La brebis égarée
C'est l'histoire d'une brebis et d'un couple de berger. Contrairement à la fable populaire, ces gens-là étaient de richissimes bergers et ne possédait qu'une seule brebis. Chaque soir, ils comptaient leur argent.
C'est justement au soir, qu'ils constatèrent sa disparition. « Oh mon dieu » « Elle doit s'être coincée quelque part ; elle est peut-être tombée dans un trou..? »
Les bergers prirent donc leur canne et s'élancèrent dans la nuit. Ils marchèrent, marchèrent et furent inquiet ; « Où est notre petit mouton ? » se lamentaient-ils.
Prologue ;
« Quelqu'un peut-il me nommer l'auteur de cette célèbre citation ; Le plus grand des ennuis est d'exister sans vivre »
C'est à cet instant précis que ce fit le déclic. Un certain jeudi après-midi ensoleillé en plein cours de littérature. La jeune fille sortie brusquement de sa rêverie, tétanisée par ce qu'elle venait d'entendre.
Elle savait pertinemment que dans une demi-seconde son cerveau aurait fini l'analyse de ce qu'il venait d'entendre et qu'ensuite elle en souffrirait énormément.
Elle s'apprêtait à crier au temps de s'arrêter lorsqu'il fut... Trop tard.
« Mlle Fujino » Fit son professeur d'une voix inquiète « Est-ce que tout va bien ? »
« Euh... Je… »
Shizuru le regardait, mi- hébété mi- horrifié. C'était un étrange spectacle. La première de classe et digne héritière de la plus grande compagnie pétrolière du Japon semblait complètement divaguer.
En une fraction de seconde, Shizuru avait remis toute sa vie en question. Elle constatait avec désarroi que son existence se résumait à des cours de bonnes conduites, une façade de sentiment et l'absence quasi-total de ses parents. Un bilan amer pour ne pas dire le plus cruel qu'elle n'ait jamais fait. Un rictus de douleur se dessina ses lèvres.
« Mlle Fujino... » Répéta l'enseignant « Est-ce que t-»
« Oui »
L'enseignant hésita un moment puis revint à son cour.
Non ça n'allait pas, c'était une règle d'acier sur les doigts d'un enfant. Réaliser qu'on vient de vivre 18 années en fonction des intérêts d'autrui, c'est horriblement pénible.
Un deuxième déclic se fit alors dans sa tête ; celui de son futur. Elle se marierait et serait forcé de reprendre le flambeau de l'entreprise familiale...
Et s'il y avait bien un mot qui sonnait faux à ses oreilles c'était celui-là ; famille.
C'est alors qu'il eut lieu, le 3er déclic.
« Il n'y a vraiment personne qui connaît la réponse ? » Demanda le professeur en pointant le tableau.
Ce fût le déclic le plus bref des trois ; Non. Un simple non qui vint l'extirper de son torrent d'obligation, de sa famille endimanchée et de ses 18 années de souffrance niés.
Un simple non qui, sans qu'elle ne le sache, venait de l'arrimer à son nouveau destin...
L'enseignant balaya du regard la classe pour une dernière fois et commença dans un soupire ;
« Vraiment personne... ? Bon, eh bien, la r-»
C'est alors que l'écho d'une lourde main qui claque un bureau se fit entendre. L'homme arqua les deux sourcils en constatant sa provenance.
« Mlle Fujino ? » Fit-il surpris. « Vous connaissez la réponse ? »
« Non » Répondit la blondinette avec un étrange sourire... « Mais votre gars dit-elle, c'est un putain d'génie! »
Sur ce, la jeune fille se leva, tira ses livres dans la poubelle et tout en faisant un doigt d'honneur à l'enseignant, s'en fut, non pas sans laisser une classe complètement abasourdi et un professeur stupéfait.
Oui, c'était ça! Il fallait vivre et elle l'avait enfin comprit un certain jeudi après-midi ensoleillé.
Lorsque les dernières lueurs du jour vacillèrent, la brebis se mit à frémir. Et les loups ? N'y avait-elle donc pas pensée aux loups ?
