Disclaimer :Albator, Warius, sont à leur créateur M. Leiji Matsumoto
Les autres sont à moi
1.
La pluie continuait de tomber sans discontinuer, fine et glacée, pénétrante jusqu'aux os.
Pourtant, ce n'était pas le froid qui dérangeait le plus Alguérande qui se sentait moulu, comme si la voiture de sport lui était passée sur le corps.
Contrarié, le jeune homme tenta de remuer pour trouver une position moins inconfortable.
Par le pare-brise explosé qui laissait rentrer les ondées de fin d'orage, il entrevit un nouvel éclair zébrer le ciel d'un noir d'encre. A la brève et vive clarté, il distingua les aspérités de la falaise sur laquelle son véhicule s'était écrasé.
Alguérande savait qu'il devait impérativement bouger, appeler du secours mais aucun de ses muscles ne lui répondait. Dans un instant de lucidité, il comprit que les systèmes de sécurité de la voiture s'étaient bien déclenchés mais il avait plutôt l'impression que c'était ce qui lui avait fait le plus mal quand il avait violemment encaissé le choc au moment de l'impact.
Entre ses paupières mi-closes, il aperçut son reflet dans le rétroviseur au verre fissuré. Les gouttes de pluie avaient dilué le sang sur ses vêtements mais d'autres blessures continuaient de lui rougir le visage.
Il y eut un nouvel éclair avant qu'il ne replonge dans l'inconscience.
Des lumières vives ou des sons stridents, Alguérande était incapable de déterminer ce qui était le plus insupportable. Il n'avait pas envie de faire le moindre mouvement. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'on lui fiche la paix !
Pourtant, on s'agitait autour de lui, on manipulait sans grand ménagement son corps meurtri. Il tenta un geste pour balayer ces individus semblables à des mouches agressives, mais ne dû agir que dans son imagination.
Il ne pleuvait plus et pourtant il croyait toujours entendre le crépitement de grosses gouttes tombant sur la carrosserie de la voiture et sur la route détrempée.
Les voix parlaient de plus en plus fort tandis que la douleur se répandait dans tout son corps, explosant en une multitude de brasiers.
Alguérande éprouva ce qui lui parut être un choc brutal et sombra une fois de plus.
Il faisait chaud et sec. Après avoir été trempé des heures durant, c'était une douce sensation. Alguérande ne ressentait plus le moindre mal. Au contraire, son corps était enfin détendu, léger.
La nuit noire avait cédé le pas à un environnement immaculé qui reposait l'esprit. Il gémit néanmoins entre ses lèvres écorchées.
- Tu es à la clinique la plus proche du lieu de ton accident, détends-toi, Algie, murmura une voix apaisante et familière, venue de très loin.
Les yeux toujours clos, Alguérande poussa un petit soupir de contentement et se rendormit.
Après la nuit de tempête, le soleil s'était levé, montant haut, déjà brûlant, séchant autant les toitures que la nature.
Le moteur relativement silencieux, la berline s'était rangée dans la cour intérieure du château des Waldenheim où la plupart de ceux qui s'y trouvaient se réveillaient seulement.
Debout, Alhannis allait se diriger vers ses parents qui venaient de rentrer quand Anténor passait en trombes au plus près de lui, le bousculant presque.
- C'est une plaisanterie, tout ce qui tu as raconté au téléphone ? jeta ce dernier à l'adresse de son père.
- Je crains que non. Les faits sont là pour le prouver, rétorqua Albator avec une grimace.
- Je pourrais enfin être au courant de tout ? râla Alhannis. On m'a juste tiré du lit… Ces policiers que l'on m'a dit être venus en pleine nuit. Algie a eu un accident ?
- Oui. Il a perdu le contrôle de son bolide et s'est quasi jeté de plein fouet sur les rochers, arrachant les rails de sécurité au passage, expliqua Salmanille.
- Il faut dire qu'avec le temps qu'il a fait… marmonna Alhannis. Il va bien ?
- Selon les premiers examens, il s'en sort assez bien. Aucune fracture par miracle, de multiples lésions à des degrés divers en revanche et une sérieuse commotion. La clinique Shérel nous rappellera quand il se réveillera… mais je n'ai vraiment aucun cœur à devoir lui apprendre…
- Quoi donc, papa ? s'alarma Alhannis. Et pourquoi Madaryne n'est-elle pas là ? Si elle était au chevet d'Alguérande, tu me l'aurais déjà dit !
Albator eut un profond soupir, détournant légèrement le regard.
- Madaryne est partie avec Mulgastyr, son éternel soupirant. Ils ont été enregistrés sur un vol privé et ont déjà quittés la Terre. Elle ne sait rien de l'accident de son mari. Et je doute qu'elle s'en soucie…
- C'est impossible, souffla Alhannis. Pour Algie, il ne faut pas que ce soit possible, ajouta-t-il ensuite, atterré.
