EN UN PARI DOUTEUX

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Auteur : Misro

Rating: M

Disclaimer : les personnages ne sont pas à moi.

Synopsis : Échapper à la mort une fois de plus, alors que l'on croyait ne pouvoir le faire, peut être difficile. Surtout lorsque l'on à avoué son amour dans un instant de désespoir. Que faire quand Sherlock se rétracte, quand John doute, quand Lestrade tombe sous le charme de l'aîné Holmes et que Moriarty décide de faire régner la terreur sur Londres?

Yaoi double.


Votre humbleservante est de retour! Oui, je sais, "déjà?" et oui, je suis du genre prolixe...Et désespérément fan de ce couple! Voici donc un début plus sombre et délicieux que jamais, qui, je l'espère, vous plaira!


« Il n'y a pas la moindre issue. »

Sherlock se laissa tomber sans bruit contre la porte. Ses doigts tremblaient alors qu'il cherchait, cherchait encore, cherchait toujours, entendant sans écouter John se battre furieusement contre la porte blindée qu'il ne pourrait ouvrir. Ils étaient pris au piège. Destinés à mourir. Son raisonnement avait chauffé durant de nombreuses minutes avant de s'effilocher, doucement. Son raisonnement si utile, autrefois, qui le rendait si fier, si prétentieux, si sur de lui, ce même raisonnement le laissait désœuvré, assit au sol comme une poupée désarticulée.

Il n'y avait rien à faire.

Ils le savaient, et le désespoir se glissait dans les veines du médecin comme le venin d'un serpent. John avait rapidement identifié le gaz s'échappant de la minuscule ventilation comme étant du sulfure d'hydrogène. Composé chimique de soufre et d'hydrogène. Gaz acide.

Mortel.

Sherlock avait calculé qu'il leur faudrait une quarantaine de minutes pour succomber totalement. Moins d'une heure pour tout tenter. Mais rien n'y faisait, cette fois-ci, et les secours étaient bien trop loin. Le brun écarta son col de chemise. Souffla un air qui allait se faire empoisonné. Ils allaient mourir. La fin. La fin, si rapide et longue à la fois.

« John, ça ne sert à rien. »

John s'abimait les poings contre le métal. Il cria de douleur quand ses phalanges se tintèrent de sang, et le détective se leva d'un bon pour saisir ses poignets :

« Arrête !

-JE NE PEUX PAS ARRETER ! »

John était un ancien soldat. Il lutterait jusqu'au au bout pour sa survie, et celle de son ami. Il ne pouvait pas adopter cette attitude résignée, atrocement résignée que l'autre arborait. Le visage du brun, livide, semblait déjà déserté par la vie. John ne voulait pas abandonner le combat. Ils devaient tenir jusqu'à l'arrivée de Lestrade, même s'il était pratiquement impossible qu'il ait pu retracer l'itinéraire jusqu'à eux. Ils étaient condamnés. Le blond refusait de céder à la panique.

« Je suis désolé. »

Pas les excuses. Pas maintenant. John cria qu'il n'avait pas à dire pardon, qu'il était là de son propre chef, qu'il connaissait les risques, qu'il les connaissait si bien, et pourtant, pourtant il n'aurait jamais imaginé pouvoir mourir là, par asphyxie, si facilement. Le corps humain était d'une faiblesse écœurante. John sentit des larmes lui piquer les yeux, mais il secoua durement la tête.

« On ne peut pas lâcher l'affaire.

-J'ai fait tous les calculs nécessaire. J'ai étudié la pièce, les données, les indices. Nous sommes faits comme des rats, et dans une demi-heure, nous serons des rats morts. »

John recula, la vérité le heurtant de plein fouet. Il aurait aimé avoir son téléphone. Ou bien crier à s'en faire éclater les poumons. Ses poings blessés se levèrent, prêts à essayer une nouvelle fois de briser le mur, mais les longs doigts blancs vinrent se superposer aux siens. Les yeux de Sherlock étaient bordés de rouge. Le gaz faisait son effet.

« John, murmura-t-il, je suis désolé.

-Arrête. S'il te plait. Pas maintenant, pas les adieux, je ne suis pas prêt pour ça.

-Je dois t'avouer quelque chose, John. »

Les aveux, avant les adieux. Le blond sentait sa gorge le gratter. Les choses allaient commencer à se gâter très rapidement à partir de maintenant. Sherlock regardait le sol, son écharpe mal mise retombant jusqu'à son ventre. Ses doigts se crispaient et se détendaient en quasi continue, mettant le blond étrangement mal à l'aise. Des frissons le parcouraient sans qu'il puisse l'éviter.

« Tu devais t'en douter, n'est-ce pas ?

-De quoi parles-tu ? »

Regard bleu acier contre celui, plus gris, plus doux, du médecin qui hausse les sourcils sans comprendre. Autant être clair, non ?

Ils s'en foutaient.

Ils s'en foutaient, à présent.

John réussi à se convaincre que c'était uniquement parce qu'il allait mourir qu'il ne repoussa pas le détective quand celui-ci vint glisser ses bras autour de son cou pour l'embrasser.

Il réussi à se convaincre que c'était uniquement parce qu'il allait mourir qu'il répondit à son baiser, laissant ses doigts enserrer son dos, ses boucles noires, pressant son bassin au sien.

Etreinte désespérée, vide de sens, réconfortante, douce, inoubliable.

Leurs langues jouèrent quelques instants, puis John s'écarta, posant son front contre le sien :

« Je ne m'en doutais pas, Sherlock…Pas pour moi…Pas pour moi…

-Je peux… Encore ? »

Demande pressante d'un sociopathe maladroit, désir interdit qui se concrétise, hésitation sans limite qui devait aboutir. John se pressa de lui-même contre son corps, faisant rencontrer leurs bouches avides, leurs mains fuyant sous leurs vêtements respectifs. Le temps passait si vite, ainsi.

Tic toc tic toc, le froid funèbre s'invitait dans la danse langoureuse, piégeait leurs sens, affolant leurs neurones. Sherlock pleurait-il réellement, ou le blond avait-il les prunelles brouillées ?

Ils ne savaient plus.

« John, j'ai envie. »

Envie de quoi ? Le blond ne comprenait pas cette phrase, mais il laissait tout faire, sentant poindre dans sa gorge une respiration de plus en plus coupée. Il avait mal dans ses membres. Il serrait Sherlock pour le faire réagir, coûte que coûte, car il savait que s'il sentait soudainement le corps lourd et dénué de vie contre le sien, il deviendrait fou. Gestes saccadés. Baisers brûlants. Embrasser quelqu'un n'avait jamais été si bon. Sherlock mordillait ses lèvres, caressait son cou, ses joues, son torse, tout. Il s'appropriait sa personne avec rapidité. Avec haine, quelque part, haine de savoir qu'il s'agissait de la dernière fois. Première et dernière.

« Hssssh… »

Sherlock peinait à respirer. Le blond appliqua sa bouche sur la sienne, lui offrit son souffle. Mettre son corps sur le sien. Réaliser que l'on est plus capable de bouger. Murmurer à l'oreille. Murmurer de l'amour, du désir, de la peur, murmurer des choses folles, du délire à l'état pur.

Murmurer des choses partagées.

Des choses secrètes.

Et puis sentir la cécité envahir la vue, brouiller les images. Serrer la main de l'autre alors que la terreur fuse de tous côtés.

Entendre un son. Un dernier son.

Et puis le noir. Le noir oppressant. Le noir qui dévore tout comme un loup affamé.

Entendre encore, dans les méandres du néant, un volatile je t'aime qui s'effaçait comme de la cendre balayée par un vent d'automne.

"..."

Blanc. Noir. Blanc. Noir. Blanc. Noir.

John hurla, se réveillant en sursaut, il hurla pendant une minute, une minute pleine, une minute de de douleur constante avant que deux infirmières ne le plaquent contre le matelas. Le gaz peinait à s'estomper dans l'organisme du médecin. John hurlait sa douleur. Des larmes l'aveuglaient alors qu'il essayait de penser à travers ce rideau de souffrance, puis une idée lui creva les poumons.

Sherlock.

Gaz.

Corps inerte.

La douleur revint, fulgurante, telle une flèche empoisonnée. Il hurla, essaya de s'arracher la peau, mais on le tenait toujours.

« Vite ! »

Piqure dans la veine saillante. Instant d'incertitude.

Calme absolu. John sentit la sueur sur son corps sécher en quelques secondes alors qu'il s'apaisait. Enfin. Plus de douleur, plus rien. Sa langue même s'engourdissait. Il reconnu une silhouette familière sur le côté, et tendit une main tremblante vers elle :

« Dîtes-moi…Sherlock…Ou est…

-Il va bien. Il va bien, John, dormez. Remettez-vous, je vous en prie. »

Sherlock allait bien. Le blond n'eut pas besoin d'entendre quoi que ce soit d'autre pour sombrer dans un sommeil des plus lourds.

"..."

« Sally, vous allez bien ?

-Non. »

Donovan fixait son café sans y toucher, visiblement retournée. Elle avait été la première à découvrir la scène. Elle les avait sauvés, elle le savait, et l'idée même qu'elle aurait pu arriver une seconde plus tard la faisait frémir. C'était elle qui avait tirés sur les codes, ouvrant la porte blindée. C'était elle qui avait découvert les corps l'un sur l'autre, débraillés, étroitement enlacés. Puis elle avait vu le sang. Le sang sortant du nez de John, et des oreilles de Sherlock. Elle avait vu leurs visage sereins et blancs. Puis un hurlement était né dans sa gorge alors qu'elle s'était ruée dans la pièce, les saisissants sous les aisselles, criant à Lestrade de venir, de venir maintenant. Elle avait senti le gaz, et son estomac c'était comme retourné.

Sally s'était demandé, l'espace d'un instant, si elle n'essayait pas de sauver des cadavres.

Des cadavres de personnes qu'elle côtoyait presque tous les jours, bon gré mal gré.

L'inspecteur l'avait aidé à tracter les corps. Son visage était devenu verdâtre en les voyants ainsi. Puis, il y avait eu les secours, toute cette agitation, ce bruit, l'hôpital, les longues minutes passées à se ronger les ongles.

« Vous êtes une héroïne, Sally.

-Si j'étais arrivée une minute plus tard…

-Vous étiez là au bon moment. »

La métisse renifla sourdement. Elle avait été aussi là quand John avait commencé à crier sous l'effet du gaz. Spectacle cruel et dévastateur.

« Il se remet ? », demanda t elle brutalement, anxieuse.

« Oui.

-Et Sherlock ?

-Bien mieux que lui. Il semblait presque …Triste, de ne pas être mort. »

L'idée même semblait comme une insulte, mais, étrangement, cela fit presque sourire Sally. Elle savait pourquoi.

« C'est à cause de ce qu'il a du dire.

-Dire ?

-Dire et faire avec John. Il pensait mourir ensuite, donc peu importait, il pouvait se libérer. Mais il a été sauvé. Il n'assumera jamais.

-Mais si…

-Non, Gabriel, peu de gens assument leurs sentiments en temps normal. Alors imaginez un sociopathe sortit des griffes de la mort ? »

Lestrade rougit en comprenant que la première phrase lui était destinée, et haussa les épaules en sirotant sa caféine. Ce qu'il advenait de leur relation ne le regardait ni de près ni de loin. Il voulait juste leur rétablissement. Donovan soupira, frottant les longues cernes qui s'étalaient sous ses yeux.

« Et Moriarty ? Pas de trace ?

-Aucune. On a eu deux de ses hommes, mais rien d'autre. Il y avait…Il y avait une taupe dans l'équipe, Sally. »

La métisse leva les yeux :

« Quoi ?

-Tu as très bien compris. Les interrogatoires sont en route. Il faudra que tu y passes, toi aussi, enfin dès que tu seras remise de tous ces evene-

-Je vais bien, Gab'. Merci. »

Donovan était une femme forte. Elle s'ébroua, murmura qu'elle désirait passer voir Sherlock, puis qu'elle serait disponible pour toute sorte de question. Le café, à peine entamé, avait refroidit sur la table basse immaculée. Le cinquantenaire se pinça l'arête du nez, esquissa un semblant de sourire avant d'hocher la tête.

Ils étaient donc revenus au point de départ, une fois encore. Lestrade avait réellement cru qu'ils auraient, sur ce coup-là, une chance de capturer l'assassin. La banque n'était pas si grande après tout, et la route jusqu'à Gracechurch Street avait été rapide. Mais Sherlock et John s'étaient retrouvés enfermés dans ce foutu coffre-fort piégé, et leurs chances avaient fondues comme neige au soleil. Moriarty avait tout planifié, du début à la fin. Peut-être savait-il même qu'ils allaient arriver à temps pour les sauver. Peut-être.

Gabriel prit sa tête dans ses mains. Les deux hommes avaient frôlés la mort. Encore. Ils ne pourraient pas s'en relever indemne, cette fois-ci, les choses s'étaient passées différemment. Ils avaient vraiment cru mourir. Et la peur, la peur de voir la vie s'éteindre, pouvait pousser les hommes à faire des choses dont ils ignoraient les conséquences. Il posa son front agité de rides contre la fenêtre glacée.

Qu'avez-vous avoué, Sherlock ? Avez-vous donc réellement brisé votre masque de glace ?

Lestrade espérait que oui, même s'il savait que les choses ne seraient pas si simple. Son téléphone sonna, et l'homme s'attira le regard noir d'une infirmière qui passait derrière lui. Il s'excusa mollement en décrochant.

« Allo ? Ici Lestrade. Hm. J'arrive. »

Deux corps. Tués par snipers. Au niveau du front. C'était signé Moriarty. Lestrade hésita à prévenir son agent, mais décida que Sally avait bien besoin de décompresser. Il fila vers la sortie de l'hôpital. L'assassin les provoquait de façon odieuse. Il venait purement et simplement de tuer deux militaires hauts placés en déplacement au 4, Whitehall Place.

Soit Scotland Yard.

Moriarty tuait à Scotland Yard.

Lestrade, alors qu'il se jetait dans sa voiture, eut une courte prière pour que le détective consultant et son acolyte se remettent en forme rapidement, car sinon, Londres allait connaître des dangers d'une envergure sans pareille.


Nouvelle intrigue. Nouveaux problèmes.

Review?