Bonjour à tous et à toutes !
Anacoluthe, pour vous servir :-)
Ceci est ma première fanfiction, du moins postée. Je vous prierai donc d'être indulgents mais n'hésitez pas à me laisser un commentaire, qu'il soit bon ou moins bon.
J'espère que l'ambiance vous plaira et vous transportera directement. Une histoire est faite pour voyager alors à moins que vous n'y viviez ou l'ayez visitée, j'espère que la Nouvelle-Orléans de mon esprit aura l'effet désiré.
DISCLAIMER : l'univers d'Harry Potter et tout ce qui y touche appartient à la brillante JK Rowling. Seule l'histoire est à moi.
Je vous souhaite bonne lecture !
Anacoluthe
Bienvenue à la Nouvelle-Orléans !
Chapitre 1
Elle descendit du car et posa son pied par terre. Elle avança ensuite vers la soutte pour récupérer son bagage. Quand elle l'eut en main, elle remercia le chauffeur et tourna les talons.
Elle prit une grande bouffée d'air et fit enfin face à sa destination.
La Nouvelle Orléans. Cité du blues et du jazz, mais aussi des traditions et croyances multiples. Son architecture française lui donnait un air chaleureux bien que dangereux. Elle avait pris note de tous les conseils possibles, que ce fusse en matière de visite ou de précautions à prendre. Les globetrotters disaient par exemple de déambuler sur le marché aux puces, d'écouter des groupes de musique en live dans les rues ou encore d'aller goûter les plats typiques dans tel ou tel restaurant. Et elle comptait bien les suivre tous ! Sauf un : éviter le Quartier Français le soir ou la nuit. Après tout, elle était là pour découvrir cette ville qui l'intriguait tant, non ?
Sur ces sages décisions, elle fit rouler sa valise, le bruit des roulettes résonnant contre les murs des maisons encore endormies à sept heures du matin. Elle avait décidé de prendre l'avion la veille en partance de Londres et de dormir dans un hôtel proche de l'aéroport avant de monter dans un car en direction de cette charmante ville, qui plus était ensoleillée à cette période de l'année.
La jeune femme prit une grande inspiration et souffla lentement, emplissant ses poumons de cet air … particulier. Elle fut soudainement prise d'un long frisson et se retourna. Personne ne la suivait. Elle jeta un coup d'œil aux fenêtres des maisons. Et personne ne l'observait. Alors pourquoi avait-elle cette sensation d'être accompagnée ? C'était étrange.
Elle secoua la tête et profita de son arrêt pour sortir sa carte de la ville et de repérer la croix qu'elle avait faite à l'endroit même où devait se trouver son hôtel. Elle reprit la route, sa valise dans la main gauche et la carte dans la droite. Une chance qu'ils eussent eux aussi des petits panneaux indiquant le nom des rues. Quand elle trouva finalement la bonne, elle sourit et grogna de contentement. D'un pas motivé, elle entra dans le hall principal, étroit mais bien décoré et reflétant selon elle plutôt bien l'esprit de la région. L'endroit était rénové de façon actuelle, cela se voyait, mais les architectes et peintres en bâtiment avaient réussi à garder l'atmosphère et l'ambiance originelle.
Un sourire aux lèvres, elle salua le réceptionniste :
- Bonjour Monsieur. Je viens d'arriver en ville. J'ai réservé une chambre simple avec salle-de-bain privative pour une semaine.
- Bonjour Mademoiselle, répondit l'homme en parfait français. Il était grisonnant et avait la peau burinée par le soleil du sud des États-Unis. Une chambre simple, dites-vous ? À quel nom, je vous prie ?
- Granger Hermione.
L'homme chercha un instant dans l'ordinateur avant de sourire et d'ouvrir un tiroir du comptoir. Il lui tendit une clé ancienne de sa main marquée par les années.
- Vous avez la chambre 62, avec vue sur la rue. Elle est au troisième étage. Votre salle-de-bain est individuelle et votre lit, simple. Le petit-déjeuner se sert entre sept heures trente et dix heures. Il vous est possible de souper au restaurant de l'hôtel si vous le désirez, à condition de réserver une table la veille au soir à la réception et de signaler le nombre de personnes. Trois menus vous seront alors présentés et vous pourrez choisir l'un d'entre eux. Bien entendu, comme cela ne fait pas partie de votre choix de réservation, un supplément sera ajouté à votre facture.
- Évidemment, concéda la jeune femme en prenant les clés que le réceptionniste lui tendait.
- Je vous souhaite un excellent séjour à la Nouvelle-Orléans, termina le réceptionniste.
- Merci, répondit-elle en souriant de toutes ses dents, déjà surexcitée à l'idée de vivre une semaine complète sur ces anciennes terres coloniales.
La jeune femme prit alors l'escalier, monta les trois étages et trouva sa chambre. Elle entra la clé dans la serrure, tourna et actionna la poignée. Elle découvrit une chambre de taille moyenne avec un lit une personne, une garde-robe, une petite table de nuit, une lampe de chevet et une lampe sur pied. Elle appuya sur l'interrupteur, posa sa valise sur son lit et ouvrit la porte de la salle-de-bain : petite, simple mais propre. Elle alla ensuite tester le matelas et constata qu'il était suffisamment confortable. Pas trop dur, pas trop mou, pile comme il fallait. Elle haussa les épaules en soupirant : c'était plutôt pas mal pour ces régions du monde, se dit-elle. Puis, elle se mit à bailler à s'en décrocher la mâchoire. Elle regarda sa montre et se dit qu'à cette heure-là, il n'y avait probablement personne dans la ville. Et le calme plat ne l'intéressait pas pour le moment. Elle opta alors pour l'option sieste. Elle détacha ses cheveux, enleva sa montre et ses chaussures et se recouvrit des draps.
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Elle fut réveillée par l'activité au dehors. Doucement mais surement, elle ouvrit les yeux, s'étira et sourit. Elle se souvenait d'où elle était, à peine désorientée par l'environnement. Elle regarda sa montre et ouvrit des yeux de hiboux : trois heures de l'après-midi ?! Merci le décalage horaire. En pensant à ça, elle constata qu'elle n'avait pas encore faim. Elle haussa les épaules, se leva et se changea. Après un rapide coup d'œil à ce qu'elle avait apporté, elle choisit un top fleuri à fines bretelles croisées dans le dos, un jean dont elle retroussa les bords de manière à ce qu'ils lui arrivent juste au-dessus des chevilles et une veste en jean. Un courant d'air et elle frissonnerait, alors autant jouer la sécurité. Elle retira de son sac à main les choses encombrantes et garda l'essentiel, chopa les clés au passage, verrouilla sa porte et quitta le bâtiment en souriant gaiement au réceptionniste de l'après-midi : il était beaucoup plus jeune, avait des cheveux courts et noirs ainsi que la peau blanche.
Dehors, les rues bouillonnaient d'activités : les maraichers, les musiciens, les artistes, les groupes de touristes et leur guide. Partout, il y avait des gens, originaires ou non de la région. Hermione fut tout de suite plongée dans cette effervescence et se sentit tout à fait dépaysée. Elle adorait plutôt cela, d'ailleurs. Cela la changeait des rues mondaines et grouillantes d'employés en costard-cravate-baskets, courant sur les trottoirs pour être à l'heure. Elle aimait Londres, mais elle sentait qu'elle adorerait la Nouvelle-Orléans. C'était atypique.
La jeune femme mit ses lunettes de soleil sur son nez et, son sac à main sur l'épaule, parcouru lentement la Grand-Rue, là où le marché était le plus florissant. Elle prit en photo tout ce qu'elle put, elle ne voulait oublier aucun instant, bien que déjà le simple fait d'être là était inoubliable. C'était comme vivre un rêve éveillé.
Deux heures plus tard et quelques objets « porte-bonheur » en poche, elle chercha un endroit où se restaurer. Elle s'arrêta soudainement en plein milieu de la rue, évita quelques vélos puis se retourna.
- Hun ? fit-elle, perplexe.
Un établissement aux couleurs vert canard et argenté craquelées se dressait devant elle. Une enseigne était suspendue et indiquait le mot « Malefoy's » et en-dessous
« Depuis 1730 » en français. Un serpent aux écailles sombres sculpté dans le bois de l'écriteau zigzaguait entre les lettres pour ensuite en sortir et terminer sa course, enroulé au pied de l'une des colonnes de style français de l'avancement du bâtiment. Les fenêtres étaient en réalité des vitraux représentant des scènes étranges qu'elle n'arrivait pas à comprendre.
Soudain, son estomac se mit à gargouiller. Elle y posa la paume de sa main et décida d'entrer : elle allait probablement trouver de quoi satisfaire son appétit grandissant.
Elle poussa la porte et se retrouva dans un couloir court et étroit, obscur. Elle avança et dut pousser une double porte pour entrer dans la salle principale. Un homme était assis à un piano dans le fond à gauche de la salle sous une mezzanine au garde-fou en bois noir. Hermione ne put que distinguer sa silhouette car il y faisait assez sombre. À droite de la salle, le long du mur se trouvait un bar aux armoires emplies de bouteilles de couleurs et liqueurs différentes. Une jeune femme aux cheveux noir corbeau attachés en queue de cheval semblait s'affairer derrière le comptoir en vieux bois.
- Bonjour, lança-t-elle.
L'air de piano loupa une note et la jeune femme releva la tête d'un coup. Hermione eut l'impression de ne pas être à sa place. Le regard de la noirette lui faisait presque froid dans le dos et semblait la transpercer. L'homme, quant à lui, ne bougea pas tout de suite, mais Hermione devina qu'il tendait l'oreille.
- Bonjour, répéta-t-elle. Je me demandais s'il était possible de se restaurer ici ?
La noirette haussa un sourcil mais ne répondit rien.
S'ils ne parlent pas anglais, je rigole, pensa la jeune femme, mal à l'aise.
Un ange passa et l'homme au bout de la salle décida enfin de se lever. Il s'approcha d'une démarche nonchalante, sinuant entre les tables difformes et vint se poster en face d'elle. Il était grand et longiligne bien que sa carrure semblât forte et musclée. Il était habillé tout de noir d'un costume trois pièces dont il avait enlevé la veste. Seule sa cravate était blanche. D'un blanc immaculé. Presque comme ses cheveux, d'ailleurs. Ses traits étaient fins et harmonieux. Il avait la peau pâle et les yeux d'un bleu-gris particulier, ce qui accentuait encore plus le platine de ses cheveux. Hermione se demanda si c'était une coloration mais laissa tomber l'idée quand il tourna la tête vers la serveuse et que la lumière illumina quelques-unes de ses mèches qui brillèrent d'un éclat naturel.
- Pansy, tu n'aurais pas envie de répondre à la demoiselle, par hasard ? demanda-t-il d'une voix grave et trainante.
L'intéressée retroussa le nez avant de prendre un sourire mielleux.
- Nous sommes désolés, Mademoiselle, mais nous ne faisons aucune restauration pour le moment, fit la jeune femme d'une voix faussement aimable.
Hermione eut soudainement l'impression de déranger mais ne se laissa pas démonter. Cette fille n'allait pas lui gâcher la première soirée de ses vacances parce qu' « ils ne faisaient pas de restauration pour le moment ». Elle releva le menton et les épaules.
- Bien. Alors à quelle heure puis-je revenir ?
Ladite Pansy échangea un regard avec l'homme blond, la tête penchée, un avertissement dans le regard. Celui-ci ne sembla pas en prendre compte et dévisagea Hermione, un sourire narquois aux lèvres.
- En réalité, nous ne sommes pas encore ouverts, ma jolie, l'informa-t-il.
- Mince, je ne savais pas, je …
- La prochaine fois, la coupa Pansy, regardez les horaires.
Hermione réfléchit une seconde puis rétorqua qu'il n'y avait rien d'affiché.
- Internet, vous connaissez ? fit sèchement l'autre.
Hermione faillit avoir un mouvement de recul en l'entendant. Elle bloqua un instant, l'air probablement ahuri.
- Je connais Internet, oui, répondit Hermione lentement avant de reprendre d'un ton agressif. Par contre, je ne connais pas la Nouvelle-Orléans puisque je viens d'arriver. Alors si vous pouviez avoir l'amabilité de me parler de manière civilisée, je vous en serais reconnaissante. Sur ce, je vais voir plus loin si l'accueil est plus chaleureux. Bonne soirée à vous.
Elle croisa le regard du blond un instant avant de tourner les talons. Passée la porte, elle marmonna un « Non, mais ! » indigné. Quelle désagréable personnage ! Depuis quand les établissements engageaient des personnes incapables de contact cordial avec les gens ? C'était une aberration, selon Hermione. La jeune femme sortit et respira un bon coup pour relâcher la colère qui avait commencé à grandir en elle. Les mains sur les hanches, elle secoua la tête, encore ébaubie face à tant d'hostilité.
À l'intérieur, l'homme aux cheveux d'or regardait Pansy sans rien dire, la tête légèrement penchée, un sourire sur les lèvres.
- Oh, ne me regarde pas comme ça, toi ! Tu sais très bien ce que j'en pense, des gens comme ça.
L'intéressé haussa les yeux au ciel avant de prendre la direction de la sortie. Il fut un instant ébloui par le soleil couchant puis, y voyant un peu mieux, regarda à gauche, à droite et repéra la jeune touriste. Il trottina jusqu'à elle et la héla. Elle se retourna pour voir qui l'interpellait puis secoua la tête, ne voulant probablement pas le voir. Elle continua sa route en accélérant le pas.
- Mademoiselle ! Attendez !
- Pourquoi vous attendrais-je ? fit-elle, sèchement.
- Je tenais à vous expliquer … (Il se mit à marcher en arrivant à sa hauteur, se callant sur son pas.) Je tenais à vous présenter des excuses pour le comportement de ma collègue. Elle n'est guère enthousiaste face à de nouveaux visages.
- Non, vraiment ? dit Hermione, sarcastique.
L'homme ricana puis reprit la parole pendant qu'Hermione regardait à gauche et à droite.
- C'est l'impression qu'elle fait à tout le monde. Mais il ne faut pas vous fier à votre première impression avec elle. (Hermione émit un grognement peu convaincu.) Que faites-vous ? la questionna-t-il.
- Ça ne se voit pas ? Je cherche après un autre endroit où manger et où je serai accueillie de manière plus amicale.
Il pouffa à nouveau, amusé.
- Vous avez un sacré caractère, vous savez. D'où venez-vous, comme ça ?
L'intéressée se stoppa net, surprenant l'homme au passage. Il se tourna vers elle et vit sur son visage une expression dure et méfiante.
- Pourquoi je vous dirais d'où je viens ? Après tout, j'ai pratiquement été jetée dehors par votre collègue.
Il lui adressa son regard le plus étonné, le sourcil haussé.
- Quoi ?
- Ne me dites pas que vous êtes encore au stade « Je ne parle pas aux inconnus parce que mes parents me l'ont interdit. » ?
La jeune femme leva les yeux au ciel et reprit sa route. Elle constata qu'il la suivait toujours, cette fois-ci en silence.
- Vous allez me suivre encore longtemps ? Vous n'avez pas autre chose à faire, comme, je ne sais pas, moi … servir au bar ?
- En fait, non.
- Non ?
- Non.
- Donc vous êtes un gros misogyne qui laisse sa collègue gérer la clientèle toute seule ? s'offusqua la jeune femme.
Il lui lança un regard, sourcils froncés mais les yeux amusés.
- Vous … Oh d'accord ! fit-il, comme s'il venait de comprendre quelque chose de crucial. Bien sûr, c'est évident. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?
- Vous pourriez m'expliquer ? réclama la jeune femme, agacée et perdue.
- Évidemment. En fait, Pansy est barmaid.
- Et vous barman, et donc ?
- Je ne suis pas barman, ma jolie, je suis le tenancier de ce bar.
Hermione écarquilla les yeux et ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois de suite, se sentant ridicule.
- Je ne savais pas, je …
- Stop ! Arrêtez ça tout de suite, je déteste quand les gens bafouillent, surtout quand ils n'auraient pas pu savoir. (Il lui jeta un coup d'œil alentours, regarda sa montre à gousset puis sourit sincèrement à Hermione.) Vous cherchez un endroit pour manger, pas vrai ? Je connais un resto plutôt sympa. Suivez-moi, l'invita-t-il d'un mouvement de la main.
Il la vit plisser les yeux de scepticisme. Puis, d'une voix où résonnait la résignation, elle dit :
- C'est parce que le décalage horaire commence à se faire sentir, sinon je vous aurais remballé sans hésitation.
L'homme eut un rire de gorge.
- Le décalage horaire, hein ? Laissez-moi deviner : Californie ? Non, vous avez un accent trop différent que pour être américaine. Canada, alors ?
Amusée, la jeune secoua la tête.
- Alaska ?
Nouvelle négation.
- Royaume-Uni ? s'étonna-t-il.
- Oui.
- Eh bien, vous en avez fait du chemin pour aller en vacances, ma jolie. Vous vous rendez compte qu'il existe plus exotique, comme destination ?
- Je ne suis pas idiote. Mais rien n'est plus atypique pour moi que la Nouvelle-Orléans.
- Vraiment ?
- Mmh mmh ! Je suis attirée par cette ville depuis toute petite. Quand j'étais petite, à l'école, un de mes camarades de classe a fait une élocution sur Big Easy, comme vous l'appelez, et je suis littéralement tomber amoureuse ! dit-elle avec des grands gestes et un sourire béat. Et maintenant que j'y suis … Je n'arrive pas y croire. J'ai l'impression d'avoir cinq ans et d'avoir reçu le cadeau de Noël que je voulais, s'amusa-t-elle avant d'être subitement embarrassée. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela, c'est idiot. On ne se connait même pas.
Puis elle vit le regard que lui lançait le blond : il la regardait comme s'il voulait lui poser une question. Son regard était transperçant, hypnotisant, perturbant. Elle fit un petit pas en arrière et fronça les sourcils.
- Pourquoi est-ce que vous me regardez comme ça ? J'ai un truc sur le nez, c'est ça ?
- Non, du tout, répondit-il sans pour autant changer sa manière de la regarder. Vous êtes fascinante.
- Je vous demande pardon ?
- Vous n'avez rien remarqué ?
- Remarqué quoi ?
- En entrant dans mon bar, vous n'avez rien remarqué ?
- Vous commencez à me faire peur, là.
- Oh, j'en suis navré. En vérité, peu de gens entre dans mon bar.
- Pourtant vous êtes situé en plein milieu de la rue principale, ce n'est pas comme si l'on pouvait le louper.
- Pas faux. Enfin, ce n'est rien. Ce n'est pas important. (Il frappa soudainement dans ses mains, souriant de toutes ses dents.) Bon, si on allait manger ?
- Puisque vous insistez, céda gentiment la jeune femme.
Elle tourna alors les talons et commença à marcher. Il l'arrêta, lui demandant ce qu'elle faisait.
- Je retourne au Malefoy's, pourquoi ?
- Non non non ! fit-il en secouant l'index. Il la prit par les épaules et lui montra d'un geste circulaire l'autre côté de la rue : Nous allons manger typiquement français, expliqua-t-il en terminant sa phrase en parlant justement français.
- Français ?
- Exactement. Alors, vous venez ? demanda-t-il avec un haussement de sourcil provocateur et lui présentant son bras.
Hermione le regarda en coin avant d'accepter son bras, sceptique mais amusée. Elle ne se serait sûrement pas laissé inviter par un inconnu en temps normal, mais ici, elle avait comme l'impression qu'il ne lui arriverait rien. Elle ressentait une étrange connexion, comme s'ils s'étaient déjà rencontrés, alors que ce n'était sûrement pas le cas. Elle s'en serait souvenue. Un homme pareil, ça ne s'oublie pas ! se dit-elle intérieurement. Elle se laissa alors conduire au beau milieu des rues, l'écoutant lui expliquer rites et coutumes de la Nouvelle-Orléans jusqu'à ce qu'ils arrivent là où l'homme voulait les mener.
Ils s'arrêtèrent devant un restaurant assez moderne et qui ne suivait absolument pas l'architecture habituelle de la ville. Hermione s'en étonna et il lui expliqua que le bâtiment d'origine avait été détruit dans un incendie. Donc les propriétaires avaient dû tout reconstruire, en profitant pour accentuer le côté chic. Il était vrai que la bâtisse devant eux était particulièrement belle. Des grandes baies vitrées encadraient la double-porte d'entrée en bois épais et sombre. Une enseigne indiquait « Le bord de mer » en lettres bordeaux.
Le blond la fit s'avancer vers la porte mais Hermione s'arrêta brusquement, comme choquée.
- Que se passe-t-il ?
- On est bien d'accord que si vous êtes le tenancier du Malefoy's et qu'il est sur pied depuis 1730, vous devez être un descendant du créateur. Ce qui veut dire que votre nom est Malefoy.
- Excellente déduction, miss …
- Hermione Granger. Enchantée de faire votre connaissance.
- Tout le plaisir est pour moi, Miss Granger, dit-il en lui faisant une élégante révérence.
- Au moins, je sais maintenant qui je vais remercier en fin de soirée.
- Remercier ?
- Pour l'addition.
- Qui vous dit que je comptais payer l'addition ? lui demanda-t-il, le visage subitement fermé.
La jeune femme fit prise de court mais se reprit bien vite : elle haussa les épaules et rétorqua avec désinvolture qu'ils paieraient chacun leur part, dans ce cas. Il lui rendit un regard surpris, il ne s'attendait probablement pas à ce qu'elle lui réponde aussi vite et avec autant de répartie. Cela l'amusa et il lui dit :
- Je vous aime bien. Vous avez de la chance, je suis tout d'un coup d'humeur à payer entièrement l'addition, fit-il pour plaisanter. Ce à quoi elle répondit :
- Je vais vite en profiter avant que vous ne changiez d'avis, alors. Dépêchons-nous, je ne voudrais pas que vous remarquiez que j'ai oublié mon portefeuille à l'hôtel, acheva-t-elle en le tirant pas le bras vers l'entrée, le faisant rire aux éclats par la même occasion.
Ils échangèrent un sourire et passèrent ensuite une agréable soirée.
Au cours de la celle-ci, Hermione avait ouvert la bouche, l'avait refermée, plusieurs fois de suite, comme si elle avait une question à poser ou quelque chose à dire sans oser le faire. Drago comprit qu'il devrait partir à la pêche pour savoir ce qu'elle avait en tête.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.
- Simple curiosité : est-ce que ça a toujours été un bar ? Le Malefoy's, tint-elle à préciser.
- Ah ça … En fait, c'était un club privé, au tout début. Craint. Et pas de bonne réputation.
- Eh bien ! s'exclama-t-elle, surprise par une telle information.
- En effet ... Cela a duré deux siècles.
- Et qu'est-ce qui a modifié ça ? s'intéressa-t-elle, une main sous le menton.
- La politique.
- Vraiment ?!
Il haussa un sourcil provocateur et Hermione se mit à rougir.
- Non. Mon arrière-arrière-grand-père a décidé d'en finir avec cette réputation malsaine. Il a donc fait une annonce publique comme quoi il fermait le bar.
- Il a fait ça ?
- Oui, sans une hésitation. Il est parti quelques temps. Et a fini par revenir. Il a réouvert le bar.
- Ça a fonctionné ? Je veux dire : le fait de changer la fonctionnalité de cet endroit.
- Ça a mis du temps mais les clients se sont ramenés tout doucement. Avec scepticisme. Puis les années ont passé, et … (Il secoua la tête, haussa les épaules et leva les paumes vers le haut.) Le bar est passé de génération en génération et le voilà finalement mien.
Hermione hocha la tête, s'imaginant l'histoire. Ça n'a pas dû être facile pour son ancêtre de prendre cette direction différente, totalement opposée à celle de départ.
- Est-ce qu'il faisait partie de la Mafia ? demanda-t-elle soudainement.
Cette question parut étonner Drago, mais son visage redevint vite neutre.
- D'après les dires, oui. Ma famille n'était pas vraiment portée dans les cœurs des gens. En fait, mon ancêtre est arrivé avec les colons français dans les années 1700. (Hermione écarquilla les yeux.) Quoi ?
- Votre ancêtre côtoyait la royauté anglaise ?
Il ricana puis montra son visage de sa main.
- Je ne pense pas avoir les traits amérindiens, fit-il, sarcastique.
Hermione sourit, embarrassée : elle détestait se sentir idiote – ce qu'elle était loin d'être.
La soirée passa et ils discutèrent longtemps, laissant parfois les silences prendre place, sans la moindre gêne.
Pour un premier soir, c'était plutôt réussi, se dit Hermione en rentrant à son hôtel. Elle serra sa veste autour d'elle, le vent qui soufflait légèrement faisait frissonner sa peau.
- Vous ne saviez pas que le vent existait aussi en Amérique ? lui demanda-t-il, moqueur.
- Si mais je pensais que cette ville en était épargnée, rétorqua-t-elle avec humour. C'est bête, hein ?
Il ricana. Il avait insisté pour la raccompagner, prétextant qu'elle ne savait pas à quoi s'attendre dans les rues inconnues de la Nouvelle-Orléans. Elle avait penché la tête sur le côté, intriguée : il était beaucoup trop galant. Ou alors c'était elle qui n'avait pas l'habitude ?
- On y est, souffla-t-elle sans savoir pourquoi.
Il ne répondit rien et leva plutôt la tête vers le ciel. Il resta silencieux un moment. Hermione en profita pour le détailler un peu plus, découvrant en lui une aura particulière, presque magique. C'était idiot : la seule magie chez lui était qu'il était intensément beau. Ça en aurait ébloui plus d'unes. Mais elle n'était pas du genre à fondre devant un homme qui se montrait galant, qui l'invitait à dîner sans aucune raison alors qu'ils ne se connaissaient même pas. C'était vraiment gentil de sa part, mais il restait un étranger.
Mais il est quand même vachement s…
- La lune est proche, dit-il d'une voix basse.
Il fit un pas vers elle et se retrouva à quelques centimètres. Hermione resserra encore plus sa veste et le regarda avec des yeux de hiboux, se préparant à toute éventualité.
- Et ?
- Je vis dans cette ville depuis que je suis petit et je suis au courant de tout ce qu'il s'y passe, à la lumière comme à l'ombre.
Il marqua une pause, la dévisageant en détail. Hermione n'osa pas bouger d'un pouce. Ce silence était intense, mais pas désagréable. Elle était intriguée : que voulait-il dire ? Il pencha la tête sur le côté et, lentement, délicatement, leva la main vers le visage de la jeune femme pour, du dos de ses doigts pliés, lui caresser la joue. Ce geste était tendre, retenu, mais elle n'y sentit aucune ambiguïté. Étrange …
- Que viens-tu faire ici ?
Hermione regarda Drago, sourcils froncés : elle lui avait pourtant bien dit qu'elle était en vacances, non ? Elle fit un pas en arrière et lui lança un sourire gêné.
- Merci pour cette soirée, c'était délicieux. Le repas. Je veux dire que le repas était délicieux, bafouilla-t-elle.
Il la regarda soudainement avec étonnement, puis avec amusement et un sourire narquois fleurit sur ses lèvres. Il la laissa s'entremêler les pinceaux un moment avant de l'interrompre en se penchant vers elle. Son visage n'était plus qu'à un centimètre du sien. Il l'a vit écarquiller les yeux et se figer. Il profita du silence que son mouvement avait provoqué chez elle. Il savait qu'il les troublait toutes, alors que c'était loin d'être son intention. Quoique …
- Tout le plaisir était pour moi, Hermione, souffla-t-il d'une voix grave, suave et contrôlée.
Il se pencha vers elle encore et déposa un doux baiser sur sa joue. Il la sentit retenir son souffle une seconde avant d'inspirer profondément en se rendant compte qu'il ne l'avait pas embrassée. Il sourit, recula de deux, trois pas en continuant de la regarder d'un air goguenard puis tourna les talons en lui souhaitant une bonne nuit. Il l'entendit répondre faiblement, distraitement.
Quand il fut hors de sa vue, elle secoua la tête violemment.
- Enfin, Hermione, reprend-toi, ma fille ! Tu es en vacances et tu n'es pas du genre fleur bleue. Secoue-toi, ma vieille.
Elle rentra dans l'hôtel, salua le réceptionniste – le vieil homme de la veille – et continua de se parler à elle-même.
- Bon, qu'est-ce que j'ai demain ? Ah oui, visite guidée dans le Bayou. Ça va être bien ! Et ça t'éloignera de cet homme. Bon dieu, c'est bien la première fois que j'ai besoin de prendre du recul par rapport à un homme fraichement rencontré. C'est idiot !
Elle prit une douche chaude, enfila son pyjama et s'endormit d'un sommeil lourd.
Voilà pour ce premier chapitre !
J'espère qu'il vous a plu. Si oui, foncez et laissez-moi votre review, je serai enchantée de voir ce que vous en avez pensé :-)
On évite les critiques non constructives, s'il-vous-plait, hein ? On est gentil avec la débutante ;-)
À bientôt !
Anacoluthe.
