New York. 4H du matin.
Souffrant d'insomnie, il s'était promené dans son quartier et même au-delà, la fatigue ne se faisant toujours pas sentir ! C'était presque devenu un rituel. Depuis son retour, il n'arrivait plus à dormir. Donc il marchait toute la nuit, redécouvrant les quartiers et les anciens endroits où il se rendait avant son départ. Certaines choses avaient changé, des boutiques avaient fermées, d'autres s'étaient ouvertes… Lorsque la nuit finissait, quand il voyait poindre les premières lueurs du jour, là, il retournait à son appartement et parvenait enfin à s'endormir.
Il faut dire que le calme régnait chez lui. Sa mère, une actrice qui avait ouvert une école de théâtre, n'était jamais là la journée et quand elle rentrait, c'est lui qui était sorti. Quant à sa fille, elle suivait des cours à la fac et dormait sur place bien que depuis quelques mois, elle était plus souvent chez son petit ami plutôt que dans sa chambre. De ce fait, elle revenait très rarement chez son père. De toute façon les relations entre sa mère, sa fille et lui avaient beaucoup changé depuis qu'il était parti. Entre elles, elles s'étaient énormément rapprochées et avaient construit leurs vies sans tenir compte de lui, sans lui demander conseil. Elles l'avaient quasiment exclu de leurs vies, comme lui l'avait fait en partant pour une destination inconnue. Bien qu'il les appelait souvent, le lien qui les liait si fortement s'était étiré au fur et à mesure de la distance et de la durée de son absence jusqu'à ne quasiment plus exister. Quand il était revenu après presque deux ans d'absence, elles ne l'attendaient pas. Il avait voulu les surprendre, comme il le faisait quand il revenait d'une tournée de promotion pour ses livres, alors il ne leur avait pas dit qu'il rentrait. Si bien qu'en entrant dans son appartement, c'est lui qui avait été surpris : il n'y avait personne pour l'accueillir, pour lui souhaiter un bon retour chez lui. Il n'avait vu sa mère qu'en fin de journée qui lui avait juste dit bonjour en passant et était repartie comme si de rien n'était. Le lendemain matin, il l'avait revu juste avant qu'elle ne parte à son école et là elle lui avait fait comprendre que sa vie et celle de sa petite fille ne s'étaient pas arrêtées après son départ et qu'elles n'allaient pas changer maintenant qu'il était de retour. De plus, elle avait ajouté qu'il n'y avait pas qu'à elles qu'il avait fait du mal en partant sans laisser d'adresse, d'autres personnes avaient eu besoin de lui, mais comme il ne répondait pas à son téléphone et n'écoutait apparemment pas ses messages… Mais comme elle lui dit : « ainsi va la vie ! Un jour, tu as des amis, et le lendemain ils ne sont plus là ! »
Depuis ce jour, il ne dormait plus la nuit. Ainsi la journée, il dormait pour ne pas les voir et entendre des reproches, et dès que la nuit tombait, il sortait. Il réfléchissait à ce que sa mère lui avait dit sur le fait d'avoir des amis un jour, et plus rien le lendemain. Il ne voyait pas pourquoi elle avait dit ça : la seule qu'il avait quitté et dont il ne voulait plus prononcer le nom, c'était elle ! Bien sûr, il n'avait rien dit aux autres mais il pensait qu'ils comprenaient sa décision. De toute façon, il comptait passer les voir, car s'il était revenu c'était pour clôturer sa saga : le quatrième volume ! Il l'avait enfin terminé et souhaitait annoncer à son public qu'il n'y aurait pas de suite, ni d'autre livre, qu'il arrêtait là sa carrière d'écrivain. Mais avant de faire son annonce officielle, il voulait leur annoncer la nouvelle de vive voix. Ce serait dur, car il risquait de LA revoir, mais il devait le faire par respect pour eux !
Voilà pourquoi, depuis trois mois, il trainait dans les rues, allant là où ses pas le menaient. Quel que soit le temps. Rien ne pouvait plus l'atteindre. Depuis deux ans, il s'était construit une barrière émotionnelle qui empêchait certains souvenirs de remonter à la surface, qui l'empêchait de retourner dans certains lieux…
Et c'est ainsi, que tout en marchant, plongé dans ses réflexions, il ne vit pas le carton devant lui et tapa dedans. La boite tourna sur elle-même, s'ouvrit, et quelques cheveux s'en échappèrent…
Il s'arrêta net. Il ne voulait pas savoir pourquoi des cheveux sortaient de la boite. Après tout, il pouvait très bien faire demi-tour et faire comme si de rien était. L'idée lui parut bonne et commença à se retourner. Mais il ne pouvait pas faire ça. Sa raison fut plus forte que sa volonté. Il contourna le carton, se pencha légèrement pour mieux voir. Vision d'horreur ! Il ne put retenir un haut le cœur. Il s'éloigna et se mit à vomir dans le caniveau. Après avoir récupéré, il sortit son portable et composa le 911 pour signaler sa découverte.
Dans un appartement
Un téléphone se mit à sonner.
Une main sortie de dessous les couvertures, se saisit du téléphone. Avant de répondre, elle regarda l'heure : 4H. Décidément, les criminels ne respectent vraiment rien !
- - Beckett !
- - …
- - OK, j'arrive
Elle sortit du lit, se dirigea vers la douche, s'habilla et se dirigea vers la cuisine où elle prit un café qu'elle réchauffa au micro-ondes. Puis elle se dirigea vers la penderie de l'entrée, s'assit sur le tabouret pour enfiler sa paire de baskets (elle ne portait plus de talons !), se leva et enfila sa veste et sortit de son appartement. Puis elle se dirigea vers sa voiture qui était stationnée juste devant son immeuble, sur un emplacement réservé. Elle mit le contact et se dirigea vers la scène de crime.
Scène de crime
- Comme à son habitude, la première arrivée était Lanie.
Dès que le central recevait un appel concernant un homicide, c'était elle qui était appelée. Mais ce matin-là, elle s'en serait bien passée !
Déjà la scène de crime : une tête coupée dans une boîte en carton. Elle préférait avoir des corps entier, plutôt que des morceaux. Mais en plus, le témoin, celui qui avait fait la découverte : lui. En arrivant, quand elle l'avait vu, elle lui avait à peine dit bonjour et s'était retournée vers la boîte en espérant que les garçons ne traineraient pas en route. La matinée allait être dure. Et en plus, Beckett ! Qu'allait-il se passer quand elle allait arriver ?
Les gars arrivèrent une demi-heure après la légiste. Ils remarquèrent tout de suite que quelque chose clochait en allant la voir pour savoir ce qu'elle avait découvert. Du coup, Esposito, qui vivait avec elle, s'approcha d'elle, se baissa à sa hauteur et :
- - Chica, il y a un problème avec la victime ?
- - …
- - Lanie ?
- - …
Il la secoua un peu afin qu'elle reprenne pieds.
- - Hein ?
- - Il y a un problème Lanie ?
- - Tu parles d'un problème ! T'as vu le témoin derrière ?
Il se retourna et resta coi. Ryan suivit son regard et resta coi lui aussi.
Dans un ensemble coordonné, ils se retournèrent vers Lanie. Ils avaient compris le malaise de Lanie. Esposito sortit son portable et allait appuyer sur la touche appel quand ils entendirent une voiture s'arrêter un peu plus loin. Elle s'était garée le long du trottoir, juste à côté du ruban jaune, le plus près possible de la scène de crime. Tout le monde tourna la tête vers la Crown Victoria qui venait d'arriver. Lanie, Esposito et Ryan pâlirent d'un coup. Il était trop tard, elle était là.
Esposito allait partir à sa rencontre quand Lanie l'attrapa par le bras en lui faisant signe que non.
La porte-conducteur ainsi que la porte arrière située juste derrière s'ouvrirent. Beckett sortit de la voiture en se tenant à sa portière. Un agent de circulation vint à sa rencontre lorsqu'elle s'accrocha à la porte passager et la contourna. Là elle sortit quelque chose que personne ne put voir. Beckett disparut derrière sa voiture, et alors que l'agent refermait les deux portes, elle apparut dans un fauteuil roulant.
Elle fit basculer son fauteuil en arrière et grimpa sur le trottoir et s'avança vers eux.
- - Hey, vous trois ! Vous en faites des têtes ! Vous avez vu un revenant ?
- - Bonjour ma chérie ! Bien dormie ? dit Lanie, en essayant de se ressaisir « Quelle maîtrise, pour monter les trottoirs ? »
- - C'est le métier qui rentre ! Tu croyais que je m'amusais pendant la rééducation ? Bon, qu'est-ce qu'on a ? demanda Beckett
- - La tête d'une jeune femme blonde d'une trentaine d'année, découverte ce matin par le témoin qui a tapé dans la boîte en carton par accident, lui résuma Ryan
- - Par accident ? dit Beckett
- - Oui, le carton était au milieu du trottoir et il ne l'a pas vu, donc il a tapé dedans et des cheveux sont apparus, donc il a appelé le central qui nous a contactés, dit le latino
- - S'il pouvait nous laisser dormir plus longtemps avant de nous contacter ! Il a un nom le témoin ?
- - Oui, dirent les trois en cœur redoutant que Beckett ne pose la question
Elle les regarda, surprise par leur réponse, un sourcil légèrement relevé. Aucun d'eux ne la regardait. Elle comprit qu'il y avait un problème
- - C'est quoi le souci ? Vous aussi vous avez des pertes de mémoire ? demanda-t-elle
Ils ne répondirent pas.
- - Si c'est de moi que vous parlez, je suis là ! dit le témoin en question
Lanie, Ryan et Esposito étaient figés et n'osaient pas la regarder. Elle fit donc pivoter son fauteuil et vit enfin le témoin en question. Elle s'avançât vers lui
- - Bonjour, je suis le Lieutenant Kate Beckett du 12th. Pouvez-vous décliner votre identité, s'il vous plaît, pour compléter notre dossier ?
- - Vraiment ? C'est une plaisanterie ? dit-il
- - Je n'ai pas pour habitude de plaisanter sur une scène de crime, sachez-le, Monsieur… Monsieur comment ?
- - Je le sais mais d'ordinaire c'est moi qui plaisante, qui propose des idées loufoques. Mais je suis content de voir que vous avez pris la relève, Lieutenant !
Elle fit pivoter sa chaise et regarda ses collègues d'un air confus. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait mais ce témoin commençait à l'agacer sérieusement. Mais apparemment personne ne voulait parler. Elle se retourna vers le témoin
- - Bien, vous me donnez votre nom ou on vous embarque au poste ?
- - Vous savez Beckett, les blagues les plus courtes sont les meilleures ! dit-il
Tout en le fixant droit dans les yeux, elle vit qu'il n'était pas décider à répondre à sa question. Il affichait un petit sourire moqueur mais il n'avait pas envie de jouer là. Son seul souhait était de vite terminer son témoignage pour pouvoir aller se coucher et continuer de L'oublier. Et il ne comprenait pas pourquoi ses anciens amis lui faisaient un tour pareil : Beckett dans une chaise roulante et en plus qui faisait celle qui ne le connaissait pas.
- - Espo, conduit Monsieur « ne veut pas donner son nom » au poste. Tu prends ses empreintes et tu regardes s'il est fiché. Lanie, quelque chose d'autre ?
- - Pas pour le moment, mais je t'appelle dès que j'ai du nouveau, OK ?
- - D'accord. Bon, on se retrouve au 12th
Esposito demanda au témoin de se retourner pour le menotter
- - Oh, ça va Bro ! C'est moi, Castle !
- - Il n'y a plus de Bro. Il fallait répondre à la question de la dame. Tu sais qu'elle ne plaisante jamais sur une scène de crime. Tu n'avais qu'à répondre aux questions et tout serait fini maintenant. Mais non, comme d'habitude tu fais ton malin. Allez en route.
En allant à la voiture, ils regardèrent Beckett faire la manœuvre inverse qu'à son arrivée, monter dans sa voiture et démarrer.
Esposito installa Castle à l'arrière de sa voiture et grimpa à l'avant avec Ryan. Castle commençait à être agacer par la plaisanterie et essayait par tous les moyens de faire comprendre aux gars que leur message avait été compris quand les deux se retournèrent et lui dirent :
- - LA FERME !
Ryan se tourna vers Esposito quand le calme fut revenu et lui demanda s'il ne fallait pas avertir Gates. Celui-ci opina de la tête et Ryan se saisit de la radio
- - Allo, central, passez-moi le Capitaine Gates. Urgent
Après un silence
- - Ryan ? Un problème avec Beckett ?
- - Non, sir. Beckett va bien. Au sujet du témoin qui a trouvé la victime…
- - Oui, ben, qu'est-ce qu'il a ?
- - …
- - Ryan, vous êtes là ?
- - Oui, pardon Sir, c'est Castle !
- - Oh, mon Dieu ! Entendu, je vous attends.
Castle, qui avait suivi la conversation, commençait à se poser des questions. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi Gates s'était mis dans cet état en entendant son nom ? Pourquoi les gars ne lui adressaient pas la parole ? Pourquoi Beckett faisait celle qui ne le reconnaissait pas ? Et pourquoi ce fauteuil roulant ?
Les gars étaient plongés dans leurs pensées. Chacun se demandant ce qui allait se passait au commissariat avec Gates, avec Beckett. Depuis deux ans, c'était eux qui avaient été avec elle, leur amie, leur sœur, pour la soutenir, l'épauler. Il y avait aussi Lanie même Gates avait été là. Depuis, ils étaient devenus une équipe, une famille très soudée. Encore plus qu'il y a deux ans. Maintenant, ils avaient peur. Par pour eux, mais pour leur sœur. Après tout ce qu'elle avait enduré, il ne voulait pas que ça recommence.
