Summary : Ils sont maudits, tous les deux. Ils ont les mêmes yeux dorés. Mais ils n'ont pas le même destin. Et c'est bien dommage, car ils sont aussi des amis. Drabble Saiyuki/Saiyuki Gaiden, Réflexions de Nataku, Nataku/Goku friendship.
Chronologie : Entre Saiyuki Gaiden et Saiyuki Burial/Gensomaden.
Avertissements : Saiyuki & all characters belong to Minekura Kazuya.
Inspiration : Parce que j'ai toujours été intriguée par ce petit oiseau qui vient rendre visite à Goku, dans sa grotte...
Golden Eyes
Toi, tu n'aspires qu'à découvrir le monde, qu'à le parcourir, qu'à le vivre ; mais tu es emprisonné. Moi, je suis libre, libre de mes mouvements, libre de voir le monde entier ; mais je reste immobile, je reste figé. Dans les deux cas, depuis une éternité.
Tu es restreint à cette grotte, à ces trois murs ; des barreaux sombres obscurcissent ta vision, brident ton regard. Il n'y a que le paradis, autour de moi, un paradis de cerisiers en fleur et d'eau dormante, avec le murmure du vent et les feuilles qui bruissent dans les arbres, l'herbe qui ploie doucement sous mes pieds – il n'y a ni mur ni frontière, ici.
Tu regorges de vie, je la vois bouillir en toi, dans ton regard attentif, dans tes gestes impatients ; mais tu ne peux laisser libre court à cette ferveur, à cette curiosité, à cette effervescence. Moi, je suis vide ; totalement vide. Une coquille vide aux yeux fixés sur le passé.
Le passé. Tu l'as oublié, toi – tout, même moi. Moi… moi, je vis dedans. Je ne puis en détacher le regard. Je ne puis en détacher mes pensées.
Tu es un être hybride, né de la nature, né par accident ; ta conception est un mystère, un mystère à moitié divin, un mystère de la terre. Tu n'as ni père ni mère. Moi, j'ai été créé, fabriqué de toutes pièces ; j'ai eu un père, moi, alors que je ne suis pas venu au monde naturellement.
Tu n'as ni père ni mère… mais tu avais des amis. Trois. Ils étaient là, à tes côtés ; ils se souciaient de toi, ils se sont sacrifiés pour toi, ils ont tout abandonné pour ça – pour que tu aies une chance d'avoir une vie meilleure, loin d'ici, très loin – plus bas. Moi, qui ai pourtant eu un père… je n'ai jamais compté, pour lui. J'étais un outil, fabriqué à dessein. Ma mort ne lui a même pas fait verser une larme.
Toi, tu as tué des gens, tu as massacré ses soldats tout autour de toi ; les soldats de mon père. Tu as été banni pour ça. Tu as été condamné pour cette violence, pour ces meurtres. Pour moi, c'est l'inverse ; moi qui suis le seul à avoir le droit d'ôter la vie, moi, le dieu de la guerre, j'ai failli à mon devoir. J'ai refusé de tuer. J'ai refusé de te tuer. J'ai été désavoué pour ça.
Tu as échappé à cet enfer, mais tu es emprisonné sur terre ; je suis resté libre dans ce grand paradis, ce paradis maudit. Alors laisse-moi te faire un présent ; un présent qui nous réunira. Un présent qui apaisera ta solitude. Car je ne suis pas seul, moi. Je te regarde.
Voilà mon présent - il vole vers toi.
Je t'envoie cet oiseau. Prends-en soin.
On devait chercher son nid, ensemble…
Est-ce qu'un jour tu t'en souviendras ?
