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LE MONDE EST CRUEL
« Le monde est cruel, gamine ». Combien de fois l'avait-elle entendu dire cette phrase ? Dix ? Trente ? Cent ? Une infinité de fois. Sa réponse favorite quand elle lui demandait, pourquoi telle chose était comme cela ou telle personne... Étant gamine, elle ne comprenait pas le sérieux de cette phrase. Pour elle, il y avait de l'espoir pour tout et pour tout le monde. Tout n'était pas noir. Si, elle avait su... Et puis un jour, il était mort, son sauveur, ce héros. Là et seulement là, elle avait saisi pleinement le sens de cette phrase. Oh oui, le monde était cruel.
CHAPITRE 1
Le noir l'encerclait, elle était seule. Perdu. Il faisait si chaud et elle avait si mal. Mais, elle ne devait pas pleurer. Non. Jamais. Ce n'était pas bien. Elle ne voulait pas mourir. À la chaleur s'ajoutait l'odeur étouffante, qu'elle ne saurait décrire avec des mots. L'espoir que sa mère vienne la chercher s'était envolé depuis longtemps, maintenant. La solitude pour seule amie. Fidèle amie. Elle serra les poings, mordit ses lèvres dans l'espoir de faire disparaître l'envie de pleurer qui l'avait saisie.
Cinq heures sonna à l'horloge. Péniblement, faiblement, elle se leva, se dressant sur ses faibles jambes. Tremblante. Elle ne devait pas être en retard. Ce n'était pas toléré. Alors elle marcha jusqu'à la porte ou un garde les attendait. Elle et les autres.
Elle gagna la laverie. Son lieu de travail depuis quelques semaines. Elle commença à frotter les vêtements, toutes tâches devaient disparaître. Ils devaient être d'un blanc immaculé. Des vêtements blancs et purs pour des personnes au cœur et à l'âme aussi sombre qu'un lieu n'ayant jamais connu le soleil. Elle n'avait pas le droit à l'erreur. Elle se devait de travailler de cinq heures à vingt-deux heures et certains jours plus tard encore. Sans jamais se plaindre. Sans jamais pleurer. Sans jamais sourire. Silencieuse et impassible. Une ombre parmi les ombres.
_ Plus vite, bande de feignasses !
La voix hurlante et le claquement du fouet, la forçaient à faire ce qu'on lui disait. Oh, elle avait déjà essayé plusieurs fois de se soustraire à leurs ordres. La morsure du fouet sur son dos avait eu raison de ses derniers espoirs. La lanière de cuir lacérant son dos et ses jambes… La douleur. Le sang. Ce que l'esprit ne peut accepter, le corps le retient. Elle n'avait plus la force. Que pouvait-elle faire ? Pauvre et faible gamine, qu'elle était. Elle n'avait plus la force.
La peur la tenaillait aussi. Bon nombre de ses compagnons d'infortunes avaient disparu pour ne jamais revenir. Et si c'était son tour ? Phrase qui rythmait ses journées. Qui savait ce qui avait pu leur arriver ? Ce que ces êtres infâmes avaient pu décidés de leur faire subir ?
Le soir, elle retournait dans la pièce sombre et trop chaude. Là, où elle et les autres étaient enfermés pour la nuit. Parqués comme des bêtes. Un morceau de pain et un peu d'eau pour chacun d'eux. Si, on ne les oubliait pas. La faim, la peur et la souffrance.
…x…
_ Dis-moi, gamine...
Un homme étrange se tenait devant elle. Différent des autres. C'était la première fois qu'elle le voyait. Un nouveau. Il avait la peau rouge flamboyante. Des cheveux noirs et elle jura voir des branchies comme les poissons. Son regard était particulier et ne correspondait pas à un homme qui allait passer le reste de son existence en enfer.
_ Quel âge as-tu ?
Elle le regarda un moment. Quel âge avait-elle ? Elle devait réfléchir, se souvenir. Elle fronça les sourcils. Elle ne se souvenait plus quand elle était arrivée ici… Ou peut-être était-ce qu'elle était là depuis toujours ? Le temps ne s'écoulait pas de la même manière ici que partout dans le reste du monde… Elle décida de donner un nombre qu'elle jugeait cohérent.
_ Onze ans...
Sa voix n'avait été qu'un murmure. Les yeux de l'homme s'écarquillèrent. Avait-elle dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
_ Si jeune... Depuis combien de temps es-tu, ici ?
La gamine le regarda intensément. Depuis trop longtemps lui hurlait une voix dans sa tête. Oui, c'est cela depuis trop longtemps.
_ Je ne sais plus. Longtemps.
_ Je vois.
_ Et toi ? Tu es nouveau, monsieur ?
_ C'est ça... Nouveau…
Elle fit signe à son interlocuteur de se taire, le pas des gardes approchant. Il ne fallait pas parler. C'était l'une des règles principales de cet endroit. Ils n'avaient pas le droit de parler entre eux. Cela pouvait être considéré comme un acte de trahison. Passible de la peine capitale. Elle, elle ne voulait pas atterrir dans la fosse aux bêtes sauvages. Elle avait déjà vu bon nombre de personne se faire déchiqueter par les crocs acérés de ces monstres. Le spectacle était horrible et seuls les puissants riaient. Ceux qui se cachaient derrière une bulle, ceux qui commandaient.
Les pas s'étant éloignés et les lumières toutes éteintes à part la veilleuse, elle reprit :
_ Il ne faut pas parler quand les gardes sont là, murmura-t-elle. Sinon, ils tuent. Tu dois faire tout ce qu'on te demande pour ne pas être puni...
_ Puni ?
_ Oui. Si, tu parles, ils te coupent la langue. Si, tu voles, c'est une main. Si, tu t'enfuis, c'est une jambe, expliqua-t-elle.
Le poing de l'homme se serra sous l'impulsion de la haine qui bouillonnait en lui. Des punissions aussi cruelles : c'était tout bonnement inhumain ! Comment pourrait-il rester ainsi impassible face à tant de cruauté ? Comment ces gardes pouvaient cautionner cela ? Etaient-ils sans cœurs ? Il respira pour se calmer sa haine, elle, ne faisait qu'augmenter à mesure que le temps passait…
…x…
Le rouge observa la gamine endormit contre lui. Qu'avait-elle bien pu voir durant sa détention ici ? Il aurait aimé, ne jamais avoir vu cela. C'était différent de tout ce qu'il avait pu rencontrer. De la cruauté à l'état pur. Sur son île, cela n'existait pas, où du moins personne n'était jamais allé aussi loin et cela était sévèrement puni. Il passa une main fatiguée dans ses cheveux, le tintement de ses fers le fit soupirer. Il aimait et chérissait sa liberté. Il avait envie d'aventure.
Chaque soir durant, une période qui lui parut une éternité, il retrouvait la gamine. Ils discutaient. Il lui parlait de son île, là ou l'esclavage n'existait pas. Il aimait voir ses yeux brillants. Cette gamine ne méritait pas cela. Personne ne le méritait. Il appréciait cette gamine, elle était attachante. Elle ne pleurait pas, ne s'apitoyait pas sur son sort. Bon nombre de fois, elle lui avait raconté son envie de prendre la mer, pour trouver une famille. Un endroit où elle n'aurait plus mal. Au bout d'un moment, elle finissait par s'endormir contre lui, un sourire aux lèvres. Se sourire lui faisait penser au soleil transperçant la nuit. Un nouveau jour.
…x…
De jour en jour, l'appel de la liberté se faisait plus présent en lui. Il n'était pas ce genre d'homme à rester enfermé, enchaîné. Il devait retourner de là où il venait. Chez lui. Il n'était pas question que jusqu'à la fin de sa vie, il soit esclave. Un soir, il prit sa décision alors qu'il observait la gamine, qui épuisée, c'était endormis contre lui, toujours ce sourire aux lèvres. Il réfléchit toute la nuit à ce qu'il allait faire. Comment il allait le faire.
Durant la journée qui suivit, il finit d'échafauder son plan. Il réussirait coûte que coûte. Quoi qu'il advienne. Sa liberté l'attendait aux portes de cet enfer. Le soir, il retrouva la gamine. Une haine sans nom le prit quand, il vit l'hématome sur ses côtes. Un énorme bleu maculait sa tempe. Et sur ses fines jambes, on pouvait apercevoir du sang séché et si on regardait attentivement la morsure du fouet. Elle ne dit rien se glissa dans ses bras et lui sourit. Les autres autours les regardaient réprobateurs. Les autres esclaves n'aimaient pas cet homme étrange à la peau rouge. Ils ne s'en cachaient pas.
_ Qu'est-ce qui t'est arrivé, gamine ?
Elle hoqueta essayant de tarir le flot de larmes qui dévalait ses joues. Il ne fallait pas pleurer. Elle ne devait pas.
_ Je n'ai pas bien travaillé, renifla-t-elle. Je suis désolé.
Comment pouvait-on faire autant de mal à ses semblables ? Il souffla. Il s'en voulait de l'abandonner ici. Il n'avait pas le choix. Il était trop risqué qu'elle vienne. Elle le ralentirait.
_ Gamine, je vais partir d'ici, dès demain.
_ Mais... Ils vont te faire du mal, Onisan.
Cela faisait un moment maintenant qu'elle le surnommait «grand frère», ça l'avait surpris. Qu'une humaine accepte un homme-poisson était déjà suffisamment rare pour en être étonné, mais elle le considérait comme un membre de sa famille.
_ Ne t'inquiètes pas, je suis fort. Je survivrai.
_ Alors, j'espère que tu retrouveras ton île et que tu seras heureux, finit-elle par dire.
Elle lui souriait, ne s'apitoyant pas sur son sort et cela même en se sachant condamnée à rester ici.
_ Je reviendrais te chercher.
Il ne savait pas pourquoi, il avait finit par dire ça. Il ne le regrettait pas. Il y avait tant d'êtres privés de leur liberté ici. Il n'aimait pas cela. Il avait vu bon nombre de ses congénères, retenue ici. Maudit pirates qui les avaient capturés. Cette promesse envers la gamine n'était pas que promesses vaines. Il reviendrait vraiment et délivrerait un maximum d'esclaves. Il y arriverait.
La gamine lui souriait tout en pleurant. L'espoir luisait dans ses yeux. Une lueur sauvage et vive. Pour la première fois il lui sourit en retour.
C'est ainsi que dans l'après-midi suivante, il s'échappa, se libérant de ses chaînes. Il avait nagé contre courant et marée pour gagner son île. Les marines ne pouvaient pas le suivre. L'eau était son domaine. Il nagea jusqu'à l'île des hommes-poissons. Il avait décidé de prévenir le Roi de son projet.
…x…
Il mit une journée pour gagner les profondeurs. Il était épuisé. Il mit le pied sur l'île tard dans la matinée. Il était rentré. Enfin. Il traversa les rues, en silence sous les exclamations des citoyens. Il ne savait pas la date actuelle, mais cela faisait un moment qu'il était parti.
_ C'est l'aventurier, Fisher Tiger.
_ Tiger-san est revenu !
Un attroupement se forma rapidement autour de lui. Oui, cela faisait longtemps.
_ Comment s'est passé votre voyage ?
Mal ? Il ne pouvait pas leur dire ça. Briser les espoirs de la Reine en leur disant l'horreur de la surface. Il se contenta de leur sourire en répondant à leurs questions évasivement.
_ Ani.
_ Jinbei, Arlong. On dirait que vous allez bien.
Toujours garder le sourire. Personne ne devait savoir.
_ Ça a été un long voyage ?
_ Ouais, beaucoup de choses se sont passées, répondit-il évasivement. Je dois aller au Palais Ryuugu.
_ Je t'y emmène, alors, déclara Jinbei. Il n'y a pas de place pour un pirate.
_ Ani, n'a rien dit de tel.
Il soupira ces deux-là, n'avaient pas changés. Il reprit son chemin en riant. Il était urgent qu'il gagne le palais. Sa décision était prise et seul cela le retenait d'agir. Il finit sa traversée avant d'entrer enfin dans le palais. Pour la dernière fois sûrement. D'ailleurs, il savait déjà que jamais il ne reviendrait. C'était trop risqué. Pour lui comme pour la population. Dire adieu à tout ce qu'il connaissait pour délivrer tous ceux qui comme lui avaient été privés de leur liberté. Une belle façon de mourir.
…x…
_ Roi Neptune. Reine Otohime, salua-t-il ses souverains.
_ Tiger. Cela faisait longtemps.
_ Trop, mais je ne suis pas là pour échanger des politesses.
_ Que veux-tu ?
_ Je vais délivrer les hommes-poissons retenu à Marie-joa, annonça-t-il de but en blanc. Et tous les autres.
_ Tu vas délivrer les esclaves ? Es-tu sérieux ?
_ On ne peut plus. Je ne le supporte plus. C'est comme vivre en enfer que d'être esclave. À l'heure où je vous parle, ils ne sont pas traités comme des hommes.
_ Mais...
_ J'ai pris ma décision, coupa-t-il le roi. Je voulais juste vous prévenir au cas où, ça vous causerait des problèmes. S'il vous plaît ne dites rien à personne.
_ Qu'as-tu vu pendant ton voyage ?
Ses poings se serrèrent alors que les longs mois d'enfer se rejouaient en lui. Cette haine en lui, cette haine dans ses veines, cette haine qui parcourait son corps. Il haïssait les humains. Toute cette rage qu'il contenait difficilement.
_ J'ai vu les humains.
Son regard s'ancra dans celui de sa reine. Ce qu'elle y vu la fit fondre en larmes. Elle y lu cette haine et cette rage. La bataille qui faisait rage en lui. Elle y lu toute la rancœur qu'il portait aux humains. Elle qui voulait tant rallier son peuple à celui de la surface, vu ses convictions s'ébranler un instant.
…x…
La gamine se réveilla en pleine nuit, alertée par les hurlements venant de dehors. C'était inhabituel. Le silence devait toujours régner pour ne pas déranger ceux qui commandaient. Elle tremblait, la peur rongeant son être. Tout le monde hurlait la peur dominant. « Je reviendrais te chercher ». L'espoir embrasa son cœur et ses yeux brillèrent. Est-il possible que ce soit lui ? Son grand-frère. Qu'il soit réellement venu la chercher ? Que lui ne l'avait pas oublié comme l'avait fait sa mère ? Elle se dressa sur ses maigres jambes et marcha lentement vers la porte. Du regard les autres essayaient de l'en empêcher. Ils ne voulaient pas de punitions collectives à cause d'une stupide gamine trop curieuse. Aucun garde n'était présent. Prudemment, elle ouvrit la porte. Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise. Devant elle, le feu rongeait les bâtiments, tuait des hommes. Les esclaves se battaient contre les gardes. Elle aperçut une des personnes faisant partie de ceux qui commandaient se faire trancher la gorge, alors qu'il hurlait encore sur ses esclaves. Les fouets claquaient, mais personne ne s'en souciait. Tous couraient pour sauver leur vie.
Elle chercha son grand-frère. Elle savait que c'était lui qui était à l'origine de tout cela. Il était venu la chercher, comme il l'avait promis. Elle l'appela tout en zigzaguant entre les soldats. Elle se dirigea vers le bord de Red Line. Elle ne serait dire comment, mais elle savait qu'il était là.
_ Onisan, elle hurla en le voyant enfin. Tu es revenu !
Elle s'élança vers lui, alors qu'il luttait tant bien que mal contre plusieurs marines.
_ Part ! Dépêches-toi.
_ Pas sans toi !
Non, elle ne partirait pas sans lui. Il était la seule personne en qui elle avait confiance. Il soupira, repoussa ses assaillants grâce au karaté des hommes poissons. Il attrapa la gamine et quitta Marie-joa, tout en libérant les esclaves sur son chemin. Il courut le plus loin possible, mettant de la distance entre ce lieu maudit et lui.
…x…
Ils trouvèrent refuge sur une île déserte à deux jours de shabondy. Il fallait qu'ils s'éloignent plus encore, mais ils avaient besoin d'un moment pour se reposer et Tiger sentait que plusieurs hommes-poissons étaient sur ses traces. Il les attendait, donc.
_ Ça va, gamine ?
_ Oui, pleurnicha-t-elle.
_ Pourquoi pleures-tu ?
_ Je suis libre...
Elle lui sourit, elle était si heureuse. Si libre.
_ En faite, tu t'appelles comment, Onisan ? Tu ne me l'as jamais dit.
_ Tiger. Fisher Tiger. Je suis un homme-poisson Dorade.
_ C'est pour ça que ta peau est rouge ?
_ Oui. Et toi, Gamine ? C'est quoi ton nom ?
_ Je... Je me souviens plus... Ça fait longtemps, tellement longtemps qu'on ne me la pas demandé, que j'ai oublié...
_ Alors, tu t'appelleras Yoko, désormais.
Yoko, enfant du soleil. Parce que comme la première fois où il l'avait rencontré, son sourire lui rappelait le soleil transperçant la nuit. Un nouveau jour.
Bonjour ~
Me revoilà avec cette fanfiction, ma réécriture a finalement consisté à une simple amélioration des descriptions. Et une grosse correction. One piece appartient à Eichiro Oda, néanmoins tout les personnages, lieux, actions non mentionnés dans le manga sont ma propriété. Merci de votre compréhension. J'espère que ce premier chapitre vous aura plut, n'hésitez pas à laisser votre avis. Pour ceux qui auraient des doutes par rapport au fait qu'un OC soit le personnage principal, je vous rassure : Yoko ne sera pas une Marie Sue en puissance. Elle ne finira pas avec trois personnages au bout de cinq chapitres (même pas sur qu'elle finisse avec quelqu'un au bout du compte), elle ne sera pas la plus puissante, mais après un peu d'entraînement elle saura tout de même se battre. D'ailleurs Yoko n'est pas la plus belle femme du monde, elle peinerait bien a rivaliser avec les femmes du monde de One piece. En somme, elle est normale (autant que quelqu'un comme elle puisse l'être...). A bientôt pour la suite ~
