Au Poney de mon coeur, qui me fait vivre chaque jour des heures merveilleuses ! Et à mes béta-readers chéris : Lylou, Bane et tit Smain ! Et pis aux autres, parce que, mine de rien, je les aime aussi !


Je suis seule dans mon coin. Adossée, alanguie depuis des heures, des jours même, me semble-t-il, au comptoir de l'auberge. Dans le silence, je regarde les figures rougeaudes, réchauffées et colorées par la boisson qui viennent régulièrement se resservir près de moi en bière. Je sens évidemment et avec une certaine gène les regards appréciateurs qui parcourent mon corps, tout juste recouvert d'un fin drap blanc. Certains se permettent même d'avantage, quelques mains se font plus balladeuses, au fur et à mesure que la soirée avance, que la nuit s'assombrit, que les pintes se vident.

Je ne bronche pas, je ne bouge pas, je ne réponds à aucun de ces rustres sans manières. Je profite de la chaleur de l'auberge. Je sais bien que d'ici quelques heures, je serai dehors, exposée à tout, regards, froid et intempéries.

A quelques mètres de toi, un couple de jeunes hobbits s'embrasse. Je les envie. Jamais encore, on ne m'a embrassée avec tendresse, et ça ne m'arrivera sans doute jamais, de par ma nature.

Dehors, le jour se lève avec le chant du coq, et comme un signal, deux hommes m'empoignent sans douceur ni délicatesse pour me trainer hors de l'auberge, sur les pavés détrempés. Il pleut, quelle joie. Les autres clients, plus ou moins éméchés nous ont suivis, le sourire imbibé d'alcool aux lèvres. Même le couple de semi-hommes est là, une chope de bière à la main, le regard joyeux de ceux qui savent ce qui va m'arriver et que ça amuse.

On m'enlève brusquement le drap qui me recouvrait. La pluie est froide sur mon corps. Un homme siffle. J'aimerais le fusiller du regard, me redresser fièrement de cette position honteuse sur les pavés, mais je ne peux pas. Je ne peux pas.

Les deux hommes qui m'ont fait sortir me reprennent, et, à bout de bras, ils me soulèvent avec effort tandis qu'un troisième larron me ficelle, m'attache bien solidement.

Une bouteille vole et se brise en mille morceaux sur moi, m'aspergeant copieusement d'alcool. La foule applaudit.

Moi, Enseigne du Poney Fringant, baptisée par une bouteille de bon vin, déclare l'auberge ouverte au public.


Vala ! En espérant que ça vous ait plus !