C'est un Samedi de fin Août comme je les aime. Les rayons chauds du soleil caressent les brins d'herbe moelleux sur lesquels j'avais contemplé les nuages et se reflètent sur les vaguelettes du lac provoquées par la fontaine, projetant des réverbérations de lumière sur mon visage, dont je vois le reflet divagant sur la surface de l'eau. Cette sortie a le don de me revigorer, j'en avais bien besoin après ce mois à l'hôpital. Mais l'affaire est bouclée : Ettore Palmarini est enfermé pour vingt ans. Un poignard n'est pas prêt de retraverser ma cuisse pour au moins deux décennies.. ! Note pour plus tard : ne jamais tromper un membre de la mafia italienne, à l'avenir. Douze points de suture, c'est cher payé pour un adultère...
Je me redresse, fouille dans ma poche et y attrappe un quignon de pain avant de le déchiqueter et de le lancer aux poissons qui me trouvent très vite de l'intérêt.
Une brise se lève, tournant les pages des nombreux lecteurs se trouvant là les perdant dans leurs histoires respectives faisant voler des feuilles jaunies par la chaleur et autres brindilles sèches qui aterrissent sur la surface du lac, les offrant comme nouvelle curiosité pour les grenouilles. Mes cheveux volètent au gré du vent, plusieurs avions en papier s'envolent, prenant des directions variées, et quelques petits moulins tournent, au grand plaisir des enfants qui rient aux éclats.
Soudain, un cri retentit. Puis un autre, plus grave. Un cri à vous glacer le sang, à vous faire frissonner sur toute la surface de votre corps... Je sens un regard me brûler la nuque. Je me tourne vers la pelouse et me rends-compte que personne n'a bougé ou même tiqué. Suis-je la seule à avoir entendu ces cris effroyables.. ? Suis-je la seule à-
Il est là.
Je le vois. Près de la berge. Il a les pieds dans l'eau.
Il m'a vu, lui aussi...
Il est sale et a l'air affamé. Il me fixe intensément de ses yeux noirs. Je suis tétanisée, je n'ose bouger, ne serait-ce qu'un doigt. J'ai la gorge sèche, je suis en proie à une crise de panique. On se regarde tous les deux sans ciller, maudissant intèrieurement les gens autour de ne pas se rendre-compte du danger imminent, pour ma part. Le concerné pourrait bouger à tout moment et courir vers moi pour me faire du mal. Sans doute me crever les yeux, ou pire encore...
Il crie une nouvelle fois, me faisant sursauter et pleurer malgré moi. Encore une fois, personne ne fait attention, les enfants continuent de jouer et s'amuser. Comble de l'horreur, quelqu'un vient lui donner le reste de son sandwich.. ! Sont-ils aveugles à ce point ?!
Je profite que son attention soit détournée pour récupérer mes affaires posées sur l'herbe et prendre mes jambes à mon cou, tout de même ralentie par ma blessure à la cuisse.
Sortant du parc en boîtant, je monte dans le premier bus qui se présente, me moquant bien de sa destination, pourvu qu'il m'emmène loin de cet individu.. !
M'asseyant sur une banquette, après qu'une fillette m'ait cédé sa place, je regarde par la fenêtre afin de m'assurer qu'il ne m'a pas suivie... Tout va bien, rien à signaler. Je suis saine et sauve et je serai plus en sécurité chez moi.
A la maison.
Un jour, ma thérapie prendra fin et je vous volerai dans les plumes, putain de canards !
