Bonjour, ça fais longtemps. Il m'a fallut un an pour pondre cette fiction, même si elle trottait dans ma tête depuis super longtemps. Je suis toujours à la recherche d'une béta-lectrice, donc si le premier chapitre vous plaît, n'hésitez pas à me faire signe! Des informations complémentaires sur l'histoire se trouvent à la fin :) Bonne lecture!
LE SECRET DE SAKURA
Bêta : Ma soeur
Pairing : NaruSasu + cités: NaruSaku / SasuSaku
Rating : +18 ans.
Disclaimer : Les personnages et l'univers sont la propriété intellectuelle de M. Kishimoto.
Genres : Homo - Hétéro - Bisexualité
à K. (v) et O. (m)
Chapitre un
Cher Naruto,
Si je t'écris maintenant, c'est parce que je vais mourir bientôt. Nous ne sommes pas tous nés égaux, et moi qui suis femme, en ce moment je souffre. Je souffre de tout, de ce corps qui me trahis, de mon cœur qui me lâche et de ses yeux qui n'en peuvent plus de pleurer. Je souffre de te perdre, je souffre de ne jamais te voir réunit avec lui mais je m'y prépare. J'ai tellement pleuré dans ma vie que ça, ça ne me change pas trop, c'est une vieille routine de fille, pleurer. Je pleure de rage, de joie et de tristesse, de désespoir, d'euphorie... Bref, donc je pleure et là aussi je pleure et je me sens bête... Mais c'est si dur de devoir partir si tôt.
Quant à mon cœur, je me l'arracherais bien dès maintenant, s'il le fallait, tant je n'en peux plus de ressentir ces soubresauts en me disant que, peut-être, c'est le dernier. Ai-je couru trop vite vers ma fin? Ai-je aimé si fort, trop fort, qu'il ne peut plus battre à présent? Ai-je trop mal aimé? Suis-je punie pour m'être toujours entichée des mauvais garçons?
Et chaque hoquet, chaque inspiration me rapproche inexorablement de ma fin... Mais je me sens pousser des ailes, je me sens grandir et vieillir en accéléré alors que bouger devient compliqué. Mais le pire reste de te mentir, le pire reste de t'aimer en silence, le pire est ce qu'il reste à faire et le peu de temps qui m'est imparti...
Je vais mourir, je n'arrive pas à l'accepter. Je vais mourir, mais j'ai juste vingt-cinq ans, je vais mourir, rien ne me sauvera, je vais mourir, disparaître, il ne restera rien de moi si ce n'est un paquet d'os, je vais mourir... J'ai peur, j'ai peur, j'ai si peur et je voudrais tes bras autour de moi, ton soutien, tes mots qui ont su galvaniser des foules entières. J'ai tant besoin d'être galvanisée et rassurée pour aller le sourire aux lèvres vers cette épreuve. J'ai tant besoin d'y croire.
J'ai si peur qu'on m'oublie que j'ai pris cette dernière année pour tout régler, je t'ai laissé toutes ces lettres qui retracent le début de ma maladie jusqu'à maintenant. Tu trouveras dans chacune d'elles un indice qui, si tu le souhaites, te conduiras vers un de mes secrets et... Et si tu les découvres tous, alors c'est que tu es digne de recevoir mon ultime cadeau. La chose que j'aime le plus au monde, cette chose merveilleuse pour laquelle je vais mourir. Prends soin d'elle.
Sakura.
« Sakura! Qu'est-ce que tu fous merde, on va finir par être en retard! Se plaignit Ino en tambourinant à la porte des toilettes du petit resto où elles s'étaient arrêtées pour déjeuner.
- Sakura? Appela à nouveau son amie lorsqu'elle n'entendit aucune réponse. Oh, Sakura! Fit-elle encore, légèrement inquiète.
- C'est bon, c'est bon désolée, on peut plus pisser tranquille dans ce bled? Répliqua la jeune femme à l'intérieur des toilettes d'un ton exaspéré et Ino laissa échapper un éclat de rire ironique.
- Tu pissais pas là ma belle, c'était plutôt la grosse commission!
Un petit rire retentit de l'autre côté de la cloison.
- Chut! Tout le monde n'est pas obligé de savoir que même les filles font des grosses commissions!
- Mais qui crois-tu donc tromper ma pauvre amie? En tout cas dépêche toi, je compte bien profiter de cette après-midi shopping avec toi, ça fait tellement longtemps!
- J'arrive, t'inquiète, je sors dans une minute, j'ai juste eu un petit problème.
Ino fronça les sourcils et posa la main contre le bois de la porte.
- T'es sûre que ça va? Tu avais l'air un peu pâle à table.
- Ouais, je crois que y'a un truc qui est mal passé, mais c'est bon là, répondit la seconde jeune femme.
Son amie secoua doucement la tête et mordilla sa lèvre inférieure.
- Peut être qu'on devrait passer à l'hôpital juste pour checker?
Le bruit de la chasse d'eau retentit et la cloison s'effaça pour laisser la belle ninja aux cheveux roses apparaitre. Elle sourit à son amie d'enfance et avança jusqu'au lavabo pour s'y laver les mains tout en lui répondant.
- Non arrête, j'en ai vu d'autres, et puis c'est notre première après-midi shopping depuis une éternité, je n'ai même plus de sous-vêtements!
Ino sourit à son tour d'un air un peu maniaque:
- Oh je vais adorer te ressaper, il te faut absolument un ensemble blanc, sur ta peau crème ce sera magnifique. Bon, je t'attends dehors! » Conclut la guerrière aux longs cheveux blonds avant de sortir des toilettes.
Le sourire de Sakura s'effaça aussitôt et elle fixa son reflet pendant un moment, notant les cernes qui se creusaient sous ses jolis yeux verts, et ses lèvres anormalement sèches. Elle avait tout le temps soif en ce moment, la fatigue était continuelle mais le sommeil se dérobait sans cesse... Les mains tremblantes, elle sortit sa trousse à maquillage et tamponna frénétiquement son fond de teint avant de l'étaler sur sa peau. Elle n'en avait jamais eu besoin jusque maintenant, mais son visage lui était insupportable à cet instant, elle voulait juste faire disparaître cette pâleur maladive... Elle s'arrêta soudainement, frappée par la réalisation que oui, elle était bien malade et c'était très probablement grave puisque que la plupart des symptômes qu'elle avait convergeaient vers des afflictions toutes plus dangereuses les unes que les autres.
Vomir du sang par exemple, était en général un signe grave. Mais ça pouvait aussi être juste un ulcère gastrique, ou bien c'était sanguin? Il fallait qu'elle mesure sa pression artérielle, si elle était trop forte, cela pourrait expliquer le sang, dans ce cas il viendrait de ces poumons et non de l'estomac... Ce n'était pas moins grave, mais c'était un autre diagnostique. Sakura reposa son fond de teint et observa son poignet une bonne minute, respirant profondément mais lentement avant de se décider. Elle posa son index à l'intérieur, juste au dessus de sa paume et compta les battements de cœur tout en gardant une œil sur l'horloge au dessus de la porte de sortie.
Lorsqu'elle atteignit cent-vingt battements après seulement quarante-cinq secondes, elle sut.
Hinata la regarda du coin de l'œil alors que la machine comptait ses battements de cœur, les yeux blancs de la femme médecin avaient prit un éclat inquiet dès les trente première secondes où Sakura avait dépassé les soixante-quinze battements par minute. La minute achevée, le résultat fut sans appel, cent vingt-cinq battement par minute, c'était beaucoup trop élevé.
« Il faut faire un check-up complet, déclara Hinata et Sakura se contenta de hocher la tête, un sentiment de froid l'envahissant progressivement.
- On va commencer par le cœur, puis les poumons, l'estomac...
- Je vomis du sang, intervint Sakura comme un couperet et le regard de son amie papillonna d'elle à la machine. Nerveusement, Hinata mordilla son pouce et laissa ses yeux courir sur le corps harmonieux de la jeune ninja puis à nouveau vers son visage. Elle posa ses mains tremblantes sur la couchette où Sakura était assise.
- Quoi d'autre? Murmura t-elle.
- Je ne dors plus.
- Depuis combien de temps?
La guerrière détourna le regard et ses mains se serrèrent contre le matelas jusqu'à ce que les jointures blanchissent.
- Un mois, déclara t-elle avec un tremblement. Je suis fatiguée, alors je me couche et soudain, j'ai juste envie de me lever et de courir, alors je me lève et...
Elle fit un vague signe pour signifier que ces éléments se répétaient en boucle tout en laissant son attention s'échapper par la petite fenêtre.
- Ça peut être hormonal, tenta Hinata.
- Ça peut être fatal, répondit Sakura d'un ton plat, elle n'arrivait pas à s'en rendre compte.
- J'envoie une lettre à Tsunade.
- A quoi ça servirait? Laisse la donc profiter de sa retraite. J'ai juste besoin de ton aide parce que tu peux analyser mon chakra, Hinata, je trouverais moi même ce que j'ai! Fit Sakura d'un ton brusque qui masquait mal sa peur. L'héritière du clan Hyûga sentie une once d'indignation monter en elle mais elle la réprima, la kunoichi avait besoin de son soutien.
- Tsunade...
- Si je ne trouve pas ce que j'ai, elle ne trouvera pas, tu le sais bien.
- Un regard extérieur, tenta une fois de plus sa timide amie.
- Je ne veux inquiéter personne, surtout pas Naruto.
Cette fois-ci, Hinata resta silencieuse pendant quelques minutes, une légère brise pénétra par la fenêtre et Sakura ferma les yeux.
- Je veux que personne ne soit au courant, ordonna t-elle, je leur dirais moi même quand je saurais ce qu'il en est, inutile d'inquiéter tout le monde pour rien. Ils ont déjà tellement a faire, avec toute cette reconstruction.
- Tu n'as pas à porter ça toute seule, gronda tendrement la belle ninja aux cheveux noirs en posant une main froide sur son bras.
- Tu seras là, coupa encore une fois la jeune médecin en regardant sa confidente droit dans les yeux. Cette dernière ne put qu'acquiescer.
- Bien sûr. »
Sakura ne savait pas exactement pourquoi elle s'était tournée vers Hinata plutôt que vers Ino. Peut être parce que l'héritière Hyûga savait ce que c'était que d'être sans cesse remise en question dans sa légitimité à être femme et guerrière, là où Ino avait toujours fièrement porté les deux. Peut être aussi ne voulait-elle pas perdre la face devant sa plus vieille ennemie mais surtout, elle ne voulait pas voir le regard affolé de sa meilleure amie. Et Hinata, par sa douceur, sa patience et son calme naturel avait un effet apaisant sur elle, elle se sentait rassurée en sa présence, son esprit paraissait plus clair et la fièvre moins brûlante...
Cher Naruto,
Quand j'ai commencé à chercher ce que j'avais, je ne savais pas à quel point ma décision de ne rien dire allait devenir pesante, et je ne sais toujours pas pourquoi je m'y suis tenue jusque dans ces derniers instants, pourquoi t'ai-je menti tout ce temps?
Peut être parce que je t'aimais, et que j'ai aussi aimé Sasuke et que vous étiez si forts, si courageux, si... Mieux que moi. Et cela depuis le début. Moi, dans ma condition de femme, je suis de toute façon physiquement plus faible, si ce n'était pour mon entraînement ou mon talent à contrôler mon chakra, je n'aurais aucune chance face à vous. En tant que femme, dans ce monde, on doit sans cesse palier à nos faiblesses physiques par nos habiletés mentales et notre travail acharné. Vous pouvez vous contenter d'être hommes face à nous, vous êtes effrayants. La force d'un homme, je l'ai sentie contre mon corps sur les champs de bataille et dans mes draps, mais c'est toujours la même force meurtrière qui vous habite.
Toi, et d'autres, vous avez fracassé mon corps comme celui de vos ennemis, vous m'avez prise avec violence et passion, comme vous vous passionnez pour la violence. Et Sasuke et toi, vous êtes des corps en orbite, tendus dans une chute inexorable l'un vers l'autre. Mais cette attraction qui vous fait si peur, vous vous en défendez avec conviction et c'est dans le sang et la sueur que votre amour a jusqu'ici abouti. Et moi, femme et amoureuse auprès de vous, j'ai reçu vos passions et vos corps dans le mien alors que vous n'étiez que rage et douleur.
Mais je suis femme, et c'est contre mon cou que vous avez séché vos larmes, c'est contre mes seins que vous avez supplié, c'est contre mon ventre que vous avez hurlé. J'ai calmé ta douleur comme j'ai calmé la sienne, j'ai accepté ton désamour comme j'ai accepté le sien.
Entre vous deux finalement, il ne me restait que la fierté de me tenir droite entre vous alors que vous me détruisiez à petit feu en m'enfermant dans le silence. Parce que ton amour pour lui, c'est à moi que tu l'as confié la première fois. Et son amour pour toi... Son amour pour toi. Mais je ne pouvais rien en dire et je ne voulais rien en dire car vous savoir dans les bras l'un de l'autre, je ne l'aurais pas supporté.
Il ne me restait que ma fierté, être ce roc qui résiste à la tempête, être cette mère que vous aviez perdu, être cette femme dont le corps était le réceptacle de votre frustration, de votre désespoir... Mais qui veut d'un corps malade? Être une femme dans ce monde d'homme se résume en une justification continue: pourquoi nous laisser aller au front, nous si fragiles, nous si faibles? Ne sommes nous donc bonnes qu'à séduire l'adversaire et à lui offrir nos cuisses en échange d'informations? Quel est notre rôle auprès des hommes tant dans leurs lits qu'au cœur de la bataille?
Alors j'ai rendu mon corps invincible, ce corps qui résume ma condition: à la fois trop faible pour la bataille mais assez fort pour vos passions, à la fois séduisant dans sa jeune ferveur et repoussant quand vient l'âge ou la maladie. Ne suis-je donc que mon corps?
Et c'est donc sur mon corps que tu trouveras le premier indice.
Sakura.
Naruto replia la lettre avec des mains tremblantes avant d'en passer une dans ses cheveux blonds puis sur son visage, tâchant de contenir la rage, l'angoisse et le désespoir qui menaçaient de l'envahir.
Un sanglot lui échappa malgré tout et il mordit violemment son poing pendant quelques secondes avant de réussir à ravaler ses larmes. Elle n'était plus là aujourd'hui pour les sécher, pour l'écouter et lui sourire. A nouveau il déplia la lettre et la relut rapidement, parcourant les jolis symboles qui constituaient l'écriture fraiche et féminine de son amie.
Arrivé à la fin, il frappa le bureau de bois massif du poing et froissa le papier épais de la lettre. Il en fit une boule qu'il balança à travers la pièce, large et spacieuse, que constituait le bureau du Hokage.
Naruto serra les dents pour réprimer un nouveau hurlement de rage ou de désespoir puis il se leva pour faire les cents pas. Soudain il ne pouvait plus tenir en place, il devait faire quelque chose, frapper quelqu'un, de préférence Sasuke. Il n'arrivait pas à croire que ce petit con ait osé coucher avec elle...
Sauf que, se fit-il la réflexion juste après, lui aussi avait fait ça, et probablement pour les mêmes raisons particulièrement égoïstes que le jeune Uchiha. Finalement, elle avait fini par les traiter de manière juste, c'était tout ce qu'il avait souhaité d'elle lorsqu'il avait douze ans. Mais comment avait-elle pu faire ça?! Lui mentir, tout dissimuler... Et comment lui n'avait-il rien vu, comment avait-il pu être aussi embarqué dans ses joutes quotidiennes avec Sasuke pour finalement l'ignorer au moment où elle avait eu le plus besoin d'eux? De lui? Il fallait vraiment qu'il frappe Sasuke, ça le démangeait.
Avec un gémissement pitoyable, il prit sa tête entre ses mains et recommença à faire les cents pas, ses gestes étaient vifs et commençaient à exprimer l'angoisse qui montait en lui, il avait peur. Depuis longtemps à présent, il avait imaginé son rôle de chef du village de Konoha avec elle à ses côtés. Sakura faisait autant partie du tableau que Sasuke. Étrange finalement de voir que la personne qui manquait sur cette idylle n'était pas celle à qui on aurait pensé de prime abord.
Un nouveau sanglot lui fut arraché et il se laissa tomber à genoux sur le sol au milieu de la pièce avant de se recroqueviller en position fœtale, lentement, au rythme des hoquets qui le parcouraient. La mort de Sakura l'avait choqué, mais ça... Ça, c'était au dessus de ses forces, et il y avait des dizaines de lettres comme celles-ci, il n'aurait jamais le courage de toutes les lire!
Ino les avaient apportées, les yeux encore rougis juste après l'enterrement, sans rien ajouter. Elle avait simplement précisé qu'une partie des lettres était adressée à Sasuke.
Aucune lettre ne pouvait parvenir au ninja renégat sans passer par l'autorité suprême de Naruto, c'était une des conditions à sa liberté surveillée...
La porte du bureau s'ouvrit presque sans un bruit et le pas aérien dudit ninja flotta jusqu'au bureau. Naruto se figea et pria pour que l'autre s'en aille, il n'avait vraiment pas envie de gérer ça maintenant. Mais bientôt, les pas firent le tour du bureau et Sasuke découvrit le jeune ninja blond entrain de pleurer sur le sol. Il ne dit rien, comme à son habitude et se contenta de le contourner pour aller ramasser la lettre auparavant jetée à travers la pièce.
« N'y touche pas, prévint Naruto, la voie enrouée et étouffée.
L'autre ninja se figea un moment puis ramassa tout de même la lettre avant de la poser en l'état sur le bureau. Son regard noir tomba alors sur le carton de lettres.
- Elles sont de Sakura, commenta t-il, et Naruto se rendit compte qu'il n'était pas le seul affecté. La voix de Sasuke était plus douce, plus grave et presque révérencieuse lorsqu'il prononça le nom de leur amie décédée.
- Certaines te sont adressées. » Répondit Naruto au bout d'un moment en se redressant pour s'adosser contre le bureau, effaçant ses larmes d'un coup de manche.
L'autre ne répondit rien mais un bruit de papier que l'on déchire indiqua au jeune Hokage qu'une des lettres venait d'être ouverte.
Le résultat des prélèvements n'était pas bon, Hinata le voyait bien, et pourtant sa formation en médecine était incomplète, surtout face à celle de Sakura. C'était surtout leur incohérence qui était inquiétante, cela ne ressemblait en rien à un tableau clinique classique. De plus, les défaillances n'étaient pas constantes, d'abord le cœur avait alarmé les deux femmes, puis au bout d'une semaine, les vomissements de sang avaient empiré et c'était l'estomac qui avait donné des signes de faiblesse, la tension artérielle avait alors chuté. Aujourd'hui, c'étaient les os, étrangement. Sakura avait deux côtes cassées alors qu'elle assurait ne pas avoir subi de choc particuliers. Elle s'était très peu entraînée depuis le début de son étrange maladie.
La piste privilégiée était plutôt celle d'un désordre sanguin qui pouvait toucher le cœur, les poumons et les os. Mais l'ordre d'apparition des symptômes ne rappelait rien à Hinata; elles étaient dans une impasse.
« J'ai un déficit en calcium, ce qui n'est pas étonnant, commenta Sakura. Mais ça n'explique pas mon ulcère...
Hinata ne répondit rien, admirative devant le calme apparent de son ami alors qu'elle même sentait la panique l'envahir par vague.
- C'est comme si j'avais plusieurs choses à la fois... C'est impossible d'avoir tout ça en même temps, ça n'a pas de sens.
- Tes globules blancs sont assez élevés, c'est peut-être une infection.
Sakura secoua la tête.
- Je n'y comprends rien, dit-elle doucement et sa voix se brisa légèrement sur la fin avant qu'elle ne se contrôle.
- Il faut aller plus en profondeur. Et refaire une analyse sanguine, déclara t-elle avant d'aller s'allonger sur la couchette. C'est peut-être le cerveau aussi, tu n'as qu'à commencer par ça.
Hinata soupira discrètement et déglutit lentement, tâchant de se calmer avant d'approcher ses mains tremblantes des tempes de son amie. Depuis la fin de la guerre, Hinata avait gagné en assurance et en grâce, elle était moins timide et elle avait commencé à laisser s'exprimer le caractère fougueux qu'elle avait toujours eu au fond d'elle. C'était probablement cette force, longtemps recouverte par leurs insécurités, qui avait rapproché les deux jeunes femmes, leurs parcours avait bien plus de points communs qu'elles ne l'avaient imaginé au départ.
- Je maintiens que tu devrais en parler à quelqu'un, particulièrement à Tsunade, elle aura peut-être des idées. Je sais bien que d'un point de vue technique, tu es plus avancée qu'elle, mais elle a plus voyagé que toi. Elle a plus d'expérience...
Pendant un moment, Sakura ne répondit rien et ferma les yeux.
- Fais ce test Hinata, c'est tout ce que je te demande ».
« Pourquoi tu veux exhumer son corps?! S'écria Ino scandalisée, tu ne crois pas qu'elle a le droit de reposer en paix maintenant?!
- Elle me l'a demandé, répondit Naruto d'un ton ferme et la femme ninja le dévisagea d'un air dégoûté, mais le jeune Hokage avait l'habitude de ce genre de regards.
- Dans une des lettres que tu m'as donné, elle... Elle a laissé une série d'indices et elle dit que le premier est sur son corps.
Le visage d'Ino perdit de sa fougue et son regard devint plus tendre, une note de mélancolie brilla dans ses pupilles un instant avant que la jeune femme ne se ressaisisse.
- Ok, mais après, promets moi de la laisser en paix, Naruto. » Déclara t-elle en laissant échapper quelques larmes.
Naruto hocha la tête, les lèvres pincées et la mâchoire dure.
Son corps était encore presque intact et l'odeur encore supportable bien qu'elle soit restée sous terre pendant une semaine déjà. Mais le corps des ninjas se décomposaient rarement naturellement en raison de ce que les guerriers leur faisaient subir: modifications génétiques, clonage, rajeunissement, renforcement... Seul les cheveux de la défunte, autrefois d'un rose prononcé, étaient à présent presque blancs. Naruto fit un signe de tête aux deux responsables de l'exhumation qui le lui rendirent avant de sortir de la pièce en silence. Le jeune Hokage la contempla un moment, s'attendant presque à la voir se redresser, lui sourire et avancer vers lui de sa démarche chaloupée, sensuelle et fière, tel un chat. Il soupira et, les yeux fermés, compta jusqu'à dix avant d'avancer vers le corps sans vie de sa meilleure amie.
La semaine dernière, lorsqu'il avait découvert le drap qui la recouvrait, elle lui avait semblé irréelle et presque divine. Il avait le souvenir que Sasuke avait lui aussi approché après une minute de silence lourd et tendu, l'ex-renégat avait posé son index contre ses lèvres pales et pressé doucement, comme pour s'assurer de leur lividité. Il n'avait rien dit et ses yeux n'avaient rien trahi, mais le pincement de ses lèvres, comme pour garder les mots à l'intérieur, avait suffi à Naruto pour savoir. Sasuke n'était pas indifférent à sa mort.
Aussi, Naruto ne fut-il pas surpris lorsque le pas feutré du ninja aux cheveux de jais déplaça l'air sur son passage. C'était le seul moyen « d'entendre » Sasuke arriver, le sol ne vibrait pas sous ses pas et il respirait à peine, néanmoins il ne pouvait pas empêcher les molécules d'air de s'entrechoquer lorsqu'il se déplaçait.
Scrupuleusement, Naruto posa sa main chaude contre celle de la morte et la souleva avec précaution pour inspecter l'intérieur du bras. Il le caressa, sentant contre ses doigts l'irrégularité des cicatrices, durement gagnées au combat, qui zébraient la peau de sa confidente. Lui même n'avait aucune cicatrice, les blessures se résorbaient trop vite grâce au démon-renard, mais Sasuke, par exemple, avait son lot de souvenir. Elles décoraient son dos, traçant d'élégantes arabesques contre ses muscles, contre son ventre, elles étaient vivantes sur sa chair et dansaient lorsqu'il bougeait. Les cicatrices faisaient l'histoire des Shinobi depuis longtemps, elles marquaient leurs exploits et leurs défaites. Jusqu'ici, Naruto les avait considérées comme normales, presque comme une fierté sur le corps des autres, mais en sentant celles de Sakura, il se rendit compte de ce qu'elles étaient vraiment: l'illustration parfaite de ce que le monde des ninjas faisaient vivre aux hommes et aux femmes.
Le corps d'un guerrier est sa première arme, autant dans la force brute qu'il peut dégager que dans le désir qu'il peut éveiller. Celui des femmes était beaucoup utilisé à cet effet...
Sasuke se plaça en face de lui et lui jeta un coup d'œil avant de dégager le front de leur amie d'un geste délicat. Les cheveux clairs tombèrent par paquet sous les mains du ninja. Cette triste réalité sembla frapper les deux hommes: ils avaient devant eux un corps en décomposition.
« Je ne peux pas faire ça, murmura Naruto, j'ai l'impression de la violer.
L'ex-renégat leva les yeux vers lui un instant avant de continuer à fixer le visage éteint de Sakura en fronçant les sourcils. Son pouce caressa tendrement les pommettes de la jeune femme et il remonta sur ses paupières, traçant le contour de ses yeux fermés avec révérence.
Naruto l'observa, il connaissait la fascination de Sasuke pour les yeux, un héritage direct de son clan, mais aussi une sorte de curiosité personnelle. Sasuke avait les yeux noirs, on distinguait à peine sa pupille de l'iris et il n'avait jamais caché son admiration pour la couleur claire des yeux de ses deux compagnons.
- Elle voulait qu'on sache, fit la voix doucereuse de Sasuke, elle savait ce qu'elle faisait.
- Ne fais pas comme si tu la connaissais mieux que moi, accusa Naruto, soudain agacé. Ne fais pas comme si tu t'en souciais plus que moi.
- Si tu étais si proche d'elle, comment as-tu pu ne rien voir? Rétorqua le ninja aux yeux noirs d'un ton neutre qui renforça l'énervement du jeune Hokage.
- Tu ne l'as pas plus vu que moi, se défendit ce dernier, laissant sa main courir le long des côtes de la défunte.
- Je n'ai jamais prétendu être assez proche d'elle pour qu'elle me confie ses secrets, répondit Sasuke avant de reporter son attention sur les jambes de la femme.
- Et pourtant elle t'aimait, elle t'a toujours aimé, reprit Naruto au bout d'un instant de silence, elle le dit dans sa lettre. Que vous avez couché ensemble, explicita t-il au cas où.
Sasuke haussa les épaules.
- C'est vrai, plusieurs fois. Le plus souvent après m'être... disputé, opta t-il, avec toi.
La main de Naruto sur le bras de Sakura eu un spasme et il déglutit difficilement. Il avait toujours détesté l'apparent détachement du dernier des Uchiha.
- C'est elle qui l'a initié la première fois, précisa Sasuke qui avait aperçu le tic du coin de l'œil.
- Et donc tu t'es dit « pourquoi pas »?
Le ninja renégat leva les yeux vers son meilleur ami-ennemi et sa bouche s'étira dans un léger rictus ironique.
- Et toi, tu t'es dit quoi? Demanda t-il en guise de réponse.
Naruto baissa le regard et concéda la défaite.
- C'était son choix, Naruto, moi encore plus que toi, je ne lui ai jamais rien promis, continua Sasuke. L'autre homme aurait voulu qu'il se taise; évidemment, c'était à ce moment là que l'autre avait décidé d'être loquace.
- Mais pourquoi elle nous a laissé lui faire ça? Questionna Naruto d'un ton plaintif en passant une main sur son visage tanné.
- Je ne me targuerais pas de comprendre quoi que ce soit aux femmes, ma mère a toujours cultivé le plus grand secret autour de la condition féminine, et aucune des mes connaissances de sexe féminin n'a su éclaircir ce mystère, répondit le second ninja avec un sourire tendre sur le visage tout en laissant sa main couler le long de la cuisse de Sakura qu'il souleva légèrement.
Naruto le dévisagea pendant une longue minute avant de déclarer:
- C'est toi l'énigme.
Les yeux noirs du jeune homme papillonnèrent sur le visage de son compagnon puis sur le corps de leur amie étendue sur la couchette.
- Je dis juste que je ne te comprend pas et que je te comprendrais jamais, précisa Naruto en croisant les bras.
- En quoi est-ce pertinent pour ce que nous sommes entrain de faire actuellement? Murmura Sasuke au bout d'un moment pendant lequel il avait inspecté les pieds de la défunte.
- En quoi est-ce que quoi est pertinent?
- Le fait que je sois une énigme pour toi. En quoi c'est pertinent de me dire ça maintenant?
- J'en sais rien moi, j'te le dis c'est tout! S'emporta le guerrier blond. Je veux dire, je sais pas... Putain.
Il se détourna du corps d'un mouvement brusque et fit quelques pas avant de se retourner à nouveau. Sa Némésis le fixait d'un air neutre, habitué à ce genre de réaction de la part de Naruto.
- Je veux dire, putain, c'était la personne que je connaissais le mieux, depuis le premier jour de l'équipe sept, elle a été là. Je l'ai toujours vue à mes côtés, après tout ce qu'on a traversé! Et si elle, elle me cache ce genre de truc, mais qu'est-ce que ça dit sur toi?!
Sasuke ne broncha pas mais détourna son regard vers un coin sombre de la pièce. La respiration puissante de Naruto résonna dans le silence assourdissant de la pièce. Les mains du ninja renégat se crispèrent légèrement sur le genoux de Sakura alors que son compagnon se calmait.
- Finalement, qu'est-ce que je sais de toi?
Les deux hommes se fixèrent du regard le temps d'une minute puis Sasuke soupira:
- Je ne suis pas mourant.
Son compagnon entrouvrit la bouche et son visage commença à se déformer dans une expression enragée lorsqu'il continua:
- Et je sais bien que c'est pas ça que tu veux que je te dises, mais là tu vois Naruto, j'ai rien à dire de plus!
A nouveau, ils se foudroyèrent du regard et Naruto referma la bouche avec un claquement de dents avant de croiser les bras sur sa poitrine et de se détourner légèrement. Sasuke grinça des dents devant l'immaturité de son équipier: on ne pouvait pas avoir de vraie conversation avec Naruto du fait de son entêtement légendaire.
- Tu crois que ça ne me fait rien qu'elle soit morte?! s'emporta Sasuke. Tu crois que je ne me sens pas minable de n'avoir rien vu? Mais tu sais pourquoi tu n'as rien vu Naruto? Accusa t-il. Les beaux yeux bleus orageux de Naruto bondirent sur son visage et Sasuke rectifia avec une grimace: pourquoi je n'ai rien vu non plus? Parce qu'on a passé cette dernière année plongés jusqu'au cou dans nos propres emmerdes. Et ma plus grosse emmerde, c'est toi! »
Le silence tonitrua dans la pièce et les deux hommes restèrent immobiles, à se regarder sans respirer. Soudain, Naruto tourna les talons et sorti de la salle en claquant la porte derrière lui. Sasuke s'affaissa contre la table, ses mèches noires caressant la peau blafarde de Sakura. Il prit sa tête entre ses mains. Respire, pensa t-il, respire, et il se força à prendre deux grandes inspirations par la bouche avant de se redresser, le masque qui lui servait de visage fermement en place.
Cher Sasuke,
Après ton départ la première fois, j'ai beaucoup réfléchi. Les raisons de ton départ étaient floues pour moi, je ne savais que ce que Naruto voulait bien me dire et, au fond de lui, je pense qu'il ne voulait pas me le dire. Il voulait garder cette relation privilégiée avec toi, être le seul porteur de tes secrets. J'étais affreusement jalouse et peut être aussi très égo-centrée.
Personne n'ignorait à Konoha ce qui était arrivé à ta famille, le drame que tu avais vécu et la culpabilité d'être le seul survivant. Mais émotionellement, je ne pouvais pas concevoir l'horreur que cela avait dû être de découvrir ses parents dans le bain de leur propre sang, à l'endroit même qui devait être le plus sûr: ta maison.
Après le retour de Naruto, je suis rentrée chez moi et j'ai été égoïste. J'ai demandé un câlin à ma mère et j'ai accepté le thé chaud que mon père avait préparé pour moi, je me suis laissé dorloter...
Et, alors que j'allais me coucher, je leur ai demandé ce qu'ils savaient du clan des Uchiha. Mon père a froncé les sourcils et m'a raconté cette « bien sordide histoire », ainsi qu'il l'a qualifiée. Il a dit que ce n'était pas étonnant que tu ais déserté, parce que ce village n'a jamais su quoi faire de ses enfants. Il m'a aussi parlé de Naruto... Finalement il avait raison, qui s'est occupé de toi et de Naruto? Lui, depuis sa naissance et toi depuis le massacre de ta famille? Je n'en savais rien, pas plus que mon père, mais ma mère suspectait que vous étiez passé de main en main jusqu'à ce que vous soyez assez grands pour vous débrouiller tout seuls. Et quand je repense à la solitude que vous avez dû endurer tout les deux, abandonnés par ceux qui avaient juré de vous aimer, de vous protéger, trahis par ceux que vous admiriez tant... Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance.
Et c'est cette chance que je veux vous donner à tous les deux, une chance d'être heureux. C'est ça que j'ai voulu faire lorsque j'ai frappé à la porte du bureau de Tsunade. Je voulais pouvoir vous protéger, être enfin celle qui ne vous trahirait pas, ce roc dans votre vie, une maison dans laquelle vous pourriez toujours revenir.
Et vous l'avez fait, vous êtes venus à moi après vos disputes, vous m'avez serrée dans vos bras, vous vous êtes reposés sur moi, sans vous en rendre compte, et ça me rendait heureuse.
Maintenant, si tu veux bien Sasuke, je voudrais te parler un peu de ma famille. Parce que maintenant que j'écris, je me rends compte que je ne vous en ai jamais parlé.
Ma famille était banale, en apparence en tout cas. J'en avais presque honte. Mon père était marchand, il aimait les mathématiques et les voyages, ma mère aimait les plantes et la cuisine, elle cultivait le zen. C'est au cours d'un de ces voyages que mon père, qui est de Konoha, a rapporté ma mère comme trophée. Elle n'avait gardé aucun contact avec son village natal et leur mariage s'était fait presque en secret sur le chemin du retour. Je suis née quelques mois plus tard et me mettre au monde fut une épreuve pour ma mère. L'accoucheuse lui déconseilla de tenter d'en avoir un deuxième et je fus ainsi condamnée à restée fille unique, au grand dam de mon père qui aurait voulu un fils. Comme tu le constates, aucun de mes parents ne sont ninjas, et mon père se méfiait beaucoup d'eux: pour lui, ils faisaient partie d'un temps voué a disparaître.
Mais comme il était rarement là, et que ma seule et meilleure amie tentait de devenir une kunoichi, je l'ai suivie. C'est tout à fait par hasard que je suis là, ou bien c'est ce que je croyais.
Après ton départ, alors que Naruto était parti et que je passais mes journées à ranimer des poissons inconscients sous l'œil sévère de ma mentor, je pensais à ce hasard qui m'avait conduite ici. J'en ai parlé à ma mère un soir et elle m'a répondu d'un air énigmatique que « j'avais cela dans le sang ». Un an plus tard, mon père ne revint pas de son dernier voyage de commerce, il avait été attaqué en chemin par un groupe de ninjas renégats d'un petit village à l'est. J'étais folle de rage plus que triste, j'ai voulu me lancer à leur poursuite et il n'y avait personne pour me retenir. À part ma mère. Le soir, alors que je me préparais à déserter à mon tour, elle s'est agenouillée devant moi et a déroulé un long parchemin. « C'est la seule chose que j'ai emmenée avec moi » m'a t-elle dit. C'était une série de sceaux compliqués, si complexes qu'il m'a fallu presque huit ans pour en faire le tour.
Ma mère est originaire d'un tout petit village à l'est de Konoha, un village pillé plusieurs fois pendant la troisième guerre ninja et particulièrement apprécié pour les cerisiers majestueux qui fleurissent au printemps. Il y avait deux sœurs dans ce village, les sœurs Ebochi, particulièrement douées dans le contrôle de leur charkra. Elle étaient parties à l'adolescence pour devenir ninja et revenir protéger leur village. Elles se confrontèrent à la misère du monde, à l'envie, au désir et à la mort, elles rencontrèrent trois ermites fatigués de cette guerre continuelle qui leur confièrent leur secrets en leur faisant promettre de ne les utiliser que pour protéger la paix. Elles devinrent très sages, car elles avaient vu toute la souffrance du monde tout en gardant la raison, alors elles souhaitèrent rentrer dans leur village pour transmettre leur savoir. Mais à leur retour, elles ne découvrirent que ravage et famine. Aussi jurèrent-elles de mettre fin aux guerres et firent le serment de ne plus jamais tuer ou même blesser un être vivant. La guerre cessa d'elle même, laissant son lot de conflits mal-résolus, son lot de perdants amers et sa soif de revanche... Aussi décidèrent-elle de faire de leur village le socle d'une nouvelle philosophie.
Elles eurent toutes deux, deux filles à qui elle transmirent leur héritage qui firent le même serment. Mais l'une d'entre elles devait bientôt trahir cette promesse familiale en tombant amoureuse. Elle décida de partir avec l'élu de son cœur et fut bannie de son village. Mais sa sœur, qui était aussi sa jumelle, lui confia au dernier moment le rouleau qui contenaient tous les sceaux de la famille. Elle lui dit aussi qu'elle allait dès à présent dresser un Kekkai autour de leur village pour s'assurer que plus personne n'y viendrait jamais. Elle dresserait ici même le temple de la paix, et un jour, lorsque le reste du monde serait prêt à accueillir cette paix, alors la deuxième sœur pourrait montrer le chemin de la sagesse aux hommes.
C'est un joli conte pour te dire qu'il existe un endroit, dont je connais aujourd'hui la localisation, où la paix règne en maitre, dans une harmonie fragile où l'idylle impossible de la paix s'épanouit en silence... C'est là je crois, que j'aimerais que mon âme repose.
Finalement, je ne suis pas partie à la poursuite des assassins de mon père car c'est inscrit dans mon sang, je ne suis pas faite pour tuer. Mais j'ai trahi mes ancêtres, trahi cette promesse faite à la paix et peut être que j'en paie le prix. Car il n'y avait pas de place pour la paix dans notre monde, pas de place pour la parole mais seulement pour la violence.
Je ne pouvais pas vous protéger et respecter en même temps la promesse de mes ancêtres.. Alors je vous ai choisis, vous plutôt qu'eux, plutôt que cette famille dont je ne savais rien et que ma mère avait renié. Mais, cet endroit a toujours eu une place dans mon cœur. Et je sais que ma mère y dort en paix à présent.
Tu es plus que ta famille Sasuke, comme je suis plus que la mienne, et la tienne t'a donné le meilleur outil pour le voir: tes yeux auxquels rien n'échappe. Tes yeux sont ton plus lourd héritage, objet de convoitise autant que de terreur, c'est pourtant toi qui vois à travers eux et non eux qui voient à travers toi. Ne les laisse pas regarder le monde à ta place.
Regarde moi avec tes yeux Sasuke, car c'est avec eux que je prend sens.
Sakura.
Lentement, Sasuke prit une profonde inspiration, les yeux écarquillés alors que la solution lui apparaissait soudain. Il se dirigea à grands pas vers la porte et courut après Naruto pour l'arrêter dans le couloir, posant sa main dans le creux de son coude:
« Je sais, déclara t-il et son ami lui lança un regard noir avant de se défaire de sa prise d'un coup sec.
- J'en ai rien à faire de tes illuminations, Sasuke.
- Celle là si, j'en suis sûr, je crois que je sais pour Sakura.
Naruto eut un regard suspicieux qui masquait son soudain intérêt, mais l'autre ninja vit clair dans son jeu et l'espace d'un instant, un sourire satisfait apparut sur son visage.
- Dans ta lettre, il y avait un indice.
Le guerrier blond hocha la tête, les bras croisés:
- C'est pour ça que j'ai fait exhumer son corps.
- J'ai besoin du sharingan », répondit Sasuke tout de go et Naruto se crispa.
Notes concernant cette histoire: ceci est un récit de femmes, de mères, réelles ou symboliques, c'est une histoire de corps, de corps qui se dégradent, de corps qui lâchent, mais aussi de corps nouveaux, de corps qui grandissent. Dans cette histoire, les hommes sont « objet » de l'histoire et non acteurs, puisque ce sont les femmes qui bâtissent leurs empires dans l'ombre qui m'intéresse.
C'est aussi une fiction très personnelle, que j'ai envie de faire depuis très longtemps, depuis que j'ai ouvert les yeux sur le personnage de Sakura entre autre: moi aussi je l'ai trouvée niaise, inutile voire carrément pathétique. La version que je vous offre est tout autant éloignée du véritable personnage, mais dans l'autre sens. Je vous offre ma vision de la femme dans ce manga et j'en profite, à travers des lettres, pour faire passer l'analyse que j'ai faite du manga.
C'est une histoire de femmes, écrite par une femme, pour les femmes, parce que je crois que nous ne nous respectons pas assez, que nous sommes les premières à reproduire les inégalités hommes/femmes en défaveur des femmes, et ça passe aussi par la façon dont vous traitez les personnages féminins dans vos histoires: reléguées à l'état de sorcières malfaisantes, jalouses et sans complexité, méchantes et bêtes...
Enfin, cette histoire est dédiée à deux femmes que j'ai eu le plaisir de rencontrer l'été dernier, que je n'ai jamais oublié et qui m'ont marqué par leurs personnalités exceptionnelles et leur gentillesse, mais aussi leur talent pour l'écriture. Ce sont des femmes et des mères qui m'ont aussi appris à voir l'écriture de récit homo-érotique comme, peut être pas un art, mais un genre au même titre que les autres. Et par cela, elles m'ont aidé à m'accepter et à me respecter.
