NDA : Je ne me fais pas d'argent avec cette fic, et les persos ne sont pas à moi.

Voià ma nouvelle fic, je l'avais commencé il y a quand même assez longtemps, et publiée sur HPfanfiction. Je l'avais mise entre parenthèse, car c'était malheureusement assez dur d'accéder à ce site, je profite donc de ffnet pour la republier et, cette fois-ci, la continuer et la finir !!

J'espère que vous apprécierez !!

Chapitre un

Sauvé… ?

Il avait juste eu le temps de sentir une main se plaquer sur sa bouche, puis un coup à la nuque lui avait fait perdre connaissance avant qu'il ne commence à geindre.

Et il s'était réveillé. Il était nu, propre, on avait soigné ses plaies, mis des bandages.

Il se trouvait dans un lit. Un grand lit doux et chaud. Sur le coup, il pensait en avoir fini.

Il était monté au ciel, ou n'importe où ailleurs. Mais les douleurs étaient encore bien trop présentes pour que ce soit un rêve… Ou même le Paradis des sorciers…

Puis son sauveur s'était montré à lui. Et son sang avait bien dû faire dix tours de suite dans ses veines, et à grande allure…

Hphphphphphphphphphphphphphphphphphphphphphphp

Il avait été fait prisonnier en même temps que les autres. Lors d'une grande rafle. Mais lui était un prisonnier de choix. Et Voldy s'était fait un plaisir de le prendre comme jouet personnel.

Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait été battu et humilié. Malgré cela, il gardait l'espoir insensé que l'Ordre le retrouverait et le tirerait de là.

Ces minces espérances l'empêchaient de se jeter du haut de la tour où il était enfermé. Et quand bien même, il n'aurait sans doute même pas pu briser un minuscule carreau de cet endroit étrange où il avait été confiné.

Une tour sombre où, semblait-il, l'apesanteur n'avait pas sa place. Où il pouvait passer des heures délicieuses suivies immédiatement d'une torture vraiment très élaborée.

Où l'inverse.

Il savait bien que le but était de le rendre totalement fou et dépendant de ce monstre. Mais il n'avait aucun repère pour pouvoir contrer cela. Et lorsqu'il se sentit perdre totalement pieds, lorsqu'il se laissa aller doucement à la plénitude de la folie complète, à ce moment là seulement, quelqu'un était venu. Il n'avait pas vu son visage.

On lui avait juste murmuré :

- Veux-tu vivre ou mourir ?

Il avait fait un effort surhumain pour répondre. Puis on l'avait enlevé.

Et il se trouvait à présent devant cet être abject, la personne qu'il haïssait le plus au monde, cet enfoiré qui se tenait là, au bout du lit, un air narquois sur le visage…

- Alors M. Potter… La sieste est finie ?

- Snape ! Cracha-t-il avec hargne.

- J'aurais cru à un merci éperdu pour vous avoir tiré d'affaires !

Harry voulut se lever, mais une douleur fulgurante lui vrilla la jambe, se répercutant jusqu'à ses tympans. Il gémit sourdement.

- N'essayez pas de bouger. Vous êtes plutôt mal en point. Des côtes cassées, une cheville tordue, le genou de votre autre jambe en piteux état. Et des plaies pas belles à voir, mal cicatrisées. Je vous ai soigné du mieux que j'ai pu. Il faut attendre maintenant. Vous êtes très faible. Un peu plus longtemps là-dedans et vous filiez rejoindre ce sale cabot de Black !

Le jeune homme ne répondit pas. Pourquoi ce traître avait-il fait ça ? C'était encore un coup de Voldemort, lui faire croire qu'il était sauvé, pour mieux l'arracher à ce rêve. Il ferma les yeux, et s'enfonça dans l'oreiller moelleux. Il avait mal partout. Les dernières séances l'avaient laissé à demi-mort, alors, même si tout ceci était un leurre, autant en profiter un peu.

Une main fraîche se posa sur son front.

- Ne vous endormez pas, tenez, buvez ça.

Il n'arriva même pas à lever le bras. Le mangemort le redressa un peu, passant un bras derrière ses frêles épaules, et porta une fiole à ses lèvres. Harry se laissa faire, sans rien dire. Un poison ?

- Potter… son nom mourut d'une étrange manière sur les lèvres du serpentard.

Il le reposa doucement, et remonta les draps jusque sa gorge. Puis il sortit de la pièce, éteignant la lumière, mais laissant la porte entrouverte sur un couloir éclairé.

Harry s'endormit. Il rêva de ses amis, de leur regard implorant lorsqu'ils avaient été séparés. De Ron surtout… Puis plus rien. Lorsqu'il s'éveilla, il fut surpris d'être toujours dans le lit. Une odeur agréable lui chatouilla les narines. Il tourna la tête sur le côté. Merlin qu'il souffrait des cervicales ! D'ailleurs, la douleur toute entière se diffusa dans son corps. Il grimaça.

Snape était à ses côtés, un bol de bouillon dans les mains.

- Je ne peux pas vous donner plus pour l'instant. Vous seriez malade. Vous êtes squelettique, votre corps doit se réhabituer à la nourriture petit à petit.

Et il lui donna à manger. Harry avait l'impression d'être un oisillon à qui on donnait la becquée. Tout était brumeux dans sa tête. Il ne réussit pas à tout avaler, mais Snape avait l'air satisfait.

Il le força à boire encore de la même fiole, puis le laissa.

Harry se rendormit. Il ne rêva pas.

Il sentit qu'on le bougeait. Il ouvrit un œil. Snape enlevait ses bandages et ses pansements. Il le prit dans ses bras pour le porter dans une salle de bain attenante. Lava ses plaies à grande eau, et l'enduisit méticuleusement d'onguents et de crèmes. Puis il lui refit des pansements propres.

Il l'emporta de nouveau dans le lit. Tâta précautionneusement ses jambes. Lui fit avaler d'autres médicaments. Et le laissa encore un long moment.

Il revint pour lui donner de la mie de pain trempée dans du lait. Puis un autre bol de bouillon. Harry se laissait faire docilement. Plus un mot ne sortit de la bouche de Snape durant ce temps.

Harry ne savait pas depuis combien de temps il était là. Il n'avait d'ailleurs aucune idée de la date. Sa capture à Poudlard par les sbires du malade avait tout annihilé. Il avait pu rester enfermé un mois, comme un ou deux ans, comme dix…

Il ne voulait pas parler au traître. Ne comprenait toujours pas pourquoi il le soignait de la sorte. Il savait juste que son désir de vengeance envers le meurtrier de son mentor était resté intact. Il avait tenu bon grâce à cela.

Albus mort, Voldemort avait lâché son armée sur le monde sorcier. Plus rien ne l'arrêtait. Les élèves de Poudlard avaient été capturés dans le but de faire chanter les parents, pour les plus chanceux. Pour des buts moins avouables, pour les pauvres gosses qui avaient eu le malheur de ne pas être de sang-pur.

Si le griffondor n'avait pas été tué sur le champ, c'était parce que Voldy savait très bien qu'il n'était pas assez fort pour faire quoi que ce soit, encore ébranlé par le meurtre de son père spirituel.

Il s'était amusé à le faire souffrir plus que de raison. Et Harry tenait bon. Il voulait venger Albus. Plus rien ne comptait à part cela.

Et maintenant qu'il tenait ce bâtard sur un plateau, il n'avait même pas la force de lever le petit doigt.

Il aurait aimé pleurer de rage. Seulement, il y a longtemps qu'il ne pleurait plus.

Il ne voulait pas réfléchir. Peut-être que dans une heure, dans un jour, il retrouverait cette maudite tour. Mieux soigné, pour mieux se faire torturer. C'est vrai que dernièrement, il ne pouvait que se traîner sur le sol, lamentablement. Voldemort avait dû se lasser. Et commander un Harry Potter tout neuf à son bras droit…

Pour l'instant, Harry attendait.

Snape se décida enfin à lui parler.

- Bon, ça fait six jours que vous êtes ici. Je crois que les grosses plaies sont en bonne voie de guérison. Je pourrais ensuite masser vos jambes avec un remède assez costaud. Mais il faut attendre la cicatrisation complète de vos blessures. Vous avez été prisonnier longtemps. Plus d'un an. J'ai eu la chance de vous retrouver. Il ne faut rien gâcher. Même s'il fallait deux ans de plus pour que soyez complètement rétabli, nous patienterons. Votre corps a beaucoup souffert. Il faut qu'il se réhabitue à tout.

Harry écoutait, essayant de ne pas faire trop dériver son esprit. Il avait du mal à garder son attention.

Le professeur soupira.

- Je sais que vous avez énormément souffert, et croyez bien que j'aurais aimé vous retrouver avant. Mais il vous avait terriblement bien caché. J'ai… J'ai eu beaucoup de mal à vous repérer. Le principal est que vous soyez vivant.

- Vivant… Murmura Harry.

Le son de sa propre voix l'étonnait. Elle s'était cassée à force de hurler, et il doutait retrouver un jour son timbre habituel. Il n'avait vraiment aucune envie d'engager un dialogue. Et dire que c'était ce dont il rêvait, enfermé là-haut. Trouver une personne, même un animal, à qui parler… Mais là, il se sentait bien trop las pour entretenir une conversation digne de ce nom. Il préféra se taire.

- Harry…

Une main se posa sur la sienne, et il eu un sursaut de peur. Que voulait-il en réalité ? Lui faire du mal aussi, alors pourquoi voulait-il lui faire croire le contraire ?

- Il ne faut plus avoir peur. Je me doute que vous auriez préféré trouver quelqu'un d'autre à votre réveil, mais il va falloir vous habituer. Je ne veux pas que vous bougiez d'ici. Je vous veux sous mes yeux à chaque instant. Il ne faut pas que ce qui s'est passé à Poudlard l'année dernière puisse se produire à nouveau. Ici, vous ne trouverez pas meilleure cachette. Vous êtes en sécurité.

Un ersatz de sourire naquit sur les lèvres du griffondor pour s'évanouir aussitôt.

- Ne vous fatiguez pas. Je… je sais que je vais y retourner… marmonna-t-il d'une voix atone.

- Non, je vous le promets. Il ne vous trouvera pas. Pour la bonne raison que cet endroit est à mille lieu de ce qu'il pourrait imaginer. De plus, ma marque est maintenant désactivée. Albus avait trouvé le moyen, et j'ai attendu de vous retrouver avant de me jeter le sort. Il ne trouvera pas.

- Albus… Albus avait encore trouvé un moyen de vous remercier après ce que vous avez fait…

Harry se sentait bien trop mal pour s'énerver. Il était nauséeux, et referma les yeux. Il ne voulait pas vomir encore. Il avait tellement mal. Snape lui glissa une gélule dans la bouche.

- Pour l'estomac. Reposez-vous, je reviendrais plus tard.

Il sortit de la chambre d'un pas vif.

Le jeune homme passa encore un peu plus d'une semaine à dormir, se faire nourrir, se faire soigner. Il ne dit plus un seul mot. Il n'en avait pas envie. Snape lui parlait, de choses futiles. Jamais plus il n'avait discuté de Poudlard, Voldemort, ou même Dumbledore.

Harry ne pouvait toujours pas marcher. Il sentait qu'il reprenait des forces toutefois. Mais la peur qui lui tenaillait le ventre ne le quittait pas. Il pouvait même à peine se tenir debout. Snape l'emmenait aux toilettes, le lavait, lui changeait ses pansements.

Harry sentait vaguement qu'il aurait dû s'en sentir humilié, mais il avait passé ce stade depuis longtemps. Il se laissait faire, comme un pantin. Toujours persuadé que Snape lui mentait, et qu'il le rendrait sous peu au Mage Noir.

Son ancien professeur le fixait toujours avec le même air soucieux. Si différent de ses expressions ironiques ou méchantes habituelles… Et cela intriguait Harry. Pourquoi avait-il toujours cette mine ? Il devait être bien triste à voir. Avec ses os saillants, son teint cireux, et ses balafres sur tout le corps. Harry avait l'impression d'être devenu un monstre.

Quand Snape s'occupait de lui, il fermait les yeux, détournait le visage. Il ne voulait pas voir une expression horrifiée ou une quelconque pitié dans le regard sévère.

Il ne voulait plus voir non plus son corps…

Il se passa un mois. Un matin, Snape tint à ce qu'il regarde ses jambes.

- Ouvrez les yeux, Harry. Regardez, il n'y a plus de traces. Ces crèmes ont fait des merveilles. La peau de vos jambes a bien réagi au traitement.

Harry jeta un œil. C'était vrai. Ses jambes n'étaient plus aussi tristes. Mais toujours aussi minces. Une larme roula sur sa joue. C'était la première depuis qu'il était arrivé ici. Il leva la main et l'essuya distraitement.

- Ne vous inquiétez pas. Tout ira de mieux en mieux. Je vais pouvoir appliquer les crèmes fortifiantes à présent. Vous pourrez de nouveau marcher. Vous allez vite vous remplumer maintenant.

- Vous lisez dans mes pensées ?

- Impossible, votre esprit est tellement fermé que rien ne peut passer. Je comprends bien ce que vous ressentez, c'est tout.

Harry ne répondit pas. Il voulait lui parler le moins possible. Dès qu'il reprendrait assez de forces… il… il…

Une sensation glacée le fit frissonner et pousser un glapissement de surprise. Snape était en train de l'enduire d'une crème à la forte odeur de menthe.

- Ah, un sourire éclaira le visage du mangemort, à la grande surprise de Harry, si vous réagissez de la sorte, c'est que vos jambes seront vite en bonne santé. J'ai craint un instant que… que vous restiez paralysé.

- C'est vraiment glacé… chuchota le jeune homme.

Snape s'appliquait à la tâche. Il commençait par les pieds, remontait aux chevilles, mollets, genoux, cuisses, redescendait et recommençait avec dextérité. Une douleur supportable remonta dans ses jambes, comme un fourmillement intense. Il grimaça légèrement.

- C'est votre sang qui circule plus rapidement. Ne vous en faites.

- Je peux supporter ça, dit le jeune homme sans ironie.

Snape le regarda pensivement.

- Je sais.

Il continua un long moment, puis aida le jeune homme à se recoucher.

- Tout à l'heure, vous essaierez de faire quelques pas. Au moins de vous tenir un peu plus longtemps debout.

Harry acquiesça doucement. Le serpentard lui amena un plateau repas consistant, que le jeune homme avala avec plus d'envie que d'habitude. Savoir qu'il pourrait remarcher lui avait donné du baume au cœur. Il finit presque toute son assiette. Quand il eut reposé ses couverts, un sourire adoucit encore le visage de Snape.

- C'est bien Harry. Vous allez digérer un moment, puis nous essaierons.

Il le laissa une petite heure, et revint ensuite s'asseoir près de lui.

- Ne vous énervez pas si vous vous sentez faible. Vous ne remarcherez pas du jour au lendemain. On va y aller progressivement. D'accord ?

Il passa un bras sous les aisselles du jeune homme, et l'aida à se mettre debout. La légère douleur revint, mais avec elle, l'espoir que tout aille mieux. Snape relâcha son bras pour venir entourer sa taille. Harry fit des efforts importants pour ne pas s'avachir sur le sol. Ses jambes, son bassin et son dos le faisaient souffrir énormément. Tout à sa douleur, il ne sentit pas que son professeur avait enlevé son bras. Il finit par le remarquer, et sentit une pointe de fierté l'assaillir alors qu'il se tenait debout seul. Il ne se risqua pas à faire un pas, car il sentait ne plus pouvoir tenir longtemps. Ses jambes se dérobèrent et il se retrouva à nouveau dans les bras de l'homme.

Ce dernier le glissa sous les couvertures et hocha la tête d'un air satisfait.

- C'est un très bon début Harry. Nous reprendrons cet exercice tous les jours de cette semaine, et vous essaierez, comme aujourd'hui, de tenir le plus longtemps possible. Puis, par la suite, nous passerons au réapprentissage de la marche. Reposez-vous, je vais chercher la crème.

Il s'occupa un bon moment de ses jambes, puis le laissa seul, le temps d'aller faire une course, lui dit-il.

Harry se sentait bien mieux à présent.

Les brumes de son cerveau s'étaient dissipées, et il pouvait à nouveau penser avec cohérence. Il avait encore quelques absences, toutefois, des passages à vide inquiétants, qui laissaient son professeur perplexe.

Mais Harry ne voulait rien raconter de ce qui s'était passé là-bas. Et son esprit s'était tellement emmuré qu'il craignait ne plus jamais pouvoir briser les barrières qui le retenaient prisonnier lui aussi.

Emprisonné.

Par Voldemort d'abord.

Ici ensuite.

Son corps, son âme.

Retrouvait-il jamais sa liberté ?

Trois mois s'écoulèrent. Durant lesquels il réapprit à marcher avec difficulté. Son corps reprenait doucement des forces.

Il ne voulait toujours pas faire confiance à Snape. Il attendait patiemment de devenir plus fort, pour se venger de lui. Et s'enfuir d'ici.

L'homme ne lui avait fait aucun mal. Il était d'une patience incroyable, extrêmement méticuleux et doux en ce qui concernait ses soins. Il ne réagissait pas aux sautes d'humeur du griffondor, et se contentait de détourner le regard lorsque Harry se fâchait.

Car Harry s'emportait facilement. Il avait été brimé si longtemps que la moindre contrariété le mettait dans une colère noire.

Harry ne se reconnaissait plus. Et cela l'enrageait encore plus. Peut-être n'avait-il pas réellement retrouvé ses esprits, finalement. Et Snape qui ne répondait à aucune provocation…

Un soir, alors qu'il pleurait de rage de n'avoir pas su faire plus que quelques pas dans la chambre, le serpentard l'attrapa par les bras, le força à se mettre debout, et s'éloigna aussitôt de lui, le fixant avec dédain.

- Au lieu de geindre, Potter, si vous veniez par ici ? Mettez l'énergie que vous passez à pleurnicher dans vos mollets !

- Je n'y arrive pas ! Cria Harry avec fureur.

- C'est sûr ! Tout doit arriver sur un plateau pour le petit Potter, il n'a pas besoin d'aller au devant des choses !

- Je vous déteste ! Vous ne savez rien ! Si je dis que je ne peux pas c'est que je ne peux pas !

- Vous êtes pire que votre père ! Cet imbécile avait au moins un minimum d'honneur !

- Je vous défends de dire du mal de mon père ! Et vous ? Qu'est-ce que vous y connaissez à l'honneur ?

Harry ne s'était pas rendu compte, tout à sa colère, qu'il était arrivé devant Snape et gesticulait comme un beau diable. Il marqua un temps d'arrêt sa bouche s'arrondissant sous la surprise.

- Et bien… J'ai certainement tout à apprendre en matière d'honneur ou de mérite, mais ce que je vois là m'apprend que je n'ai à envier la ruse de personne…

Harry se sentit rougir. Vraiment ! Il baissa les yeux, et se tourna doucement vers le lit. Des mains se posèrent de chaque côté de ses hanches.

- Allez-y doucement, je vous aide pour le retour.

Ils arrivèrent calmement au bord du lit. Harry s'agrippa au bras offert et s'assit avec effort. Il se sentait bien trop stupide pour répliquer quoi que ce soit.

Une main se perdit dans les longues mèches noires de ses cheveux. Ils lui arrivaient entre les omoplates. Il n'eut pas la force de détourner le visage pour se soustraire au regard de Snape.

- Demain, je vous les couperais. Puis nous irons au soleil. C'est l'été, il fait bien chaud. Vous devriez vous sentir bien.

Une boule se forma dans la gorge d'Harry. Le soleil ? Même sa chambre ici n'avait pas de fenêtre. Il n'avait pas vu le soleil depuis si longtemps !

Mais…

- Vous… vous allez me ramener là-bas… ? Demanda-t-il d'une voix tremblante.

- Quoi ? Répondit l'homme d'une voix stupéfaite, vous… vous ne pensez quand même pas depuis tout ce temps que je vous soigne pour… pour…

Les mains du griffondor se crispèrent sur les draps. Des larmes menaçaient de perler au coin de ses yeux. Il ne pourrait plus supporter cette tour affreuse, et ces tortures… vraiment plus…

- S'il vous plaît, tuez-moi, tout sauf repartir là-bas, je vous en supplie, ne me laissez pas, je ferais tout ce que vous voudrez, je vous le jure…

Il ne servait sans doute à rien d'essayer d'apitoyer un être tel que lui mais Harry aurait fait n'importe quoi.

- Jamais… jamais de la vie, murmura la voix rauque du mangemort, jamais vous ne retournerez là-bas, autrement que pour tuer ce monstre ! Comment pouvez-vous avoir pensé un seul instant que je faisais cela uniquement pour vous y ramener ensuite ? Harry ! Je n'ai plus la marque ! J'ai payé un prix énorme pour vous retrouver ! J'ai veillé jour et nuit sur vous ! Et je continuerais jusqu'à ce que vous soyez complètement rétabli !

Harry leva un visage terrifié vers lui.

- Vous… vous avez tué Albus… Comment je pourrais croire à tout ça ?

L'aîné se tut, fixant le jeune homme de ses yeux noirs.

- J'ai un parchemin dont nul ne peut démontrer l'authenticité, qui explique ce geste. C'est Albus lui-même qui l'a rédigé. Et il est entre les mains de Minerva. J'irais le récupérer s'il le faut. Il y a un sort, qui permet de détruire les faux parchemins, vous pourrez le lancer dessus.

Le cœur d'Harry fit un bond dans sa poitrine.

- Minerva… ! Alors… Elle peut venir ici ? Venir me chercher ?

- Non. Personne ne sait que vous êtes ici. Personne ne connaît cet endroit. Et personne ne viendra.

- Mais… !

Snape se leva, et repartit vers la porte de la chambre.

- C'est ainsi. Pour votre sécurité. Demain, je vous donnerais ce fameux parchemin. Ainsi que votre baguette.

Puis il le laissa seul.

Alors… il avait sa baguette en sa possession ? Que devait-il faire ? Lui jeter un impardonnable dès qu'il l'aurait dans les mains ? Non, Snape n'était pas stupide au point de risquer de mourir… Il devait voir cette lettre. Comment pouvait-il imaginer expier son geste par une simple explication ? Il se laissa tomber en arrière, et s'agrippa à son oreiller.

Il était confus… Devait-il le croire ou pas ? Une angoisse irrépressible l'étreignait férocement. Demain, il serait fixé. Où peut-être pas. Peut-être qu'il s'agissait toujours d'un jeu. Le faire goûter à un semblant de liberté pour mieux le descendre.

Si ça avait été quelqu'un d'autre que Snape… Là il se serait réjoui. Il aurait été heureux à en crever. Mais cette situation était atroce. Ne pas savoir de quoi seraient faits ses lendemains…

Il ne réussit pas à dormir cette nuit-là, et les poches sous ses yeux activèrent la colère du professeur de potions.

- Quand cesserez-vous de me regarder ainsi ? Merde ! Qu'est-ce que je dois faire pour vous prouver que je ne vous ferais pas de mal ? Pourtant Merlin sait si j'en ai envie par moment ! Vous êtes impossible ! Tenez, prenez ça et ça ! Finit-il en lui jetant missive et baguette.

Harry connaissait le sort. Il le jeta sur le parchemin sans un regard pour l'homme, et une lueur blanche émana du papier. Il ne le lut pas immédiatement. Il le posa sur sa table de chevet, et passa un instant à contempler sa baguette.

Comme elle lui aurait été utile dans sa tour. Et même, s'il l'avait eu sur lui avant la rafle, au lieu de la laisser dans sa malle, comme un imbécile, il n'aurait pas subi tout ça…

Une main se posa sur son épaule.

Il ne put s'empêcher de sursauter. Il avait encore du mal à contrôler ses peurs. Même s'il n'y avait que Snape ici, il frémissait au moindre bruit, au moindre courant d'air.

- Allons-y, lui dit l'homme, habitué à ses réactions, je vais vous habiller. Votre bain est prêt.

Harry se traîna à ses côtés jusque la baignoire. Snape le déshabilla, et l'aida à passer ses jambes par dessus le rebord. Les quelques mètres qui séparaient sa chambre de la salle de bain lui semblaient des kilomètres.

Il se laissa laver avec indifférence, fermant les yeux en sentant l'éponge passer doucement sur ses membres endoloris. Il pouvait le faire lui-même, mais Snape ne lui avait curieusement pas proposé.

Il pensait sans doute qu'il était trop maladroit et se serait fait plus mal qu'autre chose en passant le savon sur ses anciennes blessures.

C'était Snape qui continuait de le laver, de le soigner, de l'enduire de crèmes diverses de haut en bas pour guérir et faire disparaître ses cicatrices. Il s'en fichait bien lui, des cicatrices. Mais Snape répétait qu'à son âge, il n'avait pas besoin de marques de ce genre.

Il s'habillait lui-même par contre, avec un peu de mal encore, mais il pouvait enfiler son pantalon sans avoir trop mal dans le dos, le bassin et les jambes.

Puis son ex-professeur attrapa une paire ciseau, et coupa méticuleusement les longues mèches noires du jeune homme. Quand Harry vit ses cheveux sur le sol, il eut un geste pour se regarder dans le miroir, mais détourna vite le regard. Il voulait se voir le moins possible, et encore moins dans une glace.

Il passa une main sur son crâne, et sourit en sentant ses mèches rebelles qui avaient repris la même forme qu'avant.

Snape l'aida à marcher ensuite vers le couloir. Là, Harry eut un mouvement de recul. Un fauteuil roulant l'attendait.

- Allons, c'est juste le temps d'aller au jardin…

Harry s'installa dedans en soupirant. Le fauteuil avança seul, et les portes s'ouvrirent seules devant lui. Snape marchait à ses côtés. Ils arrivèrent dans un hall, et une porte immense s'ouvrit dans un grincement exténué. Le Soleil inonda la pièce morne. Harry dut se cacher les yeux.

Ils avancèrent dehors, et Harry tenta de s'habituer petit à petit à la clarté. Il faisait très bon. L'air sentait les fleurs et l'herbe fraîche. Harry se leva seul et fit quelques pas, puis s'immobilisa.

Il était comme pétrifié par le spectacle qui s'offrait à lui. Partout des oiseaux, des insectes, au dessus de lui un ciel d'un bleu limpide, où quelques nuages disséminés semblaient parader avec une lenteur infinie…Une légère brise lui souffla sur le visage… Depuis tellement de temps… Il n'avait pas vu la lumière du jour depuis tellement de temps… Il s'écroula à genoux et émit une plainte sourde. Snape s'était précipité sur lui et l'avait pris dans ses bras.

Le jeune homme se mit à pleurer, pleurer comme il ne l'avait pas fait depuis des mois. Son corps semblait gorgé d'une fontaine intarissable.

- Chhh…. Ça va aller, Harry…

Pour la première fois depuis longtemps, l'adolescent sentit un intense soulagement l'envahir. Il n'aurait su dire si cela venait de l'incongruité de la situation, se trouver dans les bras d'une personne qu'il haïssait plus que tout, mais se trouver tout de même dans les bras de quelqu'un, ou si cela venait d'un trop plein d'émotion que ce jardin magnifique avait éveillé en lui, qui n'espérait plus jamais assister à ce genre de spectacle.

Il pleura longtemps, le visage enfoui dans le cou de son professeur, n'osant rouvrir les yeux sur ce qu'il avait peur de découvrir finalement comme une chimère.

Finalement, il se recula avec appréhension, et regarda autour de lui. Rien n'avait disparu. Il était toujours là lui aussi…

Il se frotta avec un mouchoir, n'osant lever les yeux sur son professeur, puis voulut se relever seul. Snape s'éloigna de lui et le laissa faire. Revigoré par l'air frais, Harry tint plus longtemps qu'à l'ordinaire, et ils restèrent toute la matinée à profiter du beau temps. Sans un mot encore une fois.

Puis lorsqu'ils rentrèrent, Harry se tourna vers l'homme. Il était rare qu'il se tourne de lui-même vers lui.

- Merci monsieur.

Snape ne s'attendait pas à ça, et il lui jeta un air étonné qui dura un petit instant. Puis il se reprit et sourit à Harry.

- Je suis heureux que ceci vous fasse du bien. C'est presque l'été. Nous irons chaque fois qu'il fera beau. Tout ira bien, je vous assure.

Harry baissa les yeux vers le parchemin. Il le prit dans ses mains en soupirant.

L'espion le fixa un instant, puis sortit de la pièce.

À suivre…………..