L'Effet Domino - Caroline
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Disclaimer : Caroline est à moi. Toga alias Inupapa alias Inutaisho appartient à Rumiko Takahashi, Virginie et Jeanne appartiennent à elles-mêmes.
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Chapitre 1 : Une rencontre inattendue
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Caroline
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Bon, cette fois-ci, c'est officiel, l'univers se fout de ma gueule dans les grandes largeurs. Ou alors il n'apprécie pas mes efforts, c'est pas possible autrement !
Au fait, moi c'est Caroline. Plus généralement connue sous le surnom de Fumseck73 et autres dérivés sur le net. J'ai 26 ans passés (presque 27), je suis cancer (le signe astrologique hein), et je fais 1m55 pour environ 50 kilos (à jeun et en pyjama). Et, ce que je regrette le plus… je suis encore célibataire. Oui, à mon âge, j'ai jamais eut de petit ami, ou en tout cas pas assez proche pour pouvoir être appelé ainsi. Je n'attire pas les mecs, et eux-mêmes ne m'attirent pas spécialement (sans que je sois non plus lesbienne, mais bon, vu mon peu d'expérience amoureuse…).
De toute façon vous vous en fichez, ça j'en suis sûre, car l'information la plus importante, la voici : j'aime Pokémon. Oui, ce jeu dit pour « bébé », ce jeu sur lequel vous vous êtes usés les yeux pendant des dizaines, que dis-je, des centaines d'heures, sur votre vieille console Game Boy Advance/Color, ces jeux où vous avez piqués des crises car vous n'arriviez jamais à compléter ce foutu pokédex parce qu'il vous en manque toujours au moins un, que vous n'obtenez QUE par un événement auquel vous ne pouviez, bien sûr (sinon c'est moins drôle) pas assister parce qu'il se déroulait à PARIS alors que vous habitez à Triffouillis-les-Oies au fin fond de la Corrèze !
Ou alors, vous y avez passé des dizaines d'heures à faire faire des œufs à vos pokémons parce qu'il vous fallait une nature bien précise afin de le faire évoluer plus facilement, ou encore parce que vous vouliez lui apprendre une attaque qu'il n'apprend pas autrement que par reproduction ! Donc vous avez jonglé avec les espèces, les père et mères potentiels, jusqu'à arriver au résultat voulu au bout du 36 000ème œuf éclot !
Ce jeu auquel, même des années plus tard, vous rejouez sans oser le dire, car sinon on va se foutre de vous. Même si, pour ma part, je suis quasiment insensible au ridicule. Il ne tue pas, alors pourquoi m'en préoccuper plus que nécessaire ?
Ce jeu, donc, auquel je suis accro depuis la version jaune, dont je possède à peu près toutes les versions sur Gameboy Advance et Nintendo DS (cartouches officielles ou ROM), sans compter les deux spin-offs sur GameCube, et dont j'attends toujours impatiemment les nouveaux opus. J'ai même les mangas « Pokémon : La Grande Aventure ! » ainsi qu'un certain nombre de petites figurines/straps pour portable/console.
Enfin bref, je m'éloigne un peu du sujet, là.
J'étais en train de ranger mon appartement pour une fois. Oui, je sais, vous ne voyez pas le rapport avec le schmilblick. Moi non plus au départ, mais ça va venir.
Ceux qui me connaissent sont toujours pliés de rire ou alors disent qu'il va neiger (en plein été par exemple) quand je leur annonce ça.
Pourquoi ? Pour une raison très simple : je suis une grosse feignasse bordélique, et j'ai une sale tendance à ne jamais ranger chez moi (ou alors très rarement), même quand il y a des invités, bien que je fasse un effort dans ce genre de cas. J'aurais dû me douter que l'univers, qui était doté d'un humour particulièrement tordu, ne se contenterait pas d'un simple orage ou d'une petite chute de neige au mois de mai pour fêter ça. Non, il allait faire bien plus fort.
Dans ce contexte précis, j'avais un foulard sur la tête, étant en pleine exploration de mes placards, car on était au printemps, et je devais échanger mes affaires d'été et d'hiver avant de partir bosser pour la saison (que j'avais miraculeusement trouvée près de chez moi, me permettant de ne pas partir trop loin et rester dans mon appartement).
J'étais donc en train de fouiller mes placards pour trier/ranger les vêtements, et j'avais dégagé ma table basse pour pouvoir poser des affaires quelque part, en plus du canapé. Sinon, elle était normalement occupée par mon ordinateur portable, entre autres, et de nombreuses autres merdes. Cette initiative s'est d'ailleurs révélée providentielle, maintenant que j'y pense. Sinon, c'est pas juste ma table basse que j'aurais perdue, mais des dizaines d'histoires, des images personnelles et des vidéos. Une fois, ça suffit !
Bref. Reprenons.
J'étais donc le nez plongé dans mon placard, ayant décliné à contrecœur l'invitation de l'ami de ma mère à l'accompagner pour rendre visite à cette dernière, j'avais trop repoussé l'échange de mes vêtements, et je crevais de chaud ces derniers temps. Donc, après avoir essuyé les sarcasmes de mes amis au sujet de mon projet pour l'après-midi (ces derniers ayant plaisantés sur le fait que l'orage était de ma faute), j'essayais de déterminer ce qui serait le mieux, lorsqu'un grand bruit en provenance de mon salon me fit sursauter. C'est quoi ça, le tonnerre ?!
Si seulement…
Ça ressemblait plus au bruit qu'aurait fait un truc lourd en tombant par terre. Et, si je ne me trompais pas, quelque chose avait également cassé au passage. Super… Qu'est-ce qui a bien put se casser la gueule chez moi ? Y a pourtant rien qui soit en déséquilibre ! Je sortis prudemment le nez du placard, et jetais un œil dans mon salon. Derrière le clic-clac, je crus distinguer ce qui ressemblait furieusement à… une chaussure ?
Nom de Dieu, c'est quoi ce bordel ?
Apparemment, Murphy avait décidé de frapper TRÈS fort pour fêter ma décision de ranger mes placards. Je me déplaçais prudemment, avançant lentement, craignant le pire. Pourtant, c'était Jeanne qui attirait les ennuis, pas moi ! J'étais presque persuadée qu'un parachutiste devait être passé à travers ma baie vitrée, aussi improbable que ce fut, mais un coup d'œil à celle-ci infirma cette hypothèse, elle était intacte.
Bon, reste plus que la thèse de l'alien qui a décidé de se téléporter chez moi pour une raison x ou y. Pas qu'elle me déplaise s'il était un minimum mignon, mais je pressentais le pire s'il était hostile, ma chance ne me préserverait sûrement pas d'un extraterrestre agressif, contrairement aux humains.
Pas à pas, je m'approchais avec prudence de mon clic-clac, le contournant lentement. Et là, nouveau choc.
Un type était affalé sur le flanc sur ce qui restait de ma table basse, défoncée sous le poids de sa chute. Et, si je ne me trompais pas sur son visage (qui me faisait un drôle d'effet en le voyant réel), j'avais devant moi Inupapa, aussi connu sous le nom d'Inutaisho, le père d'Inuyasha et Sesshomaru.
Putain, j'ai un personnage de manga dans mon salon ! Quelque part, au fond de mon esprit, une petite voix me répétait que j'avais de la chance que ce soit lui et pas son ennemi le dragon, ou encore Naraku, le grand méchant de la série, mais quand même.
J'AI UN PUTAIN DE PERSONNAGE DE MANGA DANS MON PUTAIN DE SALON, ET IL VIENT DE ME DÉFONCER MA TABLE BASSE EN S'ÉCRASANT DESSUS !
Je me claquais les joues, et respirais profondément.
Ok, calmons-nous un peu, et réfléchissons. Procédons par ordre :
1 – Il est hors de question que je fasse appel aux autorités, elles n'auraient rien de plus pressé que de l'enfermer dans un centre d'expérimentations (voire même de le tuer le plus vite possible et de le disséquer, quoique pas forcément dans cet ordre),
2 – Il y a fort à parier que ça ne le retiendrait pas longtemps en plus, quoi qu'ils puissent lui faire/injecter,
3 – Si ça arrive, il risque d'être de très mauvais poil et de faire de gros dégâts, donc beaucoup de morts.
Conclusion : je suis dans la merde. Je ne peux pas faire appel à un médecin, il le dénoncerait de suite. Il ne me reste qu'une seule solution, et je sens que ça va mal passer avec la concernée… Enfin, la connaissant, elle ne devrait pas trop rechigner à m'aider, faut juste que j'évite de tout lui raconter tout d'un bloc, ou elle va me prendre pour une folle furieuse.
Je sortis immédiatement mon téléphone, et, d'un geste sûr et rapide, qui étonnait toujours ma mère (laquelle n'arrivait pas à s'habituer à un téléphone tactile), j'appelais une amie à moi. Elle décrocha à la troisième sonnerie, marmonnant un « ouais ? » endormi et grognon.
–Jeanne ? C'est Caroline. Je te réveille ?
–Ouais, un peu, marmonna-t-elle. Mais c'est pas grave. Keskia ?
–J'aurais vraiment besoin de ton aide, expliquais-je, cherchant mes mots afin de ne pas la brusquer. Tu t'y connais en premiers soins ?
–Il t'est arrivé quelque chose ? S'inquiéta-t-elle, et je m'empressais de la rassurer.
–Non, non, moi je vais bien. Mais est-ce que tu pourrais acheter une trousse de premiers soins et venir chez moi tout de suite ?
Long, très long silence à l'autre bout de la ligne. Elle était maintenant parfaitement réveillée, et reprit la parole d'un ton suspicieux.
–Caro ?
–Oui ?
–Qu'est-ce que t'as fait ?
–Moi ? Rien du tout ! Protestais-je. Je te jure que je t'expliquerais tout une fois que tu seras arrivée, promis, mais là, j'ai vraiment besoin de toi le plus vite possible. S'il te plaît… Suppliais-je. Je te la rembourserais après si tu veux, mais là, j'ai besoin de ton aide.
Elle grogna.
–Comme d'habitude. Bon d'accord, je viens, mais t'as intérêt à avoir une très bonne explication !
–Merci, soufflais-je, rassurée.
Je raccrochais, et posais le téléphone sur mon bureau, par-dessus mon ordinateur portable, fermé pour le moment, avant d'aller ouvrir la porte d'entrée. Ma mère étant à l'hôpital pour au moins deux semaines, je savais que je ne risquais rien de son côté (et son ami ne venant que de temps en temps, je priais pour qu'il ne passe pas aujourd'hui).
Je m'approchais ensuite tout près d'Inupapa, qui semblait toujours inconscient. Semblait seulement.
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Moi qui avait pensé passer une inter-saison classique, tranquille, j'en étais pour mes frais. Adapter quelqu'un provenant d'un univers/époque médiéval était assez compliqué comme ça, mais alors si cette personne était encore en plus non-humaine, bonjours !
Déjà, il m'a fallu consacrer deux semaines rien que pour lui apprendre le français. Heureusement, il était intelligent et consciencieux, et apprenait vite, sans rechigner un seul instant. Il avait visiblement très vite compris que s'il voulait survivre ici, il allait devoir s'adapter, et s'était docilement plié à la plus grande partie des séances que je lui avait infligé. Jeanne était passée régulièrement durant une semaine, histoire de s'occuper de ses plaies, qui avaient de toute façon guéri en quelques jours.
J'avais monté tout un scénario bancal à raconter à ma mère et à son ami pour expliquer sa présence, comme quoi il était un correspondant japonais à moi, et qu'il était venu vivre quelques mois en France pour découvrir la culture et la cuisine. Heureusement pour nous, aucun des deux ne s'intéressait aux mangas, et je n'avais donc pas eut à sortir l'histoire du cosplayeur (ils l'auraient prit pour un taré complet).
Ça avait été assez compliqué comme ça d'ailleurs. Une fois qu'il avait eut maîtrisé le français (à l'exception de quelques petites difficultés avec les temps, que je lui pardonnais), je m'étais décidée à lui parler du manga Inuyasha, qui racontait ce qu'il s'était passé après sa mort, histoire qu'il sache comment réagir face à des fans qui le prendraient pour un cosplayeur. Bon, évidemment, on ne le mentionnait que dans le troisième film (non-canon selon la continuité officielle), mais il m'avait confirmé que le début de celui-ci s'était bien passé ainsi, et il avait été soulagé de constater que Sou'unga avait finalement été détruite.
Il avait littéralement dévoré l'animé avec les films, et s'était mit à chercher les mangas pour les lire, après avoir apprit qu'il y avait de grandes différence entre les deux à cause de l'adaptation. Malheureusement, je n'avais que le tout début de l'histoire, à sa grande frustration, et il m'avait demandé s'il n'y avait pas moyen de trouver le reste de la série.
J'avais donc dû lui expliquer que je n'avais absolument pas les moyens de les acheter tous en une fois (bien que ce fut en projet par petites tranches de 2-3 tomes), et qu'il pourrait les lires sur internet en anglais. Ça avait amené d'autres questions, et j'avais dû lui expliquer que l'anglais était la langue la plus parlée dans le monde, surtout pour les échanges internationaux. Il m'avait alors demandé si je pourrais lui apprendre, et j'avais dû décliner à regret.
–Pourquoi cela ?
Il avait gardé une manière de parler plutôt formelle, même en français, à cause de ses origines aristocratiques (hé, c'était un grand seigneur quand même !), et ça donnait parfois des trucs cocasses en sortie (et certains de mes pires cauchemars, foutu choc des cultures). J'avais aussi eut toutes les peines du monde à lui faire comprendre que non, ici on n'avait pas le droit de tuer quelqu'un qui vous agaçait ou vous agressait, même si c'était le pire des cons.
J'avais dû lui expliquer que ici, s'il tuait quelqu'un, il n'aurait peut-être pas forcément d'ennuis, vu qu'il pouvait fuir vite et loin, mais moi, en revanche, je risquais d'en subir les effets collatéraux, et de finir en prison à sa place pour complicité. Toutefois, rares étaient ceux assez stupides pour s'en prendre à lui, il irradiait une aura de pouvoir telle que pratiquement personne ne venait l'ennuyer.
–Parce que si j'ai pu vous apprendre le français, c'est avant tout parce que c'est ma langue maternelle, expliquais-je. Par contre, vous apprendre l'anglais, ça va être une autre paire de manche, parce que même si je le lis sans trop de peine, je le parle en revanche assez mal, continuais-je en fouillant ma poche pour trouver un mouchoir, sentant que j'étais sur le point d'éternuer.
Je parvins à le sortir de justesse, assourdissant mon éternuement. Au début, il avait violemment sursauté à chaque fois, surprit par la force de ceux-ci. Il s'y était finalement habitué, non sans mal.
–À tes souhaits, lâcha-t-il machinalement, jetant un œil sur mes autres mangas. Alors, comment allons-nous procéder dans ce cas ?
Après m'être mouchée, j'y ait réfléchit, et une idée m'est venue.
–Je crois que je sais comment, déclarais-je. Par contre, ça devra attendre demain soir.
–Pourquoi ? Demanda-t-il en levant le nez du premier tome des Douze Royaumes, sur lequel il avait finalement jeté son dévolu.
Je roulais des yeux.
–Enfin, je vous l'ai pourtant dit ! Demain je commence mon contrat saisonnier ! Je vais travailler à Aix-Les-Bains, la ville voisine. Je devrais avoir ce qu'il vous faut en rentrant, ajoutais-je.
Après ça, je passais le reste de l'après-midi à vérifier ma mobylette (qui me servait rarement jusque-là d'ailleurs), et à me préparer pour mon premier jour. Pas que je sois stressée, mais j'aimais bien être prête en avance.
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Le lendemain, je me levais tôt, ayant préféré prévoir une bonne marge de manœuvre, au cas où. Toga était plongé en plein dans Le Seigneur des Anneaux (version longue s'il vous plaît), et il avait certainement dû y passer la nuit. Il me salua brièvement, conscient que le matin, je n'étais guère opérationnelle avant mon thé.
Petit déjeuner rapide, douche, et hop, j'y vais, lui lançant juste un bref « à ce soir ! ». La journée passa plutôt vite, concentrée comme je l'étais sur l'apprentissage des spécificités de l'hôtel. Être femme de chambre était un métier plus dur que ce que l'on pensait, qui exigeait rapidité, méticulosité, et juste ce qu'il fallait d'esprit d'initiative !
Malheureusement, la plupart des gens méprisaient ce métier. Personnellement je m'en fichais, c'était un moyen comme un autre de gagner ma vie.
À la fin de ma journée de travail, claquée, je repris ma vieille pétrolette pour rentrer, avec la vague impression d'oublier un détail. En enfilant mon casque, je me retrouvais avec un papier dans la figure. Après avoir ôté cette foutue protection (ô combien vitale pourtant), je constatais qu'il s'agissait d'un rappel pour acheter une méthode d'apprentissage de l'anglais.
Ah oui, c'est vrai. Bon, direction Carrouf' alors. Je fouinais un moment dans les rayons pour trouver ce que je cherchais, et finis par dégoter mon bonheur. Un passage en caisse plus tard, je pus rentrer chez moi.
Si Toga était désormais capable de se servir sans trop de problèmes du lecteur DVD (j'avais passé un bon quart d'heure à lui expliquer comment lire des DVD sans les abîmer avec sa force ou ses griffes, et il se débrouillait assez bien), j'allais maintenant devoir lui apprendre à se servir d'un ordinateur.
Je passais donc la soirée à lui expliquer comment se servir de mon portable sous Xubuntu. Je lui avais créé une session personnelle dessus, afin qu'il puisse y faire ce qu'il désirait. J'étais parvenue à mettre la main sur un des rares logiciels fonctionnant sous linux, à mon plus grand bonheur. Je ne passais plus sous Windows que contrainte et forcée, lorsque je n'avais vraiment pas le choix.
Au passage, j'en avais profité pour lui expliquer le fonctionnement d'internet, lui faisant un petite démonstration au passage. On pouvait vraiment trouver tout et n'importe quoi dessus, et j'avais abordé avec tact la question du porno (il aurait fini par le découvrir sans mon aide de toute façon, alors autant prendre les devants), connaissant de nom quelques site du domaine, à force de traîner sur les chats. À mon plus grand étonnement, il avait été choqué et dégoûté de voir ça, encore plus lorsque je lui avait dit que les gens étaient payés pour filmer leurs ébats.
Il avait trouvé cela particulièrement dégradant pour les femmes, et j'étais entièrement d'accord avec lui. Je lui avais expliqué qu'en plus, ces sites étaient généralement des nids à saloperies pour les ordinateurs, même si Linux était relativement à l'abri de ce genre de désagréments.
De fil en aiguille, on en est venus à aborder les différents systèmes d'exploitation, et beaucoup d'autres choses sur l'informatique. Il était curieux de tout, un peu comme un enfant. Un enfant de trois millénaires capable de déchaîner un véritable carnage sur son chemin s'il lui en prenait l'envie.
Enfin bref.
Toga maîtrisa donc l'anglais dans la foulée du français, sans que j'aie besoin de beaucoup l'aider.
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Le temps passa rapidement, jusqu'au mois de juillet. Lors d'un de mes jours de congés, alors que je venais de me lever à point d'heure, je regardais fixement la crinière argentée de Toga, en mode « vache qui regarde passer les trains ». Traduction : j'étais en train de fixer ses cheveux, le regard dans le vague, en plein bug cérébral, essayant de réfléchir.
–Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda finalement Toga, attirant mon attention.
–Vous avez vraiment les cheveux longs, répondis-je, toujours en mode « bug ».
Il haussa un sourcil, visiblement étonné.
–En quoi est-ce un problème ?
–On risque pas de vous prendre pour une femme ? Demandais-je finalement, jouant avec la paire de ciseaux posée sur ma table.
–Ça n'est encore jamais arrivé, répondit-il d'un ton tranquillement assuré, revenant à sa lecture (Le Seigneur des Anneaux, version livre de poche cette fois-ci).
Puis il releva brusquement la tête, me regardant soudain d'un air suspicieux.
–Je peux savoir à quoi est-ce que tu es en train de penser actuellement ?
–Faudrait vous couper les cheveux, répondis-je tranquillement, un sourire psychopathe aux lèvres.
–… Pardon ? Sursauta-t-il.
Il me regardait maintenant d'un air choqué, et même un peu effaré. J'ai retenu mon envie de rire, et, le sourire toujours sur les lèvres, je me suis levée, les ciseaux en main.
–Oui, une petite coupe bien courte… Couip couip ! Fis-je en actionnant les ciseaux à hauteur de mon visage, un grand sourire hilare aux lèvres.
Il posa immédiatement son livre, prenant à peine le temps de mettre le marque-pages, et pivota pour me faire face. Il se déplaça ensuite de façon à mettre le clic-clac entre nous, et je suivis le mouvement pour m'approcher. Intérieurement, j'étais morte de rire, et je pouvais voir un sourire fleurir sur ses propres lèvres.
Je savais très bien que je n'étais pas de taille contre lui, et mon but n'était pas tant d'arriver à lui couper les cheveux (ce que je savais être mission impossible) qu'à l'amener dans un petit brin de folie, histoire de fissurer sa façade un peu trop sérieuse. Je savais qu'il avait de l'humour, il me l'avait prouvé à plusieurs reprises, mais je le trouvais un peu trop maître de lui-même.
Je bondis soudain en avant, et il se déroba souplement sur le côté. Je continuais à essayer de le rattraper, riant comme une tordue, bientôt accompagnée par Toga. Il esquivait d'un côté comme de l'autre du clic-clac, et je suivais le mouvement, cherchant à l'attraper. Je n'arrivais pas à m'empêcher de rigoler, après tout, c'était juste un jeu du chat et de la souris, et je savais que je pouvais à tout moment passer du stade de chasseur à celui de la proie.
On joua ainsi pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'il en ait finalement assez. Il bondit soudain en avant, et, avant que j'aie eut le temps de comprendre quoi que ce soit, il m'avait « désarmée » et jetée sur son épaule comme un sac de patates.
–Mai-euh ! C'est pas du jeu ! Protestais-je, incapable de m'arrêter de rire. Posez-moi à terre, espèce de vieux pervers !
J'avais beau donner de grands coups de pieds dans le vide (mes bras étaient coincés sous mon corps), pas moyen de le déstabiliser. Il continuait à rire en sourdine, puis il se mit soudain en mouvement, se dirigeant vers l'appartement de ma mère.
–Jacky est arrivé, et je pense qu'il serait de bon ton d'aller le saluer, non ?
–C'est pas une raison pour me porter ainsi ! J'ai l'air ridicule ! Protestais-je sans pouvoir m'arrêter de rire.
Il se contenta de ricaner avec amusement, sans pour autant s'arrêter. Ma situation créa une certaine hilarité chez ma mère et son ami, et je protestais qu'il me maltraitait. Sans déclencher autre chose qu'un grand fou rire général, vu que mes protestations vaguement geignardes (sans grande conviction d'ailleurs), lancées entre deux éclats de rire, ne faisaient pas très convaincantes. Il finit par me reposer au sol lorsque je commençais à me sentir mal, à cause de l'afflux de sang dans la tête, et m'aida à rester debout jusqu'à ce que je me sente mieux.
Assez rapidement, c'est devenu un grand jeu entre nous. Quand j'étais en congé, pour décompresser, je m'amusais à le poursuivre pour tenter de lui faire une petite coupe. Généralement, je finissais écroulée de rire sur son épaule, voire écroulée tout court sur le clic-clac, à bout de souffle.
Il s'était aussi rendu compte que je n'étais pas très douée en cuisine, et que, sortie des pâtes/riz/plats tout prêts, je ne savais pas faire grand-chose. Et, en voyant que je n'étais vraiment pas attirée par la gastronomie, il décida visiblement de s'y mettre.
Je vous jure que trouver ce grand gaillard dans sa cuisine en train de préparer quelque chose à manger, ça vaut vraiment le coup d'œil. D'autant qu'en plus, il était doué ! Pour quelqu'un qui n'avait certainement jamais touché aux fourneaux avant ça, il se débrouillait vraiment très bien ! Et même mieux que mon petit frère, qui avait pourtant suivit une formation de cuisinier. Il s'agissait probablement du seul moyen qu'il avait pu trouver pour me remercier de mon hospitalité, puisqu'il ne pouvait aller nulle part, n'ayant aucune identité.
À force de vivre avec Toga dans mon appartement, je crois que j'ai fini par développer des sentiments pour lui. Au début, je voulais surtout l'aider à s'adapter, puis, progressivement, j'ai commencé à ressentir quelque chose à son égard. Quand je le regardais, je me sentais toute drôle, j'avais l'estomac qui papillonnait et les jambes en coton.
Je crois que je suis tombée amoureuse… bien ma veine, j'suis folle d'un mec qui risque pas de s'intéresser à moi vue qu'il vient de claquer pour une nana qui lui a donné un gosse juste avant… Je hais ma vie… Au mieux, si on considère qu'il a également des instincts proches des animaux, il considère juste que je fais partie de sa « meute ».
Cette idée me déprimait complètement, mais, de toute façon, il était peu probable que j'ose un jour lui avouer mes sentiments. Trop timide sur ce plan-là. Mais ça me réveillait tout de même la nuit, et je ne savais pas ce que j'allais faire. Toga m'avait à plusieurs reprises demandé ce qui n'allait pas, se doutant visiblement de quelque chose, mais je n'avais pas pu me résoudre à tout lui raconter.
Je m'étais contentée de lui dire que c'était un petit problème privé, et que je n'avais pas très envie d'en parler. Il avait eut l'air sceptique, mais n'avait pas chercher à insister en voyant que ça me mettait très mal à l'aise.
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Le mois d'août passa à son tour, particulièrement étouffant, et j'avais hâte que septembre puis octobre arrivent, histoire de bénéficier ENFIN de la pluie. Durant cette période, Toga et moi nous nous étions rapprochés, devenant de bons amis, à défaut d'autre chose. Et moi, j'étais encore plus raide dingue de lui.
Un jour, à la mi-septembre, un orage éclata enfin dans l'après-midi, et je rentrais tard, complètement trempée et frigorifiée. Vive la mobylette dans ces cas-là… Déjà qu'elle n'allait pas bien vite à la base, mais quand en plus la route était mouillée, je devais déployer des trésors de prudence.
–Ça va ? S'enquit Toga, devant le four, en me voyant débarquer, le pantalon dégoulinant.
–J'ai les mains glacées, répliquais-je en ôtant mes gants, les essorant au-dessus de l'évier. Je vais me changer avant d'attraper froid, ajoutais-je en enlevant mon blouson en cuir, on a perdu au moins 20 degrés d'un coup, et entre le vent et l'eau, je suis congelée !
Il hocha la tête, et je disparus dans la salle de bain. Une fois sèche et avec des vêtements chauds, je me sentais nettement mieux. Toga avait fait chauffer de l'eau pendant ce temps, et m'avait préparé un thé au citron brûlant, avec des cookies tous chauds, juste sortis du four. Dé-li-cieux ! Un vrai régal !
Je le complimentais sur sa cuisine, ce qui lui fit visiblement plaisir. Ce mec était vraiment une perle rare : poli, respectueux, toujours calme, et bon cuisinier par-dessus le marché ! Tout en mangeant, je discutais avec lui. Il m'apprit que Jacky avait commencé à lui enseigner un peu de bricolage, au cas où il y aurait besoin de réparer quelque chose. Au passage, ce dernier lui avait demandé de façon plus ou moins subtile des renseignements sur notre relation, et je grimaçais.
Comme si j'avais besoin que ma mère et son petit ami s'en mêlent ! Si j'ai envie de rester vieille fille, c'est mon problème bordel ! Rien ne m'aurait effectivement plus fait plaisir que de pouvoir sortir avec Toga, hélas, cette option resterait sans doute un joli rêve !
D'un coup d'œil au programme télévisé, je remarquais qu'il n'y avait rien de vraiment intéressant ce soir, à part le dernier Resident Evil, un film de zombies, pour ceux qui aimaient ça. Ce registre-là ce n'était pas du tout mon truc, plutôt celui de mon frère ou de ses amis, je préférais de loin la science-fiction pour ma part.
Cependant, Toga semblait intéressé, et j'acceptais à contrecœur de le mettre. Comme de bien entendu dans ce genre de films, ça courait de partout, tirait dans tous les sens, hurlait, crevait, et ressuscitait… pour bouffer ensuite ceux encore en vie. Beuark, quelle horreur. Les corps en décomposition étaient cependant bien fait… trop, peut-être. Je n'ai pas vomi, mais c'est pas l'envie qui m'en manquait par moments.
J'éteignis la télévision avec soulagement à la fin. Décidément, les zombies en live ne seront jamais ma tasse de thé ! En manga ou bande dessinée ça passe, mais ainsi… Brrrrrr ! D'habitude, je ne regardais jamais ce genre de films le soir (surtout parce que ça me donnait la nausée), mais je n'avais encore jamais fait de cauchemar à cause de ça…
Bah cette nuit-là, on aurait dit que mon subconscient avait décidé de s'en donner à cœur joie, comme pour se rattraper !
J'ai fait un cauchemar absolument atroce, où tous les gens que je connaissais (sauf Toga, curieusement) étaient devenus des zombies, et surgissaient de dessous mon lit pour venir me dévorer. Les morts-vivants à moitié décomposés se hissaient sur mon lit, se cramponnant à la couverture en poussant des gémissements d'outre-tombe, tendant leurs doigts pourris vers moi. Je suis à peu près sûre que j'ai dû sacrément hurlé, en tout cas jusqu'à ce que Toga parvienne à me réveiller en me secouant.
Je me suis violemment débattue, encore prise dans mon rêve, jusqu'à ce que sa voix parvienne à m'atteindre.
–Caroline ! Caroline ! C'est moi ! Toga !
–To… Toga ? Balbutiais-je, en état de choc.
Bon sang… quel horreur ce rêve ! Pire encore que celui que j'avais fait dans mon enfance et où ma mère s'était changée en robot façon « bonhomme en fer-blanc » du magicien d'Oz, pour tenter de m'étrangler. Mais il n'y avait aucune comparaison possible de toute façon.
Tremblant comme une feuille, j'ai enfouit mon visage contre son épaule et fondu en larmes. Après quelques secondes de flottement, apparemment surprit, Toga me serra contre lui en me caressant le dos, murmurant :
–Tout va bien, tout va bien, je suis là… C'est fini maintenant…
Mes larmes finirent par s'arrêter de couler, mais je ne me sentais pas de me rendormir toute seule dans mon lit. Rien que cette idée me donnait de violents frissons. J'ai rassemblé mon courage, mais la pensée de lui poser cette question m'effrayait moins que celle de rester toute seule cette nuit.
–Toga ?
–Oui ?
–Est-ce que… est-ce que je peux venir dormir avec toi s'il te plaît ? Osais-je d'une petite voix tremblante.
Je doutais qu'il me repousse, après tout, il avait bien remarqué que je sortais tout juste d'un sale cauchemar, mais j'attendis tout de même sa réponse avec anxiété. La question dû le prendre au dépourvu tout de même, sans doute à cause du tutoiement, car il resta silencieux quelques secondes avant de me répondre d'une voix douce :
–Bien sûr voyons…
Il me souleva délicatement dans ses bras, me laissant juste le temps d'attraper mon portable (qui me servait également de réveil). Il me déposa sur le clic-clac déplié, qui lui servait de lit, et s'allongea près de moi, rabattant la couverture sur nous. Je me blottis aussitôt contre lui, et il me serra dans ses bras.
Au bout d'un moment, la panique finit par refluer totalement, chassée par sa présence imposante, solide et réconfortante. La chaleur qu'il dégageait m'enveloppa, et je me détendis, rassurée. À-demi endormie, somnolant presque, ma langue m'échappa. Je ne vois que cette explication, vu qu'en temps normal, je n'aurais jamais oser lui dire quoi que ce soit au sujet de mes sentiments pour lui…
–Dis, Toga ?
–Qu'est-ce qu'il y a ?
–Est-ce que… j'ai une chance avec toi ?
–Je te demande pardon ?
Son ton était étonné et un peu perplexe, mais pas hostile ou empli de rejet, et je m'armais de courage pour continuer :
–Je veux dire… je sais que c'est idiot de te demander une chose pareille, surtout en connaissant ton passé, mais…
–Mais quoi ? Demanda-t-il doucement, même s'il devait se douter de ce que je voulais dire.
–Je… je crois que je me suis attachée à toi. Beaucoup, avouais-je, les joues en feu. Tu es… le seul homme auquel je me sois jamais intéressée, et ça, même en sachant que tu n'es ni humain, ni sensé exister ici… C'est idiot, je sais, mais… Est-ce que… J'ai une chance de t'intéresser ?
Je me sentais carrément ridicule, mais je n'arrivais pas à mieux m'exprimer. Je n'étais pas très douée quand il s'agissait des sentiments, les miens encore en plus. J'avais fermé les yeux très fort, n'osant pas lever le regard vers lui.
Le seul point positif jusqu'ici, c'était le fait qu'il ne m'ait ni envoyée promener, ni rejetée d'entrée de jeu, et ça, en prenant également en compte le fait qu'il ne m'ait pas lâchée non plus. Mais il restait silencieux, sans rien dire.
Finalement, il reprit la parole, semblant chercher ses mots :
–En ce qui me concerne, je tiens également beaucoup à toi. Sans toi, je ne sais pas ce que je serais devenu ici… Sûrement un fugitif au mieux, voire un sujet d'expérience, ou peut-être même pire… Tu as pris soin de moi alors que rien ne t'y obligeais, tu m'as apprit ta langue, ta culture, comment vivre dans ton pays… Tu es quelqu'un de très important à mes yeux, au moins autant qu'Izayoi… Je ne pourrais jamais vraiment l'oublier, tu le sais sûrement, mais… Même si elle est morte depuis longtemps ici selon la chronologie, pour moi, je viens juste de la quitter. Alors… Pour le moment, je ne sais trop que faire, ou penser, quoi ressentir… Tout ce que je sais, c'est que je tiens énormément à toi, mais… Je ne suis pas vraiment sûr de mes sentiments. Pas encore.
Surprise, j'ai relevé les yeux, pour croiser son regard. Étonnamment, Toga semblait presque… perdu. Son regard était doux et triste, et il me donna effectivement l'impression qu'il ne savait plus trop où il en était de ses sentiments. Il était certes un yôkai puissant et ancien, excellent guerrier, mais, ces derniers mois, il avait dû s'adapter à une époque totalement différente de celle où il était né, dans un monde où il n'y avait que des humains, et il y avait de quoi être déstabilisé, surtout que son seul appui ici était une jeune humaine pas totalement normale…
Je décidais que j'en avais assez dit comme ça pour cette nuit, il avait déjà assez à penser comme ça pour le moment, et moi aussi d'ailleurs. Il ne m'avais pas repoussée, ce qui était déjà pas mal, et surtout, il avait dit que je comptais beaucoup à ses yeux, même s'il n'arrivait pas encore à déterminer dans quel sens exactement, et qu'il n'avait pas cherché à m'encourager.
Avec un soupir, je me blottis contre lui pour finir ma nuit, et je sentis qu'il me caressait les cheveux alors que je me rendormais. Je savais qu'en sa présence je ne risquais rien, et que personne ne viendrait me faire du mal. Pas même des morts-vivants, et je sombrais dans le sommeil sur cette dernière pensée.
.
oOo
.
Le lendemain matin, je me réveillais difficilement, me demandant pourquoi diable mon lit était si mou, et qu'est-ce qu'il était arrivé à Pedobear (NDLA : mon ours en peluche géant, et oui, il s'appelle bien comme ça) pour qu'il change soudain de taille et de consistance, puis le souvenir de mon cauchemar ainsi que ce qui avait suivit m'est revenu, et j'ai réalisé que ce à quoi je m'accrochais comme une moule à son rocher, c'était Toga !
Ooops… Quelque peu mal à l'aise, je l'ai relâché et me suis levée, arrêtant mon réveil dans le même temps. Toga devait sentir mon malaise, car il ne fit aucun commentaire. Il se contenta de préparer le petit déjeuner, comme d'habitude, et je me suis efforcée de tenir une conversation assez banale, ne tenant pas à revenir sur ce qu'il s'était passé cette nuit.
Tout se passa comme d'habitude, excepté au moment de partir. Toga me tendit mon casque, ajoutant, à mon plus grand étonnement :
–Sois prudente.
–Heuuuuuu… Comme d'hab' ! Répondis-je, quelque peu surprise.
Toutefois, ce fut ce qu'il fit après qui me surprit le plus : il se pencha et m'embrassa sur la joue, avant de me pousser gentiment dehors, comme je restais figée sur place par la surprise.
Okayyyyyyyy… Qu'est-ce qu'il lui prend là ? Cette pensée me perturba toute la matinée, et, avec ma veine habituelle, ce qui devait arriver arriva…
BADABOUM ! BANG ! BENG !
–… Aïe.
Je cherchais à me dégager de l'aspirateur, ce qui n'était pas facile dans la mesure où j'étais complètement emmêlée dans le fil de celui-ci, et qu'il m'était en plus tombé dessus, me cognant la tête.
–Est-ce que ça va ? S'enquit ma collègue, visiblement très inquiète, qui avait accourut au bruit de ma chute. Tu t'es fait mal ?
–J'ai l'habitude de me cogner de partout, j'ai connu pire (NDLA : véridique !), répondis-je en réussissant finalement à m'asseoir. Tu m'aides à me libérer ?
Elle m'aida à me sortir de l'espèce de nœud de fils dans lequel je me trouvais, à peu près au moment même où un des clients s'approchait de nous.
–Tout va bien ? S'enquit-il. Je suis médecin, si vous avez besoin.
–J'ai prit l'aspirateur sur la tête, répondis-je en frottant la bosse que j'avais récoltée. Mais mis à part ça… Aïe ! Glapis-je en voulant me remettre debout.
En voulant prendre appui sur ma cheville droite, celle-ci m'avait envoyé une violente onde de souffrance pour me signifier sa protestation. Aïe, aïe, aïe ! Bobo ! Bien ma veine tiens ! Le médecin m'aida à clopiner jusqu'à un banc pas loin, et il diagnostiqua une jolie foulure. Un bandage plus tard (et une explication avec les patrons), il me signifia que j'étais hors-service pour au moins trois semaines. C'est-à-dire jusqu'à la fin de mon contrat ou presque.
On me demanda si j'avais quelqu'un qui pouvait venir me chercher, et j'hésitais. Je ne tenais pas à ennuyer Jacky avec ça, et ma mère n'était pas vraiment en mesure de venir me chercher. Restait Toga, et, même si j'étais encore mal à l'aise avec ce qu'il s'était passé cette nuit, j'avais besoin de lui.
Je récupérais mes affaires, et sortis mon téléphone pour appeler ma mère (je n'avais pas de fixe chez moi, et Toga n'avait pas non plus de portable, il y faisait une légère… allergie).
–Allô ?
–Maman, tu pourrais me passer Toga s'il te plaît ?
–Euh… Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
–Je t'expliquerais tout à l'heure, promis !
–D'accord.
Une minute plus tard, j'avais mon yôkai au bout du fil.
–Allô ?
Je sentis toute sa répugnance à l'égard des téléphones dans ce mot, et je fis au plus court, pour ne pas prolonger son calvaire plus longtemps que nécessaire.
–Toga, est-ce que tu pourrais venir me chercher s'il te plaît ?
–Je te demande pardon ? Fit-il, l'air plus que surprit.
–Je me suis cassée la figure dans les escaliers, et je me suis foulée la cheville, donc je ne peux pas me servir de ma mobylette, expliquais-je, très gênée. Est-ce que tu peux emprunter un peu d'argent à ma mère pour prendre le train ? 20 euros, ça devrait suffire.
Brève conversation à l'autre bout, puis Toga reprit la parole :
–Aucun problème, je serais rapidement là. Où es-tu ?
Je lui indiquais comment rejoindre l'hôtel depuis la gare, et le remerciais, soulagée. Il raccrocha, et je n'eus plus qu'à l'attendre en réglant les détails auprès de mes employeurs. Heureusement, je l'avais déjà emmené en train à Grenoble, et il savait comment s'y prendre.
Quant il arriva, il attira tous les regards sur lui, aussi bien masculins que féminins. Une femme se prit même une colonne en le dévisageant sans aucune gêne. Bien fait pour elle ! Toga était particulièrement canon, même selon les critères humains, et j'avais de la chance qu'il ne regarde aucune femme à part moi (même si c'était parce que je m'étais longuement occupée de lui). Pourtant, j'en avais vues des femmes qui lui avaient bavé dessus en tentant de le séduire de façon plus ou moins explicite ! (et elles s'y étaient toutes cassées les dents, à ma plus grande joie).
Il m'aida à me relever et me prit carrément sur son dos pour m'emmener jusqu'à la gare, à ma plus grande gêne. J'étais à la fois vraiment mal à l'aise et très heureuse, et je ne savais pas quelle émotion dominait le plus. Il me mit dans le train et me confia mon casque au passage, m'assurant qu'il pourrait ramener ma mobylette à bon port sans.
Toga repartit avant que j'aie eut le temps de lui demander ce que ça voulait dire, et je restais très bête dans le wagon, sous les regards envieux des nanas présentes. Il va quand même pas la ramener sous son bras ?! Ou sur son épaule ?!
Le temps que le train arrive à la gare, il était déjà là à m'attendre, et me reprit tranquillement sur ses épaules. Il m'expliqua qu'il avait pu trouver des béquilles grâce à ma mère, ce qui m'aiderait pas mal pour me déplacer.
Arrivée à l'immeuble, je fis un crochet par l'appartement de ma mère, afin de lui expliquer ce qu'il s'était passé. Elle me rassura en me disant que Toga lui avait déjà expliqué, et m'envoya me reposer.
Toga me déposa sur le clic-clac, et je soupirais de soulagement. Quelle journée de tordus… Mon portable siffla soudain, et je sursautais, surprise. Merde, je pensais pourtant l'avoir mit en vibreur ! J'y jetais un œil pour voir ce que j'avais reçu comme SMS, et jurais.
FNAC : Aujourd'hui est le jour de sortie de Pokémon Noir 2 et Blanc 2. Ne le ratez pas, 10 % de réduction offerts !
Meeeeeeeeeeeeeeerde ! J'ai complètement oublié qu'aujourd'hui c'était le jour de la sortie de Pokémon Noir & Blanc 2 ! ET ILS OFFRENT 10 % DE RÉDUC' ! Raaaaaaaaaaaaaah, FUCK !
J'étais en train de rager sur le fait que j'étais coincée chez moi lorsque Toga me demanda ce qui se passait. Je me retrouvais alors confrontée à un dilemme. Est-ce que je lui demande d'aller me l'acheter, ou est-ce que ce serait abuser de sa gentillesse ? Je finis par décider que je ne risquais rien à tenter un essai, et lui fis le coup des yeux de chiot battu.
Je suppose qu'il devait se sentir coupable de ma chute (ce qui n'était certes pas entièrement faux), car il accepta sans problème. Je sautais de joie (tout est relatif), et lui demandais s'il pouvait me passer mon portefeuille, tandis que j'allumais mon ordinateur, lançant emesene (NDLA : l'un des nombreux équivalents de MSN sous Linux). Instantanément, ma bêta-lectrice me sauta dessus.
virginie perchet VP007 dit : " hey caro! où t'étais passée? morte ou quoi?"
Caroline Fumseck73 dit : "viviiiiiiii ! *o* "
"heuuuuuuuu... ^^' pas vraiment, j'ai été très occupée, je taffais en fait... "
En même temps, j'allumais la webcam intégrée à mon portable, juste comme Toga se penchait derrière moi avec mon portefeuille.
virginie perchet VP007 dit : " *o* putain c'est qui le beau gosse dans ton appart? tu fais une journée cosplay?"
Caroline Fumseck73 dit : "hein ? comment ça ?"
Tout en écrivant ça, j'indiquais à Toga mon code de carte bleue, lui tendant cette dernière et lui expliquant comment s'en servir, même s'il m'avait déjà vue faire.
virginie perchet VP007 dit : " Mais lui LA! juste à côté de toi! "
Virginie gigota sur sa chaise, semblant désigner Toga, lequel était déjà en train de sortir.
Caroline Fumseck73 dit : "ha, heu... lui ? semblerait que ce soit inupapa..."
virginie perchet VP007 dit : "oué c'est ça et moi je suis un canard boiteux unijambiste. Allez c'est qui? cosplayeur ça ok ais en vrai?"
Caroline Fumseck73 dit : "nan, nan, c'était bien le vrai. il s'est téléporté dans mon appart en explosant ma table basse"
Caroline Fumseck73 dit : "maintenant, j'ai plus de table basse "
virginie perchet VP007 dit : " je te crois pas du tout. Ok je suis fan de fic and co où les perso viennent dans nos monde -ou inversement- mais là c'est la réalité. Alors à moins qu'il se transforme en chien de la mort dsl mais c'est pa slui"
Caroline Fumseck73 dit : *cherche des photos d'inupapa avant et après transformation*
"... et là ? j'ai prit ces photos moi-même"
Convaincre Toga de se laisser prendre en photo avec moi sous ses deux formes avait été mon exploit du mois (même si celle sous forme humaine et où j'étais à côté de lui avait été plus simple) et je les gardais précieusement dans un recoin de mon disque dur.
virginie perchet VP007 dit : ** ouvre ses mails. Voit les photos**
" ho merde tu déconnes pas oO"
Caroline Fumseck73 dit : "bah nan, et pourtant j'aurais préféré"
virginie perchet VP007 dit : " mais comment il est arrivé chez toi?"
"préféré? tu déconnes c'est tropb ien!"
Caroline Fumseck73 dit "j'en sais rien, le temps que je me retourne, il était sur les débris de ma table basse ! ça m'fais chier, j'en trouve plus d'aussi bien maintenant "
virginie perchet VP007 dit : "... t'as vraiment pas le sens des priorités toi"
"entre ta TABLE BASSE et une BOMBE SEXUELLE tu choisis la TABLE BASSE?"
Caroline Fumseck73 dit : "chacun son opinion..."
"en plus, j'ai dû rentrer plus tôt que prévu avec ma cheville... "
"ouais, BAH PAS TOUCHE ! è_é chasse gardée, j'étais la première sur le coup !"
virginie perchet VP007 dit : " d'toute façon j'ai pas permis je peux pas venir squatter chez toi t'habite top loin"
Caroline Fumseck73 dit : " nanananèreuh !"
virginie perchet VP007 dit : "mais tu va en faire quoi d'Inupapa? je veux dire niveau papier tout ça?"
Caroline Fumseck73 dit : "bonne question, j'en sais rien du tout... un mariage blanc ptêtre ? ça lui permettrait d'obtenir des papiers non ?"
virginie perchet VP007 dit : " Ha non! tu m'laisses méme pas une laisse!"
"fille moi ton adresse je viens en car, train, bus, taxi avion, nage, à pied!"
Caroline Fumseck73 dit : "une laisse ? O_O bats-moi d'abord en combat pokémon, on en reparlera après !"
virginie perchet VP007 dit : "laisse, heu non merde une CHANCE! ET J ACCEPTE TON DEFI MWAWAWAWWAWAWAWAWAWWA deux sec je quitte le dremaland"
Caroline Fumseck73 dit : "OK, JE T'ATTENDS ! J'me connecte dans la salle union, t'as intérêt à te ramener illico presto ! "
J'aurais mieux fait de me couper un bras. Je venais juste de me connecter à la connexion wi-fi Nintendo lorsque ma DS émit un bruit bizarre, suivit d'un flash aveuglant, et une dernière pensée traversa ma tête…
Putain, c'est quoi encore ce bordel ?
La seconde suivante, j'eus l'impression de tomber dans un puits sans fond, et je perdis conscience.
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À suivre…
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Et voici le premier chapitre ! Pour savoir ce qu'il se passe du côté de Virginie (VP007), rendez-vous sur son profil !
Note : la conversation MSN est recopiée quasi texto de nos propres archives :). J'y ait donc à peine touché, juste de quoi la mettre en forme ! L'orthographe de VP et de moi-même y est donc livrée telle quelle !
Note 2 : ce chapitre a été beaucoup plus long que prévu. Au départ, il devait faire une douzaine de pages, c'est vous dire… Sauf que je me suis aperçue que je ne pourrais pas raconter tout ce que j'avais prévu en si peu de pages, et, le chapitre suivant son cours, j'en suis finalement arrivée à 16 (les présentes notes non incluses). De plus, pour le raccourcir un tant soit peu, j'ai choisi de raconter le point de vue d'Inupapa dans un autre chapitre, nommé 1 bis. Si je l'avais laissé en l'état, on en serait à 22 pages. Comme je tiens à conserver une longueur à peu près correcte, j'essaierais de faire des chapitres de 10 à 12 pages maximum.
Note 3 : pour cette histoire, les règles du Nuzlocke seront les suivantes :
–Si un pokémon tombe à zéro PV, il est considéré comme mort et doit être stocké de façon permanente (sauf cas spéciaux, voir règle suivante),
–Si vous êtes assez proches du centre pokémon et que le KO n'a pas été causé par une attaque avec avantage de type, le pokémon peut être sauvé (dépendra de l'histoire),
–Seul le premier pokémon de chaque route peut être capturé (sauf herbes mouvantes avec pokémons rares), si un coup critique se produit par accident, une autre tentative est autorisée jusqu'à réussir, une capture supplémentaire est autorisée pour les échanges,
–Si le premier pokémon rencontré a déjà été capturé (ou fait partie de la même lignée d'évolution), continuer jusqu'à en trouver un autre (possibilité de le capturer tout de même si aucun autre pokémon ne se présente),
–Certaines zones (comme l'intérieur et l'extérieur de la Forêt d'Empoigne, ou les deux moitiés d'une même route séparées par une grotte ou une forêt) comptent comme deux zones séparées, idem pour les étages des grottes (comme la Route Victoire),
–Les pokémons offerts dans le jeu (comme le singe élémentaire) sont une catégorie à part,
–Les échanges sont autorisés dans le jeu ou pour permettre à un pokémon d'évoluer, ainsi qu'avec Blanc pour les pokémons introuvables dans la version Noir (en plus, je préfère de loin Furaiglon et Nucléos à Vosturno et Scrutella) afin de compléter le pokédex,
–Si jamais un Shiny se présente… QUE LES RÈGLES AILLENT SE FAIRE FOUTRE, CAPTURE IMMÉDIATE ! Et il n'est pas compté dans la limite du pokémon par zone,
–Légendaires : deux seulement autorisés pour les besoins de l'histoire : Reshiram et Victini (les autres seront stockés),
–Et enfin, surnom pour tous (sauf Victini).
