Chapitre 1 : un coup de téléphone


- Merde, c'est mon téléphone

John essayait d'attraper son portable qui vibrait dans la poche arrière de son jean, mais avec un 45. dans une main et un vieux bouquin d'ésotérisme dans l'autre, sans compter une douleur à l'épaule assez désagréable, l'exercice était assez difficile.

- John – cria Bobby – on a pas trop le temps là… Cette salope peut revenir

Le portable avait arrêté de vibrer avant que John puisse l'atteindre.

- Hum, non, je crois qu'elle a son compte répondit Flinn d'une voix calme

- Qu'est ce que t'en sais ? lança Bobby.

- Parce que j'ai pris le temps de faire des recherches, je me lance pas tête baissée sur un cas sans savoir de quoi il s'agit et comment le tuer. T'as un problème avec ça Bobby ?

- C'est pas avec ça que j'ai un problème…

- Hey ! Vous allez la fermer tous les deux, vous êtes pires que mes gosses… jeta John. Je suis d'accord avec Flinn, selon ce bouquin – il montra de la tête le vieil ouvrage qu'il tenait dans une main – le rituel qu'on vient de faire est radical. Elle est morte, on remballe.

Bobby et Flinn se regardèrent pendant un bon moment sans rien dire. Ces deux là passaient leur temps à se tirer dans les pattes. Parfois John se disait qu'un jour ils finiraient par se tirer dessus au sens propre.

Finalement, les trois chasseurs commencèrent à ramasser les bougies, l'encens et tous les autres « machins mystiques » comme les appelait Bobby.

- John … dit Flinn

- Quoi ?

- Tu vibres.

- Putain de téléphone.

C'était au moins la 10ème fois depuis le début de la soirée que son portable vibrait. Malheureusement quand on est face à une espèce de Banshee (selon Flinn en tout cas parce que selon Bobby ces histoires de Banshee c'est de « la merde en barre ») qui vous envoie voler contre les platanes, on a pas trop le temps d'aller faire la causette à celui qui a la bonne idée de vous appeler à 3h du mat.

Qui m'appelle à 3h du mat d'ailleurs, se demandait John. Il réussit à sortir le dit téléphone de sa poche arrière, le numéro du motel s'affichait sur l'écran.

- Allo ? Lança John brusquement

- Papa ?

- Sam ? Qu'est ce que tu… ? Tout va bien ? - Le ton du chasseur était toujours aussi brusque mais teinté d'un soupçon d'inquiétude

- Je sais pas, il se passe un truc bizarre. Ca fait une heure que j'essaie de t'appeler.

- Quel truc bizarre, où est ton frère ?

- Ben justement… c'est ça qui est bizarre.

- Sam je suis fatigué, s'il te plait, tu veux bien me la faire courte.. ? Ton frère et toi vous allez bien ?

- Moi oui, ça va. Dean j'en sais rien. C'est pour ça que ça fait 10 fois que je t'appelle ! - La voix du jeune garçon faisait écho à celle du chasseur. Déjà à 11 ans Sam savait exactement comment imiter le ton rude et énervé de son père. Et justement ça avait le don d'irriter John au plus haut point. C'était le but recherché d'ailleurs.

- Passe-moi ton frère.

- Il n'est pas là.

- Comment ça il n'est pas là ? Il est 3h du matin !

- Il est parti au milieu de la nuit.

- Quoi ? Parti ? Parti où ?

- J'en sais rien. Papa c'est vraiment bizarre, je comprends rien. Quand est ce qu tu rentres ?

- Euh… on a fini, je devais déposer Bobby et Flinn à Topeka… Tu es tout seul ?

- Oui, je viens de te dire que Dean est parti !

- Ok ok ! Bon, j'arrive, je serais là dans une heure environ, je fais aussi vite que je peux Sam.

- Ok..

- Vérifie les fenêtres…

- …les lignes de sel, les portes, blablabla, je sais, t'inquiète pas. - Coupa Sam.

- Ne bouge pas de la maison.

- Dépêche-toi papa. Je… euh.. enfin j'ai peur…

- J'arrive Sammy.

- John raccrocha son téléphone. Pendant un petit moment il resta sans bouger à regarder ses pieds.

- John ? Tout va bien ? Demanda Flinn en voyant l'attitude de son ami

- John ne releva même pas la tête.

- Je vais le tuer. Lança-t-il les yeux plongés sur ses chaussures.

- Si tu parles du monstre du jour, c'est déjà fait. Et si tu parles de Flinn, t'as ma bénédiction ! Jeta Bobby avec un regard amusé au suscité Flinn qui ne prit même pas la peine de le regarder.

- Non, Dean, je vais le tuer.

- Allons John, tuer ses enfants c'est pas très sain. Qu'est ce qu'il a fait ? Bobby souriait.

Il fallait bien avouer que la famille Winchester était un mystère pour lui. John était un « putain de chasseur », ça ne faisait aucun doute. Donnez-lui un couteau à beurre et un peu d'eau bénite et il vous dégomme une demi-douzaine de monstres psychopathes.

En plus d'être un sacré bon tueur c'était aussi un sacré bon traqueur. Parfois Bobby en arrivait presque à éprouver de la pitié pour ces pauvres esprits torturés que le père Winchester prenait en chasse. Ils n'avaient pas la moindre chance. Quand on partait à la chasse avec John, mieux valait être du bon côté du fusil… Flinn le savait aussi, c'était rassurant d'avoir un type comme John dans son équipe.

Par contre, en tant que père… c'était une autre histoire. Bobby n'avait pas d'enfants, difficile de comparer dans ces cas là. Impossible de faire la moindre remarque à John de toute façon, la réponse était toujours là même « N'essaie pas de me dire comment je doit élever mes garçons Bobby, tu ne sais pas ce que c'est ». Même si le vieux chasseur aimait bien jouer les ogres rustres et sauvages qui mangent les petits enfants, Bobby devait bien avouer qu'il adorait les fils Winchester. Il ne le dirait jamais haut et fort… De toute façon tout le monde le savait... Ces deux gamins là savaient être aussi mignons qu'énervants quand ils le voulaient, et ça les rendait encore plus adorables pour Bobby. « Et merde, je pense comme une bonne femme » se disait-il souvent quand il pensait à eux.

John finit par relever la tête de ses rangers boueuses. Il jeta un œil à la voiture garée le long de la route.

- Il faut que je rentre à Islington, je n'ai pas le temps de vous déposer à Topeka, désolé, vous venez avec moi.

- Qu'est ce qu'il se passe John ?

- Dean est parti. Il a laissé Sam seul au motel. On ne sait pas où il est.

- Merde… lâcha Flinn. T'inquiète pas, on va le retrouver !

C'est plutôt à lui de s'inquiéter parce que si je découvre qu'il est parti au milieu de la nuit pour aller à cette fête chez ses copains, je le tue.