Histoire en trois chapitres sur les Juges des Enfers.
Je ne prends en compte que la série originale de Masami Kurumada et non pas les différentes séries dérivées.
Classification ''T'' pour la violence.
J'en profite également pour remercier toutes les personnes ayant lu mes deux premières histoires sur Saint Seiya.
Disclaimer : les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.
Bonne lecture à vous.
Chapitre Un: (Prologue)
« Meurs, chevalier du Cygne ! »
Le dernier fil le reliant à Hyoga vacilla et se brisa net. Avant qu'il ne puisse en comprendre la raison, une pression gigantesque s'abattit soudainement sur Minos au point de le faire se tordre de douleur.
« Mais qu'est-ce qui se passe ? »
Il regarda Hyoga qui flottait à quelques mètres de lui, ébahi. Il y avait de l'incompréhension et de la frayeur dans les yeux du chevalier du Cygne, à l'image même de ce qu'il éprouvait en ce moment, la souffrance en plus. Son surplis se fissurait de toutes parts et il sentait que son corps commençait à faire de même. La douleur était indescriptible et sans commune mesure. Pourquoi était-il le seul à subir ce supplice ? C'était insensé ! Comment son armure pouvait-il se briser alors que celles des chevaliers de bronze étaient intacts ? La pression s'accentua encore et Minos sentit ses os se briser les uns après les autres. Il était broyé, écrasé par quelque chose d'invisible, mais pourtant bien présent. Chaque atome de son être hurlait et lui aussi, il s'entendit hurler.
Puis, plus de douleur, plus de peur, plus rien...
Il était mort. Ce qu'il restait de lui s'était volatilisé en un instant dans l'immensité de l'Hyperdimension sans en laisser la moindre trace. Pourtant, il était toujours présent, il pouvait penser, il pouvait voir, il pouvait entendre, mais sans posséder un état physique. Il n'était désormais plus qu'un esprit égaré. Observant les alentours, il aperçut encore Hyoga qui, après le chevalier Pégase et Andromède, se dirigea à son tour dans ces milliards d'océans de lumière en direction d'Elysion.
Il ne pouvait désormais plus rien faire pour empêcher les chevaliers d'Athéna de rejoindre sa Majesté Hadès. Il avait fait tout son possible, mais en vain. Impuissant face aux derniers événements, il avait assisté à l'anéantissement de presque tous les spectres et surtout à celle de ses deux frères d'armes, Eaque et Rhadamanthe. Il avait échoué dans sa tâche et sa défaite était totale. Il méritait cette mort.
Conscient de tout cela, il se laissa dériver lui aussi à travers l'espace distordu et hostile de l'Hyperdimension.
Son égarement à travers les étoiles fut cependant de courte durée. Brusquement, une clarté aveuglante vint l'entourer et tout ce qu'il voyait auparavant se dissipa en un instant. Il n'y avait plus qu'un immense vide blanc autour de lui, un lieu sans la moindre trace de vie, suspendu en-dehors de l'espace et du temps. Etait-ce l'envers du décor ? Etait-ce l'oeuvre des Dieux ?
Minos se sentit soudainement aspiré par une force indéfinissable. Puis, brusquement, comme s'il obéissait à un ordre impérieux, le vide laissa alors place à la dernière chose, ou plus précisément, la dernière personne que Minos avait vu de son vivant. Hyoga.
Tout autour de lui, l'Hyperdimension était revenu. Il se vit également en face du chevalier du Cygne, en train de subir ce qu'il avait vécu quelques secondes avant de mourir. Son double souffrait le martyre et lui-même, en temps qu'esprit, était impuissant pour intervenir.
Néanmoins, le moment de sa mort ne survint pas pour son double, mais au contraire, celui-ci s'éloigna. Le temps faisait marche arrière et se déroulait à l'envers pour Minos. L'ancien Juge des Enfers était sidéré par l'improbabilité de ce qu'il se produisait. Pourtant, il voyait sa vie défiler dans le sens contraire et il revoyait petit à petit les moments de son existence éphémère. Il ne sut pas combien de temps cela dura, ne pouvant rien faire d'autre que de simplement observer la suite des événements.
Minos pensa qu'il allait certainement revoir toute sa vie, mais arrivé à son intronisation en tant que Juges des Enfers, le temps se figea, puis repartit dans l'autre sens. C'était à n'y rien comprendre. Il revit les événements dans le bon ordre cette fois et se voyait à nouveau en train d'évoluer aux côtés d'Eaque et de Rhadamanthe. Arrivé au moment de sa mort, le même arrêt se produisit et il y eut de nouveau une inversion du cours de sa vie. Minos eut peur de devoir revoir cette partie de sa vie indéfiniment, ainsi que son échec qui a conduit à sa mort, mais cette fois-ci, les faits se déroulèrent plus rapidement que la première fois. Quelle était a raison pour laquelle il ne voyait que ces instants-là de son existence ? Ceux où il avait reçu une partie de la puissance d'Hadès à travers son surplis, jusqu'à sa mort et pourquoi le temps s'accéléra encore davantage, quel que soit le sens de son visionnage. Dans un éclair de lucidité, il comprit alors que ce n'était en rien des visions qui défilaient, mais son esprit qui était projeté dans son passé.
Encore et encore. De plus en plus vite. Dans une boucle incessante, son esprit était entraîné à travers l'espace-temps de sa propre existence. Il se retrouvait projeté, mis à mal, à l'image d'un rouage qui se serait soudainement détaché de l'engrenage d'un immense mécanisme et qui enrayait la machine d'où il provenait. Minos avait l'impression de se retrouver piégé et ressentait qu'il n'aurait jamais dû se retrouver dans cet endroit qui dépassait l'entendement. Les Dieux ou le Destin cherchait à se débarrasser de lui d'une manière ou d'une autre.
Sans signe distinctif particulier, le défilement de sa vie se stoppa soudainement et une nouvelle lumière le traversa de part et d'autre. Il fut alors projeté à travers sa vision et transcenda ce lieu de non-existence où il s'était retrouvé bloqué.
Dans ce nouvel environnement, son esprit se fit happer par la personne se trouvant le plus à sa proximité : lui-même.
Une sensation indescriptible s'ensuivit. Il ressentait à nouveau le poids d'un corps, les pulsations d'un cœur et la récupération de tous ses sens. Un véritable tourbillon d'émotions l'étreignit.
La synchronisation de son esprit et de celui de son double ne se fit pas sans heurts. Son être mélangeait les deux existences distincts et essayait tant bien que mal de retrouver un semblant de cohérence. Minos se sentit alors nauséeux. Il vomit avant de tomber par terre, inconscient.
« Minos, MINOS, qu'est-ce qui t'arrive ? » Une voix très lointaine parvint quelque part, au tréfonds de son inconscience. Il émergea doucement.
« Je suis vivant ? » articula Minos avec peine.
La question sembla étonner la personne présente à ses côtés et penché sur lui.
« Bien sûr que tu es vivant. Tu as eu un malaise et tu as perdu connaissance. C'est étonnant d'ailleurs, car je ne pensais pas que nous puissions être atteint par ce genre de faiblesse. Jusqu'à présent, tu es le seul à qui cela est arrivé. »
Eaque, spectre du Garuda se releva, taquin, un sourire aux lèvres.
Minos se redressa, se tenant la tête qui lui semblait beaucoup plus lourde qu'à l'accoutumé. Le Griffon tenta de remettre ses pensées en place. Il lui fallait du temps pour réaliser pleinement tout ce qui venait de se produire. Première constatation il était à nouveau en vie. Comment était-ce seulement possible ? Il avait gardé en lui le souvenir très vivace de l'agonie de sa propre mort et à présent, il se tenait là, face à Eaque, qui une fois de plus, semblait le narguer comme si rien ne s'était passé depuis lors.
Celui-ci amorça lentement un mouvement, comme pour prendre Minos par l'épaule dans un geste attentionné, mais il se ravisa à la dernière seconde. Il y eut un moment de silence.
« Tu te sens mieux à présent ? Nous pouvons y aller ? » demanda Eaque.
« Attends ! Allez où ? » questionna Minos, ne sachant plus avec certitude à quel moment précis dans son passé il se trouvait.
Eaque le regarda, incrédule et leva les yeux au ciel.
« Rejoindre Rhadamanthe ! Tu ne t'en rappelles donc plus ? Ton moment de faiblesse aurait-il provoquer une perte de ta mémoire ? »
Minos ne dit rien, haussant simplement les épaules. Le Garuda se résolut à lui fournir quelques explications supplémentaires.
« Eh bien lorsqu'il a appris que tous ses hommes avaient été tués par le chevalier d'or des Gémeaux, Rhadamanthe est parti pour le lui faire payer de sa vie. Toi et moi avons ensuite décidé d'aller le rejoindre en renfort, uniquement dans l'hypothèse peu probable où il ne parviendrait pas à ses fins. »
Un déclic se fit dans la tête de Minos. Il était revenu assez peu de temps avant sa mort et connaissait désormais son destin, ainsi que celui des deux autres Juges. Il réfléchit à toute allure. Son corps avait été détruit par l'Hyperdimension et devait encore l'être à l'endroit que son esprit avait quitté, preuve en était de ses souvenirs.
Minos avait visiblement été rejeté de son plan dimensionnel d'origine au travers d'une sorte de portail et avait atterri dans un autre plan, un peu plus tôt dans l'échelle des événements, mais en tout point identique si ce n'est que lui-même était différent et riche d'un nouveau savoir.
Il avait là un avantage plus que considérable sur ses alliés ainsi que sur ses adversaires. Il savait et cette connaissance-là était source de pouvoir. Le sien était devenu tel qu'il pouvait tâcher de modifier son avenir. En appréhendant bien les différentes situations à venir, le griffon serait en mesure de changer non seulement son destin funeste et celui de ses pairs, mais peut-être même l'issue de la Guerre Sainte. C'était démesuré.
Cependant, il y avait plusieurs problèmes. Son plus grand ennemi n'était pas forcément l'un des chevaliers de bronze ou d'or qui parcouraient le monde souterrain, mais le temps. Celui-ci avançait inexorablement et pouvait mettre à mal ses ambitions s'il ne se trouvait pas au bon endroit, au bon moment. Une véritable course contre la montre avait débuté pour le Griffon et il en était parfaitement conscient.
Autre problème, il devait comprendre pourquoi de simples chevaliers de bronze avaient pu venir à bout des plus puissants spectres d'Hadès et comment ceux-ci avaient pu survivre à l'Hyperdimension alors que lui-même s'était fait anéantir dans ce lieu où les lois de la physique dépassaient l'entendement.
Plongé au cœur de ses réflexions, Les yeux dorés de Minos semblèrent contempler un point fixe à l'horizon. Eaque le ramena à lui en se manifestant bruyamment, agacé par le manque d'attention de son homologue.
« Es-tu certain d'aller bien, Minos ? As-tu besoin d'aide ? Désires-tu un appui pour marcher jusqu'à Rhadamanthe ? » railla le Garuda.
Le Griffon sortit instantanément de ses pensées et décida de passer à l'action.
« Non. Dépêchons-nous plutôt de nous rendre à la cinquième prison. Et le plus rapidement possible ! » ordonna Minos, passant en vitesse devant lui.
Ne trouvant rien à redire à cela, Eaque le suivit au pas de course. Il ne fallait en aucun cas qu'ils arrivent en retard. La moindre incartade pouvait signifier la mort pour l'un d'eux.
Arpentant les plaines rocheuses et stériles du monde souterrain, ils se rapprochèrent peu à peu du lieu où Eaque et Rhadamanthe rencontreraient leurs futurs bourreaux. Dans la mesure du possible, Minos avait fermement l'intention de changer aussi le destin des deux autres Juges des Enfers, sauf si cette décision risquait de nuire à ses propres plans.
Une lumière vive éclaira les environs. Ils entendirent au loin une détonation suivit d'un bruit de chute. Le souffle court, ils accélérèrent encore le pas pour apercevoir Rhadamanthe à terre, mal en point, ainsi que Kanon, le chevalier d'or des Gémeaux qui se tenait debout à ses côtés, triomphant.
Minos serra les poings. Il se retrouvait désormais à la croisée des chemins et qu'importe ce qui allait se passer à présent, il fera tout pour changer le court des choses. Son avenir ne sera plus le même, il s'en fit la promesse solennelle.
Accompagné d'Eaque, Minos avança vers le lieu du combat, le cœur battant, dans un mélange d'excitation et d'appréhension.
À suivre.
