Hey hey heeey !
Hum, oui, il semblerait que je sois encore en vie ! Tbh, je n'ai pas vraiment d'excuse pour mon absence d'activité... j'ai juste pas mal de difficultés à écrire, j'ai fais une dépession assez terrible, et j'ai un emploi du temps plutôt chargé avec le boulot, surtout que j'ai eu une "promotion?" du coup je suis en pleine formation et tout, bref.
En tout cas, aujourd'hui, je vous présente un projet sur lequel je bosse depuis... longtemps? C'est une fic qui est déjà intégralement écrite et qui fait environ 60k mots, donc pas de risque de gros hiatus vu que j'aurai qu'à poster les chapitres !
Faut savoir que les Univers Alternatifs, c'est mon genre préféré de fanfiction, et en première place de mon Top 3 de mes AU préférés, y'a les zombie apocalypse!au. J'ai un problème avec les zombies... Faut aussi savoir que cette fic devait être à la base un OS de genre 10k mots. lol. Elle est basée sur un rêve que j'ai fait et qui m'avait plutôt secoué. J'espère que ça vous plaira !
Sur ce, bonne lecture !
Even if the world is in ruins tomorrow
chapitre 1
— Waouh, trop cool ! Akaashi, viens voir !
Interpellé par son nom, le garçon releva la tête et lança un regard vers la porte ouverte de la chambre. Il jeta sur le lit les vêtements qu'il venait de sortir d'un tiroir, et sortit de la pièce pour rejoindre la seconde chambre d'où provenait la voix qui venait de l'appeler.
— Tu as trouvé quelque chose Bokuto ? demanda-t-il en entrant. Il espérait que ce serait des piles. Ils n'en avaient presque plus, et c'était devenu un objet indispensable dans ce monde, au même titre que les armes, l'eau et la nourriture.
— Regarde ! s'exclama joyeusement Bokuto en lui tendant fièrement... une peluche.
Elle était rose, violette et bleue, d'une dizaine de centimètres, représentant une chouette aux grands yeux pleins de paillettes. Elle avait l'air un peu fatiguée, et une de ses ailes avait commencé à se découdre. Elle devait avoir appartenu à un enfant qui l'emportait partout et jouait beaucoup avec.
Keiji releva les yeux pour regarder son ami qui lui offrait le sourire le plus rayonnant qu'il lui avait vu depuis plusieurs jours, en se demandant s'il se fichait de lui. Il semblait incroyablement heureux de sa trouvaille. Akaashi, lui, était plus réservé. Il était frustré, et même un peu agacé qu'il l'ait appelé pour si peu. Ce n'était pas le moment de s'amuser.
— C'est fabuleux, Bokuto, dit-il froidement avant de pivoter sur ses pieds pour retourner fouiller la chambre principale.
— A-attend !
Bokuto le suivit, trimbalant toujours la peluche avec lui. Akaashi ne fit pas attention à lui, et il reprit ce qu'il était en train de faire avant d'être interrompu : chercher des vêtements à leur taille pour changer les leurs qu'ils portaient depuis bien un mois, et qu'ils avaient eu le temps d'abîmer et de salir. Sans compter qu'ils ne convenaient pas à l'hiver, alors que la saison froide approchait.
— Regarde, elle est mignonne, pas vrai ? insistait son ami en tentant de coller la peluche sous ses yeux. Elle est toute douce en plus, regarde ! Prends-la !
— Je n'ai pas envie, coupa le plus jeune en lançant un regard noir à Bokuto.
Cela sembla le calmer instantanément, puisque son sourire s'effaça avec son air jovial, et il laissa son bras retomber le long de son corps, la peluche toujours serrée entre ses doigts.
Le voir soudain avec l'air tellement triste fit naître une pointe de culpabilité au creux du ventre d'Akaashi. Le sourire de Bokuto, c'était tout ce qui mettait un peu de lumière dans sa vie depuis que le monde était devenu ce qu'il était aujourd'hui. Alors il préférait quand son ami portait ce sourire. C'était toujours mieux que le voir triste.
— Bokuto, soupira-t-il. Je suis dé—
— Je me disais que ça pourrait devenir notre mascotte... le coupa Koutaro avec une petite voix, et un air de chien battu sur le visage.
Il releva la main pour mettre la peluche devant son visage et la regarder comme un trésor.
— Elle a appartenu quelqu'un qui la chérissait, mais qui a dû l'abandonner. Ce serait triste de la laisser seule ici, tu ne crois pas ?
Akaashi se pinça la lèvre inférieure entre deux dents. Il n'aimait pas quand Bokuto se mettait à être sentimental par rapport la moindre petite chose, parce que cela signifiait qu'il se sentait mal et que sa vie d'avant lui manquait.
La plupart du temps, il semblait se forcer à voir les choses du bon côté, il était l'optimiste, l'imbécile heureux. Mais il y avait des moments, dans une situation comme la leur, où même les plus courageux finissaient par craquer et avaient leurs moments de faiblesse. Avec Bokuto, cela s'exprimait par de l'hypersentimentalité. Et un Bokuto au bord de la dépression nerveuse était difficile à gérer.
Enfin, son soudain attachement un jouet en peluche était déjà bien moins bizarre que cette fois où il n'avait pas voulu manger parce que "tu imagines Akaashi, cette barre de céréales est peut-être la dernière sur terre !"
Cette fois, cela avait déjà plus de sens. Bokuto avait perdu sa petite soeur au début de la fin. Il ne savait pas si elle était morte ou si elle vivait toujours. Il avait été séparé d'elle et de ses parents dans la panique lorsqu'ils avaient voulu fuir la ville. Il s'était retrouvé tout seul, sans nouvelles des gens qu'il aimait. À cause de ça, c'était difficile pour lui de rentrer fouiller une maison et d'y trouver une chambre de petite fille. C'était difficile de trouver n'importe quoi qui aurait appartenu une fillette.
Et pourtant, il insistait toujours en disant que tout allait bien. Lorsqu'ils étaient entrés dans cet appartement une heure plus tôt, il avait immédiatement déclaré qu'il s'occuperait de la chambre rose au bout du couloir. Aujourd'hui, Bokuto avait eu l'air d'humeur assez lumineuse, alors si ça lui allait, Akaashi n'allait pas s'y opposer. Il l'avait laissé faire.
— Ok, on peut en faire notre mascotte, finit-il par céder.
Si cela pouvait lui faire plaisir, après tout, ça n'avait pas vraiment d'importance et il s'en fichait. Ce n'était qu'un détail.
Un sourire plein de dents reprit immédiatement sa place sur le visage rayonnant de Bokuto.
— Merci Akaashi ! s'exclama-t-il joyeusement en serrant la peluche contre son coeur.
Akaashi sourit en retour, et il continua sa fouille. Il espérait que son ami ferait de même, mais cette histoire de mascotte avait l'air de lui avoir fait totalement oublier la raison de leur visite ici.
— Comment est-ce qu'on devrait l'appeler ? Est-ce que tu crois que c'est une fille ou un garçon ? Et tu crois que le nom qu'on lui choisira lui plaira ? Est-ce que je devrais attendre pour lui donner un nom ? Et est-ce que tu crois que—
— Bokuto, le coupa sèchement Keiji en lui lançant un regard appuyé. Tu penseras à tout ça plus tard. Pour l'instant, on doit finir de faire le tour de cet appart et rentrer.
— Ah oui, ok. Désolé Akaashi !
Il sortit rapidement sur ces mots. Akaashi soupira en se demandant comment un type aussi distrait avait pu survivre tout seul pendant un mois avant qu'ils ne se rencontrent. Et puis il se rendit compte que c'était assez mal placé de se poser ce genre de question, alors il chassa ces pensées de son esprit. Bokuto avait dû vivre l'enfer tout seul. Lui-même avait cru voir son heure arriver plusieurs fois.
Peu de personnes pouvaient se vanter d'avoir survécu en restant totalement seules. "L'union fait la force", on pouvait dire ce que l'on voulait, ce proverbe n'avait jamais été aussi vrai que maintenant, alors que rien de ce qu'ils avaient toujours connu n'existait plus.
Le monde était devenu fou un jour de mai. Se souvenir du moment où cela avait commencé avec exactitude était difficile. Ils avaient commencé à en parler à la télé au début du mois, et en l'espace d'une petite semaine, tout avait volé en éclats. C'était comme si tout leur était tombé dessus d'un coup. Et avant même qu'ils n'aient le temps de réaliser, des gens mourraient déjà par centaines. Tout ce que l'humanité avait bâti avait été détruit par la seule chose contre laquelle elle était impuissante : elle-même.
Bien sûr, les gouvernements avaient essayé de préserver leurs pays de l'anarchie, de la peur et de l'annihilation, des scientifiques du monde entier avaient tenté d'endiguer la pandémie, mais les efforts avaient été vains. Le monde était déjà perdu lorsque cela avait à peine commencé. Maintenant, personne ne pouvait plus rien y faire.
On les appelait les infectés. Infectés par quoi ? Personne ne le savait vraiment. Lorsque ça avait commencé, des scientifiques avaient penché pour une mutation de la rage et avaient cherché à développer un vaccin. Mais le mal s'était répandu tellement vite, le monde avait perdu la raison tellement vite, qu'ils n'avaient pas eu le temps de parvenir à un résultat.
Personne n'était épargné. Les hommes, les femmes, les enfants, les anciens. La maladie touchait tout le monde, et changeait toute personne infectée en chose abjecte, violente, qui ne pensait plus et attaquait tout ce qui passait près de lui. Cela touchait tout l'organisme, le cerveau en dernier. Dès lors qu'on tombait malade, on ne pouvait plus rien faire, et lorsque le mal entrait dans sa phase terminale, le malade n'était déjà plus humain.
Le monde était tombé en ruines. Dès lors que les forces de l'ordre n'avaient plus su contenir la population apeurée, tout était devenu différent. Aucune loi ne s'appliquait plus dans un monde régi par l'effroi et l'instinct de survie. La police, l'armée, toute forme d'autorité n'étaient plus qu'un lointain souvenir dans l'esprit de la majorité des personnes qui survivaient encore.
Apparemment, on pouvait encore trouver ça et là des groupes organisés, avec une hiérarchie et des règles strictes, qui tentaient de survivre ensemble parce que l'unité faisait la force, ou bien des troupes de mercenaires qui erraient à la recherche de familles cachées à dépouiller de leurs maigres vivres ou de leurs armes. S'il restait un semblant d'une loi, c'était celle du plus fort.
Dans ce monde sans plus aucune pitié, les infectés n'étaient pas la seule menace pour les gens sains. Il y avait aussi les gangs, et n'importe quelle personne que l'on croiserait, finalement. L'empathie et l'entraide étaient des vertus qui avaient presque totalement disparu, emportées avec l'Humanité. Car chacun voulait vivre, et personne ne se souciait plus de devoir user de la violence si cela permettait de rallonger son existence de quelques jours.
C'était le cas pour beaucoup de gens, mais beaucoup d'autres avaient choisi l'autre option. Akaashi ne comptait plus le nombre de cadavres pendus sur lesquels il était tombé dans les maisons et appartements abandonnés qu'il avait visités. Il ne comptait plus les corps étendus sur le sol dans une flaque de sang séché, un doigt nécrosé encore posé sur la gâchette d'un pistolet et un trou dans le crâne. Il était même une fois tombé sur le spectacle macabre des cadavres en décomposition d'une femme et de son enfant. Elle avait tué le nourrisson et s'était suicidée ; avait fait le choix de la mort pour elle et son enfant, plutôt que celui de la survie infernale.
Après le début de l'épidémie, la population s'était scindée en deux : ceux qui voulaient continuer à vivre dans cet enfer, et ceux qui avaient préféré s'en délivrer de la façon la plus radicale qui soit.
Le monde était devenu fou un jour de mai, et en octobre il l'était encore.
— On devrait rentrer maintenant, il fera bientôt nuit, fit remarquer Akaashi en lançant un regard par la fenêtre, avisant le ciel qui rosissait à vue d'oeil derrière les habitations.
La ville n'était plus ce qu'elle était. On se serait cru dans un de ces jeux vidéos de guerre ou quelque chose comme ça. Les vitrines des magasins étaient brisées, des voitures étaient abandonnées au milieu des routes, il y avait du sang sur les trottoirs. Il y avait beaucoup d'oiseaux et beaucoup de rats, ce qui était un problème. Les humains n'étaient pas les seuls à être infectés par la maladie qui avait réduit le monde à ce qu'il était.
— Ok, acquiesça Bokuto en le rejoignant, son sac à dos sur les épaules.
— Tu as trouvé des choses intéressantes ? demanda Keiji avec un espoir las.
— Une boite de pansements et des médicaments pour le mal des transports, répondit-il. Et devant la moue déçue de son ami, il crut bon d'ajouter sur le ton de la plaisanterie : Ça pourra nous servir si jamais on devait venir nous sauver en hélicoptère !
Le regard noir qu'il reçut comme toute réponse le glaça. Il haussa les épaules d'un air désolé, et Akaashi soupira.
— Les pansements nous serviront peut-être, reconnut-il. C'est tout ?
— Hm, il y avait deux vieux paquets de chips au wasabi dans un buffet du salon, et une boîte de maïs dans la cuisine. Tout le reste a déjà été pillé.
Évidemment. Durant les quatre mois qui s'étaient écoulés depuis le début de l'épidémie, d'autres personnes avant eux avaient passé les lieux au peigne fin pour trouver de quoi se nourrir et se défendre. Plus le temps passait, et plus trouver de la nourriture devenait difficile. Ils essayaient de ne pas trop penser au fait qu'ils en viendraient probablement bientôt à ne plus pouvoir se nourrir, et alors les infectés et les autres survivants ne seraient plus les seuls facteurs potentiels de leur mort.
— Et toi ? demanda à son tour Bokuto.
— J'ai trouvé des vêtements.
Il ramassa une veste posée sur le lit et la lança à son camarade qui la secoua devant ses yeux avant de l'observer. Elle était en toile, de couleur noire. Le tissu avait l'air plutôt léger. Ce ne serait pas ça qui le protégerait du froid qui commençait déjà à doucement s'installer.
— Merci Akaashi, sourit le garçon en repliant la veste (enfin c'était plus la rouler en boule qu'autre chose, mais l'idée était là.)
— Désolé, souffla l'autre. On trouvera peut-être mieux dans une autre maison...
Il fallait se rendre à l'évidence : l'hiver allait arriver bien plus vite qu'ils ne l'auraient espéré, et ils allaient devoir trouver un moyen de se garder au chaud sans le chauffage automatique. Tous ces trucs technologiques, ça n'existait plus maintenant. C'est à peine s'ils se souvenaient à quoi ressemblait l'interface de Google, alors qu'à une époque, ils la voyaient tous les jours.
— C'est déjà bien, t'inquiète pas ! Et pour toi, tu as trouvé des fringues à ta taille ?
— Hm, il y avait une autre veste similaire. Un peu grande, mais ça fera l'affaire.
Il ne pouvait plus vraiment se permettre de faire le difficile sur ce genre de choses de toute manière.
— Ok. On se changera quand on sera rentrés. On y va ?
— Ouais.
Ils sortirent de l'immeuble alors que les ombres de la rue commençaient à s'allonger sur le goudron blanchi par le temps. Le soir tombait plus vite ces derniers temps, et il ne faisait pas bon être dehors lorsque la lumière du soleil quittait la ville. Cela faisait belles lurettes que les lampadaires ne fournissaient plus d'éclairage nocturne, et les lampes de poche devaient être utilisées intelligemment pour les faire durer le plus longtemps possible.
Le premier réflexe d'Akaashi fut de porter sa main à la poche de son pantalon pour vérifier que son couteau était toujours là. Ça le rassurait de le savoir à sa place, prêt à être dégainé au moindre bruit suspect.
Le problème avec les infectés, c'était qu'ils n'étaient pas comme les zombies de la culture populaire : lents et patauds. Ils étaient rapides, pouvaient courir, et leurs membres ne se coupaient pas comme du beurre d'un simple coup de pied bien senti. Enfin, heureusement, une tête coupée ne continuait pas à vivre toute seule, et leurs membres ne se régénéraient pas comme on le voyait parfois dans la fiction.
À vrai dire, Akaashi avait du mal à les appeler des 'zombies'. C'était la raison pour laquelle il préférait le terme d'infectés. Ce n'était pas des zombies. Les zombies vivaient dans les histoires d'épouvante qu'on se raconte entre amis, une lampe collée sous le menton, pour se filer les chocottes. Ils vivaient dans les séries télé, les romans et au cinéma. Les zombies étaient des créatures fictives. Ça n'existait pas.
Or, ce qu'il y avait là dehors, c'était tout ce qu'il y avait de plus vrai. Ces choses qu'étaient devenue une grande partie de l'humanité existaient réellement. Elles tuaient réellement. Elles étaient des dangers réels.
C'était le monde réel. Ce n'était pas une fiction.
Bokuto, lui, il aimait bien les appeler les zombies. Ça lui donnait l'impression que rien n'était vrai, que finalement, ce n'était qu'un cauchemar et qu'il finirait par se réveiller dans son lit, avec une odeur de petit déjeuner qui lui chatouillerait les narines, et la voix de sa mère qui lui ordonnerait de se lever.
C'était bien de rêver encore retrouver sa vie d'avant, de croire que tout ce qu'ils vivaient maintenant n'était qu'une chimère, si ça pouvait lui permettre de rester fort. Mais il ne fallait pas que cela le conduise à prendre sa vie à la légère. Après tout, dans un simple songe, on ne peut pas mourir. Alors pourquoi s'inquiéter d'être mordu par un infecté, ou bien saigné par un survivant un peu trop agressif ?
Peu importe comment Akaashi y regardait, il ne pouvait toujours arriver qu'à une conclusion : ce garçon avait besoin de quelqu'un pour veiller sur lui. Quelqu'un pour assurer ses arrières et le regonfler dans ses moments de faiblesse émotionnelle. Seul, il ne survivrait pas une semaine.
C'était ce qu'il pensait. Ou bien peut-être était-ce juste ce qu'il voulait se persuader de croire parce qu'il ne voulait pas que Bokuto le quitte. Parce qu'au fond, peut-être que c'était lui qui ne survivrait pas seul une semaine.
— La route à l'air dégagée. On y va ?
Ramené à la réalité, Akaashi lança un rapide coup d'oeil à son ami. Il avait un bout de tuyau en fer d'environ un mètre de long dans la main, et le regard vif. Il était aux aguets. Keiji balaya rapidement la rue des yeux. Ils étaient seuls. Il n'y avait pas même un rat. Il hocha la tête.
— Allons-y.
Se déplacer dans la rue était toujours un moment terriblement stressant, et épuisant parce qu'il fallait rester attentif à 100% à chaque seconde. Un instant d'inattention, aussi court soit-il, pouvait être fatal.
Marcher en longeant les bâtiments pouvait sembler être une bonne idée à première vue, mais il suffisait qu'un infecté se trouve à l'intérieur d'un magasin pour qu'il leur saute dessus à travers la vitrine sans qu'ils n'aient le temps de reculer. Cependant, marcher au milieu de la route les rendait plus visibles.
Enfin, cela restait quand même, dans la pratique, le choix le moins dangereux, parce que certains infectés devenaient aveugles lorsque la maladie progressait.
Le plus important, c'était de rester silencieux.
Ils s'engagèrent sur la route, cote à côté. Leurs épaules se frôlaient par moment tant ils étaient proches, et c'était rassurant. L'un surveillait à gauche, l'autre à droite. De temps en temps un coup d'oeil en arrière. Heureusement, les infectés ne se souciaient pas de faire du bruit, eux, alors dans le calme irréel de la ville, il arrivait souvent qu'ils les entendent arriver de loin.
Cela donnait à la cité un air tellement curieux, d'être plongée ainsi dans le silence. Ils étaient à Tokyo ; à une époque, la capitale japonaise avait été un endroit bruyant et agité. Voir les rues si vides et calmes pouvait donner l'impression que rien n'était réel. Leurs chaussures frottaient sur le goudron de temps à autre, mais hormis cela, rien. Le calme total.
Ils dépassèrent un McDonald, et Akaashi sentit le pas de Bokuto ralentir légèrement. Il devait tenter de se souvenir quel goût avait son burger préféré, quand il pouvait encore venir traîner là après les cours. Quand l'épidémie avait commencé, il était en deuxième année de fac. Akaashi, en première année.
Ils n'étaient que des adolescents, Akaashi n'était même pas encore majeur, ils n'étaient pas censés avoir à se battre pour leur survie au jour le jour, sans assurance qu'ils verraient le soleil se lever le lendemain, où même qu'ils vivraient jusqu'au soir.
Ils s'étaient établis dans l'arrière-boutique d'une ancienne papeterie, dans un petit village à la sortie de la capitale. Cela leur permettait, en cas d'attaque, de pouvoir fuir par devant ou par la sortie de secours à l'arrière. Cela faisait déjà deux jours qu'ils étaient là, et pour l'instant, il ne leur était rien arrivé tant qu'ils étaient cachés. Ils savaient cependant qu'ils ne pourraient pas rester indéfiniment.
— Tu as faim ? demanda Akaashi quand ils posèrent leurs sacs sur le sol poussiéreux de leur base.
— Un peu, répondit Bokuto. Il s'assit sur la couverture qui lui servait de lit, son sac entre les jambes, et il entreprit d'en sortir les quelques boites de conserve qu'il avait récupérées dans l'appartement qu'ils avaient visité.
— Du bœuf séché ça te va ?
— On va dire que oui...
Il soupira très lourdement.
— Je crois que je pourrais tuer juste pour des nouilles instantanées à ce niveau !
Akaashi sourit. Ils devaient utiliser leur eau avec parcimonie, alors il était hors de question de consommer de la nourriture qui en nécessitait. Il alla fouiller dans leur sac de provisions pour en récupérer leur maigre repas du soir, et il revint s'asseoir près de son ami.
— Personnellement, j'ai envie d'un sukiyaki, avoua-t-il.
— Un barbecue ! s'écria alors Bokuto, faisant presque sursauter Akaashi. Je veux manger un barbecue. Avec pleiiiin de viande !
Il le voyait presque devant lui, il arrivait presque à sentir l'odeur juteuse de la viande grillée. Akaashi sourit. La cuisine de sa mère lui manquait, la nourriture cuisinée lui manquait. Mais ils ne seraient peut-être jamais en mesure d'y goûter à nouveau.
Ils mangèrent en silence. La nuit était presque totalement tombée et ils avaient allumé une unique bougie pour s'éclairer un peu. Ça aurait presque pu ressembler à un dîner aux chandelles dans d'autres circonstances, dans une autre vie. La pensée fit sourire Akaashi.
Il avait rencontré Bokuto presque trois mois auparavant, alors qu'ils cherchaient tous les deux des provisions dans un konbini. Il avait failli l'attaquer au début, le prenant pour un infecté, mais il s'était avéré qu'il était juste un gars qui ne faisait pas attention au bruit qu'il pouvait faire et qui pourrait attirer un danger.
Ni l'un ni l'autre ne savait vraiment où il allait ou ce qu'il devait faire, ils avaient tous les deux été, d'une façon ou d'une autre et par un triste concours de circonstances, séparés de leurs familles et de toutes leurs connaissances, alors ils avaient décidé de voyager ensemble.
Ils ne savaient pas vraiment où ils allaient et ils progressaient doucement. Ils fouillaient beaucoup, devaient faire attention, beaucoup se cacher, et parfois se battre.
C'était le quotidien des survivants.
— Je prends le premier tour de garde, proposa Keiji quand ils eurent fini de manger.
Dormir tous les deux en même temps était bien trop dangereux.
— Tu es sûr ? T'as l'air crevé.
Bokuto fronça les sourcils en le regardant, l'air un peu inquiet.
— C'est bon, assura le premier en hochant la tête, et il étira un petit sourire qui se voulait rassurant. Repose-toi, je te réveille dans deux heures.
— ... ok.
Bokuto se coucha sur sa couverture, se tournant dos à son camarade pour faire face au mur. Il se mettait toujours comme ça quand il dormait. Akaashi se demandait parfois si c'était parce qu'il ne voulait pas qu'il le voie pleurer. Mais pleurer était tellement légitime dans leur situation. Ils avaient perdu leurs vies, perdu leurs familles, leurs amis, et ne savaient même pas à quel espoir infime se raccrocher.
Celui de voir un jour leur civilisation se reconstruire semblait bien chimérique.
Tout comme celui de revoir leurs familles.
— Ki.
— Quoi ?
Akaashi tourna la tête vers Bokuto qui lui tournait toujours le dos. Par-dessus son épaule, il voyait cependant qu'il tenait dans les mains la peluche trouvée dans le dernier appartement qu'ils avaient visité, et dont il voulait faire leur mascotte.
— On pourrait l'appeler Ki. Écrit avec le kanji de espoir. T'en penses quoi ?
Keiji eut un pincement au coeur.
— Oui, acquiesça-t-il. C'est un nom parfait
C'est vrai, ils ne devaient pas perdre tout espoir. S'ils le faisaient, alors ils finiraient par totalement perdre la raison. Peut-être qu'ils prendraient même le même chemin que toutes les personnes suicidées dont ils avaient trouvé les cadavres. Après tout, quel intérêt y avait-il à vivre dans un monde comme celui-là si on n'avait même plus un espoir auquel se raccrocher.
Quelques instants après, la respiration de Koutaro s'était alourdie et ralentie, signe qu'il s'était endormi. C'est là que débutèrent les deux longues heures de garde d'Akaashi. Il n'aimait pas devoir être réveillé seul, au milieu de la nuit. C'était les moments où il n'avait rien à faire, et où il se mettait à penser.
Et il n'aimait pas penser.
Tout du moins, c'était le cas depuis que tout ça avait commencé.
Il s'était assis en tailleur, le dos appuyé contre un mur près de la porte. Il avait son couteau dans la poche, et une barre en acier posée sur les jambes. C'était ses deux armes principales. Le couteau était pratique parce qu'il tenait dans sa poche et qu'il pouvait ainsi le dégainer facilement et l'avoir toujours à portée de main. La barre métallique, elle, était utile pour sa portée. Elle devait facilement mesurer un mètre. Un bon coup dans la tête déséquilibrait suffisamment les infectés pour lui laisser le temps de s'éloigner et de fuir.
Enfin ça, c'était s'il n'y en avait qu'un, ou deux à la limite. Quand il y en avait toute une bande, c'était plus difficile.
Heureusement, depuis qu'ils étaient sortis de Tokyo au profit d'une ville voisine beaucoup plus petite, ils n'avaient plus vraiment croisé de horde.
Malgré tout, il avait toujours, ancrée dans le ventre, la peur qu'un jour, ils soient attaqués par un si grand nombre de ces vies perdues qu'ils ne soient pas capables de les maîtriser. Et qu'arriverait-il alors ? Cette simple question avait le don de lui retourner l'estomac. Cela lui faisait vraiment peur. Il ne voulait pas mourir. Pas pour l'instant en tout cas.
Aussi vain que cela puisse sembler, il voulait encore se raccrocher à un espoir. Même si le monde ne retournerait jamais à ce qu'il avait un jour été, peut-être que l'Humanité pourrait se reconstruire. Peut-être qu'elle survivrait à l'épidémie, et viendrait à bout des infectés. Et alors peut-être qu'ils pourraient retrouver un semblant de vie qui les rendraient heureux. Peut-être qu'ils tomberaient sur une colonie de survivants qui les accueilleraient, à force de chercher. Ils ne devaient pas encore perdre espoir. Pas encore accepter que leur sort était peut-être déjà scellé.
Il tendit l'oreille, et tout était parfaitement silencieux. Il entendait la légère respiration de Bokuto, et uniquement le silence. Il aurait même pu dire que c'était trop silencieux. Ils n'avaient pas croisé d'infecté depuis le milieu de l'après-midi. Cela arrivait, ce n'était pas vraiment inquiétant. Cela faisait plusieurs mois que l'épidémie avait débuté. Beaucoup de personnes qui avaient été infectées étaient mortes désormais. Le mal rendait fou pendant un moment, mais conduisait tout de même inévitablement à la mort. Alors dans les petites villes, cela arrivait de ne pas en croiser pendant plusieurs heures.
C'était reposant, mais cela donnait un peu le vertige. Ils étaient probablement seuls ici. Vraiment seuls. Peut-être que quelques animaux sauvages traînaient, mais ils étaient les seuls humains. Où étaient les autres ? Où étaient leurs amis ? Où étaient leurs familles ? Et dans les autres pays, la situation était-elle similaire ? Cela faisait belles lurettes que les moyens de communication avaient été coupés, à part pour quelques personnes qui avaient su trafiquer des radios. Lorsque l'anarchie s'était installée, cela avait été comme revenir au moyen-âge.
Akaashi se rappelait que quelque temps avant le début de l'épidémie, il avait promis à sa mère de rentrer à la maison pour les prochaines vacances. Il avait même déjà prévu de rencontrer quelques amis du lycée qu'il n'avait pas vus depuis qu'il était entré à la fac. Au final, rien de cela ne s'était produit. Ne se produirait jamais. Avec de la chance, sa mère et son père avaient été évacués au début de l'épidémie, ou bien ils avaient su se cacher et survivre. Et peut-être qu'il les reverrait. Il préférait ne pas penser aux autres éventualités.
Le temps passa comme ça. À un moment, il entendit du bruit, mais il ne s'agissait que d'une meute de chiens qui disparurent rapidement. Et le calme plat reprit ses droits. Akaashi se prit à se demander ce que deviendrait le monde si les humains en disparaissaient totalement, décimés par la maladie. Sûrement que la nature reprendrait ses droits. Et cela prendrait sans doute des centaines de milliers d'années, mais peut-être que toute trace de l'humanité finirait par disparaître, dévorée par une nature vengeresse récupérant les territoires que l'Homme avait volés au profit de son propre développement.
Peut-être que ce serait un juste retour des choses. Peut-être que l'épidémie et les infectés étaient un premier soulèvement de la nature contre les humains qui avaient voulu, se prenant pour Dieu, la dompter.
Aah, ça n'allait pas du tout. Voilà qu'il se mettait à penser comme un hippie. Il soupira et se leva. Il avait le pied gauche tout engourdi, alors il fit quelques pas dans la pièce. Il s'approcha de Bokuto et constata qu'il dormait toujours, Ki serré contre son torse. Il avait l'air incroyablement paisible lorsqu'il dormait. Son visage taché de poussière était détendu, avec la méchante cicatrice qui courait sur son menton encore rouge et couverte de sang caillé. Il se l'était faite un jour en trébuchant, n'ayant pas su se réceptionner à temps. Dans l'idéal, il lui aurait fallu des points de suture, mais ils n'avaient pas le matériel nécessaire. Au final, la blessure s'était refermée, et ils avaient eu de la chance qu'elle ne s'infecte pas. Ils avaient sacrifié de précieuses rations d'eau pour la nettoyer, mais cela avait au moins été utile.
Et alors qu'il était concentré sur le visage de son ami, il entendu du bruit à nouveau. Et cette fois, cela n'avait pas l'air d'être une simple meute de chiens...
Voilààààààà ! J'espère que ça vous a plu ! En vrai, ça me stress un peu d'être de retour sur le site après une si longue absence, haha !
J'espère avoir vos avis, et vous retrouver pour le prochain chapitre !
A bientôt !
