La petite poupée en cire

En haut de l'étagère, de la jolie pièce de bois foncée, une jolie poupée se trouve posée, comme la pièce phare de la collection qu'elle est. Une jolie poupée de cire aux joues rondes d'enfant, toutes rosées de vie, comme si la pièce de porcelaine était capable de vie. Cette poupée est grande, on pourrait la prendre pour un petit enfant, un magnifique enfant parfaitement proportionné, à s'y méprendre, on pourrait la voir respirer, comme si sa jolie poitrine blanche pouvait se soulever au rythme d'un cœur battant. Bien sûr, elle n'est pas vivante, oubliée comme ça sous la poussière du temps qui passe, qui ne s'arrête pas. Il détruit sur son passage, les souvenirs, les années où la poupée vivait entre les mains de l'enfant devenu maintenant adulte. De ses yeux vides, elle fixe étrangement le lit abandonné il y a bien longtemps, il serait même trop petit pour son propriétaire aujourd'hui. Comme un ange qui veillerait sur son sommeil, éloignant les mauvais rêves de sa seule présence . A l'époque, l'enfant devait la voir tous les matins, il n'avait pas peur de son regard, il l'apaisait. Elle était si aimée, tous les soirs câlinée pendant plusieurs heures. Elle l'avait écouté parler de ses problèmes, toujours là avec son expression encourageante, apaisante. Avec ses grands yeux pailletés, ses lèvres parfaite et sa peau blanche sans imperfections, sa simple vue avait le pouvoir de vous arracher à vos problèmes, la poupée donnait l'impression de toujours vous écouter, toujours êtres suspendue à vos lèvres comme si vous étiez la personne la plus intéressante du monde.

Les autres objets se moquaient d'elle, de son inutilité. Le bureau servait, le lit aussi, autant que l'armoire mais, elle, elle n'était là que pour faire beau, elle n'était qu'une babiole aux yeux de l'enfant, si on lui avait demandé de jeter quelque chose dans sa chambre contre une nouvelle voiture téléguidée, autant d'amour de sa part n'aurait pas pu la sauver, il aurait été sûr qu'il l'eut abandonné. Elle le savait dans son cerveau de porcelaine. Elle en avait vu des choses passer ! Des copains à la petite amie rougissante, elle avait toujours été là, elle n'était jamais partie depuis le jour où il l'avait prit dans ses bras la première fois. Brisée à quelques endroit, elle n'en avait pour autant pas perdu de sa beauté d'antan et de sa prestance. Plus tard, l'enfant devenu adulte reviendrait, toucherait de ses jolies mains les vieux meubles et la regarderait à nouveau avec ses grands yeux bleus pétillants. Il la prendrait avec douceur et l'emmènerait avec lui. Quand ils arriveraient dans leur nouvelle maison, les enfants de son propriétaire sauteront partout, excités à la vue de la petite fille de cire dans les bras de leur papa. Et son propriétaire changerait mais elle recevrait toujours ces regards de purs admirations, elle aurait de nouvelles fissures, de nouvelles histoires à raconter -si seulement elle le pu. Les meubles ne se moqueront plus d'elle, elle aurait une histoire. Elle serait encore ici à veiller sur le sommeil des enfants, à écouter les chagrins, les peines et les amours.

La poupée avait toujours été là, elle le serait toujours.

Ça ne changeait pas, son petit visage blanc et inexpressif resterait figé dans l'infinité du moment.

Une jolie poupée de cire, des dizaines d'histoires. Elle serait à jamais le vestige du passé, la seule chose qui se souviendrait de toutes les existences qui se dérouleraient devant ses yeux, miroir des souvenirs oubliés.