Disclaimer -
Les personnages ne m'appartiennent pas, bien entendu.
Hello !
J'espère que cette histoire (en deux parties) saura vous plaire et toucher votre sensibilité. Clairement, ne souhaitez pas vous fendre la poire, ce n'est absolument pas le but (et si vous vous marrez tout de même... Ce ne serait pas bon signe :P)
Pour les fautes d'orthographe, j'ai fais mon maximum pour ne pas en laisser, je croise les doigts (J'avoue, j'ai voulu écrire Fingers crossed mais dans le doute de me louper... Oui, je suis une brêle en anglais.)
Bonne lecture :)
« C'est fini… » Lent, que ce fut lent, le délai prit par l'information pour monter jusqu'au cerveau de Takano Masamune. Il resta immobile, les bras croisés devant les médecins. Soudain, il écarquilla les yeux et sa mâchoire se relâcha. Il avait compris. Ses mains tremblèrent et son dos sembla flancher de seconde en seconde. « Nous sommes désolé Monsieur, nous avons fait tout ce nous pouvions faire. » Sa bouche s'ouvrit mais rien n'en sorti. Pas même un son, ni même une plainte. Takano pointa du doigt la porte menant au couloir avant de tourner les talons, le visage aussi blême qu'un triste ciel pluvieux et automnale. D'un pas machinal, il se dirigea vers l'escalier menant au rez de chaussé de l'hôpital. Sa marche calqua la rapidité de son rythme cardiaque, la détresse commença à envahir l'homme avec malice et plaisir. Il ne prit pas la peine de saluer les secrétaires à l'accueil, sa seule obsession fut de se griller un paquet entier de cigarette. Et puis, Takano sentait qu'elles montaient de plus en plus. Sa vue se brouilla mais il continua à refouler ses sentiments. Une fois dehors, il chercha vite un coin tranquille. Les paroles du praticien ne cessèrent de résonner dans sa boîte crânienne. Dès l'instant où il réalisa enfin la portée de ces mots, Takano n'était plus maître de son corps. Très vite, il sentit ses joues humides, souillées par l'abondance de ses larmes salées. Il plaqua sa main droite contre sa bouche, mais il n'eut pas le temps d'agir. Ses sanglot brisèrent le silence dominical. « Non, non, non, non, non. Je… Je refuse d'y croire, non, impossible. » Son estomac se tordit dans tous les sens. Avec violence, il écrasa son poing contre le mur du centre hospitalier. « Putain ! » Takano se laissa choir sur le bitume. L'impression de se faire arracher l'âme lui retira toute sa force, rendant ses muscles mou comme de la mie de pain. Ce destin… Pourrais-je être un jour heureux ? Non, ce n'est plus possible sans lui. Alors qu'il entamait tout juste le chemin du bonheur, l'impitoyable foudre de la vie s'abattait sur sa personne en lui enlevant l'Être qu'il aimait le plus au monde. De l'inattention et une voiture en plein élan, voilà comment la roue avait tourné.
Quelques heures plus tôt…
Cette nuit n'eut pas le même goût que les autres. Celle-ci fut couverte d'amour, passée les jambes entrelacées. Deux cœurs battaient une mélodie à l'unisson, celle des retrouvailles et des sentiments enfouis au plus profond de leurs entrailles. L'un dormait, le visage aussi paisible que celui d'un chiot assoupi, tandis que l'autre profitait de cet instant qu'il a attendu durant de longues années. Des recherches infructueuses, l'abandon, suivi d'une dépression. Et puis un jour, le hasard vint à sa rencontre. Des mois dans le flou, encore fou amoureux de ce jeune éditeur nommé Onodera Ritsu. Ses doigts s'entremêlèrent à la chevelure brune et soyeuse de son amant. Plus que jamais, le sourire de Takano ne voulait plus s'effacer. Indélébile sur ses lèvres, des lèvres qui n'avaient eu de cesse de s'occuper de son Ritsu. De parcourir chaque centimètre de sa peau douce et nacrée. De chérir ce corps qu'il n'avait jamais oublié. De lui offrir le plaisir qu'il méritait. De l'aimer, c'était aussi simple que cela pour Takano. Je t'aime, murmurait-il sans se lasser. Parfois, il déposait un tendre baiser sur le front de son bien-aimé. Se ramollir de la sorte était une chose exceptionnelle pour lui, mais il n'en revenait toujours pas. Ritsu restait enfin dans ses bras. Surtout, la glace était enfin brisée, Takano se répétait en boucle la déclaration du plus jeune. « Moi aussi, je t'aime ! », lui avait-il répondu avec sincérité lors des derniers coups de bassin. Ces belles pensées happa Takano vers un autre monde, celui des rêves. Petit à petit, il se sentit apaisé et s'y laissa tomber. Il aurait voulu y échapper afin de contempler Ritsu dans la pénombre, mais il ne résista pas à l'appel du sommeil. Après tout, que pouvait-il leur arriver ?
Au petit matin, l'entrebâillement du rideau laissa l'occasion à de pénibles rayons de soleil de se frayer un chemin à travers la chambre. La veille, les deux éditeurs n'avaient pas prêté attention à ce détail ridicule qu'est la fermeture du voilage. Ainsi, Takano fut vite ébloui et ne tarda pas à sortir de sa torpeur. L'humeur de l'homme ne sembla pas être affectée par ce réveil désagréable, il n'oubliait en aucun cas la nuit passée avec celui pour qui il remuerait ciel et terre. Cependant, en glissant son bras sur sa gauche, la sensation fraîche et nette du drap contre sa peau nue lui colla la chaire de poule. Sa joie retomba vite lorsqu'il découvrit l'absence de Ritsu. « J'espère que tu n'as pas changé d'avis, et que tu n'as pas déguerpis comme un voleur Onodera… C'est tellement ta façon de faire ! » À peine les pieds hors du lit, il se dirigea vers la cuisine afin de se faire un café bien serré. Tout en cherchant la présence de son amant, il attrapa son paquet de cigarette duquel il en extirpa une pour ensuite l'allumer. C'était inévitable, il ne pouvait bloquer ce stress qui l'envahissait au fil des secondes. En une minute, il écrasa avec violence le mégot de la mentholée dans le cendrier en verre blanc. Les fuites de Ritsu ne lui étaient pas étrangères, mais Takano trouva celle-ci bien étrange, encore plus lorsqu'il trouva une note trônant sur la table basse du salon. Il lui fallut peu de temps avant de reconnaître l'écriture du plus jeune. De belles lettres, rondes et moyennes. Une calligraphie très agréable qui lui était propre. « Ne t'inquiètes pas, je reviens vite. Quoi que je sais pertinemment que ce mot ne t'empêchera pas de te ronger les ongles et de fumer ton paquet de cigarette sans en laisser une seule. Ritsu. » Ce coup de crayon… À l'époque, Takano s'était promis de s'en souvenir à jamais, une promesse qui ne se flétrissait toujours pas. Le brun haussa les épaules et se resservit une deuxième tasse de café. Très bien, je t'attends Ritsu, songea-t-il en s'installant devant un dossier.
Deux heures plus tard, Ritsu demeurait encore absent et cela inquiéta Takano pour de bon. L'homme se gratta avec nervosité la nuque, les réflexions allaient bon train. Il n'excluait aucunes hypothèses. Le mensonge. La peur. La lâcheté. Un accident ? L'éditeur essaya de ne pas tirer de conclusion trop hâtive, mais celle-ci ne se dissipa pas de ses pensées. Elle le rongea durant une trentaine de minutes encore, après lesquelles il se décida à appeler son amant. Ses doigts tremblèrent sur le clavier, Takano alluma une énième cigarette afin de tasser au fond de lui cette tenace anxiété. Sorata pouvait user de toute l'affection contenue dans son petit corps de chat, cela n'aida que très peu son sauveur. Les trois premières fois où Takano retombait sur le répondeur de Ritsu, il réussissait à contenir sa colère. L'appel suivant étant toujours infructueux, il se laissa aller et frappa avec violence la porte de son appartement. En temps normal, il ne faisait pas parti de ces types sanguins et impulsifs, mais là… Il s'agissait de Ritsu, son véritable premier amour.
Takano avisa qu'il valait mieux ne plus attendre. Il enfila à-la-hâte son manteau noir et parti à la recherche de son cadet. Il commença par jeter un œil à son logement, en vain. À l'intérieur, seuls la crasse et tout un tas de dossier jonchaient sur toutes les surfaces. La bibliothèque, le konbini, la librairie, Marukawa, Takano ne passa aucun détail mais Ritsu restait introuvable. Enfin, il osa franchir le seuil de l'hôpital. La boule au ventre, écrasant ses intestins pour les réduire en charpie de peur et d'appréhension.
x x x
À quelle point suis-je maudis ? Takano pleura, encore et encore. Envolée cette fierté naturelle aux Hommes, contenir ses émotions n'étaient plus sa préoccupation. Il désirait désormais ce qu'il pensait être impossible. Retrouver Ritsu, une dernière fois. Revoir ses grands yeux verts, caresser ses joues constamment rougies par la timidité, rire à nouveau devant la drôle d'expression que prenait son amant lorsqu'il se mettait en colère… Tout ce qu'il voulait, c'était revivre la nuit passée avec lui. Remonter le temps et ne pas s'endormir, pour le retenir au lit, dans la chaleur de ses bras. « Monsieur, ne vous laissez pas abattre. Allé, saisissez-là ! » Takano hésita mais il leva la tête, puis chercha du regard le propriétaire de cette voix grave et pleine de confiance. Face à lui, une main tendue l'attendait. Vieillie, fripée. L'éditeur arqua un sourcil avant d'ignorer la présence de l'individu, mais ce dernier ne compta pas en rester là. À sa grande surprise, Takano se retrouva debout, redressé par la force du vieillard. Bordel, mais c'est qui lui ?! « Lâchez-moi la grappe, papy ! Ce n'est pas le moment de m'emmerder avec vos conseils de vieux je-sais-tout sur la vie ! » Le brun sécha ses larmes avec rapidité et s'empressa de retourner dans l'hôpital. Une fois le seuil du bâtiment passé, il tenta d'afficher un visage neutre mais cela était infaisable. La vivacité de la douleur lui perça beaucoup trop le cœur. Voyant les portes de l'ascenseur ouvertes, il courut en sa direction et fut soulagé de constater son silence et son vide. Le dos calé contre la paroi de l'élévateur, il attendit sa fermeture. « Pourquoi me fuis-tu ? » Quand il entendit ce son qui ne lui était pas inconnu, Takano grinça des dents.
- Je prend l'esca… Merde !
- Oui, les ascenseurs sont plutôt rapides dans cet établissement. Oh, malheureusement une panne est vite arrivée.
Au moment où le vieillard évoqua la panne, l'incident arriva. Une brève secousse lui coupa la parole.
- C'est quoi de cette mise-en-scène ? C'était fait exprès ? Débloquez tout de suite cette machine !
- Ce n'est absolument pas de mon ressors. Notre rencontre n'est pas un hasard, c'est le fruit du destin.
- Du destin ? Tss ! Je ris au nez de ce destin.
- Je ne serais pas devant toi, sans lui.
- Vous n'êtes pas Ritsu ! Il n'y a que lui que je souhaite avoir face à moi !
Dans son emportement, Takano craqua à nouveau. Malgré la quinzaine de minutes passées depuis l'annonce de sa mort, il refusait d'admettre la vérité. Le vieillard se tut devant le désarroi de l'homme, avant de reprendre après une trentaine de secondes. « Je peux exaucer ton vœu. Enfin, pas tout à fait. Je ne te parle pas de revoir une dernière fois l'amour de ta vie, mais de le récupérer. Revenir en arrière afin de le retenir.
- Ce n'est pas le moment de me dire des conneries, c'est fini…
- Absolument pas, tous les humains peuvent avoir une ultime chance. Voilà la tienne.
- Non, non, non. Je bosse dans les manga, et cela relève tout simplement d'un scénario basique et ultra cliché. Je ne peux pas y croire, je suis désolé mais cette arnaque ne fonctionne pas sur moi.
- Ce n'est pas une arnaque. Rares sont les personnes qui ne souhaitent pas en savoir d'avantage. Pourtant, c'est une belle opportunité… Je comprend toutefois ta réaction, tu es sous le choc. C'est pourquoi je vais te faire une ultime proposition. Retrouvons-nous dans une semaine, il y a un parc où nous serons tranquille, derrière l'hôpital. Cependant, je dois te prévenir que ce n'est pas sans conséquence. Je te dis à la semaine prochaine, Takano.
Le brun se figea un instant, quelques secondes durant lesquelles toutes réflexions le quittèrent. Il était désormais seul entre les quatre murs de cet étroit ascenseur qui refusait toujours de monter. Le vieillard n'était plus là, éclipsé comme s'il n'avait jamais existé.
Une semaine était passée depuis la tragique perte de Ritsu et Takano sombrait de plus en plus dans cette terrible spirale appelée dépression. Il ne mangeait plus, évitait tout contact avec autrui, fumait cigarette sur cigarette. Ne voulant pas faire disparaître l'odeur de son amant sur ses draps, il s'abstenait aussi de dormir dans son lit. Là où il allait, une chemise du jeune éditeur le suivait. Il ne se passait pas une journée sans qu'il ne s'assoupisse sur son bureau, le visage enfoui dans l'un de ses vêtements. La seule personne qu'il tolérait encore chez lui fut Yokozawa, à qui il avait demandé de lui apporter des dossiers. L'employé en section des ventes avait toujours su lui remonter le moral, seulement la croissance du chagrin de Takano n'en finissait plus. « Reviens à Marukawa, ça te changera les idées ! » lui avait-il dit il y a deux jours. Un conseil vite ignoré par Takano, qui ne l'écoutait même pas. Physiquement, l'homme ne ressemblait plus à grand-chose. Les joues creusées, les yeux rougis par les larmes, les cernes aussi grises que les cendres de ses mentholées. Le deuil était encore loin, très loin devant lui. Il n'avait pas oublié le vieillard ainsi que sa proposition.
Le jour venu, sa décision ne fut pas difficile à prendre. Croire à de telles choses ne lui ressemblait pas, mais il n'avait plus rien à perdre.
Ne pouvant pas l'éviter, le cœur de Takano se serra avec douleur dans sa poitrine lorsqu'il revit la façade blanche de l'hôpital. Il le contourna sans lever les yeux, et soupira de soulagement en constatant que le parc se situait juste à côté. Comme indiqué par le vieillard, l'endroit fut calme. Pas de pleurs, pas de cris. Takano marcha jusqu'au premier banc qu'il rencontra. Il attendit une heure, durant laquelle il vida son paquet de cigarette. Lorsqu'il voulut repartir, une présence l'en empêcha. « Désolé, j'ai été long n'est-ce pas ?
- Plutôt, oui.
- Dis-moi… Tu ne te laisses pas mourir au moins ? Demanda le vieillard après avoir examiner de haut en bas la silhouette de Takano.
- Bien-sûr que non ! Bon, je n'ai pas de temps à perdre. Déballez votre sac. Je me sens déjà bien stupide d'être venu…
- Je peux te redonner celui que tu aimes. À vrai dire, c'est mon unique but. Cependant, il y a une condition et je m'en excuse, je n'en suis pas le créateur… Dans cinq ans, je reviendrai pour te le reprendre… Maintenant, c'est à toi de choisir.»
À SUIVRE …
