupera... Sans trop savoir où j'allais, je me dirigea vers le jardin du lycée. Le paysage était des plus magnifique et les fleurs étaient apaisantes. Je m'assis sur un banc, et replias mes genoux contre ma poitrine. Positionnée ainsi, je laissas mes larmes couler. Il avait tellement changé ! Que ce soit physiquement ou mentalement. Jamais je ne l'avais vu comme ça, jamais...
Évidemment, que j'avais essayé de le prévenir que j'allais partir. Mais je n'y arrivais pas. Je ne savais rien de lui, je ne savais pas où il habitait. J'avais tenté d'écrire une lettre et de l'accrocher sur notre arbre mais si il se mettait à pleuvoir, l'encre allait couler. Je pouvais tenter de graver quelque chose sur l'écorce, mais c'était trop risqué. Alors, je suis partie, sans un mot, sans pouvoir donner une quelconque indication sur le lieu où je me rendais, ni pourquoi je partais. Il ne pouvait pas savoir combien je m'en voulais, à quel point je me suis détestée par la suite, à quel point je me déteste encore. Il ne sait rien de tout ça, de toutes ces larmes que j'ai versé, de toutes ces fugues que j'ai tenté. Il ne peut pas comprendre l'amour que j'ai pour lui, la haine que je lui porte aussi. Cette haine de l'avoir rencontré, d'avoir fait de lui mon essentiel, mon oxygène. Si il aurait fait moins de bruit lorsqu'il était monté dans cet arbre, je n'aurais pas été tentée de venir voir ce qu'il se passait. Ainsi je ne l'aurais jamais connu, je n'aurais jamais tissé ce lien qui nous uni. J'aurais pus vivre sans me soucier de rien. Partir, revenir, s'enfuir, pleurer, crier, rire, sourire, courir, haïr, aimer, chérir, détester, sans jamais avoir besoin de me demander si cela allait blessé quelqu'un ou non, sans jamais s'inquiéter sur le fait qu'un de mes geste puisse rendre triste quelqu'un. Puis je l'ai vu et directement adopté. J'avais une terrible envie de le protéger, bien que je savais qu'il n'en avait pas besoin. Alors j'ai commencé à m'assagir, à surveiller mes moindres paroles, mes moindres gestes. J'existais selon ses dires et ses désirs, selon ce qui pouvait l'atteindre ou non. J'en étais arrivée à un point où je m'occupais plus de lui que de moi. Et cela me terrifiait. On ne m'avait jamais parler de ça et avec le peu que j'ai pu entendre à ce sujet, j'ai compris que j'étais beaucoup trop jeune pour ça. C'est pour ça que je n'ai pas lutté lorsque j'ai dû partir. Donc oui je le haïssait pour avoir pris autant de place dans ma vie.
Et puis voilà que je le revoyais après tant d'années, tant de changements. Avec ce professeur qui nous avait placé à côté. Il ne pouvait pas savoir le pauvre ! Il ne pouvait savoir qu'on se connaissait déjà, ni tout ce qu'on avait pût traverser ensemble. Je ne lui en voulais pas, c'est à moi que j'en voulais. Pourquoi étais-je restée assise, sans rien faire d'autre que de le regarder et de baver, littéralement, devant sa personne ? N'avais-je pas eu l'occasion de le retrouver, de revivre ce que j'avais connu, juste devant moi ? J'aurais dû lui adresser la parole, frôler son bras, lui demander pardon, et peut être qu'il serait là, maintenant, assis à mes cotés sur ce banc, à la peinture craquelée. Si je l'aurais fait, je serais certainement lovée dans ses bras, à rire comme jamais, heureuse de l'avoir retrouver. Et avec de la chance, j'aurais pu retrouver notre ancienne complicité, celle qui nous rendait si uniques.
Mais rien n'allait redevenir comme avant, je ne savais même pas si tout allez recommencer.
– Lorsque l'on est amoureux, on est quelqu'un d'autre, on fait toujours faire attention de ne pas blesser l'autre, en vain. Être amoureux c'est tellement complexe et tellement simple à la fois que l'on ne s'en sort plus. Lorsqu'on aime quelqu'un, on a tendance à tout faire de travers, et c'est encore . Mais toi c'est encore pire, tu n'arrives pas à savoir ce que tu ressens vraiment, tu te voiles toujours la face... Je parle en connaissance de cause, j'étais comme ça moi aussi, au début. Ne t'inquiète pas ça s'arrangera !
Voilà ce que Rosalya m'avait dit lorsque j'étais allé me confier à elle. Je ne sais même pas pourquoi j'étais allé lui parler de ça ! Peut être parce que c'était la seule fille que je n'avais pas mis dans mon lit ou qui ne me courrait pas après, elle ne me tapait pas trop sur les nerfs bien que mes réactions laissaient supposer le contraire. Ou peut être parce que j'étais tellement désespéré que j'étais près à tout pour savoir quoi faire. Évidemment, j'aurais très bien pu m'adresser à Lysandre, surtout qu'il s'agit de mon meilleur ami. Seulement, je ne l'ai pas fait parce que je savais qu'il ne m'aurait été d'aucun recours. De ma connaissance, il n'avait jamais été amoureux, il avait simplement vécu des petites amourettes sans grandes importances et sans sentiments. C'est pour ça que j'étais allé voir sa belle-sœur - comme elle se plaisait à le dire. Elle non plus n'avait pas été de grand recours. Elle lui avait juste donné une définition pessimiste de l'amour. Rien qui ne pourrait me servir dans ma situation.
Alors j'ai décidé d'agir moi même, vu que personne ne semblait être en mesure de m'aider.
Un jour, je décidas de l'attendre à la sortie du self, sachant qu'elle serait obligée d'en sortir à un moment ou un autre. Je n'avais pas préparer de plan, je voulais juste la voir et lui parler. Pour lui dire quoi ? Je n'en sais rien, j'improviserais. Je n'eus pas à attendre longtemps que déjà la porte s'ouvrait sur elle. Elle était accompagnée de Violette, Iris et Mélody, trois filles qui étaient dans ma classe depuis deux années consécutives mais à qui je n'avais jamais pris la peine d'adresser la parole. Dès que Milliana me vit, elle se stoppa directement, et chuchota quelque chose aux autres, certainement de m'attendre. J'entendis la brune et la rousse glousser. La dernière adressa juste un petit sourire d'encouragement à mon amie d'enfance.
Milliana s'avança vers moi sans faire attention aux ricanements qui la suivaient.
Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas quoi dire. Je devais certainement être gêné autant qu'elle, voir plus.
Alors je la pris dans mes bras et pressa mes lèvres contre les siennes, léger et pur comme un papilionacé. Un baiser simple qui pourtant voulait tout dire. Ce fut elle qui l'approfondit pour quelque chose de plus sauvage, de plus passionné. Comme si toutes ces années de séparations, tous ces sentiments refoulés s'y déversaient. Nous étions, enfin, en train de vivre nos retrouvailles. Et ce comme il se doit.
