DRRRRIIIINNNNNNG! La cloche retentit dans l'immense espace en hauteur de la ville, là où se trouvait depuis déjà des centaines d'années : le prestigieux campus de Fuuka, entouré d'une verdure chatoyante et de jardins fleuris bien entretenus.

C'est déjà l'heure, les élèves dans leurs nouveaux uniformes arrivent de toutes parts et certains courent pour ne pas arriver en retard pour leur premier jour. Pour la rentrée vaut mieux arriver à l'heure, se faire déjà remarquer serait une mauvaise idée, n'est-ce pas... Mais évidemment, certaines personnes avaient plus de droits que d'autres notamment dans les écoles privées... Le directeur des universités de Fuuka se devait de garder les meilleurs rapports avec ses plus bons élèves mais également, pour ne pas dire surtout, avec les élèves les plus riches et leur parents parfois investisseurs pour des projets importants pour l'école.

La famille Fujino, l'une des plus riches de Kyoto, était connue pour ses usines, boutiques et divers bar à thé au Japon. Leur unique fille, Shizuru, était l'une des plus jolies jeunes femmes étudiant à Fuuka. Elle n'était pas seulement belle, elle était aussi brillante dans tous les domaines même en sport. Ses parents, aujourd'hui divorcés, ont toujours tout fait pour aider leur fille à rester au top du top : professeurs à domicile, coach physique personnel, maîtres d'arts martiaux réputés... Mais Shizuru malgré tout cet argent n'est pas une femme superficielle et elle n'est pas du genre à se vanter de la renommée de sa famille. Elle a, d'ailleurs, demandé au directeur de Fuuka de ne pas l'inscrire au nom de « Fujino », nom de son père, mais au nom de sa mère « Yatate » pour plus de simplicité et pour faire comme toutes les autres étudiantes de ce lycée et vivre un peu en paix. Shizuru en avait un peu marre qu'on lui fasse la cour parce qu'elle était une Fujino.

- Père ! Je t'ai dit non. Non, tu ne m'accompagneras pas à l'université cette année pour la rentrée !

- Mais pourquoi ?

- Ara, tu le sais. Je ne veux pas arriver comme une princesse dans un carrosse blindé de 9 mètres de long avec un de tes employés en Men In Black pour m'ouvrir la porte.

- Ca te dérange tant que ça ?

- Oui, ça me dérange. Je n'ai pas besoin de tout ça, je peux y aller à pieds ce n'est qu'à 10 minutes et le regard des autres me dérangent aussi, ils sont plein de jalousie et de mépris et ça depuis mon enfance...

- Tu es une Fujino, ma chérie, tu recevras toujours ce genre de regards, je suis désolée pour cela. Je sais que ce n'est pas ce que tu veux. Oui, je sais que ta vie ne sera pas si facile. Mais, ne rejette jamais le nom de notre famille, Shizuru.

- Je sais... Je ne rejette pas le nom de ma famille, père. C'est juste trop lourd à porter parfois, c'est pourquoi j'ai décidé de prendre le nom de maman depuis mon entrée au lycée. Certaines personnes savent que je suis une Fujino, mais la plupart l'ignore et c'est juste que c'est parfois mieux comme ça.

- Très bien mais n'oublie pas qui tu es, ma chérie. Bonne rentrée.

- Ne t'inquiète pas. Merci, père. A plus tard.

Elle partit le sourire aux lèvres, son cartable en cuir à la main. Alors qu'elle regardait avec un visage paisible et détendu les pétales mauves voler en tourbillon sur les trottoirs, une voix familière l'interpella.

- SHIZURU !

- Ah, Reito, c'est toi ! Comment vas-tu ?

- At...tends...laisse...moi, quelques... secondes... pour...

- Ara, monsieur ne s'est pas beaucoup entrainé en sport pendant les vacances on dirait...

- Shizuru !

- Je plaisante, excuse-moi. C'était plus fort que moi. Elle lui fit son plus beau sourire.

En chemin, Shizuru rencontra Haruka et Yukino.

- Vous êtes toujours ensemble à ce que je vois...

- Oui et ? Fit Haruka à Shizuru en relevant un sourcil.

- Non rien, c'est juste une constatation. Fit Shizuru avec un petit sourire envers Yukino qui rougit de suite.

- Shizuru, ne commence pas les taquineries si tôt le matin.

- Ara, ara, j'arrête. Allons-y, nous allons être en retard.

Reito, Shizuru, Yukino ainsi que Haruka entraient cette année dans leur deuxième année à l'université de langue japonaise. De plus, ils faisaient encore cette année partie du conseil général des étudiants réunissant toutes les universités de Fuuka. Il existait au sein du campus plusieurs universités dont celle de psychologie, celle de musique et d'arts, celle de médecine... Il y avait seulement les chambres, les restaurants et la bibliothèque universitaire de commun.

Ils arrivèrent ensemble près du campus, ils pouvaient tous déjà voir au loin les milliers d'élèves déjà présents. Alors qu'ils étaient tranquillement en train de discuter, une moto sportive et bruyante passa à toute vitesse près d'eux faisant voler feuilles et graviers présents sur la route. Cela surpris Shizuru qui eu peur de se faire happer par la moto qui passa très près. C'est alors qu'Haruka s'écria :

- Chauffard ! Pauvre type ! Tu as appris à conduire dans un œuf surprise !

- Calme-toi, Haruka...Euh, qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Fit Reito.

- Ce n'est pas comme ça qu'on dit Haruka, c'est « tu as eu ton permis de conduire dans un œuf surprise »... Expliqua Yukino à sa meilleure amie.

- Oui, oui, je sais... c'est ce que j'ai dit...bref...

- Ce n'est pas possible qu'il y ait de tels gars sur ces énormes motos, ils ne savent même pas respecter les limites de vitesse ! Dit Shizuru une pointe d'agacement dans la voix.

- Tu n'as rien Shizuru, non ? S'enquit Reito.

- Ca va, ca va. Oublions tout ça.

Les voilà sur le campus, ils se dirigent vers leur université qui se trouve juste à côté de l'université de musique et d'arts. Shizuru put apercevoir la moto de tout à l'heure se garer sur le parking du campus avec un crissement de pneu. La personne ne semblait pas très grande et portait une combinaison de cuir noire et rouge.

- Regardez, c'est le chauffard de tout à l'heure. Fit Shizuru en faisant un signe de la tête.

- Ah ouais, ben moi j'attends de voir la tête qu'il a ce gars. S'écria Haruka tout en serrant les poings.

La personne descendit de l'engin, enleva sa combinaison et son casque intégral. Ils restèrent bouche bée en découvrant de longs cheveux sombres volaient au vent et en voyant que la silhouette du motard était bien celle d'une femme et non d'un « gars » comme ils le pensaient.

- Je crois que votre « pauvre type » est en fait une femme. Fit Yukino en analysant la situation.

- On dirait bien... Dit Reito avec un sourire, elle est même très mignonne...

Shizuru avait le regard fixe et troublé, elle avait la bouche ouverte et elle ne put dire que quelques lettres à peine audibles:

- Natsu..ki...

- Shizuru, ca va ? Fit Yukino.

- Hallo, Shizuru! Tu reviens sur terre ? On la perd, je crois ! Haruka commença à la secouer.

- Doucement, Haruka !

- ...Pardon ? Quoi ? Dit Shizuru remettant enfin les pieds sur terre.

- Ça va ? Tu avais l'air bizarre, absente ? Comme si tu avais vu un fantôme... Lui demanda Reito.

- Euh... ca va, ca va, c'est rien. J'étais juste un peu ailleurs, désolée.

- Mouais... Fit Reito avant de lui chuchoter dans l'oreille, tu me diras ça plus tard mais je crois que cette fille t'a tapé dans l'œil ou alors tu la connais…

Shizuru fit mine de rien entendre et ne répondit pas aux hypothèses de Reito. Elle pressa le pas :

- Allez, on entre. Je veux savoir si nous somme tous dans la même classe.

- Ok, ok… Dit Reito un peu déçu de n'avoir eu le scoop qu'il voulait.

Shizuru passa la première devant le groupe et força la marche comme pour éviter quelqu'un. Au croisement d'un chemin, celui menant à l'université de langue japonaise et celle de musique et d'arts, la jeune femme aimant dépasser le mur du son avec son engin à deux roues passa à quelques mètres de Shizuru qui l'évita du regard.

« Non, pas encore cette douleur, je pensais que j'avais avancé. De la revoir, j'en ai le cœur qui saigne à nouveau... C'est elle, c'est Natsuki, mon seul et unique amour, celle qui m'a brisé le cœur en mille morceaux... Elle a changé, elle n'a plus l'air si introvertie et timide... Voilà que mademoiselle conduit une moto à la rebelle... Elle m'a fait tellement de mal... et tellement de bien à la fois… J'ai besoin de fuir, m'enfuir, je ne suis pas prête à lui parler, pas prête… » Pensa Shizuru.


Natsuki tomba sur Shizuru au croisement du chemin et elle scruta le sublime corps de Shizuru qu'elle n'avait pas effacé de sa mémoire depuis ces quelques années. Shizuru évita Natsuki et elle put le sentir comme des aiguilles qu'on lui enfonçait sur tout le corps.

« Je suis tellement contente de la revoir après tout ce temps, mais je vois qu'elle m'en veut énormément, ça me fait mal mais je l'ai mérité... Tout est de ma faute... Mais comment ai-je pu la laisser partir ? Ma moitié… J'ai mal et de la revoir, j'en ai la voix qui s'échappe et le cœur qui s'arrête... Pourrai-je un jour la reconquérir ? » Pensa Natsuki.